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Points de vue - Page 34

  • Civiliser ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Moriamé, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré aux émeutes et à leurs causes profondes.

     

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    Civiliser

    Le narratif médiatique et la sociologie fabriquent des victimes – et un coupable : la France, l’État français, le racisme systémique. On connaît la rengaine. C’est au contraire la crise de l’État, la crise des institutions, la vacance de l’autorité qui créent les conditions d’une insurrection. C’est au contraire l’État qui est à reconstruire, et la France avec lui, sous réserve que cette dernière ne soit pas submergée par l’immigration.

     

    Jean-Louis, la soixantaine et quelque peu dégarni, calfeutré dans la pénombre de son studio, fixait fébrilement son téléphone portable. Soudain, l’heure tant attendue s’afficha. C’était son moment. Il se saisit de son cabas à roulette, inspira un grand coup et ouvrit la porte de son appartement. Se remémorant les exercices appris lors de son service militaire, il descendit tel un félin les escaliers et arriva dans le hall. Jonché de détritus, tagué, occupé par un canapé éventré et exhalant une âcre odeur d’urine, celui-ci était comme il l’espérait : vide. À cette heure, il ne risquait rien, « ils » dormaient. 

    Marchant sur le trottoir, tout en restant le plus possible collé aux immeubles afin de passer inaperçu, Jean-Louis ne pouvait que déplorer les dégâts causés par les émeutes depuis déjà plusieurs jours dans sa ville de banlieue. Carcasses de bus et voitures brûlées, mobilier urbain saccagé, bris de verre et déchets omniprésents étaient désormais son quotidien. Reclus depuis longtemps chez lui, il ne s’était résolu qu’à sortir pour remplir son frigo vide.

    Arrivé devant son supermarché habituel, il le trouva grand ouvert, vitres défoncées suite à un énième pillage. Après avoir regardé hâtivement autour de lui, il s’engouffra par la brèche. À l’intérieur, il entendit des cris et des rires. Des « jeunes » s’amusaient à renverser les étalages et à vandaliser les marchandises, tout en se filmant et en multipliant les mises en scène les plus bestiales. Rampant vers le rayon bière, demeuré intact, il se servit avant de rentrer chez lui. À défaut de se nourrir, il pourrait boire pour oublier.

    La victimisation

    À ses dépens Jean-Louis était devenu l’acteur d’un film qui ressemblait beaucoup à la dernière série dystopique qu’il regardait sur Netflix. 

    Un jeune Français est mort il y a quelques jours, tué accidentellement par un policier à l’occasion d’un contrôle. Personne ou presque ne le connaissait, lui et son histoire, ses déboires avec les autorités. Tous pourtant ont prétendu parler en son nom et en celui des « jeunes de banlieues », tous, des médias à la classe politique, ont voulu donner un sens à ce drame.

    La machine infernale une nouvelle fois a été lancée. Les journalistes ont évoqué le racisme structurel de la police française et ont multiplié les parallèles avec les États-Unis. Les politiques, du Président aux Insoumis, ont immédiatement condamné le policier, sans connaître les faits. Une vidéo d’une dizaine de secondes avait suffi. Ledit jeune a eu le droit à sa minute de silence à l’Assemblée nationale, comme un militaire tué lors d’une OPEX.

    Sa mort a entraîné des émeutes qui, par leur ampleur et leur violence, dépassent celles de 2005. Face aux premières destructions de biens et équipements publics : écoles, centres culturels, mairies, bus, tramways, mais aussi aux scènes de pillage, les médias et les politiciens ont tenté d’expliquer ou plutôt de justifier le chaos. La rengaine est connue : « Les gens de ces quartiers sont discriminés et se sont immédiatement identifiés à ce jeune, victime d’une nouvelle bavure policière. Ils ont, par leur violence, voulu répondre à celle qui leur est faite, excessivement, mais de façon compréhensible. »

    Quand les émeutiers se filment

    Cet argumentaire ne résiste pas à un examen attentif de la situation de ces quartiers, pauvres, mais bénéficiant d’une manne publique bien supérieure à la normale : rénovation urbaine, équipements neufs, moyens scolaires renforcés…

    Aussi, en observant les émeutiers, on s’aperçoit qu’ils procèdent d’une façon plutôt joviale à leurs forfaits. Les pillages et les saccages sont mis en scène, filmés et diffusés en direct sur les réseaux sociaux. Chacun semble aspirer à sa petite minute de gloire et prendre plaisir à assumer et propager des actes pénalement répréhensibles. 

    Il est difficile de déceler dans ces attitudes, mais aussi dans les cibles (tabacs, équipements publics, magasins high-tech ou de sport) un contenu politique ou la volonté d’honorer la mémoire du jeune disparu, dont on ne parle presque plus. 

    Tout ceci a pourtant un sens, ou plutôt, est la marque d’un problème plus profond, dépassant celui des jeunes de banlieue. 

    Ce n’est pas la force démesurée et injuste de la police et de l’État qui a entraîné la mort de jeune et le chaos que nous peinons aujourd’hui à endiguer, mais sa faiblesse, ainsi que celle de nos institutions.

    Les faits qui ont précédé le drame sont symptomatiques : course poursuite d’une trentaine de minutes, multiples refus d’obtempérer, délits de fuite et mise en danger de la vie d’autrui par le conducteur, finalement arrêté par… la circulation. Le policier n’arrivait manifestement pas à faire entendre raison à un jeune de 17 ans. Pour être pris au sérieux, il en a été réduit à sortir son arme. Le drame s’est produit.

