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Points de vue - Page 357

  • Une maladie infantile du populisme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Venner, cueilli sur son blog et consacré aux bons résultats de la candidate populiste aux élections présidentielles, des résultats basés cependant sur un refus parfois un peu sommaire de l'idée d'Europe...

     

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    Les maladies infantiles du populisme

    Les deux tours de l’élection présidentielle de mai 2012 m’incitent à des réflexions nullement électoralistes ni politiciennes. Quelque chose d’important est survenu, qui était peu prévisible et que je vais résumer en deux remarques principales.

    En dépit d’effets d’annonce peu discrets n’engageant que ceux qui voulaient y croire, le président sortant a raté sa tentative de « siphonner » l’électorat frontiste qui lui avait tant bénéficié en 1997. Oublions le candidat socialiste désigné en raison de son profil terne et rassurant après la mise à l’écart du richissime couple Sinclair-DSK pour cause de scandales publics répétés. Oublions aussi Jean-Luc Mélanchon qui n’a pas dépassé le total habituel des candidats d’extrême gauche, PC inclus. Reste la nouveauté de cette campagne, le Front national, entièrement rajeuni et dynamisé par la personnalité de sa présidente. A la faveur de qualités propres et d’un parcours difficile et tenace, Marine Le Pen a pu se faire entendre par la France qui souffre, représentant un réel espoir. Ses 18% de suffrages au premier tour constituent un succès d’autant plus évident qu’ils s’accompagnent d’un renouvellement important de l’électorat. Avec Marine Le Pen, le Front a changé de physionomie. Il a perdu l’image ringarde et agressive qui était la sienne pour s’afficher « moderne » sur les questions de société (contraception, avortement) et ferme sur la question de l’immigration. Les erreurs de la campagne de 2007 (présence d’une beurette) alors que Sarkozy brandissait un karcher symbolique ont, semble-t-il, été comprises. Le Front national est redevenu le grand rassemblement identitaire des Français souvent très jeunes qui refusent l’immigration.

    Mais je ne prends pas la plume pour entretenir mes lecteurs d’évidences que l’on peut trouver ailleurs. Je voudrais appeler tout d’abord l’attention sur certaines conséquences de la défaite du président sortant. Elle vaut condamnation de son style « marchand de cravates » et de son soutien inconditionnel aux Etats-Unis et à Israël. Cette défaite s’étend à l’ancienne majorité. Dans son désarroi, celle-ci ne pourra plus opposer au Front national l’habituel barrage électoral l’excluant des assemblées contre toute justice démocratique ; un barrage qui favorisait la reproduction des oligarchies de droite et de gauche (à supposer que ces mots aient un sens). Ce « système » avait été mis en place par le général De Gaulle pour éliminer des concurrents de droite, et assurer son pouvoir face à un parti communiste encore puissant et avec qui il entretenait une étrange complicité depuis la Résistance (été 1941), l’Epuration (mené contre des ennemis communs) et la Libération (cinq ministres communistes dans le gouvernement De Gaulle en 1945). Neutralité encore du PCF lors des événements de Mai-68 provoqué en grande partie par le soutien du pouvoir à l’intelligentsia de gauche pour lutter contre la droite « Algérie française » de l’époque. J’ai détaillé tout cela dans mon essai, De Gaulle, La grandeur ou le néant (Le Rocher, 2004) qui est plein d’enseignements pour comprendre notre temps.

    En résumé, la grande époque de la bipolarisation voulue par l’ancien gaullisme est révolue. On le doit au temps qui passe et use tout, aux fautes et au tempérament de Sarkozy, mais aussi aux qualités de Marine Le Pen, sans préjuger naturellement d’un avenir que nous ignorons.

    A ce sujet, il est nécessaire de relever une tendance inquiétante qui n’est pas le propre du Front national, mais qui semble commune à la plupart des mouvements « populistes » européens (j’entends le qualificatif populiste de façon nullement péjorative).

    Comme la plupart de ses émules européens, le Front national souffre d’une sorte de « maladie infantile », comme aurait dit Lénine pour les siens. La « maladie infantile » du populisme peut être diagnostiquée comme une méconnaissance dramatique de la réalité européenne et une tentation de repli rétrograde, dans le vieux cadre apparemment rassurant de vieilles nations sorties de l’Histoire, celui de la « France seule » (comme si nous en étions encore à Louis XIV). C’est une option difficilement soutenable dans un monde constitué d’énormes puissances et de vastes espaces en conflits, et alors que d’évidentes catastrophes pointent à l’horizon. On comprend naturellement la défiance justifiée à l’encontre des institutions actuelles de l’Union européenne qui n’ont d’européennes que le nom, et sont en réalité mondialistes dans leur idéologie et leurs desseins. Mais, sous prétexte qu’une oligarchie dénaturée a mis en place un système aberrant (plus jacobin que fédéral), faut-il rejeter en bloc toutes les perspectives européennes qui étaient justes à l’origine (interdire une nouvelle guerre fratricide entre la France et l’Allemagne et construire un ensemble géopolitique cohérent par rapport aux grands blocs mondiaux, disposant de sa propre monnaie face au dollar et au yen) ? Ne faut-il pas, au contraire, dessiner un nouveau projet mobilisateur, celui d’une nouvelle Europe carolingienne, qui entraînerait la volonté d’une refonte complète des institutions, afin que celles-ci permettent une véritable union fédérative de peuples frères et non l’instrument dictatorial d’idéologies mondialistes et d’oligarchies mafieuses ? Enfin, ne faudrait-il pas rappeler haut et fort, en préambule à tout, notre appartenance à une civilisation européenne qui nous justifie et plonge ses racines jusque dans notre antiquité commune la plus ancienne, qu’elle soit grecque, romaine, celte et germanique ?

