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immigration - Page 93

  • A droite et à gauche... (1)

    Une nouvelle rubrique pour Métapo infos, intitulée "A droite et à gauche...", dans laquelle nous ferons figurer des citations variées, cueillies au fil de nos lectures du moment...

     

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    " Restons un pays ouvert, qui accueille de nouvelles cultures et tire profit du métissage. Et si par ailleurs il y a des enjeux d'intégration dans notre pays, c'est notamment à l'école et avec les enseignants qu'il faut les aborder."

    Laurence Parisot, « Restons un pays ouvert qui profite du métissage », Le Monde (17-18 avril 2011)

     

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    " Notre politique de l’emploi est aberrante. La France vient d’adopter une directive européenne dont le but est d’« attirer les ressortissants de pays tiers aux fins d’emplois hautement qualifiés ». Or de nombreux diplômés français s’exilent chaque année à l’étranger, où leurs talents sont reconnus. Mieux vaudrait endiguer la fuite de nos cerveaux ! Autre exemple : la signature en 2008 d’un accord d’immigration entre la France et le Sénégal. Il s’agit d’ouvrir le marché du travail français aux ressortissants sénégalais dans cent huit métiers, dont beaucoup ne sont pas très qualifiés : des emplois qui pourraient trouver preneurs en France, à niveau de compétence égal ou moyennant la formation de chômeurs.On estime à 4 millions le nombre des demandeurs d’emploi, si l’on tient compte des chômeurs qui ne sont pas inscrits à Pôle emploi et des salariés à temps partiel subi. Peut-on tout à la fois supporter la charge du chômage et recourir à une immigration de travail massive ? Ce n’est pas seulement une question financière, c’est une question de dignité : priver d’emploi des hommes et des femmes capables de travailler, c’est les condamner à l’exclusion sociale. "

    Malika Sorel, « La France fait trop de concessions », Valeurs actuelles (21 au 27 avril 2011)

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    " La gauche convenable - et nous partageons avec elle bien des valeurs et des combats - estime infâme, contraire à l'éthique, de s'interroger sur une éventuelle diminution de l'immigration légale? Mais pourquoi diable? Pourquoi cette gauche convenable se rallie-t-elle avec une facilité déconcertante à l'idéologie inspirée par le Medef, qui exige toujours plus d'immigrés nouveaux surexploités et sous-payés, tellement plus malléables que ces immigrés installés en France depuis quelques années déjà, qui ont pris conscience de leurs droits sociaux et qui, parfois, ont l'audace de revendiquer, de protester, d'occuper ? Alors, osons émettre une hypothèse dérangeante : la gauche convenable ne s'aligne-t-elle pas, une nouvelle fois, sur l'idéologie CAC 40 du grand patronat ? Se soucierait-elle moins du sort des immigrés que de la défense des intérêts de la finance ? "

    Maurice Szafran, Le droit à la complexité, Marianne (16 au 22 avril 2011)

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    " La France connaît donc aujourd'hui une immigration de peuplement, conséquence directe du regroupement familial. Mais les immigrés constituent plus que jamais l'armée de réserve du capital. On ne peut qu'être frappé de voir comment les réseaux « sans-papiéristes » de l'extrême gauche, qui croient trouver dans les immigrés un prolétariat de substitution, servent les intérêts du patronat. Réseaux mafieux, passeurs d'hommes et de marchandises, grands patrons, militants « humanitaires », employeurs « au noir»: tous sont adeptes de l'abolition des frontières par le libre-échangisme mondial. Olivier Besançenot, Laurence Parisot, même combat ! "

    Alain de Benoist, Immigration, l'armée de réserve du capital, Eléments n°139 (avril-juin 2011)

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    " Les politiques n'ont jamais eu le courage de s'attaquer vraiment au problème des banlieues quand les premières émeutes ont commencé à se généraliser au début des années quatre-vingt-dix. La droite parce que c'est elle qui a autorisé le regroupement familial dans les années soixante-dix et parce qu'elle avait besoin de ces populations pour faire tourner les usines, le bâtiment, tout en maintenant les salaires très bas dans un contexte de mondialisation croissante, et la gauche parce qu'elle était confronté à un " bug » de son système idéologique: les pauvres et les immigrés ne peuvent pas être coupables, c'est impossible voyons, c'est forcément la faute aux autres (blancs et riches si possible). "

    Pierric Guittaut, En direct de nos banlieues à Beyrouth-sur-Loire, Eléments n°139 (avril-juin 2011)

