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immigration - Page 91

  • L'immigration, armée de réserve du capital !...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte important d'Alain de Benoist, publié initialement dans la revue Eléments et consacré à la question de l'immigration.

    Directeur des revues Krisis et Nouvelle Ecole, Alain de Benoist a récemment publié un essai sur la question animale, Des animaux et des hommes, aux éditions Alexipharmaque.

     

     

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    Immigration, l'armée de réserve du capital

     

    En 1973, peu de temps avant sa mort, le président Pompidou reconnaissait avoir ouvert les vannes de l’immigration à la demande d’un certain nombre de grands patrons, tel Francis Bouygues, désireux de bénéficier d’une main-d’œuvre docile, bon marché, dépourvue de conscience de classe et de toute tradition de luttes sociales, afin d’exercer une pression à la baisse sur les salaires des travailleurs français, de réduire leurs ardeurs revendicatrices, et subsidiairement de briser l’unité du mouvement ouvrier. Ces grands patrons, soulignait-il, en « veulent toujours plus ».

    Quarante ans plus tard, rien n’a changé. A un moment où plus aucun parti de gouvernement ne se risquerait à demander qu’on accélère encore le rythme de l’immigration, seul le patronat se prononce en ce sens, tout simplement parce que c’est toujours son intérêt. La seule différence est que les secteurs économiques concernés sont désormais plus nombreux, dépassant le secteur industriel ou la restauration pour s’étendre à des professions autrefois épargnées, telles que les ingénieurs ou les informaticiens.

    La France, on le sait, a fait massivement appel à l’immigration dès le XIXe siècle. La population immigrée représentait déjà 800 000 personnes en 1876, 1,2 million de personnes en 1911. D’abord centre d’attraction des émigrations italienne et belge, l’industrie française a par la suite attiré les Polonais, puis les Espagnols et les Portugais. « Cette immigration, peu qualifiée et non syndiquée, va permettre à l’employeur de se soustraire aux contraintes croissantes du droit du travail »1. En 1924, une Société générale d’immigration (SGI) est même créée à l’initiative du Comité des houillères et des gros exploitants agricoles du Nord-Est. Elle ouvre des bureaux de placement en Europe, qui fonctionnent comme une pompe aspirante. En 1931, on comptera 2,7 millions d’étrangers en France, soit 6,6 % de la population totale. La France affiche alors le plus fort taux d’immigration du monde (515 pour 100 00 habitants). « Un bon moyen pour toute une partie du patronat de faire pression à la baisse sur les salaires […] Dès cette époque, le capitalisme cherche à mettre en concurrence la force de travail en faisant appel à des armées de réserve salariales »2.

    Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, les immigrés vont de plus en plus fréquemment venir des pays du Maghreb, Algérie d’abord, puis Maroc. Des camions affrétés par les grandes entreprises (surtout dans le secteur automobile et le bâtiment) viennent par centaines les recruter sur place. De 1962 à 1974, près de deux millions d’immigrés supplémentaires vont ainsi gagner la France, dont 550 000 recrutés par l’Office national d’immigration (ONI), organisme géré par l’Etat, mais contrôlé en sous-main par le patronat. Depuis lors, la vague n’a cessé de s’amplifier.
       
    « Quand il y a pénurie de main-d’œuvre dans un secteur, explique François-Laurent Balssa, de deux choses l’une, soit on augmente les salaires, soit on fait appel à la main-d’œuvre étrangère. C’est généralement la seconde option qui restera privilégiée par le Conseil national du patronat français (CNPF), puis, à partir de 1998, par le Mouvement des entreprises (Medef) qui prend sa succession. Choix témoignant d’une volonté de profits à court terme, qui devait retarder d’autant l’amélioration des outils de production et l’innovation en matière industrielle. Dans le même temps, en effet, l’exemple du Japon montre que le refus de l’immigration au profit de l’emploi autochtone a permis à ce pays d’accomplir sa révolution technologique avant la plupart de ses concurrents occidentaux »3.