    C’est l’État qui est à reconstruire

    L’asymétrie entre les deux protagonistes était évidente. D’un côté, un policier, astreint à des règles, soumis à une hiérarchie qui pousse plus que tout à éviter les contacts et qui sait qu’il ne sera pas soutenu en cas d’incident. De l’autre, un délinquant, jeune et sûr de lui, fort d’un sentiment d’impunité1. Lui aussi, sait qu’en cas d’infraction grave, il écopera d’un rappel à l’ordre ou dans le pire des cas d’un sursis. Le policier sait qu’il ne fait guère peur au délinquant et craint que celui-ci ne tente donc quelque chose contre lui. Engrenage fatal. La bonne vieille peur du gendarme, qui n’existe plus chez certains, aurait probablement sauvé le jeune, victime paradoxale du laxisme de la justice. 

    Cette police qu’on ne respecte plus n’est qu’un des nombreux avatars de l’affaissement de l’État. On pourrait tout aussi bien parler des professeurs, des pompiers ou des personnels soignants, victimes de ce qu’on appelle pudiquement des « incivilités », mais qui eux ne peuvent répondre avec une arme.

    Pour contrer ce délitement et restaurer la paix civile, il ne suffira pas de mobiliser des dizaines de milliers de policiers et de financer une nouvelle fois tout de qui a été brûlé. 

    L’État doit reconstruire les institutions qui permettaient à notre société d’avoir une cohésion.

    Dans un pays devenu multiethnique et multiculturel, en voie de communautarisation et au sein duquel coexistent des populations aux mœurs différentes, les subventions et le « social » ne seront pas des solutions miracles. La pression assimilatrice des Français de souche ou le renvoi massif des immigrés récents dans leurs pays d’origine sont les seules possibilités pour éviter un séparatisme définitif et l’affrontement avec un deuxième peuple sur notre sol. 

    La destruction programmée des institutions

    Le processus délétère auquel nous sommes aujourd’hui confrontés n’est toutefois qu’en partie lié aux immigrés et affecte toutes les classes sociales. Les affrontements qu’on observe, notamment dans les « ZAD » où les immigrés sont peu représentés, illustrent un phénomène plus global.

    Le rejet de l’autorité de l’État trouve ses origines dans la grande déconstruction consécutive aux événements de mai 1968 et à la prise du pouvoir par des catégories sociales qui n’ont eu de cesse de démolir les assises de l’ordre ancien. 

    Le développement depuis les années 80 d’une société fondée sur la seule logique du marché, l’effondrement des structures (chômage de masse, généralisation du divorce, faillite de l’enseignement) et la volonté de faire prévaloir les intérêts de l’individu-roi au détriment du collectif nous ont conduits dans l’impasse où nous sommes aujourd’hui. 

    Notre Président se plaît à employer des mots qui ne sont pas les siens et qu’il ne comprend pas. Récemment, il a évoqué le processus de « décivilisation » que connaissait notre pays. Pour lui, la décivilisation se résume aux actes violents d’une poignée de gens qu’il conviendrait de ramener dans le droit chemin.

    La décivilisation ne se caractériserait-elle pas plutôt par la destruction des institutions qui fixaient une limite à la toute-puissance des individus et garantissaient à l’État, seule autorité transcendant les intérêts particuliers, le monopole de la violence légitime ?

    Que transmet-on aujourd’hui ? 

    Ce n’est pas un hasard si les jeunes d’aujourd’hui mettent le feu et pillent sous le regard des anciens. Cette génération n’a rien connu d’autre que la société décivilisée dans laquelle elle vit. 

    Pour elle, biberonnée à la consommation de masse, dans un univers où la réussite individuelle, sous l’unique prisme de l’argent, est érigée en idéal, dans des structures familiales déliquescentes, avec des programmes télévisés vulgaires tenant lieu de cours d’éducation civique, tout justifie ces actes. 

    Il ne s’agit pas d’exonérer les jeunes de leur responsabilité et de réduire la gravité des pillages. On gagnerait toutefois à se poser la bonne question : que transmet-on aujourd’hui ? 

    Notre modèle de société, qui contient en germe la guerre du tous contre tous, fabrique des monstres sans empathie qui se filment en saccageant. 

    Une réponse ferme et implacable doit être apportée à ces violences, c’est une première étape. Elle ne servira à rien si on ne déconstruit pas les déconstructeurs et ne rebâtit pas un projet collectif capable de fédérer les forces centrifuges, croissantes, de notre pays. 

    Encore faudrait-il pour se faire que nos élites y trouvent leur intérêt et poussent en ce sens. 

    Dans les banlieues françaises comme partout en France, la décivilisation est en marche.

    Pierre Moriamé (Site de la revue Éléments, 4 juillet 2023)

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  • Jean-Luc Mélenchon, chef émeutier et commandeur des croyants...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique de François Bousquet dans l'émission Ligne Droite sur Radio Courtoisie, datée du 12 juillet 2023, dans laquelle il évoque l'opportunisme gauchiste de Jean-Luc Mélenchon...

    Journaliste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a aussi publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017), Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020) et Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

                                              

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  • La chimère du vivre ensemble et les médias face aux émeutes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme qui revient sur le traitement par les médias des émeutes ethniques qui ont mis notre pays à feu et à sang pendant près d'une semaine.

