Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

brexit - Page 2

  • Quand le populisme recompose le monde...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Alexandre Devecchio à Atlantico et consacré au populisme, comme signe d'une recomposition politique en cours. Animateur des pages Figaro Vox du Figaro, Alexandre Devecchio vient de publier un essai aux éditions du Cerf intitulé Recomposition.

    Orban_Salvini.jpg

    Alexandre Devecchio : "Avec le temps, il se pourrait que le populisme nourrisse un projet qui aille au-delà de la déconstruction de l'ancien ordre global"

    Atlantico.fr : Vous estimez dans votre livre Recomposition, le nouveau monde populiste, que le populisme est le signe d'une recomposition politique. Vers quel nouveau monde nous dirigent les leaders populistes ? 

    Alexandre Devecchio : En Occident, à l’utopie de la mondialisation heureuse succède le retour des nations et des peuples. Ces derniers, à travers leurs votes pour les partis dit « populistes », mais aussi à travers le « Brexit »  ou le mouvement des Gilets jaunes, expriment leur volonté de recouvrer leur souveraineté, de protéger leur modèle social et leur identité face aux migrations massives, de renouer avec un certain nombre de limites et de permanences face au rouleau compresseur de la globalisation. L’uniformisation planétaire n’a pas produit le village mondial pacifié espéré, mais au contraire engendrée de multiples fractures sociales, culturelles, démocratiques. Face à ce profond désordre, les populistes proposent de rétablir un certain nombre de repères. Le nouveau monde auquel ils aspirent n’est pas synonyme de fermeture, mais se veut avant tout plus stable.  

    Les partis européens qui réussissent aujourd'hui à obtenir la majorité aux élections semblent souvent réunir des électeurs aux opinions très diverses. C'est le cas par exemple de LREM, ou de coalitions comme celle qui a été conclue entre le M5S et le PD en Italie. Pourquoi les partis "attrape-tout" ont-ils tant de succès ? Est-ce le signe d'un vide idéologique ?

    En réalité depuis la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin, les partis de centre-gauche et de centre-droit, qui se sont succédé, malgré une opposition de façade, menaient peu ou prou une politique identique avant tout fondée sur le primat de l’économie et du libre-échange. C’est ce que la théoricienne du  populisme, Chantal Mouffe, a appelé « l’hégémonie néo-libérale ». Mais depuis l’effondrement financier de 2008,  et plus encore depuis la crise migratoire de 2015, l’ère de la domination néo-libérale semble en passe de s’achever tandis qu’on observe la montée en puissance de mouvements antisystèmes dans la plupart des démocraties occidentales. Pour se maintenir au pouvoir, le centre gauche et le centre droit ont ainsi dû converger au sein de grandes coalitions : autour de Merkel en Allemagne, de Renzi en Italie ou de Macron en France. Mais même rassemblés, les centres ne pèsent qu’entre 25% et 30% des suffrages : une base électorale très faible essentiellement composée des gagnants de la mondialisation. Pour espérer élargir celle-ci et se maintenir durablement, il va leur falloir trouver un supplément d’âme idéologique. Cela pourrait bien passer par l’écologie.

    L’alliance entre le M5S et le PD en Italie est un cas à part et inédit. Pour la première fois, nous voyons un parti anti-système s’allier à un parti du système. Le M5S s’est pourtant entièrement construit sur le rejet des appareils politiques traditionnels et plus largement d’une démocratie représentative considérée comme dévoyée par beaucoup d’Italiens.  Dépassé par la montée en puissance d’un populisme rival, incarné par la Ligue de Salvini, le mouvement a su jouer habilement des combinaisons partisanes et des procédures parlementaires pour rester au pouvoir. Mais, ce faisant, il a aussi perdu sa raison d’exister et va devoir se refonder pour survivre.  Je ne serais pas surpris voir le parti de Di Maio muter en parti écologiste. 

    Si certains partis "attrape-tout" réunissent les gagnants de la mondialisation, les populistes semblent rassembler ceux qui s'estiment être les perdants. Dans quelle mesure ce qu'on appelle "populisme" n'est pas simplement le nom d'une forme de résistance désorientée au monde libéral, sans véritable projet ?

    On peut le dire comme cela ou comme le penseur de la nouvelle droite, Alain de Benoist, pour lequel le populisme exerce un rôle principalement destituant, c'est-à-dire qu'il contribue avant tout au «dégagisme». Il fait sortir du champ politique des partis et des mouvements faisant l’objet d’une défiance généralisé. Avec le temps, il se pourrait cependant que le populisme nourrisse un projet qui aille au-delà de la déconstruction de l’ancien ordre global. 

    Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui entame son quatrième mandat, a réussi à définir un véritable contre-modèle faisant désormais école dans toute l’Europe centrale. Il a notamment théorisé celui-ci, le 26  juillet 2014, dans son discours de Baile Tusnad où il emploie pour la première fois le concept de « démocratie illibérale ». En Europe occidentale, ce concept a été souvent mal compris. Pour Orbán, il ne s’agit nullement de rompre avec les principes de base du libéralisme : plutôt de retrouver un équilibre perdu entre démocratie et libéralisme, souveraineté des peuples et liberté des individus, volonté de la majorité et respect des droits des minorités. Tandis qu’en Europe occidentale, le politique est de plus en plus entravé par les technocrates et les juges comme par les lois du marché, en Europe centrale, le politique tend à limiter les contre-pouvoirs pour garder davantage de marges de manœuvre. Pour Viktor Orbán, le libéralisme seul ne suffit pas à maintenir la cohésion sociale et nationale. C’est pourquoi, il parle aussi de  « démocratie chrétienne », non par bigoterie ou pour brouiller la frontière entre l’État et l’Église, mais parce qu’il pense que les démocraties sont d’autant plus fortes et solides qu’elles s’inscrivent dans une histoire et une civilisation.

    A Washington s’est tenue mi-juillet une conférence inaugurant un  nouveau think-tank, la Edmund Burke Foundation, dont l’objectif est  de donner une véritable cohérence idéologique et doctrinale au Trumpisme. Autour du philosophe et théologien israélien Yoram Hazony, nombres d’intellectuels américains ambitionnent de forger un « conservatisme national », en rupture avec le néolibéralisme de l’ère Reagan.  Du mandat de Trump, on ne retiendra pas seulement ses foucades, mais aussi le point de départ d’une révolution idéologique bien plus profonde. Chacun à leur manière, Orbàn comme Trump, sont peut-être à l’avant-garde du nouveau monde. Paradoxalement, Macron apparaît au contraire comme le dernier samouraï d’un modèle à bout de souffle.  

    Vous évoquez dans votre livre la "chute du mur de Maastricht", écho à la chute du mur de Berlin. Il y a encore pourtant une véritable incertitude sur la capacité des populistes à réunir des majorités d'action (ce qui se passe au Royaume-Uni en est probablement le signe). Le succès du populisme n'est-il pas qu'une phase transitoire ? 

    Le mur de Maastricht est toujours debout, mais il est sérieusement fissuré. Nous sommes précisément dans une époque de recomposition. Pour paraphraser Gramsci, nous nous situons dans un « interrègne»: «un monde se meurt et un autre tarde à naître». La décomposition du « vieux monde » n’est pas achevée. Il résiste en jetant toutes ses forces dans la bataille comme on peut le voir, en effet, au Royaume-Uni. Mais dans la brume, apparaissent déjà les contours du monde à venir. Sera-t-il populiste ou le populisme ne sera-t-il qu’une étape transitoire ? Une chose paraît certaine l’ordre global, tel qu’on l’a connu, et dont l’Union européenne a été le laboratoire avancé, semble à terme condamné. 

    Alexandre Devecchio (Atlantico, 15 septembre 2019)

    Lien permanent Catégories : Entretiens 0 commentaire Pin it!
  • Un petit tour du monde de l'actualité...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'actualité récente... Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

    Alain de Benoist 2.jpg

     

    Alain de Benoist : « Mon petit tour du monde des actualités… »

    Il y quelque temps que Boulevard Voltaire n’a pas publié d’entretien avec vous. J’aimerais vous poser des questions rapides sur un certain nombre d’événements récents. Et, d’abord, l’incendie de Notre-Dame de Paris.

    Notre-Dame en flammes, frappée au chœur, c’est l’image même de la chrétienté d’aujourd’hui. Que dire de plus qui n’ait déjà été dit ? Je pense à Dominique Venner et je relis Péguy.

    La fin du « grand débat » et la conférence de presse d’Emmanuel Macron, qui n’a semble-t-il pas convaincu deux Français sur trois ?

    Le chef de l’État a eu tort de prendre les Français pour des mougeons (moitié moutons, moitié pigeons). Micron, démission !

    Le mouvement des gilets jaunes, dont on assure régulièrement qu’il est « en train de s’essouffler » et qu’il donne lieu à des « violences inacceptables » ?

