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culture - Page 7

  • Rendez-nous la culture !...

    Le numéro 57 de Flash, le journal gentil et intelligent, nous propose un dossier consacré à la culture et à son annexion par le bas clergé de la bienpensance. On retrouvera aussi, bien sûr, les rubriques habituelles, dont, notamment, le bloc-notes d'Alain Soral.

     

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    Cultureux, culturalistes, culturocrates… Rendez la culture au peuple ! Un dossier qui décoiffe tout le journal… Avec les interventions de tout plein de gens qui sont heureux de causer dans Flash !

    Liberté de la presse menacée en Hongrie ? Nicolas Gauthier remet les pendules à l’heure en page 2

    José Baxter, un Argentin de gauche très à droite : portrait en page 8

    Qui veut la peau des chrétiens d’Orient ? Quand la Commission européenne et Israël se prennent pour Al-Quaïda… Montage démonté en pages 9 et 13

    Pas de vacances pour la police de la pensée : La chasse au Soral est ouverte en page 11

    Creepshow ? Les rois du psychobilly… Entretien exclusif à Londres !

    Le fils à Jo ? Rugby sur grand écran ? Pierre Gillieth marque l’essai en page 16

    Pour vous abonner en ligne et en toute sécurité : www.flashmagazine.fr

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  • Autour de Spengler et du Déclin de l'Occident

    Nous reproduison ci-dessous l'introduction d'Alain de Benoist au dossier du dernier numéro de Nouvelle Ecole (n°59-60, année 2010-2011) consacré à Oswald Spengler.

    Nous vous rappelons que ce numéro peut être commandé sur le site de la revue Eléments.

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    OSWALD SPENGLER

     

     

    Les adversaires de l’idéologie du progrès croient souvent, bien à tort, que celle-ci se borne à concevoir l’histoire sous une forme linéaire, emmenant l’humanité vers un avenir toujours meilleur, et par suite à valoriser le nouveau en tant que nouveau, c’est-à-dire à constamment dévaloriser l’autorité du passé au nom des promesses de l’avenir. Ils oublient que cette caractéristique possède un corollaire : l’idée que les civilisations sont immortelles. Elles naissent, croissent et se développent, mais aucune loi ni raison objective n’exige qu’elles vieillissent ni ne meurent. Cette idée optimiste se retrouve chez beaucoup d’adversaires de l’idéologie du progrès, qui lui empruntent ainsi sans s’en rendre compte l’un de ses présupposés fondamentaux. Certes, nombre d’entre eux s’inquiètent régulièrement des menaces qui pèsent sur la civilisation occidentale, mais ils croient en général qu’il suffirait d’y parer pour que cette civilisation retrouve du même coup une espérance de vie illimitée. C’est à cette idée que s’oppose radicalement Spengler. Longuement exposée dans Le déclin de l’Occident, son approche « physiognomique » des cultures – il s’agit de cerner la « physionomie » de leurs formes historiques – nous dit que les civilisations sont mortelles, qu’elles ne peuvent que mourir et que tel est leur destin commun. Ce ne sont pas des peuples ou des époques, mais des cultures, irréductibles les unes aux autres, qui sont les moteurs de l’histoire mondiale. Ces cultures ne sont pas créées par des peuples, mais ce sont au contraire les peuples qui sont créés par les cultures. L’Antiquité, par exemple, est une culture à part entière, similaire mais entièrement distincte de la culture « faustienne » occidentale. Les cultures obéissent toutes aux mêmes lois de la croissance et du déclin organiques. Le spectacle du passé nous informe donc sur ce qui n’a pas encore eu lieu.

    On a peine aujourd’hui à imaginer l’impact que la parution du premier tome du Déclin de l’Occident (1918) eut, d’abord en Allemagne, puis dans le monde entier. Et pourtant, peu d’auteurs ayant atteint une telle renommée ont été oubliés aussi vite. Dès les années 1930, l’étoile de Spengler commence à pâlir, pour s’obscurcir totalement après la Seconde Guerre mondiale. Mais en réalité, le « débat autour de Spengler » (Streit um Spengler) repose en grande partie sur des malentendus que celui-ci a lui-même contribué à entretenir, du fait notamment de ce mélange d’observations scientifiques, historiques, politiques et poétiques à la fois.

