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Points de vue - Page 187

  • Les leçons d'Irma...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurent Ozon cueilli sur Breizh Info et consacré aux enseignements qu'il est possible de tirer du chaos provoqué par l'ouragan Irma dans les îles françaises de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy...

    Chef d'entreprise et essayiste, Laurent Ozon est l'auteur de France, années décisives (Bios, 2015).

     

     

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    Les leçons d'Irma

    Les populations touchées par l’Ouragan Irma ont été secouées par des crises particulièrement révélatrices : anarchie, pillages, violences inter-ethniques et intersociales, désespoir viral sur les réseaux sociaux, peurs contagieuses, critique de l’absence de moyens de secours et d’assistance des institutions.

    Ces effets contrastent avec ce qui s’est passé au Japon par exemple. Un pays dont la population très homogène a pourtant été touchée par des tsunami, des tremblements de terre et une catastrophe nucléaire ces dernières années. Une population qui est pourtant restée solidaire, travailleuse et pudique sur ces souffrances, sans pour autant renoncer à exercer une pression réelle sur l’Etat afin qu’il fasse le bilan et tire les conséquences de ses inconséquences. Alors pourquoi ces différences ?

    On pourrait évoquer de nombreux facteurs mais la récurrence des actes de pillages et de violences en Louisiane durant l’ouragan Katrina qui avait entrainé l’intervention de l’armée, comme ceux d’Haïti ou de Saint-martin ne laissent pas de doutes sur leurs causes réelles.

    Les catastrophes révèlent en effet l’état du lien social et la nature réelle des solidarités. Ces évènements fabriquent de véritables épidémies de stress qui soudent, délitent et recomposent les communautés humaines sur des bases organiques. Les êtres humains se regroupent et s’organisent sur des bases d’intérêts perçus, d’affinités identitaires et les liens artificiels se disloquent.

    Lorsque dans ces moments, l’armée ou la police perdent leurs moyens, on mesure la sincérité des liens générés par le vivre-tous-ensemble. Et le constat est simple et évident : Les pillages et violences qui suivent les catastrophes et le recul de l’Etat dans les sociétés multi-ethniques démontrent que la peur de la police est leur seul ciment. Raphaël Enthoven nous le rappelait récemment sur Europe 1, « c’est la peur et non l’amour qui fonde le vivre-ensemble « . Raphael Enthoven confond seulement le vivre-ensemble avec  le vivre-tous-ensemble qui semble devoir continuer à être le programme commun de toutes les formations politiques, des Insoumis ou Front National. Pourtant, ce que nous dit Irma est simple: Le « contrat social » ne peut suffire à faire tenir ensemble des peuples sans un État policier et un contrôle serré des citoyens. Lorsque l’État s’affaiblit, la société révèle sa véritable nature. Nous en avons eu, une fois de plus, l’évidente démonstration.

    On peut le regretter mais c’est ainsi. Le destin des sociétés multi-ethniques confrontées aux aléas inévitables de l’histoire et à leurs passions centrifuges, est de devenir des sociétés coercitives, liberticides et étatistes et ce faisant, de justifier la désolidarisation des peuples qui les composent et veulent finalement s’en affranchir lorsque l’Etat engage sa spirale descendante.

    Les catastrophes, qu’elles soient sociales, sanitaires, économiques ou naturelles accélèrent l’histoire des hommes. Les besoins de sécurité, de liberté et de bien-être des peuples imposent toujours des recompositions. Celles-ci disloquent les constructions artificielles soudés par l’idéologie, le contrôle et la force et recomposent des communautés génératrices de sécurité, de liens, et finalement de nouvelles institutions.

    Irma nous parle de notre futur. L’hiver arrive.

    Laurent Ozon (Breizh Info, 14 septembre 2017)

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  • Lutter contre l'ingérence et l'hégémonie informatique américaine !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Luc Rubiello cueilli sur Figaro Vox et consacré à la dangereuse hégémonie que les cinq entreprises géantes américaines (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ont su imposer dans le champ du numérique. Une réflexion qui mérite d'être complétée par la lecture de l'excellent livre de Pierre Bellanger, La souveraineté numérique (Stock, 2014).

     

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    Lutter contre l'ingérence et l'hégémonie informatique américaine

    La part d'audience des multinationales américaines (le GAFAM: Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) dans les technologies de l'esprit en France est proche de 100%.

    Le Pacte numérique pour l'indépendance et la sécurité internet de la France a été créé pour résister et lutter contre les effets pervers de cette domination sur notre sol:

    L'hégémonie américaine oppressante

    Suite aux révélations wikileaks révélant que nos iPhone, Android et télés sont espionnés par les Américains et à l'heure où un Français doit déclarer ses comptes de réseaux sociaux pour entrer aux Etats-Unis, M. Trump a présenté un budget militaire et du renseignement 2018 en augmentation de 50 milliards de dollars pour le porter à 350 milliards (soit bien plus que le budget de l'Etat français).

    Louis Pouzin, un des pères d'internet, a bien résumé la situation:

    «Les Etats-Unis contrôlent déjà tous les verrous d'internet et proposent leurs services dans le monde entier. C'est un système de colonisation bien connu depuis le 18ème siècle: on utilise les ressources du pays occupé pour les lui revendre après traitement» (préface du livre Internet Dangers Actions - Quelle société numérique voulons-nous?).

