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Points de vue - Page 357

  • La question du coût de l'Europe...

    Dans cette chronique, mise en ligne sur Realpolitik.tv,  Hervé Juvin revient ici la question du coût de la construction européenne et de l'utilisation des fonds structurels en s'appuyant sur l'exemple emblématique de l'Espagne...

     


    Hervé Juvin : la question du coût de l'Europe par realpolitiktv

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  • Voyage au pays de l'essentialisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent texte de Pierre Bérard, cueilli sur le site de La Droite strasbourgeoise. Membre fondateur du G.R.E.C.E., ami et disciple de Julien Freund, Pierre Bérard est un collaborateur régulier de la revue Éléments 

    humanité 25-08-1939.jpg

     

    Le journal Le Monde publiait récemment la tribune d’un professeur d’histoire, Bruno Belliot, titrée « Le Front de Gauche est un mouvement républicain, contrairement au FN ». Faisant le procès de l’UMP et du FN tout en dédouanant les angéliques du PC et du FdG français, cette tribune contenait tout l’argumentaire médiatique habituel sur l’incompatibilité du FN et de la République, colporté tant par certains politiques ignorants que par des journalistes incultes qui mettent leur complaisance au service d’une cause inavouable : la nostalgie du totalitarisme stalinien. Sa participation au camp des vainqueurs de 1945 n’empêche pas, en effet, le PCF de s’être rendu coupable de complicité avec la tyrannie.

    Le sens de l’affaire est limpide, toujours et encore culpabiliser le camp de la « droite » : « C’est pourquoi, il m’est intolérable d’entendre, de lire (comme de voir dessiner), qu’un parallèle peut être fait entre Mélenchon, les communistes, les candidats du Front de Gauche et l’extrême droite du FN. Et que par conséquent, la droite n’aurait pas à rougir de ses alliances avec le FN puisque le PS s’allie avec le Front de Gauche. »

    Ainsi, nous démontrons ci-dessous non seulement l’inanité de cette culpabilisation mais démontons du même coup la notion de « droite républicaine » dont la signification reste à démontrer si l’on veut dire par là qu’il existerait en 2012 une droite qui ne le serait pas.

    La Droite strasbourgeoise

     

    Front de Gauche/FN : Voyage au pays de l’essentialisme

    Alors que tout change, y compris l’extrême gauche passée en 40 ans de la défense héroïque du grand soir prolétarien à celle lacrymale des sans papier, « armée de réserve » du capital qui exerce une pression discrète mais constante à la baisse des petits salaires (sinon on se demande bien pourquoi madame Laurence Parisot aurait, sur ce point, les mêmes idées immigrationnistes que messieurs Krivine et Mélanchon). Certes, on peut toujours s’évertuer à penser que la dirigeante du MEDEF est secrètement passée du coté obscur de la force et qu’elle contraint ses amis à cultiver une forme peu banale de masochisme altruiste. Hypothèse peu probable, reconnaissons-le. Tout change donc : le « socialisme » démocratique acquis, via l’Europe, depuis deux ou trois décennies au social-libéralisme, comme le « gaullisme » qui a renoncé à l’indépendance et au dogme du peuple souverain.

    Tout change, sauf bien sûr l’extrême droite vue par Bruno Belliot, membre du Front de Gauche. Impavide, elle est semblable à elle même, immobile et pétrifiée comme les années trente du XX siècle en ont donné la définition rituelle , guettant dans l’ombre (évidemment) l’heure de sa revanche, ourdissant des complots comme celui de la Cagoule, collaborant avec l’ennemi durant l’occupation, se relevant avec le poujadisme puis l’OAS pour finir par renaitre avec le Front National. Elle est là, figée, telle que la vulgate médiatique en fait le portrait, une vulgate inspirée par l’antifascisme stalinien qui nous ressert toujours le même plat continûment réchauffé depuis 80 ans, comme l’a très bien montré François Furet. Cette paresse a fini par s’inscrire comme un habitus dans nos moeurs et nos tics de langage.

    Pourtant, en ce qui concerne le procès le plus sévère instruit contre l’extrême droite, sa collaboration avec le régime nazi ou ses soit-disant affidés, qu’en est-il ? 

