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france - Page 27

  • Etats-Unis, France : ne pas désespérer des citoyens de la base...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur son site Europe solidaire et consacré à la contestation de l'oligarchie par les citoyens de la base, aux Etats-Unis comme en France...

    Jean-Paul Baquiast anime également le site d'information techno-scientifique Automates intelligents.

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    Etats-Unis, France. Ne pas désespérer des citoyens de la base

    On dit, et nous le répétons volontiers souvent tant le jugement paraît juste, qu'aux Etats-Unis, 1% de super-puissants gouvernent les 99% restant, ceux l'on pourrait nommer les citoyens de la base. La chose se retrouve dans tous les pays du monde, y compris en France. Cependant elle y est moins marquée chez nous et en Europe, vue la survivance de ce qui reste d'un ancien Etat-providence.

    Or le récent discours sur l'Etat de l'Union prononcé par Barack Obama devant le Congrès le 12 janvier, illustre bien cette domination des super-puissants, dont il est le représentant au plus haut niveau de l'Etat. Le discours n'a évidemment pas fait allusion à l'immense croissance des inégalités sociales, le démantèlement d'une partie de l'industrie, le déclin mondiale du capitalisme américain et la domination croissante d'une élite financière parasite et souvent maffieuse.

    Tous ceux qui écoutaient le Président ne pouvait pas se dissimuler que, malgré ses accents volontaristes, il ne dominait rien, laissant le pouvoir aux militaires les plus militaristes, aux agences de renseignement et à Wall Street. Concernant les relations extérieures, il n'a pas évoqué le fait qu'élu pour arrêter la guerre en Irak, il a amplifié la politique des ses prédécesseurs, en ajoutant à la guerre en Afghanistan de nouvelle guerre en Libye, Syrie et Irak, en multipliant le recours à l'usage de drones destructeurs des populations et surtout en accumulant les provocations à l'égard de la Russie et de la Chine, pouvant conduire à de nouvelles guerres mondiales.

    A l'inverse, le thème essentiel de son discours a consisté à exalter la force militaire des Etats-Unis et sa volonté personnelle d'y recourir encore partout si nécessaire. Il a proclamé avec un cynisme incroyable “The United States of America is the most powerful nation on Earth. Period. Period. It's not even close. It's not even close. It's not even close. We spend more on our military than the next eight nations combined. Our troops are the finest fighting force in the history of the world. No nation attacks us directly, or our allies, because they know that's the path to ruin.” La presse française a traduit cela, sans d'ailleurs s'en indigner, par « Les Etats-Unis sont la nation la plus puissante du monde. Point final"

    Le bilan, pour une bonne partie des médias américains non-alignés, est tout au contraire la généralisation du passage à un Etat oppressif, multipliant l'espionnage, arrêtant les semeurs d'alerte, militarisant la police et protégeant en toutes occasions les meurtres accomplis par elle. Le bilan est représenté par les milliers de milliards de dollars consacrés à réparer les spéculations criminelles des banquiers de Wall Street responsables de la crise de 2008 et de ses suites, les économies imposées à ce qui reste de services publics sociaux et éducatifs, le vol des épargnes privées imposé aux « bénéficiaires » de la pseudo réforme de la Sécurité Sociale dite « Obamacare ».

    Les citoyens de la base

    Mais qu'en pensent les premiers concernés, les citoyens de la base? Manifestement, le bel enthousiasme ayant accueilli Obama après son élection a presque totalement disparu. Ceci que ce soit autant parmi les électeurs républicains que parmi les électeurs démocrates. Chez les premiers, la popularité croissante de Donald Trump inquiète de plus en plus l'establishment. Issu lui même de cet establishment, Trump, pour des raisons qui ne sont pas simplement électoralistes, mais répondent sans doute à une conviction profonde, contredit toutes les « valeurs » et s'oppose à toutes les politiques défendues par ses rivaux républicains aux prochaines élections primaires.