    Dominique Venner (Blog de Dominique Venner, 8 mai 2012) 

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  • S'installer haut, regarder loin...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli dans Le Nouvel Économiste et consacré à la prévision des menaces...

     

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    L'avenir stratégique

    “Gouverner, c’est prévoir”, dit au XIXe siècle le journaliste Emile de Girardin. Une jolie maxime oubliée dans une campagne présidentielle qui sent le renfermé et patauge dans l’immédiat. Effet de l’accélération croissante de l’information ? Manque de vision de la classe politique ? Conjugaison de ces facteurs négatifs ? Le fait est là : demain manque dans cette campagne sans grand horizon. Raison de plus pour gravir la colline et observer de haut ce qui s’étend devant, plus loin sur la route – la topographie dit : une perspective.

    Dans le champ d’observation des criminologues, les menaces non militaires de niveau stratégique, autrement dit “face noire de la mondialisation” (crime organisé, terrorisme, trafics illicites transcontinentaux, etc.), une chose est aujourd’hui certaine – et plus encore à l’“horizon maîtrisable” (les cinq années à venir) : les dangers émergents sont flous, incertains, bizarres. A les mesurer à l’aune du plus au moins perçu, on voit vite que ces dangers fluctuent quelque part entre l’“inconnu-connu” (on estime que ça existe, mais c’est mal défini et pas contrôlé) et l’“inconnu-inconnu” (on ignore absolument ce danger qui peut nous frapper demain ou dans dix ans).

    Exemple d’ “inconnu-connu” pour l’Amérique de l’an 2000 : le péril jihadi qui alors a déjà frappé deux ambassades américaines en Afrique (août 1998), nul à Washington n’anticipant cependant l’attaque du 11 septembre 2001 ; et d’“inconnu-inconnu”, la secte Aum au Japon, où personne n’imagine en mars 1995 cette bande (croit-on alors) d’inoffensifs zozos capable de manigancer et de perpétrer le terrible attentat au gaz de combat du métro de Tokyo (10 morts, 5 000 intoxiqués).

    Ce domaine de l’anticipation des menaces n’est pas ignoré de la stratégie française – la fonction de prévention y est même platoniquement prévue – mais tout le monde en parle et nul ne sait comment opérer. Car bien sûr toute discipline, comme ce spécifique type de prévision, doit d’abord se définir puis s’apprendre avant de se pratiquer.

    Quel est donc l’objet de cette prévision opérationnelle (que la recherche nomme “décèlement précoce”) ?

    - Ouvrir des perspectives (à un horizon X).

    - Discerner tôt les dangers de demain – plus précisément, les cibler, les diagnostiquer, les analyser et les évaluer.

    - Identifier à temps – le plus tôt possible – des tendances nouvelles inquiétantes, c’est-à-dire détecter les “ruptures d’ambiance” et les signaux faibles.

    Pour cela, il faut de prime abord répondre à des questions moins évidentes qu’il n’y paraît : Qu’est-ce qui est aujourd’hui dangereux ? Qu’est-ce que l’ennemi en 2012 ? Sommes-nous seulement confrontés à des problèmes d’ordre public européen – ou bien s’agit-il d’une guerre ; et alors, contre qui ? Nous, Européens, pourrons-nous définir ensemble ce qu’est l’hostilité dans la seconde décennie du XXIe siècle ? (ce que nous n’avons su faire durant la première).

    Voici la réponse des criminologues à ces questions préliminaires. A epsilon près, le continent européen est victime des mêmes prédateurs, des mêmes terroristes et/ou criminels issus du chaos mondial.

    Précisément, ce chaos est un kaléidoscope d’Etats effondrés et de zones hors-contrôle où sévissent des mafias, terrorismes et fanatismes meurtriers ; des guérillas dégénérées, une vaste finance criminalisée ; un espace anarchique ravagé de guerres, tribales ou de bandes, où l’essentiel des grands trafics mondiaux (êtres humains, stupéfiants, armes, etc.) trouve sa source.

    Or maîtriser ces dangers planétaires passe d’abord par la production de diagnostics. Sont-ils impossibles à faire ? Non, car les terroristes et mafieux ne sont pas des surhommes.