    Pour ce qui est de la résistance et de la collaboration, puisque c’est sur ce sombre épisode que s’enrochent la plupart des mythes fondateurs de l’histoire sainte dont se réclame Bruno Belliot, rappelons quelques faits marquants qui n’appartiennent nullement à une vision révisionniste de l’histoire. C’est le 26 septembre 1939 que le Parti Communiste est interdit par le gouvernement dirigé par un des chefs du Front Populaire, Édouard Daladier. Pour quelle raison ? Parce que en bon disciple stalinien il continue d’approuver le pacte Germano-Soviétique d’août 1939 qui permettra le dépeçage de la Pologne, alliée de la France, entre les deux contractants. Passé dans la clandestinité, Jacques Duclos, un des principaux dirigeants du PCF, diffuse le premier octobre 1939 une lettre ouverte invitant le gouvernement à entamer des négociations de paix avec l’Allemagne hitlérienne qui étant pour l’heure l’alliée de l’URSS ne représente plus le condensé de la menace fasciste. C’est à la même époque que Maurice Thorez, secrétaire général du Parti, déserte face aux armées nazies, pour rejoindre la « patrie des travailleurs » (et du Goulag), ce qui lui vaut une condamnation à mort et la déchéance de la nationalité française.

    Plus tard, la défaite de la France étant consommée, Jacques Duclos entre en contact dès le 18 juin 1940 avec les autorités allemandes d’occupation tout juste installées pour entreprendre une négociation. Dans quel but ? Permettre au Parti d’être à nouveau autorisé sur la base d’une bonne entente entre le peuple français et l’armée d’occupation. Duclos propose même d’orienter la propagande du Parti dans le sens d’une lutte contre le grand capital anglais et contre sa guerre impérialiste. Les allemands ne sont pas preneurs.

    Ce n’est qu’en Juin 1941 que l’extrême gauche communiste entre dans la résistance active suivant en cela ses sponsors. L’Allemagne ayant en effet décidé d’attaquer l’URSS. Dans cette résistance active, les communistes arrivent bien tard pour y retrouver des hommes qui venaient souvent de l’extrême droite. Comment, en effet, qualifier autrement les partisans de la monarchie tels Daniel Cordier (secrétaire de jean Moulin), le célèbre colonel Rémy (premier agent gaulliste en France occupée), De Vawrin (chef des services secrets de la France libre). Ou encore des cagoulards comme Guillain de Benouville (dirigeant du mouvement Combat) et des centaines d’autres affreux tels Honoré d’Estienne d’Orves fusillé un mois après Guy Moquet, célébré par Sarkozy ( à la suite du parti Communiste) et qui ne fut jamais résistant…

    Il suffit de lire les deux livres que l’historien israélien Simon Epstein a consacré à cette période pour abandonner tout schéma manichéen, schéma auquel s’accroche désespérément Bruno Belliot pour nous conter sa fable d’une France coupée en deux avec d’un coté les représentants du Bien et de l’autre ceux du Mal, c’est à dire l’extrême droite éternelle.

    Dans « Les Dreyfusards sous l’Occupation » (2001) puis dans « Un paradoxe français » (2008), il montre, liste de noms à l’appui, que dans leur immense majorité les dreyfusards, anti-racistes, généralement pacifistes de gauche s’engagèrent dans la collaboration, tandis que nombre d’antidreyfusards et antisémites appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler la droite radicale germanophobe s’engagèrent dans la résistance et la France libre. Or ce paradoxe, on le comprend aisément, est peu abordé par l’histoire académique, prudente jusqu’à la couardise, permettant à une doxa politiquement correcte de prospérer sur les non dits de l’histoire savante. ce qui permet qu’aujourd’hui encore fleurissent des absurdités comme cette apologie du Front de Gauche intégrant trotskistes et communistes, dont peu, même dans une « droite » gagnée par la lâcheté, ose remettre en question les énoncés falsifiés. N’en reste pas moins vrai que les quatre cinquième de la chambre du Front Populaire ont accordé à un vieux maréchal, que sa réputation de laïque républicain plaçait au dessus de tout soupçon, les pleins pouvoirs. Il y avaient très peu de députés d’extrême droite, pourtant, dans cette assemblée. 

