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Points de vue - Page 145

  • Vers un nouveau recul de la liberté d'expression...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Yves Mamou, cueilli sur internet et consacré à une proposition de loi, porté par le parti d'Emmanuel Macron, visant à restreindre la liberté d'expression sur internet et les réseaux sociaux. Ancien journaliste du Monde, Yves Mamou a publié Le Grand abandon - Les élites françaises et l’islamisme (Toucan, 2018).

     

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    Réputée pour son mordant, Laetitia Avia, députée de La République en Marche d'origine togolaise, défend une proposition de loi qui restreindra considérablement la liberté d'expression sur internet...

     

    Loi Avia: l’inquiétant précédent en matière de liberté d’expression

    Si l’on veut avoir une idée des conséquences possibles de la proposition de loi de lutte contre la haine sur internet portée par la député LREM Laeticia Avia, alors il convient de porter la plus extrême attention au sondage récemment publié en Allemagne par le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). Ce sondage réalisé par l’Institut für Demoskopie Allensbach porte sur la perception par les Allemands du droit à la liberté d’expression. Compte tenu du fait que la proposition de loi Avia est la copie conforme de la loi allemande NetzDG du 1er octobre 2017 qui oblige les réseaux sociaux (Facebook et Twitter principalement) à organiser «le retrait des contenus illicites sous 24 heures sous peine de lourdes sanctions financières», il n’est pas interdit de penser que les mêmes causes produiront les mêmes effets.

    Que nous apprend le sondage allemand? Qu’il est de moins en moins possible d’exprimer son opinion dans l’espace public allemand, que «des lois non écrites» tracent une frontière de plus en plus imperméable entre les opinions socialement acceptables et les opinions qu’il convient de réserver à la seule sphère domestique.

    Près des deux tiers des citoyens interrogés sont convaincus qu’ «aujourd’hui, il faut être très prudent sur les sujets sur lesquels on s’exprime» tant le fossé s’est creusé entre «les opinions acceptables» et celles qui le seraient moins. Parmi les sujets inacceptables, arrive en tête «la question des réfugiés … suivis des opinions que l’on peut avoir sur les musulmans et sur l’islam». 71% des Allemands interrogés estiment devoir faire preuve de prudence sur la question des migrants. Toutes les références «au nazisme et aux juifs entrent dans la catégorie des sujets devenus très sensibles» indique une majorité de personnes interrogées. Pour un peu moins de la moitié des sondés, «l’extrémisme de droite et les discussions sur l’AfD» sont aussi des sujets qu’il est presque tabou d’aborder en public.

    Le nombre de sujets tabous a aussi augmenté. Le sondage ajoute que «de larges couches de la population ont le sentiment qu’il faut faire preuve aujourd’hui de la plus extrême prudence sur des sujets tels que le patriotisme, l’homosexualité ou le genre».

    En revanche, une majorité d’Allemand respire librement et se sent en droit de s’exprimer publiquement sur «des sujets comme la protection du climat, l’égalité des droits, le chômage ou l’éducation des enfants», Là, l’expression franche en public est «permise» (les guillemets sont de l’auteur).

    Point très intéressant, le sondage allemand exprime un doute sur la motivation des élites dirigeantes. «La population n’est plus tellement sûre que les élites qui prônent l’intégration européenne au sein d’une économie mondialisée aient une quelconque estime pour la nation (allemande)...» En fait, les Allemands se demandent s’ils ne risquent pas «d’être considérés comme des extrémistes de droite s’ils se déclarent patriotes». Pour un tiers des personnes interrogées, les hommes politiques qui ne veulent pas s’exposer à de violentes attaques doivent éviter «d’exprimer (publiquement) un quelconque sentiment de fierté nationale».

    Le sentiment que les sujets qui préoccupent le plus n’ont plus droit de cité est illustré par le fait que 62% des Allemands pensent qu’un homme politique verrait son avenir sérieusement compromis s’il s’avisait d’exprimer l’idée que l’islam a trop d’influence en Allemagne. 22% seulement seraient choqués de voir exprimée une idée similaire dans la sphère privée. L’idée qu’on «en fait trop pour les migrants» est également perçue par la majorité des sondés comme une idée à risque si cette idée est exprimée publiquement. Mais ils ne sont plus qu’un tiers (31%) a trouvé choquante la même idée exprimée en privé.