    Beaucoup de reproches traditionnellement adressés à Spengler sont loin d’emporter l’adhésion. A commencer par celui qui vise son « pessimisme » : il n’y a pas de « pessimisme » à établir un diagnostic, quelqu’il soit. Dans le titre de son livre, ainsi qu’il l’a lui-même souligné, le mot « déclin » pourrait d’ailleurs tout aussi bien être remplacé par celui d’« achèvement ». D’autres ont soutenu que l’affirmation spenglérienne selon laquelle les cultures sont incommensurables se heurte à une aporie, car on ne peut à la fois dire qu’elles sont incommensurables et prétendre les comprendre toutes. Lors d’un colloque de Cérisy, en 1958, Raymond Aron déclarait ainsi : « Spengler peut tout expliquer, sauf sa propre histoire. Car, dans la mesure où il a raison, il a tort. Si les sociétés, les cultures ne peuvent pas se comprendre, l’homme qui ne peut pas exister, c’est Spengler qui les comprend toutes ». L’argument n’en est pas un puisque, pour Spengler, les grandes cultures, si incommensurables qu’elles puissent être, n’en présentent pas moins la même morphologie et obéissent toutes historiquement aux mêmes lois.

    Mis en doute par Keyserling, le caractère prophétique des vues de Spengler a en revanche été longuement célébré par bien d’autres auteurs. On ne saurait nier non plus le caractère prémonitoire des Années décisives. Certes, Spengler a totalement sous-estimé les Etats-Unis en tant que grande puissance. Il plaçait en revanche de grands espoirs dans la Russie, tout en soulignant son étrangeté radicale par rapport à l’Europe occidentale. « Les Russes ne sont point un peuple à la manière du peuple allemand ou anglais, écrivait-il dans Prussianité et socialisme (1919). Ils portent en eux, tels les Germains à l’époque carolingienne, la virtualité d’une multitude de peuples futurs. Les Russes sont la promesse d’une culture à venir au moment où les ombres du soir s’allongent sur l’Occident ».

    Mais, d’Eduard Spranger à Theodor W. Adorno, le principal reproche adressé à Spengler porte évidemment sur son « fatalisme » et son déterminisme. La question est de savoir jusqu’à quel point l’homme est prisonnier de sa propre histoire. Au point de ne pouvoir jamais en modifier le cours ? C’est là que le débat commence. Arnold Toynbee, que l’on a souvent comparé à Spengler, niait que l’on puisse comparer les cultures à des organismes vivants. Spengler, qui soutient la thèse inverse, affirme que la civilisation est le destin inévitable d’une culture, dont elle marque aussi le stade terminal. Que penser de cette thèse à l’époque de la globalisation ? Qu’en est-il de la civilisation occidentale, aujourd’hui universalisée au moins de paraître menacer toutes les cultures du monde encore subsistantes ? Et que signifie même ce terme d’« Occident » qui, au cours de l’histoire, a si souvent changé de sens ?

    « Toutes mes occupations politiques, disait Spengler, ne m’ont procuré aucun plaisir. La philosophie, voilà mon domaine ». Il disait aussi qu’« avoir de la culture » est une question d’attitude – et d’instinct.

     

    Alain de BENOIST

     

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  • Des animaux et des hommes...

    Poursuivant la réflexion entreprise dans le numéro 134 de la revue Eléments (janvier-mars 2010), dédié à la question animale, Alain de Benoist vient de publier aux éditions Alexipharmaque, Des animaux et des hommes - la place des animaux dans la nature. Un passionnant contrepoint philosophique au livre du biologiste Yves Christen, L'animal est-il une personne ? (Flammarion, 2009).

     

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    "En 1755, dans son Traité des animaux, Condillac écrivait : « Il serait peu curieux de savoir ce que sont les bêtes, si ce n'était pas un moyen de savoir ce que nous sommes ». Depuis l'Antiquité, le regard porté par l'homme sur le vivant nourrit une interrogation qui, au fil des siècles, depuis Aristote jusqu'à Descartes, puis jusqu'à nos jours, a suscité une multitude de débats philosophiques, scientifiques, idéologiques et religieux. A date récente, le développement de la recherche a conduit à se demander si les animaux ne sont pas des personnes. Il s'agit en fin de compte de savoir quelle est la place de l'homme dans la nature. 

