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Points de vue - Page 438

  • Retraites : pourtant d'autres pistes existent !

    Nous reproduisons ici un point de vue intéressant de Maurice Gendre, journaliste et agitateur d'idées sur la toile, sur la réforme des retraites, publié par le site Scriptoblog.

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    Retraites : pourtant d'autres pistes existent

    Alors que le vote définitif au Sénat devrait intervenir, après examen des 500 amendements, le jeudi 21 octobre dans la soirée (selon le philatéliste célèbre Gérard Longuet), le mouvement social ne cesse de se durcir.

    Pénurie d'essence, raffineries fermées, ports bloqués, lycées paralysés (1), trains annulés, grèves reconductibles, opérations escargots, cortèges de manifestants qui ne désemplissent pas, des sondages mettant une lumière crue sur le désaveu du gouvernement, tous les éléments sont là pour que ce projet de loi inique sur les retraites soit retiré comme le fut avant lui le SMIC-jeune balladurien, la « réforme » Juppé ou le CPE villepinien.

    Toutefois, si ce projet finissait par devenir une loi après publication au J.O, en raison de l'obstination du Narcisse pervers qui a posé ses valises à l'Elysée et/ou grâce à l'aide des racailles de banlieue (éternels idiots utiles), on peut douter de la volonté d'un gouvernement de « gauche », après un possible changement de majorité en 2012, de revenir sur cette contre-réforme. Surtout si l'on se base sur les précédents des réformes Balladur (1993) et Fillon (2003), qui semblent avoir été définitivement acceptées par la gauche de gouvernement.

     

    D'autant que la cacophonie régnant chez les sociaux-démocrates du PS laisse supposer une nouvelle félonie. Des déclarations du candidat préféré de l'oligarchie, le directeur du FMI, DSK, qui ne fait pas mystère que pour lui le "dogme" des 60 ans doit sauter, aux propos d'autres caciques PS qui veulent maintenir l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans tout en réclamant l'allongement de la durée de cotisation à 41,5 annuités... comprenne qui peut.

    Comme toujours, il ne faudra donc pas compter sur cette formation de petits marquis manipulateurs et condescendants qu’est le parti socialiste pour mener une véritable réforme des retraites, une réforme qui serait juste, équitable et pérenne.

    Mais il n'est pas interdit d'espérer que le flambeau sera repris par un ou plusieurs candidats lors de la prochaine présidentielle…

    Quels pourraient alors être les axes de réflexion ? Est-il possible de faire autrement ?

    Des moyens existent. Il faut cependant faire preuve de courage et de volonté.

    Chaque année, ce sont des dizaines de milliards qui font défaut aux caisses de retraite au titre des baisses de cotisations patronales, des exonérations de charges et des conséquences funestes des licenciements massifs et de la politique des bas salaires (2).

    Depuis 1980, la part patronale des cotisations sociales a baissé de 4 points (passant de 34 à 30%), soit un manque à gagner annuel de 17 milliards pour la sécurité sociale.

    Si la cotisation patronale était relevée dans cette proportion, il n'y aurait plus de déficit dans les caisses de retraite du privé.

    De même, dans le budget de l'Etat, ce sont des dizaines de milliards de cadeaux fiscaux qui mettent en péril le financement des retraites, des rémunérations de fonctionnaires, de l'emploi et des services publics. A elle seule, la prise en charge par l'Etat des exonérations de charges sociales consenties au bénéfice des entreprises représente un coût pour le budget de l'Etat de 33 milliards d'euros chaque année.

    Or, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'argent ne manque pas : 212 milliards d'euros de bénéfices pour les entreprises françaises du CAC 40 entre 2007 et 2009.

    Pour ces sociétés, on estime que le taux réel d'imposition est inférieur à 10%.

    Il faut aussi signaler les 3 milliards par an de niches fiscales réservées aux 1% les plus fortunés. Également, les 36 milliards de dividendes distribués aux actionnaires des entreprises du CAC 40 en 2009.

    Entre 2004 et 2007, les 0,01% les plus aisés ont gagné 40% de plus. Ceux-là mêmes, parmi d'autres, qui jouissent du bouclier fiscal.

    Des solutions alternatives existent donc bel et bien.

    Mais on peut également réfléchir à beaucoup plus long terme.

    Le débat sur les retraites reviendra de façon lancinante tant qu'une réelle politique nataliste ne sera pas instaurée dans ce pays.

    La mise en place d'un vrai salaire parental, l'augmentation des allocations familiales, l'allongement du congé maternité (et paternité) sont des pistes essentielles à explorer.

    Autre point fondamental : la question des retraites est très étroitement liée à l'emploi.

    Ne pas aborder la question de la lutte contre le chômage dans cette affaire relève d'une malhonnêteté intellectuelle sans limite.

    Assurer la reprise en main économique de notre marché intérieur (application de droits de douane sur les produits importés), rompre avec la « chienlit laissez-fairiste » (dixit le regretté Maurice Allais), ainsi qu'assurer le lancement de grands projets de ré-industrialisation, de développement et d'équipement, sont des options qui s'avéreront très vite incontournables.

