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islam - Page 31

  • Perspectives pour l'année 2030...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Malaval, cueilli sur Polémia et consacré aux années 2030, qui, pour l'auteur, seront probablement une période de basculement du système...

     

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    Année 2030

    De plus en plus de Français attendent un changement drastique, pas seulement de politique, mais de société. Une majorité cependant ne le souhaite pas, confortant à chaque élection les partis dits de gouvernement. Jamais le fossé entre ces deux catégories n’a paru aussi large.

    Aussi se pose désormais la question, non pas de la nature du changement, mais du moment de ce changement. La réponse avancée par ce texte est que les conditions seront réunies autour des années 2030, soit dans quinze ans.

    Pour argumenter cette prophétie nous allons – brièvement – nous intéresser aux évolutions majeures que le territoire français européen a connues depuis 1945. Cette rétrospective sera nourrie d’une approche écologique, donc écosystémique. Aussi, avant de s’accorder sur ces grandes mutations, devons-nous exposer sommairement les fondements de l’écologie et particulièrement de la dynamique des populations, néologisée en « démécologie ». En effet, la conclusion avancée par ce texte repose essentiellement sur la prise en compte des conséquences de la vague démographique qualifiée de baby-boom sur notre société.

    Ecologie

    Pourquoi recourir à l’écologie pour tenter d’estimer les conditions d’un changement majeur de la société française ? Une réponse est que l’écologie permet de l’envisager comme un écosystème. Ce modèle, pierre angulaire de cette discipline, est la résultante d’interactions entre des populations entre elles et avec leur milieu. La conséquence en est des rapports trophiques, c’est-à-dire que les uns fournissent les ressources aux autres et réciproquement. La taille d’une population dépend donc des ressources auxquelles elle accède. Exemple : les lions mangent des zèbres qui mangent de l’herbe. S’il n’y a pas beaucoup d’herbe, il n’y a pas beaucoup de zèbres et donc pas beaucoup de lions. C’est très schématique. De ces interactions découlent la croissance ou la décroissance de la population concernée. Ces changements sont modélisés par les équations de Lotka-Volterra. Appelées aussi « modèles proie-prédateur », ces équations sont couramment utilisées pour décrire la dynamique de systèmes biologiques dans lesquels des populations interagissent.

    La nature d’un écosystème quel qu’il soit est donc largement définie par les rapports entre des populations interagissant entre elles. Cette approche transposée à l’analyse des écosystèmes artificiels que sont par nature les sociétés humaines, surtout à nos latitudes septentrionales, permet d’identifier la ou les populations, ou la ou les classes de population, déterminantes comme facteurs structurants de l’écosystème. C’est un des préalables à toute tentative d’estimer leurs évolutions. Deux phénomènes paraissent incontournables si on étudie sur une période longue la société organisée sur le territoire français : la vague baby-boom d’une part, la vague migratoire extra-européenne d’autre part.

    Cette vague baby-boom aura pesé comme aucune autre jusqu’alors sur les structures de notre pays, en tant que juvéniles, adolescents, jeunes gens, puis adultes. Ils n’ont pas fait beaucoup d’enfants.

    Le baby-boom

    La vague baby-boom commence au milieu des années 1940 pour se terminer au début des années 1960. Les chiffres sont connus, il n’est pas nécessaire de revenir dessus. Relevons simplement que ce baby-boom a concerné essentiellement une population européenne, donc de race blanche, et que cette croissance a suscité d’énormes inquiétudes, peut-être à l’origine de l’atonie démographique qu’elle a assumée. Né à la fin de cette vague, je me rappelle très bien que nos manuels de géographie au collège envisageaient 100 millions d’habitants à l’horizon 2000. Nous en sommes loin. Si croissance il y a eu, elle n’est pas due à la population de souche mais aux apports migratoires extra-européens, surtout africains, et à leurs développements sur le territoire de la France européenne.

    En étudiant plus finement la croissance de la population de souche, il appert que cette vague baby-boom est venue compenser les déficits démographiques de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe. S’il y a eu croissance de la population aborigène ensuite, cela est dû à l’augmentation de la durée de la vie, conséquence de la surartificialisation de notre écosystème. Cette surartificialisation a permis à des gens âgés ou malades de vivre alors qu’ils auraient été condamnés dans un contexte moins artificialisé, donc plus naturel. Il est à peu près évident que le nombre de reproducteurs de souche, c’est-à-dire les adultes en âge de se reproduire naturellement et d’élever leur progéniture jusqu’au stade de reproducteurs, est, aux variations près, à peu près stable depuis la moitié du XIXe siècle.

    Mais au sein de cette population – c’est-à-dire au regard de l’écologie, un ensemble d’individus semblables –, cette vague baby-boom est surreprésentée dans les composantes de la population… de souche. Nous parlerons plus loin de l’immigration extra-européenne, mais avant cela il est nécessaire de saisir le rôle que cette génération a eu dans la structuration de notre écosystème France. Son poids démographique a été en effet décisif pour conduire les mutations que les uns déplorent et que les autres louent.

    De 1945 à aujourd’hui

    En 1945, le territoire français vient de subir deux événements fondamentaux. Le premier est la débâcle de 1940 ; le second est la submersion US de 1944. Une conséquence majeure est que la classe dirigeante française issue des rapports de force endogènes est éliminée dans l’après-guerre. Exécutions, condamnations, ostracisations caractérisent cette Epuration conduite sous l’œil des autorités US. Mais cela pose un problème : excepté quelques figures entrées au Panthéon de l’histoire de la République, notre pays n’a plus les cadres pour le diriger.

    Fort opportunément, les Etats-Unis et leurs affidés locaux vont engager un processus de promotion méritocratique dans les couches les plus modestes de la population indigène ou installée récemment. C’est l’époque du « J’suis parti de rien, regardez c’que j’suis devenu… » moqué dans un sketch aux mille lectures associant Guy Bedos et Michel Sardou (*). Ce processus s’amplifiera avec l’arrivée dans ce mouvement de la génération baby-boom qui opportunément adhérera sans retenue à l’américanisation de la société française. Simultanément, un travail de sape méthodique détruit les reliquats de la société française traditionnelle ayant survécu aux secousses d’après-guerre.

