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  • Gaza : la fuite en avant de Netanyahou...

    Dans cette émission du Plus d’Éléments, diffusée par TV Libertés, l'équipe du magazine se penche, à l’occasion de la sortie du nouveau numéro sur le conflit israélo-palestinien et la guerre de Gaza, à travers un entretien-choc accordé par Élie Barnavi, ex-ambassadeur d’Israël à Paris. Où l’on voit comment Israël est devenu prisonnier de ses colons et de ses extrémistes religieux, qui ont colonisé autant les terres que les esprits.

    Au menu également :  un grand dossier consacré à l’énergie, enjeu du siècle, et un ultime hommage paradoxal à Thierry Ardisson.

    On trouvera sur le plateau, autour d'Olivier François, François Bousquet, directeur de la rédaction, Daoud Boughezala et Christophe A. Maxime...

     

                                               

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  • Macron à l’ONU : le discours d’un roi fainéant...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Daoud Boughezala cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la reconnaissance par Emmanuel Macron, à la tribune de l'ONU, d’un État palestinien.

     

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    Macron à l’ONU : le discours d’un roi fainéant

    Too late. Le général MacArthur répétait que toutes les erreurs s’abreuvaient à la même source : trop tard. En revêtant ses habits de roi fainéant replié sur la scène internationale, Emmanuel Macron renouvelle la loi du genre. Sa reconnaissance d’un État palestinien fantomatique mardi à la tribune de l’ONU arrive soit trop tôt, soit trop tard. Trop tôt pour ceux qui ne veulent pas de la solution à deux États ; trop tard au goût des partisans d’un État palestinien qui voient la boucherie se poursuivre à Gaza et la colonisation s’intensifier en Cisjordanie. En diplomatie, le « en même temps » ne paie pas. Impuissant, notre monarque républicain est condamné à égrener les vœux pieux : il faudrait des territoires palestiniens débarrassés du Hamas, une bande de Gaza pacifiée et une Autorité palestinienne renforcée.

    Une contradiction majeure

    Louable dans son principe, cet effet d’annonce ne sera suivi d’aucun effet tangible. Certes, le président de la République peut se targuer du soutien d’une majorité écrasante de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Mais ce vote ne reflète aucune réalité concrète, d’autant qu’Emmanuel Macron subordonne la reconnaissance pleine et entière du futur État palestinien à deux conditions : la libération des otages que détiennent le Hamas, le Jihad islamique et des familles à Gaza ; l’arrêt des combats dans l’enclave palestinienne. C’est là une première contradiction. Les soutiens inconditionnels de l’État hébreu auraient beau jeu de la relever : si l’Autorité palestinienne n’a rien à voir avec les massacres et les rapts du 7 octobre 2023, si le Hamas sera mis sur la touche du futur État, pourquoi conditionner sa reconnaissance à la libération de ces civils israéliens du reste parfaitement innocents ? À moins que l’éternelle pusillanimité du président Macron, plus proche de son immédiat prédécesseur qu’il ne veut bien l’admettre, le pousse à vouloir satisfaire tout le monde… au risque de ne contenter personne.

    Emmanuel Macron a déclaré que l’État palestinien n’existerait véritablement que le jour où son voisin – et actuel occupant – israélien le reconnaîtra. À la bonne heure. Il sait sans doute que Benyamin Netanyahou ne souhaite ni la libération des otages ni l’arrêt des opérations militaires à Gaza, l’une servant de prétexte à l’autre pour justifier son maintien au pouvoir en toute impunité. En violation quotidienne du droit international, le Premier ministre et ses alliés suprémacistes Ben Gvir et Smotrich (qui feraient passer les militants du Ku Klux Klan pour des colombes apprivoisées…) pratiquent le coup d’État permanent. Pilonner la population civile de Gaza, harceler les Palestiniens de Cisjordanie au nom d’une prétendue souveraineté juive sur la « Judée-Samarie », y étendre les blocs de colonies pour endiguer le moindre embryon de futur État palestinien : tout est bon pour faire avancer leur cause au mépris du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Mahmoud Abbas, le con écarté du dîner