    L’immigration a donc au départ été un phénomène patronal. Elle continue de l’être aujourd’hui. Ceux qui veulent toujours plus d’immigration, ce sont les grandes entreprises. Cette immigration est conforme à l’esprit même du capitalisme, qui tend à l’abolition des frontières (« laissez faire, laissez passer »). « Obéissant à la logique du dumping social, poursuit François-Laurent Balssa, un marché du travail “low cost” s’est ainsi créé avec des “sans-papiers” peu qualifiés faisant office de bouche-trou. Comme si les grands patrons et l’extrême gauche s’étaient donné la main, les uns pour démanteler l’Etat-social, à leurs yeux trop coûteux, les autres pour abattre l’Etat-nation, trop archaïque »4. C’est la raison pour laquelle le parti communiste et la CGT – qui ont radicalement changé d’orientation depuis – ont combattu jusqu’en 1981 le principe libéral de l’ouverture des frontières, au nom de la défense des intérêts de la classe ouvrière.

    « Laissez passer les hommes, mais aussi les capitaux et les marchandises ; telle est la doctrine de la Commission européenne. Mieux : laissez passer les hommes pour mieux rentabiliser le mouvement des capitaux et des marchandises », écrit également Eric Zemmour, qui rappelle que « les mouvements migratoires très importants de ces vingt dernières années ont été une des composantes majeures d’une croissance économique sans inflation, puisque ce flot continu de travailleurs à bas prix a pesé comme une chape de plomb sur les salaires des travailleurs occidentaux »5. Michèle Tribalat, elle, observe de son côté que « l’immigration modifie la répartition du gâteau économique, et cet indéniable constat à beaucoup à voir avec le fait que certains sont favorables à une forte immigration quand d’autres cherchent à la réduire ou à l’arrêter »6.

    Pour une fois bien inspiré, le libéral Philippe Nemo confirme ces observations : « Il y a en en Europe des responsables économiques qui rêvent de faire venir en Europe une main-d’œuvre bon marché capable, d’abord, d’occuper certains emplois pour lesquels la main-d’œuvre locale est insuffisante, ensuite de peser sensiblement à la baisse sur les salaires des autres travailleurs européens. Ces lobbies, qui ont tous les moyens de se faire entendre tant des gouvernements nationaux que de la Commission de Bruxelles, sont donc favorables tant à l’immigration en général qu’à un élargissement de l’Europe qui faciliterait considérablement les migrations du travail. Ils ont raison du point de vue qui est le leur, c’est-à-dire selon une logique purement économique […] Le problème est qu’on ne peut raisonner ici selon une logique seulement économique, puisque l’afflux en Europe de populations exogènes a aussi des conséquences sociologiques lourdes. Si les capitalistes en question prêtent peu d’attention à ce problème, c’est peut-être qu’ils jouissent en général des bénéfices économiques de l’immigration sans en subir eux-mêmes les nuisances sociales. Grâce à l’argent gagné par leurs entreprises, dont la profitabilité est ainsi assurée, ils peuvent habiter les beaux quartiers, en laissant leurs compatriotes moins fortunés se débrouiller, dans les banlieues déshéritées, avec les populations allogènes »7.

    Telle est aussi l’opinion des experts. C’est ce qu’a montré, en 2009, un rapport du Conseil d’analyse économique (CAE), organisme dépendant directement des services de Matignon. Intitulé Immigration, qualification et marché du travail, ce document explique d’abord que la notion de « pénurie de main-d’œuvre », traditionnellement alléguée pour justifier le recours à l’immigration, ne signifie à peu près rien en période de chômage. « Du point de vue de la science économique, la notion de pénurie n’est pas évidente », peut-on lire dans le texte, car le « fait que certains natifs rejettent certains types d’emploi peut simplement signifier que les travailleurs ont de meilleures opportunités que d’occuper ces emplois, et donc que les salaires correspondants devraient augmenter pour qu’ils soient pourvus » (p. 45). Ce qui montre très clairement que la pénurie ne se forme que lorsqu’un secteur n’offre pas des salaires suffisants – et que le recours à l’immigration est en fait un moyen de ne pas augmenter les salaires, quitte à créer artificiellement une « pénurie » que l’on comblera en allant chercher ailleurs une main-d’œuvre acceptant d’être sous-payée. Le rapport conclut d’ailleurs que, « dans le cas du marché du travail, cela signifie qu’à la place de l’immigration des années 1960 on aurait pu envisager une hausse du salaire des moins qualifiés » (p. 46).