    Les auteurs du sondage mettent carrément les pieds dans le plat en affirmant que «nombre d’Allemands ont le sentiment que le contrôle social s’est renforcé sur l’expression publique et que les comportements et les propos publics font désormais l’objet d’une surveillance renforcée».

    La loi NetzDG n’est pas seule responsable du sentiment général qu’ont les Allemands de vivre sous surveillance, un sentiment exprimé plus fortement encore par les Allemands qui vivent dans les territoires de l’ex-République démocratique allemande, lesquels gardent encore frais dans leur mémoire la pesante surveillance de la Stasi, la police politique du régime.

    En Allemagne, des procès ubuesques ont été intentés à des citoyens qui tentaient d’exprimer leur inquiétude sur la politique migratoire de la chancelière Merkel. L’analyste Judith Bergman rappelle dans un article récent du Gatestone Institute qu’ «en 2016, un couple marié, Peter et Melanie M., ont été poursuivis en justice pour avoir créé un groupe Facebook très critique de la politique migratoire du gouvernement… Dans son verdict, le juge a déclaré: «le groupe se définit par une série de généralités qui ont un arrière-plan clairement de droite.» Peter M. a été condamné à neuf mois de prison avec sursis et son épouse à une amende de 1 200 euros. Le juge a ajouté: «Vous comprenez j’espère, la gravité de la situation. Si nous nous revoyons à nouveau, c’est la prison.»

    Judith Bergman ajoute qu’ «en août 2017, le tribunal d’instance de Munich a condamné le journaliste Michael Stürzenberger à six mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir publié sur sa page Facebook une photo du grand mufti de Jérusalem, Haj Amin al-Husseini, serrant la main d’un haut dignitaire nazi à Berlin en 1941. Le procureur a accusé Stürzenberger d’avoir «incité à la haine contre l’islam» et d’avoir «dénigré l’islam».

    Aucun sondage du type de celui qu’a publié le Frankfurter Allgemeine Zeitung n’a été mené en France. Si la chose se produisait, faudrait-il s’étonner d’obtenir des résultats similaires? Les procès intentés en série en France à Eric Zemmour, à Marine Le Pen, à Georges Bensoussan ou à Mohamed Louizi pour avoir émis des propos jugés offensants pour l’islam et les musulmans ne sont pas très différents du procès qui a été intenté en Allemagne au journaliste Michael Stürzenberger. Tous ces procès montrent que la machine judiciaire est lancée à plein régime pour redéfinir ce qui est de l’ordre du dicible dans la sphère publique de ce qui ne l’est pas. En d’autres termes, pour les élus comme pour les juges, l’acceptation de la «diversité» passe par une restriction de la liberté d’expression.

    En France, comme en Allemagne, en Angleterre ou en Suède les pouvoirs publics pensent que tolérance et liberté d’expression s’excluent l’un l’autre. La diversité culturelle aurait donc pour corollaire obligé un lissage et une uniformisation de l’expression.

    En réalité, ce que les démocraties sont en train de perdre ou ce à quoi elles ont entrepris de renoncer est un élément clé de ce qui constitue la vie en démocratie. La démocratie n’a pas été conçue pour protéger la sensibilité de telle ou telle partie de la population. La liberté d’expression en démocratie repose précisément sur le droit à offenser. Une société multiculturelle devrait, plus encore qu’une société homogène sur le plan ethnique, marquer sa préférence pour la liberté d’expression. «La liberté d’expression fait surtout sens dans une société qui est tolérante à l’égard de ceux avec lesquels on est en désaccord. Historiquement, tolérance et liberté d’expression sont des prérequis plutôt que des extrêmes qui s’opposent.

    Dans une démocratie libérale, ils devraient être étroitement entrelacés» écrit Flemming Rose, l’ex- rédacteur en chef du Jylland Posten, dans Tyranny of silence, un ouvrage malheureusement non traduit en français. Rappelons-le, le Jylland Posten est ce journal danois qui a pris l’initiative de publier quelques caricatures de Mahomet, lesquelles ont mis le Moyen Orient et une partie de l’extrême Orient à feu et à sang, tuant des dizaines de personnes.