    Du baby-boom au papy-boom

    Les membres de cette génération nés à partir de 1945 ont aujourd’hui environ 70 ans. Dans nos sociétés hyper-médicalisées, c’est l’âge auquel les soucis sérieux commencent à handicaper les individus jusqu’alors en bonne santé. Pour un homme, il restera en moyenne 12 ans à vivre et pour une femme 17 ans. Mais les effets de l’âge obligent à lever le pied, la vigueur d’antan n’est alors plus qu’un souvenir. Pour la génération baby-boom née au début des années 1960, cela signifie qu’à partir de 2030, nous n’aurons plus l’énergie pour structurer la société française que notre poids démographique a permis car nous serons alors dans la tranche des 70 ans. Le papy-boom sera alors la conséquence de ce baby-boom ayant fait la société française depuis 1945.

    En effet, cette vague démographique est à l’origine de toutes les mutations que notre territoire a connues depuis la fin de la guerre. A cette époque leur arrivée a obligé à concentrer beaucoup ressources sur eux : allocations familiales, écoles, etc., puis, à l’âge pré-adulte, ils ont fourni d’importants contingents aux dirigeants de Mai-68 à l’origine de la société libérale-libertaire ayant sapé les fondements de la société française traditionnelle. Ce sont eux qui depuis portent alternativement aux affaires des gouvernements mondialistes sous étiquette UMP-PS. Ce sont eux qui, pour satisfaire leurs ambitions sociales, ont accepté l’immigration extra-européenne chargée d’occuper, entre autres, les espaces sociaux qu’ils ont désertés. Ce sont eux qui se sont construit des rentes à tous les niveaux. Ce sont eux qui n’ont pas eu d’enfants, préférant parler de sexe plutôt que de supporter pendant des années les réveils nocturnes pour cauchemar ou pipi au lit. Etc. Mais ils ont travaillé, beaucoup travaillé, permettant un développement économique sans précédent.

    C’est cette génération qui aura véritablement fait l’histoire du territoire de 1945 à 2030 dont il faut maintenant envisager la fin, ouvrant l’espace à toutes les possibilités. Une des plus importantes à prendre en compte est le changement radical de la population vivant sur le sol de la Ve République. En effet, l’immigration extra-européenne a coïncidé avec cette vague démographique endogène. Ces immigrés sont majoritairement arrivés à partir des années 1970, époque où la génération baby-boom, elle, entrait dans la maturité.

    Aujourd’hui, les immigrés – envisagés comme des personnes de souche extra-européenne –, qu’ils aient ou non la citoyenneté française, sont évalués à une quinzaine de millions en France européenne. Ce chiffre est peut-être plus bas ou plus haut. Il n’existe pas de statistique lisible sur ce thème. C’est une population majoritairement jeune, ayant profondément bouleversé la physionomie de la population française historique, à quasiment 100% européenne jusque dans les années 1970. On ne développera pas ici les raisons de cette présence, mais on admettra seulement qu’ils représentent environ de 20 à 25% de la population résidente actuelle. Les couches âgées étant majoritairement de souche, ce pourcentage ne peut que croître dans les années suivantes, même en bloquant les apports extérieurs. De nombreuses écoles de grandes métropoles n’ont plus de sujets de souche européenne dans leurs effectifs.

    Pendant ce temps, la génération baby-boom arrive à son terme. Ceux nés à partir de 1945 commencent à mourir ou ne sont pas bien en forme ; ceux nés autour de 1960 n’ont plus qu’une quinzaine d’années devant eux. Après, l’effet structurant de cette génération va s’estomper brutalement, laissant aux forces sociales en émergence la possibilité de se déployer.

    Quel avenir après 2030 ?

    Autant il est envisageable d’estimer le moment des bifurcations écosystémiques majeures, autant il est quasiment impossible de savoir quelles formes elles prendront. L’Ecologie a bien quelques certitudes sur les principes de fonctionnement des écosystèmes, mais cette science est encore balbutiante et n’est pas reconnue par des institutions inféodées aux espérances de la Modernité mondialiste. Donc, on ne peut prétendre à la même rigueur scientifique que des disciplines installées antérieurement. Mais, selon l’adage : « La philosophie précède la science », rien n’empêche d’être imaginatif. Alors philosophons…

    La pensée cardinale de l’Ecologie est que toute manifestation du vivant est la résultante d’interactions avec le Milieu ayant engendré les formes et comportements identifiés. Résultat de millénaires de sélection naturelle, nos patrimoines génétiques sont donc très conservateurs et nous portent à engendrer le semblable. C’est le principe de la reproduction. Ce réductionnisme génétique est une des conclusions majeures des travaux menés par les sociobiologistes. Donc les formes divergentes, si elles n’ont pas surmonté les filtres de la sélection naturelle, disparaîtront au même titre que celles incapables de s’adapter aux mutations écosystémiques. L’Ecologie nous enseigne aussi que toute population – rappel : ensemble d’individus semblables – favorise la survie de ses reproducteurs. Donc, si un non-reproducteur n’a aucune vocation à soutenir les reproducteurs, il disparaît. L’Ecologie thermodynamique garantit, en outre, que les écosystèmes les plus stables sont ceux les plus efficaces énergétiquement. Cela signifie que toute organisation énergivore sans contre-partie écosystémique avérée est condamnée à plus ou moins brève échéance. Une autre certitude de l’Ecologie est qu’une population donnée croît jusqu’à atteindre un état d’équilibre avec le territoire dans lequel elle s’insère et dont elle est issue. Les excédents sont rapidement lissés. Limitation des ressources, anomalies climatiques, prédation, conflits, épidémies, etc., contribuent à cet équilibre fluctuant.