     

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    La chimère du vivre ensemble et les médias face aux émeutes

    Depuis une cinquantaine d’années, le journalisme de grand chemin est un outil indispensable pour véhiculer le fantasme du vivre-ensemble. Cette chimère a du plomb dans l’aile depuis les émeutes qui ravagent notre pays depuis le mercredi 28 juin 2023. Malgré ces événements, certains médias s’attachent à cette utopie tandis que la presse est parfois prise pour cible lors de ces affrontements. Entre gymnastique mentale et incohérences flagrantes, petit tour d’horizon de la presse française en période de pré-guerre civile.

    Des journalistes pris pour cibles

    Dans ce climat de chaos, les photographes, cameramen et reporters sont les plus exposés. En tout, ce sont près d’une dizaine de journalistes qui ont été agressés, volés et tabassés durant ces émeutes. Venus de rédactions très différentes, nous observons que ces journalistes ont été pris pour cible car ils étaient sur les lieux des émeutes, parfois confondus avec un policier. Ainsi, un journaliste du Point, deux journalistes du Figaro, un photographe de Libération et deux journalistes d’Al Jazeera ont été visés. La presse locale a elle aussi été ciblée : des journalistes d’un média de Besançon et enfin un journaliste de Ouest-France ont eux aussi fait les frais du chaos. Certaines agressions ont été particulièrement violentes. Le photographe de Libération a été frappé avec un pavé à l’arrière de la nuque, le journaliste du Point a été tabassé à coups de pierres par certains émeutiers. Notons que même des rédactions « indulgentes » — pour ne pas dire plus — avec les émeutiers, comme Libération ou Al Jazeera, ont été ciblées. Souvent le récit est le même : ces journalistes étaient présents dans un point chaud, souvent après le départ de la police, et prenaient des photos lorsqu’ils ont été pris pour cible.

    Les vidéos cachées par les autorités

    Si elle est malmenée par le bas, la presse est aussi malmenée par le haut avec le gouvernement. Face à une situation qui lui échappe, le gouvernement a voulu feindre la maîtrise de la situation en contrôlant les images qui étaient postées sur les réseaux sociaux. C’est dans cette optique que les services du ministère de l’Intérieur sont rentrés en contact avec le directeur adjoint de Cerfia, l’un des comptes Twitter les plus populaires qui diffusé des vidéos des émeutes, permettant aux usagers de voir ces dernières autrement que par le prisme des chaînes d’information ou de la presse mainstream. Comme l’explique Pierre Delcombel, directeur adjoint de Cerfia, à Libération : « Ils [les services du ministère de l’Intérieur] nous ont demandé notre soutien pour faire passer un peu les bonnes infos et apaiser la situation. ». Si rien n’obligeait Cerfia à accepter cette demande, le simple fait de vouloir contrôler l’information fait tache dans un pays où l’indépendance de celle-ci est érigée en dogme. Rien de nouveau pour nos lecteurs assidus.

    Les réseaux sociaux révèlent le réel que L’Obs veut cacher

    Les réseaux sociaux ont été une source primordiale d’informations durant ce chaos. Comme l’a souligné Pierre Sautarel, de FdeSouche, sur son compte Twitter, durant cette période l’information a été avant tout l’apanage d’une poignée d’anonymes sur des canaux Telegram. La presse de gros tirages était occupée à minimiser les événements. Un exemple nous est fourni avec L’Obs. Dans un papier publié dimanche 2 juillet 2023, le journal titre : « aucun incident majeur n’a été recensé dans la nuit de samedi à dimanche ». Un constat très loin de la réalité, mais en accord avec le récit gouvernemental. Dans la nuit de samedi à dimanche 2 juillet 2023, le maire de la commune de L’Haÿs-les-Roses, Vincent Jeanbrun, a été victime d’une attaque à la voiture bélier enflammée à son propre domicile. Sa femme a eu le tibia cassé, ses enfants étaient également présents. Durant cette même nuit, à Mulhouse, six pompiers ont été victimes d’une tentative d’assassinat. Ajoutons des pillages encore nombreux ainsi que des affrontements tendus à Marseille et vous aurez ce que L’Obs appelle une nuit sans « aucun incident majeur ». Sans doute sous la pression de ses lecteurs, ou dans un instant de lucidité, le journal a renommé son article « Première nuit d’accalmie dans la nuit de samedi à dimanche ». Un réajustement qui colle davantage à la réalité, mais qui euphémise la réalité. Notons que l’article ne parle pas de l’attaque de Vincent Jeanbrun.

    La cagnotte comme dérivatif

    Lorsqu’elle n’euphémise pas la violence de ces émeutes, une partie de la presse cherche d’autres cibles. L’une d’elles est la cagnotte mise en place pour soutenir la famille du policier ayant tué Nahel (nous écrivons bien Nahel et non pas Naël comme certains l’ont repris fautivement). Le Monde, dans un papier du 3 juillet 2023, se demande « comment l’extrême droite instrumentalise la cagnotte de soutien à la famille du policier ? ». Comme un chat qui retombe toujours sur ses pattes, qu’importe le contexte, une partie de la presse revient toujours sur l’hydre qu’est l’extrême droite. Libération a lui aussi fait son petit commentaire sur cette cagnotte. Dans un article du 2 juillet, le journal note que l’idée de cette cagnotte « ne vient pas de n’importe qui : Jean Messiha, soutien d’Éric Zemmour et agitateur approximatif des plateaux de télévision ». Nous retombons dans la tambouille que nous avait faite France 5 il y a quelque temps. Le même article souligne que Jean Messiha a dû se tourner vers la plateforme GoFundMe, un organisme américain, après avoir vu sa première cagnotte bloquée par Tipeee. Enfin, Libération évoque la tentative des Sleeping Giants de bloquer cette cagnotte, un sujet que nos lecteurs connaissent bien. Hélas pour les censeurs, le site américain a jugé la cagnotte en accord avec les termes d’utilisation de son site.