    Et ceci lui acquière une popularité massive parmi ceux que nous nommions les citoyens de la base. Inutile d'y revenir ici. On peut espérer que, constatant le succès de ses propositions, il en ajoutera d'autres de la même eau. S'il est élu à la Maison Blanche, l'establishment aura plus de mal à le mettre en tutelle qu'il n'en a eu avec Obama.

    Mais du coté des Démocrates, se profilent d'autres évènements tout aussi porteurs d'espoirs. D'une part la « candidate incontournable » qu'était Hillary Clinton semble faire eau de toute part. Ce sera une excellent chose pour la paix du monde, car elle était bien partie pour déclencher la 3e guerre mondiale évoquée plus haut. N'y revenons pas.

    D'autre part, du coté opposé aux Républicains, la concurrence de Bernie Sanders au départ considéré comme un candidat marginal, s'est manifestée avant les primaires et n'a cessé de s'affirmer depuis. Sanders porte de plus en plus nettement un message anti-establishment qui convainc un nombre croissant des électeurs de la base. Même si ses objectifs sont encore mal précisés, et comportent en matière de politique étrangère des aspects très conservateurs, il est présenté partout comme socialiste, et de plus en plus prisé comme tel.

    Or même si le « socialisme » de Sanders n'est pas le même que celui généralement entendu par ce mot en Europe, il comporte cependant des mesures très révolutionnaires pour les Etats-Unis, le rapprochant dans une certaine mesure des premières ambitions de Roosevelt ou du Labour Party britannique à la fin de la 2e guerre mondiale. 1)

    Qu'en sera-t-il en France?

    En France, ceux qui commencent à ne plus supporter le conservatisme et la docilité vis-à-vis de l'establishment manifestés tant par le PS que les Républicains, se demandent quel(le) candidat(e) pourrait lors des prochaines élections présidentielles, incarner des ambitions à la Trump ou à la Sanders. Aucun n'apparait du côté de la gauche radicale, où continue à régner l'atonie alors que de nombreux thèmes « révolutionnaires » pourraient être défendus.

    A l'extrême-droite, on trouve bien évidemment le FN et sa candidate Marine Le Pen. Mais beaucoup s'interrogent sur la capacité du parti et de sa présidente à présenter des objectifs clairs et surtout à les mettre en oeuvre une fois au pouvoir, soumis qu'ils seront aux pressions formidables du grand capital international.

    Il faudrait dans tous les cas, comme d'une certaine façon le font Trump et Sanders, que les représentants de la gauche radicale et du FN, qui auraient un nombre considérable d'objectifs communs à présenter aux électeurs révoltés de la base, s'unissent clairement, derrière un candidat commun, pour le faire.

    Jean Paul Baquiast (Europe solidaire, 14 janvier 2016)

     

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  • Quand les "élites" ne parviennent plus à intimider le peuple...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 12 janvier 2016 et consacrée à la question de la déchéance de la nationalité et au débat que cette mesure suscite à gauche...

     


    "La nationalité française est d'abord une... par rtl-fr

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  • « La société postmoderne n’a pour mots d’ordre que rigoler et consommer, gagner du fric et partir en vacances »...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la question de la « déradicalisation » des musulmans installés en France et séduits par le discours islamiste...

     

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    « Nous cherchons les moyens d’exister ; eux, des raisons de vivre et de mourir »

    Le gouvernement annonce la création d’un premier centre de « déradicalisation » destiné à nos jeunes musulmans. Vous y croyez ?