    Les humanistes postulent que l’Homme échappe aux lois de la nature et ils invoquent un réductionnisme naturaliste pour contester les vues des écologues. Ces derniers répondent que nous pouvons effectivement en retarder un temps la portée par une surartificialisation de nos pratiques sociales, mais que cela ne pourrait être durable. Pour illustrer cet antagonisme irréductible de la philosophie occidentale, imaginons le futur d’une pomme lancée en l’air… Elle retombe sur le sol. Tout le monde s’accorde là-dessus. Imaginons maintenant un humain lancé en l’air dans les mêmes conditions. Il retombera lui aussi sur le sol. Si cet humain est mis dans un aéronef, il pourra se maintenir en l’air, mais alors aux conditions déterminées par cet aéronef. Si ce dernier défaille, alors notre bonhomme retournera par terre avec toutes les conséquences imaginables. L’artificialisation de l’écosphère est le biais permettant de suspendre temporairement les manifestations de lois de la nature irrépressibles. Cependant, si cette artificialisation se révèle dangereuse, elle sera limitée. Une crise, quelle qu’elle soit, viendra rétablir les équilibres transgressés fragilisant l’avenir des populations concernées.

    Pour éclairer ces quelques perspectives jetées en vrac, et tout en étant conscient que cela risque de déranger le lectorat de ces lignes, c’est ainsi qu’il faut se poser la question de l’islamisation potentielle des sociétés historiques d’Europe de l’Ouest. Si l’Islam porte en lui des réponses écosystémiques favorisant la perpétuation des populations de souche européenne confrontées aujourd’hui à des pratiques délétères, alors demain nous serons musulmans. Si nous trouvons en nous les forces pour surmonter les défis actuels, alors nous ne serons pas musulmans. Mais quoi ?

    On a quinze années pour l’imaginer.

    Frédéric Malaval (Polémia, 27 septembre 2014)

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  • Le djihad, une chance pour la France ?...

     Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec François-Bernard Huyghe, cueilli sur Atlantico et consacré à l'impact du djihadisme sur les populations musulmanes en France...

     

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    Atlantico : Selon la presse britannique, deux apprentis djihadistes, Yusuf Sarwar et Mohammed Ahmed, ont commandé les livres "L’Islam pour les nuls" et "Le Coran pour les nuls" sur Amazon avant de quitter Birmingham pour aller combattre en Syrie, en mai dernier. Cette attitude n'est-elle pas surprenante venant d'aspirants djihadistes ? 

    François-Bernard Huyghe : Le profil typique du djihadiste n’existe pas. Il y a aussi bien des djihadistes, issus d’un milieu très musulman, très fondamentaliste, qui fréquentent les madrasas (école théologique musulmane ndlr), et ceux, notamment en Occident, qui subissent des retournements brusques et des conversions très rapides.

    Généralement, ceux là ont adopté un comportement "occidental", ils possèdent des voitures, s’habillent comme tout le monde et vont en boîte, ou au contraire, se caractérisent par un parcours complètement chaotique, liée à la délinquance ou à la criminalité.

    Il n’est pas étonnant, qu’il y ait de nombreux cas de conversions brusques s’opérant avec un faible niveau doctrinal, dans la mesure où ce que recherchent ces djihadistes néophytes, c'est une occasion d’employer une énergie agressive qui bouillonne en eux ou une rationalisation, la formalisation d’un désir de revanche envers le système qui persécute leurs frères musulmans. Ils ont alors besoin d’action. La justification théologique, quant à elle, viendra toujours après et n’a pas besoin d’être élaborée. Enfin, beaucoup de ceux qui ont envie d’aller faire le dhijad, ne sont pas forcement des intellectuels, qui ont une grande habitude de la lecture, ce qui ne veut pas dire pour autant que les intellectuels ne fassent pas le djihad. 

    S'agit-il d'un signe de modernité et de massification du djihadisme ?

    Il est certain que les technologies modernes, en particulier de communication, facilitent le processus de radicalisation pour ceux qui ont une prédisposition. Dans le cheminement des islamistes passés au djihad, beaucoup racontent comment ils ont assisté à la télévision aux persécutions de leurs "frères" palestiniens, tchétchènes ou sunnites d’Irak.

    Au cours de ce processus, leur indignation et leur besoin de vengeance montent en flèche. Ils se rendent aussi sur Internet, où ils fréquentent des forums spécialisés. La radicalisation s’opère très vite. En effet, l’information mondialisée renforce l’identification entre musulmans, les plus radicaux apparaissant alors à leurs yeux comme des héros positifs, qui accomplissent des exploits, qu’il s’agisse de combattants d’Aqmi ou de shebabs somaliens. Ce processus d’identification, de basculement, cette montée de l’hostilité se fait beaucoup plus vite qu’auparavant et il n’y a pas besoin d’apprendre l’arabe littéraire à la bibliothèque ou de réciter le Coran pour en arriver là.

    Ce profil est-il courant, que dire de sa progression ?

    Oui. Il est difficile d’avoir des statistiques fiables en la matière, mais nous observons de nombreux profils de djihadistes, tout à fait intégrés dans la modernité. Le rap constitue notamment un détail parmi d’autres. Evidemment, tous les rappeurs ne sont pas extrémistes, mais beaucoup de djihadistes ont en commun d’aimer le rap, certains allant même jusqu’à le chanter. Ils aiment la musique très contemporaine, portent des vêtements très branchés et adorent les voitures modernes. Bref, ils ont des profils d’adolescent de chez nous. D’ailleurs, beaucoup de familles sont souvent étonnées de découvrir leurs proches ou leurs enfants passer au djihadisme violent, alors qu’ils voulaient dans le même temps être à la mode pour plaire aux filles, passaient la journée à regarder des clips à la télévision ou à écouter de la musique. Chez les convertis, on retrouve souvent ce genre profils, à l’image de Mohamed Merah, qui avait une petite amie, aimait les bagnoles de sport et allait en boite. 

    Quelles sont alors les raisons de cette radicalisation et de cet engagement terroriste ?

