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droite - Page 12

  • Un bloc populaire face aux libéraux mondialistes ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Steve Ohana, cueilli sur le site du Figaro Vox et consacré à l'émergence d'un "bloc populaire", avec pour axe doctrinal "un souverainisme politique, migratoire, commercial, budgétaire et monétaire, transcendant le clivage droite-gauche". L'auteur est professeur de finance à l'ESCP.

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    Et si la gauche devenait audible en se remettant à parler d'immigration ?

    Il y a quelques semaines, Sahra Wagenknecht, la leader du parti de gauche allemand Die Linke, a annoncé le lancement de son mouvement «Aufstehen » («Se lever»). Ce mouvement, se voulant indépendant des partis, a choisi une orientation idéologique nouvelle, dirigée non seulement contre les réformes de flexibilisation du marché du travail, qui ont considérablement précarisé les travailleurs peu qualifiés en Allemagne, mais également contre l'ouverture des frontières migratoires. Il s'agit pour elle de quitter la posture de la «gauche moralisatrice», expliquant aux perdants de la mondialisation comment il convient de penser, pour adopter celle de la «gauche matérialiste», qui se pose comme leur porte-parole et défenseur. Car, comme le dit le dramaturge Bernd Stegemann, qui travaille avec Wagenknecht sur le programme du mouvement, «les personnes vivant dans des conditions précaires et atomisées réagissent nécessairement de façon moins généreuse et tolérante que les catégories aisées à l'égard des immigrés». «D'abord le Grub (la nourriture en langage argotique), ensuite l'éthique», résume Brecht.

    Cette orientation constitue une révolution copernicienne du point de vue de la gauche. En effet, depuis l'avènement du marché unique européen et de la mondialisation libérale dans les années 80, la gauche dite «de gouvernement» a déserté la question de la défense du travail contre le capital (qui rentrait en contradiction avec l'objectif de la «construction européenne» et de «l'insertion dans la globalisation») pour se recentrer sur les questions sociétales: promotion des droits des minorités ethniques et sexuelles, politiques d'accueil migratoire… Or, la mondialisation a creusé les inégalités de revenus et de richesses au sein des sociétés occidentales, en particulier dans les pays qui ont épousé le plus nettement les politiques de flexibilisation du marché du travail et de réduction de la fiscalité sur les hauts revenus (États-Unis, Royaume-Uni, et, au sein de l'Europe continentale, l'Allemagne). C'est donc ainsi que la social-démocratie a progressivement délaissé les classes populaires, au profit d'une élite urbaine attachée à la mondialisation et aux valeurs cosmopolites (élite urbaine constituant une des composantes de ce que Bruno Amable et Stefano Palombarini ont nommé le «bloc bourgeois», ce corps social représenté par les différents partis politiques «de gouvernement» depuis l'avènement de la seconde mondialisation).

    Certains courants de «gauche radicale», dans l'objectif de reconquérir le vote des classes populaires, ont adopté un agenda de modification radicale du statu quo de la mondialisation: fiscalité beaucoup plus progressive, au détriment du capital et des plus hauts revenus, réforme de la gouvernance de l'euro et du mode d'intervention des banques centrales au profit des plus démunis (monétisation de la dette, «Helicopter Money»), régulation du marché du travail (augmentation du salaire minimum, protection des travailleurs et des chômeurs), dirigisme de l'État dans l'économie (politiques sociales, renationalisations de secteurs privatisés, protection de l'emploi et des services publics, politiques ambitieuses d'investissements publics), régulation du commerce international (protection du secteur industriel, dénonciation des accords de libre-échange, barrières douanières à l'encontre des pays pratiquant le dumping fiscal, social ou environnemental).

    Mais cette nouvelle offre politique antimondialisation portée par la gauche radicale s'est avérée jusqu'à présent insuffisante pour recueillir une large adhésion des classes populaires et renverser le statu quo de la mondialisation.