    Certes, ils contrôlent du mieux qu’ils peuvent tout ce qu’ils croient en conscience être maîtrisable pour leur propre survie (omertà, etc.) ; mais – et ici, le mot-clé est conscience – ces criminels et fanatiques ont comme tout homme un inconscient.

    Les entités criminelles ou terroristes durables ont même un inconscient collectif qui, comme chez tout homme, les pousse à agir spontanément. Mais voilà : dans leur exercice criminel, tout ce que ces malfaiteurs font par réflexe, routine, habitude, paresse mentale ou manque d’imagination – et dont ils ignorent eux-mêmes qu’il s’agit d’un processus décelable – laisse des traces. Pour les criminologues, tous ces processus repérables et typiques ont valeur d’avertissement ; tout cela est analysable, systématisable et transmissible : c’est-à-dire enseignable.

    Ainsi donc, attendu :

    - Qu’aucune menace stratégique pesant aujourd’hui sur l’Europe, nos sociétés et entreprises vitales, n’est vraiment aléatoire (hormis l’acte isolé d’un dément, auquel nulle parade n’existe).- Qu’au milieu du pire chaos existent toujours des éléments ordonnés, des rythmes et des logiques compréhensibles.

    - Qu’au niveau stratégique, l’Europe ne subira donc que des agressions logiques – c’est-à-dire, planifiées.

    - Que les processus employés pour ces attaques sont tous répétitifs, donc prévisibles.

    La prévision opérationnelle sait, quand un danger se dessine, déceler un secteur, un groupe problématique – ce, avant tout passage à l’acte. Elle peut ainsi poser des diagnostics justes, partant de deux principes forts :

    - Dans l’actuel chaos mondial – encore aggravé par la crise -, l’ennemi ne va pas de soi. Déceler à temps les dangers réels du monde vrai exige ainsi une double et préalable rupture : avec la sphère du convenu, comme avec le fétichisme technologique.

    - Dans la “société de l’information”, le plus dangereux est l’aveuglement : n’avoir pas pu, ou pas voulu voir. Or, la génération spontanée n’existant pas non plus dans le crime, voir tôt est crucial, l’acte terroriste ou criminel résultant d’ordinaire de préalables détectables et observables.

    En criminologie expérimentale, la démarche Détecter-Prévoir-Prévenir permet donc d’exposer à temps le réel périlleux, par exploration préalable du champ du latent, non du patent ; de celui du possible, non du manifeste.

    Xavier Raufer ( Le Nouvel Économiste, 16 avril 2012)

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  • Encore un effort pour être républicain !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré aux résultats des élections présidentielles en France et des élections législatives en Grèce... 

     

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    Encore un effort pour être républicain !

    Rien n’aura vraiment changé le 7 mai. Le grand vainqueur est évidemment le système. Non seulement parce que le parti du gouvernement mondialiste de cet « espace » néolibéral qu’est devenue la France, l’UMPS, est sorti conforté avec, au premier tour, un peu plus de 55% des voix, mais aussi parce que la puissante participation aux deux votes, plus de 80%, témoigne de l’attachement du peuple français au régime de despotisme éclairé postmoderne. Cette formidable adhésion à un scrutin qui n’est, somme toute, qu’un chèque en blanc, ne manque pas d’étonner si l’on se réfère à la défiance maintes fois réitérée à l’égard de la classe politique, tant dans les sondages qu’à l’occasion d’élections locales, et surtout lors du référendum, en 2005, sur le projet de constitution européenne, qui avait vu la victoire du nom, contre l’ensemble de la « France d’en haut ». Les 18% du score de Marine Le Pen, et les résultats d’autres mouvements protestataires, dont le total s’élève à peu près à 30%, montrent que cette méfiance s’exprime néanmoins, mais à un degré qui ne constitue pas une menace sérieuse pour l’oligarchie cosmopolite au pouvoir. Si l’on considère au surplus que 51% des électeurs du Front national ont reporté leurs voix sur un candidat frénétiquement libéral, destructeur du système de protection sociale issu du Conseil national de la Résistance, sur celui qui a vassalisé franchement notre pays, qui a mené une politique visant ouvertement à la disparition de notre nation, et qui a déconsidéré la plus haute fonction de l’Etat par sa vulgarité et son cynisme, on prend la mesure de l’ « illusion politique ». Il est encore prouvé, une fois de plus, que rien ne peut entamer, si le désastre n’y met bon ordre, le quasi envoûtement des maîtres chanteurs qui se partagent le pouvoir depuis des décennies, ni les faits, ni les critiques. 

    Hollande a, en effet, lourdement démenti les faibles mouvements de manches destinés à réinjecter quelque chaleur au rêve, désormais perdu, de l’anticapitalisme socialisant. Très rapidement, il s’est réclamé du blairisme, c’est-à-dire d’un grand parti « démocrate » à l’américaine, plus libéral que social. Il s’est empressé de rassurer les marchés et la finance, il n’est pas revenu sur la réforme des retraites imposée par le gouvernement Fillion, il ne conteste pas les délocalisations, l’ouverture des frontières, il avoue ouvertement sa préférence pour le métissage, il souhaite une intervention militaire en Syrie, s’inscrivant ainsi dans la continuité de la politique néocoloniale de Sarkozy, et dans un américanisme qui, sans être ostentatoire, n’en sera que plus réel, et il vante la « démocratie » israélienne, qui est un apartheid agressif. Quant à Sarkozy, outre son action extraordinairement dévastatrice pour la France et son identité, il a réussi, par des roulements de menton et d’épaule, à voiler la réalité de ses convictions, qui sont tout autant mondialistes, immigrationnistes, soixante-huitardes que celles de la gauche. 