    Konrad Lorenz disait que ceux qui refusent d’admettre que l’homme est un animal ont tort, mais que ceux pour qui il n’est rien d’autre qu’un animal ont tort également. Entre les hommes et les animaux, y a-t-il une différence de nature ou une différence de degré? Par rapport aux sociétés animales, quelle est la spécificité des sociétés humaines? Plus généralement, comment faut-il comprendre la façon dont s’articulent la nature et la culture? Quelles leçons tirer des plus récentes découvertes scientifiques? Peut-on encore jeter les bases d’une véritable anthropologie philosophique? C’est à ces questions que s’efforce de répondre ce livre, à partir d’un survol de l’histoire des idées et d’une enquête sur l’état actuel du  savoir."

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  • Le déni du réel...

    Le livre du sociologue Hugues Lagrange, Le déni des cultures, publié au Seuil, a suscité un tollé chez les bonnes âmes de la bienpensance en osant bousculer les vérités enseignées par le catéchisme politiquement correct sur l'immigration et la délinquance. Nous reproduisons ici un article de la philosophe Chantal Delsol, publié par Valeurs actuelles, qui revient sur cette polémique.

     

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    Le déni du réel

    L’émotion souvent haineuse qu’a suscitée le livre d’Hugues Lagrange, le Déni des cultures (Éditions du Seuil), est en elle-même significative. Un tabou a été touché.

    Il y a des pans entiers de la réalité que l’on ne doit même pas nommer – faute de les faire exister ? Et bien des soi-disant penseurs disent clairement que la langue de bois représente une nécessité démocratique…

    En l’occurrence, la langue de bois veut que l’on ne nomme pas les cultures, qu’on ne les distingue pas, qu’on n’en fasse pas un facteur d’explication. Or voilà un auteur – un chercheur sérieux et pondéré, non un histrion – qui explique en partie les problèmes d’échec scolaire et de délinquance par des causes culturelles. On le voue aux gémonies. Il se fait insulter dans les médias. Pourtant, il produit des enquêtes chiffrées et argumentées après un long travail sur le terrain, il reste prudent toujours, il n’enrobe pas cela d’une opinion personnelle : bref, c’est un scientifique. Et naturellement il peut se tromper en tant que scientifique, mais dans ce cas, il faudrait lui opposer d’autres enquêtes et d’autres arguments : on l’injurie.

    On peut se demander pourquoi une société si fière de son multiculturalisme, de son côté black-blanc-beur, refuse avec hargne que soient étudiées les différentes cultures avec ce qu’elles recèlent de conséquences sur les comportements des individus. Ce qui ressemble à une grossière contradiction. En réalité, la diversité est considérée comme un avantage si l’on ne regarde que son côté folklorique : quelle fierté de voir une équipe de France multicolore – ce qui rassure notre réputation de pays accueillant. Mais tout ce que cela signifie en termes de manières de vivre, d’organisation familiale, d’éducation… surtout n’en pas parler ! Cela ferait ressortir des disparités profondes, et naturellement des hiérarchies sous-entendues (dans quelles familles sait-on éduquer à l’autonomie ?). Ce qui est insupportable à notre prétention égalitaire. Cela semblerait jeter sur l’une ou l’autre culture un opprobre moral : certaines manières de vivre fabriquent des délinquants… La république aime la diversité, à condition qu’elle ne se décline pas.

    Au fond, ce que l’on reproche à Hugues Lagrange, c’est de ne pas confirmer cette certitude imposée qui nous vient du marxisme : les malheurs de l’individu, et surtout ceux qui l’écartent de la société, sont le fruit exclusif de sa situation socioéconomique. Tout ce qui différencie un individu – en termes d’éducation, de réussite scolaire, de civilité – proviendrait de sa classe sociale et de son niveau de revenus. Ainsi, les plus pauvres devraient être mal élevés, et les plus riches, situés en haut de l’échelle sociale, en état de réussite morale et scolaire. (Quelle sale injure pour tant de familles dans la gêne qui jettent tous leurs soins, avec succès, dans l’entreprise éducative ! Quelle cécité devant certains enfants de la haute bourgeoisie qui se comportent comme des voyous !)