    Les Allemands devraient eux se réjouir de voir la liberté d’expression réservée à la sphère domestique. Les Français eux, n’ont pas cette chance. Le 3 août 2017, peu après l’élection d’Emmanuel Macron, un décret a rendu passible des tribunaux toute personne qui tiendrait des propos jugés offensants dans la sphère domestique.

    Yves Mamou (Figaro Vox, 2019)

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  • Ce que veut le peuple français...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Romain Sens, cueilli sur L'Incorrect et consacré aux quatre grands thèmes sur lesquels la réponse aux attentes du peuple français doit s'articuler.

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    Ce que veut le peuple français

    Le Grand Débat voulu par Emmanuel Macron s’est donc finalement achevé, sans qu’une fois encore, les véritables sujets chers aux Français aient pu être mis en lumière. Identité, Europe, Ecologie, Social, quatre thèmes pourtant primordiaux qui n’ont pas pu être traités sans les sempiternels tabous imposés par le système libéral-libertaire. 

    L’identité, ce grand questionnement des peuples du XXIe siècle, exacerbé par la mondialisation et les flux migratoires croissants, est le sujet fondamental à traiter lors des prochaines échéances présidentielles, sous peine d’être à nouveau confrontés à une élection pour rien, à un quinquennat pour rien. Cette identité, nationale, puisqu’il est bien question avant tout de l’identité française, est le tabou suprême imposé par la classe médiatique depuis que l’homogénéité européenne de ce peuple français a commencé à être remise en question. Pour preuve, le fameux « débat sur l’identité nationale » souhaité par Nicolas Sarkozy il y a dix ans de cela, a été immédiatement honni, conspué, censuré, voué aux gémonies, par tout ce que la classe médiatique et la gauche politique et intellectuelle compte d’opposants à la préservation du peuple français sous sa forme européenne. De ce débat confisqué, il n’est donc rien resté. Sauf une colère sourde du petit peuple français qui, une nouvelle fois dépossédé par les décideurs de la possibilité d’utiliser son droit à la liberté d’opinion et d’expression, ne put défendre sa volonté de rester ce qu’il est.

    Patrick Buisson, fort décontenancé par le peu de courage politique dont avait fait preuve le président de l’époque avait malgré tout réussi à identifier là où le bât blessait. L’identité est bien devenue la cause du peuple. Son suprême combat. Son ultime rempart face à la déferlante mondialisée. Refuser de travailler et d’assumer une position ferme et claire sur cette question essentielle ne peut conduire qu’à de futures incompréhensions, désillusions, déceptions et frustrations qui porteront en elles un déchaînement de violences. Cité par Alain Peyrefitte, le Général de Gaulle, dernier père de la France d’avant, donnait sa définition de l’identité française en affirmant que « nous sommes avant tout un peuple de race blanche, de culture grecque et romaine et de religion chrétienne » et qu’« il peut bien sûr y avoir des Français noirs, des Français jaunes, des Français bruns mais que ceux-ci ne devaient rester qu’une petite minorité sinon la France ne serait plus la France ». Une majorité de Français se rassemblerait probablement derrière cette vision de notre identité. Quoi qu’il en soit, débattons maintenant pour éviter de nous battre demain.

    L’Europe a été le sujet décisif des débats qui se sont tenus lors de la dernière élection présidentielle. Et une grande incompréhension là encore en a résulté. Le Front national, représentant le camp que souhaitait lui faire incarner Florian Philippot, celui des souverainistes. En Marche porté par Emmanuel Macron et l’ensemble du reste de la classe politique se sont auto-proclamés « européens ». Las, les Français étant favorables dans leur très grande majorité (plus de 7 sur 10) à la poursuite de la construction européenne, Emmanuel Macron après avoir avantageusement orienté le débat sur ces sujets a remporté la mise. L’erreur majeure qu’ont commise les patriotes a été de se laisser présenter comme anti-européens. Même si toutes les dérives de l’Union Européenne et de ses dirigeants, réalisant un projet allant à l’encontre des intérêts des peuples européens, étaient bien évidemment critiquables, notre discours a été bien trop perçu comme caricatural et manquant de nuance.

