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immigration - Page 96

  • Le déni du réel...

    Le livre du sociologue Hugues Lagrange, Le déni des cultures, publié au Seuil, a suscité un tollé chez les bonnes âmes de la bienpensance en osant bousculer les vérités enseignées par le catéchisme politiquement correct sur l'immigration et la délinquance. Nous reproduisons ici un article de la philosophe Chantal Delsol, publié par Valeurs actuelles, qui revient sur cette polémique.

     

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    Le déni du réel

    L’émotion souvent haineuse qu’a suscitée le livre d’Hugues Lagrange, le Déni des cultures (Éditions du Seuil), est en elle-même significative. Un tabou a été touché.

    Il y a des pans entiers de la réalité que l’on ne doit même pas nommer – faute de les faire exister ? Et bien des soi-disant penseurs disent clairement que la langue de bois représente une nécessité démocratique…

    En l’occurrence, la langue de bois veut que l’on ne nomme pas les cultures, qu’on ne les distingue pas, qu’on n’en fasse pas un facteur d’explication. Or voilà un auteur – un chercheur sérieux et pondéré, non un histrion – qui explique en partie les problèmes d’échec scolaire et de délinquance par des causes culturelles. On le voue aux gémonies. Il se fait insulter dans les médias. Pourtant, il produit des enquêtes chiffrées et argumentées après un long travail sur le terrain, il reste prudent toujours, il n’enrobe pas cela d’une opinion personnelle : bref, c’est un scientifique. Et naturellement il peut se tromper en tant que scientifique, mais dans ce cas, il faudrait lui opposer d’autres enquêtes et d’autres arguments : on l’injurie.

    On peut se demander pourquoi une société si fière de son multiculturalisme, de son côté black-blanc-beur, refuse avec hargne que soient étudiées les différentes cultures avec ce qu’elles recèlent de conséquences sur les comportements des individus. Ce qui ressemble à une grossière contradiction. En réalité, la diversité est considérée comme un avantage si l’on ne regarde que son côté folklorique : quelle fierté de voir une équipe de France multicolore – ce qui rassure notre réputation de pays accueillant. Mais tout ce que cela signifie en termes de manières de vivre, d’organisation familiale, d’éducation… surtout n’en pas parler ! Cela ferait ressortir des disparités profondes, et naturellement des hiérarchies sous-entendues (dans quelles familles sait-on éduquer à l’autonomie ?). Ce qui est insupportable à notre prétention égalitaire. Cela semblerait jeter sur l’une ou l’autre culture un opprobre moral : certaines manières de vivre fabriquent des délinquants… La république aime la diversité, à condition qu’elle ne se décline pas.

    Au fond, ce que l’on reproche à Hugues Lagrange, c’est de ne pas confirmer cette certitude imposée qui nous vient du marxisme : les malheurs de l’individu, et surtout ceux qui l’écartent de la société, sont le fruit exclusif de sa situation socioéconomique. Tout ce qui différencie un individu – en termes d’éducation, de réussite scolaire, de civilité – proviendrait de sa classe sociale et de son niveau de revenus. Ainsi, les plus pauvres devraient être mal élevés, et les plus riches, situés en haut de l’échelle sociale, en état de réussite morale et scolaire. (Quelle sale injure pour tant de familles dans la gêne qui jettent tous leurs soins, avec succès, dans l’entreprise éducative ! Quelle cécité devant certains enfants de la haute bourgeoisie qui se comportent comme des voyous !)

    Cette analyse des comportements par les causes exclusivement économiques a été abandonnée depuis longtemps : il s’agit d’un parti pris matérialiste, qui met l’argent au-dessus de tout et croit que tout arrive grâce à lui. Nous savons que bien d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Que certaines organisations familiales, que certaines éducations développent davantage la politesse, la violence, le sens du travail ou le machisme, il suffit d’un peu de bon sens pour le savoir – l’essentiel étant de ne pas proférer des généralités stéréotypées et de ne pas généraliser à partir de quelques cas… d’où l’importance de la sociologie. Dire que la culture n’existe pas et que l’individu se résume à son porte-monnaie et à sa position sociale, c’est valoriser l’avoir au détriment

    de l’être. Nous ne sommes pas seulement ce que nous possédons. Nous sommes, et surtout, caractérisés par des comportements, des habitudes, des humeurs, des rites, dont nous héritons en partie par transmission de longue date et qui nous enracinent dans un art de vivre singulier.

