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  • Guerre économique, Russie, États-Unis : Christian Harbulot se lâche !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Christian Harbulot à Clémence Houdiakova sur Tocsin dans lequel il évoque la violente guerre économique que mènent les États-Unis contre l'Europe et la France. Spécialiste en intelligence économique, Christian Harbulot est le confondateur et l'ex-directeur de l'École de guerre économique, ainsi que le fondateur du centre de recherche CR 451.

     

                                            

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  • Jean-Louis Tremblais : « Les USA, premier « État voyou » au monde ! »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean-Louis Tremblais à Nicolas Gauthier pour le site de la revue Éléments à l'occasion de la publication de ses souvenirs de reporter de guerre, Entre les lignes Reportages de guerre et aventure de presse (Erick Bonnier, 2025).

     

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    Jean-Louis Tremblais : « Les USA, premier « État voyou » au monde ! »

     

    ÉLÉMENTS. Votre livre lève le voile sur les dessous des rédactions parisiennes. Il y a ce que l’on a vu, mais qu’on ne peut révéler: pourquoi ?

    J-L TREMBLAIS : Ce livre m’a été inspiré par une citation d’Henri Béraud, grand reporter de l’entre-deux guerres, l’égal d’Albert Londres et de Joseph Kessel, Prix Goncourt 1922 pour Le Martyre de l’obèse. Dans le Flâneur salarié, qui rassemble ses souvenirs de reportages, il écrit cette phrase ô combien pertinente : « Le journalisme est un métier qui consiste à passer la moitié de sa vie à parler de ce que l’on ne connaît pas et l’autre moitié à taire que l’on sait ». Désormais libéré de mon devoir de réserve, puisque je ne suis plus en activité, j’ai décidé de ne plus « taire ce que je sais » pour reprendre la formule de mon maître Béraud. En effet, les limites inhérentes à la presse écrite (calibrage, pagination, bienséance, déontologie, etc.) sont pour moi abolies. Un reportage n’est jamais qu’un résumé présentable et publiable d’une expérience qui s’est inscrite dans la durée, avec ses hauts et ses bas. Une infime portion du vécu réel. Dix feuillets pour raconter plusieurs semaines de péripéties, c’est peu, on en conviendra. Le grand reporter n’est pas censé détailler ce qui s’est véritablement passé : les ratés, les échecs, les refus, les humiliations, les arrestations, les dérapages ou les débandades. Il est là pour témoigner d’un événement tout en occultant les dessous du récit, soit le cambouis de la machine Presse. C’est ce « non paru », ce « non publié », que j’ai souhaité faire revivre en contre-champ de chaque reportage, de sorte que le lecteur puisse lire « entre les lignes » (de front et/ou de prose) et découvrir les dessous du papier glacé, pas toujours héroïques, parfois ridicules, mais toujours humains.

     

    Devoir malgré tout composer avec l’idéologie dominante

    ÉLÉMENTS. Il convient également de ne pas heurter la doxa du moment. Votre ouvrage, où vous nous livrez les dessous de vos reportages, est-il à lire comme une sorte de séance de rattrapage ?

    J-L TREMBLAIS : La doxa dont vous parlez, autrement dit l’idéologie dominante, il faut faire avec, vous avez raison. Arriver à transmettre un message politiquement incorrect dans un article n’est pas toujours facile mais on y arrive plus ou moins, jusqu’au jour où le grand écart et le slalom géant deviennent trop éprouvants pour votre organisme vieillissant. Personnellement, j’avoue que la crise COVID et la guerre d’Ukraine (deux sujets où j’étais en désaccord avec ma direction, alignée sur le narratif officiel) ont été décisives dans mon choix de raccrocher les gants. On ne peut pas être et avoir été (« has been », dans la langue de Shakespeare). Et comme je suis « has been », je vous répondrai que cet ouvrage n’est pas une séance de rattrapage. Rattraper quoi ? Mon avenir n’est pas devant moi, mais derrière moi…

    ÉLÉMENTS. On aurait pu croire que la parole d’un reporter de guerre, qui risque sa vie sur le terrain, valait un peu plus que celle d’un confrère, souvent simple analyste de bureau se contentant de répéter ce qu’il a lu chez d’autres confrères et qui, lui, ne risque jamais rien d’autre que sa place. Le lecteur peut y perdre ses dernières illusions quant à la profession. Et vous, que reste-t-il de celles de vos débuts ?

    J-L TREMBLAIS : N’ayant jamais conçu d’illusions sur cette profession, j’ai la chance de n’en avoir jamais perdues. On ne peut pas vous déposséder de ce que vous ne possédez pas, n’est-ce-pas ? Quand je vois les « confrères » et « consœurs » qui se relaient sur les plateaux de LCI, BFM, Cnews et tutti quanti, je me pince pour savoir si je rêve. Ils/elles sont tous « spécialistes » de l’Ukraine ou du Proche-Orient alors que, pour les trois-quarts, ils/elles (ce n’est pas que je sacrifie à l’écriture inclusive mais le journalisme est aujourd’hui colonisé par la gent féminine) n’ont jamais voyagé plus loin que l’Assemblée Nationale ou les studios de Beaugrenelle-Billancourt. Le summum, c’est quand on leur demande un avis technique sur le missile machin ou le blindé trucmuche. Et qu’ils répondent ! Sans vergogne et avec aplomb, qui plus est ! Alors que nul d’entre eux, nul d’entre elles, n’a entendu siffler une balle à ses oreilles, si ce n’est une balle de tennis… Le journaliste contemporain est un perroquet apprivoisé qui ne pense qu’au cachet, au salaire, à la notoriété et à la célébrité. Au fric et à la frime, pour résumer. Si j’ai choisi le métier de grand reporter (distinct de celui de journaliste), c’est justement pour fuir ces Rastignac de rédaction. Or quel était le seul endroit où on était sûr de ne pas les croiser ? Dans les zones de guerre, évidemment, là où on n’a rien à gagner, mais que des coups à prendre.

     

    « La vérité de la vérité, c’est la guerre », affirmait Michel Foucaut

    ÉLÉMENTS. Puisqu’il s’agit de ne rien cacher aux lecteurs d’Éléments, autant dire la vérité : je vous ai connu au siècle dernier, dans ce que l’on peut nommer la « presse dissidente ». Ce qui m’avait marqué chez vous, c’était une sorte de misanthropie assez célinienne. Après plus de vingt-cinq ans de métier, passés dans des conditions pour les moins inconfortables, désespérez-vous toujours autant de l’âme humaine ?

