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  • La macronie face au Covid-19 : communication de crise ou crise de la communication ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli sur Polémia et dans lequel il analyse la communication de Macron et de son équipe dans la crise du Coronavirus. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    La macronie face au Covid-19 : communication de crise ou crise de la communication ?...

    On apprend [1] que la présidence de la République a modifié, une nouvelle fois, son pôle de communication. La porte-parole du gouvernement aurait fait de même. Mauvais présage car, en macronie, tout commence et finit par la communication. Pour le pouvoir, face au coronavirus, la communication de crise ne tournerait-elle pas à la crise de communication ?

    Nous sommes en guerre… mais comme en 1940

    Au début de la crise, le président de la République a choisi, comme à son habitude, une pose théâtrale : contre le virus « nous sommes en guerre », affirme-t-il au moins six fois de suite, dans son allocution du 16 mars 2020.

    Le président, qui n’a pas fait son service militaire, aime jouer au chef de guerre ou se prendre pour Clemenceau.

    Las, il est bien vite apparu que l’on faisait la guerre, mais plutôt comme en 1940 : sans stratégie bien claire ni surtout sans moyens adaptés.

    On faisait la guerre à l’épidémie, mais sans contrôler les frontières, avec des hôpitaux publics et des services d’urgence en crise, sans stocks de masques suffisants ou sans respirateurs, et sans pouvoir procéder au dépistage du virus dans la population.

    Ne restait donc dans les arsenaux que le confinement qui ne requérait que peu de moyens, sinon policiers.

    Le choix du mensonge

    Curieusement, le gouvernement a alors choisi de mentir aux Français alors même que sa responsabilité dans cette absence de moyens n’est pas exclusive, même si cela fait plus de deux ans et demi qu’il est aux affaires.

    Il a d’abord menti en faisant croire que tout était sous contrôle, au temps d’Agnès Buzyn.

    Puis, avec l’aide de ses fidèles médias mainstream, il a seriné que les masques ne servaient à rien [2] ou qu’il fallait les réserver aux personnels de santé, que les contrôles aux frontières ne servaient à rien, que les virus ne s’arrêtaient pas aux frontières, que le dépistage n’était pas utile, etc.

    Mais, à l’âge d’Internet et des réseaux sociaux, il est de plus en plus difficile à un gouvernement de mentir durablement !

    Bien vite, les témoignages du désastre sanitaire et logistique auquel étaient confrontés les personnels de santé sont apparus. Il suffisait aussi de se rendre dans une pharmacie pour voir une affichette qui résumait à elle seule la déroute française : « Pas de masques ni de gel hydroalcoolique ». Il suffisait enfin de regarder les médias pour voir qu’à l’étranger, manifestement, on pensait que les frontières, les masques et les tests étaient utiles.

    Le contraste était donc visible et palpable entre le discours martial du pouvoir et la réalité des moyens qu’il pouvait mobiliser.

    Il mentait donc pour la bonne cause : la sienne, en essayant de transformer un manque de moyens en vertu thérapeutique !

    Volte-face

    Voyant que le désastre logistique passait mal et que le fait d’applaudir à 20 heures les personnels de santé ne suffisait pas, on a ensuite fait volte-face pour communiquer sur… les commandes massives de masques ou de réanimateurs effectuées par les autorités.

    Et on annonce maintenant que l’on va procéder à des tests massifs. Comme on a rétabli les contrôles aux frontières.

    Mais alors, pourquoi ce qui était présenté comme inutile ou absurde hier, devient-il maintenant un axe fort de la communication de crise du pouvoir ?

    Une telle volte-face donne surtout à penser que les décideurs n’ont pas de cap.

    Les experts à la peine

    Le gouvernement a choisi aussi de s’appuyer en permanence sur les analyses d’un conseil scientifique, pour justifier ses décisions.

    Mais, comme il était à prévoir, cette posture allait déboucher sur une polémique entre experts sur les réseaux sociaux, démontrant à l’évidence que le corps médical dans son ensemble était loin de soutenir les choix gouvernementaux.

    Cette attitude donnait aussi le sentiment que nos gouvernants ne gouvernaient plus vraiment mais abandonnaient les choix aux experts.