    Un mouvement pacifique et « bon enfant » n’aurait pas obtenu le dixième de ce que les gilets jaunes ont obtenu – même si aucune de leurs revendications essentielles n’a encore été satisfaite. La violence (je ne parle pas de celle des « casseurs » professionnels) est parfois la seule façon de se faire entendre. Le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille n’a pas non plus été une promenade de santé ! Relisez les Réflexions sur la violence de Georges Sorel. Cette violence populaire est, de toute façon, peu de choses comparée à la violence systémique des prédateurs en col blanc, des assassins de l’identité, des destructeurs d’acquis sociaux et des maîtres du profit. Quant à l’essoufflement des gilets jaunes, ce ne sera, dans le meilleur des cas, qu’une pause avant les prochaines batailles. Partout en Europe, les classes moyennes sont en voie de disparition et les peuples n’en finissent plus de subir les conséquences des politiques d’austérité. Dans notre société en forme de sablier, la richesse s’accumule en haut de plus en plus tandis que la pauvreté et la précarité augmentent régulièrement en bas. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on se dirige vers une révolte sociale généralisée.

    Le lanceur d’alerte Julian Assange livré par l’Équateur aux autorités anglaises qui l’ont déjà condamné à un an de prison, tandis que les Américains ont lancé un mandat d’arrêt contre lui ?

    Les États-Unis ont acheté Assange pour 10,2 milliards de dollars de crédits par l’intermédiaire du Fonds monétaire international (FMI). Un pays digne de ce nom aurait immédiatement donné asile au fondateur de WikiLeaks. Comme les autres obligés de la Maison-Blanche, la France s’en est, évidemment, abstenue. Elle a d’autres demandes d’asile à traiter…

    La situation qui se dégrade au Venezuela et la reconnaissance par la « communauté internationale » de Juan Guaidó comme président autoproclamé de ce pays en lieu et place de Nicolás Maduro, pourtant deux fois élu président ?

    Maduro a une belle moustache de révolutionnaire mexicain, mais il est sûr qu’il n’a ni le charisme ni les talents de Hugo Chávez. Cela dit, il est encore plus certain que les États-Unis ont fait et continuent de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour ruiner et surtout contrôler le Venezuela, pays qui dispose des plus importantes réserves d’hydrocarbures de la planète. Toute la question est de savoir si les Américains se lanceront dans une guerre pour imposer le très libéral Juan Guaidó, putschiste en costume trois-pièces qui devrait être depuis longtemps en prison. Emmanuel Macron a conseillé à Maduro de démissionner pour céder aux « pressions de la rue ». Maduro aurait pu lui répondre que, confronté depuis six mois à la colère du peuple français – tout comme le gang Bouteflika à celle du peuple algérien –, il n’a qu’à donner l’exemple lui-même.

    Les nouvelles sanctions économiques décrétées par Donald Trump, non seulement contre Caracas et Moscou, mais aussi La Havane et Téhéran ?

    Ce sont autant d’actes de guerre dirigés contre les sociétés commerciales françaises et européennes qui commerçaient en dollars avec le Venezuela, Cuba ou l’Iran, ou y ont fait des investissements, et qui sont maintenant tenues de s’aligner sur les diktats de Washington au nom de l’invraisemblable principe d’extraterritorialité du droit américain. En matière de politique étrangère, l’unilatéralisme trumpien s’avère chaque jour plus détestable.

    L’interminable feuilleton du Brexit : la Grande-Bretagne va-t-elle, ou non, sortir de l’Europe ?

    De Gaulle avait raison : pour commencer, elle n’aurait jamais dû y entrer.

    Le pape François embarrassé face au scandale des agressions pédophiles commises par des prêtres ?

    Je vais certainement vous surprendre, mais je pense qu’il n’y a pas de problème de pédophilie dans l’Église. Il y a, en revanche, un sérieux problème d’hébéphilie homosexuelle. La pédophilie se définit comme l’attirance sexuelle pour les enfants impubères, garçons ou filles. Or, plus de 80 % des agressions sexuelles mettant en cause des membres du clergé concernent des adolescents pubères, de 12 à 18 ans, et presque exclusivement des garçons. Ce sont des mineurs, pas des enfants. On n’ose pas le dire pour ne pas être taxé d’« homophobie », mais le livre de Frédéric Martel en apporte la confirmation. Dans ces conditions, mettre fin au célibat des prêtres ne favoriserait guère que le mariage gay ! Je rappellerai aussi que, contrairement à ce que l’on croit souvent, les prêtres ne prononcent pas de vœu de chasteté. Ce vœu est réservé aux moines, c’est-à-dire aux membres du clergé régulier (par opposition au clergé séculier).