    J-L TREMBLAIS : Oui, nous étions des dissidents et des précurseurs. Nous avions raison sur tout, mais trop tôt. Et les « autres » ont gagné, ceux qui sont aux commandes. C’est pour cette raison que ni vous ni moi ne présentons le JT de 20 heures, que vous faites des piges pour Éléments et que je fais des livres qui ne se vendront pas (rires) ! Ce que j’ai constaté au cours de mes pérégrinations, c’est que, quelle que soit la longitude ou la latitude, l’être humain n’aime rien tant que faire du mal à son prochain, souvent plus par plaisir que par besoin. Depuis l’époque des cavernes, il excelle en ce domaine. Michel Foucault l’énonçait en ces termes : « La vérité de la vérité, c’est la guerre. » Le reste n’est que littérature. Le comble, c’est que le bipède ne se comporte pas mieux dans la paix. On le voit bien dans nos sociétés occidentales, gavées et châtrées. La violence et la cruauté y sont même plus pernicieuses : État rapace et vorace, lutte des classes et des races, exclusion des pauvres et des faibles, mort des campagnes, etc. En somme, « les hommes sont lourds », comme disait Céline…

    ÉLÉMENTS. Toujours à propos de l’humanité, une chose me frappe dans votre ouvrage, c’est que grande est l’impression que, de l’Afrique noire au Sud-Est asiatique, du Maghreb jusqu’au Machrek, les idéologies ne sont finalement que des habillages et que les appartenances ethniques, tribales, religieuses et culturelles finissent tôt ou tard par reprendre le dessus. Mais peut-être vous ai-je mal lu ?

    J-L TREMBLAIS : Vous avez très bien lu, dans et « entre les lignes ». Les Néandertaliens se défonçaient à coups de massues et de casse-têtes pour le contrôle d’un feu, d’une femme ou d’un cuissot de mammouth. Au moins, c’était clair et net. Rien n’a changé depuis sauf qu’on a effectivement « habillé » cet instinct de mort avec des idéologies. Pour justifier l’injustifiable. Or les idées sont fluctuantes et dépendent des modes. En revanche, les haines ancestrales, tribales ou ethniques, culturelles ou religieuses, ne varient pas d’un iota. Elles donnent le tempo du carnage, toujours.

     

    Le rôle mortifère des ONG

    ÉLÉMENTS. Pareillement, vous paraissez en avoir soupé, de la dose quotidienne de moraline humaniste. À ce propos, quid du rôle des ONG, censées soulager les peuples en proie aux guerres civiles, mais dont on est en droit de se demander si elles ne sont pas les épigones de puissances étrangères. En d’autres termes, il n’y a pas que des hommes des services secrets dans ces officines humanitaires, mais tous les hommes des services secrets y sont. Simple vue de l’esprit ?

    J-L TREMBLAIS : Je vais user d’une métaphore zoologique : les ONG sont aux guerriers ce que les rémoras sont aux requins. Elles se nourrissent des restes du prédateur, dans une symbiose parfaite. Savez-vous qu’on en recense dix millions dans le monde, selon le chercheur Thomas Davies dans Routledgge handbook of NGOs and International Relations ? Avant d’être un faux-nez pour les barbouzes (parfois mais pas toujours), c’est d’abord une remarquable entourloupe. Sous couvert de faire le bien, l’« humanitaire » roule en 4X4 et vit en nabab (souvent servi par des boys indigènes), son salaire étant payé par les donateurs privés ou par les subventions publiques. Je connais bien ces parasites qui, sur place, frayent entre eux dans leurs villas de luxe, sans se mélanger, tout en tenant des discours tiers-mondistes et progressistes : « Aimez-vous les uns les autres. Mais nous, on s’aime entre nous ! » Et quand ces bons-à riens prétentieux rentrent chez eux, c’est pour se pavaner avec l’aura du baroudeur et le prestige du bienfaiteur. Une engeance !

    ÉLÉMENTS. D’ailleurs, à en croire le simple exemple du Rwanda, dans la région des Grands lacs, ces mêmes ONG et leurs complices médiatiques semblent avoir tout mis en œuvre pour désigner la France comme complice des massacres entre Hutus et Tutsis. Mais il est vrai que cette partie du monde abrite des trésors en ses sous-sols. Soit de quoi provoquer nombre de convoitises. Mais pourquoi faut-il que cette vulgate soit reprise par nos médias ? À part Hubert Védrine, il ne s’est pas trouvé grand monde pour venir au secours de l’honneur de nos soldats qui, à en croire le colonel Jacques Hoggar, ont pourtant tout mis en œuvre pour éviter ces massacres…

    J-L TREMBLAIS : L’affaire du Rwanda est un cas exemplaire de désinformation. Pendant quatre ans, avant le massacre de 1994, la France a tout fait pour empêcher cet holocauste, notamment en y dépêchant des forces spéciales. Objectif : éviter la descente des Tutsis, qui faisaient partie de l’armée ougandaise (anglophone), vers Kigali. Car nos services secrets savaient qu’un génocide était programmé. L’armée française a rempli sa mission, mais son chef (selon la Constitution de 1958) était le Président de la République. Or, François Mitterrand venait de lancer sa croisade contre la « Françafrique » et ne jurait plus que par l’effacement de notre mainmise-présence sur le continent africain. Il a donc interdit à l’état-major de faire le nécessaire, ce qui était militairement réalisable, mais ne serait pas passé inaperçu. C’est donc justement parce que nos soldats ne sont pas intervenus (veto de l’Élysée) que le pire a eu lieu. Erreur dont les Américains, qui soutenaient l’Ouganda et les Tutsis, ont profité, faisant d’une pierre deux coups : évincer Paris de la région des Grands Lacs et faire main basse (via le Rwanda de Paul Kagame) sur les richesses minières de cette région limitrophe avec la République démocratique du Congo. Nos médias, qui se complaisent dans le mea culpa et la mauvaise conscience post-coloniale, ont fait ce qu’ils font le mieux : taper sur la France, responsable de tous les maux et les vices de l’Afrique, comme il se doit… Sous le regard extatique de Washington et des multinationales anglo-saxonnes. CQFD.

     

    Quid de notre pré carré africain ?

    ÉLÉMENTS. Toujours dans le même registre, la France vient d’être chassée de son « pré carré africain ». Défaite ou bon débarras ? Les Russes et les Chinois paraissent nous remplacer. Bonne ou mauvaise nouvelle pour les Africains ?