    On sait depuis 20 ans qu’il est impossible de dresser un profil psycho-sociologique type des gens qui passent au terrorisme. Mais il y a quand même des facteurs préférentiels, comme la colère ou le ressentiment, surtout chez les convertis rapides notamment attachés à la cause palestinienne, qui font des raccourcis sur les musulmans oppressés par "l’ennemi sioniste".

    Le besoin de gloire joue aussi. Le djihad n’est pas une lutte pour les timides mais pour des jeunes gens qui ont de la vitalité, qui expriment un besoin d’être chef, de dominer les autres, d’avoir du prestige.

    Certains passent notamment de la délinquance à l’islamisme, où ils expriment des qualités positives de courage et de prise de risques dans le cadre d’une guerre idéologique. Malgré leur us et coutumes occidentales, ils promeuvent une idéologie anti-occidentale, en adoptant des codes contradictoires et archaïques.

    Une identité religieuse affirmée et régulière n’est-elle pas un rempart contre la radicalisation islamiste ?

    Ce n’est pas la solution non plus. Evidemment, on peut tenir un discours politiquement correct en disant que la vraie religion éloigne de la violence du dhijad, que s’il y avait de bons imams et une bonne formation religieuse, les jeunes musulmans seraient des citoyens modèles. Hélas, il y a aussi le risque des imams extrémistes, l’initiation musulmane n’étant pas aussi structurée comme celle de l’église catholique. Les exemples extraordinaires en Angleterre de prêcheurs extrémistes, sont à ce propos particulièrement frappants. Vous pouvez ainsi aussi bien vous radicaliser tout seul devant votre ordinateur qu’en allant avec des "frères" à la mosquée où vous rencontrerez un prêcheur qui a beaucoup de prestige, surtout s’il a été en Afghanistan. S’il vaut mieux que les jeunes musulmans aient une formation religieuse sérieuse, en aucun cas, cela n’est une garantie contre les dérives islamistes.

    Ces nouveaux profils augmentent-ils le degré la de la menace et rendent-ils la lutte anti-terroriste dans les pays occidentaux plus difficile ?

    Oui, bien sûr. Parce que s’ils se mettent à se faire pousser la barbe, à porter la djellabah et à fréquenter des mosquées islamistes, il est relativement facile pour la police de mettre de caméras au bout de la rue, d’essayer d’infiltrer et d’avoir des indicateurs, de repérer les éléments radicaux et de les filer. Concernant ces conversion très rapides, je ne crois pas en revanche au loup solitaire complet, ce gars qui devant son écran pète un plomb un jour et se s’en va mourir pour le djihad afin de conquérir sa place au paradis. Quand vous vous battez, vous avez le plus souvent des camarades et des soutiens. Il vous faut au moins des complices pour fournir les armes et pour vous encourager. On parle alors du "djihad des copains", où des petits groupes pas du tout structurés peuvent pendre des initiatives, commencent à s’auto-exciter, à se former en cellules autonomes et à passer très vite à l’action violente.

    D’autant plus que les basculements sont brusques et les milieux d’incubation plus restreints. Par définition, ils sont donc plus difficiles à détecter. Souvent, la famille et l’environnement social ne repèrent même pas les changements. Vous avez ceux qui en font des tonnes, qui portent des t-shirt Ben Laden, qui hurlent des versets du Coran pour que tout le monde soit au courant, et ceux qui ne vont pas apparemment changer leur mode de vie ou tenir un discours religieux et moralisateur à leur entourage ou leurs amis. Ce sont des profils psychologiques un peu schizophrènes entre un monde de la modernité et de la consommation, et un monde de la mystique et de la conversion. En tout cas ils sont beaucoup moins repérables pour les autorités.

    François-Bernard Huyghe (Atlantico, 26 août 2014)

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  • Algériens en France : une bombe à retardement ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Guillaume Faye, cueilli sur son blog J'ai tout compris et consacré aux émeutes provoqués dans de nombreuses villes de France par les supporteurs de l'équipe d'Algérie...

     

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    Algériens en France : bombe à retardement

    Les émeutes provoquées par les supporters algériens au cours du Mondial de foot ont des implications stratégiques et géopolitiques dont bien peu ont conscience. Un processus de guérilla est enclenché. Explications.

    Toute la nuit du 27 au 28 juin, Alger a dansé et chanté pour fêter la victoire en 8e de finale des Fennecs (équipe de foot nationale) contre l’équipe de Russie. Aucun incident n’a été à déplorer. Sinon,  les fauteurs de trouble  auraient passé un sale quart d’heure entre les mains des unités spéciales de l’armée. Rien de tel dans les villes françaises où les jeunes Algériens (naturalisés ou non) ont ”fait la fête ” en saccageant tout sur leur passage, dans une impunité quasi totale. (1)

    De manière croissante, au terme de chaque match que joue l’équipe algérienne, et quel qu’en soit le résultat, le même scénario se reproduit : l’émeute insurrectionnelle au sens propre, avec incendies de véhicules, destructions, pillages de commerces, agressions des forces de police et des pompiers, tentatives d’incendier des habitations, etc. La région parisienne et une dizaine d’autres agglomérations sont touchées.  Et ça va continuer avec la poursuite des matches du Mondial. Lors du Mondial 2010, déjà, les Algériens avaient créé des troubles très violents, notamment à Roubaix. En 2009, au terme d’un match Égypte–Algérie, des bateaux avaient été incendiés et coulés dans le Vieux-Port de Marseille.  Mais le phénomène monte en puissance.  

    Sur ordre, les forces de police ont procédé à peu d’interpellations (74 seulement dans toute la France). Il s’agit de ménager les émeutiers maghrébins, de ne pas ”stigmatiser” leur communauté. Bien que Manuel Valls ait qualifié ces événements d’ « insupportables », il les a prudemment minimisés, en rejetant la responsabilité sur une « minorité ». Sauf que cette minorité d’émeutiers est largement soutenue par des milliers de sympathisants et de coreligionnaires . Marine Le Pen, qui a osé s’indigner de ces émeutes et critiqué l’attribution préférentielle de la double nationalité aux Algériens, a été violemment prise à partie par l’oligarchie politico-médiatique et par SOS Racisme, l’officine subventionnée de défense des ”potes”, auxquels personne n’ose toucher mais qui, eux, ne se gênent pas pour toucher  à tout.