    L’ensemble de la « droite » partage en effet les mêmes valeurs que la « gauche ». Bachelot n’a-t-elle pas augmenté de près de 50% de la rémunération des médecins pour une interruption involontaire de grossesse ? De même, le 22 novembre 2011, des responsables UMP, confortés par Chatel, l’inévitable Bachelot et Copé himself, avaient lancé un appel en faveur du mariage gay, comme l’avait fait, du reste, le premier ministre anglais et « ultra-conservateur » !, David Cameron ». Sarkozy n’était pas défavorable, en 2006, à un « contrat d’union civique » pour les homosexuels, comme d’ailleurs, à la même époque, il louait le « métissage ».

    Il serait relativement dérisoire de mettre l’accent sur ces péripéties appartenant au champ « sociétal », si cher à la « nouvelle gauche » américanisée, si elles ne dissimulaient, avec la peur rhétorique du « socialisme » ou du « fascisme », les questions de fond engendrées par les choix économiques et internationaux, celle, notamment, de la nécessaire rupture avec l’emprise des marchés financiers et de leur bras armé, l’empire hégémonique américain. Malheureusement, les réflexes conditionnés et les connotations idéologiques ont joué bien plus que la raison. Les foules en liesse à la Bastille, le soir du 6 mai, indiquent assez éloquemment le degré de mystification qui sidère encore une partie des masses.

    Au même moment avaient lieu des élections, dans une Grèce qui ressemble à ces ruines qui jonchent son sol chargé d’histoire. Le pays a rejeté, en bloc, les partis de gouvernement, la Nouvelle démocratie et le Pasok, l’équivalent de l’UMPS. Les Grecs montrent, en ayant choisi majoritairement des mouvements protestataires, qu’ils ne sont plus décidés à se laisser berner. C’est là évidemment un avertissement pour la caste bureaucratico-financière qui est en train d’emprisonner l’Europe dans un carcan libéral à tendances dictatoriales. Le pays d’Homère n’est donc plus gouvernable, et il est probable qu’on s’achemine vers de nouvelles élections, avec l’accompagnement propagandiste et les pressions que l’on augure.

    Quoi qu’il en soit, comme deux photographies d’une évolution dans le temps de la situation européenne, nous avons dans le même instant un passé qui cherche à perdurer illusoirement, et un avenir plein d’amertume et de colère. Les Français doivent attacher leur attention à ce qui se passe du côté de la mer Egée, car ils seront bientôt face au même dilemme : ou se résigner à l’esclavage, ou se révolter, voire mener une révolution. 

    Qu’est-ce donc, au fait, qu’une révolution ? Un tel chamboulement n’est possible que lorsque se conjuguent trois facteurs : un effondrement économique, avec la misère, le désespoir qui en résultent ; une démoralisation ou un amollissement de la classe dirigeante, et enfin une prise de conscience, par le peuple, de ses intérêts propres. Nous aurons le premier, fatalement ; la seconde est incertaine, car la caste européenne qui nous ment est partagée, mais reste conquérante et sûre d’elle, d’autant plus qu’elle sait compter sur la puissance de son maître américain ; la troisième n’est pas acquise, et c’est ce qui nous reste encore à parfaire, si nous voulons vraiment être républicains.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 7 mai 2012)

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  • Une victoire par défaut...

    Pierre Le Vigan, essayiste et collaborateur habituel de la revue Eléments, analyse pour Métapo infos la victoire par défaut de François Hollande dans une France qui paraît rester majoritairement à droite...

     

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  • Vae victis !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré aux raisons de la défaite de Nicolas Sarkozy... 

     

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    Vae victis : la défaite méritée de la droite la plus bête du monde

    La défaite de Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles de 2012 n’est pas seulement celle d’un homme qui a très rapidement dilapidé son capital politique. Car en cinq ans le président sortant a réussi non seulement à faire gagner la gauche mais aussi à remettre en selle l’extrême gauche et le parti communiste, en catalysant le rejet autant de sa personne que de sa politique, tout en décourageant ses soutiens.

    Et la crise n’explique pas tout, car cet échec est aussi celui de toute la droite française, qui est vraiment « la plus bête du monde », selon la fameuse expression attribuée au socialiste Guy Mollet !