    Pire, l’ancienne ministre de la santé, s’est mise à affirmer publiquement que le gouvernement n’avait pas pris suffisamment au sérieux ses avertissements quant à l’ampleur de la crise. Et que, par conséquent, la guerre avait été déclarée avec retard.

    La question de la chloroquine a constitué un autre désastre de la communication gouvernementale puisque la polémique publique opposant le conseil scientifique, le gouvernement et ses médias aux travaux et affirmations du professeur Raoult a donné le sentiment que les décideurs tergiversaient dans l’adoption d’un remède contre le virus, pour des raisons incompréhensibles ou peu avouables.

    Et, une nouvelle fois, on a diabolisé une option, pour ensuite commencer de s’y rallier à moitié !

    Tragediante ! Commediante !

    Le gouvernement a enfin choisi, avec l’aide des médias mainstream, toujours avides de catastrophisme bon pour l’audience, de tenir un discours de dramatisation, affirmant chaque jour que demain serait pire.

    « Les 15 prochains jours seront encore plus difficiles que les 15 jours écoulés », affirme ainsi le Premier ministre, le 28 mars 2020. En écho à Emmanuel Macron pour qui « la vague est là […]. Nous allons affronter une crise financière sans précédent, une crise de l’économie réelle. Nous ne sommes pas au bout de ce que cette épidémie va nous faire vivre […]. C’est une guerre. Elle va durer [3] ».

    Un discours qui a évidemment permis aussi de faire passer dans l’opinion groggy un « état d’urgence sanitaire » ouvrant la voie au gouvernement par ordonnances et au renforcement de mesures liberticides.

    Mais un discours qui donne aussi le sentiment que l’on se borne à suivre l’évolution naturelle de l’épidémie et de ses conséquences, sans les maîtriser. Car ce discours comporte en lui-même ses propres limites lorsqu’on joue au chef de guerre : si vous affirmez « savoir » que demain sera pire, on finit fatalement par vous demander : que faites-vous donc pour empêcher ce scénario ? Et si vous n’y parvenez pas, à quoi donc servez-vous ?

    Union nationale ? Non, défiance nationale

    Cette communication calamiteuse a ancré nos concitoyens dans une forte défiance à l’égard des annonces gouvernementales dans la gestion de la crise.

    L’union nationale invoquée par Emmanuel Macron a cédé progressivement la place à une nouvelle défiance nationale à l’encontre de son action et de celle du gouvernement. Après la crise des Gilets jaunes et la réforme des retraites, cela commence à faire beaucoup.

    Un sondage montre ainsi que 69 % des personnes interrogées estiment que le gouvernement n’est « pas clair » face à la pandémie de Covid-19 et 70 % qu’il « ne dit pas la vérité aux Français ». 75 % considèrent qu’il n’a pas pris les bonnes décisions au bon moment et la même proportion pense qu’il « ne fait pas ce qu’il faut pour bien équiper les hôpitaux et les soignants face à l’épidémie ». De plus, 75 % des interrogés disent ne pas être « rassurés » par un gouvernement qui, pour 79 % d’entre eux, ne « sait pas où il va [4] ».

    « Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va », écrivait Sénèque.

    Avec le coronavirus, la macronie vient une nouvelle fois de l’illustrer.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 avril 2020)

     

    Notes :

    [1] Le Monde.fr du 31 mars 2020.

    [2] Sibeth Ndiaye a même expliqué que bien se servir d’un masque était compliqué, ce qui sous-entendait que les Français ne sauraient pas le faire.

    [3] Interview au JDD du 22 mars 2020.

    [4] Enquête d’opinion menée les 24 et 25 mars 2020 par Odoxa et Dentsu Consulting pour Le Figaro et France Info.

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  • Tour d'horizon... (185)

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    Au sommaire cette semaine :

    - dans la Lettre de Comes Communication, Bruno Racouchot interroge Xavier Guilhou, ancien responsable de la DGSE et spécialiste reconnu de la prévention des risques, sur la gestion de la crise sanitaire en cours...