    Alors même que les soi-disant « pro-européens » Macron et Merkel en tête, travaillent chaque jour à la destruction de la civilisation européenne, en laissant celle-ci être submergée par une immigration extra-européenne massive. Notre devoir désormais, est de nous présenter pour ce que nous sommes réellement : des Alter-Européens. Contre l’Europe des marchés, de l’Argent-roi, des idéaux libéraux-libertaires, nous, Européens enracinés, devons nous montrer les garants de la préservation de cette civilisation Européenne. Que ce soit sous la forme d’une Fédération, d’une Confédération, d’une Union Européenne, d’une Union des Nations Européennes, la forme doit importer moins que le fond. Ce fond est bien le substrat, le germen, le ciment de notre Europe, à savoir, la grande famille des peuples européens. Face aux flux extra-européens massifs qui pénètrent notre continent avec l’aval de nos chefs, les peuples doivent se réveiller. Les résultats des dernières élections européennes ont confirmé ce réveil civilisationnel. À notre tour désormais de clamer haut et fort : oui nous sommes Français et Européens et nous comptons bien le rester.

    L’écologie ne doit plus faire débat. Personne ne peut nier que le bouleversement climatique en cours résulte d’une part de l’action de l’homme, d’autre part de sa surpopulation. Si des millions d’êtres humains quittent aujourd’hui leurs terres pour de plus fertiles, bouleversant ainsi des écosystèmes entiers, qu’en sera-t-il dans quelques années quand la population mondiale comptera quatre milliards d’âmes supplémentaires ? Si tous les Chinois, les Indiens et demain les Africains souhaitent, bien légitimement, vivre chacun selon les standards de confort occidentaux, la planète pourrait-elle rester ce trésor naturel que l’Homme a toujours connu ? Il importe tout d’abord que tous, d’un bout à l’autre du spectre politique, reconnaissent la surpopulation humaine comme un problème majeur et s’emploient à le résoudre. Notre Europe ayant largement achevé sa transition démographique, c’est bel et bien aux autres continents ne l’ayant pas encore entamée qu’incombe cette obligation.

    Là où la Chine a su faire preuve d’une spectaculaire volonté en la matière, les pays d’Afrique subsaharienne doivent eux-aussi trouver d’urgence des solutions pour résoudre cette question vitale. A nous Européens de conditionner nos accords de coopération en matière économique ou autres à cet impératif. De même, il nous faut prendre conscience que notre insolent confort matériel dont nous jouissons ne saurait qu’entraîner des conséquences négatives sur l’environnement. Néanmoins, nos cerveaux aguerris à tous les défis que l’histoire de l’humanité a su leur proposer peuvent trouver les solutions adéquates s’ils sont suffisamment stimulés. Appliquons le principe de localisme cher à Hervé Juvin, partout où celui-ci pourra être appliqué. Produire local et consommer local sera la clé d’un développement humain respectueux de la Terre nourricière. Et donnons à nos chercheurs et scientifiques les moyens pour cela en investissant une part bien plus importante de notre PIB dans la recherche et le développement. L’objectif est bel et bien de faire de toute croissance future au cours de ce siècle une croissance verte. La préservation de notre environnement est la cause de tout être humain, soyons à la hauteur de ce défi en faisant de ce sujet un élément charnière d’un programme patriote.

    Nous, France, sommes le pays qui en Europe, a le plus eu le souci du traitement social de ses citoyens depuis que nos États modernes furent formés. Notre caractère de peuple extraordinaire s’incarne encore pleinement dans le mouvement inédit des Gilets jaunes, dont le Rassemblement National se veut le premier soutien. Ne dérogeons pas à nos traditions sociales, enivrés que nous serions par un libéralisme libertaire en marche. Nous sommes le pays d’un Jules Ferry qui a su instituer l’école gratuite, laïque et obligatoire. Nous sommes le pays de Napoléon III qui s’est laissé convaincre par les mineurs d’offrir le droit de grève à tous. Nous sommes le pays de Léon Blum qui a imposé les congés payés. Les affrontements idéologiques entre capitalistes, socialistes et communistes ont su trouver un compromis dans la France d’après-guerre. Le Général de Gaulle a su, dans sa grande intelligence et son souci de rassembler la France faire prévaloir nombre de demandes du Conseil National de la Résistance qui sont devenus aujourd’hui des piliers essentiels de notre État-Nation tels que la sécurité sociale.