    Cette analyse des comportements par les causes exclusivement économiques a été abandonnée depuis longtemps : il s’agit d’un parti pris matérialiste, qui met l’argent au-dessus de tout et croit que tout arrive grâce à lui. Nous savons que bien d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Que certaines organisations familiales, que certaines éducations développent davantage la politesse, la violence, le sens du travail ou le machisme, il suffit d’un peu de bon sens pour le savoir – l’essentiel étant de ne pas proférer des généralités stéréotypées et de ne pas généraliser à partir de quelques cas… d’où l’importance de la sociologie. Dire que la culture n’existe pas et que l’individu se résume à son porte-monnaie et à sa position sociale, c’est valoriser l’avoir au détriment

    de l’être. Nous ne sommes pas seulement ce que nous possédons. Nous sommes, et surtout, caractérisés par des comportements, des habitudes, des humeurs, des rites, dont nous héritons en partie par transmission de longue date et qui nous enracinent dans un art de vivre singulier.

    Quant à voir sous ces analyses de la culture un a priori racialiste, ou raciste, c’est un amalgame qui ne grandit pas ses auteurs. Cela signifie que toute évocation d’une différence ressort au racisme. Toute affirmation concernant une culture est raciste. Dire : “tel groupe favorise la polygamie” ou “tel groupe favorise le machisme” serait raciste. Avancer ces affirmations serait “faire le jeu de Le Pen”, comme Simone de Beauvoir disait que dire la vérité sur l’Union soviétique était “faire le jeu de la droite”. Autrement dit, toute vérité qui risquerait de favoriser les arguments d’un adversaire serait à nier avec virulence. Dans ce manichéisme, c’est la réalité qui s’égare. Le but unique est de contrecarrer l’adversaire, mais, pour finir, on ne sait plus ce qui en fait un adversaire, puisque les affirmations sont triées non pas en fonction de leur vérité mais en fonction du bien ou du mal qu’elles procurent à l’adversaire. Ce devient un combat obscur, dominé par les émotions, et où la raison n’a plus sa place. La recherche non plus, évidemment. 

    Chantal Delsol (Valeurs actuelles, 4 novembre 2010)

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  • Figures de proues !

    Les éditions Heligoland publient le premier numéro (n°1, équinoxe 2010) de la revue Figures de proues, sous-titrée Cahiers de recherche sur l'héritage littéraire, culturel et l'imaginaire européen. Nous reproduisons ici le sommaire de ce numéro ainsi que son éditorial, signé par Pierre Bagnuls, qui fixe bien les ambitions de cette nouvelle revue à laquelle nous souhaitons bon vent !

    Il est possible de commander ce numéro ou, mieux encore, de s'abonner sur le site de la revue : Figures de proues.

     

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    Se relier à l'essentiel

    Le temps fuit… Il accélère… Nous sommes engagés dans le monde de l’efficience technique, dans le monde de la concurrence libérale, dans le monde du résultat et de « la lutte de tous contre tous » avec des moyens technologiques qui accroissent notre puissance démiurgique de manière encore jamais vue. L’homme immergé dans ce système ne maîtrise plus grand-chose. Il n’agit pas, il est agi, il ne gouverne pas, il est dirigé par une sorte de fatalité technologique et entropique sur des pans entiers de son existence. L’homme est désormais en état de tutelle. Sa responsabilité lui échappe. Travailler plus, produire plus, consommer plus, acheter plus… Toujours plus ! Mais il n’y est guère question d’identité, d’éthique ou de dépassement de soi, bien sûr. Le règne de la quantité, signe des temps, s’est emparé d’une bonne part de notre vie. Le matériel, la matérialité, le matérialisme occupent une place de plus en plus importante dans notre rapport au monde, et ce, au détriment du culturel et du spirituel. Le monde tel qu’il va nous dérobe de mystérieuses prérogatives, celles qui font de nous justement des êtres humains de qualité.

