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islam - Page 17

  • L'islamo-business vivier du terrorisme...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier une étude  de Jean-Paul Gourévitch intitulée L'islamo-business vivier du terrorisme. Essayiste, spécialiste de l'Afrique et des migrations, Jean-Paul Gourévitch est l'auteur de plusieurs essais marquants comme La France africaine (Le pré aux clercs, 2000), L'économie informelle (Le pré aux clercs, 2002), qui ont valu à leur auteur d'être ostracisé. Il a également publié récemment Les migrations pour les nuls (First, 2014).

     

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    " L'islamo-business, concept novateur dans le champ politique, désigne deux réalités mal connues et complémentaires : d'une part le financement de l'islamisme radical par les revenus de l'économie informelle (taxes, confiscations, racket, pillages, trafics, rançons, esclavage sexuel) et le détournement de procédures en vigueur dans le monde musulman (jizya, zokat, sadaqah, hawala), ce qui représente plus de 1000 milliards de dollars par an, d'autre part les méthodes de recrutement des candidats terroristes et leur parcours, qui commence par la fraude et la délinquance, se poursuit par la réhabilitation grâce à l'islam et s'achève par le choix ultime de la posture du héros, voire du martyr. Jean-Paul Gourévitch dresse un état des lieux de la galaxie islamiste, explicite les mécanismes de l'islamo-business, ses ressources, ses méthodes et celles qu'emploient ses adversaires pour le combattre. Il analyse enfin la validité de plusieurs scénarios pour l'avenir : ceux de l'affrontement, du vivre-ensemble, de la coexistence, de la crise ou du déclin. Dans cette analyse, la France occupe une place particulière-elle est en effet le pays occidental qui abrite le plus grand nombre de musulmans : entre 8 et 9 millions, dont 3,5 millions de pratiquants et plus d'une centaine de milliers d'islamistes radicaux, dont environ 10 000 activistes. Un ouvrage documenté, pédagogique et impartial. "

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  • Feu sur la désinformation... (104)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Musulmans de France, l’enquête qui terrifie

      Musulmans de France, “l’enquête qui surprend”, c’est le titre du JDD qui publie une étude IFOP commandée par l’institut Montaigne, “l’étude qui fait peur” devrait être le titre. Décryptage du sondage dans I-Média.

    • 2 : Le zapping d’I-Média

    • 3 : France info, deux points ouvrez l’intox

      “Instant désintox”, “maux pour mots”, ce sont les émissions de la chaîne du canal 27 “France info”, des émissions de propagande dans une chaîne qui rencontre des problèmes internes.

    • 4 : Tweets d’I-Média
    • 5 : Quotidien, Médiapart indésirables à Fréjus, censure ?

      Des journalistes de Médiapart et du Quotidien indésirables aux estivales de Marine à Fréjus, pour le Front National ce sont des militants à carte de presse, info ou intox décryptage dans I-Média.

     

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  • En France, les musulmans sont-ils majoritairement sécularisés ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean-Louis Harouel au Figaro Vox à l'occasion de la publication d'un grand sondage sur les musulmans en France. Professeur d'histoire du droit, Jean-Louis Harouel est l'auteur d'un essai intitulé Les droits de l'homme contre le peuple (Desclée de Brouwer, 2016)

     

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    En France, les musulmans sont-ils majoritairement sécularisés ?

    FIGAROVOX. - Un sondage paru dans le JDD révèle que 28% des musulmans vivant en France ont «adopté un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République», s'affirmant «en marge de la société». Comment expliquez-vous ce chiffre important?

    Jean-Louis HAROUEL. - En affirmant que la loi islamique - la Charia - passe avant la loi française, plus d'un musulman sur quatre exprime très clairement sa non-appartenance à la France, ce qui s'explique par la nature même de l'islam. Celui-ci n'est que secondairement une religion, au sens que l'on donne à ce mot en Europe. Il nous faut cesser de penser l'islam comme une religion. L'islam est par nature politique et juridique. Les musulmans disent volontiers que le Coran est leur constitution (destour ou dustûr), et les textes saints de l'islam sont dans une large mesure un code de droit (civil, pénal, commercial). Incluant le politique, le juridique, la civilisation et les mœurs, l'islam est un système total qui prétend régir par des règles affirmées divines toute la vie individuelle et collective.

    L'islam a produit une civilisation ayant présenté à travers l'histoire divers visages (arabo-musulman, ottoman, moghol, etc.). La civilisation musulmane est une grande civilisation mais qui est marquée par un antagonisme millénaire avec la civilisation de l'Europe occidentale. En conséquence, l'islam fonctionne nécessairement en France (et généralement en Europe) comme une force englobante contraire à la civilisation française dans le but de substituer la loi musulmane à la loi française, de soumettre la France à la civilisation musulmane. L'islam implanté massivement en France peut devenir l'entreprise conquérante d'une civilisation hostile. Ce plan est exprimé ouvertement par certains dirigeants, tel le cheikh Yousouf al Quaradawi, haute personnalité de l'UOIE (Union des organisations islamiques européennes), proche des Frères musulmans, qui a clairement annoncé aux Européens qu'ils allaient être dominés et soumis aux lois coraniques.

    Même si bien des personnes de confession ou d'origine musulmane ne se sentent nullement ennemies de la France et ne se comportent pas comme telles, l'islam en tant que programme politique et que corps de règles juridiques et sociologiques est bel et bien en contradiction avec le passé chrétien de la France et son actuelle sécularisation. En sa qualité d'ennemi de notre civilisation, cet islam conquérant est illégitime en France, et plus généralement en Europe. On ne doit jamais perdre de vue que le cœur de l'identité européenne a été sur le mode millénaire sa résistance farouche à la conquête musulmane. Or, pour bon nombre de musulmans, l'actuel affaissement de la civilisation occidentale - affaiblie et démoralisée par sa religion des droits de l'homme et son culte de la repentance - est un signe que l'Europe est redevenue, comme il y a mille ans, une proie offerte par Allah aux musulmans.