    Ivan Rioufol (entretien en ligne sur le site du Figaro) remarque que  « le patriotisme algérien en France révèle l’échec de l’assimilation ». C’est le moins qu’on puisse dire ! Il s’agit en réalité, bien plus que de l’échec de l’intégration (le fait de ne pas se sentir français), d’une manifestation de haine envers la France ; d’une volonté de lui faire la guerre ”par le bas”, en commençant par une guerre civile de harcèlement de basse intensité.

    La preuve : on n’observe pas seulement des manifestations de ”révoltes” contre une société jugée oppressive, à l’occasion de tel ou tel événement impliquant la police aux prise avec des voyous d’origine immigrée ; on remarque que sous n’importe quel prétexte,  à n’importe quelle occasion, du 14 juillet  au Nouvel An,  en passant bien entendu par les matches de foot impliquant l’Algérie,  les émeutes provocatrices éclatent. Il ne s’agit ni plus ni plus que d’une guérilla en sourdine qui commence. Sa signification échappe à nos politiciens et à nos brillants intellectuels. Ça n’échappe pas aux intéressés.

     

    En gros, il y a deux types d’échecs de l’ ”intégration” des immigrés. Ceux qui sont indifférents à la France et ne sont là que pour profiter d’un système social. Et ceux qui, comme les Algériens, fer de lance des autres arabo-musulmans, ajoutent à cette motivation la volonté d’en découdre, de créer des troubles, d’entamer un processus belliqueux. Sans oublier l’Islam, de plus en plus radical, qui joue comme un accélérateur de cette hostilité fondamentale, assise sur un désir de revanche envers le Français, l’Européen. De revanche, mais aussi de conquête ”par le bas” et de l’intérieur. 

    En ce sens, les émeutes du Mondial doivent s’inscrire dans un processus beaucoup plus large, qui n’a rien de sociologique mais qui est ethno-politique et géopolitique. On aurait dû être alerté dès 2001, lors du match France-Algérie, interrompu à la 76e minute après l’invasion de la pelouse par les supporters algériens qui avaient sifflé La Marseillaise. Tout se tient : la monstration des femmes voilées dans l’espace public participe du même processus de provocation et d’intimidation. Tous les clignotants s’allument, mais les pilotes de l’avion font semblant de ne rien voir.

    Les émeutes de 2005 furent un avant-goût de ce qui nous attend. Le processus entamé est d’autant plus dangereux que l’immigration incontrôlée continue (2) et que le différentiel démographique (naissances) s’accroît. Un problème numérique commence donc à se poser, avec une masse insurrectionnelle potentielle de plus en plus importante. Nous ne sommes pas du tout en face d’une simple question de ”maintien de l’ordre” mais nous vivons des prémisses d’une situation de conquête intérieure, avec un volet insurrectionnel et éventuellement terroriste, incluant la radicalisation islamique identitaire qui se propage dans les jeunes générations. Sa nature est ethno-politique et non pas religieuse.  Nous sommes assis sur un tonneau de poudre. 

    Ne doutons pas que les différents États arabo-musulmans, de l’Algérie au Qatar, observent la situation des banlieues françaises avec grand intérêt et beaucoup d’arrière pensées. Les Algériens bénéficient en France de nombreux privilèges, dont celui de la double nationalité, avec plus de 800.000 inscrits sur les listes électorales algériennes. Et l’Algérie elle-même, depuis son indépendance, bénéficie dans ses rapports avec la France, dans les différents traités, de statut de la ”nation la plus favorisée”, à cause de la mauvaise conscience masochiste française. 

    Paradoxe incroyable : la totalité de ces ”nationalistes” algériens qui manifestent leur animosité envers la France ne songent pas une seconde à aller vivre dans leur chère patrie qui, depuis l’indépendance, est devenu un pays où il ne fait pas bon vivre, un vrai repoussoir, dirigé par des satrapes. D’autre part, on nous rabâche pour nous rassurer que la majorité des Arabo-musulmans présents en France désapprouve toutes ces violences de même que l’islamisme radical. C’est vrai pour les anciennes générations et pour des intellectuell(e)s minoritaires. Concernant les jeunes générations d’origine immigrée, cette analyse n’est pas forcément pertinente. Elles forment une masse de manœuvre, arrière-cour des activistes.

    Ensuite, voici une remarque qui pourra en choquer beaucoup. Finalement, en termes polémologiques, et si l’échec de l’intégration et de l’assimilation était une bonne chose ? En effet, ces manifestations d’hostilité et de provocation envers la France et la civilisation européenne en général remettent les pendules à l’heure. Elles démontrent que l’intégration et l’assimilation sont des utopies cosmopolites. Elles clarifient les camps, c’est-à-dire la césure entre l’ami et l’ennemi. Elles ruinent les ruses de tous ceux (comme MM. Boubakeur et Tarik Ramadan ) qui endorment notre vigilance en faisant croire à leurs bons sentiments, par dissimulation. Finalement, les émeutiers algériens (et assimilés)  dans leur stupidité, rendent service.

    La guerre commence toujours sur d’insignifiantes pattes de mouche et se termine entre les griffes du tigre. Des événements apparemment mineurs et gérables, comme ces émeutes urbaines de basse intensité à l’occasion de matches de foot ou de n’importe quoi d’autre, additionnés à de nombreux autres intersignes, doivent nous faire comprendre qu’un très grand conflit vient de commencer et qui aura l’Europe occidentale et la France comme champ de bataille principal. Il va y avoir du sport.

    Guillaume Faye (J'ai tout compris, 30 juin 2014)

     

    Notes :

    (1) Avec les lois Taubira, aggravées par le Sénat, qui organisent l’impunité pratique des délinquants, les émeutiers vont être évidemment encouragés.