    Deux claques et au lit

    Une déclaration a fait couiner Libération, la phrase du préfet de l’Hérault, Hugues Moulouh, qui a préconisé « deux claques et au lit » aux parents des jeunes émeutiers afin de calmer les ardeurs de leur progéniture. Dès lors, il n’en fallait pas plus pour que Libération, dans un article du 3 juillet, parle de « méthode forte ». Citant quelques personnes proches de La France Insoumise, l’article parle de « phrase-choc », tandis que la fin du papier souligne les liens du préfet avec Nicolas Sarkozy. Mater des émeutes, des pillages, des attaques et des tentatives d’assassinat par « deux claques », une méthode-choc selon Libération. Voilà qui ferait une belle synthèse.

    Un autre élément qui a fait réagir est la constitution de groupes de défense dans certaines villes pour faire face aux pilleurs. Certains, issus de l’extrême droite, ont permis à la presse mainstream de retomber dans son jargon habituel de lutte contre cette menace fantôme en mettant sous le tapis les débordements en banlieues.

    Le NYT plus réaliste

    Dans ce climat tendu, la presse internationale n’a pas manqué de réagir. Dans un article, le New York Times parle de « problèmes qui traînent depuis longtemps ». L’article fait le lien entre les émeutes et des problèmes d’identités latents depuis plusieurs années en France, évoquant les minorités qui résident dans les quartiers qui se révoltent. De manière globale, peu de papiers font le lien entre ces émeutes et les minorités immigrées. Souvent, ce lien est fait seulement pour insister sur le racisme de la police française et de l’État.

    Nous aurions pu souligner d’autres éléments. Comme le silence relatif sur les appels — à moitié voilés — à la révolte que fait La France Insoumise, encourageant sans le dire les émeutiers, requalifiés en « révolutionnaires politiques ». La presse de grand chemin et le gouvernement préfèrent lutter contre les « vraies menaces », comme le colloque de l’Action française ou une journée d’hommage à Dominique Venner au nom de ce qui « pourrait » y être dit.

    Ojim (Observatoire du journalisme, 5 juillet 2023)

     

     

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  • Finance, croissance et transition...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré à la transition écologique.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

     

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    Finance, croissance et transition

    À Paris, dans une discrétion remarquable, des chefs d’État ont parlé du financement de la transition écologique en cette fin de juin 2023. Tout forum international se doit de respecter quelques points de passage obligés.

    Le premier est de répéter encore et encore à quel point le dérèglement climatique est une réalité qui menace le futur de la planète et demande des réponses globales – entendez ; laissez-le pouvoir à des organismes supranationaux, non élus et non contrôlés, ils sauront mieux que les États ce qu’il faut faire. Le pouvoir que s’est arrogé le WHO ( World Health Organization), qui n’a rien fait pour mériter le respect, mais fait bénéficier ses dirigeants d’une impunité bien utile, et dépossédé les États de leur mission de protéger la santé de leurs citoyens, en donne l’exemple.

    Le second est d’appeler au développement, plus convenable que la croissance, un développement fondé sur les infrastructures, et bien entendu, un développement vert – « go green ». Et, en Asie comme en Afrique, de dérouler la liste des projets qui assureront les conditions d’un développement fort, effectif et durable ; des aéroports, des ports, des routes et des autoroutes, le tout réuni sous le mot de connectivité, sous l’idée de l’intégration des continents à eux-mêmes, porté par l’intérêt supérieur du commerce. Plus de marchandises allant plus vite, plus loin, et surtout, partout – dans tous les sens à travers les nouveaux continents unis par le commerce ; plus d’hommes dans les avions, les trains, les metros, allant plus souvent et plus vite partout, pour le travail, pour le loisir, ou pour rien. Et plus de proximité, de contacts, d’uniformisation et de conformité – mêmes hôtels, mêmes enseignes, même multinationales, puisque le destin du voyageur, est de demeurer partout chez lui – de bouger sans jamais partir.

    Le troisième est de faire appel à l’investissement. Car il en coûte de l’argent de construire des infrastructures, de financer ces projets et de les maintenir. Car il en coûte de l’argent de verdir les activités, de remplacer les moteurs thermiques par de l’électrique, de changer les chauffages, de refaire les immeubles et les maisons, les universités et les bureaux, et de mettre en place les systèmes d’expertise, de classements et de normes, de contrôle et de sanctions qui rendront le verdissement réels – feront obéir la société au chemin choisi pour elle, et imposé de l’extérieur. Il en coûte de détruire ce qui a été construit, d’abandonner l’ancien, pour répondre aux normes, aux concepts et aux modes.

    Et il en coûte encore plus d’argent d’assurer aux gestionnaires de capitaux les rendements attractifs qui leur feront oublier le risque, les pertes sur les « actifs échoués », ces investissements passés que le « go green » rend sans valeur, et qui paieront l’immense appareil à mettre en place pour rendre effectif le verdissement dans tous les secteurs et tous les domaines de l’activité et de la vie. Il n’y a pas de prix pour se verdir, et maints entrepreneurs dans les éoliennes, le solaire, ou les formations aux renouvelables et la certification des logements ont dégagé des rentabilités supérieures à 30 % annuels – puisque c’est pour le bien ! Qui s’étonne que les plus grands gérants mondiaux, qui contrôlent le capital des multinationales, aient adopté avec enthousiasme l’agenda Vert ?