    La civilisation telle qu’elle va est en passe de nous voler notre âme. Qu’est-ce que notre destin, qu’est-ce qu’« une vie réussie », qu’est ce que « la vie bonne », quelles sont les « fins dernières » ? Mystère profond ! Où allons-nous, vers quoi nous dirigeons-nous et pourquoi ? Notre capacité de choix et la sagacité de nos prévisions se réduisent à une « peau de chagrin », qui, chaque jour, rétrécit tragiquement. Avons-nous seulement le temps et les moyens de la réflexion ? Même une courte pause ? L’homme court après sa propre ombre. L’homme est réduit à une ombre. L’homme est réduit à l’usage qui est fait de lui dans une société anonyme et utilitaire. L’homme est condamné à n’être qu’un rouage interchangeable. Foin de la personne et de son identité propre, place à l’individu, au « citoyen » abstrait et à la masse.

    Le poète René Char affirmait écrire « en cours de chute », parce que l’amour, ce lien sublime était brisé. Il existe encore bien d’autres « liens sublimes » pour un homme encore capable de se « situer » dans le Cosmos. Cosmos à l’origine signifie « beauté ». Voilà un autre lien. Ne voyons pas là un lien qui enchaîne à un pesant boulet dans un univers fermé, rétréci et étouffant, mais un lien qui relie, qui rassemble, qui réunit en toute liberté. Un lien qui fait sens, qui donne un sens : de ces liens qui permettent de trouver « l’issue », chère à Nietzsche, « des milliers d’années de labyrinthe ». Le monde où nous vivons nous bringuebale en tous sens, mais il n’y a plus de sens, de direction, de cheminements, de navigations, de buts, d’objectifs et de finalité. L’intériorité de chacun menace de devenir champ de ruines ou désert dans la tempête matérialiste et tueuse de la modernité.

    Sommes-nous devenus des clones, des automates, des robots, des « titans » ? Plus rien aujourd’hui ne se fait sous le signe de la réflexion profonde, de l’action mûrement méditée, mais au contraire, sous le signe de l’agitation pour l’agitation, réactif aléatoire et pusillanime, coquille de noix sur les flots de l’océan d’un présent impérieux et impétueux. Toutes les amarres lâchent les unes après les autres, laissant pressentir une situation paroxystique, un nouveau chaos. Ernst Jünger, qui fut un véritable « sismographe » des événements, présageait pour les temps prochains, une période « difficile pour l’esprit » qui serait « un nouvel âge de fer ». Il ajoutait : « Hölderlin, dans Pain et Vin, a écrit que viendrait l’ère des Titans. Dans cette ère à venir, le poète sera contraint à la léthargie. Les actions seront plus importantes que la poésie qui les chante et que la pensée qui les reflète. Ce sera donc une ère très propice pour la technique mais défavorable à l’esprit et à la culture. » Un espoir cependant : Hölderlin, voyant un siècle plus loin que Nietzsche, affirmait le « retour des dieux » après celui des « êtres de fer ». Et, dans l’intermède ou l’interrègne, le penseur de Wilflingen, pressentait que : « plus la massification s’accroît, plus grande est la valeur et la force spirituelle de ceux, très rares, capables de s’y soustraire. » La figure éternelle de l’homme libre, de l’écrivain, du penseur, du littéraire, du poète resurgit dès lors. Figure intemporelle. « Le véritable écrivain, comme la véritable richesse, se reconnaît non pas aux trésors qu’il possède, mais à sa capacité de rendre précieuses les choses qu’il touche. Il est donc semblable à une lumière qui, invisible en soi, réchauffe et rend visible le monde. (…) C’est précisément en cela que réside la puissance de l’écrivain : savoir se méfier du chaos, ne pas se laisser emporter par l’atmosphère apocalyptique. » Plus que jamais donc, penseur et poète ont un message fondamental à dévoiler.