    Quant à voir sous ces analyses de la culture un a priori racialiste, ou raciste, c’est un amalgame qui ne grandit pas ses auteurs. Cela signifie que toute évocation d’une différence ressort au racisme. Toute affirmation concernant une culture est raciste. Dire : “tel groupe favorise la polygamie” ou “tel groupe favorise le machisme” serait raciste. Avancer ces affirmations serait “faire le jeu de Le Pen”, comme Simone de Beauvoir disait que dire la vérité sur l’Union soviétique était “faire le jeu de la droite”. Autrement dit, toute vérité qui risquerait de favoriser les arguments d’un adversaire serait à nier avec virulence. Dans ce manichéisme, c’est la réalité qui s’égare. Le but unique est de contrecarrer l’adversaire, mais, pour finir, on ne sait plus ce qui en fait un adversaire, puisque les affirmations sont triées non pas en fonction de leur vérité mais en fonction du bien ou du mal qu’elles procurent à l’adversaire. Ce devient un combat obscur, dominé par les émotions, et où la raison n’a plus sa place. La recherche non plus, évidemment. 

    Chantal Delsol (Valeurs actuelles, 4 novembre 2010)

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  • Violence et "doux commerce"...

    Nous reproduisons ici un article de Dominique Venner, intitulé "Violence et « doux commerce »", publié initialement dans la Nouvelle Revue d'Histoire et récemment mis en ligne sur le site personnel de son auteur.

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    Violence et « doux commerce »

    La violence n’est pas seulement celle des armes. Depuis un demi-siècle, s’est imposé un système mondial, celui du « doux commerce ». Doux comme les bombes. Il domine les peuples sous les apparences de la démocratie, brisant les coutumes les plus sacrées. Décryptage d’une nouvelle violence qui règne grâce à la drogue de la consommation et à la repentance. Elle rencontre pourtant des résistances.

     

    Georges Sorel est célèbre pour avoir publié en 1906 des Réflexions sur la violence (Librairie Marcel Rivière), souvent rééditées (1). Partisan du socialisme révolutionnaire, lu par Lénine et Mussolini, Sorel se faisait l’apologiste de la violence comme moteur de l’histoire.

     

    Dans son essai, il s’inquiétait d’une anémie de la violence sociale qu’il croyait observer en Europe occidentale et aux Etats-Unis : «L’éducation est dirigée en vue d’atténuer tellement nos tendances à la violence que nous sommes conduits instinctivement à penser que tout acte de violence est une manifestation d’une régression vers la barbarie. […] On peut se demander s’il n’y a pas quelque niaiserie dans l’admiration de nos contemporains pour la douceur.» Ces remarques, datant d’un siècle, pourraient sembler d’aujourd’hui. Cela retient l’attention et intrigue.

     

    Moins de dix ans après le constat morose de Sorel, commençait une Grande Guerre qui manifesta bien autre chose qu’un penchant général pour la douceur. Cette guerre fut suivie en Russie et en Europe d’une série de révolutions et de guerres civiles, dont le trait dominant ne fut pas la tranquillité. Et la Seconde Guerre mondiale qui se déchaina ensuite, assortie de séquelles comme la généralisation du terrorisme, ne fut pas non plus la manifestation de tendances paisibles.

     

    L’Europe en dormition et en repentance

    Cela pour dire que l’on s’égare souvent dans les prévisions en imaginant l’avenir comme le prolongement du présent. Sous l’effet d’émotions ou de commotions collectives inattendues, la douceur ou la mollesse d’une époque peuvent se muer soudain en violence irrésistible. L’histoire des peuples et des sociétés n’est pas régie par une loi de continuité, mais par d’imprévisibles accidents.

