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Points de vue - Page 409

  • La chronique d'analyse politique d'Emmanuel ratier

    Animateur de la remarquable lettre d'information Faits et documents, Emmanuel Ratier nous livre sa première chronique d'analyse politique consacrée à la percée médiatique de Marine Le Pen...

     

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  • Chroniques de la modernité tardive...

    Sur son Avant-blog, Eric Werner, l'auteur de L'avant-guerre civile poursuit son travail d'observation de notre société post-démocratique au travers de courts textes, des dialogues entre quelques personnages emblématiques, à la manière de ceux qu'il a publié dans Ne vous approchez pas des fenêtres - indiscrétions sur la nature réelle du régime (éditions Xénia, 2008). Nous reproduisons ci-desous les quatres chroniques qu'il  a écrites entre le 27 février et le 13 mars 2011


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    Ayaan Hirsi Ali

    Tu vois qui est Ayaan Hirsi Ali, dit l'Ethnologue. Il y avait un très bon article d'elle l'autre jour dans Le Monde (12 février). Juste ceci: "Les Moubarak et autres Kadhafi du Moyen-Orient ne sont pas des phénomènes tombés de la lune; ils sont le produit de l'absence de liberté inhérente à la culture de masse islamique. On s'accoutume très tôt à la soumission, dans cette civilisation". En attendant, dit l'Etudiante, ce sont eux qui se révoltent: eux et pas nous. Nous n'avons ni Moubarak, ni Kadhafi, dit le Collégien. Certes, dit l'Etudiante. En revanche nous avons les ... au ... de ...; et aussi les ... du ...; les ... ; etc. Ce n'est pas exactement pareil, dit le Collégien. Qu'est-ce que tu crois, dit l'Etudiante: ils nous coûtent bien plus cher encore. Nous sommes quand même en démocratie, dit la Poire. Oui bien sûr, dit l'Etudiante.

    (27 février 2011)

     

    Dépassé

    Si, à l'instar d'Ayaan Hirsi Ali, on caractérise la culture de masse musulmane en référence à la soumission, alors il apparaît clairement que cette culture, la culture de masse musulmane, est aujourd'hui en Europe la culture dominante, dit l'Ethnologue. Nous nous la sommes complètement appropriée. En ce sens, le débat sur les minarets est dépassé. On ne peut pas adhérer à la culture de masse musulmane sans en même temps vouloir construire des mosquées et des minarets. Cela paraît logique. Comme apparaît logique le port du voile islamique (y compris intégral). Ces prochaines années, vous le verrez, de plus en plus d'Européennes en viendront à l'adopter: d'abord (comme c'est le cas déjà maintenant) pour se rendre intéressantes, puis de plus en plus pour afficher leur adhésion pleine et entière à ladite culture, montrer à quel point elles se reconnaissent en elle, etc. Rien ne sert donc de vouloir s'opposer à ces choses, elles sont inséparables d'un mouvement de fond dont on peut raisonnablement penser qu'il ira jusqu'au bout de lui-même.

    (28 février 2011)

     

    Quel rapport ?

    Résumons-nous donc, dit l'Ethnologue. Sur un des plateaux de la balance, vous avez les salaires des dirigeants: ceux des dirigeants mais aussi des bureaucrates des grandes sociétés et banques multinationales, etc. Leurs super-salaires, mais aussi leurs retraites-chapeaux, leurs indemnités de départ, leurs revenus patrimoniaux, etc., bref, tout ce qui leur permet de goûter sereinement et sans trop se culpabiliser aux joies de l'existence. Vous connaissez les chiffres. Et sur l'autre plateau? En France, par exemple, 8 millions de personnes, soit 13,4 % de la population, vivent aujourd'hui avec moins de 950 euros par mois. C'est le cas aussi d'un jeune sur cinq. 20 % des étudiants ne mangent que deux repas par jour. Etc. Quel rapport avec les minarets, demanda le Collégien? Je recommence, dit l'Ethnologue: "Si, à l'instar d'Ayaan Hirsi Ali, on caractérise la culture de masse musulmane en référence à la soumission", etc.