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 6 mai 2019)

    Lien permanent Catégories : Entretiens 0 commentaire Pin it!
  • La Punition...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Richard Dessens, cueilli sur Eurolibertés et consacré au délitement de l'Union européenne portée par Emmanuel Macron. Docteur en droit et professeur en classes préparatoires, Richard Dessens a notamment publié La démocratie travestie par les mots (L'Æncre, 2010), Henri Rochefort ou la véritable liberté de la presse (Dualpha, 2017) et La démocratie interdite (Dualpha, 2018).

    Crise-Union-européenne.jpg


    La Punition

    Le spectacle de l’indigence acrimonieuse de l’Union européenne touche à son paroxysme. Les anathèmes, les menaces incessantes et les punitions catastrophiques continuent de pleuvoir sur les peuples européens à souveraineté de plus en plus limitée.

    La Grèce, La Pologne, la Hongrie, la Roumanie, l’Italie ont déjà fait les frais plus ou moins catastrophiques de la vindicte de Bruxelles à des niveaux différents mais toujours dans l’optique de montrer les muscles pour l’UE. Muscles dérisoires des illusions d’être le « patron » et d’imposer un management par le mépris.

    La Grèce, qui a provoqué la première le feu en quelque sorte des chevaliers de Bruxelles, a fini par céder à leurs oukases pour  sombrer dans la misère et la récession pour deux générations. Tant pis pour elle. Mais la Grande Bretagne n’est pas la Grèce et les rodomontades agressives de l’UE dans le cadre du Brexit s’adressent à un État de poids. Et c’est bien ce qui rend Bruxelles et son chevalier blanc, Emmanuel Macron, furibonds.

    Au-delà des subtilités diplomatiques et des négociations alambiquées dont la Grande Bretagne a toujours eu le secret, la réalité est bien plus prosaïque. Il s’agit pour l’UE de dissuader par la menace, quiconque aurait des velléités de quitter l’Union du bonheur européen. Alors, après les muscles, on montre les dents et les postures intransigeantes pour bien indiquer qu’on n’a rien à craindre de cette petite île arrogante. M. Macron est, bien entendu, en pointe et le leader incontestable de la croisade, lorsque Madame Merkel est beaucoup plus nuancée et en retrait dans cette affaire très politico-médiatique. Intimider les peuples souverains par la menace et les sanctions reste l’apanage des ayatollahs bruxellois menés par M. Macron qui en profite pour se positionner comme le « monsieur Propre » de l’ultralibéralisme d’un fédéralisme convoité, contre l’horreur populiste.

    L’horreur est incarnée par le vote britannique pour le Brexit, ce qui apporte de l’eau au moulin des grands démocrates tellement opposés à l’expression souveraine des peuples. La démocratie, oui, mais sans le peuple. Seuls les énarques et les élites officielles devraient pouvoir voter.

    Le Brexit sans accord se profile dans un climat de catastrophisme inouï. Toutes les élites politico-médiatiques européennes ultralibérales se liguent pour décrire doctement à longueur d’antennes les conséquences dramatiques du Brexit pour une Grande Bretagne dans la misère et la désolation. Londres désertée par les financiers et dégradée de son rang de première place financière (au profit espéré de Paris ou de Francfort peut-être se laisse-t-on à rêver…) ; la Grande Bretagne en récession irrémédiable ; des millions de gens à la rue ; plus de médicaments ni de nourriture (sic), etc… « Voilà ce qui vous attend si vous osez quitter l’UE » suggère lourdement Bruxelles et M. Macron « à la Ville et au Monde. »

    Les messages sont clairs à défaut d’être justes. Mais la perspective des élections européennes démultiplie les assauts outranciers et les coups de menton outragés contre toute dissidence et menace populiste aux conséquences si dramatiques.

    De la Grèce au Royaume Uni, c’est cinq années d’anathèmes, de menaces et de sanctions. La Grèce meurt d’être restée dans l’UE et dans la zone euro. Le Royaume Uni se redéployera en quittant l’UE et grâce à sa monnaie qu’elle a su toujours préserver de l’euro et des intérêts de l’Allemagne. En outre, la politique britannique, comme l’avait si bien proclamé Churchill, n’a jamais été européenne : « Si j’ai à choisir entre l’Europe et le grand large, je choisirais toujours le grand large ». Le Royaume Uni s’appuie sur la Livre sterling, le Commonwealth et les USA, et n’a pas besoin de l’Europe. Bon vent au Royaume Uni ! « L’Angleterre est une île et entend bien le rester !»