    Le changement de ligne opéré par Sahra Wagenknecht sur la question migratoire trouve son origine dans la crise des migrants de 2015, lors de laquelle la chancelière Angela Merkel a décidé unilatéralement de l'accueil d'un million de réfugiés du Moyen-Orient en Allemagne. Cette politique ne répondait pas qu'à une logique humanitaire, elle était également conforme aux intérêts du patronat allemand, inquiet que la pénurie de main-d'œuvre ne finisse par l'obliger à augmenter fortement les salaires (on estime que le pays a besoin d'un flux de 500 000 migrants par an jusqu'en 2050 pour contrer la baisse structurelle de sa main-d'œuvre). L'ensemble de la gauche allemande a d'abord adhéré, suivant sa ligne internationaliste habituelle, à cette politique d'accueil. Mais elle a alors vu son audience au sein des classes populaires s'affaisser au profit de l'AfD, le nouveau parti national populiste allemand, dont la ligne était clairement hostile à l'immigration.

    En reprenant le thème de la lutte contre l'immigration à son compte, la gauche renoue en réalité avec son positionnement historique quant au problème de la mobilité du travail. «Ce que nous ne voulons pas, disait Jaurès dès 1894, observant les effets de la première mondialisation, c'est que le capital international aille chercher la main-d'œuvre sur les marchés où elle est la plus avilie, humiliée, dépréciée, pour la jeter sans contrôle et sans réglementation sur le marché français, et pour amener partout dans le monde les salaires au niveau des pays où ils sont le plus bas. C'est en ce sens, et en ce sens seulement, que nous voulons protéger la main-d'œuvre française contre la main-d'œuvre étrangère, non pas je le répète, par un exclusivisme chauvin mais pour substituer l'internationale du bien-être à l'internationale de la misère». On observe d'ailleurs la contraposée de cette intuition de Jaurès au Royaume-Uni, où les salaires dans certains secteurs utilisant beaucoup de main-d'œuvre étrangère ont fortement augmenté suite aux reflux migratoires vers le continent induits par la perspective du Brexit.

    Dans cette controverse centrale de l'immigration, se mêlent donc la critique de l'idéologie cosmopolite (critique portée traditionnellement par la droite conservatrice) et celle des effets économiques délétères de la mondialisation. Deux thématiques qui rencontrent une forte résonance au sein des classes populaires.

    De leur côté, les mouvements nationaux populistes comme l'AfD s'engagent de plus en plus dans la défense des classes populaires contre les effets de la mondialisation. Ainsi, l'AfD, qui campait à l'origine sur une ligne économique ultralibérale, propose à présent de revaloriser les retraites et de revenir sur les réformes de flexibilisation du marché du travail (réformes Hartz IV en particulier) pour mieux épouser les attentes de son électorat cible. Le parti est même intervenu pour soutenir les ouvriers de Siemens contre le projet de fermeture d'une usine à Görlitz, près de la frontière polonaise. Ce positionnement fait écho à la ligne anti-euro et antimondialisation de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2017. La Ligue italienne s'est également significativement «gauchisée» sur le plan économique et social, jusqu'à faire une alliance de gouvernement avec le Mouvement Cinq Étoiles en mai dernier, une situation politique inédite qui préfigure la constitution d'un «bloc populaire» potentiellement hégémonique face au «bloc bourgeois» représenté par les formations centristes traditionnelles.

    Cette tendance s'étend par contagion aux partis de gouvernement, qui jusqu'à présent se préoccupaient avant tout de représenter les gagnants de la mondialisation. Le Premier ministre britannique Theresa May, leader du parti conservateur Tory, a ainsi acté la rupture définitive avec le thatchérisme pour renouer avec la tradition «social conservatrice» du «Red Tory». Elle tente ainsi de mieux répondre au besoin de protection exprimé par les classes populaires qui ont majoritairement voté en faveur du «Leave». Face à elle, Jeremy Corbyn a rompu avec la doctrine libérale du «New Labour» de Tony Blair pour adopter une ligne économique beaucoup plus en phase avec les intérêts des classes populaires. Il a également incorporé dans son programme la régulation des flux migratoires, chère aux partisans du Brexit, dans le même esprit que Sahra Wagenknecht. La rhétorique anti-mondialisation et anti-immigration de Donald Trump, tout à fait inédite au sein du parti républicain, constitue également une sorte d'avatar de cette tendance, même si, sur le plan intérieur, le positionnement de Donald Trump (notamment en matière fiscale) est encore franchement défavorable aux classes populaires. Quant à Bernie Sanders, il ne proposait rien de moins qu'une «révolution politique» aux catégories populaires déclassées par la mondialisation lors des primaires du parti démocrate.