    La droite en France est, certes, en dormition depuis les épurations et diabolisations successives dont elle n’a cessé d’être frappée. Mais cela ne saurait tout excuser. La triste vérité est que la droite en France est bête et qu’elle ne cesse de commettre des bêtises. Retour sur cinq d’entre elles :

    La première bêtise, la plus ancienne, est d’avoir délaissé la lutte des idées

    Jusque dans la première moitié du XXe siècle, la droite en France rassemblait de brillants intellectuels et des artistes. La IVe République, qui a vu la mainmise de la gauche sur la culture, l’enseignement, l’édition et la presse, suite à l’Epuration, y a mis un terme.

    Mais cela a malheureusement continué sous la Ve République : la droite a perdu en 1968, puis en 1986 avec la cohabitation, le combat culturel face à la gauche.

    Cette droite n’a tenu compte, en outre, d’aucun des avertissements qui lui ont été adressés par certains intellectuels amis (de Michel Droit à Louis Pauwels) et par certains clubs de réflexion, en particulier après la victoire de la gauche en 1981 : elle n’a pas voulu comprendre que ce sont les idées qui mènent le monde, le monde politique en particulier.

    La droite au front de taureau a continué de ne réfléchir à rien, de ne rien lire et de n’avoir des idées sur rien.

    La droite n’a donc pas vu venir les nouveaux clivages culturels et politiques qui émergeaient en Europe et en France : le clivage identité/cosmopolitisme ; le clivage islam/chrétienté ; le clivage oligarchie/peuple ; le clivage souveraineté /mondialisme ; le clivage protection/libre-échangisme. Sur tous ces sujets, qui sont autant de « grandes querelles », comme disait De Gaulle, la droite de gouvernement n’a rien eu à nous dire en 2012. Elle n’a donc nullement profité de ces nouvelles lignes de fracture politiques.

    La droite a longtemps cru que sa « bonne gestion de l’économie » constituerait son meilleur argument électoral face à une gauche « idéologique ». Car autrefois la droite rimait avec économie – au sens vertueux du mot –, avec confiance dans la monnaie ainsi qu’avec rigueur budgétaire et financière. Mais la droite a perdu aussi sur ce terrain-là !

    Avec Chirac puis Sarkozy, la droite est devenue au moins aussi laxiste, sinon plus, que la gauche : les déficits et l’endettement publics se sont envolés. La France a perdu son triple A. Les transferts sociaux au profit de différentes clientèles et les réglementations bureaucratiques se sont, comme les radars, multipliés. Les impôts et prélèvements « sociaux » n’ont cessé de progresser, et cela avait déjà commencé sous Giscard d’Estaing.

    Pas étonnant que les jeunes et les actifs se détournent de cette droite qui regarde, dans le rétroviseur, passer les trains de l’histoire !

    La seconde bêtise a consisté à adopter l’idéologie de la gauche

    Les « stratèges » de la droite ont cru habile, au surplus, pour contrer les communistes et les socialistes, de se placer sur le même terrain qu’eux.

    Les mots d’ordre des hommes politiques de droite, véritables éponges idéologiques à la fin du XXe siècle, proviennent d’ailleurs quasiment tous de la gauche : la « nouvelle société » (car la société est bloquée par le conservatisme, bien sûr ! selon Chaban-Delmas), « la société libérale avancée » (c'est-à-dire une sorte de social-démocratie : Giscard d’Estaing), « le travaillisme à la française » (Chirac), le « changement » et « vivement demain » (en 1986), la « rupture » (Sarkozy après… Mitterrand en 1981). Le dernier chic à droite était d’ailleurs de se réclamer d’hommes de gauche : de Jaurès à Georges Mandel.

    La droite s’est donc réclamée des droits de l’homme, de la République et surtout du libre-échangisme mondialiste. Mais c’était un cocktail à la fois ringard et dangereux ! Comme ces vieilles munitions que l’on déterre encore et qui vous explosent à la figure quand on commence à les manipuler…

    Ainsi les droits de l’homme – instrumentés contre les communistes dans les années 70 – sont devenus en retour une arme aux mains des immigrationnistes et des mondialistes contre les droits des citoyens et contre la souveraineté des Etats. Chirac a fini par faire la guerre à la Serbie au nom des droits des mahométans du Kossovo. Et Sarkozy a promu « l’obligation de protéger » les Libyens, un remake de « l’urgence humanitaire » inventée par le socialiste Bernard Kouchner… et qui fut aussi son ministre d’ouverture.

    Devenue anglophile, la droite s’est ensuite emparée avec délices du prêt à penser libéral, qui fut rapidement véhiculé par les intellectuels organiques de service et les représentants du patronat : trop d’impôts tue l’impôt, libérons les créateurs de richesses, dérégulons, privatisons, à bas l’Etat, vive l’Etat de droit !

    Il s’agissait néanmoins d’un hara-kiri idéologique.

    Car les droits de l’homme et la doctrine libre-échangiste se rattachent comme la gauche à l’idéologie des Lumières. Toutes ces idéologies prônent la déconstruction des traditions, des protections nationales et des frontières économiques et, finalement, de toutes les spécificités – c'est-à-dire des identités – comme autant d’obstacles au « doux commerce » entre des individus égaux et « rationnels » car libérés de toute appartenance.

