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immigration - Page 88

  • 100 ans de HLM...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de Pierre Le Vigan consacré au centième anniversaire de la politique de logement social. Ceux qui veulent réfléchir à la question du logement, de l'habitat, de la banlieue et de la ville pourront utilement se plonger dans le dernier essai de cet auteur La banlieue contre la ville - Comment la banlieue dévore la ville, disponible sur commande aux éditions de La barque d'or.

     

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    100 ans de HLM

    En 1894 la loi Siegfried permettait la construction plus aisée de logements à bon marché en facilitant les conditions de prêts aux organismes constructeurs. Mais ce n’est qu’en 1912 que la loi Bonnevay réglemente les conditions de construction des HLM et rend possible la création d’offices de construction par l’Etat, les communes et les départements. Cette loi a 100 ans. Cent ans de logement social.

    C’est à l’occasion de ce centenaire qu’une exposition se tient du 8 février au 30 mai 2012 à Saint-Denis 6 rue de la Légion d’honneur à l’initiative de Plaine commune habitat ; un regroupement intercommunal d’offices HLM.

    L’exposition est d’un grand intérêt historique. Mais elle comporte des angles morts. L’habitat social aussi nécessaire soit-il ne peut prendre n’importe quelles formes. Les grands ensembles résolvent des besoins quantitatifs (plus ou moins) mais pas des besoins humains. L’habitat social ne peut non plus résoudre les problèmes posés par une immigration de masse, excessive depuis les années 1970.

    En outre une bonne part des problèmes de logement viennent d’un accroissement des arrivées d’immigrés (au moins 200 000 par an), venant de régions du monde les plus diverses et donc soumis à un violent déracinement, source de traumatismes sociétaux aussi bien pour eux que pour le peuple d’accueil qu’est le peuple français dit « de souche » (c'est-à-dire celui dont la composition était restée largement homogène depuis des siècles comme l’ont montré les travaux de Jacques Dupâquier).

    Il n’en reste pas moins que l’enjeu du logement est essentiel. Celui-ci est l’enveloppe de l’homme. C’est son étui. Le quartier est quant à lui l’environnement le plus proche de l’homme. Au moment où se fait jour la nécessité de relocaliser en d’autres termes de démondialiser l’économie, la relocalisation du logement et des populations du monde par rapport à leur habitat d’origine (qui n’est pas dissociable de leur culture d’origine) s’impose aussi. Il faut relocaliser l’habitat. Vaste ambition mais nécessaire ambition.

    Ce n’est pas la récente (janvier 2012) proposition de Nicolas Sarkozy de « libérer » la construction de logements en augmentant les droits à construire de 30 % qui va dans le bon sens. Elle tourne le dos à toutes les tentatives de retrouver au contraire la bonne échelle des politiques de construction. Elle tourne le dos aux exigences de qualité et d’insertion du nouveau bati dans l’existant. Cette proposition est par contre bien cohérente par rapport à ce qu’on appelle parfois néo-libéralisme et qui est bien plutôt un ultra-libéralisme, un retour au libéralisme pur et dur, libéré des entraves du compromis fordiste, et se fixant comme projet de défaire le programme du Conseil National de la Résistance, comme l’avait affirmé un grand dirigeant du patronat.

    Pierre Le Vigan

     

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  • Les snipers de la semaine... (37)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site de Marianne, Variae dézingue Sarkozy, le président qui minaude...

    Sarkozy, une midinette égocentrique

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     - sur Metamag, Slimane Dermouche met dans son viseur les médias français qui, étrangement, restent assez silencieux sur la question des "crimes d'honneur"...

    L'honneur revient dans les fourgons de l'immigration

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  • Pour en finir avec l'idéologie antiraciste...

    Les éditions Bourin publient cette semaine une essai de Paul-François Paoli intitulé Pour en finir avec l'idéologie antiraciste. Journaliste au Figaro, Paul-François Paoli est l’auteur de nombreux essais de combat, dont La Tyrannie de la faiblesse (Bourin Éditeur, 2010).