    Il faut ajouter que pendant ces journées d’esbroufe dramatisé par l’UE et Macron, les élections provinciales pour le renouvellement du Sénat des Pays-Bas viennent de consacrer le triomphe combiné des deux partis « populistes » (PVV et FdV) qui, avec 16 sièges (sur 75) deviennent la première force politique des Pays-Bas, contre toute attente… encore une fois. Le parti majoritaire du gendre idéal européo-aseptisé Mark Rutte est devenu minoritaire. De quoi exciter encore Bruxelles et Macron qui ne savent plus où donner de la tête pour écraser la contestation en Europe malgré la puissance de leur communication apocalyptique.

    Usque tandem abutere Catilina patientia nostra ?

    Jusqu’à quand l’UE et Macron abuseront-ils de notre patience ?

    Richard Dessens (EuroLibertés, 23 mars 2019)



    Lien permanent Catégories : En Europe, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • L’imbroglio du Brexit !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Jean-François Gautier, cueilli sur L'Inactuelle, la revue d'un monde qui vient, et consacré à la question du Brexit... Docteur en philosophie, essayiste, musicologue et historien des sciences, Jean-François Gautier collabore à différentes revues et a notamment publié  L’univers existe-t-il ? (Actes Sud, 1994) et Le sens de l'Histoire (Ellipse, 2013).

     

    Brexit.jpeg

    L’imbroglio du Brexit !

    Les multiples difficultés liées à la sortie de la Grande-Bretagne (Brexit, pour British Exit) hors de l’Union européenne (UE) laissent pantois les politiques et les commentateurs continentaux. D’un mois à l’autre, d’une semaine à l’autre, parfois d’un jour à l’autre, il semble que les avis britanniques changent du tout au tout sur cette question, tant les blocages parlementaires ou d’opinions s’accumulent à l’endroit de Theresa May, Premier ministre conservateur, chargée des négociations de retrait auprès de l’UE. Cette valse-hésitation porte néanmoins une leçon : les différents systèmes de représentation parlementaire en usage en Europe ont des caractéristiques et des effets juridico-politiques discriminant.

    Le peuple anglais n’est pas souverain.

    Une simple comparaison éclaire la situation anglaise. L’un des principes juridiques majeurs des diverses Républiques françaises, explicité notamment dans la Constitution de la Ve République (1958), est celui d’une souveraineté fondatrice, celle du peuple, qui s’exerce « par les représentants et par la voie du référendum » (article 3). C’est précisément là que réside l’exception historique britannique : le peuple n’y est pas souverain, pas plus que la Couronne ; le gouvernement londonien travaille sans constitution, sur la base des attendus de la Glorieuse Révolution de 1688-1689, condensés dans le Bill of Rights, une Charte de Droits agréée par un régnant d’origine néerlandaise, Guillaume d’Orange, staathouder républicain des Provinces-Unies continentales, devenu le même jour (13 février 1689) William III roi d’Angleterre et William II roi d’Écosse.

    Son beau-père et prédécesseur, le très catholique Jacques II Stuart, qui venait d’être détrôné et exilé en France, avait pour ambition la construction progressive d’un pouvoir absolutiste, calqué sur celui de Louis XIV, aux fins évidentes de mieux s’y opposer. Après l’avoir destitué, la classe politique révolutionnaire, aussi attentive à l’expression des libertés religieuses qu’à celle de son propre ascendant, imposa sa Charte à William III : le Bill maintient le régnant à la tête de l’Église anglicane (ce qu’est toujours Elisabeth II), mais limite drastiquement les prérogatives de la Couronne en transférant à deux Chambres préexistantes, celle des Lords et celle des Communes, l’essentiel de la souveraineté dont la royauté était garante, à la nuance près de quelques pratiques aristocratiques, décisives pour la pérennité des Lords qui participèrent à la Révolution. Ce premier exemple européen moderne de monarchie parlementaire fut, pour William, une condition sine qua non de son accession au trône. En l’absence de toute constitution ultérieure, la Charte est toujours en vigueur à Londres, modifiée à la marge par des amendements accordant, depuis 1911, une priorité décisionnelle aux Communes dans la gouvernance de la souveraineté.