    On ne peut donc pas à la fois se déclarer en faveur de la famille, des traditions culturelles, de l’identité, de la citoyenneté ou de la nation et prôner le libre–échangisme et les droits de l’hominien : il y a dissonance cognitive entre les deux positionnements !

    Le fait que la gauche – qui prétend de son côté que l’on peut préserver notre « modèle social », version 1946 modifiée 1981, dans une économie globalisée – porte comme un boulet sa propre dissonance cognitive ne change rien à l’erreur stratégique de la droite.

    Le résultat est là : en 30 ans la droite est devenue une gauche qui ne dit pas son nom. Elle s’est progressivement ralliée à l’égalitarisme, à la « lutte contre les inégalités » et donc à l’ingénierie sociale, puis à « l’antiracisme », à l’écologisme, au féminisme et finalement au cosmopolitisme.

    La troisième bêtise a consisté à tromper en permanence son électorat

    La gauche a échoué à sortir du système capitaliste. Mais elle a, par contre, réussi à transformer la société conformément à son idéologie et elle a mis en œuvre une bonne partie de son programme électoral.

    La droite, elle, n’a cessé de tromper ses électeurs. Elle scénarise à chaque élection un duel à mort avec la gauche. Mais c’est ensuite pour cohabiter avec elle, pour faire entrer au gouvernement des ministres issus de la gauche au titre de « l’ouverture » ou pour en rajouter sur le politiquement correct.

    Elle met en scène un discours « souverainiste » (de Pasqua à De Villiers, sans oublier l’appel de Cochin de Chirac) ou « sécuritaire » (en général ce rôle incombe au ministre de l’Intérieur en place) pour aller à la pêche aux voix : mais ensuite ces joueurs de flûte rentrent piteusement dans le rang et font le contraire de ce qu’ils ont promis.

    « Les réformes les plus contestables qui ont bouleversé notre société, et dont l’effet cataclysmique se fait sentir aujourd’hui, ont d’ailleurs été prises par des gouvernements et des présidents de droite et non de gauche : la déstructuration de l’enseignement scolaire et universitaire, la loi Pleven qui ouvre la voie au chantage « antiraciste », le regroupement familial des immigrés, la légalisation de l’avortement, l’imposition du Traité de Lisbonne, l’annonce des « repentances » successives, la perte de la souveraineté monétaire, la réintégration de l’OTAN, la mise en place des quotas féministes, la création de la HALDE, la « discrimination positive », etc.

    « C’est aussi la droite et non la gauche qui a bouleversé l’esprit et les institutions de la Ve République. Avec la cohabitation de 1986, la droite a accepté de dissocier la majorité présidentielle et la majorité parlementaire, créant la confusion politique et l’immobilisme. Elle a ensuite réduit la durée du mandat présidentiel, diminuant du même coup sa dimension souveraine. Nicolas Sarkozy a achevé l’évolution en fusionnant de fait les fonctions de premier ministre et de président de la République, rabaissant le niveau de la fonction.

    « C’est aussi la droite qui a bouleversé, au nom de l’idéologie néolibérale de « l’Etat de droit », le système de contrôle de la constitutionnalité des lois : elle a transformé le Conseil constitutionnel en gardien idéologique, c'est-à-dire qu’elle a organisé la primauté des juges inamovibles sur les législateurs élus.

    « La gauche a certes supprimé la peine de mort, voté les lois Auroux sur le pouvoir syndical dans l’entreprise, instauré les 35 heures et voté la loi Fabius-Gayssot, des réformes également cataclysmiques. Mais cela ne saurait cacher que globalement c’est la droite de gouvernement qui a à son passif le plus de réformes calamiteuses pour notre pays. »

    La quatrième bêtise de la droite a été son incapacité à s’unir

    L’histoire de la droite en France depuis les années 1870 est l’histoire de ses déchirements et de ses luttes fratricides, alors que les querelles de la gauche sont toujours restées, selon la formule célèbre de Léon Blum, des querelles de famille.

    A la différence de la gauche, la droite ne sait pas jouer collectif et sacrifie en permanence l’essentiel au nom de l’accessoire. C’est pourquoi elle ne parvient pas à s’imposer dans la durée.

    Dernière illustration de ce travers historique : la droite au front de taureau a coupé les ponts avec le Front national tout en prétendant récupérer ses électeurs. Elle a donc fait le contraire de la stratégie victorieuse d’union de la gauche. Bravo les parangons du « vote utile » !

    Cette préférence pour la désunion a eu pour seul résultat que la droite, bien que majoritaire dans le pays, s’est retrouvée prise en otage politique par une gauche minoritaire. Une performance remarquable !

    Afin de se dédouaner, en effet, de l’accusation, constamment proférée par la gauche et les officines qui lui sont dévouées, de « pactiser » avec le diable « d’extrême droite », la droite a été contrainte de donner des gages de plus en plus élevés. Elle s’est déclarée de plus en plus « républicaine », c’est-à-dire toujours plus politiquement correcte.