    Le traçage des données personnelles

    Le stockage sans limitation de durée de toutes les communications téléphoniques et internet de la population française s'effectue dans le plus grand centre mondial de stockage de données à des fins de renseignement situé aux Etats-Unis dans la ville de Bluffdale située dans l'Utah (coût de 2 milliards de dollars pour une surface de plus de 100.000 m2). Ce pays est historiquement un allié mais qu'en sera-t-il à l'heure où son Président renforce à un tel point sa domination militaire et ses services de renseignement (America First) déjà surpuissants?

    L'éducation et intimité de notre jeunesse en péril

    Monsieur Mathieu Jeandron, Directeur de la DNE, n'émet «pas de réserve générale» et soutient l'arrivée du GAFAM dans les établissements scolaires et universitaires français. Rappelons que la Direction du numérique pour l'éducation (DNE) pilote et met en œuvre les nouveaux systèmes d'information de l'Education nationale à l'heure où la réforme du collège et les nouveaux programmes scolaires et universitaires accordent une importance croissante au numérique.

    Les géants du GAFAM et les services de renseignement américains vont donc s'emparer des données personnelles des jeunes français: parcours scolaire et niveau de chaque jeune dans chaque matière, bulletins de notes et appréciations des enseignants, nombre d'heures de colle, appréciations des professeurs et motivations des élèves.

    Juteux profits en perspective pour le GAFAM... qui n'aura plus qu'à proposer aux meilleurs des bourses d'étude... aux Etats-Unis.

    Un jeune français passe en effet de plus en plus de temps sur internet en utilisant ces systèmes américains sans souvent savoir l'utilisation qui sera faite de ses connexions.

    Un jeune dira qu'il n'a rien à cacher et qu'il est plus important pour lui que ses proches partagent ses données personnelles et que peu importe si des étrangers y ont accès oubliant que la caractéristique de l'intimité est qu'elle ne se reconstitue pas si elle est altérée, cause principale de nombreux suicides et comportements déviants. Il n'est en outre pas dit que son futur employeur soit du même avis.

    Notre activité économique sous contrôle américain

    Nous Français, achetons et vendons de plus en plus sur cet internet américain entraînant une forte baisse d'activité pour les commerces de proximité et à un degré moindre pour la grande distribution avec pour effets une plus faible animation des centres-villes et la perte d'un grand nombre d'emplois non délocalisables. Le développement des entrepôts Amazon en France n'est pas inéluctable: pour nous extraire de cette domination il est nécessaire d'agir aux niveaux culturel et politique.

    Sans vie privée, pas de démocratie

    Il faut avoir le courage de dire, contre la pensée dominante du GAFAM, qu'il sera impossible de s'en sortir si les dirigeants et les citoyens ne prennent pas conscience du fait que la perte d'indépendance à moyen/long terme est un point plus important que l'efficacité à court terme d'une solution GAFAM: si on opte pour l'efficacité on perd notre indépendance, nos données personnelles, et notre libre arbitre ce qui s'avère préjudiciable.

    Faites ainsi attention à la généralisation des objets connectés, des technologies prédictives, des NBIC, des robots auto-apprenants et des drones dans l'espace aérien civil qui marqueront la fin de ce qui reste de notre vie privée en gardant bien à l'esprit que «Sans vie privée, pas de démocratie».

    Le Pacte numérique INNOOO pour retrouver notre indépendance numérique

    C'est tout le sens et l'une des raisons du succès du moteur de recherche / réseau social français sans publicité INNOOO (INNOvation Ouverte par Ordinateur) qui inaugure une voie nouvelle par une nouvelle vision du Web sans publicité.

    Souhaitant alerter et faire prendre conscience à tous de cette dépendance et de ses conséquences, l'association INNOOO demande donc aux citoyens français et francophones de signer le Pacte numérique pour l'Indépendance et la Sécurité Internet de la France pour résister à cette colonisation sur notre territoire.

    Pour lire, signer et rejoindre les plus de 20000 signataires du Pacte numérique pour l'Indépendance et la Sécurité Internet de la France: www.innooo.fr puis Pacte numérique et «Je signe».

    Luc Rubiello (Figaro Vox, 7 septembre 2017)

     

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  • Mélenchon, un opposant factice fabriqué par le Système ?...

    Nous reproduisons ci-dessous  un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré au rôle de Jean-Luc Mélenchon, promu par le système, unique opposant à Emmanuel Macron...

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    Opération Mélenchon , ou comment le Système fabrique une opposition factice à Macron

    La promotion médiatique de Jean-Luc Mélenchon et de sa France insoumise a pris son essor à l’occasion des élections présidentielles de 2017. Mais depuis la victoire d’Emmanuel Macron elle n’a pas cessé, bien au contraire : au point que Jean-Luc Mélenchon fait figure d’opposition officielle de Sa Majesté, omniprésente dans les médias mainstream.

    Pourquoi ? Parce que la promotion d’une alternative de gauche radicale et immigrationniste s’inscrit dans la stratégie européenne de la superclasse mondiale.

    Deux mâchoires, un même piège

    La superclasse mondiale a deux fers au feu en effet :

    • d’un côté, promouvoir, bien sûr, les hommes politiques qui s’affichent libéraux et libertaires, donc qui se rangent officiellement sous la bannière de son idéologie ; en France elle a donc assuré la promotion d’Emmanuel Macron ;
    • mais, d’un autre côté, elle s’efforce aussi de promouvoir une opposition de gauche à ces mêmes politiciens. De façon à empêcher l’émergence d’une véritable opposition patriote et alternative au mondialisme et au néo-capitalisme en Europe. C’est la fonction dévolue en France à Jean-Luc Mélenchon.