    C’est pourquoi le référendum du 23 juin 2016, aux termes duquel 51,89 % des électeurs britanniques se prononcèrent en faveur d’une sortie de l’UE, doit être considéré comme seulement consultatif, non comme législatif ou impératif selon une exégèse typiquement française. Ce cas n’est pas unique. Lorsque, en juin 1975, le premier ministre travailliste Harold Wilson organisa un référendum (le premier dans l’histoire locale) relatif au maintien de l’adhésion britannique à la CEE d’alors (elle y était entrée en 1973), il ne s’agissait pas pour les électeurs de décider quoi que ce soit de législatif, mais d’approuver ou non la décision, déjà prise par les Communes le 19 avril, de rester dans la CEE. C’était une consultation d’opinions, indispensable pour Wilson qui risquait d’être mis en minorité dans son propre parti (Whig), mais non un référendum législatif au sens français. La réponse référendaire aurait-elle été négative, Wilson eût dû repasser par les Communes pour négocier une nouvelle décision de leur part.

    Les hésitations de Theresa May.

    Cette orientation interprétative a été confortée à la fin de l’année 2016. Theresa May avait entrepris à cette époque, sans délégation particulière mais en application des résultats d’un référendum qu’elle n’approuvait pas, de négocier par elle-même un accord de retrait auprès de la Commission européenne. Une minorité de députés, en désaccord avec elle, demanda en cette matière l’arbitrage de la Haute-Cour londonienne, laquelle, par un arrêt en date du 3 novembre 2016, exigea que le gouvernement obtienne l’accord du Parliament avant d’entamer ses pourparlers avec l’UE. La décision en dernier ressort appartient bien aux représentants, titulaires de la souveraineté, non aux exécutants qui en appliquent les résolutions. Et cela concerne encore le Traité âprement négocié depuis le 29 mars 2017, date à laquelle, suivant en cela les termes de l’article 50 du protocole d’adhésion à l’UE, la Grande-Bretagne a officiellement ouvert un délai de deux ans pour conclure son Traité de séparation. Ce dernier a été approuvé le 25 novembre 2018 par 27 chefs d’État européens. Il est applicable à la date du 29 mars 2019, mais il ne peut s’imposer à la Grande-Bretagne sans l’approbation en dernier ressort des Communes, lesquelles renâclent. D’où l’impasse juridique.

    Le 10 décembre dernier, veille du jour où les Communes devaient se prononcer sur ce Traité, Theresa May annonça qu’elle en reportait le vote au 21 janvier 2019, soit 39 jours avant l’échéance fatidique. Ce fut un coup de théâtre calculé. Sachant qu’elle n’obtiendrait pas, le 11 décembre, une majorité aux Communes, Mrs May leur imposait un dernier délai de réflexion. Elle les mettait en demeure d’arbitrer, sous leur seule et définitive responsabilité, entre trois possibilités juridiques et pratiques : soit un refus du Traité, et la Grande-Bretagne retrouverait du jour au lendemain (30 mars 2019) la position diplomatique, juridique et commerciale qui était la sienne avant son entrée dans l’UE (1973), avec toutes les conséquences et complications afférentes, tant administratives que douanières, relatives à la circulation des biens et des personnes entre le Royaume et le continent ; soit une acceptation du projet de Traité, qui facilite l’adaptation de ces circulations, et il resterait, à la marge, deux années complémentaires (renouvelables une fois) pour régler le problème particulier de l’Irlande ; soit l’organisation d’un nouveau référendum, pour reprendre le pouls d’une opinion aujourd’hui mieux informée qu’en 2016 de la portée d’un retrait de l’UE, et capable de réorienter les avis des Chambres (dans cette hypothèse, Mrs May pourrait juridiquement obtenir de la Commission une allonge du délai avant sécession).

    L’Europe : facile d’y entrer, difficile d’en sortir…

    Le problème irlandais ne peut être négligé, qui montre des difficultés de philosophie politique remarquables. L’appartenance de l’Ulster (Belfast) et de la République d’Irlande (Dublin) à la même UE avait permis au Premier ministre travailliste d’alors, Tony Blair, d’obtenir un armistice (accord dit « du Vendredi saint », 10 avril 1998) dans la guerre civile trentenaire (3500 morts en Ulster) opposant les unionistes irlandais pro-britanniques et le Sinn Fein indépendantiste. Depuis, la frontière entre les deux Irlande est pratiquement ouverte, sinon poreuse, ce qui donna des débouchés à l’agriculture et à l’artisanat du Nord. En cas de Brexit sans accord préalable, cette frontière serait de nouveau fermée, et la reprise de la guerre civile plus que probable. C’est pourquoi l’actuel projet de Traité prévoit, à la demande de Mrs May, un délai de deux années supplémentaires pour trouver localement des conditions propres à aménager sans heurts la situation irlandaise ; les règles juridiques et commerciales de l’UE s’appliqueraient entre-temps non à la Grande-Bretagne entière mais à la seule Ulster (Belfast), et sa frontière avec l’Eire (Dublin) resterait ouverte ; mais, durant cette période, la Grande-Bretagne n’aurait toujours pas de liberté de commerce avec le reste du monde, et l’Ulster aurait une sorte de frontière maritime avec la maison-mère. Ce que refusent nombre de juristes et de députés arguant, non sans motif, qu’il ne peut exister de partition ni de rupture dans la continuité territoriale de la souveraineté britannique. D’où le choix de certains élus de refuser l’actuel projet de Traité intégrant une exception irlandaise, laquelle est néanmoins reconnue comme délicate.