     

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    "L’antiracisme, nécessité morale absolue, a atteint ses objectifs en Occident. Toute idée de suprématie raciale y est désormais délégitimée et celui qui s’en prévaudrait encourrait, à juste titre, l’opprobre des institutions et des médias. Pourtant, alors que les racistes avérés sont devenus très marginaux dans nos sociétés, l’antiracisme s’est mué en une idéologie à la fois diffuse et contraignante qui outrepasse largement sa raison d’être. Manipulée comme une arme de disqualification massive, elle impose un terrible chantage sur quiconque ose interroger l’immigration, l’influence de l’islam ou le multiculturalisme. Non contente de réintroduire le délit d’opinion, elle interdit par ailleurs, au nom d’un universalisme au rabais, toute réflexion sur la grandeur et l’unicité de la culture européenne.
    À travers une méditation historique sur l’épineuse question de l’identité française, Paul-François Paoli déconstruit une doxa tyrannique qui stérilise le débat public."

     

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  • L'Europe en dormition...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Dominique Venner au bimensuel royaliste L'Action française 2000, à l'occasion de la sortie de son essai Le Choc de l'histoire (Via Romana, 2011).

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    L'Europe en dormition

    Entretien avec Dominique Venner

    Historien, directeur de La Nouvelle Revue d’Histoire, Dominique Venner publie un recueil d’entretiens, Le Choc de l’Histoire, dans lequel il fait le point sur son itinéraire et sa pensée, brossant notamment le tableau d’une Europe rongée par une crise morale.

    L’Action française 2000 : Vous vous définissez comme un « historien méditatif ». Qu’entendez-vous précisément par cette formule ?
    Dominique Venner : Méditer n’est pas rêvasser, mais fixer fortement sa pensée sur un objet précis. Ce qui m’étonne toujours c’est à quel point on s’étonne peu. Surtout en matière historique. Et pourtant l’étonnement est la condition première de la pensée. Dans l’interprétation conventionnelle de l’Histoire, on décrit la succession des évènements comme nécessaire ou évidente. Mais c’est faux. Il n’y a jamais rien de nécessaire ni d’évident. Tout est toujours suspendu à l’imprévu. Ni Richelieu ni Mazarin, par exemple, ni César ou Octave, ni l’empereur chinois Shi Huangdi, le grand fondateur, n’étaient nécessaires ou programmés par la Providence. Les uns et les autres auraient pu ne pas exister ou disparaître avant l’œuvre accomplie. Devant les faits et les imprévus historiques, je me pose les questions que l’histoire paresseuse ne pose pas, je médite. Exemple : Louis XIV était appelé le Roi Très Chrétien. En dépit de quoi, il fit bâtir Versailles et son parc comme un hymne aux divinités du paganisme antique. Surprenant, non ? Et source de réflexions nouvelles sur les représentations du Roi et sur la religion de son temps, sans rapport avec une histoire pieuse inventée au XIXe siècle. Restons un instant sur le Grand Roi, témoin de la révolution anglaise et de l’exécution de Charles Ier en janvier 1649. Etonnante révolution ! Au siècle suivant, Edmund Burke a pu opposer la Glorious Revolution de 1688 à la Révolution française de 1789. Pourquoi en Angleterre une « révolution conservatrice » et pourquoi en France une révolution destructrice ? Bonne question et cent réponses. Voilà de quoi méditer. Comme, par surcroît, je suis né dans une époque inquiétante pour un Français et un Européen, une époque qui a vu l’effondrement de notre ancienne puissance et la ruine de certitudes réputées éternelles, je médite en étudiant l’Histoire hors de toute convention. À l’exemple d’Ulysse, je crois que la pensée est un préalable à l’action. Je crois même qu’elle est action.