    Elle a dû aussi sacrifier impitoyablement tous ceux qui, dans ses rangs, prétendaient à l’union de la droite : ils ont été abandonnés, ostracisés, souvent ruinés et, comme par hasard, parfois aussi, objet de poursuites judiciaires.

    Cette diabolisation permanente a aussi fait peser une chape de plomb politiquement correcte sur le pays.

    Parler de l’immigration ou de l’islam autrement qu’en termes laudateurs, ou de l’insécurité, c’était bien sûr « faire le jeu » du Front national ou « lepéniser » son esprit ! Mais cette chape de plomba nui plus à la droite qu’à la gauche, pour la raison principale que le politiquement correct est fondamentalement la déclinaison des tabous de gauche. La diabolisation du débat sur les enjeux de société a donc eu pour effet de stériliser encore plus ce qui restait du discours de droite.

    Enfin cette diabolisation a ancré la droite de conviction dans l’espoir fou qu’elle pourrait gagner seule, interdisant en retour toute dynamique d’union : un espoir fou, car arithmétiquement impossible dans des conditions normales et par conséquent facteur de découragement et de discorde autour de la meilleure stratégie possible, en particulier pour sortir de la « diabolisation ».

    Malgré ses ultimes et pathétiques appels du pied entre les deux tours, Nicolas Sarkozy n’a pas su sortir du piège où Jacques Chirac avait fourvoyé la droite.

    La cinquième bêtise de la droite a consisté à se couper du peuple 

    Au début de la Ve République, la droite était majoritaire et populaire : c’est l’apport du gaullisme qui était bien à sa manière un « populisme » : un chef charismatique, une société politique implantée dans toutes les couches de la société et un appareil solide et structuré. Le fondateur de la Ve République voulait en outre sortir du « système des partis » et ancrer l’exécutif dans la souveraineté populaire directe : l’élection au suffrage universel direct du président de la République et la pratique référendaire devaient y pourvoir.

    La droite est au contraire devenue oligarchique à la fin du XXe siècle ! C'est-à-dire qu’elle perçoit le peuple français désormais comme un obstacle à ses projets et non plus comme un levier. En témoigne l’attitude de Nicolas Sarkozy faisant adopter par le parlement un traité européen que les Français avaient refusé par référendum !

    Dans l’esprit obtus des oligarques de droite, la souveraineté ne vient plus du peuple – en tout cas plus du peuple autochtone – mais d’ailleurs : du gouvernement des juges, des lobbies communautaires, des « autorités morales », du pouvoir médiatique, des marchés et de la « gouvernance » européenne et mondiale.

    La droite a malheureusement oublié la leçon du gaullisme : la souveraineté politique vient du peuple, pas des appareils ni des notables ni des « communautés ». Elle s’est mise à courtiser les minorités et non à écouter la majorité.

    Elle a donc raté son rendez-vous avec le peuple français à la fin du XXe siècle car, en se soumettant au politiquement correct, elle s’est interdit de répondre à ses attentes. Elle n’a profité qu’un temps de la désaffection vis-à-vis de la gauche et de la chute du communisme : elle a, au contraire, couru après la gauche tout en méprisant et ostracisant 20% du corps électoral. Elle a déçu ses électeurs naturels, elle a trompé leur confiance et elle n’a pas su répondre à l’angoisse montante des classes moyennes.

    Tant pis pour elle ! Vae victis, comme disaient nos ancêtres.

    Michel Geoffroy (Polémia, 6 mai 2012)

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  • Un plaidoyer pour la France !...

    Collaborateur régulier de la revue Éléments et auteur d'un article sur le Risorgimento paru dans le dernier numéro de Nouvelle ÉcoleYves Branca a eu l'amabilité de nous communiquer une note de lecture sur l'essai de Marine Le Pen, Pour que vive la France, dont nous avions signalé la parution. 


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    Le plaidoyer de Marine pour la France

    Le manifeste d’une très singulière candidate à la présidence de la République Française était attendu depuis le 15 janvier 2012. Paru enfin le premier février, il est en tout point étonnant, dans ce qu’il a de meilleur ; il a aussi des parties plus faibles - mais le meilleur domine, et je vais dire pourquoi c’est justement dans celles-ci que l’on peut voir le plus grand signe de force. 