    C’est ce que, dans les pages de Figures de Proues, au cours de cabotages culturels, de navigations littéraires, nous rechercherons. Nous nous mettrons en quête d’un véritable archipel intellectuel, formé d’îles et d’îlots, de refuges et de criques, d’anses et de baies où le pilotage se fait à vue, où la navigation devient calme, enserrée par une multitude de terres émergées, parmi les lochs, les fjords et les canaux, où s’offrent des perspectives multiples et toujours renouvelées. Nous trouverons en ces lieux protégés, calmes et sereins, en ces sites solitaires et désertés, la matière spirituelle d’une nouvelle essentialité, d’une centralité.

    Nous aborderons ces lieux cachés, ces havres, en compagnie de nombreuses figures de proues : personnalités emblématiques, écrivains, penseurs, poètes qui seront les égides, les inspirateurs de nos déambulations nautiques. Nous ne dédaignerons pas non plus les navigations hauturières où nous retrouverons la haute mer et ses étendues immenses, ses pièges, peut-être aussi. Découvrir, c’est affronter.

    C’est ainsi qu’une bonne partie de ces cahiers cherchera à mettre en avant des textes fondateurs et essentiels qui sont souvent tombés dans l’oubli. Un oubli injuste : soit qu’ils aient été noyés dans la masse des publications contemporaines, ou victimes des orchestrations arbitraires et velléitaires du système des modes, ou bien encore consumés, par l’opprobre et la malveillance, dans l’autodafé intellectuel à sens unique que dirige la férule vigilante des intransigeants « commissaires » du « culturellement correct ». De larges extraits composeront donc une véritable anthologie consacrée aux messages fondamentaux et principaux des auteurs cités. Ces textes choisis possèderont toujours une haute tenue littéraire, un style indéniable, une esthétique vigoureuse, une exigence sourcilleuse en regard du travail d’écriture. Bien sûr, au-delà de la simple approche esthétique, ces textes dévoileront une matière riche faite pour donner à penser, à réfléchir, à se former, à se cultiver. Ils seront des ouvertures sur un monde de « vraies richesses », qui n’ont rien à voir avec « les espèces sonnantes et trébuchantes », mais qui apprennent à vivre en se reliant à l’essentiel. Une autre rubrique des cahiers sera composée de textes rédigés par nos soins sur des thèmes et des sujets qui entreront en résonance littéraire avec l’esprit de la revue. Enfin, nous livrerons au lecteur une bibliographie sélective, qui ne sera pas systématiquement au service des « nouveautés » et des dernières parutions qui ont souvent la vie courte, mais qui aura été choisie parce qu’elle nous paraît receler des travaux formateurs, aux perspectives intéressantes, voire des chefs d’œuvres « incontournables » et impérissables, en regard de l’imaginaire européen enraciné et authentique.

    En route pour les rivages de « nos îles au trésor » !

    Pierre BAGNULS

    Rédacteur en Chef

     

    Au sommaire de la revue : 

    Editorial

    •Se relier à l’essentiel 

    Essai Culture Littérature Poésie

    • Le recours au refuge : escapades littéraires

    Textes fondateurs

    • Le temps des vendanges par Ernst Jünger

    • Automne par Ernst Jünger

    • Cette lancinante idée d’Europe par Pierre Drieu La Rochelle

    • La société de l’argent                                                                 

    • La joie du corps par Jean Giono

    • Le mal est dans l’oubli du corps Pierre Drieu La Rochelle

    • Une morale de la responsabilité Thierry Maulnier

    Livres Libres et Recensions

    • L’ours, le grand esprit du Nord

    •Cernunnos, dieu Cerf des Gaulois

    Le collège de Sociologie

    • Le vent d’hiver par Roger Caillois

    • Deux romans vikings réalistes : « Frères jurés » et « Orm le Rouge »

    • Mythologie scandinave – légendes des Eddas

     

     

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  • Carnage et culture

     

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    Chez Champ, la collection de poche de Flammarion, on annonce la publication pour le mois de septembre Carnage et culture, de Victor Davis Hanson, historien militaire, tenant de la suprématie militaire occidentale, qui s'était fait connaître avec Le modèle occidental de la guerre (Les Belles lettres, 1990), et qui revient dans cet ouvrage sur neuf batailles décisives, qui ont vu le triomphe d'armées occidentales.

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