    Ce sont les deux mâchoires du même piège destiné à museler les Européens.

    Les précédents européens

    Ce dispositif a déjà été expérimenté en Grèce, en Espagne et en Italie.

    Le Système a assuré la promotion de Syriza en Grèce et de Podemos en Espagne, pour capter la colère populaire au profit de l’ultragauche altermondialiste et immigrationniste :

    En Grèce, cela s’est d’ailleurs justement fait après avoir démantelé l’opposition de la droite patriote qui progressait à chaque élection en s’attaquant au mouvement Aube Dorée, opportunément présenté comme une organisation criminelle à caractère néo-nazi. Un grand classique de la diabolisation des dissidents en Europe !

    En Italie, le Mouvement Cinq Etoiles de Beppe Grillo s’inscrivait dans un processus comparable, même s’il se positionnait moins nettement à gauche : il a surtout servi à concurrencer l’opposition de droite aux élections en captant à son profit le rejet des électeurs vis-à-vis des partis institutionnels.

    Une opposition factice au Système

    Or cette gauche et ces mouvements « alternatifs » présentent la caractéristique essentielle et commune de ne rien entreprendre de sérieux pour changer le Système : en Grèce, Syriza applique avec zèle le programme déflationniste défini par la « troïka » bruxelloise et, en Espagne, Podemos a surtout réussi à rendre le pays ingouvernable, en refusant toute alliance politique.

    En outre cette gauche prétendument alternative se prononce toujours en faveur de l’ouverture des frontières et de l’immigration : elle ne gêne donc nullement la superclasse mondiale qui se sert du chaos migratoire comme brise-glace des nations européennes.

    Et en Italie, les élus locaux « cinq étoiles » n’ont pas réussi grand-chose sinon démontrer « qu’ils ne savaient pas gouverner », selon le propos peu amène du président du Conseil Matteo Renzi : ils viennent d’ailleurs d’être largement sanctionnés par les électeurs aux élections municipales de juin 2017.

    Voter pour ces formations ne menace donc en aucune façon l’oligarchie ! Elle permet en effet de neutraliser la révolte populaire.

    Opération Mélenchon

    En France, la promotion médiatique de Jean-Luc Mélenchon sert l’oligarchie de deux façons.

    Lors de la campagne présidentielle, elle a d’abord servi à marginaliser la candidature de Benoît Hamon et surtout à concurrencer Marine Le Pen – l’objectif principal – en captant au profit de la France insoumise une partie de l’électorat populaire, séduit par les saillies du tribun Mélenchon. Le piège s’est refermé lorsque Marine Le Pen a essayé de concurrencer sur sa gauche le programme crypto-communiste de la France insoumise, ce qui a déçu ses soutiens de droite et favorisé par contrecoup l’élection d’Emmanuel Macron.

    Depuis la victoire de ce dernier, la promotion de Jean-Luc Mélenchon a désormais pour fonction principale de rendre l’opposition de droite et patriote aphone. Les médias mainstream n’évoquent en effet cette opposition que pour s’étendre à l’infini sur ses divisions : que ce soit pour insister sur la pluralité de candidatures à la présidence des Républicains ou pour gloser à l’infini sur les luttes de tendances au sein du Front national. Mais jamais pour lui donner la parole comme opposition.

    Champ libre, donc, pour les soliloques médiatiques de Jean-Luc Mélenchon !

    Un repoussoir commode

    Mais Jean-Luc Mélenchon ne menace nullement le Système comme il le prétend.

    Son programme évoque, certes, une sortie des traités européens et de l’OTAN. Mais il reste écologiquement correct (il préconise même une planification écologique !), culturellement correct (il préconise la création culturelle émancipée…), juridiquement correct (il propose d’inscrire de nouveaux droits de l’homme dans la Constitution) et surtout correct sur les plans migratoire et communautaire : pendant la campagne électorale il a même organisé une minute de silence en faveur des migrants disparus en mer ! Et son programme économique est suffisamment ringard pour dissuader les milieux économiques.

    La France insoumise sert donc de repoussoir commode à la France en marche ! Mais toutes s’accordent sur un point : faire taire l’opposition nationale et patriote par tous les moyens. Les « gros ballots », comme dit si aimablement Jean-Luc Mélenchon.

    La superclasse mondiale s’appuie aussi sur la gauche extrême

    Les poings levés des élus de la France insoumise et les drapeaux rouges et noirs de l’extrême gauche brandis devant les caméras, comme hier les cols Mao des bobos, ne tromperont que le public naïf des médias mainstream : cette extrême gauche n’est pas contre le Système, elle roule au contraire pour lui.

    Car ces prétendus anticapitalistes combattent avant tout ceux qui… refusent la loi de l’argent, les patriotes et les identitaires. Comme durant la campagne présidentielle les candidats d’extrême gauche ont surtout attaqué Marine Le Pen et François Fillon, mais quasiment jamais Emmanuel Macron.

    Comme ces prétendus « altermondialistes » ne militent pas contre le mondialisme : ils veulent seulement un mondialisme qui aille dans leur sens. Comme ces prétendus « antifascistes » font des risettes aux islamistes. Comme ces prétendus militants de « la cause animale » ne trouvent jamais rien à dire contre l’abattage hallal. Comme ces « féministes » estiment que le voile islamique libère les femmes. Comme les No Border, en favorisant par tous les moyens l’immigration en Europe, concourent activement à la constitution de l’armée de réserve du capital.