    Le même document recense par ailleurs une série d’études qui ont tenté, en France comme à l’étranger, de chiffrer l’impact de l’immigration sur les salaires : « Atlonji et Card trouvent qu’une hausse de la proportion d’immigrés d’un point de pourcentage réduit le salaire de 1,2 % […] Boris conclut son étude en affirmant qu’entre 1980 et 2000, l’immigration aurait accueilli l’offre de travail d’environ 11 %, ce qui aurait réduit le salaire des natifs d’environ 3,2 % » (pp. 37-38).

    Depuis le début des années 2000, l’apport annuel de l’immigration à la population française est d’environ 350 000 personnes, pour la plupart d’origine extra-européenne (dont 200 000 entrées régulières dans le cadre de l’immigration professionnelle ou du regroupement familial, 50 000 demandeurs d’asile et 80 000 naissances d’origine étrangère). Le nombre d’immigrés devenus français augmentant chaque année de près de 150 000, un bon tiers de la population française devrait, au milieu de ce siècle, être issue de l’immigration.

    Selon les chiffres officiels, les immigrés vivant dans un ménage ordinaire représentent aujourd’hui 5 millions de personnes, soit 8 % de la population française en 2008. Les enfants d’immigrés, descendants directs d’un ou deux immigrés, représentent 6,5 millions de personnes, soit 11 % de la population. Les clandestins sont évalués entre 300 000 et 550 000 personnes. (Les expulsions de clandestins coûtent 232 millions d’euros par an, soit 12 000 euros par reconduite). Jean-Paul Gourévitch, de son côté, évalue la population d’origine étrangère vivant en France en 2009 à 7,7 millions de personnes (dont 3,4 millions de Maghrébins et 2,4 millions d’originaires de l’Afrique subsaharienne), soit 12,2 % de la population métropolitaine actuelle. En 2006, cette population immigrée contribuait à hauteur de 17 % à la natalité.

    Or, si l’immigration rapporte au secteur privé beaucoup plus qu’elle ne lui coûte, elle coûte en revanche au secteur public beaucoup plus qu’elle ne lui rapporte.

    Le coût global de l’immigration a en effet été chiffré. Selon une étude de Contribuables Associés rédigée par Jean-Paul Gourévitch, Le coût de la politique migratoire de la France, les dépenses que l’Etat consent pour l’immigration se montent aujourd’hui à 79,4 milliards d’euros par an, dont près des trois-quarts (58,6 milliards) relèvent des coûts sociaux. Les recettes s’élevant à 48,9 milliards d’euros, dont les deux tiers sont dus à la fiscalité directe (État et collectivités locales) et aux impôts indirects (TVA et TIPP), le déficit global pour les finances publiques se monte à 30,4 milliards d’euros, soit 1,56 point de PIB. On notera que le coût non marchand de l’immigration n’est pas pris en compte ici. Jean-Paul Gourévitch précise que « les études conduites outre-Manche et outre-Atlantique montrent que l’immigration n’a pas d’effet globalement positif sur les finances publiques tant que l’immigration de peuplement, qui coûte à l’Etat plus qu’elle ne rapporte, reste supérieure à l’immigration de main-d’œuvre, qui rapporte un peu plus qu’elle ne coûte quand elle n’est pas clandestine »8. Il ajoute que si, aux déficits dus à l’immigration, on ajoute encore ceux qui résultent de l’expatriation, soit plus de 11 milliards d’euros de dépenses et de manque à gagner pour l’État, « le coût de la politique migratoire de la France s’établit aujourd’hui à 38,3 milliards d’euros, soit presque deux points de PIB »9.   

    La France connaît donc aujourd’hui une immigration de peuplement, conséquence directe du regroupement familial. Mais les immigrés constituent plus que jamais l’armée de réserve du capital.

        On ne peut qu’être frappé, à cet égard, de voir comment les réseaux « sans-papiéristes » de l’extrême gauche, qui croient trouver dans les immigrés un  prolétariat de substitution, servent les intérêts du patronat. Réseaux mafieux, passeurs d’hommes et de marchandises, grands patrons, militants « humanitaires », employeurs « au noir »  : tous sont adeptes de l’abolition des frontières par le libre-échangisme mondial. Olivier Besançenot, Laurence Parisot, même combat !