    Rien d'étonnant si les réponses d'un quart des musulmans montrent qu'ils considèrent manifestement la France comme une terre arabo-musulmane. Et le pourcentage est encore plus élevé chez les moins de 25 ans, dont la moitié se déclarent favorables aux voiles intégraux (niquab, burka) et un nombre important à la polygamie.

    Pour autant, il ne faut pas confondre l'islam sous cette forme et toutes les personnes de confession ou d'origine musulmane, dont certaines sont d'ailleurs parfaitement incroyantes (ce qu'elles hésitent cependant à avouer publiquement par crainte de persécutions).

    Les sondages indiquent également que 46% des sondés sont «sécularisés». Ces derniers sont «totalement laïcs même lorsque la religion occupe une place importante dans leur vie», écrit le JDD. Cela ne prouve-t-il pas, malgré tout, qu'un certain islam peut être compatible avec la République?

    La question qui se pose est de savoir ce que l'on entend par «sécularisés». Être sécularisé implique de faire systématiquement passer la loi civile avant les règles que l'on croit émanées directement ou non de la volonté divine.

    Ainsi, un musulman réellement «sécularisé» ne se mariera jamais devant un iman avant d'avoir préalablement contracté une union civile devant le maire comme l'exige la loi française. La population de notre pays, alors presque exclusivement catholique - et pour laquelle le vrai mariage était le mariage à l'église -, s'est vue au XIXe siècle imposer d'une main lourde par l'État (qu'il fût impérial, royal ou républicain) une conception étatique et sécularisée du mariage.

    Peut-on dire qu'il y a compatibilité d'«un certain islam» avec la République? Je dirais plutôt qu'il y a chez un certain nombre de personnes de tradition musulmane un comportement compatible avec les valeurs, les règles et les mœurs ayant actuellement cours en France.

    Cette discrétion dans le comportement est au demeurant permise par le Coran aux musulmans se trouvant en terre de mécréance, qui bénéficient de grands accommodements quant à leurs obligations légales, notamment en matière de prières, de jeûne, d'interdits alimentaires. Si bien que les textes saints de l'islam peuvent être mis à profit par les musulmans sincèrement soucieux de se conformer au droit et au mœurs du pays non musulman où ils vivent, et pour ce faire de séculariser leur mode de vie.

    Sont réellement sécularisées les personnes de confession musulmane qui s'abstiennent de se comporter en France comme si elles vivaient en terre d'islam. Les personnes qui acceptent de mettre complètement de côté l'arsenal de règles juridiques et autres normes sociales de l'islam, et qui ne conservent qu'une croyance transcendante donnant lieu à un culte. Bref, les personnes qui adoptent la conception européenne de la religion et abandonnent la prétention de l'islam à régir l'ensemble de la vie sociale. Et les plus sécularisés sont évidemment ceux qui, en l'avouant ou non, sont devenus incroyants.

    Une parfaite sécularisation doit conduire une personne de confession ou d'origine musulmane à devenir sociologiquement très proche de la population française d'ascendance européenne. Mais force est de constater que les 46% se disant «sécularisés» ou «totalement laïcs» n'ont pas tous renoncé à l'affichage identitaire arabo-musulman: le port du hidjab (foulard islamique) recueille deux tiers d'opinions favorables, et l'exigence de menus halal dans les cantines scolaires est quasiment unanime (80%). Si on s'en tient à ce chiffre, la proportion de musulmans réellement sécularisés serait au mieux de 20%.

    Tout cela traduit chez les personnes de confession ou d'ascendance musulmane un refus très majoritaire d'adaptation aux traditions et au mode de vie français. En apparence anodin, le port systématique du hidjab a été voulu par les milieux islamiques et notamment l'UOIF (Union des organisations islamiques françaises) pour empêcher la jeunesse scolarisée née en France de s'assimiler à la société française. Et il est à noter que 67% de ceux qui ne vont jamais à la mosquée sont favorables aux menus halal dans les cantines. Preuve, s'il en était besoin, que l'ostentation des signes islamiques dans l'espace public et les revendications alimentaires sont avant tout de nature civilisationnelle et donc politique.

    Le JDD révèle également l'existence d'une troisième catégorie que le journal qualifie d' «islamic pride» (fiers de leur religion), qui représentent 25% du panel et «se définissent avant tout comme musulmans et revendiquent l'expression de leur foi dans l'espace public, mais rejettent le niqab et la polygamie». Comment faire pour que cette catégorie ne bascule pas du côté des «ultras»?

    L'enquête indique que les islamic pride «respectent la laïcité et les lois de la République». Cela se concilie mal avec le fait de se définir «avant tout comme musulman» et de revendiquer «l'expression de leur foi dans l'espace public». En effet, ce qu'ils veulent réellement afficher, ce n'est pas tant leur foi que leur civilisation fondée sur la loi divine (dîn). On est dans le registre politique beaucoup plus que religieux.

    L'islamic pride est une fierté civilisationnelle, parfaitement respectable en soi, mais qui traduit un refus d'appartenance à la France. C'est un groupe qui se réclame d'un héritage historique ennemi de celui de la France. «La nation est une âme» disait Renan. Au lieu de quoi nous avons le choc de deux âmes adverses, de deux nations sur le même sol: la nation France et la nation islamique qui regroupe les «ultras», l'islamic pride et une partie des prétendus sécularisés.