    La superclasse mondiale s’accommode très bien, aujourd’hui comme hier, de l’extrême gauche, même si elle pense que le néo-libéralisme réussira là où la Révolution communiste a échoué. Car tout ce qui peut ébranler les nations européennes contribue à renforcer son pouvoir transnational.

    La France insoumise et la France en Marche ne s’opposent pas : elles avancent au contraire main dans la main.

    Michel Geoffroy (Polémia, 6 septembre 2017

     

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  • La communion dans la communication...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Edouard Chanot sur Radio Sputnik, datée du 29 août 2017 et consacrée à la nomination du "journaliste" Bruno Roger-Petit comme porte-parole du président de la République...

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  • Qui arrêtera les grands épurateurs de l'Histoire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bérénice Levet, cueilli sur Figaro Vox et consacré à l'entreprise d'épuration de l'histoire menée par le milices du politiquement correct. Docteur en philosophie, Bérénice Levet a publié La théorie du genre ou La vie rêvée des anges (Grasset, 2014) et Le crépuscule des idoles progressistes (Stock, 2017).

     

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    Bérénice Levet :«Qui arrêtera les grands épurateurs de l'Histoire ?»

    Mardi dernier, le 28, se saisissant de la condamnation unanime par les médias français des événements de Charlottesville déclenchés par la décision de la municipalité de destituer la statue du ségrégationniste Général Lee, et la dénonciation non moins unanime du racisme persistant des Américains, de l'attitude des «suprémacistes blancs», le très prévisible président du Conseil Représentation des Associations noires de France (Cran), Louis-Georges Tin, publiait dans Libération une tribune intitulée «Vos héros sont parfois nos bourreaux» - précisons que la nuance n'est pas de Tin lui-même ; pour lui, il n'y a pas de «parfois»: «Vos héros sont nos bourreaux», écrit-il.

    Dans cette tribune, il somme le peuple français de procéder à son examen de conscience, de prendre acte de sa propre complaisance envers «les négriers», et réclame des édiles une vaste politique d'épuration urbaine: débaptiser les noms de rues, déboulonner les statues et, parmi les cibles visées par le militant, un nom se détache, nullement choisi au hasard tant la charge symbolique est forte, celui d'une des grandes figures de l'histoire de France: le nom de Colbert. «Lequel des deux pays est le plus problématique, feint de s'interroger Tin, celui où il y a un conflit autour de la statue d'un général esclavagiste, ou celui où il y a l'Assemblée nationale une statue de Colbert, une salle Colbert, une aile Colbert au ministère de l'Économie, des lycées Colbert, des dizaines de rues ou d'avenue Colbert sans qu'il y ait le moindre conflit, la moindre gêne, le moindre embarras?»

    S'attaquer aux statues est un geste hautement significatif. Souvenons-nous de l'Abbé Grégoire et de sa grande croisade contre le vandalisme (mot qu'il forgea) révolutionnaire, qu'il interprétait comme une volonté de «ramener le peuple à l'ignorance en détruisant les monuments des arts». Une ville est sédimentée historiquement et les statues sont les incarnations de ces couches successives qui la composent. Une ville se raconte au travers de ses statues. Celles-ci sont riches d'une double épaisseur temporelle: elles renvoient au siècle de la personne statufiée - témoins d'un temps passé, elles sont les marqueurs de la continuité historique d'une nation - mais aussi à l'époque où elles ont été érigées. (Je renvoie sur cette question aux précieux travaux de Maurice Agulhon).

    Ces grands démolisseurs ignorent les racines affectives de ces monuments. «Ces mois derniers, racontait le philosophe Ortega y Gasset dans sa préface à la Révolte des masses destinée aux lecteurs français, tout en traînant ma solitude par les rues de Paris, je découvrais qu'en vérité je ne connaissais personne dans la grande ville, personne sauf les statues (…) N'ayant personne à qui parler, c'est avec elles que je m'entretins». Et chacun de nous fait au moins l'expérience de ces itinéraires urbains jalonnés par la présence de ces grands hommes, écrivains, monarques, révolutionnaires, qui ont fait la France.

    Ces exigences de réécriture de l'histoire se sont multipliées au cours de ces dernières années. En décembre 2015, le Rijksmuseum d'Amsterdam s'engageait dans une vaste opération intitulée «Ajustements au sujet des terminologies colonialistes». Vingt-trois termes figurant sur les cartels des œuvres accrochées aux cimaises du musée, pouvant être jugés «offensants» par les visiteurs, avaient été retenus afin de leur trouver des substituts politiquement corrects: Maure, nègre , esclave, sauvage, hottentot, nain, mahométan. La même année, un Américain de trente-trois attaquait le Metropolitan Museum of Art de New York en justice pour racisme. Il accusait l'institution muséale de n'exposer que des œuvres figurant des Christs de type «arien», des Christs à la peau claire et aux cheveux blonds, provoquant du même coup, chez lui «un sentiment de rejet». Quatre toiles l'offensaient particulièrement, dont une du Tintoret et une autre du Pérugin. Il en exigeait impérieusement le décrochage.