    Quant à la reconnaissance du Parti Communiste comme parti républicain par le général de Gaulle en 1943-1944, avait-il le choix ? Il lui fallait composer avec une force majeure à l’époque. Son réalisme politique a contribué à mettre en selle un parti qu’il s’est empressé de combattre à partir de 1947 (création du RPF). De même, n’est ce pas un récipiendaire de la francisque qui nomma en 1981 des ministres communistes dans son gouvernement pour mieux étouffer un parti qui devait plus tard ramasser les dividendes putrides de son long flirt avec une URSS désormais honnie? Ce qui montre bien que la reconnaissance de tel parti comme « parti républicain » est avant tout une question de rapport de force. Le statut « républicain » accordé à un parti n’a que très peu de rapport avec les vérités de la science politique et beaucoup à voir avec la « realpolitik » de l’époque. Les définitions de la République sont évasives, comme tout ce qui ressort de la condition humaine. Chacun devrait savoir que depuis 1793, la République a changé de signification. En faire une monade surplombant dans le ciel le monde des Idées est une niaiserie platonicienne. 

    Pierre Bérard (La Droite strasbourgeoise, 3 juillet 2012)

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  • Penser notre futur...

    Vous pouvez écouter ci-dessous un exposé percutant de Laurent Ozon, diffusé par Le libre Teamspeak. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Laurent Ozon est un militant et un théoricien, par ailleurs chef d'entreprise, qui s'est beaucoup investi dans la diffusion des idées écologistes et localistes et a, notamment, dirigé la remarquable revue Le recours aux forêts, malheureusement disparue.

     

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  • Différents et pourtant si proches...

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial de Dominique Venner publié dans le dernier numéro la Nouvelle Revue d'Histoire, actuellement en kiosque, et consacré à la Prusse.

    Dominique venner, prusse, france, europe, spengler, socialisme prussien, de gaulle

    Prussiens et Français. Différents et pourtant si proches...
     
    Français et Prussiens, un couple moins improbable qu’on ne le croit… Pour preuve en 1784, l’Académie de Berlin institua un prix pour récompenser la meilleure réponse à une curieuse question : « À quoi faut-il attribuer l’universalité de la langue française ? » Antoine de Rivarol obtint le prix. Le travail pour lequel il avait concouru lui valut également une flatteuse épître de Frédéric le Grand. Ce dernier parlait et écrivait le français beaucoup mieux que l’allemand, langue qu’il réservait, disait-il, à ses chevaux. Retenons  que, cinq ans avant la Révolution française, la Prusse, en la personne de son monarque et de ses meilleurs esprits, voyait dans la France comme une sœur aînée. Cette sympathie admirative fut écornée par les conquêtes napoléoniennes, sans cesser vraiment, au moins dans la partie éclairée des deux nations. Pendant une grande partie du XIXe siècle, l’Université française regarda avec admiration sa sœur prussienne. On sait ce que fut l’influence prolongée de Kant, Hegel, Schopenhauer, et plus tard Nietzsche ou Heidegger. Il fallut la catastrophe de 1870-1871 pour que l’ancienne amitié fût brisée. Renan l’a dit mieux que personne : « La guerre entre la France et l’Allemagne est le plus grand malheur qui puisse arriver à la civilisation. L’harmonie intellectuelle, morale et politique de l’humanité est rompue. » En ce temps-là, comme à l’époque antique, on confondait volontiers l’humanité et l’Europe. À cette réserve près, c’était bien vu.

    Il faut rendre grâce au général de Gaulle, longtemps hanté par l’idée de la Revanche propre à sa génération, d’avoir compris sur le tard que « l’essentiel, c’est que les deux peuples [les Français et les Allemands], dans leurs profondeurs, exorcisent les démons du passé ; qu’ils comprennent maintenant qu’ils doivent s’unir pour toujours. […] Les Français et les Allemands doivent devenir des frères » (1).

    Certes, le général de Gaulle ne parlait pas des Prussiens, mais des Allemands. Cependant, aux yeux des Français, les Prussiens, ont souvent fait figure d’une sorte de condensé d’Allemands, ce qui était flatteur avant 1870.

    Au XVIIIe siècle, la Prusse du Grand Frédéric apparaissait déjà comme l’État le plus moderne d’Europe. Plus tard, on a pu dire que cet État était sorti de l’Ancien Régime sans passer par la Révolution. Il représentait un modèle longuement commenté par Renan dans sa « Réforme intellectuelle et morale de la France » écrite au lendemain de 1870 pour conjurer les tares et défauts ayant conduit à notre défaite. Au risque d’anachronisme, on serait presque tenté de dire que l’essai de Renan anticipait sur les travers et carences ayant également produit la défaite de 1940 (2).