    D'ailleurs, l'une des personnalités préférées des islamic pride est le très médiatique propagandiste islamique Tariq Ramadan, agent actif de la conquête musulmane de l'Europe. Pour lui, la liberté religieuse n'est pas un bien en soi. Il a expliqué que la liberté religieuse n'est un bien que de manière temporaire, parce qu'elle «permet la pratique et la consolidation de l'islam». Bref, elle facilite grandement l'implantation de l'islam. Mais une fois maître du pouvoir, l'islam affirmerait son exclusivité et soumettrait le pays à la loi coranique et à la civilisation musulmane.

    Les «ultras» et les «islamic pride» représentent selon ce sondage plus de 50% des musulmans. N'est-ce pas un mauvais calcul politique que de faire de l'islam un seul et même bloc? Le risque n'est-il pas d'unir la majorité des musulmans contre la France?

    Qu'on le veuille ou non, l'islam est un bloc et il le restera tant que n'aura pas été acceptée par les musulmans une critique historique du Coran. Cette critique, souligne l'islamologue Marie-Thérèse Urvoy, peut permettre aux musulmans de considérer que le Coran est peut-être un livre inspiré mais certainement pas «dicté en une descente (tanzil) concrète du ciel, et qu'il transmet un message purement spirituel et non une loi (charia)».Il faut que l'islam qui est une loi prétendant tout régir dans la société consente à se transformer en une religion. Tant que cette révolution n'aura pas été accomplie et acceptée par la grande majorité des musulmans du monde entier, l'islam restera redoutable aux pays européens.

    Il faut évidemment essayer de ne pas unir la majorité des musulmans contre la France. Pour cela, il faut offrir aux musulmans de bonne volonté d'y jouir de la liberté de culte en vivant par ailleurs paisiblement dans le respect des lois, des traditions et des modes de vie français. Parallèlement, il faut combattre l'affichage identitaire arabo-musulman qui est une agression politique contre la société française. C'est ce qu'a fait la vieille et exemplaire démocratie helvétique en interdisant sur son sol la construction de minarets. Par cette décision, les Suisses ont invité les musulmans à la discrétion et leur ont signifié qu'ils n'étaient pas en terre d'islam.

    Jean-Louis Harouel, propos recueillis par Alexandre devecchio (Figaro Vox, 20 septembre 2016)

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  • La"société ouverte", c'est l’autre nom de la "loi du marché"...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par le géographe Christophe Guilluy à Atlantico à l'occasion de la sortie de son nouvel essai Le crépuscule de la France d'en haut (Flammarion, 2016). L'auteur nous livre une description lucide d'une France déjà largement communautarisée et dont la classe moyenne a explosé sous les coups de la mondialisation...

     

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    Christophe Guilluy : "Le paradoxe, c'est qu'aujourd'hui ce sont les pauvres qui vont demander la fin de l'État-Providence"

    Atlantico : Dans votre dernier livre Le crépuscule de la France d'en haut, vous dressez un premier constat insistant sur la fracture entre un discours politique évoquant les classes moyennes alors que celles-ci seraient en voie de transformation vers une classe populaire. Quelle différence faites-vous entre une représentation politique et la réalité du terrain ?

    Christophe Guilluy : Oui, c’est paradoxal alors même que nous sommes au temps de "la sortie de la classe" moyenne des petites catégories salariées. La classe politique dans son ensemble, droite et gauche confondues, est l'héritière des Trente Glorieuses. Leur représentation du pays, c'est la France de Giscard. Avec deux Français sur trois qui sont des classes moyennes qui ne s'en sortent pas trop mal, et qui sont encore dans une phase où l'on peut imaginer que leurs enfants vont s'en sortir. C'est l'idée d'une classe moyenne majoritaire.

    Et d'ailleurs, ces partis ont été conçus pour cela, ils s'adressent toujours aux classes moyennes.

    Mais le paradoxe est que les sociologues nous expliquent depuis 20 ans que la classe moyenne a implosé, qu'elle s'est émiettée, divisée. Il y a une classe moyenne inférieure, supérieure, il y a même une classe moyenne "inférieure-inférieure". Ce que les politiques ne comprennent pas, c'est qu'un concept peut être pertinent à un instant T et être totalement inopérant quelques années plus tard, ce qui est le cas avec le concept de classe moyenne. Il ne dit plus rien. Je me suis donc posé la question de savoir pourquoi la classe politique continuait d'utiliser un concept qui n'existe plus.

    Il y a d'abord un intérêt politique, qui est de laisser entendre qu'il existe encore une classe moyenne majoritaire. Cela signifie que le système économique qui a été choisi profite à la majorité. C'est une façon de réaffirmer une France qui serait intégrée socialement, économiquement, même si, par ailleurs, il peut y avoir des problèmes. Et ce "par ailleurs" correspond aux banlieues, où vivent des populations qui ont des "problèmes", où il y a des émeutes, des exclus, etc. Mais ce "eux" n'est pas "nous". Parce qu'il y a ici une impossibilité de penser la classe moyenne autrement que comme une classe moyenne blanche.