    Cette année, en Martinique, à l'occasion du 23 août, décrété par l'Unesco journée international de la mémoire de l'esclavage et de son abolition, une manifestation à l'initiative du MIR (Mouvement International pour les Réparations) a été organisée afin d'obtenir la destitution de la statue de Joséphine de Beauharnais, sur la place de la Savane. Les militants ont brûlé sur la statue le drapeau aux serpents, emblème très controversé de la Martinique puisque ce pavillon figurait à l'époque sur les navires négriers. D'autres manifestations et revendications de cet ordre ont été récemment rappelées par Mathieu Bock-Côté (Le Figaro, 30 août 2017). Il faudrait également regarder du côté des féministes non moins résolues à reconfigurer l'espace public.

    Politique de reconnaissance importée

    Comment en sommes-nous arrivés là? Plusieurs facteurs y ont contribué et se conjuguent.

    Nous sommes la proie d'une hydre à plusieurs têtes. Effets délétères partout dans le monde, mais plus encore en France tant cet esprit est contraire à notre histoire. L'avènement d'une mémoire pénitentielle et l'importation d'une idéologie et d'une politique de reconnaissance des identités venue des pays anglo-saxons, l'exaltation du droit à la différence avec la création de SOS Racisme par la gauche mitterrandienne en 1984 ont eu raison de la conception française de la République et de sa passion du monde commun.

    Le retrait de la nation, de l'histoire nationale comme principe d'identification a laissé le champ libre à l'affirmation identitaire, aux revendications de chacune des communautés et à l'émiettement du corps national. Un individu ne se satisfait pas longtemps de demeurer sans identité, il se tourne alors vers les plus avenants, les seuls offrants. Une identité de victime, autorisant la haine de la France et de l'Occident, semble un joyeux écrin.

    Ces phénomènes témoignent du rapport extrêmement épineux que nous entretenons avec le passé. Nous ne savons plus comment l'appréhender. Le passé appelle des héritiers, car il aspire à être continué, maintenu vivant et enrichi, or, il semble bien qu'il doive se contenter de touristes ou de juges, qui sont souvent les mêmes. L'hubris, la démesure d'un présent qui se voudrait entièrement fondateur, nous domine. L'homme ne veut plus se concevoir comme un héritier, avec ce que cela engage de responsabilité. L'histoire singulière dans laquelle nous entrons nous est confiée et il nous appartient d'en répondre. «Naître, disait Marcel Hénaff, c'est être en dette».

    La passion judiciaire nous habite et le passé ne nous apparaît plus que comme coupable de part en part et indigne d'être continué. Nous sommes devenus inaccessibles à la grandeur du passé, à sa noblesse, à sa puissance d'inspiration, à ses trésors. Dans la novlangue des années 1960-1970, fabriquer des héritiers signifie ipso facto se rendre coupable de collaboration en permettant à une civilisation de se prolonger. La passion de la repentance, l'ivresse pénitentielle, sur lesquelles tout a été écrit, nous habitent.

    Incarcérés dans la prison du présent

    Un point me semble devoir cependant être ajouté, plus rarement souligné. Incarcérés dans la prison du présent, nous sommes devenus incapables de nous extraire de nos catégories de pensée et de jugement - sexisme, racisme, colonialisme, machisme, dominants/dominés et nous revisiterons l'histoire avec pour seule pierre de touche cette indigente grille de lecture. L'inconnu est ramené au connu, l'étrangeté qui marque de son sceau des modalités de pensée et de vie venues d'autres rives temporelles, reconduites à du familier.

    Un mal redoutable nous affecte: nous sommes devenus incapables de suspendre nos évidences, de mettre entre parenthèses nos préjugés d'hommes démocratiques, égalitaristes. Incapables, autrement dit, de «nous dépayser dans un sens autre» (Paul Ricoeur) et d'atteindre à la complexité de réalités essentiellement distinctes des nôtres - et le plus grave est que l'école elle-même ne se fait plus le lieu de l'apprentissage de cette faculté, de cet art. Les programmes d'histoire et de littérature sont infestés par l'idéologie contemporaine et l'élève appréhende le passé avec les lunettes du présent, encouragé à distribuer les bons et mauvais points.

    Ainsi de Colbert, cette immense figure de l'histoire de France, qui a permis à notre pays d'accéder à une grandeur jusqu'alors inégalée, Louis-Georges Tin ne sait et ne veut savoir qu'une chose: qu'il fut l' «auteur du code noir» - formule approximative car si Colbert fut à l'initiative du code noir, il n'en fut pas le rédacteur, mais ne demanderons pas à Tin de s'embarrasser de ce qui n'est assurément à ses yeux qu'un détail - et le fondateur de la Compagnie des Indes Occidentales.

    Qu'on ne nous accuse pas de nier la réalité de l'esclavage et la rigueur de cette juridiction. Nous n'ignorons nullement que le Code noir «en vigueur jusqu'en 1848, fut l'un des outils de l'inhumanité du système esclavagiste. Il en demeure l'un des symboles» (Olivier Grenouilleau) mais l'histoire de la France ne s'y réduit pas. Ce que s'obstinent à nier les Tin et consorts pour qui la colonisation est l'essence même de la France. Et dans cette intrigue des plus rudimentaires, les rôles sont aisés à distribuer: nous sommes les bourreaux et eux, les victimes.

    Il est évident que l'établissement des faits, la connaissance historique n'intéressent pas ces militants. L'objectif de ces carabiniers n'est pas le savoir, l'instruction, mais la comparution: ils veulent une France à terre, une France qui batte sa coulpe. La haine, le ressentiment - passion vile des hommes démocratiques, disait Nietzsche - les dévorent.