    Il serait malvenu de faire trois remarques, qui pourtant vont s’imposer très tôt.

    D’abord, signaler l’éclatante contradiction qui veut que tant de ports, d’aéroports, de trains et d’autoroutes soient compatibles avec l’obligatoire lutte contre le dérèglement climatique. Éclatante surtout quand des forums ont lieu à Dacca, Delhi ou Singapore, et qu’il fait 45 dehors ! Il n’y a pas d’énergie qui ne contribue pas au réchauffement – même le nucléaire, pourtant le plus décarboné de tous. Il n’y a pas de transport, pas de mobilité qui n’entraînent pas un réchauffement ; c’est vrai de la marche à pied comme de la ronde des porte-conteneurs ou de la charge des véhicules électriques, et il n’est pas d’infrastructure qui quelque part n’a pas demandé des consommations de ressources naturelles – le seul bénéfice écologique du moteur électrique étant qu’il pollue ailleurs, là où l’électricité est produite, là où les batteries sont produites, là où les terres rares ou le lithium sont produits ; à ce titre, le moteur électrique est le symbole même de la globalisation – faire faire ailleurs ce qu’on ne veut pas chez soi ! Et il n’y a pas de commerce au-delà des frontières, par-delà les océans, les montagnes et les frontières, qui ne contribue pas au dérèglement du climat. 

    Ensuite, d’en appeler à des solutions globales, entendez ; mises en place par ceux qui contribuent le plus au dérèglement du climat. Aux coupables de réparer leurs crimes ! Le dérèglement du climat n’est pas venu de l’activité des entreprises locales ou régionales, des communautés travaillant à satisfaire leurs besoins quotidiens et à maintenir ou améliorer leur cadre de vie tel que des siècles d’adaptation réciproque de l’homme à son environnement et de son environnement à l’homme l’ont déterminé. Le dérèglement procède d’abord de la mondialisation des échanges, de la globalisation du modèle de consommation de masse, et de l’extension planétaire des échanges et des transports commerciaux qui sont les raisons d’une croissance de tout – plus d’énergie, plus de matériaux, plus de plastiques, plus de chimie, plus d’animaux dans les élevages, et plus de population dans le monde.

    Sans moteur, pas de dérèglement climatique d’origine humaine. Sans révolution industrielle, pas d’anthropocène. Le porte container, la multinationale et la religion du développement – qui a le droit de ne pas se développer ? – sont les coupables impunis du dérèglement climatique. Et ils en sont les bénéficiaires, puisque la globalisation des questions climatiques se déroule entièrement à leur avantage, contre l’intérêt des artisans, des petits commerçants, des PME prises au piège des normes globales – et de la captation réglementaire que les lobbys assurent au sein d’institutions qui n’ont rien de démocratiques, ni de transparent. Le changement climatique est une bonne affaire pour les multinationales, pour les myriades de sociétés de « conseil » qui prolifèrent sru l’escroquerie de la RSE et de l’ESG, pour les institutions supranationales qui s’arrogent le monopole du Bien pour en finir avec la souveraineté des Etats et avec la démocratie – que la fille de John Kerry, si prompt à rappeler à l’ordre les peuples européens, soit chargée de faire le lien entre lutte contre le dérèglement climatique et l’OMS n’est pas une bonne nouvelle pour l’Europe ! 

    Enfin, de se satisfaire d’un désordre monétaire et financier qui fait danser ses acteurs au-dessous du volcan qu’ils ont rallumé. D’abord parce que des rendements supérieurs à quelques % sont incompatibles avec les taux de renouvellement naturel des ressources et des organismes vivants, et signifient l’extinction de ces ressources et du vivant – l’agriculture industrielle comme celle de précision inventée par les agrochimistes avec la complicité de Google, signifie d’abord la stérilisation des terres, à moins d’une génération.

    Ensuite, parce que l’enrichissement sans mesure autorisé par de tels rendements nourrit des comportements dévastateurs fréquemment dénoncés, jamais réellement limités – des superyachts aux avions privés, la consommation n’a plus les limites que l’appartenance, la décence ou la loi imposaient. Ceux qui sont de nulle part, sans origine, sans histoire et sans liens, n’ont que leur argent pour exister. Enfin et surtout, parce que la création monétaire qui facilite ces investissements, et qui est le deus ex machina derrière les montants faramineux des investissements réalisés dans la transition écologique, signifie un chèque blanc donné sur la nature – si un dollar de 2023 vaut un dollar de 2000, alors que la masse des dollars en circulation a plus que doublé, cela signifie que deux fois plus de produits, de ressources, d’énergie, de tout, peuvent être achetés par ces dollars, donc que la pression sur les ressources a doublés. Comment ne pas rappeler Milton Friedman, comme le faisait récemment Philippe d’Arvisenet ;  « too much money, too few goods ».