    Déjà, je n’aime pas beaucoup le terme, car la radicalité est tout autre chose que l’extrémisme. Mais passons. Que faut-il entendre par « déradicalisation » ? Qu’on va prendre en main de jeunes djihadistes pour essayer de leur faire comprendre qu’on leur a lavé le cerveau et que ce n’est vraiment pas bien de vouloir tuer tout le monde ? Pourquoi pas, puisque dans certains pays cela a donné quelques résultats. Mais il est clair qu’on n’y parviendra pas avec un programme unique, tant les parcours des uns et des autres ont pu être différents, tant la palette de leurs motivations est variée. Quoi de commun entre le salafiste « quiétiste » passé au djihadisme pour des raisons de frustration et de déclassement social – voyez le beau film de Nabil Ayouch Les chevaux de Dieu (2012) – et le petit bandit de droit commun « converti » dans l’incubateur carcéral, qui a décidé de partir en Syrie sans pour autant renoncer à son goût pour les discothèques, les belles voitures, la vie facile et le whisky ? Entre le jeune sociopathe ravi de trouver une légitimation « sacrée » à ses instincts de destruction et celui qui, pareillement dépourvu de toute formation théologique, rêve seulement d’une aventure guerrière qui le fera passer à la télévision ?

    Les termes employés pour présenter ce projet sont à eux seuls révélateurs. Il n’y est question que de la tarte à la crème des « valeurs républicaines » et de l’urgence de créer des « lieux de recherche et d’accompagnement ». Bref, des lieux pour se « reconstruire », grâce à des « cellules psychologiques » qui sauront mettre le « dialogue citoyen » au service de la normalisation. Faudra-t-il pour cela faire intervenir des psychologues ou des théologiens, des assistantes sociales ou des spécialistes du crime organisé ? Le fond du problème, de toute façon, est ailleurs.

    Et quel est le fond du problème ?

    Le fond du problème, c’est qu’une société qui n’est porteuse d’aucun modèle attractif, d’aucune puissante conviction, d’aucun projet collectif, d’aucun idéal est très mal armée pour ramener dans le droit chemin des individus qui se réclament d’un idéal, fût-il criminel et dévoyé. Qu’une société qui ne donne que des moyens d’exister est très mal armée face à ceux qui cherchent des raisons de vivre, lesquelles ne font qu’un à leurs yeux avec des raisons de mourir. Tel est le véritable contraste. Aux « fous de Dieu » qu’on veut sauver d’eux-mêmes, qu’avons-nous à proposer en matière de « réinsertion » ? De devenir d’honnêtes vigiles ou de gentils livreurs de pizzas qui regarderont docilement « Les Jeux de 20 heures » à la télévision ? Et qu’espère-t-on obtenir avec des « modules de citoyenneté » qui font rire tout le monde, assortis d’invocation rituelles à une « laïcité » qui se borne à interdire les crèches de Noël pour rendre invisible dans la sphère publique ce qu’elle ne tolère, provisoirement, que dans la sphère privée ?

    Certaines des réactions, proprement infantiles, aux attentats du 13 novembre ont été très justement stigmatisées sur le site du Point par Gabriel Matzneff, dans un article (« Trois petits cochons ») qui a fait quelque bruit. Il visait ceux qui s’imaginent que la meilleure réponse à apporter aux terroristes islamistes est de continuer à s’amuser comme de si rien n’était. « Le manque de spiritualité, de courage et de profondeur de cette prétendue “génération Bataclan” me fait horreur », écrivait-il, ajoutant que dans la cour des Invalides, haut lieu de l’Histoire de France, ce ne sont pas des chansons de variétés qu’on aurait dû entendre, mais bien plutôt les accents solennels du Dies irae. L’État libéral se fait gloire de sa neutralité en matière de « vie bonne », et la société postmoderne n’a pour mots d’ordre que rigoler et consommer, gagner du fric et partir en vacances sans « se prendre la tête ». Tant qu’au don de soi, on n’aura à opposer que le souci de soi, tant qu’au sacrifice et à la volonté de se battre, on n’aura à opposer que le confort et le calcul de son meilleur intérêt, il ne faut pas s’étonner que certains tentent de donner un sens à leur vie en s’engageant dans les plus folles aventures.