    J-L TREMBLAIS : Il n’y a pas eu défaite puisqu’il n’y a pas eu combat. Les pays qui nous expulsent ne sont forts que par nous sommes faibles. Il eût suffi d’une compagnie de Légion à Ouagadougou pour calmer les esprits et mater les putschistes. À la chicotte et sans même sortir un calibre. On n’est pas partis, on s’est couchés. Position qu’affectionne Emmanuel Macron ; tout le monde sait ça. Ce pourrait être un « bon débarras » si nous étions cartiéristes, « La Corrèze plutôt que le Zambèze », affirmait jadis le journaliste Raymond Cartier. Hélas, je crains que nous refassions les mêmes erreurs qu’avec l’Algérie en 1962 : on continuera de payer pour des gens qui nous crachent dessus. En sexologie, ceci porte un nom : c’est le masochisme, la jouissance dans la douleur, la soumission et l’humiliation. En politique, on appelle ça la décadence et la lâcheté. Quant aux Africains, ils ont commencé à s’en apercevoir avec les mercenaires de Wagner et Africacorps, je ne suis pas certain qu’ils aient gagné au change. Ils reviendront vers nous, comme des enfants penauds reviennent chouiner vers papa/maman mais ce sera trop tard : la France n’existera plus.

    ÉLÉMENTS. L’africaniste Bernard Lugan affirme que la pire erreur qu’on puisse faire à propos de ces populations consiste à les considérer comme des « Européens pauvres », alors qu’ils participent d’une autre culture et que là-bas, l’opposition récurrente se situe plus entre paysans et éleveurs qu’entre Africains démocrates et Africains autoritaires. Et le même d’affirmer que s’il a parfois défendu la colonisation quand elle était attaquée de manière injuste et stupide, ce fut malgré tout une erreur majeure d’aller bouleverser les mœurs de ce continent dont la culture n’est finalement pas plus incongrue que celle des occupants. Après tout, le polythéisme africain n’est pas plus incongru que le folklore panthéiste professé par les francs-maçons…

    J-L TREMBLAIS : J’adhère totalement aux thèses de Bernard Lugan, le meilleur de nos africanistes. Les Français ont une vision tronquée de l’Afrique, transposant là-bas nos mentalités et nos traditions. C’est objectivement une forme de néo-colonialisme, porté par les ONG précitées, les médias grégaires et nos diplomates du Quai d’Orsay (les « danseurs de claquettes » de Sciences Po, selon l’expression de mon ami Lugan). Ce qui se joue depuis toujours sur le continent africain, c’est la lutte pour les terres (et donc pour la survie) entre, d’une par les pasteurs nomades, et d’autre part, les agriculteurs sédentaires. Les peuples de la lance et de la vache contre les peuples de la glèbe et de la houe. C’est ce décryptage qu’il faut appliquer au Rwanda (Tutsis contre Hutus) ou au Mali (Touaregs contre Bambaras), par exemple. Les frontières ou les idées n’y ont aucune espèce d’importance. Je vous rejoins lorsque vous déplorez ce qu’on appelait le « fardeau de l’homme blanc » sous la Troisième république République, j’entends par là notre obsession – celle de la gauche, façon Jules Ferry – à vouloir exporter et imposer nos mœurs, us et coutumes à des peuplades qui avaient déjà les leurs. C’est le péché originel de la République française, que nous payons au centuple aujourd’hui…

     

    Israéliens et Palestiniens : tous terroristes !

    ÉLÉMENTS. Quid des Américains, qui distribuent les bonnes notes, jugeant que tel ou tel État est « voyou » ou ne l’est pas ?

    J-L TREMBLAIS : Les Américains ? « Vaste programme », comme répondit un jour le Général de Gaulle à un ministre qu’i l’exhortait à « s’occuper des cons »… De qui parle-t-on ? Des vrais, à savoir les Amérindiens, peuples libres et fiers, ceux qui vivaient dans les grandes plaines, sans contraintes ni entraves, avant l’arrivée de l’homme blanc ? Ou de ceux qui les ont exterminés, avec le fusil et l’alcool, en moins d’un siècle, c’est-à-dire tous les rebuts de l’Europe (de la prostituée ostracisée au prédicateur excommunié, en passant par le forçat ou le convict proscrits), au nom de la Bible et de la « destinée manifeste » ? Qui est le « voyou » dans cette affaire ? Pour moi, « les » voyous sont les États-Unis, cette entité monstrueuse sans passé ni ADN, faite de bric et de broc, enfantée dans la douleur et la violence (vol des terres, extermination des indigènes, commerce triangulaire, traite des Noirs, esclavage des plantations, guerre de Sécession, culte du pétard et de la potence, loi du Talion, etc.), qui ose désormais faire la morale à la planète. C’est cette nation qui règne sur la moitié du monde depuis 1945 et sur son entièreté depuis 1989 (la chute de l’URSS) ! C’est cette nation qui fait le catéchisme et décrète qui sont les « good guys » et les « bad guys » ! C’est cette nation qui est l’arbitre des élégances morales ! Et ce, alors que toutes les guerres menées par Washington depuis celle de Corée sont hors-la-loi. Pour ces cowboys enrichis et surarmés, le droit international n’existe pas. Toutes leurs interventions militaires le démontrent, du Vietnam à Panama, de la Serbie à l’Irak, en passant par l’Afghanistan. Il n’y a qu’un seul « État-voyou », le capo di capo, le parrain des parrains, le cador du mitan, le serial-killer de l’Histoire (souvenez-vous d’Hiroshima et Nagasaki), c’est l’Oncle Sam.

    ÉLÉMENTS. Il ne vous a pas échappé que la question israélo-palestinienne est au cœur de l’actualité. Là encore, on évoque le terrorisme du Hamas, qui est avéré. Mais quid du terrorisme d’État, celui d’Israël, qui a récemment bombardé un État souverain, le Qatar ? D’ailleurs, dans cette région du monde, les peuples qui la composent n’ont-ils pas été, à un moment ou à un autre, des terroristes avant de fonder des États constitués ?