    Et voilà où le scénario explose. Soit les dollars ne valent plus que la moitié de ceux de 2020, et à leurs porteurs de se réveiller de leur songe ; ils n’ont que la moitié du pouvoir d’achat qu’ils croient avoir. Soit les dollars doivent garder leur valeur, et tout l’or, tout le pétrole et le gaz, toutes les terres et les arbres, les légumes et les bêtes qu’elles portent, n’y suffisent pas – et tout ce qui est réel doit être converti en argent. Le scénario réaliste est double. A la fois la pression sur les ressources va continuer d’augmenter, et la transition aura seulement été un moyen de la bonne conscience, ajouté à des manipulations stratégiques ciblées pour détruire les économies adverses ou concurrentes. À la fois la valeur de la monnaie de confiance, la fiat monnaie en circulation, nos dollars, euros ou yuan, va s’effondrer, et avec elle, les dettes libellées en monnaie – les obligations d’État comme les dettes privées. Voilà bien pourquoi les banques centrales s’emploient à remplacer les monnaies par leur monnaie digitale de banque centrale, indéfiniment manipulable, et voilà pourquoi des accidents financiers de grande ampleur deviennent crédibles, que ce soit en Chine, où nous ne savons à peu près rien de la sortie de la crise immobilière et des cessations de paiements des banques régionales, ou dans des pays occidentaux drogués à la dette publique et privée pour laquelle le reste du monde ne veut plus payer, ni fournir.

    Et sur un monde en révolution, ou en flammes, quelqu’un plantera un drapeau vert.    

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 28 juin 2023)

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  • Émeutes communautaires : c’est l’ennemi qui vous désigne !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique de François Bousquet dans l'émission Ligne Droite sur Radio Courtoisie, datée du 5 juillet 2023, dans laquelle il évoque les émeutes communautaires au cours desquelles certains ont découvert que pour les occupants des banlieues de nos villes, l’ennemi, c’est nous autres Français...

    Journaliste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a aussi publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017), Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020) et Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

     

                                             

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  • Un contrat avec le monde rural ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au monde rural.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

     

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    Un contrat avec le monde rural ?

    Première ministre en sursis, Élisabeth Borne fait part de la volonté de son gouvernement de conclure un nouveau contrat avec le monde rural. A-t-elle lu le Manifeste des Localistes ?

    Le Président Emmanuel Macron, les gouvernements qu’il a choisis, le Premier ministre, ont un problème avec le monde rural. Croire qu’ils vont le résoudre avec quelques mesures tombées d’en haut, comme on fait l’aumône aux manants, les 180 mesures d’un projet passé, les 40 mesures du contrat annoncé, c’est se moquer. Car si les problèmes des habitants du monde rural sont bien réels et concrets, et si ce sont des problèmes de pouvoir d’achat, de sécurité, de santé, d’environnement, problèmes sociaux qui n’ont rien de si différent des problèmes des urbains, la question majeure posée par la ruralité est d’une tout autre nature. Elle a trait à l’identité de la France. Les riches et les puissants n’aiment la ruralité que le temps d’une chasse, d’un séjour à la campagne, ou d’une randonnée — comme spectacle et repos. Ils l’ignorent, quand ils ne la méprisent pas, cette France qui veut d’abord demeurer, ces Français qui veulent continuer la France, et qui votent Marine le Pen.

    Les habitants de la ruralité, ceux qui travaillent, cultivent, vivent sur les terres de France, se savent méprisés. Ceux qui les ignorent 11 mois sur 12 les redécouvrent le temps d’une campagne électorale, pour les convaincre de « bien » voter, et se hâtent de rentrer dans leurs palais célébrer le Woke, la transculture, et le monde réduit à l’écran numérique. Les ruraux savent, et ils sentent, que tout est fait pour les villes, les grandes villes, ces métropoles qui se rêvent globales et se veulent sorties des Nations et de la France. Un habitant de Seine Saint Denis se voit attribué en moyenne, trois à quatre fois plus d’argent public qu’un habitant de l’Ardèche ou de Lozère.

    Des transports en commun denses et gratuits aux logements et aux soins de santé tout aussi gratuits et proches, les conditions de vie des migrants qu’accueillent les métropoles bénéficient d’aides et de services publics, sans commune mesure avec les naufragés de la ruralité — allez en Ardèche, en Lozère, en Aveyron ; se déplacer, se soigner, se chauffer, tout y est plus difficile, plus coûteux, plus lent. Comment s’étonner que les uns ne pensent qu’à attirer leur fratrie, quand les autres se sentent laissés pour compte ?

    Tout s’aggrave quand s’abattent des lois devenues folles, qui ajoutent au nom d’une écologie dévoyée à l’abandon l’expulsion. Comment comprendre que des « Verts » s’en prennent aux conditions de vie de la ruralité, quand c’est la métropole qui est une aberration écologique par l’artificialisation qu’elle exige ? Des millions de Français découvrent qu’ils ne pourront plus louer leur maison, leur appartement, qualifiés de « passoire thermique », sans des travaux coûteux, aléatoires, et hors de portée de beaucoup.

    Quand les mêmes découvriront qu’ils ne peuvent plus vendre cette maison ou cet appartement faute d’effectuer les travaux d’isolation requis, aucune belle parole ne pourra éviter un sentiment de dépossession explosif dans un pays où la propriété a signifié liberté. Les mêmes se voient déjà interdire d’accès les centres-ville, et bientôt les agglomérations tout entières s’ils n’ont pas les moyens de changer leur vieux Diesel pour une Tesla. S’ils disposent d’un terrain, même au bout d’une voie non carrossable, ils doivent en assumer un entretien exigeant, sous peine de se voir refuser l’assurance — et l’écopâturage n’est pas la solution partout.