    Révélateur, par exemple, est le fait que Michael Hardt et Antonio Negri, dans leurs livres-manifestes Empire et Multitude10, se prononcent pour une « citoyenneté mondiale » et lancent un appel à la suppression des frontières qui aurait pour premier effet d’accélérer l’installation dans les pays développés de masses de travailleurs à bas salaires provenant du Tiers-monde ou des pays émergents. Qu’aujourd’hui, la plupart des migrants doivent leur déracinement aux dislocations sans fin induites par la logique du marché global, que ce déracinement soit précisément ce que recherche le capitalisme pour mieux adapter l’homme au marché et enfin, subsidiairement, que l’attachement territorial fasse partie des motivations humaines, ne gêne aucunement ces deux auteurs, qui notent au contraire, avec satisfaction, que « le capital lui-même a exigé une mobilité croissante de la main-d’œuvre et des migrations continuelles à travers les frontières nationales »11. Le marché mondial constituerait, de leur point de vue, le cadre naturel de la « citoyenneté mondiale ». Parce qu’il « exige un espace lisse de flux non codés et déterritorialisés », le marché mondial est censé servir les intérêts de la « multitude », car « la mobilité comporte un prix à payer pour le capital qui est le désir accru de libération »12.

    L’inconvénient de cette apologie du déracinement, pris comme condition première d’un « nomadisme » libérateur, est qu’elle repose sur une vision totalement irréelle de la situation concrète des migrants et des personnes déplacées. Comme l’écrivent Jacques Guigou et Jacques Wajnsztejn, « Hardt et Negri s’illusionnent sur la capacité des flux d’immigration à être à la fois la source d’une nouvelle possibilité de valorisation du capital et la base d’un enrichissement des perspectives de la multitude. Les migrations ne sont, en effet, rien d’autre qu’un moment d’une concurrence universelle et, en soi, migrer n’est pas plus émancipateur que de rester chez soi. Le sujet “nomade” n’est pas plus enclin à la critique et à la révolte que le sujet sédentaire »13. « Aussi longtemps, ajoute Robert Kurz, que des hommes quitteront leurs proches et iront, même au risque de leur vie, chercher du travail ailleurs – pour être à la fin broyés par la moulinette du capitalisme –, ils ne seront pas plus porteurs d’émancipation que les autovalorisateurs postmodernes de l’Occident : ils n’en constituent que la variante misérable »14.

        Qui critique le capitalisme en approuvant l’immigration, dont la classe ouvrière est la première victime, ferait mieux de se taire. Qui critique l’immigration en restant muet sur le capitalisme devrait en faire autant.


    Alain de Benoist (Eléments n° 138, avril-juin 2011)

     

     

    Notes et références

    1. François-Laurent Balssa, « Un choix salarial pour les grandes entreprises », in Le Spectacle du monde, octobre 2010, p. 42.

    2. Ibid., p. 43.

    3. Ibid., p. 44.

    4. Ibid., p. 45.

    5. Le Spectacle du monde, septembre 2010, pp. 16-17.

    6. Michèle Tribalat, Les yeux grands fermés. L’immigration en France, Denoël, Paris 2010.

    7. Philippe Nemo, entretien en ligne, site Le Temps d’y penser, 29 septembre 2010.

    8. Jean-Paul Gourévitch, « La réalité de l’immigration », in La Nef, mai 2010, p. 14.

    9. Ibid., p. 15.

    10. Michel Hardt et Antonio Negri, Empire, Exils, Paris 2000 ; Multitude, La Découverte, Paris 2004.

    11. Empire, op. cit., p. 481.

    12. Ibid., pp. 403-404 et 312.

    13. Jacques Guigou et Jacques Wajnsztejn, L’évanescence de la valeur. Une présentation critique du groupe Krisis, L’Harmattan, Paris 2004, p. 126.

    14. Robert Kurz, « L’Empire et ses théoriciens », in Anselm Jappe et Robert Kurz, Les habits neufs de l’Empire. Remarques sur Negri, Hardt et Rufin, Lignes-Léo Scheer, Paris 2003, pp. 114-115.

     

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  • Réflexions sur un carnage...

    Nous reproduisons ci-dessous un très bon article de Jean Bonnevey, cueilli sur Metamag, le magazine de l'esprit critique, à propos de la tuerie de vendredi dernier en Norvège.

    Sur le tueur, Jacques de Guillebon, dans un article publié sur le site Atlantico, dit des choses justes et résume le personnage en une formule saisissante :

    "La mise en avant de ses références pseudo-chrétiennes, comme les croisades, les Templiers ou même, absurdité suprême, son passeport facebookien sur lequel les consommateurs de réseau sociaux déclarent leur appartenance religieuse, est d’évidence destinée à faire oublier le fond réel du personnage : si Breivik est fondamentaliste de quoi que ce soit, c’est plutôt du néolibéralisme.