     

    Dans l’Europe actuelle (mais pas ailleurs), tout laisserait supposer qu’a été mis un terme définitif à l’histoire, à ses violences et au politique. Ceux qui ont lu notre Siècle de 1914 savent que nous avons interprété l’époque qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, comme une entrée en dormition de l’Europe après un demi-siècle de folies violentes. Cette dormition n’est pas étrangère à une entreprise de culpabilisation et de démoralisation sans précédent. Avec courage et lucidité, cela fut analysé en 2003 par des intellectuels qu’inquiétait la montée en France de l’antisémitisme dans l’immigration maghrébine. Selon ces auteurs, l’immigration avait été favorisée par certains Juifs qui, « faisant un contresens tragique, ont cru à une alliance possible entre l’affirmation identitaire juive et la célébration des minorités et des localismes, bref, de “l’Autre” contre la nation (2) ». C’était reconnaître que l’intense propagande immigrationniste avait été une erreur. Mais, disaient les auteurs, il fallait remonter aux années soixante, pour chercher les racines de la démoralisation française et européenne, quand le souvenir de la « Shoah s’est imposé comme […] repère décisif d’une culpabilité qui ne concerne pas seulement les nazis mais […] un peu tout le monde en Europe, les peuples dans leur ensemble. » Depuis, « la Shoah barre aux peuples d’Europe toute espérance historique et les enferme dans le remord. » Inquiétant constat. Cinquante ans après, les Européens sommeillent toujours, écrasés de remords, comme « interdits d’histoire ». Pour combien de temps ? Voilà ce que nous ignorons. Mais cela ne saurait être éternel.

     

    Rêves de bonheur, « doux commerce » et violence

    En Europe, la fin provisoire de l’histoire et les rêves hédonistes ne peuvent être isolés d’une discours public nourri par le mythe du «doux commerce» inventé jadis par Adam Smith.

     

    Quels ont été ses effets pratiques sur l’histoire vécue ? L’expérience des deux derniers siècles montre que le « doux commerce » est rarement une garantie contre la violence. Il l’est d’autant moins qu’il a remplacé le politique (la raison) par la morale (l’émotion). L’émotion fait vendre plus que la raison. Mais, au-delà des rêveries, elle est souvent pourvoyeuse de tueries, comme on l’a vu lors des guerres de Religion, puis des guerres idéologiques du XXe siècle.

     

    En dépit des promesses d’Adam Smith, l’exercice intensif du « doux commerce » à l’échelle mondiale s’est ainsi accompagné de violences peu modérées. Si l’on adopte comme repère le XIXe siècle, on pensera entre autres aux guerres de l’Opium (1840-1842, 1858, 1860) qui associèrent la France et la Grande-Bretagne dans la volonté de forcer les frontières de la Chine. Il fallait ouvrir celle-ci à la morale biblique et à quelques bienfaits tels que le trafic de l’extrait de pavot ou la destruction de traditions millénaires. Réalisées au profit du « doux commerce », les interventions armées franco-britanniques conduisirent, par voie de conséquences, à ces nouveautés que furent, pour la Chine, les révolutions en chaîne, préludes aux grandes tueries du maoïsme (3).

     

    Au bénéfice du « doux commerce » on peut encore inscrire nombre d’autres conflits coloniaux ou interétatiques. Y figurent en bonne place les deux guerres mondiales, dont les mobiles économiques ne furent pas minces (4). Etendre au monde entier l’exigence anglo-américaine du « free market » ne s’est pas fait sans un peu de casse… L’un des plus récents épisodes de ces dégâts, masqué de justifications morales et démocratiques (pléonasme), est la guerre d’Irak qui se poursuit depuis 2003. Le contrôle d’une source importante d’hydrocarbures nécessaire au « doux commerce » justifiait probablement que l’on mette à feu et à sang un pays, peut-être assez rugueux (il y en a d’autres), mais stable.

     

    Logique interne du « doux commerce »

    Depuis qu’il s’est mondialisé vers la fin du XXe siècle, on doit cependant reconnaître à l’avantage du « doux commerce » une plasticité et une capacité de survie que peu de systèmes sociaux ont possédé à ce point.

     

    On a compris que le « doux commerce » est l’enveloppe qui recouvre des notions abstraites telles que «capitalisme» ou «libéralisme». Mais comme celles-ci ont servi à beaucoup de cuisines indigestes, leur signification s’est épuisée. Une autre notion, plus récente, est celle de « cosmocratie ». Elle est due à des auteurs américains, et fut reprise par Samuel Huntington dans son ultime essai Que sommes-nous ? (5). J’en ai moi-même fait usage. Elle est explicite. Elle suggère le caractère d’oligarchie mondialiste acquis peu à peu par le système depuis les années soixante du XXe siècle (6).