    On se souvient de la fameuse phrase de Warren Buffet: «Il y a bien une lutte des classes, mais c'est ma classe, celle des riches, qui la mène et elle est en train de la gagner». Or, les classes populaires, qui ont en effet été reléguées aux marges du système jusqu'à la crise de 2008, sont maintenant en train de se structurer en force d'opposition politique face au statu quo inégalitaire de la mondialisation.

    Les élites bénéficiaires de la mondialisation tentent aujourd'hui de défendre le statu quo en se présentant comme les ultimes défenseurs des valeurs «progressistes» et «libérales» face au retour des «populismes» ou des «nationalismes». Mais, derrière cette terminologie caricaturale, se lit en réalité la tentative désespérée du «bloc bourgeois» de maintenir son hégémonie sociale et culturelle face à la pression de plus en plus menaçante du «bloc populaire». Un souverainisme politique, migratoire, commercial, budgétaire et monétaire, transcendant le clivage droite-gauche, apparaît comme le nouvel axe doctrinal autour duquel les classes populaires sont en train de s'organiser en vue de la reconquête du pouvoir. Face à la puissance de ce discours souverainiste, qui entend restituer aux peuples une démocratie confisquée, les élites libérales vont devoir réviser en profondeur leur logiciel si elles ne veulent pas voir cette seconde mondialisation finir, comme la première, dans les poubelles de l'Histoire.

    Steve Ohana (Figaro Vox, 3 septembre 2018)

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  • Le guide sulfureux du Paris "réac et facho"...

    Les éditions de Synthèse nationale viennent de publier sous la signature de Patrick Parment un Guide sulfureux du Paris"réac et facho". Tout un programme ! D'autant que depuis l'amusant Paris by right - Guide de l'Homme de Droite à Paris (Trident, 1991), de Francis Bergeron et Philippe Vilgier, le sujet n'avait pas été, à notre connaissance, ré-abordé. Journaliste, Patrick Parment a débuté sa carrière au Figaro Magazine.

     

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    " Voici une histoire des rues de Paris qu’une France en proie aux Droits de l’homme aimerait en grande partie effacer. On est d’abord partie à la recherche des lieux de résidence des écrivains, pas tous forcément "de droite"  que nous aimons et dont certains, pas les moins talentueux d’ailleurs, furent ce que l’on appelle des « collabos » alors qu’ils cherchaient une issue à une France démocratique qui s’enfonçait – et s’enfonce toujours -, dans la décadence. Dans un deuxième temps, on s’est penché sur ces lieux emblématiques occupés par les Allemands durant l’Occupation – et ils ont eu la main lourde -, dont beaucoup sont toujours le témoignage d’une grandeur passée.

     On ne pouvait pas non plus passer à côté des hauts lieux de cette Révolution dont se gargarisent nos intellos de gauche dont une guillotine aveugle est venue alimenter de trop nombreux charniers, transformés dans le meilleur des cas en cimetières. Leur France des Lumières sent passablement le roussi. 

    Enfin Paris est un livre d’architecture passionnant. On a noté quelques ouvrages remarquables. Car il n’est pas sûr que les chapitres d’aujourd’hui et à venir témoignent de la même grandeur que ceux d’hier. 

    On n’a pas oublié les hauts lieux – mais c’est loin d’être exhaustif -  de tous ces militants dits d’extrême-droite qui s’obstinent à transmettre le flambeau, de génération en génération, d’une France patriote qui plante ses racines en Grèce dans le doux murmure de l’Iliade et l’Odyssée.  "

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  • Roger Nimier, le hussard pressé...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier Roger Nimier - Masculin, singulier, pluriel, une biographie signée par Alain Cresciucci. Professeur de littérature du XXe siècle à l'université de Rouen, Alain Cresciucci est, notamment, déjà l'auteur d'un essai consacré à ceux que leurs adversaires ont regroupés sous le nom de "Hussards", Les désenchantés (Fayard, 2011), et de biographies de Jacques Laurent et d'Antoine Blondin.