    Le second intérêt ici, pour les classes supérieures, c'est de s'identifier aux classes moyennes. Ce qui est génial, c'est de se laisser croire que finalement on fait partie de "la moyenne",  comme l'ouvrier ou l'employé, c’est-à-dire comme ceux qui ont véritablement subi une baisse de niveau de vie, une vraie précarisation, un vrai descenseur social. Ce brouillage social est accentué par le fait que ces classes supérieures tiennent en même temps un discours critiquent sur "les riches". Elles portent pourtant et cautionnent le modèle mondialisé de ces élites en tenant le discours de la société ouverte. Le problème est que "la société ouverte" est l’autre nom de la "loi du marché". Une loi du marché qui bénéficie effectivement prioritairement aux riches et aux détenteurs du capital mais aussi à ces classes supérieures qui, actuellement, se constituent notamment des patrimoines dignes des hôtels particuliers du XIXe. Mais aujourd'hui, cette bourgeoisie n'est plus identifiée comme telle. D’où mon utilisation du mot "bobo", qui m'a été reprochée. Si cette catégorie ne constitue qu’une fraction des couches supérieures (dont le point commun est de soutenir le modèle mondialisé, elles peuvent donc être de gauche ou de droite), elle permet de sortir du brouillage de classe en utilisant le mot "bourgeois". Ces gens sont arrivés dans des quartiers populaires, là où vivaient des catégories modestes (anciens ouvriers, actifs immigrés…), dont les revenus, le capital culturel, n’ont rien à voir avec ces classes supérieures. Cette nouvelle bourgeosie n’est pas "riche", elle ne détient souvent pas le "capital", mais il faut les désigner pour ce qu'ils sont : des bourgeois. Ces gens sont très sympas, cools etc., mais ils représentent une catégorie sociale qui n'a strictement rien à voir avec ce qu'étaient hier les classes populaires qui occupaient ces territoires. Il ne faut pas non plus oublier la violence sociale de cet accaparement de biens qui étaient anciennement ceux de ces catégories populaires.

    L'idée a été de connecter cela avec une vision globale des effets de mondialisation sur le territoire. Et attention, il n'y a pas de complot : il s'agit simplement du résultat du "laissez-faire" du marché. Le marché de l'emploi dans les grandes métropoles est totalement polarisé. Les emplois des anciennes classes moyennes ont alors progressivement disparu. Le marché des métropoles n'a pas besoin de ces gens. Le résultat est qu'aujourd'hui, 66% des classes populaires ne vivent plus dans les 15 premières métropoles.

    Un sondage IFOP pour Atlantico publié le 4 septembre indiquait que 75% des Français considéraient que le terme "républicain" ne les touchait plus, ce terme ayant perdu son sens. Votre constat insiste également sur la notion de "séparatisme républicain", indiquant que la société française serait en voie d’américanisation, par l'acceptation "banale" du multiculturalisme. Ici encore, considérez-vous que le discours "républicain" actuel soit en retard ? 

    Je parle de fanfare républicaine. La grosse caisse. L'absurdité de ce débat est de penser que nous, en France, parce que nous sommes plus malins que les autres, nous allions entrer dans le système mondialisé, mais en gardant la République. Sauf que nous ne pouvons pas avoir le système mondialisé sans en avoir les conséquences sociétales. Il faut choisir. Soit nous gardions un système autarcique, protectionniste, fermé, etc., soit on choisit la société ouverte et ses conséquences, c’est-à-dire le multiculturalisme.

    Il suffit d'aller cinq minutes dans un collège pour voir comment les enfants se définissent : blanc, noir, musulman, juif, tout sauf "je ne reconnais aucune origine". Même si nous avons pu connaître cela au début de l'immigration maghrébine. Mais cela a basculé à la fin des années 1980, et maintenant, on y est. Et le discours consistant à vouloir revenir à l'assimilationniste républicain n'a pas de sens. C'était un très beau système mais que fait-on ? On demande aux filles d'enlever leurs voiles, aux juifs d'enlever leurs kippas, etc. ? Oui, mais ça s'appelle une dictature. Attention, je ne dis pas qu'il y a eu acceptation, parce que personne n'a voulu une société multiculturelle, et certainement pas les milieux populaires (quelles que soient leurs origines). Ce modèle n'a pas été voulu en tant que tel, ce n'est que la conséquence de l'ouverture. La société française est devenue une société américaine comme les autres. Il suffit de regarder les méthodes de gestion des minorités : quelle différence entre le Royaume-Uni et la France ? Un jeune Pakistanais à Londres a à peu près le même ressenti qu'un jeune maghrébin en France, un jeune Noir de Bristol par rapport à un jeune Noir de Villiers-le-Bel.

    Le problème ici, c'est la différence entre le multiculturalisme à 10 000 euros et le multiculturalisme à 1 000 euros. À 1 000 euros, les choix résidentiels et scolaires sont de 0. Ce qui veut dire cohabitation totale. Si vous habitez dans un pavillon bas de gamme au fin fond de l'Oise et que la cohabitation est difficile avec les familles tchétchènes installées à côté de chez vous, vous ne pouvez pas déménager. En revanche, le bobo de l’Est parisien qui s'achète un loft s’assure grâce au marché de son voisinage et, au pire, peut toujours déménager ou déscolariser ses enfants si cela se passe mal. C'est la seule différence. Parce que pour toutes ces questions, et contrairement à ce que laisse entendre la doxa médiatique, nous sommes tous pareils. En haut, en bas, toutes les catégories sociales, quelles que soient les origines... Ce qui change, c'est le discours d'habillage. Le "je suis pour la société ouverte" ne se traduit pas dans la réalité. La norme, c’est l’érection de frontières invisibles dans les espaces multiculturels ou le séparatisme car personne ne veut être minoritaire.

    La société multiculturelle est une société avec des tensions réelles et une paranoïa identitaire pour tout le monde. Les blancs pensent que les musulmans vont prendre le terrain, les maghrébins pensent que les Français sont racistes, les Noirs considèrent que les Arabes leur en veulent, les Juifs sont dans une relation conflictuelle avec les musulmans.