    (9 mars 2011)

     

    Compare

    On peut poser le problème autrement encore, dit l'Ethnologue. Je m'inspire ici d'une remarque de Georges Corm (Le nouveau gouvernement du monde, La Découverte, 2010). Compare ce qu'ils gagnent avec ce que gagnent les gens exécutant, comme le dit cet auteur, "les tâches les plus essentielles à la survie des sociétés (ainsi le personnel infirmier, le personnel enseignant, les médecins généralistes ou les services d'aide à domicile, ou même, dans un autre registre, le balayage des rues, les travaux manuels et pénibles du bâtiment, les travaux de saisie informatique, etc.)". Compare, et ensuite dis-moi ce que tu penses d'un régime qui tolère de tels écarts, et non seulement les tolère mais les laisse se creuser toujours davantage, comme c'est aujourd'hui le cas. D'un tel régime et de son échelle de valeurs. A ton avis?

    (13 mars 2011)

    Eric Werner

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  • Marine Le Pen et la gauche paradoxale...

    Nous avons reçu en commentaire de notre note Des lignes qui bougent ?... ce point de vue fort intéressant de Claude Bourrinet.

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    Marine Le Pen et la gauche paradoxale

    Les causes du « malaise »
    Le titre de cet article est à double entrée : la copule « et » peut en effet s’entendre comme un signe d’opposition, mais il peut aussi s’interpréter comme un lien d’équivalence. Dans le premier cas, le terme « gauche » fait référence à la mouvance officielle qui le revendique comme un label ; dans le second, il traduit une connivence avec le peuple, contre une oligarchie qui lui est antithétique.
    Le malaise qui travaille au corps la caste politique actuelle, face à la montée d’un populisme contestataire, trouble d’abord les champions historiques, et pour ainsi dire institutionnalisés, des « exploités » et des « opprimés », mais qui gêne aussi la partie adverse, qui leur fait face comme dans un miroir, et qui joue avec eux cette musique en boucle qu’est l’alternance. Il  prend sa source surtout, plus que dans un « danger fasciste » fantasmé, dans la confusion de mots, dans l’usage d’un discours brouillé dont on voit bien qu’il a perdu son efficace.
    La sphère politique étant constituée autant d’images que de discours, il semble évident que le choix des vocables, et les connotations qui y sont attachées sont primordiaux.  En outre, il s’agit là d’un univers éminemment symbolique, à même de motiver des engagements forts, et peut-être plus lisible pour les masses que la pertinence d’intérêts véritables, qu’il est parfois difficile de démêler dans l’embrouillement des évènements. Or, si les mots dénotent, et ont donc une attache avec le réel, il s’en faut parfois de beaucoup pour qu’imaginaire et emblèmes y correspondent et s’y adaptent comme des gants à une main. Le plus souvent, le réel rejoint avec retard l’expression discursive  qui a tendu à le remplacer, parfois même jusqu’à l’invalider, le périmer ou le faire éclater.
    C’est justement ce qui est train de se produire avec l’extension, l’approfondissement et la consolidation du votre Front national, qui est en quelque sorte une immixtion du réel dans le jeu hautement virtuel du politique.

    Une « modernité » conquérante
    A trop user de la terminologie journalistique, qui consiste à donner une certaine crédibilité aux pétitions de principes, on perd la vérité du monde. Il n’est qu’à dire ce qui est, de façon tautologique, comme l’enfant qui clame que le Grand duc est nu. Ainsi la « droite » n’est plus, depuis longtemps à droite, et s’est spécialisée dans la gestion libérale et mondialisée de l’économie, n’ayant plus à cœur que de promouvoir la productivité du pays. Et la « gauche » ne défend plus le peuple.
    Laissons les premiers, qui inspirent pitié par leur pauvreté idéologique, car on ne ferait, en analysant le contenu de leurs propositions « sociétales », que retrouver en substance le programme de la « gauche », à savoir un abandon totale des barrières morales, culturelles et sociologiques, lesquelles avaient le tort d’empêcher la modernité d’exercer les ravages que l’on sait. L’application de la vulgate libérale n’a jamais produit des œuvres de génie dignes d’être retenues par l’Histoire. Le libéralisme, c’est l’homme perçu à travers son estomac et ses parties génitales, et sa réduction démoralisante à ses stimuli animaux.
    La « gauche » a visé plus haut. Elle s’est voulu l’héritière, comme sa sœur libérale, de l’idéologie des Lumières, mais dans une version plus idéaliste, plus rhétorique, plus messianique, bien que le projet libéral promît aussi de son côté l’avènement d’une société d’abondance, seule apte à porter le bonheur chez les hommes.
    L’évolution politique, depuis 89, au-delà du simple positionnement dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, qui a engendré les termes « droite » et « gauche », a été un progressif détachement, marqué par des chocs révolutionnaires, des problématiques attachées à l’Ancien Régime. Une fois que l’hypothèque monarchiste a été balayée, ne sont restés en présence que les partisans de la « modernité », même si on ne plaçait pas exactement la même idée derrière ce vocable. L’essentiel était que la solution aux maux de la société se trouvait devant, dans un avenir qu’on espérait radieux.
    Or, d’un côté comme de l’autre, du côté « libéral » comme du côté « socialiste », la conséquence a été une dépossession quasi complète de ce qu’avait en propre le peuple, c’est-à-dire le sentiment d’une communauté, d’une solidarité qui lui permettait de résister aux assauts de l’industrialisation et de l’urbanisation.