     

    Mais restons-en pour le moment à la logique interne du « doux commerce ». Quel est son but ? C’est le profit individuel et financier de ses bénéficiaires, quel qu’en soit le prix pour les autres. Etant devenu dominant dans nos sociétés, cet objectif a été promu au rang de valeur suprême, apte à tout justifier, notamment ce qui était naguère condamné par le sens commun et la morale sociale la plus élémentaire. Dans son Manifeste de 1848, Karl Marx avait décrit avec pertinence l’aptitude destructrice illimitée du système qu’il assimilait à la « bourgeoisie », quand bien même le comportement personnel de maint bourgeois contredisait la thèse. Rappelons pour mémoire ses lignes célèbres : « Partout où elle a pris le pouvoir, la bourgeoisie a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissaient l’homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt […]. Ce constant ébranlement de tout système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelle distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes. »

     

    Karl Marx se réjouissait de cette agitation perpétuelle et de l’ébranlement de l’ancienne société européenne par le « doux commerce ». Ils annonçaient à ses yeux l’avènement de la société post-bourgeoise, c’est-à-dire de l’utopie communiste. Ils annonçaient l’homogénéisation mondiale et la fin de l’histoire avec un grand H. Marx ne se trompait pas de beaucoup. A cette nuance près que le «doux commerce» s’est révélé finalement plus résistant, bien que tout aussi pervers que l’utopie communiste dont il réalise certaines attentes par d’autres moyens.

     

    Convergence entre communisme et « doux commerce »

    La conjonction des deux systèmes a été remarquablement analysée par Flora Montcorbier dans un essai injustement oublié (7). Economiste et philosophe, avec une clarté vigoureuse, cette essayiste a délivré une clé d'interprétation convaincante du chaos organisé qui s'est substitué à nos anciennes sociétés.

     

    Nul avant elle ne s'était soucié de comprendre le curieux dénouement de la guerre froide, étape capitale du grand bouleversement. Qui était donc sorti vainqueur de cette fausse guerre ? Les Etats-Unis, bien entendu, et le « doux commerce ». Mais aussi leur religion commune, la religion de l'humanité (avec une majuscule), une, uniforme et universelle. Et ce n'était pas leur seule affinité.

     Que voulaient les communistes ? Ils voulaient une gestion planifiée des richesses de l'humanité. Ils voulaient aussi la création d'un homme nouveau , un homme rationnel et universel, délivré de toutes ces « entraves » que sont des racines, une nature et une culture. Ils voulaient enfin assouvir leur haine des hommes concrets, porteurs de différences, leur haine de la vieille Europe, multiple et tragique.

     

    Et le « doux commerce », autrement dit l’Occident américain (8), que voulait-il ? Eh bien, la même chose. La différence portait sur les méthodes. Récusant la planification et le collectivisme forcé (la terreur), le « doux commerce » voit dans le marché financier le facteur principal de la rationalité économique et des changements souhaités.

     

    Le « doux commerce », autre nom du mondialisme, ne partage pas seulement avec son ex frère ennemi soviétique la vision radieuse du but final. Pour changer le monde, lui aussi doit changer les hommes, fabriquer l'homo oeconomicus de l'avenir, le zombi, l'homme nouveau, homogène, vidé de contenu, possédé par l'esprit du marché universel et illimité. Le zombi est heureux. On lui souffle que le bonheur consiste à satisfaire tous ses désirs, puisque ses désirs sont ceux que suscite le marché.

     

    « Doux commerce » et immigration

    Il y a pourtant des résistances. Mais comme le dessein est grandiose, on ne lésine pas sur les moyens pour les abattre. Afin de «zombifier» les Européens, jadis si rebelles, on a découvert entre autres les avantages de l'immigration de masse. Celle-ci a permis d’importer de la main d’œuvre bon marché, tout en déstructurant les identités nationales. L'installation à demeure d’allogènes accélère aussi la prolétarisation des travailleurs européens. Privés de la protection d'une nation cohérente, ils deviennent des « prolétaires tout nus », des zombis en puissance, d’autant qu’ils sont culpabilisés par le rappel de la colonisation, et autres forfaits imputés à leurs aïeux.

     

    Une difficulté inattendue est venue cependant des immigrés eux-mêmes. Etrangers aux codes de conduite républicains, ils ont constitué dans les banlieues des communautés réislamisées, souvent rebelles au « doux commerce », hormis celui du shit. Dans leur univers, si l’on en croit les rapports officiels, la violence règne autant que le voile et la haine du policier. Une partie du territoire, jadis national, se trouve ainsi sous la menace d’émeutes endémiques. Celles-ci favorisent un transfert de la loi républicaine au profit de celle des « grands frères ».