    Dans sa haine de soi, le bonhomme qui ne comprend pas pourquoi le doux commerce avec son ouverture irraisonnée des frontières a fini par se retourner contre lui-même, se prend à rechercher dans le passé toutes les figures d’autorité ou de force dont une époque insensée l’a privé, avec tous ses commensaux européens. Breivik, c’est au final, un personnage de Dantec qui assassine en masse ses contemporains perdus pour ne pas devenir un héros de Houellebecq. Pas grand chose de plus."

     

    On lira aussi avec intérêt la mise au point de Laurent Ozon sur son blog politique après la polémique suscitée par certains de ses propos, évidemment tronqués, à propos de l'affaire d'Oslo...

     

     

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    Réflexions sur un carnage

    Il est bien trop tôt, et cela risque d’être valable un certain temps, pour analyser, comprendre et tirer toutes les leçons du terrible carnage norvégien. Au-delà de l’horreur et de l’indignation. Il y a cependant, déjà, des enseignements.

    Le premier est justement de ne pas parler trop vite. Dès l’annonce de l’explosion, avant même la fusillade, dont on ignorait la portée, l’Otan, Obama et Sarkozy ont dénoncé. Il est bien évident que, sans le citer, ils désignent alors clairement le terrorisme islamique. Dans les premiers communiqués, la Norvège aurait été visée comme pays membre de l’Otan qui participe aux guerres d’Afghanistan et de Libye, et se protège moins que d’autres.

    Cela est révélateur d’une psychose et d’une inquiétude des services occidentaux. La menace d’Al Qaïda bien sûr. Mais ils redoutent manifestement, aussi, un terrorisme pour soutenir Kadhafi. Pour le moment, cela ne s’est jamais produit ,pas plus que pendant les guerres de Serbie ou d’Irak.

    Le second enseignement est le soulagement idéologique des médias. Dès qu’on a su que l’auteur présumé de l’attentat était un Norvégien, blond et aux yeux bleus, sa photo est apparue partout, avant même que son identité ne soit confirmée par la police. Il n’a pas été longtemps présumé et ses origines raciales ont été plus qu’exploitées, pour bien marteler qu’il ne s’agissait pas d’un attentat islamiste. Les médias, qui refusent la notion d’Européens « de souche », la redécouvrent quand il s’agit d’un terroriste.

    Premières contradictions

    Troisième enseignement : l’amalgame. L’indignation générale exploite cet acte horrible pour discréditer des mouvements populistes, qui montent, partout en Europe. C’est la stratégie de l’amalgame, que l’on refuse quand il s’agit de l’Islam. Mais elle devient légitime quand il s’agit de chrétiens. Là encore, un chrétien fondamentaliste, anti-musulman, ne peut être assimilé à la droite identitaire dans son entier. Et il faut se méfier, car on ne sait pas tout sur ce criminel de masse. C’est peut être un « fou de Dieu », mais peut être aussi un laïc extrémiste.

    S’il se décrit, sur Facebook, comme «chrétien » et « conservateur » -ce qui n’est guère original en Norvège- en revanche, dans ses activités, il n’évoque aucune pratique religieuse, mais seulement son appartenance… à la franc-maçonnerie. Ce qui est, tout de même, moins courant! Il appartiendrait à la loge John Piliers (« Søilene », sur le site de laquelle figure en effet comme adhérent un certain Anders Behring). Pourquoi ce fait, peu compatible avec le « fondamentaliste chrétien », et, en tout cas, troublant, n’est-il pas mentionné ?

    Quatrième enseignement : un raté très organisé. Le tueur va être présenté par des psychiatres, en paquets serrés, comme un raté se vengeant de sa nullité. Si ce type de passage à l’acte est, effectivement, révélateur de troubles mentaux, il n’est pas exclusif d’une certaine lucidité. Le tueur a préparé son acte, avec minutie, depuis 2009 et le résultat a été épouvantablement efficace. On a même du mal à croire qu'il ait pu agir seul.