    Aujourd'hui, c'est la tension avec l'islam qui monopolise le débat, en raison de la présence d'une importante communauté en France, (et en extension) mais également en raison du réveil de l'islam dans le monde musulman. Nous sommes sur une logique démographique avec un islam qui prend de plus en plus de place. Dans une telle configuration, si une partie de la communauté se radicalise, elle devient de fait beaucoup plus visible.

    En réalité, sur ces questions il n’y a pas "les bons" et "les méchants" : nous sommes face à des comportements universels. Il est possible de faire comprendre à l'autre que ce qui se passe aujourd'hui avec le FN est d'une banalité extrême. En expliquant que ce qui se passe, c'est que le vote FN est un vote de "blédard", d’attachement à son "village", d’une volonté banale de ne pas devenir minoritaire, surtout pour les catégories populaires, quelles que soient leurs origines, qui n’ont pas les moyens d’ériger des frontières invisibles. C’est vrai en France, mais aussi en Algérie, au Sénégal ou en Chine : ces ressorts sont universels. Tout le monde peut le comprendre. Nous sommes dans cette complexité du monde multiculturel, que nous n'avons pas choisi. Quand je dis "nous", les falsificateurs laissent entendre qu’il s’agit d’un comportement de "petit blanc". C’est faux, cette perception est commune à tous les individus quelles que soient leurs origines. Les musulmans ne sont pas plus partisans de la société multiculturelle que les Juifs, les Chinois, les Français blancs ou les Noirs. Ils la pratiquent mais sans l’avoir choisie. Cette société idéalisée par la classe dominante, elle est ce qu'elle est, avec sa dose de séparatisme. Ce qui pose la question du séparatisme, qui n'est pas une hypothèse mais une réalité. Et cette société-là, c'est la société américaine. La France est aujourd'hui le pays d'Europe qui la plus grande communauté maghrébine, la plus grande communauté juive, et la plus grande communauté noire. Le multiculturalisme, nous y sommes, malgré la fanfare républicaine qui joue encore. Aujourd'hui, c'est la question de l'islam qui est posée, mais demain, compte tenu des flux migratoires qui ont lieu aujourd'hui et de la croissance démographique en Afrique, c'est la question de l'identité noire qui se posera.

    Vous évoquez l'idée d'une "société populaire" en rupture avec un discours dominant, formant ce que l'on pourrait appeler une société parallèle. Quels en sont les contours ? Qui sont les membres de cette société populaire ? A l'inverse, comment évoquer cette "France d’en haut" électoralement parlant ?

    Électoralement parlant, cette France d’en haut, structurellement minoritaire, pèse beaucoup sur les grands partis. Mais ce qui est intéressant, c'est la désaffiliation des nouvelles classes populaires de leurs alliances traditionnelles. L'ouvrier qui votait à gauche, le paysan qui votait à droite : tout cela, c'est fini. C'est soit l'abstention, soit le vote FN pour les catégories populaires d’origine française ou européenne. Mais ce qui se forme, c'est une nouvelle société ou des gens qui étaient opposés (l'ouvrier, le petit commerçant, l’employé et le paysan, qui se retrouvent pour beaucoup sur ces territoires de la France périphérique) ont une perception commune de la mondialisation.

    C'est ce qui les rapproche. Ce sont ces catégories qui vont vers le parti de sortie de la classe moyenne, le FN. Il n'y a pas de conscience de classe, mais ces gens pensent à peu près la même chose du sort qu'on leur a fait avec la mondialisation, mais également des effets de la métropolisation. Ces populations sont sédentaires, elles n'ont plus les moyens de partir, elles doivent s'ancrer sur le territoire, dans des zones peu dynamiques en termes de création d’emplois privés dans un contexte de raréfaction de l’argent public. De plus, ces territoires ont beaucoup vécu de redistribution, de l'investissement public, de la création de postes dans le secteur public. Mais tout cela est terminé. La manne publique a disparu. Et ce n'est pas parce que les gens ont Internet qu'ils sont à New York, ce discours est une arnaque. Le Cantal et Manhattan, ce n'est pas la même chose. Le réseau, ce n'est pas Internet, ce qui compte c'est de rencontrer des gens, être physiquement en face de quelqu'un avec qui on décide de faire des choses, comme le font les cadres supérieurs dans les métropoles. La mobilité n'est plus une mobilité pour tous, elle concerne prioritairement les catégories supérieures, ce qui implique une nouvelle forme de sédentarisation des catégories populaires.

    Dans un livre publié en 2006 (Combattre les inégalités et la pauvreté. Les États-Unis face à l'Europe), le directeur de la recherche économique de Harvard, Alberto Alesina, et son collège Edward Glaeser montrent "la relation fondamentale entre fragmentation raciale et dépenses sociales en pourcentage de PIB", indiquant que plus un pays est fragmenté "racialement", moins les dépenses sociales sont élevées. La France périphérique peut-elle participer à de telles décisions ?

    C'est également la thèse de Robert Putnam, qui a analysé les grandes villes, et qui a démontré le même phénomène. Il se posait la question de savoir pourquoi les politiques sociales étaient plus faibles dans les grandes villes. Et effectivement, le résultat était que les gens ne veulent pas payer pour les pauvres d'une autre communauté. C'est toute l'ambiguïté du rapport actuel à l'État-Providence qui se traduit dans la parole politique. Il existe un discours radical actuellement sur cette question, qui consiste à dire que l'on donne trop d'argent aux chômeurs, aux assistés, etc. Et ce, sans poser la question culturelle qui se cache pourtant derrière. C'est exactement ce qui se passe en France.

    Ce qui est amusant, c'est que les libéraux pensent que les Français sont gagnés par le libéralisme et qu'ils sont contre l'État-Providence. C’est faux. Mais la situation paradoxale est qu’aujourd’hui ce sont les pauvres qui vont demander la fin de l'État-Providence.   