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    " Aujourd'hui, ce n'est plus l'avenir qui est bouché, c'est le présent qui se défait. L'idée n'est plus que l'on est en train de descendre mais que l'on est bel est bien descendu, que l'on touche le fond. Dans ce contexte, les récentes annonces de hausses des prix (gaz, pétrole, électricité) sont ressenties violemment : les gens ne parlent que de ça. On n'est plus dans une crise du lendemain, mais dans une crise du quotidien, qui se traduit par un sentiment d'insécurité permanente.
    [...] Avant la présidentielle de 2007, les milieux populaires pensaient que l'on allait s'intéresser à eux. La preuve : ils ont voté massivement pour Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy au second tour. Bref, ils y ont cru. Leur déception est à la mesure de leurs attentes. Ils pensent s'être fait avoir. J'irai même plus loin : ils estiment que la relégation qu'ils subissent est volontaire. Ils pensent que, pour s'enrichir, les représentants de l'" oligarchie financière ", qui sont les acteurs de la mondialisation, doivent délibérément les précariser et les appauvrir. Cette relation de cause à effet entre mondialisation et fragilisation est au coeur du discours de Marine Le Pen. Voilà pourquoi sa voix porte tant.
    [...] Nicolas Sarkozy est complètement décrédibilisé. Il est non seulement vu comme celui qui n'a pas tenu ses promesses mais comme celui dont les amis sont au CAC 40 et qui, justement, incarnent cette mondialisation génératrice d'insécurité générale. On ne le croit plus capable de jouer contre son camp, celui de l'" oligarchie financière ".
    Dominique Strauss-Kahn est lui aussi l'objet d'une forte suspicion. Quant à la gauche, elle est perçue comme très molle sur la mondialisation. Reste un Mélenchon, mais il donne l'impression de ne pas prendre vraiment en compte la question de l'intégration des étrangers. Or celle-ci est centrale dans le discours des milieux populaires.
    [...] La situation actuelle est perçue comme un noeud gordien, trop complexe, trop enchevêtré pour être dénoué fil à fil. Le seul moyen pour se libérer est, comme dans le mythe grec, de trancher le noeud. Or, Marine Le Pen est la seule à être perçue comme capable de vraiment trancher. Comme si les gens se disaient : « Elle, au moins, contrairement à tous les autres, on ne l'a pas essayée »."

    Alain Mergier, « Les milieux populaires pensent s'être fait avoir », Le Monde (22 avril 2011)

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    " Aux États-Unis, le maire libéral de New York dans les années 1930 exhorte ouvertement la police à obtenir des truands arrêtés des aveux par tous les moyens. Et un chroniqueur judiciaire de décrire les séances de tabassage dans les commissariats et aussi de « fraisage »forcé chez un dentiste proche des policiers dans un livre au titre sans ambiguïté. Au début des années 1950, un auteur universitaire américain synthétise : « On trouve difficilement une seule brutalité physique infligée par la Gestapo que les policiers américains n'ont pas quelque fois utilisée »."

    Dominique Inchauspé, Garde à vue ? Garde à vous !, Chroniques d'actualité n°1 (mars 2011)

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    " Le 17 février 2011, la police croate a terminé l'exhumation, dans une fosse de la banlieue de Zagreb, de centaines de corps de victimes allemandes, civiles et militaires, abattues par la résistance communiste en 1945. Il y a deux ans, à Harmica, un charnier contenant 5000 corps (4500 soldats de la Wehrmacht et 500 officiers) avait déjà été mis au jour. Il y aurait encore 200 sites de cette nature à explorer, selon le ministre croate de l'Intérieur. "

    Guerres et histoire n°1 (1er trimestre 2011)

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    " Or l'eugénisme ne se limite pas à une simple sélection des naissances. Toutes sortes de questions connexes s'y rattachent, à peine soulevées encore, malgré leur urgence. Quelle doit être, par exemple, l'attitude de fond à adopter, vis-à-vis des groupes ethniques fixés ou décidément peu progressifs, par l'aile marchante de l'Humanité ? La Terre est une surface fermée et limitée. Dans quelle mesure doit-on y tolérer, racialement ou nationalement, des aires de moindre activité ? - Plus généralement encore, comment faut-il juger les efforts que nous multiplions, pour sauver, dans les hôpitaux de toutes sortes, ce qui n'est souvent qu'un déchet de vie ? Quelque chose de profondément beau et vrai (je veux dire la foi en la valeur irremplaçable et aux ressources imprévisibles contenues dans chaque élément personnel) se cache évidemment sous cette opiniâtreté à tout sacrifier pour sauver une existence humaine. Mais cette sollicitude de l'homme pour son prochain individuel ne devrait-elle s'équilibrer d'une passion plus haute naissant de la foi en cette autre personnalité supérieure qui est attendue, nous le verrons, de la réussite terrestre de notre évolution ? Jusqu'à quel point le développement du fort (si tant est qu'on puisse clairement définir celui-ci) ne devrait-il pas primer la conservation du faible ? Comment concilier dans un maximum d'efficience le soin à prodiguer aux blessés avec les nécessités supérieures de l'attaque ? En quoi consiste la vraie charité ? "