     

    Quant à la cohabitation avec les « Gaulois », il n’y faut pas trop songer, sauf au cinéma. Ceux qui n’ont pu fuir vers des quartiers moins envahis, se terrent, manifestant leur souffrance par des votes de refus quand l’occasion leur est donnée (9). Une conséquence imprévue est que la lutte des classes cède devant le partage ethnique. Le résidu des anciens conflits sociaux n’est plus le fait des prolétaires, mais de fonctionnaires accrochés à leurs privilèges.

     

    Pourtant, il arrive que les indigènes en voie de « zombification » renâclent. Pour faire passer la pilule, le trait de génie du système a été d’utiliser les bons vieux staliniens et leurs pareils, tous plus ou moins recyclés dans la glorification du « doux commerce ». Ils fournissent l'important clergé inquisitorial de la religion de l'humanité, ce nouvel opium du peuple dont le foot est la grand-messe. Cette religion a ses tables de la loi avec les droits de l'homme, autrement dit les droits du zombi, lesquels sont les devoirs de l'homme. Elle a ses dogmes et son bras séculier, l’Otan et les tribunaux internationaux ou nationaux. Elle pourchasse le Mal, c'est-à-dire le fait d'être différent, individualisé, d'aimer la vie, la nature, le passé, de cultiver l'esprit critique, ne pas être dupe d’un écologisme de façade (réchauffement climatique), et ne pas sacrifier à la divinité humanitaire.

     

    Le système se nourrit d’une opposition factice

    L’une des particularités du système est qu’il se nourrit de son opposition en apparence la plus extrême. Mais quand on s’étonne de ce fait surprenant, on oublie que l’opposition dite « de gauche » partage avec le système la religion de l’humanité et la fringale de la déconstruction, donc l’essentiel. Ainsi, sans que personne ne s’esclaffe, les papiers d’un rebelle de tout repos (Guy Debord) ont-ils pu être classés « Trésor national » par le directeur des Archives nationales en juin 2009. Explication : le « doux commerce » a besoin de la contre-culture et de sa contestation pour nourrir l’appétit illimité du « jouir sans entraves » qui alimente le marché. La rébellion factice du monde culturel (les « cultureux ») a de la sorte été récupérée et institutionnalisée. Ses formes expérimentales les plus loufoques renouvellent le langage de la pub et de la haute couture qui se nourrissent de la nouveauté, du happening. Les droits des minorités ethniques, sexuelles ou autres, sont également étendus sans limites puisqu’ils se concrétisent par des nouveaux marchés, offrant de surcroît une caution morale au système. L’illimité est l’horizon du « doux commerce ». Il se nourrit du travail des taupes à l’œuvre dans la culture, le spectacle, l’enseignement, l’université, la médecine, la justice ou les prisons. Les naïfs qui s’indignent de voir célébrer de délirantes ou répugnantes bouffonneries, n’ont pas compris qu’elles ont été promues au rang de marchandises, et sont de ce fait à la fois indispensables et anoblies.

     

    La seule contestation que le système ne peut absorber est celle qui récuse la religion de l’humanité, et campe sur le respect de la diversité identitaire. Ne sont pas solubles dans le « doux marché » les irréductibles qui sont attachés à leur cité, leur tribu, leur culture ou leur nation, et honorent aussi celles des autres. C’est pourquoi, en dépit de leur éventuelle représentativité électorale à l’échelle européenne, ces dissidents sont rejetés dans une inflexible ségrégation (sauf en Italie). Sort inconfortable qui pourrait les désigner comme seule alternative potentielle lorsque, devant l’urgence et l’inattendu, le politique reprendra ses droits (10). Dès lors, le « doux commerce » pourrait être ramené à la place subalterne et dépendante qui est la sienne dans un monde en ordre.

     

     

    Dominique Venner

     

    Notes

    1. L’un des apports de Georges Sorel (1847-1922) à la pensée politique fut la notion de mythe pour désigner les images mobilisatrices autour desquelles se constituent les grands mouvements historiques (NRH 13, p. 20-22).