    Des objectifs ciblés

    Cinquième enseignement : la cible. Si l’on admet qu’il s’agit d’un geste raciste et anti-musulman d’une fureur de souche, la cible est intéressante. L’homme n’a pas mitraillé une mosquée, ni un rassemblement d’immigrés. Il s’en est pris au parti au pouvoir, jugé par lui comme traître à sa race et à son pays, au parti immigrationiste travailliste favorisant l’immigration, comme les jeunes militants, rescapés de la tuerie et interviewés, le prouvent amplement.

    Un geste qui, dans cette hypothèse, prétend alors dénoncer une immigration-islamisation par des partis voulant s’assurer une base électorale d’origine étrangère, Et n’a pas visé les immigrés en tant que tels, mais les responsables de la politique multiculturaliste et ceux qui y participent.

    Sixième enseignement : autoportrait. Le terroriste admet qu’il sera considéré comme le pire des monstres norvégiens, depuis la Deuxième guerre mondiale. Il reconnaît la cruauté de son acte si bien préparé.  Personne ne dira le contraire. Il se voit aussi comme un éveilleur. Là, il se trompe certainement, totalement.

    Dernier enseignement plus général : à quoi sert le terrorisme ? Il sert a semer la terreur pour détruire un ennemi détesté : puissance étrangère ou son propre gouvernement. Mais cette idéologie du terrorisme, depuis Cadoudal jusqu’à Netchaïev, Carlos ou Abou Ali Mustafa, échoue le plus souvent. Le terrorisme contemporain révèle cependant, un problème de fond : humiliation du monde musulman ou désespoir identitaire. Deux frustrations qui se rejoignent dans les tensions nées de l’immigration et de la mondialisation capitaliste.

    Il y a bien des leçons à tirer de l’horreur norvégienne, mais pas trop vite. Et en évitant amalgame grossier ou exploitation politicienne qui ne peuvent qu’occulter l’esprit critique. Ceux qui veulent lutter contre l’immigration ne peuvent être assimilés à un délire meurtrier, même préparé et justifié avec la lucidité d’une folie organisée. Pas plus que les chrétiens fondamentalistes ou les laïcs radicaux. Sinon, il faudrait accepter toutes les confusions, même celles concernant l’Islam, à cause justement du terrorisme qu’il engendre.

    Jean Bonnevey (Metamag, 24 juillet, 2011)

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  • Préférence nationale ?...

    Vous pouvez visionner ci-dessous une chronique d'Eric Zemmour, sur RTL, consacrée à la préférence nationale. Le débat est lancé en Grande-Bretagne. Et en France ?...

     


    Eric Zemmour : "Grande-Bretagne/France : le... par rtl-fr

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  • Religion, mémoire et identité...

    Nous vous signalons la parution à la rentrée prochaine du nouvel essai de Dominique Venner intitulé Le choc de l'histoire - Religion, mémoire, identité. Ce livre, dont l'auteur veut qu'il soit un manifeste de l'optimisme historique, sera publié par les éditions Via Romana.

     

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    "Le choc de l'histoire, nous le vivons, écrit Dominique Venner, mais nous ne le savons pas. Il annonce que l'imprévu est de retour. Le monde, la France et l'Europe sont entrés dans une nouvelle époque de la pensée, des comportements et des puissances. Ce choc de l'histoire annonce qu'il n'y a jamais de fatalité insurmontable. Le moment va venir pour les Français et les Européens de se réveiller, de répondre aux défis de l'immigration, aux idéologies toxiques, aux périls du mondialisme, aux troubles qui les assaillent. À quelles conditions? C'est à cette question que répond cet essai. Il a été conçu sous la forme vivante et dvnamique d'entretiens avec un historien qui a découvert l'histoire en y participant, ne cessant de l'étudier et de la méditer. Dominique Venner retrace ici les grandes étapes de l'aventure européenne, de ses drames et de sa pensée depuis les origines. Il propose des pistes neuves et des exemples forts pour conjurer le déclin, comprendre l'histoire que nous vivons et conduire sa vie."

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  • A droite et à gauche... (2)

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    "En raison de la la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leur familles, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes. Il faut les regarder en face et prendre rapidement les mesures indispensables.

    La cote d’alerte est atteinte. (…) C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage.
    Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine.
    Il faut résoudre l’important problème posé dans la vie locale française par l’immigration.