    Pierre Teilhard de Chardin, L'Energie humaine, cité par Jacques Arnould, Teilhard de Chardin (Tempus, 2009)

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  • Nous ne sommes pas en démocratie...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Eric Werner, publié par le site Enquête&débat. Eric Werner a publié de plusieurs essais remarquables comme De l'extermination (Thaël, 1993), L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1999), Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008) ou dernièrement Douze voyants (Xénia, 2010). 

     

     

    Eric Werner : "Qui croit encore sérieusement que nous sommes en démocratie? "

    1. Vous êtes l’auteur d’un livre intitulé L’avant-guerre civile il y a plus de 10 ans. Pensez-vous que la France est encore en situation d’avant-guerre civile ?

    L’avant-guerre civile n’a pas nécessairement vocation à déboucher dans la guerre civile, si c’est ça que vous voulez dire. C’est évidemment une possibilité, mais il y en a aussi une autre: que l’avant-guerre civile se stabilise en tant qu’avant-guerre civile, côtoyant ainsi de près la guerre civile, la frôlant même parfois, mais sans jamais pour autant franchir la limite l’en séparant. C’est, me semble-t-il, ce qu’on observe à l’heure actuelle.

    On est dans une situation de “ni guerre, ni paix”, on pourrait dire aussi (par analogie avec ce qui se passe dans la sphère inter-étatique) de “paix armée” (ou de “guerre froide”). On observe bien, ici et là, certaines étincelles de guerre civile, mais dans l’ensemble les dirigeants maîtrisent encore bien la situation. Ceci posé, incontestablement, le risque existe. Qu’est-ce qui pourrait faire basculer l’avant-guerre civile dans la guerre civile ? Très peu de choses, en fait. Les gens ne le savent peut-être pas, mais la France ne dispose à l’heure actuelle que d’une autonomie alimentaire de vingt jours: vingt jours, c’est peu. A Paris, elle n’est que de quatre jours. J’emprunte ces chiffres au film de Coline Serreau, “Solutions locales pour un désordre global”, un documentaire sorti en 2010. Je les cite de mémoire.

    2. Le Front national ne fait-il pas office de soupape de sécurité du système pour canaliser les ressentiments divers et empêcher la guerre civile ?

    C’était assurément le cas à l’époque de Jean-Marie Le Pen. A cette époque-là, effectivement, le FN (tout comme, à une époque plus lointaine encore, le Parti communiste) faisait office de soupape, d’exutoire. On a souvent dit aussi que Jean-Marie Le Pen, non sans talent d’ailleurs, assumait une fonction tribunicienne (en référence aux tribuns du peuple dans la Rome antique). C’était un contre-pouvoir, mais un contre-pouvoir n’aspirant pas, comme parfois cela arrive, à devenir lui-même le pouvoir.

    Jean-Marie Le Pen ne s’est, je pense, jamais seulement imaginé qu’il pourrait un jour prendre le pouvoir. Il ne l’a jamais non plus ambitionné. Il en va différemment, me semble-t-il, de sa fille. L’impression qu’elle donne est qu’elle veut réellement faire bouger les choses. On pourrait la comparer en ce sens à l’héroïne de “True Grit”, le récent film des frères Coen. “True Grit”, autrement dit le cran, la détermination. C’est quelqu’un, assurément, qui “en veut”. Cela étant, une question se pose: que mettre à la place du système ? La guerre civile, puisque vous y faites référence, n’est évidemment pas en elle-même une réponse.

    3. Vous êtes l’auteur d’un livre intitulé “L’après-démocratie”. Nous ne sommes donc plus en démocratie selon vous ?

    Je suis surpris de votre question. Qui croit encore sérieusement que nous sommes en démocratie? La démocratie n’est rien d’autre aujourd’hui qu’un nom, un nom au sens proustien du mot, autrement dit ce qui fait rêver les gens, rêver ou rêvasser. On imagine des choses qui n’existent pas. Comment caractériser le régime occidental actuel ? En gros, comme une oligarchie, mais le terme le plus proche de la réalité serait, à mon avis, celui de ploutocratie (le gouvernement des riches).