    2.Article publié dans Le Monde du 30 décembre 2003, sous la signature de Gilles Bernheim, grand rabbin et philosophe, Elisabeth de Fontenay, professeur de philosophie, Philippe de Lara, professeur de philosophie, Alain Finkielkraut, écrivain et professeur, Philippe Raynaud, professeur de philosophie, Paul Thibaud, essayiste, Michel Zaoui, avocat.

    3. On peut se reporter sur ce point à notre dossier La Chine et l’Occident, NRH n° 19, juillet-août 2005.

    4. Georges-Henri Soutou, L’or et le sang. Les buts de guerre économiques de la Première Guerre mondiale, Fayard, 1989. Nous avons traité ce sujet dans plusieurs dossiers, notamment dans nos n° 14 et 32.

    5. Samuel P. Huntington, Que sommes-nous ? Indentité nationale et choc des cultures, Odile Jacob, 2004.

    6. Dominique Venner, Le Siècle de 1914, Pygmalion, 2006, chapitre 10.

    7. Flora Montcorbier, Le Communisme de marché, L’Age d’Homme, 2000.

    8. Nous ne confondons pas le « système occidental-américain » et les Américains pris individuellement, qui souvent en souffrent.

    9. L’analyse que nous avions faite de l’immigration de peuplement dans notre n° 22, janvier-février 2006, p. 29-32, conserve toute sa pertinence (dossier : De la colonisation à l’immigration).

    10. « Le » politique désigne les principes supérieurs du pouvoir (commander, juger, protéger). «La» politique désigne la pratique.

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  • L'immigration en France...

    Le numéro d'octobre 2010 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. On y trouvera un solide dossier consacré à l'immigration, avec notamment des articles de François Bousquet ("Intégration ou assimilation"), François-Laurent Balssa ("Un choix salarial pour les grandes entreprises") ou Henry de Lesquen ("Nationalité et immigration"), et des entretiens avec Jean-Paul Gourévitch et Malika Sorel. Hors dossier, on pourra aussi lire un bel article de François Bousquet consacré à Kipling, et on retrouvera les chroniques habituelles de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour.

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     Il est possible de s'abonner sur le site de la revue : Le spectacle du monde

     

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  • N'émigrez pas !

    Une prise de conscience africaine du caractère néfaste de l'émigration : c'est tout l'intérêt du livre d'Omar Ba, N'émigrez pas ! L'Europe est un mythe, que les éditions Jean-Claude Gawsewitch viennent de publier. Bousculant le politiquement correct, il rejoint, à partir d'un point de vue différent, les analyses des observateurs les plus lucides de l'immigration en Europe. Alain de Benoist, dans un éditorial de la revue Eléments, écrivait déjà en 1983 : "L'immigration est née de l'obligation faite à des hommes de se déraciner, par un système économique désireux de faire appel à une main d'oeuvre bon marché, système fondé sur le profit qui transfère les hommes comme on transfère les marchandises ou les capitaux. Fruit de l'idéologie de la rentabilité (à courte vue), elle est une forme moderne de déportation et d'esclavage."

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    "Après le succès de "Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus" (plus de 10 000 exemplaires), Omar Ba nous livre un texte percutant sur l’immigration, un sujet brûlant. Omar Ba affirme que les Africains qui quittent tout pour venir en Europe perdent au change. Leur avenir est sur le continent noir. L’immigration contribue à maintenir les populations africaines en position d’assistanat. De plus, les populations immigrées sont plus touchées par le chômage : l’Europe a-t-elle besoin de l’immigration ? Les immigrés sont « conviés à la misère ». Omar Ba est contre les régularisations massives des sans-papiers, qui vont pousser de nombreux autres Africains à quitter leurs pays d’origine pour l’Europe en leur donnant de l’espoir, mais qui vont aussi priver les pays d’Afrique de leurs ressortissants. Au sujet des expulsions, il s’agit d’une sanction juridiquement approuvée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, cela ne devrait pas provoquer autant de remous. Pour Omar Ba,l’opinion publique choisit l’émotion (cas du renvoi des Afghans en décembre 2009). « Parfois il est salutaire de raccompagner l’étranger dans son pays », selon lui. Les conditions socio-économiques se dégradent dans les pays du Nord, qui ne peuvent donc plus accueillir. Mais selon Omar Ba, l’immigration ne doit pas être associée au racisme, c’est un problème socio-économique, à ne pas « racialiser » (ex : la chasse aux Camerounais exercée en Guinée Equatoriale en mars 2004, où on a vu « des Noirs s’en prendre à d’autres »)… Un texte à contre-courant des idées « bien-pensantes » sur l’immigration, le point de vue surprenant d’un immigré africain de 27 ans."