    Face au règne de la force, la France et les pays qui se rangent derrière sa position approuvent le principe d’un État sans frontières reconnues (Gaza, Cisjordanie, Jérusalem-Est ?), sans population clairement définie (quid du droit au retour des Palestiniens de la diaspora ?) ni la moindre once de souveraineté. Aux yeux de la rue arabe, Mahmoud Abbas, injustement privé de visa par l’administration Trump, apparaît comme le con d’un dîner auquel il n’est même pas convié. Humiliation suprême. Abbas a beau respecter les accords de sécurité signés dans les années 1990, Israël ne lui accorde plus la moindre autonomie, sinon sur un périmètre de plus en plus restreint de la Cisjordanie qui ressemble à un bantoustan. Ayant explicitement condamné les attaques du 7 octobre dans son discours onusien prononcé depuis son bureau de Ramallah, l’ancien fidèle d’Arafat passe pour l’obligé de la puissance occupante. En guise de rétribution, le gouvernement israélien ne veut même pas entendre parler du retour de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza si d’aventure la guerre s’achevait. On peut au moins reconnaître à Emmanuel Macron le mérite d’essayer de réanimer cette Autorité palestinienne corrompue, cacochyme et moribonde. On ne sait pas vraiment quelle alternative voudraient les actuels dirigeants d’Israël, dont les harangues jettent dans le même sac Hamas et Autorité palestinienne. Souhaitent-ils employer des mercenaires à leur botte, telle l’Armée du Liban-Sud (1982-2000) qui passa avec armes et bagages dans les coffres de Tsahal pour laisser place au Hezbollah ?

    L’argument de ceux qui n’en ont pas

    Reste l’argument massue de ceux qui n’en ont pas : l’antisémitisme. Reconnaître un État palestinien signifierait souhaiter l’effacement d’Israël, sinon son éradication, par des hordes déchaînées, dans une répétition à grande échelle du 7 octobre. À ce compte-là, la frange, certes minoritaire, mais active, des Israéliens favorables à deux États serait antisémite. Or, des personnalités patriotes aussi éminentes que les anciens ambassadeurs israéliens Nissim Zvili et Élie Barnavi se prononcent depuis longtemps pour la création d’un État palestinien. Dès 2014, Zvili me déclarait dans les colonnes de Causeur : « En accusant en permanence Mahmoud Abbas d’inciter à la violence, Israël commet une erreur à dessein : montrer qu’il n’y a pas de partenaire palestinien […] Au lieu de condamner les décisions des Parlements européens, je les encourage à reconnaître l’État palestinien car Israël doit comprendre qu’il ne vit pas isolé. Notre pays veut bien appartenir à la communauté internationale et en retirer tous les avantages, mais Israël est le premier à ne pas en respecter les décisions et les résolutions. »

    Reconnaître un cimetière

    Son homologue Élie Barnavi, autre figure de la gauche israélienne, appelle aujourd’hui à des sanctions contre le gouvernement israélien dont la guerre sans fin de Gaza n’obéit plus à aucune nécessité militaire. Antisémite, Élie Barnavi ? Tant les amis d’Israël que ceux de la Palestine devraient écouter l’avertissement qu’il a lancé dans les colonnes du Monde : si les exactions se poursuivent à Gaza, Emmanuel Macron finira par reconnaître un cimetière. Il faut faire taire les armes avant de se perdre en proclamations. Croire l’inverse serait prendre le problème à l’envers.

    Daoud Boughezala (Site de la revue Éléments, 24 septembre 2025)

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  • « L’occidentalisme » est-il la meilleure réponse à « l’islamo-gauchisme » ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à l'occidentalisme...

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    « L’occidentalisme » est-il la meilleure réponse à « l’islamo-gauchisme » ?

    Pour commencer, un peu de sémantique, tant ces vocables sont à l’évidence biaisés. L’islamisme est une chose ; le gauchisme en est une autre, et accoler ces deux termes tient plus de l’oxymore que d’un projet politique cohérent, tant il est impossible d’être les deux à la fois ; la preuve par ces militants LGBTQ+ affichant leur soutien au Hamas palestinien. On imagine vite la longévité de ces gugusses dans la Bande de Gaza.