    J-L TREMBLAIS : Non seulement cela ne m’a pas échappé mais je n’en peux plus de vivre à l’heure de cette « chikaya » familiale, sur laquelle le monde, en général, et la France, en particulier, se focalisent. J’ai l’impression de vivre entre la Judée et Gaza, alors que j’habite dans les monts du Lyonnais ! Dans le pays du « tablier de cochon », cette spécialité gastronomique et identitaire que je vous recommande, à moins que votre confession vous l’interdise, bien sûr… Peu me chaut, à moi, que des cousins brouillés (la tribu d’Ismaël – les Arabes – contre celle d’Isaac – les Juifs –, cf. le Pentateuque et le chapitre relatif à Abraham) s’étripent pour des oliviers, des chevrettes et des mers mortes. J’ai effectué une dizaine de reportages en Israël et en Cisjordanie (et aussi dans la bande de Gaza). Ma conclusion : il n’y a aucune solution pacifique tant le contentieux est multiforme (embrouilles bibliques, tracé des frontières, statut de la Ville Sainte, incompatibilités religieuses, etc.). Terrorisme ? Si les Juifs ne l’avaient pas pratiqué après-guerre (je pense aux groupes armés sionistes comme l’Irgoun ou Stern), jamais ils n’auraient pu chasser les Anglais qui administraient la Palestine et les Arabes qui y habitaient. En face, les autres ne valent pas mieux, surtout depuis la radicalisation de l’Islam et la régression que cela induit. En réalité, on a affaire à un conflit entre des fanatiques possédés par une conception dévoyée de leur Dieu. Mais il ne faut jamais oublier que le litige premier est purement territorial : au nom de la Shoah, on a légitimé la création ex nihilo d’un État israélien et l’expropriation manu militari des Palestiniens. À cet égard, j’aime à citer Cioran dans L’inconvénient d’être né : « Hitler est sans aucun doute le personnage le plus sinistre de l’Histoire. Et le plus pathétique. Il a réussi à réaliser le contraire, exactement, de ce qu’il voulait, il a détruit point par point son idéal. »

    Jean-Louis Tremblais, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 24 octobre 2025)

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  • Raphaël Glucksmann, l’atlanto-mondialiste qui se rêve à l’Élysée...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Camille Galic, cueilli sur le site de Polémia et consacré au parcours de Raphaël Glucksmann, l'homme qui veut succéder à Macron en 2027...

     

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    Raphaël Glucksmann, l’atlanto-mondialiste qui se rêve à l’Élysée

    Le 7 octobre, en pleine crise gouvernementale, Raphaël Glucksmann, conducator de Place Publique, était reçu à Matignon par Sébastien Lecornu avec toute la pompe requise, à l’instar des autres chefs des « grands » partis (à l’exception de La France insoumise et du Rassemblement national, non invités car favorables à une nouvelle dissolution) et l’on évoquait sa présence à un poste prestigieux dans le gouvernement en formation. Au même moment, une avalanche de sondages sur le premier tour de la prochaine présidentielle lui prédisait 14 à 16 % des suffrages. Ce qui ferait de lui, certes très loin de Marine Le Pen ou de Jordan Bardella, crédités par tous les instituts de 33 à 35 % des voix, un sérieux candidat pour le second tour puisque, au premier, son score dépasserait celui de Bruno Retailleau et de Gabriel Attal et le placerait au niveau de Jean-Luc Mélenchon ou de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe. Il lui suffirait donc de rameuter suffisamment de bobos, de gogos et même d’aristos et de cocos pour se poser en barrage contre le « fascisme », et l’emporter avec l’aide des médias qui lui sont tout acquis.

    Une Place Publique bien dépeuplée

    Mais qu’est donc Place Publique, dite PP et revendiquant dix mille adhérents ? Une resucée de « Nuit debout », mais propre sur elle et débarrassée de ses oripeaux et de ses arguments trop antifas. Selon son fondateur et ses groupies (Aziliz Gouez, Caroline Kamal, Jérôme Karsenti, Thierry Kuhn, Jo Spiegel, André Aahiud, etc.), le parti articulé « autour de quatre urgences : écologique, démocratique, sociale et européenne », a vocation à se structurer sur tout le territoire français et au-delà, à travers l’Europe, à multiplier les réunions publiques, à contrer les lobbies et à bouleverser le champ politique.

    Pour se consacrer à ce vaste programme, Raphaël Glucksmann avait, du reste, théâtralement renoncé, le 29 novembre 2018, à participer sur France Inter au Grand Face à face dont il était un habitué — et où il fut remplacé par Gilles Finchelstein.
    Néanmoins, pour ce qui est de bouleverser le champ politique, le but fut raté : associée au Parti socialiste, PP n’obtint que deux sièges lors des élections européennes de 2019, dont un, bien sûr, pour son leader. Auxquelles les élections européennes de 2024 ne furent guère plus favorables puisque, toujours associée au PS, seuls trois sièges lui furent attribués, malgré un indécent soutien médiatique. Dû essentiellement au copinage, mais aussi à son adhésion forcenée aux thèses ukrainiennes, à son refus de condamner les atrocités commises par Tsahal dans la bande de Gaza ou la colonisation à marche forcée de la Cisjordanie, et à ses positions ultralibérales sur la tsunamigration.

    Raphaël Glucksmann avait en effet défendu la création de voies d’immigration légales en Europe, proposant le développement de quotas basés sur les besoins économiques des États et la nécessité de « répondre à la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs », quitte à faire baisser les salaires. Et tant pis pour les travailleurs européens, dont se fiche d’ailleurs l’État profond américain — initiateur du wokisme — dont Glucksmann est le commis-voyageur.
    Ce que pressent une partie de l’électorat, puisque Place Publique, bien que ralliée au Nouveau Front populaire, ne réussit à faire élire, aux législatives anticipées de juillet 2024, qu’un député, Aurélien Rousseau, éphémère ministre de la Santé dans le gouvernement Borne, après avoir dirigé l’Agence régionale de santé d’Île-de-France — alors même que son épouse Marguerite Cazeneuve bossait pour un laboratoire pharmaceutique, ce qui posait un problème d’éthique.

    Trois eurodéputés, deux sénateurs, un seul député national et 8 % seulement des voix le 28 septembre pour le candidat de Place Publique, éliminé lors de la législative partielle dans la 5e circonscription de l’étranger. Autant dire qu’en soi, ce parti ne pèse rien. Mais il peut compter sur la médiaklatura française comme anglo-saxonne pour faire mousser cet « aventurier des temps modernes » — cf. Courrier international.

    Petit-fils d’un agent de Staline

    Comme nul ne l’ignore, l’avantageux Raphaël est le fils du défunt maoïste puis néo-philosophe André Glucksmann, l’un des idéologues de Mai 68 avec ses acolytes Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut et Pascal Bruckner, avant de verser dans le néo-conservatisme à l’instar des trotskistes américains Richard Perle, Caspar Weinberger ou Paul Wolfowitz, les boutefeux des guerres contre l’Irak sous les deux présidences Bush.
    Et ses aïeux sont tout aussi intéressants. Sa grand-mère maternelle, la future philosophe Josette Colombel, issue d’une famille d’extrême gauche mais mariée à un militant de l’Action française qu’elle trompa allègrement, adhéra au Parti communiste en 1943 avant de créer, avec Jeannette Vermeersch, l’épouse de Maurice Thorez, l’Union des femmes françaises, puis quitta le PCF en 1968 pour se rapprocher de Jean-Paul Sartre et lancer le Secours rouge, rival vite oublié du Secours populaire.