    L’AF : L’Europe est aujourd’hui « en dormition », écrivez-vous joliment. Pour quelles raisons ?
    DV : Quand je pense Europe, je ne pense pas à des structures politiques ou technocratiques, je pense à notre civilisation multimillénaire, à notre identité, une certaine façon « européenne » de penser, de sentir et de vivre qui traverse le temps. Oui, l’Europe est entrée « en dormition » historique. Quand ? Dans la seconde moitié du XXe siècle, après les catastrophes que furent pour elle les deux guerres qui ont commencé en 1914 et se sont terminées en 1945. Quand s’ouvrit l’Exposition universelle de Paris, en 1900, l’Europe était le centre intellectuel et spirituel du monde. Elle dominait tout presque partout. Les Etats-Unis n’étaient encore qu’une puissance marginale.  Cinquante ans après, quel retournement ! Après Yalta, l’Europe exsangue était divisée entre les deux nouvelles puissances surgies du Siècle de 1914, les Etats-Unis et l’URSS. Deux puissances messianiques qui voulaient imposer leurs modèles : américanisme et communisme. J’ajoute, que l’Europe n’a pas seulement perdu sa puissance et ses colonies, elle a plus encore perdu foi en elle-même, rongée par une crise morale et une culpabilisation dont il n’y a pas d’exemple. Elle est entrée « en dormition ».
    L’AF : Vous vous montrez cependant optimiste quant à son réveil identitaire. Quelles sont donc, cette fois, les raisons d’espérer ?
    DV : Ces raisons tiennent d’abord au « choc de l’Histoire » que nous vivons sans le savoir. Ce « choc » annonce une rupture d’époque. Il a commencé avec l’implosion de l’URSS et du communisme en 1989. Simultanément, d’anciennes puissances et d’anciennes civilisations que l’on croyait mortes, connaissaient une renaissance spectaculaire, la Chine, l’Inde, l’Islam (malgré ses divisions), l’Amérique du Sud, pour ne parler que de grandes entités. Au monde unipolaire voulu par la puissance du dollar, succède un monde multipolaire qui redonnera ses chances à l’Europe. Pourtant celle-ci est confrontée à un péril historique inédit et géant, l’immigration massive de populations portant en elles une autre civilisation. L’immigration de masse produit sur le sol européen un choc de civilisation qui pourrait être mortel. Mais, par un formidable imprévu historique, il pourrait aussi se révéler salvateur. De l’altérité représentée par les populations immigrées et leurs mœurs, leur traitement de la femme qui nous choque au plus profond, on voit naître une conscience nouvelle de l’identité que les Européens eurent rarement dans le passé. J’ajoute qu’en dépit de tous les périls, je crois aussi à la survie des qualités fondamentales d’énergie et d’innovation des Européens. Pour le moment, elles ne s’exercent pas en politique, c’est pourquoi on ne les voit pas.

    L’AF : En quoi les leçons de ces grands maîtres matinaux que furent Hésiode et Homère peuvent-elles être salutaires?
    DV : Homère nous a légué à l’état pur les modèles d’une morphologie mentale spécifique, la nôtre, avant les corruptions d’influences contraires. Nous avons besoin de nous en imprégner pour renaître spirituellement, préalable aux autres formes de renaissance. Les conséquences du Siècle de 1914 ont jeté les Français et les Européens dans un trouble immense. Rien n’y échappe. Ce trouble atteint aussi bien les Eglises que les laïcs. C’est si vrai que l’on assiste à des tentatives de rapprochement apparemment stupéfiantes entre le sommet de l’Eglise et l’Islam immigré. Ces tentatives choquent à juste titre beaucoup de catholiques. Elles ne relèvent pas seulement du « devoir d’accueil » qu’invoque une pastorale de soumission, mais aussi d’une sorte de solidarité entre « croyants » monothéistes face à l’indifférence religieuse croissante de la société. C’est le sens explicite de rencontres comme celles d’Assise. Bref, quand le trouble est général, il faut en revenir au tout à fait pur, aux sources fondamentales de notre civilisation qui sont antérieures au christianisme, ainsi que l’a rappelé Benoît XVI à Ratisbonne. Il faut donc en revenir à Homère et aux fondements granitiques des poèmes fondateurs, la nature comme socle, l’excellence comme principe et la beauté comme horizon. C’est une vérité qu’avait fortement perçue Charles Maurras dès sa jeunesse.

    L’AF : Vous évoquez, non sans admiration, le « caractère intraitable » de Maurras. Le Martégal vous a-t-il influencé sur un plan intellectuel ?
    DV : Je n’ai jamais caché mon admiration pour le courage de Maurras face aux épreuves. Mais j’ai également été un lecteur attentif des ses écrits de jeunesse et un observateur de son évolution. J’ai lu encore récemment la Correspondance entre Charles Maurras et l’abbé Penon (1883-1928), publiée chez Privat en 2008. Il s’agit d’un document de première main. On sait que l’abbé Penon, futur évêque de Moulins, avait été le précepteur puis le directeur de conscience du jeune Maurras. Il vit sa tâche compromise par l’évolution de son élève et l’autonomie inflexible de son esprit. L’abbé avait introduit le garçon à la connaissance des Lettres antiques, ce qui le détourna peu à peu du christianisme. Le séjour du jeune Maurras à Athènes pour les premiers Jeux olympique de 1898, acheva cette évolution. Tout est résumé dans sa lettre du 28 juin 1896 que je peux vous citer : « Je reviens d’Athènes plus éloigné, plus ennemi du christianisme qu’auparavant. Croyez-moi, c’est là-bas qu’on vécu les hommes parfaits… » Après avoir évoqué Sophocle, Homère et Platon, le jeune Maurras conclut : « Je reviens d’Athènes en polythéiste tout pur. Ce qui était à l’état vague et confus dans ma pensée s’est précisé avec éclat… » Jusqu’à sa mort en 1928, l’abbé Penon tentera de faire revenir Maurras sur cette conversion. Il n’obtiendra que des concessions de pure forme mais aussi l’argument par lequel Maurras dira qu’à ses yeux l’Eglise catholique avait jadis corrigé par son principe d’ordre ce qu’il y avait de pernicieux dans le christianisme originel.