     

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    " « Entre sa démobilisation (août 1945) et la publication des Épées, plus question de Sorbonne, tout en travaillant dans le commerce des timbres, il démarra, sa carrière, et dans tous les domaines où il s’illustra par la suite : le roman (il débuta par un refus), l’essai ― il commença Amour et Néant et esquissa les mini essais qui constituent Le Grand d’Espagne ―, le journalisme. À tout juste vingt ans, avec un ami, il s’intronisa directeur-rédacteur d’un journal, La condition humaine, un hebdomadaire de quatre pages, qui n’a connu que trois livraisons ― la référence à Malraux, alors ministre de l’Information, n’était pas innocente, comme le montre un article, assez courtisan, en son honneur. En cinq ans il gravit les échelons de la notoriété : édité chez Gallimard, contributeur aux deux revues concurrentes des Temps modernes, La Table Ronde de Mauriac et La Nouvelle Nouvelle revue française de Paulhan-Arland, sans oublier sa participation suivie aux premiers numéros du gaulliste Liberté de l’esprit de Claude Mauriac. A vingt-cinq ans, rédacteur en chef et chroniqueur dramatique, il mena vaillamment à la chute Opéra en bousculant les bonnes manières du milieu ― on connaît la célèbre manchette (qui n’était, paraît-il, pas de lui) : « Surprise à Marigny. Jean-Louis Barrault encore plus mauvais que d’habitude » ― ; puis chroniqueur à Carrefour, il démissionna parce qu’on lui avait refusé un article. Il devint directeur littéraire du Nouveau Femina au moment de son voeu de silence romanesque… Cinq romans (Les Épées, Perfide, Le hussard bleu, Les enfants tristes, Histoire d’un amour), deux essais (Le Grand d’Espagne, Amour & Néant) publiés à La Table Ronde et chez Gallimard, « Les Essais » ―où il voisine avec Sartre et Camus―, une pièce de théâtre (Les châtelains d’Espagne), qui n’a jamais été jouée, nombre d’articles étonnants de maturité : cinq ans pour publier l’essentiel de son oeuvre ! Ensuite, le journalisme, le cinéma et l’édition l’occupèrent, sans réel souci carriériste, simplement animé par le désir de servir la littérature, de confondre un monde qui avait oublié d’être civilisé et par le plaisir aristocratique de déplaire… et de plaire, car nul ne fut plus que lui séducteur.
    Parcours singulier, effarant pour qui aspirerait au grade d’intellectuel en chef. (…) »


    Alain Cresciucci n’a pas écrit une nouvelle biographie de Roger Nimier. Il s’efforce avant tout de percer le mystère de ses multiples talents et n’hésite pas à mettre sa légende à l’épreuve de son œuvre. Jugeant sur pièces en somme. Mieux encore : il comble une lacune éditoriale d’autant plus incompréhensible qu’elle entre en contradiction flagrante avec la notoriété du plus célèbres des hussards. "

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  • Aussi loin que porte le regard...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Fortune, cueilli sur son blog et consacré à l'impasse du conservatisme. Paul Fortune est l'auteur d'un excellent récit initulé Poids Lourd...

     

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    Aussi loin que porte le regard

    Tout ce qu’on peut recouvrir du nom de « droite » est voué à perdre, pour la bonne et simple raison que la droite, en France du moins, ne sait rien faire d’autre que regarder vers le passé. Or, s’il est bien une chose dont nous pouvons être certain, c’est que la posture du « c’était mieux avant » a toujours échoué. Toute la contre-révolution, depuis Burke et Joseph de Maistre, et malgré leur intelligence, n’a strictement rien empêché. La restauration monarchique a été un échec lamentable. Les gens qui aujourd’hui se rappellent avec nostalgie les années 60 – ou 40 pour certains – n’aboutiront pas non plus. Peut-être que c’était mieux avant – encore que sous certains aspects, il soit permis d’en douter. Mais le passé est, par définition, passé. La gauche au contraire parvient toujours à ses fins. Il n’y a pas là de sens de l’histoire ou autre force fumeuse issue du cerveau agité d’un intellectuel désœuvré. La gauche a toujours un but et regarde vers le futur. Elle a un projet, souvent néfaste, mais qui a le mérite d’exister. La seule façon de sortir du marasme est de proposer autre chose. Il faut d’ailleurs noter que les seuls mouvements qu’on aime à classer à droite qui ont imposé quelque chose étaient en réalité de gauche et porteur d’un projet, certes contestable, mais indéniablement novateur – vous savez, le genre de projet avec des aigles comme emblèmes, un tantinet agressif.