    Lecture infantilisante de l'histoire

    Cette lecture en blanc et en noir de l'histoire pourrait être dénoncée comme de l'infantilisme, ce qu'elle est assurément - l'adulte, l'homme qui a accédé à l'âge de la majorité, l'homme éclairé est censé savoir que l'histoire est un tissu de complexités - mais ce serait insuffisant car elle est d'une redoutable efficacité, elle séduit et est diffusée, relayée par des esprits qui ont largement dépassé l'âge infantile.

    Nos élites intellectuelles, culturelles, politiques en sont les grandes instigatrices. Ainsi, mardi 28, dès 7h30, avant même de s'être rendu à son kiosque à journaux, l'auditeur de la Matinale de France-inter savait, grâce à son animateur Nicolas Demorand (éditorial accessible en ligne sur le site de la radio), qu'il était ce jour-là un sermon à ne pas manquer et à gravement médité, publié dans le quotidien Libération, la tribune de Louis-Georges Tin. «Examen de conscience nécessaire, donc, de ce côté de l'Atlantique», concluait le journaliste sur un ton solennel mais non moins enjoué, le ton de celui qui se sait appartenir au camp du bien.

    C'est la raison pour laquelle on aurait tort de traiter par le mépris, avec un haussement d'épaules et un sourire au coin des lèvres, ces manifestations et revendications. Comment ces grands épurateurs de notre histoire, de notre passé, ne trouveraient-ils pas audience auprès de nos politiques hantés par l'idée d'être suspects de complicité avec les «péchés», quand ce ne sont pas les «crimes», de la France (colonialisme, sexisme etc.)? Imaginons un instant, Anne Hidalgo, lisant la tribune de Tin: Comment l'exhortation à traquer la moindre trace des «négriers» dont la ville perpétuerait le souvenir, et en conséquence, à débaptiser les rues, les établissements scolaires, déboulonner les statues pécheresses, ne trouverait-elle une oreille des plus bienveillantes auprès de la maire de Paris engagée dans cette vaste opération d'ingénierie urbaine et sociétale, éloquemment intitulée «Réinventer Paris» (entendre régénérer le peuple parisien)? Une ville nettoyée de ces vieilleries au nom de la lutte contre le racisme et l'esclavagisme…Que rêver de mieux!

    Il nous faut être extrêmement vigilants, car les revendications communautaristes sont un tonneau des Danaïdes et nos élites font montrer d'une véritable soumission.

    Cette focalisation sur le passé offre l'avantage de se détourner de l'urgence du présent, de se dispenser de juger ici et maintenant. Ainsi la France mérite-t-elle toute leur haine, quand les terroristes islamistes à l'inverse, serinent-ils après chaque nouvel attentat, ne l'auront pas.

    Bérénice Levet (Figaro Vox, 4 septembre 2017)

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  • Eléction présidentielle de 2017 : une élection ordinaire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous  une réflexion de Michel Geoffroy, cueillie sur Polémia et consacrée à l'élection présidentielle de 2017. L'auteur revient sur cette élection en l'éclairant à la lumière des analyses formulées par Lucien Cerise dans son livre Retour sur Maïdan/La guerre hybride de l’OTAN (Le Retour aux Sources, 2017). Intéressant...

     

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    L’élection présidentielle de 2017 a-t-elle constitué une révolution rose imposée à la France ?

    La parution du livre de Lucien Cerise, Retour sur Maïdan/La guerre hybride de l’OTAN (1) peut conduire, en effet, à se poser la question.

    Dans cet ouvrage très documenté, l’auteur détaille les différents aspects de la « révolution de Maïdan » intervenue en Ukraine durant l’hiver 2013/2014 à la suite de la décision du gouvernement ukrainien de ne pas signer un accord d’association avec l’Union européenne et qui a conduit au départ du président Viktor Ianoukovytch et à la mise en place d’une nouvelle équipe, cette fois définitivement pro-occidentale.

    Une révolution organisée

    L’auteur démonte les différentes techniques de déstabilisation mises en œuvre dans le cadre de cette « révolution » ukrainienne : en particulier l’action de groupes armés formés à l’étranger et pratiquant une stratégie de la tension vis-à-vis du pouvoir en place, l’organisation de manifestations de rues très minoritaires mais très médiatisées, l’usage d’Internet comme caisse de résonance internationale ou l’instrumentation de groupuscules extrémistes et islamistes comme troupes de choc.

    Cette révolution n’aurait donc rien de populaire comme le suggèrent les médias de propagande : au contraire, elle aurait été imposée au peuple par le truchement de minorités agissantes dont l’action n’aurait rien de spontané.

    Théorie du complot ?

    Pourtant cet « EuroMaïdan » présente indéniablement de nombreux traits communs avec les différentes « révolutions de couleur » et les « printemps arabes » qui sont apparus ici et là (2). Des révolutions qui ont curieusement eu pour effet de déstabiliser les gouvernements considérés comme hostiles aux projets des Occidentaux et des Etats-Unis, notamment celui de poursuivre l’encerclement stratégique de la Russie et de semer le chaos islamiste au Proche-Orient.

    En outre l’auteur fonde sa démonstration sur une profusion de références américaines et otaniennes et notamment la théorisation de la guerre hybride comme moyen de réduire à merci un adversaire.

    Alors quel rapport avec les élections présidentielles françaises de 2017 ? Puisqu’à l’évidence ce ne sont pas des manifestations de rue qui ont porté Emmanuel Macron à la présidence !