    La forme même de ce livre l’éclaire. Quand elle a dû choisir une profession, Marine Le Pen a voulu devenir avocate, tout court, et non pas « avocate d’affaires », comme bien des politiciens; avocate, elle l’est restée, en grand, et son livre est précisément un plaidoyer « pour que vive la France ». Marine est excellente oratrice, et de discours en discours, à chaque étape de sa campagne, elle s’élève un peu plus vers les sommets de l’éloquence. Son langage est simple, clair, et moderne en ce sens qu’il est celui du meilleur usage d’aujourd’hui, mais elle sait construire une longue période; et si l’on étudiait encore la rhétorique, on pourrait trouver dans ses discours d’excellents exemples de tropes par fiction, par réflexion, et surtout par opposition: elle excelle singulièrement dans la prétérition, et l’ironie. La forme seule de son livre suffirait donc à prouver qu’il est entièrement et le fruit d’une réflexion personnelle de plusieurs années, et de sa plume, en un temps où la plupart des innombrables livres de politiciens sont commis aux soins de petits grimauds. Or, des deux cents cinquante pages de son livre, on peut dire que les deux tiers, cent soixante-dix, soit toute la première partie et l’introduction à la seconde, sont très belles, et que, hormis dans certains passages techniques chiffrés et documentés, on y retrouve les meilleures qualités de son art oratoire ; mais que dernier tiers paraît écrit rapidement, voire par endroits hâtivement, (sauf les dix pages d’une brève troisième partie, excellent appendice sur « la refonte de l’école »). Plusieurs allusions à des faits et documents très récents montrent certes qu’elle y a travaillé jusqu’en janvier, dans les retailles du temps d’une extraordinaire activité. Mais là n’est pas l’explication. 

    La première partie caractérise le mondialisme, et décrit ses effets sur la France: « démonter les rouages d’une machine à broyer les peuples, c’est le premier pas nécessaire d’un vrai changement, et, j’ose le dire, d’une révolution ». La seconde partie donne en soixante pages les principes et esquisse les grandes lignes d’un projet national, d’un Etat « régalien, protecteur, et stratège », autrement dit, d’un Etat social, et, dans un bref paragraphe au titre d’ailleurs excellent (« L’Etat influent »), en cinq pages à peine, son projet européen et international. Voilà qui paraît un peu bref. Mais après son discours du 19 février à la Convention du F.N. de Lille, et la présentation le 21 février de son projet pour l’Europe des nations, tout s’éclaire: « Décrire nos souffrances, c’est certainement le plus simple de la réflexion qui a conduit à rédiger ce livre. Trouver les remèdes aux difficultés de notre pays, c’est encore relativement aisé. On pourrait se dire qu’à partir de là, il n’y a plus qu’à convaincre et à reconstruire. Reste que (…), parce qu’ils symbolisent le meurtre de la parole donnée en politique, Nicolas Sarkozy ou Jacques Chirac ont porté à l’attachement de notre peuple à la chose publique un coup dur, que d’aucuns craignent fatal » - avait écrit Marine dans l’introduction à cette deuxième partie. L’essentiel du livre est donc cette critique de la « métaphysique ultra-libérale » mondialiste, de la « financiarisation organisée de l’économie », et de leurs effets destructeurs sur la nation et le peuple par l’imposture « consubstantielle » d’une caste politique qui n’est plus qu’un appendice de l’«hyperclasse mondialisée »; et l’on trouve bel et bien dans cette réflexion la « synthèse de l’axe justice sociale-sécurité qui tend à supplanter l’axe gauche-droite », par quoi Robert de Herte caractérisait en 2004, dans le n° 112 d’Eléments, le populisme, auquel il voyait « d’autant plus d’avenir, que la politique institutionnelle en a de moins en moins »; sans d’ailleurs que ce terme de « populisme » n’apparaisse dans le livre de Marine. 

    Mais le 19 février, l’imposteur ayant déclaré qu’il prétendait à un second mandat, Marine a hautement revendiqué le populisme, et identifié comme « la seule forme actuelle de fascisme » le projet mondialiste d’écraser la démocratie sous les faux-semblants d’une alternance: sait-elle qu’elle retrouvait par là les prophéties sur le mondialisme de Pier Paolo Pasolini dans les Ecrits corsaires de 1972-74 ? (voir surtout les articles de juin et juillet 1974 sur Le fascisme des antifascistes); et le 21 février, plaidant pour l’Europe des nations, elle a attaqué en dénonçant, dans le nouveau MES (Mécanisme Européen de Stabilité), subrepticement approuvé le même jour par le Parlement français, l’établissement d’une « dictature de la finance », d’une « prison des peuples », et d’un « assujettissement des Etats par la dette ». 

    Si l’imposteur singe, parodie, simule, pour détruire, Marine, l’adversaire une fois caractérisé et désigné, « improvise » désormais, selon son projet de reconstruire. Cette métaphore est de Benedetto Croce, à propos de ce qu’il appelle le « sens de l’improvisation de l’histoire » des grands hommes. La grande politique consiste non pas en discours généraux, mais, comme en amour, à dire et faire ce qui convient, au bon moment, soutenu par des visions et des rêves magnifiques. 

    Ainsi prend corps ce que le manifeste de Marine annonçait si succinctement: elle a vraiment renoué avec le général de Gaulle, et ceux qui ont lu les Mémoires de guerre se souviendront de ce passage : « Ce dénuement même me traçait ma ligne de conduite. C’est en épousant, sans ménager rien, la cause du salut national que je pourrais trouver l’autorité (…). Tout limité et solitaire que je fusse, et justement parce que je l’étais, il me fallait gagner des sommets, et n’en descendre jamais plus ». 

    Yves Branca (2 mars 2012)

     

    POUR QUE VIVE LA FRANCE , par Marine Le Pen, Grancher, 252 pages, 15 Euros.

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