    Crise mondiale, jeux d'influence et affrontements géopolitiques

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    - devant l'Académie Royale de Belgique, Stéphane Courtois présente la figure de Lénine...

    Lénine et l’invention du totalitarisme

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  • Feu sur la désinformation... (276)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      En visite à Pantin, Emmanuel Macron s’est quasiment offert… un bain de foule ! Une scène incroyable en plein confinement.
    • 2 : Terroriste soudanais : les médias osent tout !
      À Romans-sur-Isère, samedi 4 avril, un migrant soudanais a tué deux personnes et en a blessé cinq autres aux cris d’ « Allah akbar ». Les médias ont tout fait pour minimiser cette attaque islamiste et donner des excuses au meurtrier.
    • 3 : Revue de presse
      Un appel à la prière qui n’a pas eu lieu tout en ayant quand même eu lieu…
      Une hypothèse complotiste en France considérée comme crédible au Royaume-Uni…
      Cette semaine encore, les médias dominants ont fait très fort !
    • 4 : Covid-19 : bas les masques !
      Cette semaine, les médias se sont retrouvés confrontés à une nouvelle preuve de l’amateurisme gouvernemental… la position sur l’efficacité des masques ! L’occasion de mettre les hommes politiques et les décodeurs médiatiques face à leurs contradictions !

     

                                       

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  • Vers une crise économique d'une ampleur au moins égale à celle de 1929 ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh Info, dans lequel il évoque les conséquences possibles de la crise du Coronavirus... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Décroissance ou toujours plus ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2018) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

     

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    Alain de Benoist : « Je m’attends à une crise économique qui aura au moins l’ampleur de celle de 1929 »

    BREIZH INFO : Tout d’abord, que vous inspire la direction du gouvernement, qui semble ne pas vraiment savoir où donner de la tête depuis le début de cette pandémie ? Michel Onfray évoque une fin possible de régime en conséquence, y croyez-vous alors que les cotes d’opinion d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe n’ont jamais été aussi hautes ?

    ALAIN DE BENOIST. Michel Onfray a dit, avec plus de talent que je n’en ai, tout ce qu’il y avait à dire sur la désastreuse gestion de la crise sanitaire actuelle par l’équipe d’Emmanuel Macron. J’avais écrit il y a quelques années que c’est dans le cas d’exception que l’on pourrait prendre la pleine mesure du personnage. On sait maintenant ce qu’il en est. Un homme d’État décide, ordonne, réquisitionne. Macron s’en remet au conseil des « experts » qui, comme d’habitude, ne sont pas d’accord entre eux. Il redécouvre les vertus de la « souveraineté nationale et européenne », mais c’est après avoir multiplié les réformes libérales qui ont favorisé les délocalisations et la dépendance aux importations. Il salue et remercie ceux qui se battent et qui se dévouent, mais nul n’a oublié qu’avant l’arrivée du Covid-19, il s’était refusé à entendre leurs revendications.

    En témoigne l’état lamentable de nos services de santé, à qui l’on a imposé des objectifs de rentabilité à courte vue, et dont on mesure aujourd’hui le délabrement : masques et tests de dépistage manquants, lits supprimés, personnel soignant au bord du collapsus, services hospitaliers saturés. On a voulu inclure dans la logique du marché un secteur qui est par définition hors marché. On a systématiquement affaibli et détruit les services publics. Nous en payons le prix. Et ce n’est qu’un début, car le confinement va encore durer des semaines, sinon des mois. Nous ne sommes pas à la fin du début, et encore moins au début de la fin.

    Je ne crois pas un instant à la montée de la cote de popularité d’Emmanuel Macron. Dans un premier temps, comme il est de règle, tout le monde s’est serré les coudes. Mais quand on en sera arrivé au « jour d’après », et que le moment sera venu de rendre des comptes, le jugement du peuple sera impitoyable. Si, comme je le crois, toute cette affaire débouche sur une crise sociale de première ampleur, le mouvement des Gilets jaunes apparaîtra plus que jamais comme une répétition générale. On voit bien d’ailleurs dès maintenant que c’est pour les classes populaires et les classes moyennes que le confinement est le plus difficile à vivre.