    (2) La pression migratoire en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient, faute de volonté de la stopper, ne pourra que s’accélérer avec les désordres qui agitent toutes ces régions.

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  • Syrie : pourquoi l'Occident s'est trompé ?...

    Les éditions du Rocher viennent de publier Syrie - Pourquoi l'Occident s'est trompé ?, un essai de Frédéric Pichon. Arabisant et chercheur, Frédéric Pichon sillonne le Moyen-Orient, et en particulier la Syrie à laquelle il a consacré sa thèse de doctorat, depuis plus de dix ans. Il enseigne la géopolitique et est l'auteur de Géopolitique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (PUF, 2012) avec Tancrède Josseran et Florian Louis.

     

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    " Au printemps 2011, la Syrie bascule dans une crise politique qui se mue très vite en une atroce guerre civile. En trois ans, ce conflit a fait 150 000 morts, des millions de réfugiés et causé des dégâts irréversibles au patrimoine culturel. Pourquoi ne pas l'écrire ? Sur le dossier syrien, l'Occident s'est trompé. D'erreurs d'appréciation en déclarations intempestives, les grandes puissances, dont la France, ont donné la pénible impression d'une diplomatie de l'improvisation. Les envolées martiales peinent à cacher l'indigence tragique d'une politique parfois menée par des hommes que la complexité du dossier syrien rebute. Aujourd'hui, la Syrie est un sanctuaire pour le Djihad mondial. Comment en est-on arrivé là ? Cet essai répond en tentant d'analyser les simplifications qui ont coûté si cher à tout un peuple. "

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  • La défaite de la laïcité ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue décapant de Jean-Paul Brighelli, cueilli dans le Point et consacré à la question de l'application de la loi sur l'interdiction des signes religieux en milieu scolaire...

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    La défaite de la laïcité

    Dans son édition du samedi 17 mai, le quotidien La Provence (organe de la gauche provençale) se penche sur le sort des malheureuses collégiennes musulmanes obligées, dans les quartiers nord de Marseille (et ailleurs, la cité phocéenne ayant une population immigrée qui depuis belle lurette occupe vaillamment le centre-ville), de se dévoiler chaque matin en arrivant en classe. Et de décrire la hantise matinale de "Sabrina", obligée d'ôter son jilbeb (le long voile brun qui l'enveloppe tout entière), conformément à la loi de 2004 sur l'interdiction des signes religieux en milieu scolaire. Les tenues peuvent être variées (hidjab, jupe longue ou foulard islamique), mais le refrain est toujours le même.

    La proviseur du lycée professionnel de la Calade, qui a, comme elle dit, "bien d'autres problèmes à gérer", participe à la commission laïcité du rectorat - une spécialité locale, les autres rectorats n'en ont pas éprouvé la nécessité. "Nous nous réunissons régulièrement avec des juristes, des historiens, des experts, et même un imam", explique Rodrigue Coutouly, référent académique pour l'éducation prioritaire au rectorat d'Aix-en-Provence. L'idée, c'est d'éclairer ce que la loi ne dit pas.

    Ignorant que j'étais ! Je croyais la loi très claire : tout signe religieux est interdit à l'école - ou dans cette école hors les murs qu'on appelle la sortie scolaire. L'une de mes étudiantes l'an dernier a voulu porter son voile lors d'un voyage scolaire en Angleterre, et l'administration, tout comme l'équipe enseignante, a été très claire : une classe qui sort emporte le règlement intérieur à la semelle de ses souliers. Hors de question que le laxisme anglo-saxon s'applique à un groupe scolaire français.

    Le problème, c'est que les tendances lourdes du système, parfaitement résumées la semaine dernière par Benoît Hamon dans une décision que nous avons commentée ici même, vont dans un sens tout différent.

    Le laxisme expliqué à ma fille

    Premier mouvement : on minimalise le problème. "Une trentaine de jeunes filles sur 1 500 élèves..." "Une question de mode..." "Parmi les musulmans de Marseille, ces milieux représentent une part infime", assure ainsi la sociologue de service, Françoise Lorcerie, longuement interviewée à la suite de l'article - et qui plaint dans un même élan compassionnel les apprentis djihadistes de Syrie et d'ailleurs : "Ils le font par désespoir, pour être quelqu'un, se construire un avenir là où il n'y en a pas, ou, tout au moins, là où ils ne parviennent plus à s'en imaginer un. Plutôt que de stigmatiser ces adolescents, il faut leur donner confiance en eux, dans une école bienveillante, qui ne se braque pas contre son environnement, son quartier." Fini l'enseignement selon Jean Zay, qui expliquait que l'école devait être une forteresse où ne parviendraient pas les rumeurs du dehors. Mérite-t-il vraiment d'être panthéonisé ?

    Deuxième mouvement : la dramatisation. En page 1 du quotidien, sous le titre très explicite "Laïcité : l'école du compromis", on lit l'accroche suivante : "Dix ans après le vote de la loi, des chefs d'établissement des quartiers nord s'interrogent encore : comment faire appliquer le texte sans exclure les élèves voilées ?" "Des milliers d'exclusions par an", affirme Françoise Lorcerie.

    Troisième mouvement : créer une commission ad hoc, non pas pour enterrer la question, comme on le fait d'ordinaire quand on crée une commission, mais pour faire admettre le contournement de la loi, au cas par cas - et de fil en aiguille, pour faire modifier la loi.

    Et là, on a affaire à une collusion entre les "sociologues" ("la loi de 2004 n'a pas eu que de bons côtés", dit Françoise Lorcerie, qui est venue défendre ses thèses dans mon lycée il y a deux ans) et des enseignants, idiots utiles des organisations islamistes, cinquième colonne involontaire d'un militantisme qui a choisi les filles et les femmes pour avancer ses pions.