    Mais cet occidentalisme, de plus en plus répandu à droite, et guère plus cohérent, participe lui aussi d’une autre fiction, « l’Occident » en question étant une notion tout aussi fantasmatique. Jadis, le terme recouvrait une réalité tangible. On pouvait parler d’église d’Occident, celle de Rome, ou d’église d’Orient, sise à Byzance, tout comme on pouvait encore évoquer l’Occident chrétien et l’Orient musulman. Mais cet Occident recoupait alors les frontières de l’Europe, ce qui n’était déjà plus le cas durant la Guerre froide, sachant que ce que l’on nommait alors « Occident » se limitait à un conglomérat antisoviétique, alliance militaro-économique allant de Washington à Séoul, tout en passant par Ankara, Tokyo et Paris. Bref, un assemblage hétéroclite et de circonstance, face à un ennemi commun : l’URSS, lequel était d’ailleurs plus conjoncturel que structurel, la bolchevisation de la Russie n’ayant été qu’une parenthèse de 70 ans. Ce qui est bien court, à l’échelle civilisationnelle, au même titre que cet Occident de circonstance.

    L’illusion de l’Occident…

    Ce qui fait écrire à Alain de Benoist, dans son éditorial du dernier numéro d’Éléments : « Depuis quelques mois, nous assistons en direct à la dislocation de “l’Occident collectif”, à la fin de la mondialisation libérale, au découplage entre l’Europe et les États-Unis. Et aussi au début de la fin de l’ère libérale : les quatre principales puissances mondiales (USA, Chine, Russie, Inde) peuvent maintenant être considérées, à des titres divers, comme des puissances “illibérales”. »

    Bref, nos occidentalistes de droite révèrent une chimère ; tout comme leurs homologues islamo-gauchistes, avec leur convergence des luttes toute aussi imaginaire. Le tout sur fond de choc civilisationnel. À droite, celui entre un Occident chrétien fantasmé et un Orient musulman cauchemardé aux prétentions d’hégémonie planétaire ; à gauche, celui, tout aussi eschatologique, entre exploiteurs et exploités, colonisateurs et colonisés, alors que si les Israéliens sont à l’évidence colonisateurs, les Arabes l’ont aussi été bien avant eux.

    Israël, rempart de la chrétienté ?

    Malin comme pas deux, Benyamin Netanyahou, profite du Noël 2024 pour déclarer aux chrétiens du monde entier : « Israël mène le monde dans le combat contre les forces du mal et de la tyrannie. Mais notre bataille n’est pas encore terminée. Avec votre soutien et avec l’aide de Dieu, je vous assure que nous prévaudrons. » Pour un peu, on se croirait dans La Guerre des étoiles, le Premier ministre israélien étant en l’occurrence rhabillé aux couleurs des chevaliers Jedi, pour mieux prêcher la croisade contre les hordes de Dark Vador. Ce 30 juillet, c’est un drôle de paroissien, Michel Onfray, qui semble acquiescer, dans les colonnes du JDNews : « Israël est le navire amiral de cet Occident. » À croire que ce philosophe soit l’un des derniers penseurs à croire dur comme fer à la réalité de l’Occident, alors qu’il donnait naguère de sérieux gages de scepticisme, affirmant que le Christ n’était qu’une affabulation historique.

    À propos de chrétiens palestiniens, la réalité, autrement moins irénique, semble contredire le sermon du révérend père Netanyahou et d’Onfray, son sacristain du moment, à en croire les déclarations fracassantes de l’évêque palestinien Sani Ibrahim Azar, prononcées quelques jours après les massacres du 7 octobre 2023 : « Depuis que l’extrême droite est au pouvoir, les agressions à l’endroit des chrétiens sont en forte augmentation. Les attaques contre les églises et les cimetières chrétiens se multiplient. Nous ressentons que nous ne sommes plus les bienvenus en Israël. »

    À droite, certains se rebiffent…

    Comme quoi la réalité est toujours plus complexe que les fantasmes des islamo-gauchistes et des occidentalistes. Ce que rappelle fort bien Alexandre de Galzain, journaliste à Radio Courtoisie, sur le site de Causeur, périodique autrement plus plausible que tant de ses confrères occidentalistes, en matière « d’israélo-droitisme » : « Dans sa bouche, devant l’Occident, le voilà qui affirme qu’Israël serait le rempart de la civilisation face à la barbarie, que “l’armée la plus morale du monde” serait aussi notre bouclier, qu’Israël se battrait en fait pour nous. (…) Quand donc Israël s’est-il battu pour autre chose que lui-même ? » Plus audacieux encore : « L’Israël de M. Netanyahou, bouclier de la civilisation occidentale, de la chrétienté ? La belle affaire ! Il a été établi que M. Netanyahou finançait l’État islamique à Gaza contre le Hamas [Hamas qu’il avait par ailleurs promu face à l’OLP nationaliste et laïque, ndlr], qu’il finançait l’Azerbaïdjan contre l’Arménie ! Ah, et quel beau gardien de la morale que celui qui massacre femmes et enfants par milliers ! »