    Et ils commencent à entendre qu’il leur faudra aussi changer leurs habitudes alimentaires, que la liberté de cultiver fruits et légumes, d’élever lapins et poules, sinon chèvres et cochons, pourrait bien se trouver réduite, tandis que les plus de 70 ans, soumis au contrôle périodique de leur permis de conduire, seront de fait réduits à partir en maison de retraite, le retrait de permis signifiant de fait l’expulsion de villages où le plus proche commerce est à dix kilomètres, le service d’urgence à 60 km ou 100 km — quant au médecin de famille, il a depuis longtemps disparu au profit de la santé numérique.

    Ajoutons à cela l’abandon des politiques d’aménagement du territoire, les menaces sur la loi littorale et le recul des pouvoirs des Maires et élus locaux, le refus de mettre à l’étude le Referendum d’initiative locale, la grande manipulation des Conventions nationales et des essais de démocratie directe, et le tableau est achevé — la coupe est pleine. Les ruraux doivent financer le confort social, les services publics et les transports en commun des métropoles, sans en bénéficier en rien eux-mêmes ; l’inégalité territoriale augmente, les campagnes se vident, la France se désole.

    Voilà ce que des gouvernants hors sol ne peuvent pas entendre ; de fermeture de services publics en privatisations rampantes, l’État abandonne les territoires français, en métropole et plus encore, outre-mer. Voilà surtout des inégalités au détriment des Français qui peuplent encore les terres de France, qu’il est interdit d’évoquer, plus encore de chiffrer. Qu’en est-il des données qui comparent la fraude sociale en Bretagne à celle de la région parisienne ? Celle des résidents de l’Aveyron à celle des Marocains et Algériens ? Et qu’en est-il de la contribution sociale et fiscale des riches exilés au Portugal, à Chypre ou ailleurs, par rapport à celle de ces Français moyens de la ruralité qui ont si fort le sentiment de payer pour tout et pour tous, sans rien recevoir en échange ?

    Si encore ils ne recevaient pas le mépris ! Pour conclure un contrat, il faut être deux. Le projet de contrat avec le monde rural concocté par le Premier ministre viendra comme d’habitude des cabinets parisiens ; l’exemple est donné par un projet ZAN (zéro artificialisation nette en 2050) qui aboutit à pénaliser les communes rurales les plus vertueuses en matière de permis de construire, et passe à côté du sujet des friches industrielles — densifier les villes oui, désertifier les campagnes, non ! Disent les Localistes.

    Des réunions publiques manipulées éviteront soigneusement les sujets qui fâchent — l’implantation de foyers pour migrants sans accord de la population, l’obligation d’accueil de mineurs isolés dont les métropoles ne veulent pas, aux dépens des départements ruraux, comme les contrôles inquisitoriaux sur les cours et retenues d’eau, comme les saisies par les gendarmes de plants et semences que des producteurs échangent ou vendent hors du racket légal des semenciers, etc. L’écologie trahie par le globalisme, travestie en moyen de normalisation, de contrôle et d’unification au profit des multinationales, est devenue la bête noire de ruraux qui ont toutes les raisons de se croire les vrais défenseurs de territoires sur lesquels beaucoup sont nés, sur lesquels ils vivent, et qu’ils ont pour souci de transmettre à leurs descendants comme ils les ont reçus. Rien à voir avec une écologie des beaux quartiers qui rêve de réserves vides d’habitants, de campagnes fermées à l’activité humaine, et qui ne sait rien de ce compagnonnage séculaire qui a façonné les hommes, leurs maisons, leurs plats et leurs vins dans une relation intime et directe avec la nature !

    Si quelques réformes peuvent donner le bon signal à la ruralité, ce sont les projets portés par Les Localistes ! Au nom de l’égalité des territoires devant l’action publique, de la restauration des biens communs de communautés locales robustes, vivantes et fortes, et de la priorité donnée à la ruralité dans la nouvelle France.

    D’abord, respecter le principe de subsidiarité et rapprocher le plus possible la décision du terrain. C’est vrai pour l’implantation de parcs d’éoliennes sur terre comme en mer, de panneaux photovoltaïques dans les champs ou de méthaniseurs comme c’est vrai de l’affectation des budgets de la culture et de l’innovation, ou du maintien de distributeurs de billets et du paiement en espèces.

    La société subsidiaire renoue avec la démocratie, elle refonde la légitimité de la décision publique, et elle rétablit la responsabilité des élus devant leurs électeurs.

    Ensuite, définir une politique d’aménagement des territoires en concertation avec les élus, les fédérations professionnelles, les chambres de commerce, les associations de militants locaux, ces corps intermédiaires enracinés, mais marginalisés au profit d’ONG et de Fondations qui ne représentent que les intérêts des milliardaires qui les financent. C’est la condition d’une réindustrialisation réussie, et de l’autonomie vitale dans l’alimentation, la santé, l’énergie, l’armement, etc. Pour que ces politiques remportent l’adhésion, il est urgent de rétablir les consultations publiques pour tout projet d’impact local, avec commissaire enquêteur, publication du rapport d’enquêtes, auditions publiques et consultations d’experts. L’attractivité de nos territoires s’en portera mieux !

    Encore, il convient de moduler les normes et les contrôles selon la taille des établissements et leur chalandise — les normes et contrôles utiles de la DGCCRF sur le restaurant local, le gîte rural ou le producteur qui vend sur le marché local n’ont rien à voir avec ceux requis pour l’industriel du surgelé ou des plats préparés ! Sortir de la course au prix le plus bas au profit du meilleur rapport qualité-prix doit revaloriser la proximité — qui peut expliquer que des agneaux venus de Nouvelle-Zélande soient étiquetés « bio » ? La même exigence doit s’appliquer aux appellations d’origine, et dissuader les escrocs qui créent « le Bleu des Causses » pour concurrencer le Roquefort avec du lait venu d’Europe de l’Est, les producteurs d’escargots de Bourgogne venus des Balkans, ou les vendeurs de fruits de mer autour des étangs du Midi qui importent leurs produits de Turquie, en passant par la Grèce pour obtenir la mention « produit de l’UE » !