    À sa façon, c’est aussi ce que Christophe Geffroy, directeur de la revue catholique La Nef, dit dans le dernier numéro de cette publication : « Quel est le mode de vie que nous voulons défendre ? Celui consumériste, matérialiste, hédoniste, qui mène droit au nihilisme et qui n’a rien à offrir d’exaltant et d’alternatif aux futurs djihadistes de nos territoires […] Il y a comme une incohérence chez certains chrétiens à prétendre préserver notre mode de vie quand c’est justement ce que les papes nous exhortent à remettre en cause. »

    Quel rôle donner alors à la religion ?

    Régis Debray observait récemment que « ce sont bien des croyants qui, en Syrie, combattent résolument Daech sur le terrain, les Kurdes au nom d’une mystique nationale, les combattants du Hezbollah et les forces spéciales iraniennes au nom d’une mystique chiite ». Mais il disait aussi que deux catégories d’êtres humains menacent le monde actuel : ceux qui ont trop de religion et ceux qui n’en ont pas assez. La « religion » est évidemment à prendre au sens large : croyances, convictions fortes, philosophie de l’existence, conception du monde. Mais l’image est juste : le trop vide attire irrésistiblement le trop plein. Comment une société qui ne veut plus affirmer son identité ni savoir d’où elle vient, qui interdit la valorisation de son histoire nationale, mais s’épuise en repentances et autoflagellations historiques, pourrait-elle susciter un désir d’aimer la France chez ceux qui la haïssent ? Normalement, ce serait le rôle de l’école de s’y employer, mais c’est impossible puisque le « roman national » y est désormais proscrit.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 23 décembre 2015)

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  • La puissance allemande : aube ou crépuscule ?

    Le huitième numéro de la revue Conflits, dirigée par Pascal Gauchon, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré à l'Allemagne.

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉCHOS

    ÉDITORIAL

    La plus belle géopolitique du monde ne peut donner que ce qu'elle a, par Pascal Gauchon

    ACTUALITÉ

    ENTRETIEN

    Georges-Henri Soutou. La géopolitique diplomate, propos recueillis par Pascal Gauchon