    Il y a nombre de leçons à tirer de cette affaire du Brexit, laquelle montre, pour des motifs historiques variés, qu’il est plus aisé d’entrer dans l’UE que d’en sortir. Un référendum, qu’il soit consultatif, constitutionnel ou législatif, suscite toujours des agréments et des oppositions à motifs très divers. Mrs May, classée à l’origine au nombre des rares députés conservateurs (Tories) opposés au Brexit, en a fait le décompte : il y a des conservateurs intransigeants souhaitant relancer vers le grand large une Grande-Bretagne enfin libre de négocier des accords commerciaux de son choix avec la planète entière, ce qui n’est pas autorisé dans le cadre de l’UE ; mais aussi des conservateurs écossais, gallois ou irlandais décentralisateurs, souhaitant rester dans l’UE et donc opposés au Brexit ; et des travaillistes (Whigs) opposés par principe aux conservateurs, mais partisans d’un maintien dans l’UE et donc opposés au Traité comme certains conservateurs ; etc. La diversité des mobiles chez les « pour » et les « contre » est un classique des consultations référendaires, face à quoi un statut législatif ou constitutionnel de celles-ci a l’avantage d’apporter une réponse claire, par oui ou par non. Le statut du référendum étant exclusivement consultatif en Grande-Bretagne, celui de 2016, par principe et depuis 1689, retrouve ipso facto, quelle qu’en soit la réponse, toute une palette de nuances parlementaires et de couleurs irisées entre lesquelles il est impossible d’arbitrer par oui ou par non.

    Le citoyen, sa conscience et ses représentants.

    L’exception britannique est compréhensible. La « conscience » humaine (consciousness), qui est au fondement de la souveraineté politique des individus citoyens, et donc de celle du peuple, est d’invention métaphysique et politique tardive. Le concept en a été avancé, dans son Essai sur l’Entendement Humain, par un philosophe certes anglais, John Locke, ami de Guillaume III et de la reine Mary, née Stuart, qui l’avaient connu aux Pays-Bas, mais son livre ne fut publié que quelques semaines après l’agrément royal du Bill of Rights, cette quasi constitution qui ne tient pas compte des consciences individuelles, ni ne les évoque.

    Étaient d’abord politiques, et éminemment politisés dans l’Angleterre de la fin du XVIIe siècle, les droits d’expression revendiqués par les différentes confessions religieuses qui, comme en France ou dans les principautés germaniques, avaient d’énormes difficultés à coexister. Charles II, monté sur le trône en 1660, et Jacques II à sa suite étaient, comme tous les Stuart d’origine écossaise, ouvertement catholiques. Ils réunissaient contre eux la plupart des anglicans bon teint, des calvinistes, des luthériens, des baptistes et autres chapelles dissidentes. Motif pour lequel les Chambres avaient appelé Guillaume d’Orange sur le trône, un protestant hollandais plutôt calviniste, mais qui avait épousé Mary, la fille aînée de Jacques II, ce qui arrangeait les problèmes de légitimité successorale. Dans une Europe alors traversée de conflits religieux sanglants, le coup de maître de John Locke fut d’en énoncer une forme de laïcisation, une neutralisation par la consciousness. Cette « conscience » attachée à l’individu (considéré en tant qu’Homme en général) avait le mérite de dépolitiser d’un coup l’âme propre aux croyants ; grâce à cela, les différentes confessions purent toujours s’opposer entre elles quant au statut de l’âme et des devoirs qui lui incombent sur la voie du salut, mais elles purent aussi admettre une certaine neutralité de la conscience individuelle à la Locke, dans le champ politique bien sûr, ce qui contournait les conflits de croyances, mais encore l’admettre dans le champ de l’éthique civique, ce qui libérait le juridique de toute référence religieuse quant à ses fondements.