    La sociologie, science de toutes les compromissions

    Pour noyer le poisson, on s'appuie sur les conclusions de Pisa (je reviendrai prochainement sur les enquêtes de cette institution qui donne tous les deux ans du grain à moudre à la presse sans que la scientificité de ses méthodes soit bien établie) qui affirment que la France est l'un des pays dans lesquels les discriminations sociales ne sont en rien gommées par l'école - et qu'elles sont même renforcées. Ce que des médias communautaires du type Ajib, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il ne représente pas l'islam le plus modéré, relaient avec complaisance - tout comme notre sociologue, qui se désole que les garçons, cette fois, soient eux aussi pénalisés par les méchants enseignants français, qui notent sans doute au faciès puisque dans notre pays n'existe aucune statistique ethnique. Françoise Lorcerie est connue par ailleurs pour sa défense bec et ongles des populations brimées par la laïcité à la française, qui a fait d'elle une inlassable activiste saluée par lesorganisations islamiques et les pédagogistes de toutes farines. Elle n'est pas la seule : son collègue Vincent Geisser a été accusé de "caresser les barbus dans le sens du poil", mais il ne renie rien de ses convictions - et Françoise Lorcerie le défend à toute occasion. Il existe une franc-maçonnerie des sociologues, avant-garde et caution "scientifique" des concessions en cours et des abdications à venir.

    On fabrique ainsi une ambiance délétère, qui place forcément les enseignants en porte-à-faux : "Une radicalité qui me met très mal à l'aise", dit l'un ; "C'est dur de conserver une neutralité d'enseignant", avoue une autre. Je veux bien le croire. Quand la loi n'est plus une, mais dépend de l'interprétation des autorités locales, c'est l'autorité tout entière qui se délite.

    Il est évidemment plus simple de ramener au niveau "sociétal" les problèmes vitaux dont l'école de la République est en train de mourir : le collège unique, qui dans ces quartiers est extraordinairement homogène, si je puis dire ; la difficulté dans ce contexte à faire passer une langue, prérequis pour aller plus loin dans l'acquisition des savoirs et de la culture ; l'autorité même, dont les manques sont automatiquement excusés sous prétexte de "discriminations", source, comme on le sait, de toutes les incompétences...

    Pendant ce temps, on organise, à Marseille même, des classes-relais, des prépas à la prépa, où des élèves majoritairement issus de l'immigration trouvent enfin leurs marques, préparent et réussissent des concours difficiles parce qu'on leur a enfin appris à oser aller plus loin que le bout de leur famille et de leurs rites. Mais de cela, il ne faut pas parler. Une pédagogie sans concession, des programmes cohérents, les conditions effectives de la réussite, c'est difficile à mettre en oeuvre. Toiletter une loi pour faire plaisir aux groupes de pression, en revanche...

    Céder un jour, c'est céder toujours

    Qu'un ministre fasse chorus avec ce que le laxisme et l'empathie mortifère ont de pire, c'est un comble. Il faut bien voir qu'un signal ambigu envoyé de la Rue de Grenelle est reçu forcément cinq sur cinq par les recteurs les plus concernés (à Marseille, monsieur Ali Saïb, qui n'avait pas trouvé le temps, en décembre, de recevoir les profs de prépa en grève) et les chefs d'établissement. Et, en bout de chaîne, ce sont les enseignants qui affrontent les mères d'élèves qui viennent voilées aux réunions et participent voilées aux sorties scolaires, et qui gèrent au quotidien les élèves, qu'ils ont amenées voilées à une récente conférence de Thomas Piketty à l'Alcazar de Marseille - je peux en témoigner, j'y étais. Au Blanc-Mesnil, en région parisienne, lesdites mères, animées forcément des meilleures intentions et qui n'écoutent que leur conscience, et pas des prédicateurs déchaînés, se sont mobilisées pour exiger l'aménagement de la loi : Hamon les a entendues.

    Marseille est peut-être une ville exceptionnelle, un laboratoire du laxisme ou une zone de renoncement. Les fondations financées par l'Europe décrivent la population marseillaise avec pitié, tout en oubliant de souligner que l'économie souterraine, entre autres celle de la drogue, crée une ville parallèle à côté de la ville officielle. Ici, la loi ne s'applique pas partout, et tout comme la police hésite à patrouiller dans certaines zones de la ville, les enseignants auraient bien tort de s'arc-bouter sur des principes vitaux pour la laïcité - et, à terme, pour la pédagogie : si l'on cède sur un point aussi central, on nous expliquera bientôt ce qu'il faut dire ou ne pas dire en cours, comme on nous a expliqué ce qu'il fallait donner à manger (1). Ce n'est pas un problème réservé aux quartiers nord d'une ville malade : c'est une gangrène obscurantiste qui touche une extrémité, avant de gagner le reste de l'organisme.

    Jean-Paul Brighelli (Le Point, 19 mai 2014)

    Notes

    (1) La question de la nourriture est loin d'être anecdotique. Lire à ce sujet la remarquable étude de Pierre Birnbaum, La République et le Cochon (Seuil, 2013), qui analyse comment les Juifs se sont intégrés, depuis la Révolution, à la République.

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  • La France est-elle une Couveuse à Barbares ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christian Vanneste, cueilli sur le site des Observateurs et consacré à la question des volontaires djihadistes de nationalité française qui œuvrent en Syrie dans les rangs des rebelles islamistes...

     

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    La France est-elle une Couveuse à Barbares ?

    Sept cents « Français » ou résidents dans notre pays participeraient à la guerre contre le gouvernement syrien. Ils seraient avec près de 2000 Européens enrôlés dans les groupes islamistes plus ou moins liés à Al Qaïda. Près de la frontière turque, une de ces bandes composée de Français et de Belges francophones, et désignée par les habitants terrorisés comme  » la brigade française » aurait mené une répression barbare contre les opposants, y compris les rebelles de l’Armée Syrienne Libre : exécutions publiques, tortures, profanation des cadavres. L’association du nom de notre pays à ces actes éveille d’abord la honte, mais doit surtout susciter la réflexion dans deux directions.