    Pareillement, la posture systématiquement défensive qu’adoptent les conservateurs et autres droitards ne mènera nulle part, car l’action bat toujours la réaction. Il faut être offensif. Mais on en revient au problème précédent : il faut un projet. La difficulté vient de ce que ce projet n’est pas encore mûr. Il est clair cependant que les lubies portées par la gauche vont finir en vaste chaos. Notre démocratie droitdelhommiste, que certains nous présentent comme aboutissement ultime de l’humanité, est évidemment vouée à disparaître. Elle ne pouvait fonctionner qu’avec l’existence de classes moyennes éduquées dans un occident en pleine croissance économique et démographiquement viable face au reste du monde. Tout cela est fini. Les conditions ne sont plus là, cette forme politique va disparaître. Elle est déjà un astre mort. Tout le défi est d’imaginer ce qui va venir après, et il est probable que nous sommes à l’aube d’un bouleversement au moins aussi colossal que celui que fut la révolution industrielle.

    Ceux qui s’accrochent au monde ancien seront emportés. Je ne crois pas que ce qui nous attende soit confortable, bien au contraire. Mais nous n’avons pas vraiment le choix, de toute façon.

    Paul fortune (Blog de Paul fortune, 28 mai 2018)

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  • Pourquoi les riches votent à gauche...

    Les éditions Agone viennent de publier un essai de Thomas Frank intitulé Pourquoi les riches votent à gauche. Journaliste et essayiste américain, Thomas Frank écrit régulièrement pour Le Monde diplomatique et Harper’s des articles  iconoclastes d’analyse sociale et politique de la situation américaine.

     

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    " Ce livre analyse l’abandon par les « nouveaux démocrates » des classes populaires et des syndicats au profit des classes aisées et cultivées. Il rappelle ce que cette « économie de la connaissance » a coûté aux travailleurs manuels et aux catégories peu diplômées, condamnées à la relégation sociale et à une forme de plus en plus agressive de mépris culturel. Dépréciées par le parti qui leur servait autrefois de véhicule politique, elles sont devenues plus attentives aux thématiques identitaires de démagogues réactionnaires. Comme celui qui vit à la Maison-Blanche. "

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  • Critique de la droite et introduction à l’alterprogressisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Vertumne, cueilli sur Plebiscis et consacré à la droite comme impasse politique face au progressisme libéral.

     

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    Critique de la droite et introduction à l’alterprogressisme

    L’émergence de la conscience politique moderne en Europe a engendré une multitude de projets de société qui peuvent néanmoins être classés en trois grandes catégories politiques :

    La première, et celle qui domine idéologiquement l’Occident est le libéralisme, essentiellement d’origine anglo-protestante. La deuxième, qui fut élaborée par des penseurs occidentaux mais parvint finalement à s’emparer de la totalité du pouvoir politique dans l’ancien empire des tsars fut le communisme. Incapable de survivre à la compétition économique que le libéralisme lui imposa, il pourrit lentement puis s’effondra en quelques années. La troisième, qui émergea dans l’Europe continentale de l’entre deux-guerres pour finir écrasée militairement par les forces combinées des puissances libérales et communistes fut le fascisme.