    Vous avez été attaqué pour votre travail. Quelle est la difficulté de votre discours au sein de l'Université ?

    Oui, des critiques de quelques individus très idéologisés et éloignés des réalités, qui falsifient mon travail, et aussi tout bêtement par des "concurrents". Une histoire de business. Au-delà de ça, ces gens défendent en réalité un modèle, celui des classes dirigeantes, dont ils bénéficient.

    Christophe Guilluy (Atlantico, 19 septembre 2016)



     

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  • Les trois hégémonies et l’impuissance dramatique des Européens...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gérard Dussouy, cueilli sur Metamag et consacré aux hégémonies qui menacent l'Europe. Professeur émérite à l'Université de Bordeaux, Gérard Dussouy est l'auteur d'un essai intitulé Contre l'Europe de Bruxelles - Fonder un Etat européen (Tatamis, 2013).

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    Les trois hégémonies et l’impuissance dramatique des Européens

    Le monde postmoderne, celui d’après la modernité occidentale finissante, entérine l’achèvement du cycle de l’État-nation européen (forme politique canonique de la dite modernité) commencé avec les traités de Westphalie (1648). En effet, avec la globalisation, à l’œuvre depuis la fin des années 1980, il apparaît de plus en plus clairement que la planète est entrée dans un nouveau cycle politique, identifié par Robert Gilpin comme étant celui État-continent efficacement structuré, met en présence, aujourd’hui, trois types d’hégémonies (en fonction des facteurs dominants respectifs) : l’hégémonie occidentale/américaine, l’hégémonie chinoise et l’hégémonisme musulman.

    Les deux grandes hégémonies concurrentes

    Dans la définition de l’hégémonie que retient Gilpin, la puissance étatique qui en est à l’origine est un agrégat cumulatif dans lequel le facteur économique voit sa contribution augmenter irrésistiblement (notamment au travers de ses groupes transnationaux). A partir de lui, elle étend son influence dans le monde entier et elle s’ingénie à créer des institutions internationales grâce auxquelles la force du plus fort, c’est-à-dire la sienne, se transforme en droit (Cf. le FMI, l’OMC, et une kyrielle d’institutions régionales relais).

    C’est ainsi que depuis 1945, et plus encore depuis l’effacement de l’Union soviétique, l’État-continent US, sûr de sa suprématie militaire, a imposé ses normes tant en ce qui concerne l’organisation et les règles de l’agir économique, qu’en ce qu’il en va de la vie sociale et des changements sociétaux. Mais depuis quelques décennies, cette hégémonie occidentale, qui recouvre toute l’Europe, jusqu’aux portes de la Russie, doit compter avec la prétention à l’hégémonie d’un autre État-continent, la Chine. De fait, celle-ci inonde le monde de toutes ses productions, jusqu’à saturer tous les marchés, se répand dans tous les continents (et ce n’est pas qu’une image quand on considère la géographie des diasporas chinoises), de l’Asie à l’Europe, et de l’Amérique à l’Afrique (où elle met la main sur tout ce qu’elle peut), joue un rôle de plus en plus important dans les institutions internationales, accumule les devises et entend accueillir bientôt le nouveau marché de l’or ! Dans la mesure où on ne sait pas encore de quel côté la balance va pencher, on est bien dans une phase de « transition hégémonique » qui se joue, de part et d’autre du Pacifique, nouveau centre de l’arène mondiale, entre les États-Unis et la Chine. Les Européens, eux, sont au balcon ! Mais ils sont également les jouets de la compétition en cours. Ils subissent, sans réagir, les offensives commerciales et patrimoniales chinoises, et les étouffantes et très intéressées attentions d’une puissance américaine sur la défensive.

    Á ces deux acteurs hégémoniques, tout compte fait classiques parce qu’ils mobilisent en priorité les moyens économiques et les ressources militaires, bien qu’ils soient les premiers dans l’histoire, et la Chine autrement plus que les Etats-Unis, à s’appuyer sur un potentiel démographique considérable, s’agrège maintenant l’aspiration à l’hégémonie de l’Islam.

    L’hégémonisme musulman

    L’hégémonisme musulman repose sur l’expansionnisme démographique et le prosélytisme religieux avant tout, et sur la puissance financière de manière auxiliaire. Néanmoins, il n’a pas de puissance chef de file, de centre directeur et émetteur de la dimension des deux autres. Il est polycentrique et démotique. La croissance démographique élevée de la plupart des pays musulmans conforte la religion du Livre dans un rôle international inattendu par son ampleur pour un phénomène culturel. Elle alimente des flux migratoires qui ne cessent de renforcer les diasporas installées, assez récemment, à la périphérie des espaces d’origine de l’Islam, comme en Europe où son influence augmente. Tant et si bien que la conjonction de la dynamique démographique et de l’irréductibilité religieuse des nouveaux habitants (démontrée tous les jours dans les actes civils) disloque et transforme les sociétés européennes investies. Et cela avec d’autant plus de résultats que les systèmes juridiques européens en place, et les valeurs qui les sous-tendent, sont dépassés et contre-productifs (puisqu’ils permettent à l’Islam d’imposer ses croyances) dans un contexte nouveau qui est celui d’une quasi guerre culturelle. Cette transformation est de type démotique, parce qu’elle agit par imprégnation à l’occasion d’une substitution progressive des populations immigrées à des populations autochtones qui vieillissent et qui sont frappées par la crise de la dénatalité. Elle est la conséquence du nombre qui stimule la résistance aux valeurs et aux traditions des pays d’accueil.