    La Prusse s’était construite sur un peuple d’élite issu de toutes les régions allemandes et aussi de la France huguenote. Mais au-delà, elle avait été forgée par un style et des principes s’apparentant au stoïcisme. Au temps du Grand Frédéric, elle apparaissait comme un État où les grandes contradictions de monde moderne avaient pu se résoudre. La liberté de l’esprit ne s’y opposait pas à la discipline, la volonté historique n’avait pas été rongée par l’esprit de tolérance, la conscience nationale s’accordait avec le patriotisme monarchique. On ne peut ignorer non plus qu’avant 1932 la Prusse fut un môle de résistance au mouvement hitlérien. C’est elle encore qui a fourni le plus gros contingent de la conjuration du 20 juillet 1944. Non par préjugés aristocratiques, comme on l’a souvent dit, mais au nom d’une autre idée de l’Allemagne, peut-être utopique, accordée au « socialisme prussien » théorisé par Spengler, autoritaire, non libéral et fermé au grégarisme de masse. Et cette idée exigeante avait sans doute moins le pouvoir de nourrir un projet politique qu’une éthique personnelle. Mais, comme on le sait, c’est l’éducation intérieure des consciences qui peut conduire à une réforme de la société plutôt que l’inverse.

     Dominique Venner (Site de Dominique Venner, 3 juillet 2012)

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  • Etats-Unis : vers un renversement économique inattendu...

    Dans cette chronique, mise en ligne sur Realpolitik.tv, Hervé Juvin joue pleinement son rôle d'observateur des mouvements de fond géopolitiques et géoéconomiques...


    États-Unis : vers un renversement économique... par realpolitiktv

    "Technique, économie, énergie. Il s’agit de prendre toute la mesure d’une information étonnamment passée inaperçue : les États-Unis étaient de très grands importateurs de pétrole ; de très grands importateurs de gaz ; de très grands dépendants aux sources d’énergies fossiles partout dans le monde. Les États-Unis, dans les années à venir, se sont mis dans la situation d’être exportateurs de pétrole ; exportateurs de gaz naturel ; ils pourraient même devenir parmi les plus grands exportateurs mondiaux."

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  • Pas d'union nationale possible ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Georges Feltin-Tracol, cueilli sur Europe Maxima et consacré à une intéressante réflexion sur les mirages de l'union nationale... Auteur de plusieurs ouvrages, Georges Feltin-Tracol a notamment publié Orientations rebelles (Heligoland, 2009) et Réflexions à l'est (Alexipharmaque, 2012).

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    Pas d'union nationale possible !

     

    La dernière campagne présidentielle marquée par l’élection du socialiste François Hollande a confirmé une triste habitude. Lors de l’entre-deux-tours et dans l’attente fatidique du résultat du 6 mai, une partie de ce que les commentateurs appellent la « droite de conviction » s’accoquina au sarközysme déclinant. Le désormais célèbre numéro de Minute (1) dans lequel s’exprimait le renégat occidentaliste Gérard Longuet témoigne pleinement de cette affligeante dérive.

    Cette tendance ne remonte pas au soir du 22 avril 2012. Quand on se penche sur cette frange droitière attirée par les sirènes sarközystes, on y retrouve sans surprise l’éternelle mouvance nationale, catholique, conservatrice et libérale qui se manifeste depuis deux siècles au côté de l’orléanisme félon (pléonasme !), des fusilleurs des Canuts lyonnais de 1831, des massacreurs des ouvriers parisiens de juin 1848, des assassins de la Commune de 1871, de Guizot, de Cavaignac, du « Parti de l’Ordre », de Thiers… Ce courant s’est maintenu jusqu’à nos jours par des travestissements successifs, des radicaux aux « nationaux » en passant par les opportunistes gaullistes qui soutinrent Pinay contre l’avis de De Gaulle en 1951 (2).

    Comme pour la présidentielle, et à l’exception de quelques situations particulières, les législatives n’ont pas favorisé la moindre esquisse d’une quelconque « union nationale » contre Hollande entre une « droite » institutionnelle faillie et une opposition « mariniste » ou « frontiste ». La présente droite, celle du « Siècle », aimerait principalement récupérer les électeurs et, peut-être, les cadres de « Marine », mais surtout pas les militants et leurs idées. Elle mise pour cela sur la complicité des « droitards » qui devraient comprendre que, contrairement à ce que disent les médias officiels, le vote en faveur de Marine Le Pen n’est « plus seulement un vote de sanction ou d’avertissement mais de plus en plus un vote d’adhésion (3) ». Entre cet électorat relativement aisé, conservateur, âgé, et l’électorat mariniste, plus jeune, plus féminisé, plus actif, existe dorénavant une véritable béance géographique, culturelle, sociale et générationnelle  et ce ne sont pas les appels intéressés à l’« union nationale » qui la combleront. Une telle perspective serait même la pire des choses.