    Certains vont même plus loin encore, n’hésitant pas, à l’instar de certains politologues (Guy Hermet), à faire le rapprochement avec les gouvernements autoritaires latino-américains des années 1950-1975, voire avec la dictature franquiste: rapprochement qui en surprendra plus d’un mais qui s’éclaire dès lors qu’on ne se contente pas de dire, comme il sied de le faire, que le régime occidental se veut respectueux du pluralisme des idées et des intérêts, mais qu’il comporte également toutes sortes de limitations dans ce domaine: limitations d’ordre social pour certaines, mais pas seulement. Les médias occidentaux reprochent à juste titre au régime chinois, ou encore iranien, d’enfermer les gens pour délit d’opinion, mais en Europe aussi il existe des prisonniers d’opinion ! C’est le cas par exemple en Allemagne, en Suisse et en Autriche, trois pays particulièrement répressifs en la matière.

    Le régime occidental actuel comporte aussi certains traits typiquement totalitaires, comme le recours désormais systématique à des lois-”caoutchouc” (ou encore “attrape-tout”), que les juges interprètent comme bon leur semble, en quelque sorte à la tête du client. On en a une illustration avec les lois fixant ce qu’il est permis ou non de faire et de montrer en matière sexuelle. L’indétermination dans ce domaine est aujourd’hui telle qu’elle autorise toutes les dérives. C’est le retour au bon plaisir du Prince.

    D’autres textes (lois sécuritaires, antiterroristes, etc.) dotent la police de pouvoirs discrétionnaires, certains disent même illimités, pouvoirs dont la police fait ou non usage, mais qui, même lorsqu’elle n’en fait pas usage, joue le rôle d’épée de Damoclès. Rappelons qu’en France, en 2009, près de 900’000 personnes ont été placées en garde à vue, dont beaucoup sans la moindre justification. A ce stade, ce n’est même plus la démocratie qui est en cause, c’est l’Etat de droit.

    4. Quelle est la principale menace qui pèse sur la civilisation européenne selon vous ?

    Il y a une menace exogène, inutile d’y insister. Mais il y a aussi une menace endogène, plus importante encore peut-être. Je ne vais pas ici pleurer sur le grec et le latin. Mais c’est un fait que les humanités n’occupent plus aujourd’hui qu’une place très marginale dans les programmes scolaires. En soi ce n’est peut-être pas très important, mais il faut mettre cette évolution en rapport avec d’autres phénomènes similaires, les progrès de l’analphabétisme de masse, par exemple: analphabétisme au sens propre, bien souvent (entre 20 et 25 % des élèves en fin de scolarité obligatoire sont analphabètes en ce sens), mais aussi au sens figuré.Qui lit encore, par exemple, Montaigne, Corneille et Racine ? Le très beau film de Régis Sauder, “Nous, Princesse de Clèves”, récemment sorti sur les écrans, fait apparaître, il est vrai, une contre-tendance, mais elle est très marginale.

    Autrefois, dans chaque famille allemande, les enfants apprenaient dès leur plus jeune âge à jouer d’un instrument musical. Cette tradition s’est très largement aujourd’hui perdue. Etc. La principale menace, je dirais, elle est là. L’héritage culturel ne se transmet plus, ou mal. Au mieux, il se trouve relégué dans les musées, les conservatoires. Ou alors s’est délocalisé (au Japon par exemple). Cela étant je ne suis pas passéiste. On ne peut pas se contenter de répéter toujours les mêmes choses, moins encore de les répéter toujours de la même manière. Une culture ne reste vivante que si elle se renouvelle régulièrement. Sauf, je le pense, que ce renouvellement, pour être valable, ne saurait s’exercer dans le vide. Il lui faut s’adosser à une tradition.

    5. La Suisse, où vous vivez, jouit de la démocratie directe, un système qui existe également aux Etats-Unis, en Allemagne, et en Italie. Pourrait-il exister en France et à quelles conditions ?

    Il ne faut pas idéaliser la démocratie directe. Démocratie directe ou pas, de toute façon les dirigeants font ce que bon leur semble. S’ils décidaient un jour d’introduire la charia en Suisse, vous n’imaginez quand même pas qu’ils se laisseraient arrêter par un référendum. Ils l’introduiraient, point barre. Je ne dis pas que les référendums ne servent à rien, ils ont, admettons-le, une certaine utilité. Mais ils ne faut pas en exagérer l’importance. Leur importance est surtout symbolique. Pour influer sur le cours des choses, à plus forte raison encore l’infléchir, il ne suffit pas de gagner des référendums. Il faut changer les rapports de force.