    La figure du Professeur Raoult, qui a émergé récemment, ne vous apparaît-elle pas comme un besoin pour les médias, une fois de plus, de dresser des icônes (d’un côté, l’icône gouvernementale, de l’autre l’icône un peu rebelle ?) à proposer à nos concitoyens. N’est-on pas finalement en plein cœur de la société du spectacle dans cette crise ?

    Le professeur Raoult est apparemment le seul qui ait commencé à obtenir des résultats dans la lutte contre l’épidémie. Au lieu de lui en tenir gré, on l’a présenté comme un rigolo et comme l’« idole des conspirationnistes » ! On annonce maintenant des recherches « plus approfondies » qui ont surtout pour objet de mettre au point un médicament qu’on présentera comme « bien meilleur » que la chloroquine et qui aura surtout pour avantage de coûter (et donc de rapporter) beaucoup plus cher. Société du spectacle ? Nous avons plutôt affaire ici à une guerre des egos et à une querelle de gros sous.

    Il y a un mois, vous nous évoquiez votre scepticisme eu égard à la fermeture des frontières. L’êtes-vous toujours alors que l’intégralité des États ont pris ces mesures ?

    Je suis bien sûr partisan de la fermeture et du contrôle des frontières. J’ai seulement voulu dire qu’il est techniquement presque impossible d’empêcher quiconque d’entrer ou de sortir d’un pays, et qu’une frontière fermée n’est pas une frontière étanche. La preuve en est que le coronavirus fait aujourd’hui des ravages dans tous les pays, y compris ceux qui ont été les premiers à fermer leurs frontières.

    L’Union européenne n’est-elle pas en train de définitivement se suicider du fait de cette crise sans précédent ? Il semblerait en effet que ce soit chacun pour soi désormais…

    Elle ne s’est pas suicidée pour la simple raison qu’elle était déjà morte. L’un des mérites de la crise a seulement été de permettre à tout le monde de voir son cadavre. Devant l’épidémie, les dirigeants de la Commission européenne sont apparus en état de sidération. Ils vont maintenant débloquer de l’argent qu’ils distribueront par « hélicoptère », après avoir fait fonctionner un peu plus la planche à billets. Mais concrètement, rien n’a suivi. Ce n’est pas l’Europe qui est venue au secours de l’Italie, mais la Chine, la Russie et Cuba. Revanche posthume de Fidel Castro !

    Quelles conséquences économiques voyez-vous à l’horizon, dans les mois, années à venir… Le fait que l’on ne puisse plus acheter de l’or, que les États fassent tourner la planche à billets, est-ce que cela devrait nous inquiéter ?

    Je m’attends à une crise économique qui aura au moins l’ampleur de celle de 1929. Elle durera beaucoup plus longtemps que l’épidémie actuelle, fera beaucoup plus de dégâts et tuera beaucoup plus de monde. Si elle se double d’une crise financière planétaire, on assistera à un tsunami : crise économique, et donc sociale, crise financière, crise sanitaire, crise écologique, crise migratoire. J’avais publié en 2011 un livre intitulé Au bord du gouffre. Il me semble que nous y sommes.

    Mais il faut s’attendre aussi à des conséquences politiques et géopolitiques de première grandeur. Le développement de l’épidémie dans un pays comme les États-Unis, dont le système de santé, organisé bien sûr sur le mode libéral, est l’un des moins performants du monde, est appelé à jouer un rôle décisif et mérite d’être suivi de très près (l’épicentre mondial de l’épidémie se trouve aujourd’hui à New York). Les États-Unis risquent de s’en sortir beaucoup plus affaiblis que la Russie et la Chine, qui sont leurs deux seuls rivaux du moment. Encore une fois, nous n’en sommes qu’au commencement.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh Info, 2 avril 2020)

     

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  • L’énarcho-bureaucratie, maladie mortelle du système de santé...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Remmaker, cueilli sur Polémia et consacré à la crise de l'hôpital. Dominique Remmaker, biologiste et chercheur.