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  • La face cachée de l'immigration

    Nous reproduisons ici un texte de Marianne2.fr consacré au livre de Michèle Tribalat, intitulé Les Yeux grands fermés (cf. notre note du 23 mars 2010).

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    Michelle Tribalat dévoile une face cachée de l'immigration

    Dans Les yeux grands fermés, la démographe Michèle Tribalat pourfend la bien-pensance de rigueur en matière d'immigration: statistiques, mensongères, refus de considérer le coût de l’immigration, absence des débats. L’auteur s'inquiète de l'aveuglement complice des pouvoirs publics.

    Le livre aurait pu s’appeler La face cachée de l’immigration. Celle que la France ne veut pas voir sous des prétextes aussi bienveillants que fallacieux.

    « Le modèle français » assimilationniste s’effondre sous nos yeux, et le pays s’interdit les analyses et débats scientifiques qui permettraient de regarder cette France en voie de « désintégration » en face.

    Directrice de recherche à l’Institut national des études démographiques, et spécialiste de l'immigration, Michèle Tribalat tente de pallier cette lacune. La France ne dispose que des chiffres sur les entrées d’étrangers en provenance de pays n’appartenant pas à l’espace économique européen ou encore le solde migratoire qui indique la différence entre les entrants et les sortants, sans prise en compte de la nationalité.

    Des statistiques au « doigt mouillé » selon la démographe mais surtout des statistiques politiquement convenables  puisqu’elles interdisent toute discussion sur le sujet du coût de l’immigration, le développement des mariages mixtes d’où « une ignorance généralisée et des difficultés à imaginer les politiques efficaces ».
    Le syndrome orwellien « qui consiste soit à présenter sous un jour favorable des faits qui dérangent, soit à les dissimuler, soit à incriminer le porteur de mauvaises nouvelles ».

    Le migrant, prototype de l'homme mondialisé

    Michèle Tribalat donne des chiffres. Par exemple ceux des mariages célébrés à l’étranger qui échappent aux statistiques, et qui ces dernières années ont fortement progressé. Dans 56% des cas, ils aboutissent à une régularisation en France. Elle relativise l’apport des populations immigrées sur la fécondité ou le rajeunissement de la fécondation française. « Le coup de jeune est suspendu à la perpétuation de cette immigration et au fil du temps, les filles d’immigrées se trouvent en position d’avoir des enfants mais pas plus que les autres Françaises ».

    Suit une avalanche de chiffres. En 1999, en France, 14 millions de personnes étaient d’origine étrangère soit un quart de la population pour majorité originaires d’Europe du sud (5,2 millions) contre 3 millions d’origine maghrébine.
    En Ile de France, la proportion des populations d’origine étrangère est passée de 16% à 37% entre 1968 et 2005.
    A Blois, un tiers des jeunes sont d'origine étrangère, alors qu'ils n'étaient qu'un sur vingt à la fin des années 60 ; à Grigny, dans l'Essonne, 31 % des jeunes sont d'origine subsaharienne, soit trois fois plus qu'en 1990, ce qui constitue le record de France.

    Les phénomènes de « concentration » s’additionnent. Ainsi la ségrégation sociale s’ajoute à la ségrégation ethnique. Dans le 18è arrondissement 37% des jeunes sont d’origine maghrébine, subsaharienne ou turque et 62% de leurs voisins sont de même origine. Autant de symptômes du déclin de la mixité que Michèle Tribalat assimile à des « stratégies d’évitement ». Un constat, qui impose la nécessité impérieuse de recourir à des données qualitatives : « Elles ont des implications politiques évidentes. Nul doute que les écoles où les petits camarades d’origine française se font rares nécessitent des investissements particuliers ».  