    D’étranges zones d’ombre

    On peut se poser la question parce que la dynamique créée autour de la candidature d’Emmanuel Macron comporte d’étranges zones d’ombre, notamment :

    -l’apparition ex-nihilo d’un leader et d’un mouvement politique surgi de nulle part, créé par Internet et aux financements exceptionnels (3) ;

    -l’utilisation de techniques cognitives sophistiquées au service de la promotion du candidat et de la formalisation de son discours et de ses slogans ;

    -des meetings organisés d’une façon extrêmement professionnelle comme des spectacles ;

    -un soutien médiatique total et sans précédent dans notre pays par son ampleur ;

    -l’action de l’extrême gauche – le service action de l’oligarchie – contre les seuls candidats de la droite ;

    -enfin, compte tenu de la faible mobilisation populaire en sa faveur, l’élection d’Emmanuel Macron n’aurait certainement pu intervenir si la candidature de François Fillon n’avait pas fait l’objet d’une opération de déstabilisation médiatico-judiciaire soigneusement orchestrée, qui l’a écarté du second tour.

    On ne doit pas oublier, en outre, que l’élection présidentielle française intervenait dans un contexte politique marqué par le vote britannique en faveur du Brexit et l’élection de D. Trump à la présidence des Etats-Unis. Un contexte considéré par conséquent comme extrêmement dangereux pour l’oligarchie qui ne voulait en aucun cas que la France lui échappe au surplus.

    La démocratie, un risque pour le Forum de Davos !

    Cette inquiétude figurait explicitement au cœur des débats du Forum de Davos de janvier 2017, autour du rapport Global Risk 2017.

    Ce rapport pointait en effet comme risque le Brexit, l’élection de Donald Trump et l’échec du référendum de Matteo Renzi en Italie, en affirmant au surplus que les campagnes électorales de ces trois pays auraient « mis en évidence le phénomène de désinformation rapide » des opinions publiques, résultant « d’une fragilisation de la confiance des populations ».

    Les participants au Forum soulignaient alors « le besoin de mieux protéger nos systèmes de contrôle qualité de l’information » et le rapport Global Risks 2017 concluait en affirmant que « les principaux facteurs de risque peuvent être endigués en créant des sociétés plus inclusives basées sur la coopération internationale et une vision à long terme (4) ».

    Derrière ce pathos, on devait donc comprendre que la démocratie constituait un risque pour la superclasse mondiale qui se réunit à Davos, un risque qu’il fallait endiguer grâce à un meilleur contrôle – c’est-à-dire une meilleure censure – de l’information !

    Jacques Attali, dans une tribune de l’hebdomadaire L’Express, proposera même une réforme constitutionnelle afin de déterminer quels « sujets qu’un seul vote majoritaire du peuple ne pourrait suffire à trancher » et qui « seraient sanctuarisés en les inscrivant dans la Constitution (5) ». Sa tribune s’intitulait d’ailleurs « Sanctuariser le progrès » : ce qui signifie, en novlangue, sanctuariser l’idéologie libérale libertaire et immigrationniste et surtout museler le peuple quand il vote mal.

    Délégitimer toute opposition

    Le Forum de Davos reprenait donc à son compte les accusations formulées par Hillary Clinton justifiant sa défaite par des opérations de désinformation (fake news) conduites par… la Russie.

    Il s’agit, bien sûr, d’un classique processus d’inversion accusatoire puisque ce sont bien les médias mainstream – propriété des puissances d’argent et donc de l’oligarchie qui se réunit à Davos – qui en Occident trompent en permanence la population en imposant le politiquement correct.

    L’idée selon laquelle la population aurait été déstabilisée par les fake news revient surtout à dénier toute légitimité aux scrutins lorsque les candidats de l’oligarchie se font battre. Le concept de fake news sert à supprimer tout ce qui va à l’encontre de l’idéologie dominante ou des candidats sponsorisés par le Système, en accusant ceux qui diffusent une information alternative d’être tout simplement des agents de Vladimir Poutine – ou des fêlés d’extrême droite voire maintenant, tout simplement, des néo-nazis, terme revenant à la mode médiatique.

    Cette attitude d’esprit, assimilable à une véritable propagande de guerre, conduit donc à criminaliser toute dissidence et toute opposition en Europe, comme dans n’importe quel régime totalitaire.

    Le coup d’Etat post-démocratique permanent

    Les oligarques du Forum de Davos ont donc théorisé, avec la lutte « contre le populisme » et les « fake news », le coup d’Etat post-démocratique permanent contre la liberté et la souveraineté des Européens.

    Ce coup d’Etat repose sur la conjonction du pouvoir médiatique et du pouvoir judiciaire car les deux marchent de concert. Le pouvoir médiatique sert à enfermer la population dans une réalité virtuelle, la réalité à laquelle l’oligarchie veut que l’on croie. Il sert aussi à diaboliser tous les dissidents politiques.

    En 2015, le Forum de Davos avait d’ailleurs abordé la question de « l’utilisation des neurosciences comportementales pour améliorer les politiques publiques » et aussi pour « mieux diagnostiquer la pathologie mentale (6) ». Sans doute une démarche… désintéressée, lorsque l’on se rappelle que l’oligarchie affirme par exemple que les dissidents politiques souffriraient de « phobies » maladives ou que les terroristes islamistes seraient des « fous » ou des « déséquilibrés » ! Il s’agit, en clair, de mobiliser les neurosciences afin de mener une guerre cognitive contre les peuples, conformément à l’esprit de la guerre hybride.