    Se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes.
    Cela crée des tensions, et parfois des heurts entre immigrés des divers pays. Cela rend difficiles leurs relations avec les Français.
    Quand la concentration devient très importante (…), la crise du logement s’aggrave.
    Les HLM font cruellement défaut et de nombreuses familles françaises ne peuvent y accéder. Les charges d'aide sociale nécessaires pour les familles immigrées plongées dans la misère deviennent insupportables pour les budgets des communes." 

     Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français, dans L'Humanité du 6 janvier 1981

      

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    "Ce n'est pas tant l'Europe qui est fatiguée, ou vieille (selon un fantasme américain), que nous, esprits libres, qui sommes las de ce que l'Europe est devenue par son américanisation : non pas une poubelle ethnique, comme certains le soutiennent avec excès, mais, au contraire, un espace de disneylandisation ethnique, Disneyland n'étant pas seulement un parc d'attraction mais le modèle du « parc humain » de l'avenir, où l'esprit est mis à mal par le divertissement et le spectacle : Disneyland comme résurgence hédoniste des camps de concentration, en même temps que superstition née de la peur du vide. Cette intransigeante gestion de la sous-culture dominante nous en dit plus que bien des traités sur ce que nous sommes appelés à devenir."

    Richard Millet, Fatigue du sens (Pierre-Guillaume de Roux, 2011)

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    "Quand le terrestre – le matériel – ne dispose plus d’une vocation propre à l’élever quelque peu au-dessus du sol et que son niveau ne dépasse guère celui des pâquerettes, les mots cultes tels "humanisme" ou "droits de l’homme" commencent à sonner singulièrement creux. La morale, démonétisée, n’a plus vraiment cours et l’on espère seulement que les poncifs médiatiques habituels feront illusion. Le langage, à son tour, se corrompt. A quoi se réduit alors la politique ? A la gestion empirique, au jour le jour, au coup par coup. Le critère est la réussite : quel que soit son objet, quels que soient les moyens, la fin les justifie. L’étrange est que les politiciens pour qui tout se mesure en productivité, statistiques et rentabilité, n’aient pas abandonné les cérémonies et symboles évoquant d’autres temps. On n’aura jamais autant salué le général de Gaulle en commémorations que depuis l’abandon de toutes ses leçons. On n’aura jamais autant invoqué ses principes depuis qu’ils sont tellement oubliés. Ont-ils une telle peur du vide ceux qui se travestissent en des servants d’un culte qu’ils ne professent plus ? Quand le vertige les saisit, ils parlent des valeurs qu’il convient de maintenir ou même de restaurer. L’ennui est qu’ils en parlent comme de valeurs boursières, en suivent leur cote dans l’opinion et ses fluctuations, en fonction de quoi ils en déterminent l’importance."

    Marie-France Garaud, Impostures politiques (Plon, 2010)

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    "Tant qu'on n'aura pas compris que les droits de l'homme ne peuvent être qu'une conséquence des droits des peuples, les droits des peuples à exister, à perdurer, à avoir leur terre, leur langue, leur autonomie, leur identité, leurs mœurs, leur façon d'écrire l'histoire et ainsi tout simplement leur avenir, on ne fera jamais avancer concrètement les droits humains. Car l'homme concret appartient à un peuple. C'est par la mise en oeuvre des droits des peuples – le droit notamment de contrôler leurs ressources-, de s'émanciper de la dictature mondiale des marchés, de l'empire de la finance – que les droits humains peuvent être pris en compte. L'homme est d'abord un être social, un être en communauté, un être politique."

    Pierre Le Vigan, La tyrannie de la transparence (L'Aencre, 2011)

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    "[...] BHL est certainement le modèle même du « faussaire », le maître absolu, le mètre étalon. Il a créé le prototype et en a fait une référence. [...] Il a bâti sa carrière en maniant sans vergogne le mensonge. Pour autant, il se présente comme l'archétype de l'intellectuel pesant sur la vie des idées et montrant par son engagement un dévouement désintéressé et sans limite pour les causes les plus nobles.

    BHL passe pour un intellectuel éclairant le public alors que c'est un désinformateur. Il passe pour quelqu'un de profondément engagé en faveur de la morale alors que c'est le cynisme même. Il passe pour un défenseur intransigeant de la liberté alors que c'est un maccarthyste virulent. Il passe pour un universaliste alors que c'est un communautariste forcené."