    PORTRAIT

    Bachar, l'héritier par défaut, par Frédéric Pichon

    ENJEUX

    Frontières inanimées, avez-vous donc une âme ? par Helena Voulkovski

    ENJEUX

    Le nouveau Grand jeu, par Laurent Gayard

    ENJEUX

    La Ryalpolitique n'est pas une realpolitik, par Frédéric Pichon

    ENJEUX

    Myanmar. un changement dans la continuité, par Jack Thompson

    IDÉES REÇUES

    Flou artistique sur le climat, par Jean-Marc Huissoud

    IDÉES

    Du partisan au djihadiste. la guerre insurrectionnelle, par Florian Louis

    GRANDE STRATÉGIE

    La papauté de la renaissance. L'invention du soft powerpar Jean-Pascal Gay

    BATAILLE

    Tarente 1940. Le chef d’œuvre inconnu, par Pierre Royer

    BOULE DE CRISTAL DE MARC DE CAFÉ

    Il y a urgence, le climat se refroidit, par Jean-Baptiste Noé

    BIBLIOTHÈQUE GÉOPOLITIQUE

    Connaissez-vous Kautilya, par Gérard Chaliand

    CHRONIQUES

    LIVRES/REVUES/INTERNET /CINÉMA

    GÉOPO-TOURISME

    Singapour, modèle ou exception ? par Thierry Buron

    DOSSIER : La puissance allemande, aube ou crépuscule

    Empire du milieu ou royaume du centre mou ? Par Pascal Gauchon

    L'Allemagne. Un objet historique non identifié, par Frédéric Munier

    La fin du peuple allemand ? par Julien Damon

    La réunification a-t-elle changé l'Allemagne, par Thierry Buron

    Miracles et mystères de l'économie allemande, par Jean Kogej

    Les Allemands et leur armée, par le lieutenant Pierre Martin

    La France doit-elle se comparer à l'Allemagne ? par David Colle

    L'Allemagne en Europe, par Maxime Lefebvre

    Allemagne et Europe centrale et orientale, par Andreas Hettyey

    L'Allemagne contre la Russie. Tout contre ? par Pascal Marchand

    La vraie "relation spéciale" des États-Unis, par Christophe Réveillard

    L'Allemagne jugée par l'Italie

    L'HISTOIRE MOT À MOT

    "J'aime tellement l'Allemagne que je préfère qu'il y en ait deux", par Pierre Royer

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  • La diplomatie française entre atermoiements et impuissance assumée...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Migault, cueilli sur le site de l'agence d'informations russe Sputnik et consacré au flottement de la diplomatie française, notamment vis-à-vis de la Russie...

    Philippe Migault est directeur de recherche à l'Institut de Relations Internationales et stratégiques (IRIS).

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    La diplomatie française entre atermoiements et impuissance assumée...

    La reconduction des sanctions envers la Russie avec l’assentiment de la France est révélatrice de notre incapacité à conduire une politique étrangère cohérente. Soucieuse de donner des gages à tous, notre diplomatie n’est plus lisible, ni crédible.

    Dans la foulée des attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre dernier, les autorités françaises ont cessé de camper sur leurs anciennes positions déconnectées des faits sur le dossier syrien afin de demander la collaboration de la Russie, que François Hollande est allé chercher en personne au Kremlin, à grand renfort d'amabilités et de tutoiement vis-à-vis de Vladimir Poutine. Terminée l'intransigeance sur le départ préalable de Bashar el-Assad, avant tout processus négocié de sortie de crise. Contraint et forcé, Laurent Fabius est non seulement revenu sur cette ligne inflexible, mais est même allé jusqu'à évoquer une coopération contre l'Etat Islamique avec les troupes du dirigeant syrien, bref, semblait rejoindre la position de la Russie. Dans ce cadre, alors que nous semblions bel et bien prêt à nous rendre à Canossa, il eût semblé logique de mettre fin à la bouderie franco-russe déclenchée par la crise ukrainienne et de cesser d'apporter notre soutien à la politique de sanctions décrétée par l'Union européenne envers Moscou. Manuel Valls, avec sans aucun doute l'assentiment préalable de François Hollande, semblait aller dans ce sens lorsque, le 26 novembre dernier, il déclarait à la tribune de l'Assemblée nationale que la France aimerait que ces sanctions prennent fin. Mais une fois encore le diable se cache dans les détails et pour ceux qui n'ont pas retenu simplement cette phrase, mais ont pris soin d'écouter la totalité du discours du Premier ministre, il était clairement stipulé que la levée des sanctions demeurait conditionnée au respect par la Russie des accords de Minsk-2. C'est là, dans cette aspiration à obtenir tout et son contraire en Syrie et en Ukraine, que le bât blesse.

    Car les autorités françaises savent pertinemment que la plupart des violations du cessez-le-feu sont à attribuer, non pas à la Russie et aux séparatistes du Donbass, mais aux Ukrainiens. Elles ne peuvent que constater l'impuissance de Kiev à réformer sa constitution dans le sens d'une autonomie accrue des provinces ukrainiennes, comme convenu dans le cadre de ces accords. Bref, elles exigent des Russes qu'ils se conforment à un texte qui n'est pas respecté par la partie adverse, ce dont celle-ci, aussitôt, tirerait avantage. Ce que nous, Français, serions certainement prêts à accepter suivant l'angélisme coutumier de nos dirigeants, s'imaginant qu'ils ont vocation à guider le monde par l'exemple, suivant « l'esprit des lumières », mais qu'on ne peut guère attendre d'un réaliste déterminé comme Vladimir Poutine. Manuel Valls savait donc, lorsqu'il s'exprimait il y a un mois, que ses propos relevaient du vœu pieux et ne l'engageaient à rien.