    La dépossession du peuple
    La marche irrésistible de l’industrie a jeté dans la misère et l’acculturation le peuple paysan, qui s’est parfois soulevé contre le progrès, par des révoltes, des grèves ou simplement en cassant les machines. Ces actions ont pris parfois une résonnance « réactionnaire », et ce que Marx a nommé « socialisme utopique » peut se lire comme une nostalgie programmatique d’un passé idéalisé. L’anarchisme, le syndicalisme révolutionnaire ne peuvent se comprendre aussi que comme cette tentative de sauver, dans la classe des artisans le plus souvent, les traditions de corps et une culture populaire mises à mal par la massification d’une économie de plus en plus déracinée et anonyme.
    Ce n’est certes pas un hasard que la « gauche », en se faisant le porte-parole des revendications populaire, n’a eu de cesse de combattre cette mouvance libertaire incontrôlée, que l’on accusait de confusionnisme, et qui du reste connut en son sein, notamment chez d’anciens communards,  la tentation du boulangisme et de l’antisémitisme.
    Le républicanisme avait pour vocation de gommer les frontières de classes. Pour lui, le peuple était un bloc, à l’exception de quelques archaïsants irréductibles. Le notable patriote s’adresse à la Nation, et veut concilier tous les intérêts. Or, bourgeoisie et prolétariat en vinrent à s’affronter. Naquirent alors les « socialistes », militants spécialisés dans la revendication, porteurs de prophétisme grandiloquent, et même lestés d’une doctrine à prétention scientifique, le marxisme. Nous assistons là à la deuxième dépossession des masses populaires, surtout après l’institution, à la suite de l’Affaire Dreyfus, d’une nouvelle caste, d’un clergé laïque, les « Intellectuels »,  qui va porter la parole sainte au milieu des ouvriers, et s’attachera à les éduquer, ou du moins à leur indiquer la bonne direction. Tous les comités qui vont fleurir à la suite du Front populaire, et qui se nourriront du mythe fallacieux et mortifère de l’Union soviétique, ce paradis rouge, confisqueront la parole prolétarienne, pour l’instrumentaliser et en faire une légende. Les « acquis » tant vantés n’ont été conquis que pour être vite récupérés par la classe marchande, et, ce qu’il en resta ne fut toléré que parce que cela correspondait aux nouveaux réquisits keynésiens de la société d’abondance.