    L’AF : Vous êtes un adepte jüngerien du « recours aux forêts ». Y avez-vous trouvé la paix ou les moyens de préparer les guerres à venir ?
    DV : Avant de beaucoup écrire, Ernst Jünger avait commencé par vivre dans les tranchées de la Première Guerre mondiale certaines idées qu’il a émises par la suite. Jünger était authentifié par sa vie. Ce qui m’a fait prendre au sérieux ses écrits. J’ajoute que l’image du « recours aux forêts » éveille en moi un écho très fort. Je n’y vois pas une incitation à prendre le maquis, mais à découvrir la haute spiritualité portée par les arbres et la nature, ainsi que le disait Bernard de Clairvaux : « Tu trouveras plus dans les forêts que dans les livres. Les arbres t’enseigneront des choses qu’aucun maître ne te dira ». Preuve que vivait encore en lui, la spiritualité de ses ancêtres francs et gaulois. C’est ce que j’appelle la tradition. Elle chemine en nous à notre insu.

    Dominique Venner, propos recuellis par Louis Montarnal (Action française 2000, 3 au 16 novembre 2011)

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  • Le retour des gueux...

    Les éditions de la Forêt viennent de publier un roman de Claude Perrin intitulé Le retour des gueux - Le réveil des lions. Une anticipation politique sombre qui plonge le lecteur dans une Europe disloquée par les violences communautaires ethno-religieuses...

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    "Comme partout en Europe, l’anarchie s’est répandue sur le territoire où Claude Perrin situe l’action de son roman. Le tsunami de l’immigration-invasion, la décomposition des institutions publiques, la disparition des cadres habituels ont permis à des bandes de pillards de faire régner une terreur sans fin.

    Tel est le cadre dans lequel Claude Perrin place les personnages de son roman : des hommes, une femme qui refusent d’accepter l’inacceptable, la soumission, l’esclavage. Ils choisissent donc de se battre. Et s’organisent en réseaux de solidarité pour survivre et conduire la résistance, afin de préparer, un jour, la reconquête.

    Le lecteur va vivre à leurs côtés des moments intenses, des épisodes hauts en couleur, qui l’inciteront à se préparer mentalement et physiquement à l’avenir, le proche avenir qui s’annonce chaotique.

    On est là dans la veine du Camp des saints de Jean Raspail – mais en plus optimiste, heureusement, puisque Claude Perrin annonce à ceux qui sont capables d’entendre son message que la renaissance est au bout du chemin. Pour ceux qui auront choisi la lutte."

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  • La gauche bien-pensante et le droit de vote des immigrés

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Julien Landfried, porte-parole de Jean-Pierre Chevènement, cueilli sur le site Atlantico et consacré à la question du vote des étrangers aux élections locales...

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    "Pour l’intelligentsia bien-pensante, les habitants des quartiers sont les uniques représentants de la France populaire"

    Atlantico : Le Parti socialiste a fait du droit de vote aux étrangers pour les élections locales l'une de ses priorités. Qu'en pensez-vous ?

    Julien Landfried : Jean-Pierre Chevènement, dans son dernier livre Sortir la France de l’impasse, s’est opposé au droit de vote des étrangers aux élections locales. Il y a en effet fusion en France, du moins depuis la décolonisation, entre les principes de nationalité et de citoyenneté. Il s’agit à la fois d’un principe solidement ancré dans notre tradition politique et dans notre culture : qui est Français peut voter, et tout Français « pèse » autant qu’un autre (« un homme égal une voix »).