    6. Comment expliquez-vous la progression de l’islam un peu partout en Europe?

    Pour une part, évidemment, par l’immigration de masse. Mais ce qu’on constate aussi, c’est que le terrain est bien préparé. Je ne dirais pas que l’islamophobie n’existe pas. Elle existe bien sûr, mais sans doute pas dans les proportions que certains imaginent (ou feignent d’imaginer). Les gens, dans leur ensemble, me semblent, au contraire, plutôt bien disposés envers l’islam. On n’observe en tout cas pas de réaction de rejet massif à son endroit.

    On objectera que les gens n’en pensent pas moins. C’est possible. En attendant ils laissent les choses se faire, et dans une certaine mesure même les accompagnent. Jusqu’où iront-ils dans cette direction ? Difficile de se prononcer. On dit et répète volontiers que les hommes sont prêts à mourir pour la liberté. Tel n’était pas l’avis de Dostoïevski. Lui, au contraire, pensait que les hommes n’aimaient pas la liberté.

    Le psychanalyste Erich Fromm dira de son côté que les hommes ont peur de la liberté. Fromm se référait aux expériences de son temps, mais sa remarque a bien évidemment une portée générale. Le rappellera-t-on, en effet, le mot islam signifie soumission. Ma position personnelle est simple. La progression de l’islam en Europe me gênerait moins si je ne constatais que partout où l’islam est aujourd’hui en position dominante il n’opprimait les religions minoritaires, les tolérant tout juste quand il les tolère, le plus souvent, en réalité, les persécutant, ne concédant à leurs adeptes qu’un statut de citoyen de seconde classe, les contraignant le cas échéant à l’exil, occasionnellement même les exterminant, etc.

    Tout le monde sait quel est le sort aujourd’hui réservé aux chrétiens dans des pays comme l’Algérie, l’Egypte ou même la Turquie, pour ne rien dire de l’Irak ou du Pakistan. Il faut être très bête, ou en tout cas d’une grande naïveté, pour croire qu’il en irait autrement en Europe, le jour où l’islam deviendrait ici même majoritaire.

    7. Les Européens peuvent-ils un jour redevenir spirituels ?

    Autrement dit redevenir chrétiens ? Oui bien sûr. Je ne crois d’ailleurs pas à la déchristianisation. Les églises se vident, c’est une chose. Mais ce n’est pas parce qu’elles se vident que le christianisme serait sur le point de disparaître. En aucune manière. Mon sentiment propre, si je devais le résumer, serait plutôt que le christianisme est en train maintenant seulement de naître. Il est à son aube plutôt qu’à son déclin. On pourrait aussi dire, en recourant à une formule nietzschéenne, qu’il est en train de “devenir ce qu’il est”. Jusqu’ici le christianisme ne pouvait se passer d’un certain nombre de “béquilles”: l’ensemble des dogmes par exemple. De telles “béquilles” ne sont plus aujourd’hui nécessaires. Le christianisme peut très bien s’en passer. Certaines choses qui étaient contenues en germe dans les évangiles sont aujourd’hui parvenues à maturité. Et donc le christianisme peut voler de ses propres ailes.

    8. La mondialisation est-elle plus dangereuse que le mondialisme ?

    On n’échappe pas à la mondialisation. Voyez les questions environnementales, la question climatique en particulier. Il est évident que si l’on veut résoudre ces questions, la seule manière de le faire est de se situer au plan planétaire. Autrement, il n’y a pas de solution. Ceci étant, quand on parle de mondialisation, on ne parle pas de ça. On parle d’autre chose, et presque du contraire: de l’économie-monde, en fait. Car l’économie s’est aujourd’hui mondialisée.

    Il n’y a plus désormais qu’un seul et unique marché sur terre, le marché planétaire justement. Pour une part c’est le fruit de l’évolution propre du capitalisme, de sa dynamique immanente, mais l’évolution propre du capitalisme n’est, je pense, pas seule en cause. Il faut aussi y voir la concrétisation d’une certaine volonté politique, celle liée au courant de pensée néolibéral.

    C’est ici que surgissent les problèmes. On pourrait dire en simplifiant: une certaine mondialisation, oui, le libre-échange généralisé, non. Il est anormal, par exemple, que les accords de l’OMC ne comportent aucune clause sociale et environnementale. Je ne vais pas ici développer ce point, mais il relève de l’évidence. Il est anormal également qu’on encourage, comme on tend aujourd’hui à le faire, la libre circulation des denrées alimentaires d’un point à l’autre de la planète, sans prise en compte du gaspillage énergétique que cela occasionne.