    Pour pouvoir mettre en place tout ceci, une sortie de l'Union européenne (UE) sera inévitable (3).
    Là encore, il s'agira donc d'une question de bravoure et de volontarisme politique.

    Maurice Gendre

    ( 1 ) Depuis plusieurs jours, on entend sempiternellement le même refrain : "En quoi les jeunes sont-ils concernés?". La réponse est fort simple. La jeunesse française subit un taux de chômage de l'ordre de 25%. Les différentes mesures de recul de l'âge de départ en retraite conduiront d'ici 2016 à ce qu'un million d'emplois ne soient plus disponibles pour les jeunes arrivant sur le marché du travail, auxquels s'ajouteront 300.000 emplois supprimés dans la fonction publique entre 2007 et 2013.

    ( 2 ) Entre 1981 et les années 2000, la part des salaires dans la valeur ajoutée a reculé de 10 points, la part du capital a augmenté d'autant, alimentant les marchés financiers et la spéculation. Certains experts avancent le chiffre de 100 milliards par an volés au monde du travail.

    ( 3 ) A ce propos, le plan Sarkozy-Woerth prétend s'inspirer des autres pays européens. Or, un observateur un tout petit peu attentif remarquera que la durée de cotisation est de seulement 30 ans en Grande-Bretagne, 35 ans en Allemagne, en Italie, en Belgique et en Espagne, 37 ans en Autriche et 40 ans en Suède. Certes, des modifications sont également en cours dans ces pays, et on recense de fortes disparités (hallucinant plan de régression social de Zapatero en Espagne, mise en place d'un système de pénalités en Allemagne à partir de 2012, minuscule retraite de base en Angleterre… de 116 euros par semaine). Mais on n’atteint tout de même pas les 41,5 ans que souhaite imposer le gouvernement français.

     

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  • Contre les gadgets de destruction massive !

    Nous reproduisons ici un point de vue de la revue Eléments, signé Aurélie Mouillard, sur le combat mené contre les « nécrotechnologies » par le groupe Pièces et Main d'Œuvre et les éditions de L'Échappée .

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    Contre les gadgets de destruction massive

     

    Comment la tentative d'emprise de l'être humain sur la nature a-t-elle abouti à une emprise de la science sur l'humain? C'est à cette question que cherchent à répondre les travaux du groupe Pièces et Main d'Œuvre (PMO), collectif grenoblois formé en 2003, qui a déjà publié sur son site de nombreux textes et tracts (désormais réunis en volumes), et qui les diffuse au gré de rassemblements et de happenings. Son dernier coup d'éclat, à la Cité des Sciences, avait notamment permis l'annulation des «débats publics et citoyens» sur les nanotechnologies. En choisissant comme angle d'attaque l'étude des innovations technologiques, sa critique du développement des sciences mortifères s'est approfondie avec les années, avec pour objectif de provoquer l' « élargissement de nos capacités de représentation » de la réalité transformée, ainsi devenue «réalité augmentée».

    La mise à l'index d'une nuisance isolée ne peut évidemment se faire sans en retracer la généalogie, sans remonter â la racine du problème ni établir ses imbrications dans le monde contemporain. Les nouveaux «gadgets de destruction massive», passés du ludique au domestique, sont autant de reflets de bouleversements sociaux, économiques, politiques ou géostratégiques. C'est par exemple le cas du téléphone mobile, dont la fabrication nécessite entre autres l'extraction du coltan dans les mines du Congo-Kinshasa par les anciennes puissances coloniales ... C'est aussi ce qu'expose Jean Ornon dans son excellent documentaire Alerte à Babylone, ainsi que dans Un siècle de progrès sans merci, ouvrage tiré de son film du même nom qui confirme qu'une science pure ne saurait rester indéfiniment étanche à toute application pratique. Les « nécrotechnologies » s'avèrent ainsi le produit d'une idéologie. Et ce, quels qu'en soient les bons ou mauvais usages promis par des insurgés « citoyens et solidaires », et autres militants de «Sauvons la recherche».

    Un almanach des abjections contemporaines pourrait répertorier les possibilités, rationnelles et totales, déjà concrétisées en matière de «gestion des flux »: vidéosurveillance, Vigipirate, biométrie, bracelets électroniques, cartes de crédit, d'identité, de travail, de circulation, de stationnement, de communication, jusqu'aux puces RFID sous-cutanées. Sans oublier la liberty card (sic), qui divertit les foules et les recadre d'autant, à l'instar de la novlangue.