    Et le meilleur pour la fin : « L’aveuglement volontaire de la droite sur la situation israélienne est particulièrement préjudiciable en cela qu’elle refuse de comprendre que l’intérêt de M. Netanyahou réside en sa propre personne. Ce politicien corrompu, que toute la France abhorrerait si elle devait subir son règne, n’a pour but que d’échapper à la prison qu’il mérite tant. »

    Il est à mettre au crédit de notre consœur Élisabeth Lévy, matrone en chef de Causeur, d’avoir publié ce texte avec lequel elle n’est évidemment pas d’accord. Mais, indique-t-elle en avant-propos, il ne s’agit rien de moins que de « la douleur de la liberté ». Chapeau bas.

    Et les intérêts de la France et de l’Europe ?

    En fait, le problème de la perception française du conflit israélo-palestinien, comme de celui opposant l’Ukraine à la Russie, c’est que le monde politico-médiatique, au lieu de camper sur une ligne médiane, celle d’un pays tiers qui pourrait, en qualité de possible arbitre, tenter de mettre terme à ces conflits fratricides, prenne parti pour l’un ou l’autre des protagonistes en présence ; ce au nom d’arguments moraux : l’agresseur et l’agressé. Comme s’il suffisait d’avoir été agressé pour incarner le « bien », alors que l’agresseur serait fatalement le « mal » incarné. Ce fut longtemps la politique étrangère du général de Gaulle, qui tenta toujours de jouer les médiateurs, même au plus fort de la Guerre froide. C’est aussi François Mitterrand, qui réserva l’un de ses premiers voyages officiels en Israël pour y plaider… la cause palestinienne. Et même de Jacques Chirac, imparable dès lors qu’il s’agissait de ménager la chèvre et le chou. Le tout sans trop de passion, mais avec un semblant de raison ; au contraire d’un Emmanuel Macron qui, un jour, entend mettre sur pied une coalition internationale contre le Hamas pour ensuite affirmer vouloir reconnaître un État palestinien qui, de fait, se trouverait sous la houlette du même Hamas.

    Et les intérêts de la France et de l’Europe, dans tout cela ? Ils semblent être aux abonnés absents, quand ce n’est pas pris en otages pour de bas calculs électoraux. Jean-Luc Mélenchon cible un électorat musulman pour tenter de parvenir au second tour de la prochaine élection présidentielle. Marine Le Pen semble miser sur la martingale inverse : avoir normalisé les relations de son mouvement avec les institutions juives de France n’était pas une mauvaise chose en soi. Mais pourquoi systématiquement soutenir un État tiers, au lieu de promouvoir les intérêts français et européens ? Pour s’assurer le soutien d’un hypothétique “vote juif” ? Lequel est d’ailleurs plus que divisé quant à la politique israélienne, tel qu’en témoigne cet appel signé par plus de 1 200 rabbins venus du monde entier, enjoignant Benyamin Netanyahou de radicalement changer sa politique.

    Ces rabbins qui contestent la politique israélienne…

    Un retournement ainsi justifié par le rabbin américain Ron Kronish, dans une tribune publiée par le journal Times of Israel : « Si cette guerre a pu être considérée comme “juste” à ses débuts, elle est devenue profondément “injuste” au cours des derniers mois. » Pour tout arranger, Donald Trump se permet désormais de contredire l’État hébreu à propos de cette famine frappant les Gazaouis : « Israël porte une grande responsabilité ». Et le même, cité par le Financial Times, de s’alarmer : « Mon peuple commence à détester Israël… »

    Si le tiers-mondisme passablement mondain de La France insoumise ne fait plus guère illusion, est-ce vraiment le moment le mieux choisi pour une certaine droite, souvent libérale et conservatrice, de prendre fait et cause pour un Occident fantomatique et un Israël de plus en plus honni par la planète entière ? Ou alors, c’est à croire que si certains ramaient autrefois pour fuir le Titanic, certains puissent aujourd’hui développer l’énergie du désespoir pour de force y grimper. Notre vieux continent mérite sûrement mieux.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 5 août 2025)

     

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  • Israël, Iran, USA : vers la 3e guerre mondiale ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 28 juin 2025 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Caroline Galactéros pour évoquer la situation géopolitique provoquée par le conflit au Proche et Moyen-Orient...

    Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

     

                                            

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  • Trump face à la guerre Israël/Iran : où est passé l'homme de paix ?...

    Pour son émission sur TV Libertés, Chocs  du monde, Edouard Chanot reçoit Hervé Juvin, pour évoquer la guerre menée par Israël contre l'Iran et le rôle des États-Unis...

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

     

                                            

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  • Les dessous du conflit israélo-iranien...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré  à la guerre ouverte déclenchée par Israël contre l'Iran...

     

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    Benyamin Netanyahou et les dessous du conflit israélo-iranien

    En attaquant l’Ukraine, le 22 février 2022, Vladimir Poutine ne savait peut-être pas à quelle point cette équipée brouillonne, qui devait alors se conclure en quelques semaines, allait bouleverser la géopolitique mondiale. Les attaques israéliennes contre l’Iran, déclenchées ce 13 juin, en sont aujourd’hui la conséquence logique.

    Ainsi, en se concentrant tous ses efforts sur Kiev, Moscou laisse le champ libre à d’autres initiatives, toutes aussi hasardeuses, dont celle du Hamas, le 7 octobre 2023, ayant entraîné les massacres qu’on sait. Dès lors, l’enchaînement est inéluctable et la réponse de l’État hébreu aussi prévisible qu’impitoyable : Tel-Aviv peut alors se déchaîner sur le Hezbollah libanais tout en commençant, déjà, à menacer l’Iran. Principe d’opportunité oblige, ce qui demeure de Daech en Syrie en profite pour mettre à bas le régime de Bachar el-Assad. Là, ce n’est pas en deux semaines, mais seulement en quelques jours. En effet, le Hezbollah n’est plus en mesure de lui venir en aide ; pas plus que le Kremlin, bien trop occupé en Ukraine.

    Résultat ? L’arc chiite qui allait de Téhéran à Beyrouth en passant par Damas n’est plus ; privant ainsi la République islamique d’Iran de toute profondeur stratégique. Pour tout arranger, Donald Trump négocie en direct avec les Houthis yéménites, l’ultime allié de l’ayatollah Khamenei. Ce principe d’opportunité, qui a profité aux Syriens de Daech, Israël le fait sien à son tour, en attaquant l’Iran à un moment d’autant plus idoine que le revenant de la Maison-Blanche n’a, malgré ses dénégations, rien à refuser à Benyamin Netanyahou.

    Trump et Netanyahou : qui donne les ordres, qui les reçoit ?

    La preuve en sont ces révélations d’Adrien Jaulmes, correspondant du Figaro à Washington, ce 14 juin : « Les négociations entre les États-Unis et l’Iran, rouvertes par Trump à la surprise générale en avril dernier, avaient d’abord semblé déjouer les plans de Netanyahou, depuis longtemps favorable à une action militaire contre le programme nucléaire iranien. » Mais, toujours selon la même source : « Donald Trump et ses conseillers auraient fait semblant de s’opposer publiquement à des frappes israéliennes. L’objectif était de convaincre l’Iran qu’aucune attaque n’était imminente et de s’assurer que les militaires et les scientifiques iraniens figurant sur les liste des cibles d’Israël ne prendraient pas de précautions particulières. Pour parfaire la couverture, des collaborateurs de Netanyahou avaient même déclaré aux journalistes israéliens que Trump avait tenté de retarder une frappe israélienne, lors d’un appel téléphonique, le lundi 10 juin. » Citant l’International Crisis Group, think thank américain, Adrien Jaulmes note néanmoins : « Cela n’était pas conforme à la stratégie du président américain. Netanyahou a clairement forcé la main à Trump. » Bref, de l’attelage américano-israélien, on ne saura jamais vraiment qui tient la laisse ; qui est le maître et qui est le chien.