    Enfin, ce processus spontané d’islamisation, au moins partielle, de l’Europe, présente une dimension stratégique parce qu’il est aussi encouragé par plusieurs États musulmans, au potentiel politico-militaire généralement limité, sauf la Turquie, mais qui disposent de ressources financières impressionnantes qui autorisent des acquisitions patrimoniales considérables et des soutiens généreux aux acteurs musulmans en mission.

    La voie de salut de l’État européen

    Toujours sous l’emprise d’une vision occidentalo-universaliste du monde qui se retourne contre eux, et sous la tutelle politique et stratégique des États-Unis, mais en même temps déstabilisés, au plan économique et donc social, par les offensives multiples et répétées de la Chine, les Européens sont confrontés aux vagues migratoires venues du sud et porteuses d’une croyance religieuse le plus souvent intolérante et parfois totalitaire.

    Incapables de répondre à ce triple défi hégémonique tant qu’ils ne seront pas politiquement unis, parce que leurs États respectifs sont devenus trop faibles, ils sont directement affectés dans leurs conditions de vie, dans leurs coutumes et leurs rapports au monde, dans leurs identités. Le drame est que sans être parvenus à se débarrasser de l’hégémonie américaine, les Européens subissent déjà les deux autres, et que leur situation va empirer.
    Leur seule réponse appropriée à un tel contexte est celle de l’Etat européen parce qu’il est l’unique outil politique de combat adapté aux immenses épreuves que, tous azimuts, les Européens commencent, tout juste, à entrevoir. En effet, l’Etat supranational est le seul en mesure de réunir les ressources humaines, matérielles et immatérielles, de disposer de budgets conséquents, et de fixer des stratégies à long terme, choses indispensables pour éviter le pire.

    Dans ce but, les Européens actifs, et conscients de ce qui vient, doivent s’emparer de l’Union européenne et la transformer dans l’optique qui précède. La dispersion et le repli national seraient mortels. Les Anglais regrettent déjà, sans l’avouer, leur référendum (qui, il faut le souligner, parce que cela est d’importance pour la suite, ne comporte aucune obligation constitutionnelle). On peut parier qu’ils feront tout pour que le Brexit ne soit pas effectif, même s’il devait être officialisé. Les solutions de raccroc ne manquent pas.

    En tout état de cause, il est clair qu’il ne faut pas fuir l’Europe, parce qu’elle est la voie de salut. Il faut comprendre que si un État est fondé sur des éléments physiques (territoire, population et organisation bureaucratique), il est aussi, et c’est essentiel, l’idée que l’on s’en fait. C’est donc aux Européens eux-mêmes de faire de l’Union (qui, telle qu’elle est, sert de prétexte à tous ceux qui rejettent l’Europe sous quelque forme que ce soit) l’État qui leur convient, qui les défend, qui porte leurs aspirations.

    Les raisons d’y croire

    Pour y parvenir, deux types d’acteurs existent et qui sont compatibles parce qu’ils peuvent converger dans leurs actions : les États existant et les mouvements citoyens. En effet, parmi les États, certains peuvent, ou pourraient compter bientôt, des gouvernants qui ont pris acte de toutes les dérives de l’Union européenne, de toutes ses orientations politiques nocives pour les peuples européens, de l’insignifiance ou de l’indifférence à la cause européenne de ceux qui la dirigent, et qui ont décidé de changer le cours des choses.

    Ces États, bien qu’ils puissent être de dimension moyenne, pourraient alors se constituer en bloc, au sein de l’Union, pour arrêter les politiques actuelles et en exiger d’autres conformes aux intérêts des Européens (les États du groupe dit de Višegrad se concertent, ces derniers temps, pour essayer de poser les bases d’une armée européenne), aussi bien qu’ils pourraient obtenir des réformes profondes en faveur de la représentation des peuples et de leur participation au processus de décision communautaire. Agissant ainsi, ces États seraient en mesure d’en entraîner d’autres, et des plus puissants, par le biais des opinions publiques.

    Cela n’est pas là qu’une hypothèse d’école, quand on pense à ce qui pourrait se passer en Europe centrale et de l’est si des États comme la Hongrie, l’Autriche et quelques autres, conscients de l’impasse que représente le repli national, s’entendaient pour changer, de l’intérieur, l’Union européenne. Il n’est peut-être pas anodin qu’à la suite de son premier échec, le candidat nationaliste à l’élection présidentielle autrichienne, Norbert Hofer, ait déclaré qu’il entendait améliorer et changer l’Union européenne, et surtout ne pas la quitter (« Ich möchte eine bessere EU und keine Austrittswelle »), sauf en cas d’une adhésion imposée de la Turquie. La prise de conscience qu’il existe un intérêt européen susceptible de transcender les égoïsmes nationaux et de trouver des règlements aux vieux différents, territoriaux ou autres, semble se dessiner, et elle devrait se confirmer compte tenu de la montée certaine du stress extérieur (invasions continues à travers les Balkans et l’Italie) et de l’imminence de la crise financière.

    L’action de ces États rédempteurs, ceux à l’origine du renouveau européen, s’avèrera d’autant plus efficace qu’elle entrera en phase avec les mouvements citoyens qui commencent à émerger, ici et là, en Europe, et à constituer des fronts communs sur des résistances et des revendications variées. A partir de ceux-ci, pourra se former une opinion publique européenne, avec en son sein, la conviction selon laquelle, plus que jamais, l’Europe est le destin commun de tous ses peuples originaires, et l’État européen l’instrument de leur survie et de leur liberté. Au plan pratique, cela pourrait conduire des forces politiques à s’organiser à l’échelon supranational avec l’objectif, parmi d’autres, de faire en sorte qu’un jour le Parlement européen porte, enfin, et si l’on peut rêver dès 2019, la voix de la souveraineté populaire.