    Au demeurant cela n'a rien de surprenant. La France est coutumière de cette diplomatie conjuguant effets de manche, absence de volonté politique et stratégie inexistante. D'une diplomatie multipliant les déclarations mais jamais suivie d'actes. Alors que nous avons perdu 130 de nos compatriotes, de nos proches, sous les coups des terroristes islamistes, les mêmes qui ont frappé à Beslan ou ont détruit l'Airbus A321 russe de Metrojet, rien ne semblait plus logique, alors que nous sommes de facto partenaires puisque confrontés au même ennemi, que de saisir cette occasion pour aplanir nos différents avec la Russie. Il n'en est rien. Car il est tellement plus important de donner des gages à nos « véritables » alliés. De flatter nos amis Polonais, qui nous ont fait miroiter des milliards de dollars de contrats d'armement si nous renoncions à vendre des Mistral aux Russes et qui, la chose faite, font la fine bouche sur nos matériels. De rassurer nos amis Baltes, pourtant loin de cultiver l'art du « vivre ensemble » avec les fortes minorités russes vivant sur leur territoire. De complaire à nos clients Qatari et Saoudiens, qui ignorent tout, bien entendu de l'Etat Islamique, du Wahabbisme et du terrorisme. De prouver notre fidélité à cette Union européenne dont le modèle s'écroule. De faire acte d'allégeance, enfin, à notre grand frère américain.

    Oui, il est si important de plaire à nos mandataires, de ne pas froisser nos « partenaires », même lorsqu'ils ne pèsent rien comparativement à nos intérêts en Russie, qu'il ne nous reste, en définitive, que les mots pour donner l'illusion que la France conserve sa liberté d'action. Nos atermoiements n'ont rien d'innocent. Ils correspondent à notre statut réel. Celui d'une puissance régionale de second ordre qui, arguant de sa maîtrise de l'arme nucléaire et de son siège au conseil de sécurité, tente de persuader ses habitants qu'elle conserve un rôle mondial, mais qui, dans les faits, connaît ses moyens et assume son impuissance en catimini. Parce qu'il est hors de question, pour ses élites, de rêver encore de grandeur ou d'indépendance.

    Philippe Migault (Sputnik, 23 décembre 2015)

     
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  • Décomposition française...

    Les éditions fayard viennent de publier un essai de Malika Sorel-Sutter intitulé Décomposition française - Comment en est-on arrivé là ?. Malika Sorel-Sutter est ancien membre du collège du Haut Conseil à l'Intégration et de sa mission Laïcité. Elle est notamment l'auteur d'Immigration, intégration: le langage de vérité (Mille et une nuits, 2011).

     

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    " La décomposition de la France est engagée. Cela ne fait plus de doute. C’est en observant le système administratif et le monde politique, de l’intérieur, que Malika Sorel a pris la mesure de la faillite de nos élites. L’auteur a dû faire le constat de la servilité, de l’incurie, de l’impéritie, du cynisme, mais aussi de la peur, et de son corollaire, le mépris de la liberté, de la liberté d’esprit.

    La pente est prise depuis trop longtemps, par les mêmes toujours au pouvoir, du renoncement à analyser les problèmes en profondeur, à reconnaître leurs erreurs et à reprendre les questions douloureuses, dont les conclusions se révèlent bien souvent déplaisantes…
    Nos élites de commandement savent pourtant exactement ce qu’il en est des difficultés inhérentes à l’immigration et à l’intégration, qui se posent d’une manière plus aiguë que jamais. Et c’est là la source majeure de la dépression collective dans laquelle les Français ne cessent de s’enfoncer.
    Dans ce livre très personnel, elle raconte les choix opérés, auxquels les Français n’auront pas été associés, qui ont conduit le pays à sa situation actuelle. "
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