    Quant à son grand-père paternel, Rubin Glucksmann, né austro-hongrois dans l’actuelle Ukraine et agent de renseignement du GRU (renseignement militaire soviétique), il gagna la France en 1935, mais continua ses activités pour le Komintern au sein de la Wostwag, qui livrait du matériel aux républicains espagnols. C’est d’ailleurs en l’honneur du Petit Père des peuples que ce stalinien d’élite donna Joseph comme premier prénom à son fils André.

    On comprend qu’issu d’une telle lignée, Raphaël proclame dans son pamphlet Génération Gueule de bois. Manuel de lutte contre les réacs (Allary Éditions, 2015) : « Nous sommes tous des flics juifs arabo-martiniquais, dessinateurs libertaires, prophètes clients de supérette kasher, Clarissa, Stéphane, Ahmed, Yoav ou Franck. » Et qu’il rêve du jour où « les communautés nationales, ethniques ou religieuses [vont] se dissoudre dans une acculturation planétaire émancipatrice, les individus se débarrasser des contraintes et des carcans, des églises et des partis, du temps et de l’espace, pour former une société globale libre et pacifiée » (1).

    C’est donc à bon droit que Le Monde pouvait écrire le 21 mars 2014, non sans cruauté : « La révolution, c’est son rayon […] À 34 ans, Raphaël Glucksmann a fait des soulèvements nationaux son fonds de commerce. Après la Géorgie, c’est en Ukraine qu’il conseille les leaders pro-Europe […] S’il devait définir sa fonction aujourd’hui, il dirait “consultant en révolution”. “Mais ça n’existe pas” […] Se mobiliser pour une cause française, ce serait déchoir ? “Ça ne m’a jamais fait vibrer de manifester pour les retraites”, répond-il. »
    Une phrase que l’intéressé regrette amèrement aujourd’hui…

    Mai 68, naissance de la société black-blanc-beur

    Né en 1979, le « fils Glucks » entre dans la carrière politique en 2004 en coréalisant avec quelques potes, dont David Hazan et Michel Hazanavicius (futur récipiendaire d’un Oscar pour le film The Artist), Tuez-les tous !, un documentaire frénétiquement antifrançais sur le Rwanda, où, à son initiative, l’Union des étudiants juifs de France organise dans la foulée des voyages d’études. L’année suivante, il lance de nouveaux voyages d’études, cette fois pour « sauver la culture tchétchène » menacée par le bulldozer russe. Voyages financés, selon l’AFP du 21 juillet 2005, par « des donations privées (Fondation Soros notamment) et subventions publiques (mairie de Paris, région Île-de-France) », car l’objectif est de « former une élite à la démocratie », comme l’ont fait les ONG américaines. Parallèlement, il contribue à la revue Le Meilleur des mondes, émanation du très atlantiste Cercle de l’Oratoire.

    Puis, avec son père, il signe Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy (Denoël, 2008), où il proclame que, « sans son slogan le plus fou, “Nous sommes tous des juifs allemands !”, jamais [Nicolas Sarkozy] n’aurait pu être président de la République ». Dans Le Point, il confirme à ceux qui en douteraient que « 68 est une assomption du déracinement qui a donné la société “black-blanc-beur”, multiculturelle et ouverte dans laquelle nous vivons. Qu’est-ce qui symbolise mieux l’abolition des frontières que le juif errant ? »

    En Géorgie, Birkin arme absolue contre Poutine

    C’est justement pendant l’été 2008, quand le très américanolâtre président géorgien Mikheil Saakachvili lance une attaque contre l’Ossétie du Sud voisine, restée fidèle à Moscou, que la révolution devient réellement « son fonds de commerce ». Bernard-Henri Lévy le presse de partir, lui aussi, à Tbilissi, ce qui, dit-il, va « déclencher un virage radical dans [s]on existence ». Très bien accueilli par le gouvernement Saakachvili, formé de son propre aveu de « jeunes gens dont la double nationalité américaine, anglaise, fait ressembler Tbilissi à une Babel occidentale plantée au cœur du Caucase », il multiplie les initiatives pour narguer les Russes et ancrer les Géorgiens dans l’Occident. Par exemple, « un concert géant près de la frontière abkhaze avec Youssou N’Dour, MC Solaar et Jane Birkin, amie de la famille » — cf. Le Monde du 5 octobre 2011.
    Birkin contre Poutine, il fallait y penser !

    Mais il n’y a pas que la chansonnette et le rap dans la vie. Entre-temps, Raphaël Glucksmann, qui fréquente assidûment la jet-set tbilissienne, a épousé en 2009 une étoile de la nomenklatura locale, Ekaterina, dite Eka, Zgouladzé. Depuis 2004, Eka, qui a fait ses études outre-Atlantique, est au service de l’antenne géorgienne de la Millennium Challenge Corporation (MCC), un fonds de développement américain fondé par George W. Bush en 2002, conçu par le National Security Council et soutenu par sa directrice d’alors, Condoleezza Rice (plus tard patronne de la diplomatie états-unienne de 2005 à 2009, sous le second mandat du même Bush). Mais voici bientôt Mme Glucksmann bombardée vice-ministre de l’Intérieur de Géorgie, qu’elle travaille assidûment à faire intégrer à l’OTAN.

    Ukraine : grandeur et décadence d’une princesse

    Las, les élections législatives de 2012 puis la présidentielle de 2013 sont fatales au clan (ou au gang, tant la Géorgie est mise au pillage) de Saakachvili. Au grand dam de son conseiller spécial qui, dans Libération (du 20 avril 2015), reconnaîtra avec une certaine naïveté : « On n’a rien vu venir. On s’adressait aux citoyens comme à des actionnaires d’une entreprise nationale alors que nos adversaires parlaient à leur âme. »
    Toutefois, une nouvelle aire de jeux s’offre bientôt au couple : l’Ukraine, où se multiplient les manifs de l’Euromaïdan pour l’adhésion à l’Union européenne et contre le président en place Viktor Ianoukovitch, trop proche du Kremlin. Fin 2013, Raphaël se rue à Kiev où il devient l’intime et le conseiller politique richement rémunéré du maire Vitali Klitschko, un ancien boxeur, puis de la blonde Ioulia Timochenko, ancien Premier ministre. Son obsession : convaincre les oligarques ukrainiens que, « s’ils veulent prouver qu’ils sont devenus pro-européens, ils doivent aider les autres (Biélorusses, Russes, Géorgiens) à faire leur révolution », déclare-t-il dans Le Monde du 21 mars 2014.
    De son côté, son épouse renonce sans états d’âme à la nationalité géorgienne pour être à nouveau nommée vice-ministre de l’Intérieur… mais cette fois en Ukraine, dans le second gouvernement Iatseniouk !