    Le pouvoir judiciaire sert de son côté à interdire de décrire le monde tel qu’il est, donc de sortir de la bulle médiatique dans laquelle on veut nous enfermer. Il sert aussi à criminaliser la critique de l’idéologie libérale libertaire et cosmopolite. Il sert enfin à mettre en tutelle les législateurs pour qu’ils ne dévient pas de cette doxa.

    Une Révolution rose en France ?

    Or, justement, l’élection d’Emmanuel Macron résulte de la mobilisation de ces deux leviers :

    • le levier médiatique pour forger son image de présidentiable après avoir forgé celle de « gendre idéal » lorsqu’il était ministre ; et pour censurer toute information pouvant nuire à sa candidature ;

    • le levier judiciaire pour briser la dynamique de ses concurrents de droite et d’abord celle de François Fillon. Même si ce dernier a effectivement commis différentes erreurs stratégiques dans ce contexte.

    Ces deux leviers ont permis de confisquer l’élection présidentielle à son profit, alors même qu’en nombre d’électeurs inscrits il n’avait pas la majorité.

    L’élection d’Emmanuel Macron a été saluée comme une victoire par la superclasse mondiale : car elle a endigué en 2017 le risque populiste en France. C’était la raison d’être de l’opération même si, par contrecoup, Emmanuel Macron n’est pas un président populaire, comme le montrent déjà les sondages.

    La victoire d’Emmanuel Macron a aussi permis de sauver une partie des politiciens rose bobo qui se trouvaient dévalués : à gauche, suite à la calamiteuse présidence de François Hollande, comme à droite pour leur impuissance.

    Emmanuel Macron était l’homme du Système, poussé par le Système pour que justement on ne puisse pas changer le Système.

    La radicalisation en marche

    Le programme de la République en Marche ! correspond en effet, non pas au renouveau toujours promis aux électeurs à chaque scrutin, mais au contraire à la radicalisation du programme libéral libertaire et immigrationniste des prédécesseurs d’Emmanuel Macron, radicalisation dont on commence déjà à voir les prémisses :

     -Radicalisation dans la mise au pas des médias et dans la censure des journalistes faisant preuve d’esprit critique ;

     -Radicalisation libre-échangiste pour démonter en urgence le droit social, conformément aux vœux du grand patronat ;

     -Radicalisation pour « accueillir » encore plus d’immigrants (7) et avancer dans la voie sans issue de la société multiculturelle ;

    – Radicalisation dans l’écologie punitive aux dépens des seuls Européens ;

    -Radicalisation pour imposer le politiquement correct au prétexte de moralisation de la vie politique qui donnera aux juges et aux ligues de vertu communautaristes le pouvoir de décider qui aura le droit d’être parlementaire ou ministre, conformément à ce qu’avait demandé la Licra. Radicalisation dans la répression des propos dissidents, assimilés à des discriminations ou des provocations et même tenus désormais dans des lieux non publics (8).

    -Radicalisation liberticide, enfin, résultant de l’introduction des dispositions exorbitantes de l’Etat d’urgence dans le droit commun.

    C’est bien pourquoi la candidature d’Emmanuel Macron a été lancée, soutenue et célébrée par les puissances d’argent et par « l’Etat profond » qui constituent l’ossature de la superclasse mondiale. C’est bien pourquoi ils ont organisé cette révolution rose de 2017. Parce que le prrrrojet (9) d’Emmanuel Macron continuera de déconstruire la société française conformément à leurs seuls vœux et intérêts.

    Michel Geoffroy (Polémia, 3 septembre 2017)

     

    Notes :

    1. Editions Le Retour aux Sources, 2017.

    2. Comme les événements qui se déroulent actuellement au Venezuela d’ailleurs.

    3. Emmanuel Macron a été le candidat le plus dépensier de l’élection présidentielle française 2017 avec 16,8 millions d’euros de dépenses, selon les informations sur les comptes de campagne publiées au Journal officiel et qui restent encore à valider. Le candidat du mouvement En marche! a dépensé le plus d’argent pour organiser ses meetings de campagne (5,8 millions) et pour cibler ses électeurs : plus de 5 millions d’euros sont passés dans l’envoi de courriers, de textos, d’appels téléphoniques et dans la réalisation de sondages.

    4. Présent du 20 janvier 2017.

    5. L’Express du 20 juin 2016.

    6. Les Echos du 2 février 2015.

    7. « La France, sur le sujet des réfugiés, n’a pas toujours pris sa part », a déclaré Emmanuel Macron le mercredi 12 juillet 2017 à Trieste.

    8. Le décret n° 2017-1230 du 3 août 2017 relatif aux provocations, diffamations et injures non publiques présentant un caractère raciste ou discriminatoire étend la surveillance et la répression des propos décrétés discriminatoires à la fois à ceux qui sont tenus dans des lieux non publics et à toutes sortes de discriminations, parmi lesquelles la transphobie et l’handiphobie. Il prévoit que ces diffamations et injures non publiques constitueront, comme les provocations, des contraventions de la cinquième classe, punies d’une amende maximale de 1.500 euros ou 3.000 euros en cas de récidive, et non plus des contraventions de la quatrième classe punies d’amendes inférieures de moitié.

    9. Prononcer ce mot en criant et en levant les bras, pour faire plus vrai.

     

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