    Il est déjà absurde de le faire à l’intérieur même de l’Union européenne, à plus forte raison de le faire d’un continent à l’autre. Idéalement parlant, on ne devrait consommer que des denrées produites dans un rayon de 200-300 kilomètres autour de chez soi. Il était question plus haut d’autonomie alimentaire. Beaucoup de pays ne veulent plus aujourd’hui se battre pour le maintien de cette autonomie. A mon avis ils ont tort.

    9. Faut-il craindre l’américanisation, ou au contraire remercier les Américains pour ce qu’ils nous ont apporté ?

    L’américanisation de l’Europe a commencé au XIXe siècle, il y a donc bien longtemps déjà. Il en est déjà question chez Baudelaire, Flaubert, et bien sûr aussi Tocqueville. L’américanisation de l’Europe a subi un premier coup d’accélérateur après la première guerre mondiale, un autre ensuite après 1945. Aujourd’hui, elle prend la forme d’un alignement plus ou moins contraint et forcé sur le néolibéralisme, idéologie que personnellement je n’aime guère, puisque nombre de catastrophes récentes lui sont directement imputables, catastrophes économiques mais aussi écologiques. Et donc je ne vois pas pourquoi je dirais merci aux Américains. Merci, sûrement pas.

    J’en veux aussi beaucoup à la commission de Bruxelles pour le rôle qu’elle joue à l’heure actuelle de cheval de Troie néolibéral en Europe. On ne l’avait pas créée pour ça. Vraiment pas. Ceci étant, je ne suis pas par principe anti-américain. Les Américains produisent par exemple beaucoup de très bons films, films qui sont aussi souvent des films très courageux. Les cinéastes américains abordent des thèmes que leurs homologues, de ce côté-ci de l’Atlantique, n’abordent que rarement: la corruption de la police, par exemple. Ils s’emploient également à décrire le fonctionnement d’ensemble du système, ses intrications avec le crime organisé, etc. C’est très instructif. Pour le reste, je ne sais pas ce qu’est qu’un hamburger, je n’en ai personnellement jamais consommé, et je ne fréquente jamais non plus les fast-food. L’américanisation de l’Europe trouve ici sa limite.

    10. Etes-vous plutôt optimiste ou pessimiste pour l’avenir de l’Homme ?

    Comment ne pas penser à ce qui vient de se produire au Japon ? Cette catastrophe est survenue au Japon, mais (comme on s’en rend compte maintenant) elle aurait très bien pu survenir ailleurs. On pouvait lire il y a quelques jours dans “Le Monde” (25 mars 2011) un article sur EDF, l’entreprise chargée en France de la production nucléaire. Selon la médecine du travail de la centrale du Blayais, 40 % de l’encadrement prenait des tranquillisants en 2008 et 2009. Des syndicalistes écrivent de leur côté: “La sûreté est mise en cause par le recours généralisé à la sous-traitance, à la disqualification, à la frénésie de changements d’organisation, à la mobilité interne”. Non, vraiment, je ne suis pas très optimiste.

    Eric Werner (Enquête&débat, )

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  • Immigration et logique du Capital...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent texte de Pierre Le Vigan cueilli sur le site de L'Esprit européen.

     

     

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    "Je ne crois pas qu'il faille faire de l'immigration légale liée au travail un problème", Le Monde, 17 avril 2011