    L’histoire politique française montre que l’union nationale tant en période électorale qu’en temps de guerre nuit toujours à ce que l’historien israélien des idées Zeev Sternhell a nommé la « droite révolutionnaire » (4) et qu’il serait préférable d’appeler « radicalités non-conformistes ». Doit-on rappeler que l’« Union sacrée » de l’été 1914 à laquelle se soumit Charles Maurras entama la longue fin de l’Action française (5) ? Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les dissidents tant à Alger (Henri Frenay) qu’à Vichy avec « les non-conformistes des années 1940 » (6) se retrouvèrent écartés au profit des communistes, des technocrates et des politiciens revenants de la IIIe République. Pendant la Guerre d’Algérie, de nombreux « révolutionnaires de droite » apportèrent leur soutien au résident de Colombey-les-Deux-Églises avec le dépit qui en résulta. À chaque fois, la « droite révolutionnaire » est flouée. Il est temps que cessent ces tromperies. Plutôt que d’être les auxiliaires zélés de la Banque et de la Bourgeoisie, les milieux militants identitaires devraient développer un discours radical cohérent et total.

    Des exemples étrangers récents démontrent la pertinence de ce positionnement. En Grèce, le L.A.O.S. (Alarme orthodoxe populaire) de Georgios Karatzafaris participa un trimestre au gouvernement d’union nationale de Loukas Papadimos en compagnie de Nouvelle Démocratie (droite) d’Antonis Samaras et du P.A.S.O.K. (socialiste). Mais, face à l’exaspération populaire croissante, les ministres du L.A.O.S. démissionnèrent du gouvernement avant l’approbation d’un nouveau plan d’austérité, le 10 février 2012. Toutefois, l’un d’eux, Makis Voridis, quitta son parti pour Nouvelle Démocratie. Il sauva ainsi son siège de député, car, aux législatives du 6 mai 2012, les citoyens désavouèrent la décision de Karatzafaris en ne renouvelant aucun mandat du L.A.O.S. au Parlement. Près de 7 % des Grecs préférèrent en revanche voter pour L’Aube dorée de Nikolaos Michaloliakos au programme détonnant. Les nouvelles législatives du 17 juin dernier ont confirmé l’audience du mouvement radical grec malgré une intense campagne d’hostilité médiatique (7).

    En Italie, les dernières élections municipales partielles ont concerné une dizaine de millions d’électeurs. Elles ont vu l’effondrement de la Ligue du Nord d’Umberto Bossi et le surgissement d’un singulier mouvement « anti-politique ». Plus d’une décennie d’entente étroite et de compromissions multiples avec le parti libéral-conservateur de Silvio Berlusconi a gravement perturbé le fonctionnement interne de la Lega Nord. Fort opportunément, des scandales financiers viennent d’éclabousser Bossi et ses proches. Son fils Enzo – qu’il surnomme « la Truite » du fait de son triple échec au bac (!) – s’était acheté un diplôme universitaire en Albanie et plusieurs belles voitures aux frais du parti régionaliste padanien. La vice-présidente liguiste du Sénat avait, elle, offert à son jeune amant un appartement et de l’argent venu des contribuables.

    Les électeurs agacés ont désavoué la Lega qui perd de nombreuses mairies et deux tiers des suffrages ! Désabusés, les Italiens qui ne se sont pas abstenus ont distingué le Mouvement Cinq Étoiles de l’humoriste Giuseppe « Beppe » Grillo. Provocateur, adversaire véhément de la partitocratie, contempteur des institutions, chantre de la démocratie directe, partisan de la sortie de la Péninsule de l’euro, les médias du Système catalogue Beppe Grillo parmi les « néo-populistes ».