     

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    Covid-19. L’énarcho-bureaucratie, maladie mortelle du système de santé

    À l’occasion d’une pandémie qui agit comme un véritable révélateur de l’incurie de nombre de ses dirigeants, la France vient de découvrir avec horreur qu’elle est un pays sous-développé. Un pays qui dépense annuellement plus de 11 % de son PIB pour financer son système de santé et où, pourtant, manquent les moyens les plus élémentaires de protection des soignants et de la population en face d’un virus respiratoire ; ainsi que les moyens de diagnostiquer l’infection et de dépister les porteurs asymptomatiques, ceux qui sont à haut risque de propager le virus. De ce fait, des êtres humains meurent et mourront, qui ne devraient pas mourir.

    Les mensonges des politiciens

    Ces êtres humains meurent et mourront d’imprévision, d’inconséquence, d’incompétence. Parmi eux, des médecins et d’autres professionnels, qui seront allés au front pour aider leurs semblables, sans aucune protection, comme les Saint-Cyriens en 1914 face aux mitrailleuses allemandes. Conséquences terribles, mais hélas prévisibles et maintes fois dénoncées, de vingt années de pouvoir sans partage de l’énarcho-bureaucratie de la santé, à la main du pouvoir politique.

    Les politiques et leurs affidés médiatiques mentent : ils commencent par expliquer que les masques ne servent à rien pour justifier qu’on en manque. Puis, ils racontent que le dépistage du virus n’a pas d’intérêt en dehors des cas graves (ce qui, si l’on y réfléchit bien, n’a aucun sens) pour masquer le manque de réactifs, alors que le matériel et les professionnels sont là, mais ces derniers n’ont pas les moyens de travailler.

    En sorte que, si nous avons le choix entre deux paradigmes pour faire face à la crise Covid-19 : le confinement généralisé avec protection maximale de ceux qui travaillent pour la collectivité (incluant les masques) versus le dépistage généralisé avec isolement radical des seuls porteurs (comme en Corée du Sud, à Singapour), nous ne sommes pas capables d’en appliquer un seul.

    Le système hospitalier français : du meilleur au pire

    Comment le système de santé français et, au premier chef, l’hôpital public, qui furent les meilleurs du monde à l’orée des années 2000, en sont-ils arrivés là ?

    C’est qu’il fallait en finir avec le « pouvoir médical », pour installer celui des directeurs gestionnaires issus de l’ENA et de son avatar, l’École de Rennes.
    Et créer l’invraisemblable gabegie des Directions ministérielles et Agences de l’État, toutes redondantes les unes avec les autres, et des Agences Régionales de Santé, véritables usines à fonctionnaires sans la moindre vision territoriale de l’organisation médicale, qui est pourtant leur mission.
    Il fallait former des générations de hussards gris, en quête d’ascenseur social, pour mettre au pas ces soignants qui gaspillent l’argent public, pour saigner à blanc l’hôpital public, réduisant chaque année davantage ses moyens en personnels et en matériels. Leur obsession : fermer des lits et « rendre » des postes. Tout cela au nom de la folle idéologie de l’hôpital-entreprise et du Directeur-Patron, consacrée par la loi HPST (Hôpital, Patient, Santé, Territoire) de Sarkozy et Bachelot, puis de l’économisme libéral au pouvoir, avec le désastreux duo Hollande-Touraine. Des promotions entières de jeunes hauts-fonctionnaires arrogants, soucieux de plaire à Monsieur/Madame le Ministre, sont venus expliquer aux médecins comment traiter leurs malades, car ils se sont mêlés de tout, ces nouveaux seigneurs, y compris de décider des projets médicaux, de l’organisation des soins, de la recherche. Sans y connaître rien. C’est ainsi que les tableurs Excel et les premiers de la classe à Henri IV ont décidé du sort des malades.