    Qu’en est-il de la réaction et du conservatisme ? Ne constituent-ils pas les quatrième et cinquième catégories politiques ?
    Point du tout. Les rapports que la réaction et le conservatisme entretiennent avec le temps et le progrès humain les disqualifient d’office. La réaction a les yeux derrière la tête, elle ne se contente pas de détester le réel, elle le refuse pour chercher refuge dans un passé fantasmé. Le conservatisme quant à lui accepte bon an mal an toutes les innovations d’origine libérale, il ne fait que mettre le frein là où les libéraux appuient sur l’accélérateur et les réactionnaires enclenchent la marche arrière. La réaction et le conservatisme, formant ensemble ce que l’on appelle « la droite », font partie intégrante du libéralisme qui est, lui, une idéologie progressiste, donc de gauche. La droite n’est donc pas une force motrice autonome, elle n’est que la partie d’un ensemble dans lequel elle joue un rôle de figuration. Elle n’est qu’un organe, pas un corps autonome. Pareillement, là où nous imaginons l’instant présent comme un point et la gauche et la droite comme deux directions (choix) possibles, se trouve en réalité une ligne plus ou moins continue déterminée par le temps et représentant l’état d’avancement de la société humaine. La gauche propose de prolonger la ligne, la droite de l’arrêter, de ralentir ou de retourner sur ses pas. Mais dans tous les cas c’est toujours la gauche qui choisit la direction prise par la ligne, la droite se contentant de moduler la fébrilité de la gauche à la rallonger, tout du moins sur les questions de civilisation, car le schéma est opposé en ce qui concerne l’économie. Le progressisme libéral, qu’il soit économique ou sociétal y trouvera donc son compte. L’expression « sens de l’Histoire » employée par les progressistes est à ce titre tout à fait révélatrice du rapport de sujétion idéologique dans lequel la réaction est tenue par le progrès.

    Maintenant que les catégories politiques ont été clairement définies, le bilan désastreux de la droite de ces deux derniers siècles, incapable qu’elle fut d’enrayer la marche triomphale du libéralisme nous apparait comme naturel puisqu’il lui est consubstantiel. C’est ainsi que la droite fut successivement contre la colonisation et la décolonisation qui furent toutes deux proposées et mises en œuvre par la gauche. La droite a également passé l’essentiel du XIXe siècle et le début du XXe à prôner un hypothétique retour à la monarchie, qui même lorsqu’il advint ne rétablit absolument pas les mœurs et valeurs de l’Ancien Régime mais, bien au contraire, « digéra », intégra à son génotype les avancées républicaines les plus raisonnables et les considéra comme acquises.
    Le gaullisme, que l’on pourrait nous présenter comme l’exception qui confirme la règle n’illustre pas la vitalité idéologique de la droite, mais démontre en réalité sa conversion à la modernité et aux idées républicaines de gauche. Notre XXIe siècle voit la droite française désormais obnubilée par le sauvetage ou la préservation d’une République pluriethnique, énorme « machin » étatique brinquebalant et sans âme qu’elle n’eut de cesse de vomir pendant des décennies mais que la gauche considère déjà comme un astre mort.

    A l’échelle européenne voire mondiale, les mouvements politiques issus de la droite conservatrice, bien qu’ils s’opposent parfois vigoureusement aux monstruosités conceptuelles accouchées par un libéralisme dévoré par l’hubris (théorie du genre, promotion désormais ouverte de l’éradication des phénotypes européens, etc.) ne pourront jamais triompher de leur adversaire puisqu’ils n’existent qu’à travers lui, comme facteurs de modération du libéralisme. La Pologne, la Hongrie, etc. constituent une sorte « d’Europe périphérique » qui reçoit les innovations de l’Europe libérale occidentale et de l’anglosphère et s’y oppose avec plus ou moins de succès quand elle les juge incompatibles avec sa culture. Cette Europe non occidentale occupe, à une échelle géographique plus considérable la même fonction que la « France périphérique » au niveau de l’Hexagone, sujette à la domination économique et idéologique des métropoles mondialisées, épicentres d’une vision du monde libérale que ces dernières émettent en continu. Les métropoles mondialisées « produisent » ainsi une idéologie que la périphérie se contente de « recevoir » sans pouvoir opposer de contre-idéologie originale. Le conservatisme des zones périphériques n’est rien d’autre qu’un refuge pour les idées surannées et déjà sur le déclin, à l’image de ces montagnes et zones reculées qui hébergent des espèces de fleurs boréales, éradiquées ailleurs par le réchauffement climatique et l’entreprise humaine.