    Á ce compte là, tout n’est pas perdu !

    Gérard Dussouy (Metamag, 12 septembre 2016)

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  • Le discours d'un roi...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il poursuit son observation des signes de la guerre civile qui vient...

    Richard Millet vient de publier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.

     

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    Le discours d’un roi

    « La Norvège, c’est avant tout des personnes. Des gens qui viennent du sud, du nord, du centre du pays. Mais aussi d’Afghanistan, du Pakistan, de Pologne, de Suède, de Somalie et de Syrie », vient de déclarer le roi de Norvège, Harald V, dans un discours qui a « enthousiasmé » les « internautes », c’est-à-dire personne, en vérité – la propagande manipulant les réseaux sociaux de manière à donner à ce discours, comme à tant d’autres, une audience artificielle. Voilà pour l’harmonieuse composition ethnique de la néo-Norvège. Harald V participe d’ailleurs lui-même de cette immigration positive, puisqu’il révèle sans rire que ses « grands-parents ont immigré du Danemark et d’Angleterre, il y a 110 ans », – ce qui fait de lui, comme on le voit, un réfugié de la troisième génération.

                Le deuxième fondement de son discours concerne bien sûr l’harmonie libidinale, ce qu’on appelle en français servile : l’« orientation sexuelle » : « Les Norvégiens sont jeunes et vieux, grands et petits, malades ou invalides. (…) Parmi les Norvégiens, il y a des filles qui aiment les filles, des garçons qui aiment les garçons, et des filles et des garçons qui s’aiment mutuellement ». Comme c’est mignon, ça, chouchou…

                Quant au troisième fondement, le voici : « Les Norvégiens croient en Dieu, en Allah, en tout et en rien », autrement dit tout et n’importe quoi, apparemment, mais en réalité le roi est un agent actif de l’islam, ce qui nous conduit à nous demander si Harald V n’est pas, à 79 ans, tout à fait gâteux, ou si Justin Trudeau n’a pas investi le corps de cette vielle baderne – à moins que ce ne soit le père Ubu lui-même, indigné, merdre ! de voir Harald V prostituer la fonction royale à ce que la démocratie a produit de plus funeste : le multiculturalisme à dominante musulmane, qui s’impose plus rapidement, voire avec frénésie, dans les pays protestants, et jusque chez les ours polaires bientôt contraints d’émigrer à cause du réchauffement climatique, et que le bon Harald accueillera la larme à l’œil, car, ajoute-t-il, « notre maison est là où bat notre cœur. Et notre cœur bat souvent au-delà des frontières ». Un tel roi, dont tout le discours vise à faire passer la pilule islamique, me donne à penser que je n’avais pas tout à fait tort de dire, en 2012, que Breivik était bien ce que méritait la Norvège…

                Pendant ce temps, une coiffeuse norvégienne se retrouve au tribunal pour avoir refusé ses services à une femme bâchée ; et le royaume, qui compte 5 millions d’habitants, a reçu l’an dernier 30.000 demandes d’asile. On imagine que Breivik doit s’agiter dans son trois-pièces carcéral. On n’entend guère dire, dans la presse officielle, que les Norvégiens ne sont plus que 45% (contre 54%, l’année précédente) à juger positive l’immigration extra-européenne – comprenant enfin que le sympathique kebab du coin est en réalité une officine salafiste. Les « soldats d’Odin » patrouillent dans certaines villes de province, et l’extrême droite « progresse », comme dans l’Europe tout entière, sous l’œil méprisant ou voilé de gouvernements dépassés par les « évènements » dans le  déni idéologique du système médiatico-politique qui taxe de populisme, de xénophobie, de racisme, de fermeture de cœur ce qui reste de peuple authentique.

                Je lisais ce discours dans le wagon de RER qui me ramenait en banlieue. Le trafic était fortement perturbé « en raison d’une mesure de sécurité à Nation », autrement dit par un « colis suspect » qui nous rappelait, si besoin était, que nous sommes en guerre. Un Rom s’égosillait d’une voix enlaidie par un accordéon aigrelet. J’étais assis à côté d’un jeune homme en costume Alain Figaret ou Armand Thiery et qui sentait une eau de toilette de chez Armani. Il pianotait sur son téléphone. Face à nous, une jeune fille en niqab marron glacé, à face lunaire, le nez sur son smartphone, tout comme sa voisine, une pulpeuse brunette qui ne nous laissait presque rien ignorer de sa poitrine – toutes deux réunissant dans le même geste compulsif le salafisme et le consumérisme, soit deux formes de nihilisme (dans le wagon j’étais d’ailleurs le seul, avec un vieil Antillais hautain, à ne pas avoir la face rongée par la lumière d’un écran). Près de la brunette, deux autres signes de décadence : la vitre du wagon était rayée de tags tracés au diamant, et une peau de banane était posée sur le rebord intérieur de la fenêtre, près la main de la brunette, abandonnée là par un négligent ordinaire. Un parfait échantillonnage de la France contemporaine, qui aurait plu à Ubu V de Norvège ? En réalité le mélange ne prend pas : l’indifférence qui régnait là était une forme d’hostilité à peine déguisée qui eût pu éclater au moindre incident, regard ou parole. Pendant ce temps, Hollande prononçait un discours sur la guerre contre le terrorisme dans lequel il insistait lourdement sur le fait que les musulmans sont souvent les premières victimes du terrorisme islamique. Les vrais chrétiens et les patriotes apprécieront en rappelant, une fois de plus, que, si l’on ne se décide pas à entrer dans la Reconquista, l’islam a d’ores et déjà gagné : la parfaite aisance de la voyageuse en niqab le suggérait amplement.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 9 septembre 2016)

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