    L'immigration n'est pas un «à-côté » de la logique du Capital

    Il suffit de passer un peu de temps dans le métro parisien pour constater une chose : de plus en plus de gens, qu’ils soient officiellement étrangers ou non – cela ne veut plus rien dire avec les naturalisations automatiques du droit du sol – ne parlent que leur langue d’origine. Leur communauté d’origine est tellement nombreuse, qu’elle soit chinoise, sri-lankaise, indienne, africaine, etc, que nombre de ces gens se lèvent en parlant leur langue d’origine, travaillent avec des compatriotes, vivent avec des compatriotes, se marient avec eux, font rapatrier leur corps au pays par des associations communautaires, et ne parlent français que le strict minimum, avec les administrations ou les « associations », et encore, car la France paie chèrement des traducteurs pour toutes les langues du monde. Comment l’assimilation fonctionnerait-elle alors que dans bien des quartiers de Paris et de banlieue les Français d’origine, « de souche » si l’on préfère, sont minoritaires ? Quand la langue parlée quotidiennement, même dans le travail (quand il y a travail) n’est pas le français ? (Que ceux qui en doutent aillent sur un chantier de bâtiment en région parisienne et ils comprendront). Il est loin le temps du vieil ouvrier maghrébin, francophone bien sûr, qui finissait par ouvrir un bistrot, Mohammed que l’on appelait affectueusement Momo, et qui faisait partie du paysage français.  Ou du Russe blanc de Billancourt, qui restait « très russe » mais devenait en même temps si français, au contact de ses compatriotes d’usine encore très majoritairement français de souche.
        J’entends dire parfois : « s’il n’y avait plus un seul immigré en France, il y aurait toujours les mêmes problèmes, la sous-culture mondialisée, l’hyper-consommation, l’alignement sur les USA, etc. » Tout n’est pas faux dans ce point de vue.  Mais il est bien spécieux. S’il n’y avait plus d’immigration le capitalisme ne serait plus le capitalisme, l’immigration n’est pas un « à-coté » de la logique du capital, elle lui est consubstantielle, c’est pourquoi il y a de plus en plus de vrais hommes de gauche qui sont contre l’immigration, légale ou clandestine, parce qu’ils sont contre la Forme-Capital, parce qu’ils ont vu les dégats qu’elle produit, et, assumons le subjectivisme, parce qu’ils sont trop français pour ne pas en souffrir (comme par hasard ce sont souvent des ouvriers ou des fils d’ouvriers). N’oublions pas que Le Capital de Marx était sous-titré Critique de l’économie politique. C’est en cessant de subordonner le monde à l’économie que l’on trouvera l’énergie de mettre fin au processus de disparition de nos peuples par les flux migratoires.

    Pierre Le Vigan (L'esprit européen, 1er mai 2009)

     

     


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  • Scène de guerre idéologique...

    Vous pouvez visionner ci-dessous un extrait de l'émission Mots croisés, diffusée le 12 avril 2011 sur France 2. A l'occasion d'un débat autour du thème "Le Front national est-il encore d'extrême-droite, on y assiste à l'affrontement verbal de Robert Ménard avec Edwy Plenel et Ariane Chemin.

    On peut ne pas apprécier toutes les idées ou prises de position de Robert Ménard, mais force est de constater qu'il fait partie de ceux qui, depuis un ou deux ans, au sein des médias du système, commencent à s'attaquer sérieusement au discours politiquement correct, jusque là dominant, et à faire rentrer un peu d'air frais...

    Il est possible de visionner l'intégralité de l'émission, à laquelle participait également Philippe Bilger, sur le site de l'émission Mots croisés.

     

     

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  • De l'antiracisme militant aux délocalisations...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte intéressant cueilli sur le blog de Maxime Tandonnet. Maxime Tandonnet est un haut-fonctionnaire, spécialiste des questions d'immigration, conseiller à l'Elysée et auteur de plusieurs essais, notamment : Le Grand bazar ou l'Europe face à l'immigration (L'Harmattan, 2001) ; Migrations, la nouvelle vague (L'Harmattan, 2003) ; Le défi de l'immigration : la vérité, les solutions (François-Xavier de Guibert, 2004) ; Migration : sortir du chaos (Flammarion, 2006) ; et Géopolitique des migrations : la crise des frontières (Ellipses, 2007).

     

     

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    De l'antiracisme militant aux délocalisations

    Une grande association antiraciste a développé une technique de testing sur le marché des locations d’appartement, destinée à débusquer les auteurs de discrimination (le fait de refuser à une personne originaire de l’immigration un logement après l’avoir reconnu disponible auprès d’une « personne blanche » (sic). Le mode d’emploi de ces testings est accessible à tout un chacun sur son site internet. « La personne blanche appelle une agence immobilière. Avant de téléphoner, elle met en marche le dictaphone…L’appel de la personne blanche est capital. Le but de cet appel est de savoir quels appartements sont disponibles…Ensuite, c’est au tour de la personne de couleur qui appelle l’agence immobilière. Il ne faut surtout pas qu’elle oublie de se présenter, il y va de la réussite du testing (elle peut prendre un accent prononcé par exemple…) » L’objectif de cette pratique est de pousser des personnes – souvent des employés d’agence immobilière – à commettre un grave délit passible de peines de prison, celui de racisme, puis à les dénoncer aux autorités et les envoyer devant le juge.

    Quel ordre moral est-il assez puissant pour couvrir, banaliser, justifier de telles pratiques qui eussent été jugées indignes en toute autre circonstances ?