    Ekaterina Zgouladzé, qui se décrivait elle-même dans Le Figaro du 20 juin 2011 comme une patriote géorgienne et, surtout, « une princesse au comportement impeccable », n’en est pas à une contradiction près. Elle qui avait juré, en prenant ses fonctions à Kiev, de se vouer corps et âme à la lutte contre la corruption est arrêtée en décembre 2015 à l’aéroport international de Kiev-Boryspil, avec des valises pleines de billets — entre dix et quatorze millions de dollars qui, selon Vasyl Gritsak, le chef des services secrets ukrainiens (SBU), auraient été détournés des sommes allouées à la réforme… de la police, dont elle était justement chargée !

    Léa Salamé : quel bonheur d’avoir un père (et une sœur) !

    Le scandale épargne Raphaël Glucksmann, divorcé en 2014, rentré seul à Paris et toujours très présent dans les médias, cette fois pour son idylle avec Hala, dite Léa Salamé, étoile montante de l’audiovisuel d’État croisée dans l’émission On n’est pas couché — ça ne s’invente pas.

    Mais ces deux-là étaient faits pour se rencontrer. Comme Raphaël est « fils de », Léa est « fille de », et tous deux appartiennent à la fine fleur du cosmopolitisme à la sauce ketchup.
    Par sa mère arménienne, la Beyrouthine Léa, évidemment inscrite gamine à l’École alsacienne, où elle côtoie tous les rejetons des membres du « Siècle », la côterie « au cœur du pouvoir » décrite par Emmanuel Ratier, est issue de la dynastie Boghossian, opulents diamantaires et joailliers ayant pignon sur avenue chic de Rio à Bruxelles, où la famille a racheté le château du baron Empain. Par son père Ghassan, de confession grecque-catholique, diplômé de multiples universités dont la Sorbonne et l’université américaine de Beyrouth, ministre libanais de la Culture de 2000 à 2003 dans le gouvernement du richissime Rafiq Hariri (logeur et bienfaiteur à Paris du couple Chirac après le double mandat de celui-ci), puis derechef à partir de janvier 2025 dans le gouvernement de Nawaf Salam, elle est introduite dans tous les cénacles internationaux.

    Professeur d’université, politologue et surtout lobbyiste d’élite, Ghassan Salamé, ancien Rockefeller Fellow en relations internationales, ancien guest scholar de la Brookings Institution de Washington (émanation du Council on Foreign Relations et lieu de rencontre des démocrates mondialistes), ancien conseiller spécial du Ghanéen Kofi Annan, alors président de l’ONU, puis envoyé spécial de l’ONU en Irak, ce diable d’homme trouve le temps d’enseigner au CNRS, à Paris-I et à Sciences Po Paris, où, rappelait Emmanuel Ratier, « il deviendra, en novembre 2008, le premier “joint professor” entre Sciences Po et la Columbia University dans le cadre du programme “Alliance”. Depuis septembre 2010, il dirige la Paris School of International Affairs de Sciences Po (financée par la Fondation MacArthur à hauteur de 80 000 dollars), où les cours sont dispensés en anglais et où la quasi-totalité des étudiants sont étrangers, car le programme ambitionne de former les élites mondialisées des pays émergents. »

    On ne s’étonnera donc pas de liens si étroits entre Salamé père et le multimilliardaire George Soros, que ce dernier l’imposa à la direction de l’Open Society, sa fondation prétendument humanitaire, très active désormais dans l’accueil aux migrants, et comme président du conseil d’administration de l’International Crisis Group, basé à Bruxelles. Lobby mondialiste où siégeaient notamment Javier Solana, ancien secrétaire général de l’OTAN, et le général Wesley Clark, né Kanne, commandant suprême des forces alliées de l’OTAN en Europe lors de l’agression contre la Yougoslavie au printemps 1999 — c’est à cet officier qu’on doit la fameuse phrase prononcée en 2004 : « Il ne doit plus y avoir de place en Europe pour les peuples non métissés. Les peuples non mélangés appartiennent aux idées du XIXe siècle. » Une prédiction hélas en bonne voie de réalisation.

    Et comme si cela ne suffisait pas, Louma, la sœur de Léa, a épousé en juillet 2011 le comte Raphaël de Montferrand, fils de l’ambassadeur de France Bernard de Faubournet de Montferrand, ce dernier ancien conseiller diplomatique du Premier ministre Édouard Balladur, puis directeur de cabinet du ministre de la Coopération Michel Aurillac, et bien évidemment membre, lui aussi, du Siècle.
    Après la « princesse » Eka Zgouladzé, la sœur d’une comtesse. On voit que Glucksmann choisit bien ses compagnes.

    “En marche”… vers la présidence ?

    Et quand ses amours avec la seconde font accéder le petit-fils d’un agent communiste à la haute aristocratie, puisque le beau-père de Louma préside depuis 2013 l’influente Société des Cincinnati de France, regroupant les nobles descendants du marquis de Lafayette et de ses amis venus, à partir de 1777, épauler les insurgents américains contre le colonisateur anglais, société qui refusa toujours d’intégrer le parvenu Valéry Giscard d‘Estaing, c’est encore plus profitable.
    Comme le sont, de l’autre côté du prisme, les gros titres des magazines people, très lus par « la ménagère de plus de 50 ans », consacrés à l’attelage Raphaël-Léa, si glamour. Surtout depuis que, heureux hasard, Salamé s’est vu offrir, en septembre dernier, par Delphine Ernotte, patronne de la télévision d’État, ce graal audiovisuel qu’est la présentation du journal vespéral de France 2. Où elle a d’ailleurs commencé en fanfare en confondant, à l’occasion du procès Sarkozy, Claude Guéant et Henri Guaino. Sans doute cette ancienne étudiante à l’université de New York connaît-elle mieux l’Establishment de la côte Est.