    On pourrait voir dans le phénomène Grillo une résurgence du qualqunisme (8). Ce qui se déroule en Italie a souvent des répercussions en Europe. Observant les résultats du premier tour de la présidentielle française de 2012, le géographe chevènementiste Christophe Guilluy, auteur de Fractures françaises, estime qu’« au XXIe siècle, on doit tenir un discours à la fois sur la dimension sociale et identitaire. Quand vous ne tenez qu’un discours sur le social, vous restez bloqué dans les années 1980. C’est cela que Jean-Luc Mélenchon a payé dans les urnes (9) ». Or, en Italie, les appels de Beppe Grillo sont simultanément identitaires (il est contre la réforme prévue du code de la nationalité qui abandonnerait le droit du sang pour celui du sol, il refuse l’immigration de peuplement et soutient la fermeture des bases étatsuniennes), sociaux (il conteste l’inquisition fiscale, le primat des banques et les délocalisations) et écologiques (il défend un programme ambitieux de sortie du nucléaire et de développement des énergies renouvelables).

    Au lieu de célébrer une hypothétique union nationale avec des dignitaires droitards à l’esprit bourgeois, la « radicalité non-conformiste » devrait s’inspirer de Grillo et soumettre à la population des thèmes radicaux identitaires, solidaristes et écologiques. L’occasion est propice, surtout depuis que « la gauche n’est plus crédible sur la question sociale (10) ». Certains bons (et simples ?) esprits parleront d’« irréalisme intello ». Écartons d’une maine ferme leur jugement stupide et toutes leurs vieilles lubies modernistes, libérales et conservatrices. Les simplets du national-libéralisme auront alors beau jeu de crier au sectarisme et à la trahison quand la « Patrie » est en danger. Leur vision de la patrie n’est pas la nôtre. Abandonnons donc les chimères démodés et ouvrons avec une joie dionysiaque les portes du temple de Janus, car on sait que l’Hexagone sera, demain, la Grèce et, après-demain, la Bosnie des années 1990.

     

    Georges Feltin-Tracol (Europe Maxima, 1er juillet 2012)

     

     

    Notes

    1 : Minute, n° 2562, du 2 mai 2012.

    2 : Il importe cependant de distinguer les personnes qui ont appelé à voter pour le président sortant sans le moindre espoir de retirer un quelconque bénéfice de celles capables de réaliser à la base un « front des droites » dans une perspective tactique victorieuse pour les élections législatives. On y reviendra…

    3 : Françoise Fressoz, « Le coup de semonce de “ la France des invisibles ” », dans Le Monde, 24 avril 2012.

    4 : Zeev Sternhell, La droite révolutionnaire. Les origines françaises du fascisme 1885 – 1914, Le Seuil, coll. « Histoire », 1978.

    5 : Cf. Georges Feltin-Tracol, « Les trois erreurs de Charles Maurras », dans Flash, n° 71, le 28 juillet 2011, ensuite mis en ligne sur Vox N.-R., le 14 août 2011, toujours consultable.

    6 : Cf. Michel Bergès, Vichy contre Mounier. Les non-conformistes face aux années quarante, Économica, 1997.

    7 : En dépit d’une diffamation permanente orchestrée par les gras médias grecs et étrangers aux mains de l’hyper-classe mondialiste, L’Aube dorée résiste, ne perdant que 0,8 %, soit trois sièges en moins (18 au lieu de 21).

    8 : On appelle « qualunquisme » le mouvement « populiste » italien – le Front de l’Homme Quelconque – de Guglielmo Giannini (1891 – 1960), précurseur du poujadisme, qui exprimait la protestation des électeurs entre 1946 et 1949.

    9 : Entretien avec Christophe Guilluy, « Le second tour reste ouvert », dans Le Figaro, 26 avril 2012. Notons que Mélanchon a vu sa courbe dans les sondages commencer à diminuer après son discours de Marseille célébrant les mérites du métissage… Dans le même temps, sur les conseils avisés de son père Jean-Marie, Marine Le Pen revint sur les points fondamentaux du programme frontiste : l’immigration et les pathologies sociales qui en découlent. Le Front de Gauche a raté le tournant populiste comme en 1980 le P. « C.F. » de l’ineffable Georges Marchais le rata après avoir envoyé les bulldozers contre des foyers d’immigrés… La ligne nationale-communiste naguère défendue par Pierre Zarka a définitivement vécu.

    10 : Christophe Guilluy, « Le vote Marine Le Pen est, dans les faits, un vote de classe », dans Marianne, 28 avril – 8 mai 2012.

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