    L’incontestable supériorité technologique d’Israël

    D’un strict point de vue militaire, l’opération israélienne est un indéniable succès. Pourtant, il y a une dizaine d’années, un diplomate iranien assurait à l’auteur de ces lignes : « Avec les missiles S-300 fournis par les Russes, l’Iran est sanctuarisé. Si cent avions israéliens viennent nous attaquer, seule une vingtaine en réchapperont. » C’est en 2010. Un an avant, Gérard de Villiers, dans La Bataille des S-300, un SAS redoutablement bien documenté, écrit strictement la même chose. Seulement voilà, c’était il y a quinze ans et la technologie a fait des progrès depuis et, en la matière, l’écrasante supériorité israélienne est indubitable. Ainsi, les deux cents chasseurs partis bombarder l’ancienne Perse, ce vendredi 13 juin, sont tous rentrés intacts à leurs bases respectives. Certes, la riposte iranienne n’est pas mince, mais demeure strictement anecdotique, comparée aux dégâts causés par la partie adverse.

    Par certains aspects, cette guerre n’est pas comparable aux autres conflits ayant ensanglanté le Proche et le Moyen-Orient, les deux belligérants n’ayant aucune frontière en commun. L’avantage revient donc plus à celui qui maîtrise au mieux les avancées scientifiques permettant de frapper de loin qu’à celui capable d’aligner le plus de soldats pour aller se battre de près. Pour tout arranger, ce qui demeure d’aviation à Téhéran relève du domaine du dérisoire. Dans celui de la guerre du futur, l’État hébreu a déjà marqué des points décisifs. L’opération des téléphones portables piégés, fomentée dix longues années durant par les maîtres espions du Mossad et ayant décapité nombre de cadres du Hezbollah, a durablement marqué les esprits. Celle ayant intoxiqué le gratin militaire de l’armée iranienne, pour le pousser à se rassembler en un lieu et à une date évidemment connue du Mossad, afin de mieux pouvoir les atomiser, ce même vendredi 13 juin, demeure une autre remarquable manipulation.

    La « menace existentielle » d’Israël fondée sur une manipulation médiatique ?

    Après, quels sont les motifs de cette guerre ? Israël excipe évidemment de sa « survie », faisant de la République islamique d’Iran une « menace existentielle », surtout quand au bord d’acquérir l’arme nucléaire. À l’époque des missiles S-300 plus haut cités, il ne s’agit pourtant pas d’une priorité pour l’ayatollah Khamenei, pas plus que le président d’alors, Mahmoud Ahmadinejad n’entend « rayer Israël de la carte », tel que soi-disant prétendu lors d’une conférence prononcée le 25 octobre 2005. À croire que tout cela puisse participer d’une autre manipulation, médiatique, celle-là ; ce que semblait croire Le Point, à l’époque et qui, pourtant, n’est pas connu pour être un hebdomadaire furieusement antisioniste.

    Quand Tel-Aviv écoutait Téhéran…

    Ainsi, le 26 avril 2012, peut-on lire, sous la signature du journaliste Armin Arefi : « Le vent est-il en train de tourner sur l’Iran ? Présentée comme inévitable il y a encore quelques semaines, le risque de frappes israéliennes – et même d’une guerre régionale – semble inexorablement s’éloigner. Le revirement date du jour qui a vu deux responsables israéliens en exercice – le ministre de la Défense Ehud Barak et le chef d’état-major Benny Gantz – annoncer publiquement que la République islamique n’a pas décidé de se doter de la bombe atomique. Une information en réalité connue depuis plusieurs années des divers services de renseignement américains, mais aussi israéliens. » Bigre. Cela qui signifie que si les accords irano-américains sur le nucléaire iranien avaient suivi leur cours, peut-être que cette République islamique n’essaierait pas, aujourd’hui, de véritablement se doter de l’arme fatale en question…