    Sur un plan plus politique, Michèle Tribalat tente de démontrer comment les législations européennes, l’idéologie « droitdelhommiste », l’intrusion du pouvoir juridique et les fantasmes de gouvernance mondiale ont -presque- réduit à néant la marge de manœuvre migratoire française. « Puisque le migrant est le prototype du monde qui vient, il faut une instance supranationale qui s’ajuste à l’univers mondialisé du migrant ». C’est la soupe experte qu’on nous sert.   
    Autre cible, le climat idéologique dans lequel s'élaborent les discours sur l'immigration à partir des sondages sur le racisme commandés par la Commission nationale consultative des droits de l'homme.

    L'immigration comme symptôme d'une société en voie de désintégration

    Un conte de fée global que rien ne doit venir contester et surtout pas la statistique. Se basant sur des études britanniques, la démographe minimise l’argument selon lequel les immigrés sont indispensables à nos économies car « ils exerceraient les emplois que les natifs ne veulent pas faire ». Dans les années 2000, l’afflux massif d’immigrés en Angleterre n’a pas réduit le nombre d’emplois souffrant de pénuries. Il est resté voisin de 600.000 car l’immigration accroît à la fois la demande et l’offre de travail. La France s’interdit toute étude de ce type.

    Salutaire à bien des égards, le livre de Tribalat a les défauts de ses qualités, une approche trop scientifique du sujet. Et c’est chez Baudrillard dans un texte intitulé « Nique ta mère » (1) que l’on trouvera un début d’explication, aussi lumineux que dérangeant, de cet aveuglement : « L’immigration et ses problèmes ne sont que les symptômes de la dissociation de notre société aux prises avec elle-même. La vérité inacceptable est là : c’est nous qui n’intégrons même plus nos propres valeurs et, du coup, faute de les assumer, il ne nous reste plus qu’à les refiler aux autres de gré ou de force. Une bonne part de la population se vit ainsi, culturellement et politiquement, comme immigrée dans son propre pays, qui ne peut même plus lui offrir une définition de sa propre appartenance nationale. Cette société doit affronter une épreuve bien plus terrible que celle de forces adverses : celle de sa propre absence, de sa perte de réalité, telle qu’elle n’aura bientôt plus d’autre définition que celle des corps étrangers qui hantent sa périphérie, de ceux qu’elle a expulsés et qui, maintenant, l’expulsent d’elle-même, mais dont l’interpellation violente à la fois révèle ce qui se défait en elle et réveille une sorte de prise de conscience. Si elle réussissait à les intégrer, elle cesserait définitivement d’exister à ses propres yeux ».

    Régis Soubrouillard (Marianne2.fr, 29 mars 2010)
    (1) Note de Métapo infos : cet excellent texte de Jean Baudrillard est disponible ici.
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  • Les Yeux grand fermés

    Michèle Tribalat, directeur de recherches à l'Institut national d'études démographiques, s'est spécialisée dans l'étude statistique de l'immigration, ce qui lui a valu, depuis plusieurs années, d'être la cible des milieux bien-pensants, et notamment du démographe Hervé Le Bras. Tout récemment, encore, elle pointait sur le site de Marianne les mensonges publiés par le Monde dans un article du 4 décembre 2009, intitulé Le nouveau visage de la France, terre d'immigration. Elle risque d'aggraver son cas puisqu'elle publie ces jours-ci, chez Denoël, un livre consacré à l'immigration, intitulé Les Yeux grands fermés - L'immigration en France,  qui rompt avec le discours dominant.

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    "La question de l'immigration serait-elle devenue trop sensible en France pour être sérieusement débattue?
    À en croire la plupart des médias, des politiques, des ONG et des organisations internationales, l'économie et les bons sentiments marcheraient main dans la main. Mais l'impact de l'immigration en France n'est guère étudié et la répétition du discours sur ses bienfaits tient lieu d'évidence. Les rares études françaises sur la question sont prudemment étouffées. L'effet sur le peuplement des territoires, en particulier dans la région parisienne, n'est guère envisagé, car il risque de révéler l'ampleur des bouleversements et du fait accompli. Pourquoi, en effet, produire des connaissances sur un phénomème que l'on décrit à la fois comme inévitable et bénéfique?
    Pourtant, en dehors de l'Hexagone, les débats scientifiques sont vifs, aux États-Unis notamment, où les études réalisées sur l'impact économique de l'immigration ne confortent pas le postulat français d'une contribution essentielle. En réintroduisant dans le débat français ces études, dont l'écho n'a guère franchi nos frontières, Michèle Tribalat nous met en garde contre le mépris des faits au nom de l'idéologie."
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