    Si l’on ajoute que la France pratique une politique de naturalisation généreuse, issue de sa tradition assimilationniste (malheureusement tombée en disgrâce depuis les années 70-80), on peut estimer que cette fusion entre nationalité et citoyenneté constitue un principe solide et ouvert, puisque les étrangers peuvent en bénéficier sous réserve bien entendu de demander leur naturalisation. La proposition des socialistes et d’une très large partie de la gauche de donner le droit de vote aux étrangers aux élections locales rompt avec cette logique, puisqu’elle dissocie nationalité et citoyenneté, en donnant à des non-nationaux une partie des prérogative de citoyenneté des nationaux. Elle sous-entend d’ailleurs en creux qu’il serait difficile pour les étrangers de devenir français, ce que les chiffres démentent. Cela ferait par ailleurs courir le risque, dans certaines communes notamment de la région parisienne, à des votes ethniques ou communautaires qu’il faut au contraire éviter.

     

    Les socialistes sont-ils en train de suivre la logique d'une récente note du think tank Terra Nova qui préconisait notamment de rompre avec leur électorat traditionnel issu des couches populaires au profit des électeurs immigrés potentiels ?

    Il y a depuis près de quarante ans à gauche la tentation de substituer à la vieille question sociale et à son acteur politique centrale, les travailleurs, la question sociétale et son cortège de « luttes minoritaires » au premier rang desquelles figurent la régularisation des « sans-papiers », la valorisation des cultures des « migrants » ou encore les revendications des « minorités sexuelles ». C’est ce que l’universitaire américain Walter Benn Michaels a appelé dans un essai éponyme « la diversité contre l’égalité ».

    La désormais célèbre note du think tank Terra Nova ne faisait que mettre noir sur blanc ce qui constitue en réalité l’idéologie dominante à gauche. Il est désormais acquis pour une bonne part de l’intelligentsia bien-pensante que les habitants des quartiers sont les uniques représentants de la France populaire, et que parmi ceux-ci, les étrangers et leurs enfants en sont les représentants emblématiques, sinon uniques. Il s’agit là d’une déformation idéologique profonde liée à la division spatiale de plus en plus nette au sein des catégories populaires, où les Français d’origine ou d’immigration ancienne vivent dans les zones périurbaines et rurales, tandis que l’immigration se concentre dans les banlieues.

    Mais pour comprendre cela, il faut soit être issu des catégories populaires, soit prendre sa voiture et faire 50 km à l’extérieur de Paris ! Il n’est pas besoin d’être expert en calcul électoral pour comprendre qu’une telle stratégie ne peut que provoquer un échec à l’élection présidentielle, car c’est précisément l’élection où les catégories populaires votent le plus.

     

    Cette proposition correspond elle selon vous à une réelle conviction de la part des ténors du PS ou s'inscrit-elle dans un calcul électoral qui supposerait que les étrangers votent en majorité à gauche ?

    Les étrangers ne forment pas une catégorie politique à part. Leurs préférences politiques varient bien entendu en fonction de leur niveau de revenu et de leur activité professionnelle.

     

    N'est-ce pas dangereux de proposer ce genre de mesure à l'heure de la crise, alors que l'électorat populaire se sent déjà dépossédé de sa souveraineté avec le poids de l'Europe et de la mondialisation ?

    Le message implicite de ce genre de mesure peut effectivement être compris ainsi par l’électorat populaire : « désolé, nous ne pouvons plus rien pour vous à cause de la mondialisation. Mais ce n’est pas très grave car les étrangers voteront pour nous ». Le message codé du discours immigrationniste est en effet compris comme fondamentalement hostile par les catégories populaires « non immigrées ». Nier cela, c’est ne rien comprendre à la fois à la force de Marine Le Pen parmi ces électeurs ou au succès électoral de Nicolas Sarkozy en 2007.

     

    Est-il seulement possible aujourd'hui à gauche d'évoquer sereinement les questions liées à la nation, aux frontières et à l'immigration ?

    Un discours républicain devrait être possible. L’immigration doit être régulée et les normes culturelles demandées aux immigrés affirmés avec sérénité par la France. Pour cela, il faut bien entendu aimer la France et ne pas la couvrir d’un tombereau d’injures, comme une bonne part des « intellectuels » de gauche (et de droite) le font.

    Il ne peut pas y avoir d’intégration des immigrés sans un minimum d’estime de soi de la société française. Cette bienveillance est malheureusement singulièrement absente des élites. Les couches populaires ont pourtant besoin de protections, qui incluent évidemment que la notion de frontières ne soit pas assimilé à un « repli frileux sur soi » comme la novlangue aime à le dire. En d’autres termes, pour parler à l’électorat populaire, la gauche doit aimer la France, toute la France, et pas seulement « la France qu’elle aime » pour paraphraser un slogan récent du Parti socialiste.

    (Atlantico, 18 octobre 2011)

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