    Dit autrement, et à l’opposé du fascisme et du communisme qui, pour leur époque proposaient une véritable alternative moderne au libéralisme, les forces « de droite » de toutes les époques ne font que retarder l’inéluctable ; sans jamais, et ceci est conforme à leur nature, émettre de proposition « concurrente » autre que celle du statu quo ou du retour en arrière à celle du libéralisme.

    En conséquence, l’objectif d’un Européen conscient de l’état critique de sa civilisation ne doit pas être de « sauver la droite » ou de la « porter au pouvoir », cela ne veut strictement rien dire puisque la droite n’est tout simplement pas faite pour définir la marche du monde, elle n’est que le boulet plus ou moins volumineux du progrès libéral. Un Européen politiquement engagé doit, avant toute autre chose, déchirer la camisole idéologique du libéralisme philosophique pour « pro-poser » un projet de société basé sur une vision du monde indépendante de ce dernier. Croire naïvement que la survie des peuples européens s’accommodera des droits de l’Homme, voire, encore plus suicidaire se revendiquera de ceux-ci, c’est buter à coup sûr sur le petit corps d’Aylan Kurdi, la mort tragique d’un enfant justifiant la disparition entière d’une civilisation pour ceux qui sont tout imprégnés d’idéologie libérale. La défense de l’identité biologique européenne sera associée au « mal », et donc moralement indéfendable aussi longtemps qu’elle utilisera comme représentation mentale les valeurs de l’adversaire. Ne vous défendez pas d’être raciste, accusez-les d’être remplacistes !

    A ceux qui m’objecteraient, à juste titre, que ce sont ces mêmes droits de l’Homme issus de la pensée libérale qui sont responsables de l’essor phénoménal de la civilisation occidentale de ces deux derniers siècles et du très haut niveau de vie de ses populations, je répondrai qu’une idéologie peut porter des fruits d’une grande fraîcheur durant sa jeunesse et d’autres plus amers, voire empoisonnés lorsqu’elle devient sénescente. Le pragmatisme impose de savoir se départir de ce qui entraîne notre civilisation vers l’abîme sans pour autant renoncer aux innovations scientifiques. Le « retour à la terre » (qui ne ment pas), à la France d’antan des villages n’est même pas une utopie, c’est un opium qui égare la pensée. Associer un pays majoritairement peuplé d’Européens à la réaction, ce qu’a fait l’ensemble de la droite occidentale, du parti républicain aux Etats-Unis au Front National en France depuis quarante ans est la meilleure façon de signer son arrêt de mort.
    La « France blanche » ne pourra exister que lorsqu’elle sera mutée en « France d’après », lorsque la présence allogène sur notre territoire sera « naturellement » considérée comme une aberration par une majorité de nos concitoyens, tout comme elle l’est depuis longtemps pour nous. Dit autrement, il ne faut pas souhaiter le retour de l’ancien monde mais hâter l’avènement du nouveau.

    Ce monde nouveau ne naîtra pas d’une tabula rasa mais du passage d’un flambeau s’inscrivant dans la continuité de la pensée européenne, puisant sa force à la fois dans la sagesse antique et les avancées technologiques contemporaines. Aux trois impasses philosophiques dans lesquelles la civilisation occidentale contemporaine s’est fourvoyée (idéalisme, individualisme, universalisme) seront opposées les trois vertus cardinales (matérialisme, collectivisme, différentialisme). Le matérialisme du monde réel et sensible pour dissiper l’enfumage idéaliste de l’Homme désincarné et des « valeurs » débilitantes. Le collectivisme comme antidote à l’égoïsme libéral, la prospérité de la communauté devenant le bien suprême à la place de « l’affirmation de soi », le « moi » sera remplacé par le « nous ». Enfin, un différentialisme de bon aloi nous guérira de la folie universaliste.

    L’unité d’Homo sapiens n’est pas seulement une utopie, c’est un projet criminel qui éradiquera la richesse des populations humaines, et en premier lieu celles de notre continent.

    Que l’Homme meure pour que les Européens vivent !

    Vertumne (Plebiscis, 2 mars 2018)

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