    Les associations antiracistes ont obtenu la condamnation d’un préfet, pour avoir exprimé un lien entre délinquance et gens du voyage ; de la société l’Oréal, au grand dam de ses dirigeants, à une forte amende le 6 juillet 2007 ; elles poursuivent en ce moment la société Banania. Mais elles ne dédaignent pas mettre en cause de personnes représentatives des milieux les plus modestes : une dame de quatre-vingt dix ans condamnée pour n’avoir pas loué son appartement, deux maires de petits villages de Savoie, pour s’être opposés à la vente de maisons à des ressortissants étrangers, une habitante des Vosges pour avoir refusé d’ouvrir son gîte rural à des femmes voilées…

    Or, la grande cause de l’antiracisme militant n’est pas toujours complètement désintéressée. Elle donne lieu à l’essor d’un business rémunérateur. Le climat de pression morale qui pèse sur le monde des affaires, engendre un foisonnement de « sociétés de conseil en diversité ». Ces cabinets vendent aux entreprises leur  expérience (dixit) dans la lutte contre le racisme et organisent des formations professionnelles dans ce domaine. André T*** consultant propose ainsi « une méthodologie en cinq axes pour mettre en place une politique de non-discrimination à l’embauche ». Les associations antiracistes sont la plaque tournante de cette activité, disposent parfois de leurs propres agences de conseil et de formation, qui interviennent en partenariat de grands groupes de gestion des ressources humaines. Ces cabinets de conseil en diversité louent chèrement leurs compétences : plus d’un millier d’euros par jour pour un « expert en diversité » mis à disposition d’une entreprise.

    Un climat de chantage, de suspicion, de crainte se développe : tu payes ou je t’envoie devant le juge !

    La condamnation de l’Oréal pour discrimination raciale fait tenir au PDG de cette société, par réaction, des propos qui sont clairement inadmissibles du point de vue du principe d’égalité :

    - « Qu’est-ce que fait L’Oréal en matière de diversité et est-ce mesurable ?

    - Nous employons en France plus de 40 nationalités. En 2006, nous avons recruté 423 cadres et une centaine était d’origine étrangère. La loi nous interdit de compter le nombre de personnes issues de la diversité soit par leur nom, soit par le lieu de résidence. Mais aujourd’hui, lorsque nous rencontrons un candidat qui a un prénom d’origine étrangère, il a plus de chance d’être recruté que celui qui porte un prénom français de souche» (interview au journal le Monde le 12 juillet 2007).

    Il faut dire qu’une partie du monde économique et financier, au fond, y trouve son compte. L’air du temps antiraciste sert à bien des égards, de la part de certaines entreprises,  de leurre, de rideau de fumée destiné à détourner l’attention des pratiques de licenciements massifs ou de délocalisations à l’étranger. Ainsi le groupe Y, véritable champion incontesté de la lutte contre les discriminations au niveau de l’entreprise, signataire de la « charte de la diversité » procède en parallèle à une politique de délocalisation massive. Sur 200 00 emplois, son PDG annonce en 2006 la délocalisation au Maroc de 1 500 postes après avoir délocalisé 3 000 en Inde. Les gains obtenus ? 72 millions d’euros par an. Entreprise modèle, bien-pensante, exemplaire en façade, Sainte nitouche de la diversité, on en oublierait presque l’autre Y, le vrai, celui des milliers de licenciements et emplois délocalisés. Quant au chantre de l’anti-discrimination, l’ancien PDG de Renault, et ancien président de la HALDE, véritable professeur de morale antiraciste, il est responsable de la délocalisation à l’étranger des deux-tiers des emplois du constructeur automobile dans les années 1992-2005.

    Tout se passe comme si le matraquage antiraciste avait pour objectif essentiel, non de lutter contre le vrai racisme, c’est-à-dire la croyance en l’inégalité des races, ce qui serait une juste et noble cause, mais de créer un rideau de fumée bienpensant destiné à couvrir la destruction massive d’emplois industriels en France depuis plusieurs décennies.

    Maxime TANDONNET (Blog de Maxime Tandonnet, 28 mars 2011)

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  • La civilisation européenne va-t-elle disparaître ?...

    Vous pouvez visionner ci-dessous un débat sur l'avenir de la civilisation européenne, organisé par le site Enquête&débat, entre Oskar Freysinger, député suisse populiste, qui a été à l'origine du référendum sur l'initiative populaire "Contre les minarets", et Alain Soral, polémiste et essayiste, auteur dernièrement de Comprendre l'Empire (Edition Blanche, 2011).

    Slobodan Despot, responsable des éditions Xénia, a consacré un livre d'entretien à Oskar Freysinger, Oskar et les minarets - La Suisse, un "village gaulois" face à l'Islam et à la mondialisation, publié chez Favre en 2010.

     


    Débat entre Alain Soral et Oskar Freysinger par enquete-debat

     

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