    Kafka à l’hôpital

    Pour autant, l’hyper-administration de l’hôpital n’a pas régressé ; elle n’a fait qu’enfler, au point d’engloutir jusqu’à 30 % du budget hospitalier. On a vu fleurir les Directions (et autant de rentes bien juteuses pour fonctionnaires et autres politiques méritants, en pré-retraite ou dans l’attente de leur nomination dans un grand corps de l’État… Avec appartement de fonction et voiture avec chauffeur, prébendes dignes de l’Ancien Régime) à mesure qu’on manquait de lits et d’infirmières. On a créé des Directions de la « Qualité », des Directions de la « Performance » (sans rire !), des « Relations Internationales » et mille autres emplois de bureaucrates inutiles ; on a arrosé d’argent public des cabinets d’audits incompétents pour produire des études sans intérêt, qui n’ont servi qu’à opprimer les soignants un peu plus, les contraignant à une productivité digne du fordisme, au détriment des malades, de l’humanité médicale et de la qualité (réelle) des soins.

    On a fabriqué une « organisation » du système de santé dont la complexité est ubuesque et dont les dirigeants sont en perpétuelle querelle de pouvoirs et de prés carrés. Tout le monde veut décider et personne ne gouverne. Avec, en dessous, un énorme ventre-mou de fonctionnaires à trente-deux heures, qui constitue un obstacle permanent à la fluidité de la chaîne de décision.

    Et si seulement les inutiles se contentaient d’être payés à ne rien faire… Au contraire, pour justifier son existence et sa prétendue utilité, la bureaucratie produit des normes et des réglementations incessantes, reflets de sa peur panique de l’imprévu et de ses propres responsabilités. Elle menace d’asphyxie budgétaire tous ceux qui ne veulent pas se soumettre. Elle travaille à son maintien et à son pouvoir, comme les politiques qui la légitiment. Mais à la fin, tout va bien, Madame la Ministre, regardez les courbes des indicateurs… Avec les économies réalisées, nous pouvons nommer un nouveau Directeur dans un grand CHU : avez-vous un obligé à caser ?

    Quand on fera le bilan de la tragédie en cours, il faudra se garder de guillotiner des coupables ou de faire sauter des fusibles, pour mieux persister ensuite dans l’injustifiable. Il ne faudra pas s’en prendre aux individus, quelque incompétents qu’ils aient pu être ; ne pas les jeter en pâture à la population et aux journalistes. Tout cela ne servira à rien. C’est tout un système à bout de souffle qu’il faudra abattre. L’énarcho-bureaucratie a fait son temps. Elle doit être mise à l’os et, pour ce qui en restera, au service des soignants et des patients. Et alors, seulement, il y aura l’argent et l’efficacité nécessaires pour faire face à la prochaine pandémie.

    Dominique Remmaker (Polémia, 24 mars 2020)

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  • Lutte contre la contamination du coronavirus : florilège des annonces médiatisées...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme consacré aux annonces cacophoniques du gouvernement à propos de l'épidémie de coronavirus...

     

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    Lutte contre la contamination du coronavirus : florilège des annonces médiatisées

    Depuis le début de la propagation du coronavirus, les membres du gouvernement multiplient dans une certaine cacophonie les déclarations et les mesures visant à endiguer la pandémie. Il nous a paru utile de rapprocher certaines d’entre elles. C’est surtout dans les réseaux sociaux que nous avons trouvé de l’impertinence et de l’esprit critique vis-à-vis de la gestion de la crise, que nous vous laissons le soin de qualifier. Situation au 16 mars 2020.

    Un risque de propagation « très faible »

    À partir du 22 janvier 2020, l’épidémie du coronavirus commence à se développer en Chine et connait un pic le 7 février. L’épidémie se propage rapidement en Europe.

    Le rédacteur en chef de L’Incorrect nous rappelle le 14 mars les propos tenus le 24 janvier par la Ministre de la santé, Agnès Buzyn : « Le risque d’importation depuis Wuhan est quasi nul. Le risque de propagation du Coronavirus dans la population est très faible ». Heureusement, la radio d’État France Info est là pour prendre la défense de la Ministre le 9 mars : « C’est vrai, mais le contexte de l’époque est bien différent ». Le 16 février, alors que la contamination se propage en France, la Ministre de la santé annonce sa démission, pour se présenter aux élections municipales à Paris.

    Des masques envoyés en Chine

    Le 19 février, le ministère de l’Europe et des affaires étrangères annonce dans un communiqué de presse largement médiatisé l’envoi de 17 tonnes de fret médical en solidarité avec la Chine à destination des structures hospitalières de Wuhan et de la province du Hubei : combinaisons, masques, gants, etc.