    La visibilité de sa compagne et son aura personnelle suffiront-elles à permettre au commis-voyageur de la nouvelle révolution permanente made in US de conquérir l’Élysée lors de la prochaine présidentielle ? C’est à l’évidence son objectif, mais ses électeurs potentiels feraient bien de méditer le jugement définitif porté sur lui par François Asselineau le 1er mai 2024 : « Glucksmann est le candidat quasi officiel de l’oligarchie euro-atlantiste. Il est mentionné tous les jours de façon très positive, alors que tout le monde sait que c’est un agent américain. […] Il a été le collaborateur de l’ancien président géorgien Mikheil Saakachvili, lui-même agent de la CIA, et qui est aujourd’hui en prison. Si cela ne vous suffit pas, il suffit d’écouter ce qu’il défend. Glucksmann soutient tous les intérêts géopolitiques américains. »

    Voici prévenu le peuple souverain. Si, par malheur, le « fils Glucks » succédait à Macron, la France, déjà protectorat américain grâce au « Mozart de la finance » qui brada tant de nos « pépites » industrielles à des trusts états-uniens, serait réduite à l’état de simple colonie.

    Camille Galic (Polémia, 15 octobre 2025)

     

    Note :

    (1) Comme beaucoup d’autres dans cet article, cette citation est tirée des remarquables portraits que le très regretté Emmanuel Ratier, disparu le 19 août 2015 à l’âge de 57 ans, consacra dans sa lettre confidentielle Faits et Documents à Raphaël Glucksmann (nos 408, 409, 414 et 420) et à sa compagne Léa Salamé (nos 389, 409, 413 et 416 de F&D). Dix ans après la disparition de notre confrère et ami, Faits et Documents reste, comme ses livres, dont les deux tomes de Au cœur du pouvoir, annuaire très commenté des membres du Siècle paru aux éditions Facta, une inestimable mine de renseignements pillée par tous les journalistes, quelle que soit leur couleur politique.

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  • Les néoconservateurs, une élite impériale...

    Les éditions Géopolitique profonde viennent de publier un court essai de Laurent Ozon intitulé Les néoconservateurs, une élite impériale.

    Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, premier promoteur de l'idée de remigration, Laurent Ozon est déjà l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

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    " Vous avez forcément déjà entendu le vocable « néocon » dans une conférence, un entretien, un article ou un livre au cours de ces dernières années. Il est de ces mots qui se répandent d'autant plus facilement que nul n'en possède une définition exacte. Celui-ci sert souvent à désigner des acteurs aux contours mal déterminés, exerçant des pouvoirs mal définis pour des objectifs largement incompréhensibles, même si les commentateurs politiques s'accordent sur le fait qu'il s'agit là d'un réseau de pouvoir incitant les États-Unis à une politique de leadership mondial assumée et brutale.

    Depuis le début du second mandat de Donald J. Trump et ses tentatives maladroites pour mettre fin au conflit en Ukraine, on constate que le réseau néocon n'est pas seulement actif à partir des États-Unis et qu'il exerce une influence lourde sur la politique de l'Union européenne et de la France. Et plus troublant encore, on observe qu'il semble capable, à partir de là, de contester la politique du gouvernement légalement élu par les citoyens des États-Unis, lorsqu'il juge cela nécessaire.

    Il est temps d'éclaircir ce qui pousse les peuples européens à consentir à une politique ayant détruit de nombreux États du Proche et du Moyen-Orient, fait des millions de morts et jeté près de 40 millions de réfugiés sur les routes et dans nos pays. Il est temps de comprendre la nature de ces forces qui nous poussent à une guerre contre la Russie, ou à subir sans réaction, une politique de prédation et d'humiliation au profit des États-Unis d'Amérique depuis des décennies.

    Par cet essai, Laurent Ozon espère contribuer à l'ouverture d'un débat public sur les « néoconservateurs », à la lumière de leur histoire, de leurs intellectuels clés et des effets de leurs actions. Un débat sans lequel nous risquons fort de continuer à subir des politiques, des réseaux et des intérêts étrangers qui nous détruisent."

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  • 250 ans de guerres secrètes de l'Amérique...

    Les éditions du Cerf viennent de publier un essai de Raphaël Ramos intitulé La puissance et l'ombre - 250 ans de guerres secrètes. Docteur en histoire et chercheur associé à l'Université Paul-Valéry Montpellier 3, Raphaël Ramos est spécialiste de l'histoire du renseignement et de la politique de sécurité nationale des États-Unis. Il est membre de la rédaction d'Intelligence Online.

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    " FBI, CIA, NSA, mais aussi DIA, DNI, NRO, NGA... Comment ces agences de renseignement sont-elles nées ? Comment leur pouvoir s'est il imposé ? Comment ont-elles mis sous surveillance le monde entier ? Voici, de la déclaration d'Indépendance à la guerre au Proche-Orient, 250 ans d'histoire du renseignement américain. De la guerre de Sécession à l'attaque sur Pearl Harbor, du fiasco de la baie des Cochons à l'élimination réussie de Ben Laden, de la méfiance des Pères fondateurs vis-à-vis du gouvernement jusqu'aux théories conspirationnistes entourant le Deep State, le renseignement a toujours été, pour les Américains, ce « mal nécessaire » devenu une clé et un symbole de leur puissance. Au pays de la liberté, comment légitimer la surveillance intérieure ? Comment justifier la manipulation extérieure ? Raphaël Ramos explore cette part d'ombre de l'Amérique, analyse la montée en puissance du renseignement américain, cartographie ses acteurs, raconte ses actions clandestines, démêle le vrai du faux et dément les idées reçues. Il démontre, aussi, le rôle central du pouvoir politique qui commande aux agences et les emploie, aux États-Unis comme aux confins du monde, pour servir sa quête d'hégémonie et ses rêves d'empire. Une grande fresque historique. Une autre histoire de l'Amérique. Docteur en histoire et chercheur associé à l'Université Paul-Valéry Montpellier 3, Raphaël Ramos est spécialiste de l'histoire du renseignement et de la politique de sécurité nationale des États-Unis. Membre de la rédaction d'Intelligence Online, il a notamment publié Une chimère américaine. Genèse de la communauté du renseignement des États-Unis, de la CIA à la NSA. "

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  • L’Europe sans bouclier : comment les États-Unis exploitent sa faiblesse géopolitique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Diego Marenaci, cueilli sur Euro-Synergies et consacré à la faiblesse géopolitique de l'Europe. Journaliste indépendant, Diego Marenaci est diplômé en Sciences Politiques et Relations Internationales.