    L’ultime dépossession
    Les partis politiques sont des machines à sélectionner une noblesse d’appareil, et à produire, par des slogans et des mots d’ordre, un semblant de discours qui trahit ou étouffe la parole populaire.
    Ce système hégémonique, bien qu’en perte d’influence depuis l’abandon des « grands récits » idéologiques, a permis la persistance d’une bureaucratie de spécialistes, qui se cooptent et contrôlent la société. Cette maîtrise douce et astucieuse de l’opinion, qui s’est donné le luxe d’un semblant de débat, incarné par le jeu de l’alternance, a été très utile quand il s’est agi de préparer, ou plutôt d’imposer au pays le tournant mondialiste, l’intégration au nouvel ordre libéral. Dans les faits, la « gauche » et la « droite » se sont rejoints sur cette cause, notamment par le truchement du projet d’union européenne, qui a été, une fois l’hypothèse de l’Europe puissance abandonnée, la porte de sortie par laquelle toutes les attaches identitaires ont été rompues. De là une difficulté récurrente à marquer des différences, sinon par des étiquettes qu’on agite et auxquelles seuls croient les journalistes.
    La nouvelle classe hégémonique communie dans l’instauration d’une société résolument moderne, moderniste, destructrice, dévastatrice. La famille, la patrie, le syndicalisme, les vieilles revendications de solidarité, de vie en commun, le simple désir de se retrouver sur un terrain civique qui inclut des impératifs de combats, bref, le veux monde, tout cela est non seulement déconstruit comme un témoignage d’un passé méprisé, mais même entaché de soupçon, comme si regarder en arrière en déplorant la perte de l’authenticité était un signe d’appartenance au fascisme. C’est ainsi qu’on a loué les familles recomposées en ignorant la souffrance enfantine, qu’on a promu la permissivité en regrettant hypocritement la violence sexuelle, qu’on a voué aux gémonies l’art ancien au profit d’un art dit « contemporain » qui, quand il n’est pas pure spéculation, n’est qu’une machine à araser les goûts et les imaginations, qu’on a abandonné l’idée de Nation, si antique, au nom d’un magma cosmopolite où seule l’élite « nomadisée » se retrouve, qu’on a prêché un hédonisme de bazar, qui rabaisse l’individu et enlève de son esprit le sentiment de l’héroïsme, du sacrifice, et même toute énergie, qu’on a encouragé, au nom de l’humanité, une immigration de masse, provoquant ainsi la baisse des salaires et la dévastation de vastes territoires de la République, qu’on a vanté la culture « jeune » en ouvrant grand les portes à l’américanisation de la France, en rompant les solidarités générationnelles tout en donnant comme modèle l’individualisme, l’égoïsme et le cynisme. Il faut ajouter à cela le profond mépris dont font l’objet toutes les résistances qui voient le jour, et que des humoristes vendus ont traînées dans la boue en les accusant d’avoir pour auteurs des « beaufs », des « Dupont-la-joie ».
    C’est dans ce qu’il reste du peuple, après ce travail destructeur entrepris par la « gauche » et la « droite » réunies, que gît encore le respect de la famille, de la patrie, de la langue française et de l’autorité naturelle. Pour combien de temps ?
    Ce n’est donc pas un paradoxe d’avancer alors que Marine Le Pen est la seule, dans le monde politique, à se trouver à « gauche », si être à gauche est défendre le vrai peuple.

    Claude Bourrinet (17 mars 2011)

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  • Des lignes qui bougent ?...

    Des lignes qui bougent ?... On peut se le demander, quand on entend le sociologue Emmanuel Todd, au cours de l'émission Ce soir ou jamais ! du 10 mars 2011 consacrée à la montée en puissance de Marine Le Pen, dire que le Front National risque d'être le seul parti à arriver à l'élection présidentielle avec un programme économique cohérent...

    Une émission qui a valu à son animateur, Frédéric Taddeï, d'être accusé par Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, d'avoir mené une opération de propagande lepéniste !...

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  • Immigration, déracinement et logique du capital...

    Vous pouvez visionner ci-dessous sur Realpolitik.tv un exposé brillant d'Hervé Juvin sur la question de l'immigration. Clair et percutant... A voir et à faire voir !

     


    Immigration de peuplement : le sujet qui ne dit... par realpolitiktv

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  • La guerre des mots...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Xavier Raufer, publié le 3 mars 2011 dans Valeurs actuelles et intitulé La guerre des mots...

     

     

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    La guerre des mots

    La France traverse une crise criminelle grave et, comme trop souvent, sa classe parlementaire fait comme si tout cela était quantité négligeable – voire n’existait pas. Exagération ? Faisons un test et cherchons “braquage” sur Google, en limitant notre recherche au dernier mois.

    Nous y voyons bien sûr défiler une interminable litanie de vols à main armée, souvent commis dans des conditions proches de la guerre. Sur tout le territoire français, on constate, par le haut, une professionnalisation et une militarisation des hold-up ; par le bas, une multiplication des violences crapuleuses (“vols avec violence”). Nous trouvons encore sur Google des articles plus généraux, s’inquiétant de “l’explosion” (terme d’usage fréquent) des braquages dans une ville, ou dans une région. Exemple : un quasi-doublement en 2010 des vols à main armée dans les Alpes-Maritimes.