    Dès la mi-février, la pénurie de masques en France, en particulier pour les professionnels de santé (FFP2), est manifeste. Ils s’en inquiètent selon Sciences et avenir le 7 mars.

    Le 4 mars, des médecins généralistes annoncent qu’ils vont attaquer l’État devant le tribunal administratif de Paris pour obtenir des masques selon Egora.fr, un site d’informations médicales.

    Le même jour, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndaye déclare en direct de l’Élysée : « Cela me semble peu probable que la France atteigne jamais le stade 3 ».

    Le 14 mars, les autorités sanitaires françaises annoncent que le pays passe en stade 3.

    Le 5 mars, l’émission sur France 2 Envoyé spécial consacre un reportage à l’épidémie de coronavirus, en particulier à Creil, où est morte en France la première personne en raison de cette maladie. On y apprend que ce sont des militaires de la base militaire de Creil qui ont participé au rapatriement de français basés à Wuhan, en Chine.

    Surtout ne pas renoncer aux terrasses, aux salles de concert et aux fêtes de soir

    Le 11 mars, le Président de la République s’exprime sur Twitter :

    « Nous ne renoncerons à rien. Surtout pas à rire, à chanter, à penser, à aimer. Surtout pas aux terrasses, aux salles de concert, aux fêtes de soir d’été. Surtout pas à la liberté. Surtout pas à notre esprit de résistance qui fait la République si grande, la France si forte ».

    Le 14 mars, le Premier ministre annonce la fermeture à compter du 15 mars de nombreux lieux publics : restaurants, bars, cinéma, discothèques, etc.
    Il estime qu’ « il n'y a à ce jour pas suffisamment de prise de conscience par les Françaises et les Français de l'importance de leur rôle face au virus. C'est urgent, c'est maintenant qu'il faut changer de comportement ».

    Les frontières « ne servent à rien »

    France 24 rappelle le 14 mars que le Président de la République n’a - au cours de son allocution télévisée du 12 mars - pas annoncé la fermeture des frontières nationales. La chaine mentionne la défense de cette décision par le ministre de la santé : « Un virus n’a pas de frontières. Il circule en Italie, en Espagne, en Allemagne mais aussi dans des pays qui ont déjà des frontières, comme la Suisse. (…). Scientifiquement cela n’a pas d’ intérêt ».

    Alors que les frontières de la France avec ses voisins européens ne sont toujours pas contrôlées au 15 mars, on apprend par plusieurs médias dont Libération que de nombreux pays ont déjà annoncé un strict contrôle de leurs frontières nationales : Pologne, Autriche, Italie, Danemark, Russie, Pologne, Norvège, Lituanie, Slovénie, etc.

    Les écoles restent ouvertes ou fermées ?

    Dans la journée du 12 mars, le Ministre de l’Éducation exclut sur BFMTV la fermeture totale des écoles, qui ne serait pas une stratégie adaptée et préconise la fermeture dans des zones « ciblées ».

    Le 12 mars, à 20 heures, lors d’une allocation télévisée, le Président de la République annonce la fermeture pour une durée illimitée de toutes les écoles, crèches et universités.

    Le 10 mars, plusieurs médecins généralistes annoncent qu’il ont décidé de porter plainte contre l’État, nous apprend France info. Deux d’entre eux dénoncent sur France 3 le manque de moyens financiers et humains et estiment que l’épidémie est prise à la légère.

    Alors que le journal Les Échos tente le 14 mars de dresser la liste des pays où les français ne peuvent plus ou difficilement voyager, l’animateur et créateur du site Les Crises, revient le 12 mars sur la chaine RT France sur les mesures, « dramatiquement insuffisantes » prises par la France (…). La France est le pire élève de la planète ».

    D’ici à ce que le Président de la République accuse une nouvelle fois des organes de presse étrangers de répandre des « contre-vérités infamantes » comme en 2017… il n’y a qu’un pas que nous n’osons franchir.

    Observatoire du journalisme (OJIM, 16 mars 2020)

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