    D’ailleurs, cela aurait-il été aussi grave pour la paix dans le monde ? Après tout, au siècle dernier, l’État hébreu s’est lui aussi équipé de l’arme nucléaire, en toute illégalité et ce dans le plus grand secret. Que l’Iran rétablisse ce déséquilibre n’aurait peut-être pas été non plus un péril pour la région. C’est en tout cas ce qu’estimait Jacques Chirac, le 29 janvier 2007, cité par Le Monde : « Je dirais que ce n’est pas spécialement dangereux. (…) Ça veut dire que si l’Iran poursuit son chemin et maîtrise totalement la technique électronucléaire, le danger n’est pas dans la bombe qu’il va avoir et qui ne lui servira à rien. Il va l’envoyer où, cette bombe ? Sur Israël ? Elle n’aura pas fait deux cents mères dans l’atmosphère que Téhéran sera rasé de la carte. »

    Ce que Tel-Aviv n’avait pas à craindre, Le Point officialisant, le 26 avril 2012 toujours, ce qui s’écrivait dans des rédactions moins en vue : Mahmoud Ahmadinejad, par une erreur de traduction en anglais, dont on ne sait si elle fut ou non volontaire, a vu ses propos déformés. D’où la tardive mise au point de cet hebdomadaire : « Dans une interview à Al Jazeera, reprise par le New York Times, Dan Meridor, ministre israélien du Renseignement et de l’Énergie atomique, a admis que le président iranien n’avait jamais prononcer la phrase “Israël doit être rayé de la carte”. Il a tout de fois ajouté : “Mahmoud Ahmadinejad et l’ayatollah Khamenei ont répété à plusieurs reprises qu’Israël était une créature artificielle et qu’elle ne survivrait pas.” » Dans le registre de ces « créatures artificielles », le président iranien incluait par ailleurs l’URSS, dont il disait : « Qui pensait qu’un jour, nous pourrions être témoins de son effondrement ? » Et Le Point de rappeler : « Pourtant, c’est bien cette première citation erronée qui a été reprise en boucle par les médias du monde entier, attisant d’autant plus les soupçons autour du programme nucléaire iranien. »

    L’actuelle rhétorique eschatologique de Benyamin Netanyahou ne reposerait donc que sur du vent, au même titre que les sempiternels appels à un « droit international » tout aussi fumeux que paradoxalement des plus solides, depuis le temps que tant de nations s’assoient régulièrement dessus. Et la suite des événements ? Quid d’une éventuelle solution politique ? Le Premier ministre israélien parait n’en avoir guère plus à Téhéran qu’à Gaza. Certes, il compte sur l’apathie des États sunnites voisins, finalement pas mécontents de voir leur concurrent chiite dans la tourmente. Malgré ses protestations, la Russie devrait se cantonner dans la posture verbale, même si la Chine pourrait éventuellement hausser le ton, étant dépendante en grande partie du pétrole importé d’Iran.

    Renverser le régime iranien de l’intérieur : une chimère ?

    Et puis, il y a ce rêve de moins en moins inavoué consistant à renverser, de l’intérieur, le régime des mollahs. Là, il y a peut-être loin de la coupe aux lèvres, tel que souligné par Delphine Minoui, journaliste franco-iranienne et spécialiste incontestée de son pays natal, dans Le Figaro de ce 16 juin : « La société est divisée en trois groupes. Le premier, minoritaire, applaudit les frappes israéliennes. Le deuxième reste fidèle au régime, pour des raisons idéologiques ou d’intérêt économique. Le troisième, majoritaire, ne soutient ni la République islamique ni les frappes israéliennes. Il se réjouit de la mort des commandants corrompus des gardiens de la révolution, mais rejette toute forme d’agression contre le territoire et toute tentative d’imposer un système politique venu de l’extérieur. » Voilà qui est bien court pour subvertir le régime de l’intérieur…

    De son côté, notre confrère Régis Le Sommier, dans Le Journal du dimanche, n’écrit pas fondamentalement autre chose : « L’ère du carpet-bombing est révolue, mais Netanyahou y croit toujours, pour satisfaire une partie de son opinion publique. » Et surtout jouer la montre, histoire de repousser son inévitable comparution devant la commission d’enquête qui l’attend, négligeant qu’il a été devant le massacre commis par un Hamas ayant réussi à bousculer Tsahal, armée pourtant donnée pour toute puissante, le 7 octobre 2023.

    Posséder l’hégémonie technologique sur le temps court est une chose. Avoir une vision politique sur le temps long en est une autre. Tôt ou tard, Benyamin Netanyahou pourrait l’apprendre, fut-ce à ses dépens.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 17 juin 2025)

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