    Notre recherche relève enfin de virulentes réactions à cette dégradation criminelle – provenant toutes de sites ou de médias… d’extrême droite. Sinon, dans toute la classe parlementaire, silence radio.

    Or, dans l’année écoulée, des signes inquiétants ont démontré que la situation n’avait cessé de se dégrader. Exemple, la désertion croissante par les concierges et gardiens (signalée par l’Union sociale pour l’habitat, premier organisme HLM français) des quartiers hors contrôle, où ils sont « de plus en plus exposés à la violence » car ils « dérangent les trafiquants ». Ainsi, dit le Monde du 21 août 2010, 20 % des « cités sensibles » d’Île-de-France n’ont plus aucun gardien, « faute de pouvoir y assurer leur sécurité ».

    Dans ces cités et quartiers rôdent nombre de malfaiteurs hyperactifs, du type défini comme “prédateurs violents” par la criminologie. La préfecture de police (Paris et petite couronne) en compte 19 000, ayant tous commis au moins 50 infractions – vols avec violence, outrages à dépositaire de l’autorité, trafics de stupéfiants, etc.

    Des paumés ? Non, des professionnels du crime utilisant « d’innombrables alias ou pseudos, vivant sous de fausses identités et n’habitant évidemment jamais à l’adresse indiquée sur leurs papiers ».

    Or la plupart devraient être incarcérés et sont libres, du fait de la non-exécution des peines – 82 000 peines de prison exécutoires, dont 7 500 de plus d’un an, ne sont pas exécutées ! Un fait regretté par la préfecture de police : « Nous arrêtons des braqueurs condamnés à cinq ans de prison ». Ceux-ci, libres comme l’air quoique condamnés – et parfois récidivistes –, déménagent et poursuivent paisiblement leur business illicite !*

    Telle est, en France, l’évolution criminelle. Avec courage, policiers et gendarmes tentent d’inverser la tendance et de ramener l’ordre, mais semblent un peu dépassés par la situation, faute d’outils de renseignementvperformants pour cibler les bandes commettant la plupart des braquages et autres crimes graves dépeints plus haut.

    Face à cela, que font les parlementaires – hélas, parfois de la majorité ? Usant à tort et à travers des termes inappropriés, ils empêchent que l’opinion publique réalise l’ampleur de cette crise criminelle, et sèment malheureusement la confusion.

    D’abord, ils édulcorent en ne parlant que de “délinquants” et de “délits” – quand, par exemple, toutes les infractions ici évoquées sont des crimes, passibles de la cour d’assises. Ne pas savoir évaluer, dit la philosophie, condamne à dévaluer : comment s’alarmer de simples délits, aimables peccadilles du type chapardage dans un magasin ? Alors que, dit le Monde qui n’est pas un brûlot sécuritaire, des policiers doivent désormais « répliquer à balles réelles à des tirs d’armes à feu » ? Pourquoi ne pas appeler les choses par leur nom, et un crime, un crime ?

    Autre usage maladroit, celui du terme “émeutes”. Y a-t-il des “émeutes” dans les banlieues françaises ? Nullement. Une émeute (du mot “émouvoir”, dit le Larousse) est un “soulèvement populaire”. Or dans les banlieues, seules agissent de petites bandes armées, quelques milliers d’individus en France en comptant leurs complices directs, ciblant d’usage des lieux sans défense : abribus, écoles, crèches, petites entreprises, casernes de pompiers, etc.

    Et les “populations défavorisées” ? Tremblantes, elles attendent chez elles le retour du calme, conscientes ô combien ! qu’incendier des autobus accable seulement les plus pauvres.

    On a récemment vu de vraies émeutes à Tunis, au Caire, à Tripoli – mais dans les banlieues françaises ? Jamais, dans les vingt ans écoulés. Aussi, user de ce terme pour qualifier les exactions de gangsters est-il un dangereux contresens.

    Espérons donc que les élus de droite, usant des termes appropriés, reviendront bientôt sur le terrain de la violence criminelle. Sinon, d’autres le feront à leur place – pas forcément là où on l’imagine. Car, lues de près, les propositions de Martine Aubry sur la sécurité (Villepinte, novembre 2010) révèlent de discrètes évolutions sémantiques – « zones de non-droit… violences urbaines… » – vers un plus grand réalisme en matière criminelle.

    Xavier Raufer, criminologue (Valeurs actuelles, 3 mars 2011)

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