    Les accusations et calomnies n'ont pas manqué pour décrédibiliser les groupes écologistes et anti-industriels auxquels PMO peut être rattaché. S'y trouvent régulièrement des dénonciations d'activités terroristes ou de complots menaçant l'ordre public. À regarder de plus près la gestion aberrante des ressources matérielles et humaines de ces dernières décennies, il est bien compréhensible que les «autorités compétentes» préfèrent se défausser sur leurs contestataires! Le texte de la conférence À la recherche du nouvel ennemi s'ouvre sur ce constat, en stigmatisant notamment les divagations d'un Jean-Christophe Rufin, et surtout en analysant les rapports entre le monde scientifique et les tenants des pouvoirs politico-industriels. Les formules sont parfois expéditives, mais percutantes. Ainsi, à destination des apologistes technophiIes: «Est appelé aujourd'hui progrès technique tout ce qui vise à l'éradication du genre humain».

    À lire les productions de PMO, telles qu'elles sont disponibles sur son site ou dans la collection «Négatif » des éditions L'Échappée, on voit bien que la machine emballée, rendue autonome, a provoqué une fuite en avant qui ne peut s'achever que par l'emprise totale avant annihilation. Il est à cet égard révélateur que le dernier chapitre de Terreur et possession se concentre sur l'expansion des neurosciences, accusées d'aboutir à l' « avènement du pancraticon, de la société de contrainte par possession technologique » du cerveau! De tous ces symptômes de la démesure occidentale, on retient que «la vie n'est plus un don de Dieu, mais un matériau que l'on gère ». Le chapitre du livre de Ornon consacré à «La science comme ultime religion» aurait de ce point de vue mérité d'être approfondi davantage. Car, paradoxalement, il semble bien que l' « homme réduit en cendres» ne profite, in fine, à personne. Mais quels que soient ses défauts ou imperfections, la collection «Négatif» ne manque assurément pas de bonnes idées. On souhaiterait que les appels de PMO aux bonnes volontés ne restent pas qu'une formule, en dépit de vieilles méfiances difficilement blâmables. Mais ce serait oublier que, hors des «salons a1termondains», les «nouvelles convergences» ne se font bien souvent qu'au bord des précipices.

     

    Aurélie Mouillard (Eléments, juillet-septembre 2010)

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  • Les contre-démocrates

    Un point de vue intéressant de Laurent Ozon sur les réactions au référendum suisse, publié sur le site de Novopress le 2 décembre 2009.

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    Les contre-démocrates

     

    « Je suis scandalisé, […] c’est une réaction d’intolérance. »
    Bernard Kouchner, lundi 30 novembre 2009, RTL

    « C’est un vote de violence. »
    Michel Rocard, lundi 30 novembre, Radio Classique

    Le référendum helvétique sur les minarets a, une fois de plus, fait ressurgir une opposition de plus en plus franche entre les partisans de deux légitimités contradictoires. Les démocrates, dont nous sommes, considèrent que la démocratie est une source de légitimité, certes imparfaite, mais incontournable. Les contre-démocrates pensent que leur idéologie est source de légitimité politique et prime sur le choix exprimé par le peuple.

    L’idéologie à la mode, celle qui prétend décréter le bien, le beau et le bon, c’est le « Oneworldisme », l’idéologie « Open », vecteur de la volonté de domination de la nouvelle classe mondiale. Le bras armé moral de cette idéologie, ce sont les droits de l’homme, un système de pensée qui prétend fonder la dignité humaine et ses modes d’expression sur la seule appartenance à une catégorie zoologique, « l’humanité », plutôt que sur l’histoire, la culture, les modalités d’expression de celle-ci. Cette idéologie s’attaque ainsi aux droits existants des hommes libres et enracinés, dont celui de choisir, en toute responsabilité et liberté, ce qui lui semble bon, pour lui et pour les siens. Bref, tout ce qui fait de l’être humain un sujet de droit concret.

    Comme l’écrivait Alain de Benoist : « Un régime démocratique tient […] sa légitimité du consentement du peuple, celui-ci étant généralement exprimé par le vote. En dernière analyse, la démocratie est le régime qui consacre la souveraineté du peuple. A l’inverse, le discours des droits de l’homme se donne d’emblée comme certitude morale universelle, censée s’imposer partout du seul fait de son universalité. Sa valeur de vérité ne dépend donc pas d’une ratification démocratique. Mieux encore, il peut s’y opposer. »

    Nous sommes donc bien à un tournant historique. La super-classe mondiale, la majorité des politiciens, médias et faiseurs d’opinions sont aujourd’hui tombés de toute évidence dans le camp de la contre-démocratie (1). Le peuple est dangereux, la démocratie est dangereuse ? Qu’à cela ne tienne, ils ont entrepris de changer le peuple en favorisant la colonisation de peuplement et ont entrepris de s’attaquer logiquement au dernier recours d’expression du peuple : la démocratie directe.

    Nous voulons rendre au peuple la maîtrise de son destin et son droit légitime à avoir prise sur les institutions qui prétendent avoir prise sur lui et sa famille. Ce n’est que justice. Le moment est venu de défendre la tradition démocratique en Europe face aux menées liberticides des contre-démocrates.

    Laurent Ozon, président de Maison commune

    (1) La contre-démocratie. La politique à l’âge de la défiance, par Pierre Rosanvallon, Seuil, 2006.

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