    La première est celle des causes. Comment des jeunes ayant vécu dans notre pays, éduqués au sein de son système scolaire, peuvent-ils se comporter de la sorte  ? L’irresponsabilité criminelle de nos gouvernements y a une lourde part. La plus immédiate réside dans l’aventurisme qui a fait participer notre pays à la déstabilisation et à la diabolisation du régime baasiste syrien : un sésame pour les « djihadistes » en herbe. L’enthousiasme pour le prétendu Printemps Arabe s’est éteint avec l’anarchie libyenne et le coup d’Etat égyptien. On peut s’étonner de la légèreté des gouvernants et de la faiblesse des informations données par les services de renseignement et l’une des diplomaties les plus nombreuses au monde. Ils n’ont pas prévu les « printemps ». On se souvient des vacances tunisiennes de MAM et du séjour égyptien de Fillon. Ils ont encore moins prévu les conséquences : la violente explosion tribale en Libye qui a retenti sur l’ensemble du Sahel et le bras de fer entre l’Armée et les Frères Musulmans en Egypte. La capacité de résistance et le poids des alliés de Assad n’ont pas non plus été anticipés. Alors pourquoi ? Pour servir nos intérêts auprès des pays arabes riches ? Les retombées de notre soutien décisif à la « révolution libyenne » seraient nulles. Notre convergence avec le Qatar, de plus en plus présent en France, et l’Arabie Saoudite sur le dossier syrien devient chaque jour moins honorable. Comment peut-on sans cesse s’ériger en pays des Droits de l’Homme, les évoquer, bien modestement, d’ailleurs devant les Chinois dont la puissance mérite toutes les courbettes, et soutenir l’action offensive de pays qui ne les respectent nullement et financent l’islamisme dans le monde. Ces deux pays ont d’ailleurs les moyens d’être rivaux. L’Arabie Saoudite est le banquier bienveillant de la dictature militaire égyptienne tandis que le Qatar est la base de repli des Frères Musulmans. Que va-t-on faire dans cette galère ? Molière a une fois de plus le mot juste ! S’agit-il de protéger Israël en affaiblissant tous ses voisins arabes par la guerre civile ? Les malheurs de ces derniers sont sans proportion avec un résultat qui peut être obtenu autrement . La réussite d’Israël sur le plan économique, sa puissance militaire, et le soutien indéfectible de ses alliés permettent d’envisager plus facilement une paix définitive avec des régimes nationalistes qu’avec des Etats islamistes. Sadate en avait donné l’exemple. Participe-t-on, comme l’une des pièces, le fou sans doute, au grand jeu d’échecs planétaire auquel se livrent les Etats-Unis ? En Syrie comme en Ukraine, la cible est la Russie. En quoi est-elle l’adversaire de la France ? Qui peut croire sérieusement que Poutine songe à envahir la Pologne ou les Etats Baltes ? Il a réussi son coup en Crimée et il s’y arrêtera. Il n’y a aucune raison particulière de stigmatiser plus Moscou que Ryad ou Pékin.

    Mais l’engagement de « Français » dans ce triste combat vient aussi de l’abandon de notre politique d’assimilation des immigrés. Parce que notre démographie et notre économie réclamaient de l’immigration selon les penseurs de salon qui inspirent nos dirigeants, on a ouvert les portes et, avec elles, la boîte de Pandore. Regroupement familial, distribution gratuite et indolore de la nationalité, constitution de « banlieues » majoritairement peuplées d’immigrés non-européens, discrimination positive, accommodements raisonnables, soutien à la multiplication des lieux de culte financés par l’étranger et incontrôlables, discours de repentance, et censure du patriotisme : la liste est longue des erreurs dénoncées par la courageuse Malika Sorel. Ajoutez-y les paraboles, la facilité des voyages, les multi-nationalités, le laxisme judiciaire notamment à l’égard des mineurs,  l’absence de service militaire et vous avez des barbares de l’intérieur à qui on a appris à détester notre pays et sa culture et qui trouvent plus de plaisir à fantasmer leur prétendue appartenance religieuse qu’à exercer un rôle social positif mais modeste. Certes le chômage n’arrange rien, mais ce n’est pas un contrat d’avenir qui pourra rivaliser chez un jeune  vidé de tout élan par une éducation insipide avec la fièvre que fait naître un prêche enflammé ou les images venues d’ailleurs, comme un film ou un jeu video dans lesquels il peut, là, s’insérer. C’est aussi vrai pour l’immigré que pour le converti. Ce phénomène est le symptôme d’un pays qui ne parvient plus à transmettre des valeurs si tant est qu’il en ait encore. Le malade belge, ce « paradis » du progrès sociétal, est encore plus touché que nous. Lorsqu’on fait le vide moral, il ne faut pas s’étonner que n’importe quoi vienne le remplir.

    Cette « politique » tellement absurde qu’elle n’en mérite pas le nom privilégie des intérêts économiques pour les uns, électoraux pour les autres, à court terme. Les seconds sont déjà déçus. Les autres le seront aussi lorsque la destruction du tissu social coûtera plus cher que l’illusoire bonus démographique. Dans l’immédiat, vont revenir en France des fanatiques qui voudront faire payer à notre pays la défaite de leur prétendue guerre sainte en Syrie. Ils auront appris à utiliser les armes et en rapporteront peut-être. Notre réflexion doit donc aussi porter sur l’avenir plein de risques que les dirigeants irresponsables qui sont à la tête de notre pays depuis si longtemps  ont construit pour ses habitants. Le regroupement familial date de 1976 sous la présidence de Giscard d’Estaing, Chirac étant Premier Ministre. Il est imposé par Bruxelles depuis 2003. La gauche au pouvoir facilite de toutes les manières l’immigration.  Le suicide culturel n’est pourtant pas la meilleure réponse à la stagnation démographique et économique, mais c’est celle des technocrates et des politiciens dont il est vital de se débarrasser !

    Christian Vanneste (Les observateurs, 28 mars 2014)

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