    Pascal Boniface, Les intellectuels faussaires (Jean-Claude Gawsewitch, 2011)

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    "Grâce à Internet, c’est la première fois que l’on voit la société à l’état brut. Sans la mince couche de civilisation qui fait que les relations humaines restent correctes. La violence sur le Net est extraordinaire. C’est l’état primitif de la vie ! C’est le point ultime de la modernité qui nous montre l’état primitif de la société. C’est fascinant. La société sophistiquée peut voir ce qu’elle serait sans sa sophistication.[...] Et cela me rend partisan du suffrage censitaire..."

    Alain Minc, dans un entretien donné à Paris Match (28 septembre 2010)

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    "Il s'est constitué à cette occasion dans la société française une superclasse dirigeante dont, pour parler comme le sociologue Pierre Bourdieu, la droite constitue la fraction dominante et la gauche, la fraction dominée, mais qui, en toute occasion, défend avec âpreté ses intérêts propres, transcendants par rapport aux péripéties de la démocratie électorale. C'est d'elle que je disais ici même, il y a quinze jours, qu'elle fait régner une connivence de tous les instants entre la banque, les affaires, l'administration, le barreau, la politique, le journalisme, parfois les arts, l'université, l'édition ...

    Si vous ne me croyez pas, allez faire un tour, à condition que l'on vous laisse entrer, à l'Automobile Club de France (hôtel Crillon), place de la Concorde, un soir où Le Siècle, le club de cette superclasse dirigeante, se réunit pour dîner. A défaut, vous verrez au moins les chauffeurs des limousines noires qui attendent patiemment la sortie de leurs maîtres. A l'intérieur, des hommes en costume gris et quelques femmes en tailleur sobre échangent des opinions, des adresses, des tuyaux, des services, parfois des fonctions, des positions sociales, voire des amants ou des maîtresses. Dans ce milieu fermé où les socialistes ont leur place à côté des gros bataillons de la droite française, fermente l'idéologie de la classe dominante: modernisme discret, bien-pensance sociale et culturelle, conformisme économique, respect absolu de la puissance de l'argent. La pensée unique, comme dit Jean-François Kahn, est là, et bien là. Il existe, derrière les apparences successives des combinaisons ministérielles, un gouvernement de facto, un gouvernement invisible des élites financières et institutionnelles, qui à défaut de dicter sa loi, fournit la pensée et inspire l'action des élites françaises."

    Jacques Julliard, dans l'article DSK, la gauche et l'argent, publié dans Marianne (4 au 10 juin 2011)

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  • L'oligarchie au pouvoir...

    Les éditions Economica viennent de publier L'oligarchie au pouvoir, d'Yvan Blot, un plaidoyer en faveur de l'instauration en France d'une démocratie directe, à la suisse. Fondateur du Club de l'Horloge, Yvan Blot, qui préside actuellement l'institut néo-socratique, est l'auteur de L'héritage d'Athéna ou Les racines grecques de l'Occident (Presses bretonnes, 1996) ainsi que d'un essai consacré à Herbert Spencer, Herbert spencer, un évolutionniste contre l'étatisme (Les Belles Lettres, 2007).

     

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    "Tout le monde en France croit vivre en démocratie. Et pourtant, aucun citoyen ne pense que son bulletin de vote va changer quelque chose. Le pouvoir réel est oligarchique, c'est-à-dire dans les mains d'un petit groupe d'hommes. Le Parlement n'a plus guère de pouvoir : l'élu de la majorité doit voter pour les projets de lois du Gouvernement. Qui rédige ces projets ? Les hauts fonctionnaires non élus. De plus, des intérêts organisés font pression : grand patronat, grands syndicats, groupuscules qui se disent autorités morales, médias politiquement corrects. L'oligarchie tient le pays en mains en dépit des tentatives de réformes. Mais il y a de plus en plus de résistance. Elle vient des victimes du système, victimes de l'immigration, de l'insécurité, de la spoliation fiscale, de l'arrogance des dirigeants. Comment réconcilier les Français avec leur régime ? En écoutant le peuple et sa vérité vécue, grâce aux référendums d'initiative populaire. Cette vérité est différente de celle des «experts», car vécue, «existentielle». Qui suivra cette ligne ? La gauche ? L'UMP ? Le FN ? Si la classe politique s'obstine à ne pas comprendre, seule la démocratie directe pourra délivrer les Français du pouvoir oligarchique en rendant la parole au citoyen."

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