     

    Bouclier brisé - Matériaux - Throne: Kingdom at War - Guide, la  description, l'aide pour le jeu / Version française

     

    L’Europe sans bouclier : comment les États-Unis exploitent sa faiblesse géopolitique

    Les négociations commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis sous l’administration Trump représentent un cas emblématique du déficit de projection stratégique de l’UE sur le plan géopolitique. Face à la menace de droits de douane américains, Bruxelles a opté pour une approche défensive, marquée par la volonté de contenir l’affrontement plutôt que de l’orienter. Cette attitude a mis en évidence trois limites structurelles: le manque d’unité politique entre les États membres, l’incapacité à exercer une pression symétrique sur Washington, et une dépendance générale au marché américain dans des secteurs clés.

    Plutôt que de répondre avec un plan d'action autonome, l’UE a fini par accepter des conditions imposées, sacrifiant une partie de sa crédibilité internationale en tant qu’acteur systémique. Cet épisode remet en question la cohérence entre son poids économique et son influence géopolitique effective, relançant le débat sur la capacité réelle de l’Union à s’affirmer comme puissance régulatrice et non seulement normative.

    Fragmentation européenne: une limite systémique

    La réaction des États membres à l’imposition des droits de douane américains a révélé le manque de cohésion interne. L’Allemagne, principal exportateur d'automobiles vers les États-Unis, a adopté une ligne souple pour protéger sa base manufacturière. La France, au contraire, a prôné une approche plus assertive, mettant en garde contre le risque d’un précédent déstabilisant pour l’ensemble du système commercial multilatéral. L’Italie a alterné déclarations ambiguës et positions tactiques. Ces divergences ont miné la crédibilité de négociation de la Commission européenne, entravant l’élaboration d’une ligne commune.

    Comme l’a souligné le Financial Times, ce désalignement a contraint Bruxelles à agir avec prudence, sacrifiant la force et la clarté de la négociation au nom d’une unité politique fragile. L’accord qui en a résulté est apparu davantage comme une synthèse des compromis internes à l’Union que comme une stratégie tournée vers l’extérieur.

    Ces fractures politiques et stratégiques ont été habilement exploitées par Washington, qui a su jouer sur les intérêts divergents pour obtenir des concessions significatives. L’absence de leadership partagé, conjuguée à l’absence d’un mécanisme décisionnel rapide et efficace en matière de politique étrangère et commerciale, a empêché l’Union de transformer sa puissance économique en influence géopolitique concrète.

    L’asymétrie structurelle des relations transatlantiques

    La négociation a également mis en lumière l’asymétrie structurelle qui caractérise les relations transatlantiques. Les États-Unis continuent à exercer une supériorité stratégique multidimensionnelle, fondée sur la primauté militaire, la domination de leurs chaînes de valeur mondiales et une grande capacité de pression diplomatique. L’UE, au contraire, demeure un acteur fonctionnellement dépendant : sur le plan énergétique, industriel et sécuritaire. La négociation ne s’est pas réduite à une simple question commerciale: l’Europe s’est vue imposer une série d’engagements géostratégiques, parmi lesquels l’achat de gaz, de pétrole et de puces pour l’IA pour une valeur d’environ 750 milliards de dollars, en plus de 600 milliards de dollars d’investissements européens aux États-Unis, et l’achat potentiel d’équipements militaires américains.

    L’UE apparaît ainsi dépourvue de « bouclier stratégique » autonome: comme l’a observé le commissaire européen au commerce Maroš Šefčovič, l’accord a relancé l’idée selon laquelle « il ne s’agit pas seulement de commerce, mais aussi de sécurité, de l’Ukraine, de l’actuelle volatilité géopolitique ». Cette réflexion suggère que l’Union aurait pu négocier différemment si elle n’avait pas ressenti le besoin du soutien américain pour la défense de Kiev.

    Ces clauses extra-commerciales renforcent une position subordonnée de l’UE, désamorçant les leviers traditionnellement disponibles et confirmant son éloignement d’une véritable autonomie stratégique. L’Europe reste donc plus réactive que proactive, incapable de se tailler un rôle central dans les transformations de l’ordre mondial.

    Un accord instable et désavantageux

    L’accord commercial signé il y a quelques semaines repose sur une réduction partielle des droits de douane américains sur certains produits européens, en contrepartie de concessions structurelles de l’UE dans les domaines énergétique, industriel et réglementaire. Il s’agit d’un compromis déséquilibré et voué à l’échec, construit sur un équilibre précaire et dépourvu de garanties contraignantes.

    Les droits de douane américains restent en vigueur sur des secteurs stratégiques comme l’acier et l’automobile, tandis que l’UE s’est engagée à accroître l’importation de GNL en provenance des États-Unis et à adapter certaines normes environnementales afin de faciliter les exportations américaines vers le Vieux Continent. Tout cela se fait sans mécanisme efficace de vérification ou de révision éventuelle de l’accord. L’accord ressemble plus à une trêve temporaire qu’à un partenariat stable: un choix tactique qui permet de gagner du temps politique, mais qui ne résout pas les problèmes structurels de la relation. Le risque est que l’accord soit renégocié unilatéralement par Washington dès que les équilibres internes et externes le permettront.

    L’autonomie stratégique européenne : une promesse non tenue

    Ces dernières années, Bruxelles a fait de l’autonomie stratégique l’un des piliers rhétoriques de sa politique étrangère, commerciale et de défense. Pourtant, la crise des droits de douane a mis en évidence l’écart profond entre la dimension symbolique de cette ambition et la réalité des rapports de force. En l’absence de politique industrielle commune, de capacité militaire autonome et d’instruments économiques de dissuasion, l’Union a adopté une posture attentiste et conciliante.

    L’accord commercial a confirmé la centralité géopolitique des États-Unis dans le système européen, rendant manifeste la difficulté de l’UE à concevoir et mettre en œuvre une stratégie de long terme qui ne dépende pas d’un soutien extérieur. La promesse d’autonomie reste donc un horizon théorique, plus qu’une réalité opérationnelle.

    À la lumière de ces dynamiques, l’épisode représente plus qu’un simple revers diplomatique : il est le symptôme d’une crise d’efficacité stratégique. Si l’Union européenne entend se positionner comme un acteur géopolitique autonome, elle devra se doter non seulement d’une vision partagée, mais aussi des outils matériels, institutionnels et politiques nécessaires pour la traduire en réalité. Sinon, elle continuera à osciller entre des ambitions affichées et une subordination systémique.

    Diego Marenaci (Euro-Synergies, 9 septembre 2025)

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