    Faut-il ajouter que la France doit tourner la page des traités de libre-échange, comme le font les États-Unis, et organiser la préférence locale, régionale et nationale en matière d’achats publics ! Quant aux ravages du numérique, qui accentuent l’isolement et légitiment la disparition des services publics, ils doivent être corrigés par ce principe simple ; toute démarche administrative possible par Internet doit être également assurée par un agent administratif, en chair et en os, et dans la communauté de commune.

    Enfin, l’instrumentalisation de l’écologie par des Verts alignés sur l’agenda de la prétendue « finance verte », et dictée par les escrocs de la « RSE » si favorable aux multinationales (en 2022, les meilleures notes en matière de RSE sont obtenues par… les cigarettiers dont chacun connaît les performances en matière de santé publique !) doit trouver son arrêt dans le principe de la préférence pour les producteurs, les artisans, les prestataires locaux. Ce principe sera appliqué dans les appels d’offres publics, il sera relayé par l’information du consommateur — vos achats sont vos emplois et la vie de votre village ! — et dans le refus de la financiarisation des projets « Verts » par le capital international, au profit du crédit bancaire et de l’épargne de proximité.

    Quant au sentiment d’expropriation qui grandit, il appelle un principe de compensation intégrale des surcoûts imposés par les directives européennes en matière d’énergie, de transport, d’habitat ; que les frais d’isolation des logements soient remboursés à l’occasion de la cession ou des droits de succession ; et que tout résident d’une région aie le droit d’accéder aux agglomérations et centres-ville de toutes les villes et agglomérations de sa région, avec son véhicule quel qu’il soit.

    Une ancienne DRH comme l’est Élisabeth Borne devrait être sensible aux facteurs structurels du renouveau de la ruralité. Ce sont les trois puissants leviers du Localisme. Le travail, l’argent, la gouvernance ; voilà les leviers durables du mieux vivre dans la ruralité.

    D’abord, la fierté du travail bien fait quand le produit ou le service fait plaisir aux voisins, à la famille, à la communauté de vie — pas au consommateur anonyme du marché global. La proximité a aussi ses vertus sociales. Ensuite, le double dividende que perçoit celui qui investit tout ou partie de son épargne sur son territoire, en sachant que son intérêt est d’abord que des entreprises s’installent et prospèrent, que l’emploi des jeunes se développe, que les commerces rouvrent — nul n’est riche et heureux dans un désert. Que des banques qui se disent régionales aient perdu de l’argent sur les subprimes américains, que des retraités français voient leur argent géré par Blackrock ou Vanguard, est une aberration qui se paiera.

    La réindustrialisation de la France passe par la mobilisation de l’épargne nationale sur les enjeux nationaux, et par la sortie de cette aberration ; les rendements financiers les plus élevés, jusqu’à plus de 30 %, sont obtenus par les investisseurs en projets « verts » de mégaéoliennes en mer, grâce à des prix garantis par l’État, donc par l’argent du contribuable — que les pauvres enrichissent les plus riches trouve dans la finance verte une intéressante illustration ! Enfin, la révision du statut des entreprises coopératives et mutualistes, des associations de producteurs, pour faciliter à la fois la levée de capitaux et la rémunération des associés et sociétaires par des structures auxquelles le principe ; « un homme ; une voix » assure une légitimité territoriale sans rivale. Des banques, des sociétés d’assurance, des sociétés de gestion d’épargne dont les clients soient les associés propriétaires, voilà la porte de sortie d’un capitalisme totalitaire, une porte ouverte sur le renouveau des communautés territoriales.

    La ruralité est au cœur du vivre en France, chez nous, dans ces cultures et ces traditions qui ont fait le bonheur français. L’individu hors sol, l’homme de partout et de nulle part, celui qui ne sait pas s’émerveiller devant un chêne et distinguer un milan d’une buse n’ont rien à dire à la France ; ils appartiennent au passé, à ce monde sorti de la nature en état de décivilisation accélérée, et qui concourt à sa propre destruction avec une stupéfiante ardeur.

    Que La Défense, Dubaï ou Manhattan deviennent des carcasses de fer et de béton battues par les vents et rongées par l’abandon, nous ne le regretterons pas. Les déserts retourneront au désert. Le localisme, le choix de bien vivre sur des territoires beaux, vivants et forts est le projet du futur. La société subsidiaire est le futur de la démocratie. C’est vrai à Privat comme au Québec, à Trieste comme à Washington. Et c’est là que se joue l’avenir des Français. Le grand retour de la géographie sur l’histoire, du local sur le global et du durable et résilient sur le neuf et le changement, offre toutes leurs chances à des campagnes françaises qui demeurent exceptionnellement belles, diverses et actives — encore actives. Une nouvelle alliance entre la France retrouvée et les villes et villages de la ruralité peut être la clé de la modernité d’après la modernité, celle où l’écologie redeviendrait une science de la vie et du bien vivre, où la ruralité réincarnerait le rêve français, celle où chacun éteindrait les écrans, les messageries et les applis, simplement pour goûter la beauté des terres de France.

    Hervé Juvin et Andréa Kotarac (Site officiel d'Hervé Juvin, 20 juin 2023)

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