    Ce concept très flou de « conscience », qui fait toujours débat dans les neurosciences modernes, esquivait à l’époque, et très habilement, les conséquences politiques des luttes confessionnelles. La rédaction préalable du Bill of Rights en avait toutefois restreint par avance l’expression législative et juridique, limitée d’emblée aux seules voix des représentants réunis dans les Chambres londoniennes. Les révoltes continentales ultérieures enregistrèrent la leçon. Reste que, toutes choses inégales par ailleurs, la situation française des « gilets jaunes », très contemporaine, exprime un problème entrant dans le même champ conceptuel. Si l’ordre politique en place est a priori réputé arbitrer, par représentants interposés, les conflits internes d’un peuple, comment la consciousness de chaque citoyen peut-elle exprimer – hors le détour par des représentants – son désaccord politique d’avec l’ordre en place ? La question a, d’évidence, un aspect logique troublant. Mais c’est entrer véritablement en politique que d’y porter réponse, ou du moins de le tenter.

    Jean-François Gautier (L'Inactuelle, 14 décembre 2018)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Feu sur la désinformation... (196)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée cette semaine par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé Grandchamp.

    Au sommaire :

    • 1 : Affaire Benalla : le gouvernement orchestre la réplique médiatique
      Après une semaine de silence, Alexandre Benalla réplique dans les médias, 3 médias en 3 jours. Barbe rasée, mains croisées docilement sur la table, c’est le retour du favori de Macron médiatrainé.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Août, Paris va accueillir les « Gay Games », la ville la plus « gay friendly » va accueillir une sorte de jeux olympiques de la « diversité » « prônant le respect à l’égard de tous les participants ». Une communautarisation du sport mettant en avant les tendances sexuelles n’ayant aucun rapport avec une quelconque performance sportive.

    • 3: Audiences radio, c’est l’heure du mercato
      Retour sur les audiences radios. Depuis 1 an Europe 1 creuse le trou. Le mercato des journalistes pourra-t-il amener un vent de frais à la radio de Lagardère ?
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Le Monde désire-t-il un nouveau référendum sur le Brexit ? le 27 juillet, le journal de « référence » publiait un article : « Une majorité de Britannique en faveur d’un nouveau référendum ». En réalité cette majorité est bien contestable, 42 % des britanniques désirent un nouveau vote, Ils sont presque autant à ne pas le désirer. Peut-être, demain, Le Monde publiera un article sur un deuxième vote pour confirmer l’élection d’Emmanuel Macron ?

     

                                            

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Huit scénarios pour un quinquennat...

    Les éditions Le Retour aux sources publient cette semaine un essai de Michel Drac intitulé  Voir Macron - 8 scénarios pour un quinquennat. Penseur non-conformiste, Michel Drac est également l'auteur de plusieurs essais intéressants, dont dernièrement Triangulation - Repères pour des temps incertains (Le Retour aux sources, 2015).

    Drac_Voir Macron.jpg

    " Macron : un illusionniste.
    Son élection : un trompe-l’œil.
    Sa politique : du théâtre.
    Sa méthode : communiquer sur des détails insignifiants pour faire perdre de vue le tableau d’ensemble.
     
    Donc, afin que nous puissions voir Macron, et le voir réellement, Michel Drac va à l’essentiel. En huit scénarios, il dévoile les vrais enjeux du quinquennat : 

    - La mort douce : 2020, la conjoncture mondiale se retourne. Mal remise de la crise de 2008, l’économie française encaisse durement le choc. Le climat politique se dégrade…
    - Euro 2.0 : 2018, le Brexit est conflictuel. La City of London passe à l’attaque. Crise de la zone euro, le retour…

    - La grande spoliation : les élites américaines se déchirent. Wall Street n’accompagne pas la politique de Donald Trump. 24 octobre 2018, le Dow Jones est divisé par deux…
    - Le printemps italien : panique à Rome, le Mouvement 5 Étoiles a remporté les élections législatives…
    - Mourir pour Riga : le commandant en chef de l’OTAN en Europe veut contraindre Paris, Madrid et Berlin à lui confier les pleins pouvoirs sur la défense européenne. Mais rien ne se passe comme prévu…
    - Le dérapage incontrôlé : 2020, élections en vue aux États-Unis. Trump joue au chef de guerre pour rallier l’électorat républicain. Il défie la Corée du Nord…

    - La découverte de l’Europe : 2019, cataclysme climatique majeur. Partout dans le monde, les stocks de céréales plongent. Des dizaines de millions de migrants affluent vers le vieux continent…
    - La Troisième Guerre Mondiale : coup d’État néo-nazi à Kiev. Le conflit du Donbass dégénère. L’armée russe intervient… "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!