    Au-delà des clivages partisans et des oppositions idéologiques, sachons reconnaître qu’il n’est plus acceptable de laisser dormir nos compatriotes dans la rue et de les voir mourir à petit feu sur les trottoirs aux côtés desquels sont garés de luxueuses voitures. Sachons admettre l’évidence qu’un progrès technologique phénoménal ne saurait oublier de mettre en œuvre un progrès social équivalent. Si un robot peut éviter à un être humain de se tuer à la tâche, l’intelligence collective doit permettre à chacun de trouver une place, porteuse de sens au sein de notre société. La France n’est ni adepte du communisme, ni volontaire pour un libéralisme toujours plus mondialisé, toujours plus débridé, qu’on cherche pourtant à lui imposer. C’est bien ce juste milieu, ce compromis intelligent entre la liberté d’entreprendre et la protection par l’Etat de tous ses citoyens qui doit continuer à nous animer.

    La crise des Gilets jaunes toujours en cours comme la forte participation aux dernières élections européennes montrent à l’évidence que les Français sont désespérément à la recherche de solutions à ces problèmes existentiels. Face à ces quatre thèmes essentiels qui s’imposent à nous, le peuple Français saura faire preuve du bon sens et de la grande intelligence qui lui sont propres, pour se construire un avenir meilleur, lorsque demain, des dirigeants soucieux du bien de leur peuple et la possibilité d’un référendum d’initiative populaire lui seront proposés.

    Romain Sens (L'Incorrect, 26 juin 2019)

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  • Téhéran, Pyongyang et Washington ou le cercle vicieux nucléaire...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexis Feertchak cueilli sur Geopragma et consacré au cercle vicieux du jeu nucléaire entre les États-Unis, Corée et l'Iran. Membre de Geopragma, Alexis Feertchak est journaliste au Figaro.

     

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    Téhéran, Pyongyang et Washington ou le cercle vicieux nucléaire

    Quand Kim Jong-un regarde crânement Donald Trump dans la DMZ (zone démilitarisée), on ne peut que penser à la potion magique des irrésistibles Gaulois narguant les camps romains d’Aquarium, de Babaorum, de Laudanum et de Petibonum. Point de morale ici : il n’est pas question de comparer les grandes parades de la dernière société stalinienne avec les chaleureux banquets d’un petit village d’Armorique, mais bien de comprendre ce que le franchissement du seuil nucléaire représente pour un minuscule Etat qui ose défier la première des puissances. Quand le commander in chief des Etats-Unis d’Amérique, à la tête d’une armée dont le budget est plus de 16 fois supérieur au PIB nord-coréen, s’avance sur la ligne de front pour serrer la petite main de «Chairman Kim», il consacre par son geste la puissance égalisatrice de l’atome.

    Il y a là un dilemme tragique en matière nucléaire et l’on a tort d’expliquer l’actuelle impasse par le seul caractère volcanique voire outrancier du président américain. Quoi qu’il fasse, Donald Trump, en allant négocier une dénucléarisation avec Kim Jong-un, démontre à ce dernier qu’il avait raison de nucléariser puisque son statut diplomatique – avant et après – a changé, non pas du simple au double, mais au centuple. Cela n’a pas de prix. En toute logique, il ne dénucléarisera donc pas. Mais Donald Trump pouvait-il ne pas commencer par acter ce changement de statut diplomatique de Kim et lui refuser cet effet de levier nucléaire dans le cadre des négociations de dénucléarisation ? Faire l’inverse serait revenu tout simplement à nier le réel – la Corée du Nord est une puissance nucléaire – au risque que Pyongyang poursuive l’escalade dans l’espoir que Donald Trump finisse enfin par admettre l’effet de la potion magique. La seule alternative, au fond, aurait été de faire l’autruche et d’attendre, mais cela aurait-il été réellement une solution viable ?

    Personne ne croit à une dénucléarisation de Pyongyang. Pourquoi Kim abandonnerait-il cela même qui lui permet de discuter d’égal à égal avec le président américain ? Et puis, on ne désinvente pas l’atome. Même si un Etat nucléaire abandonnait ses arsenaux nucléaires voire ses capacités industrielles afférentes, il pourrait toujours, en quelques mois, les retrouver. Une puissance nucléaire qui aurait dénucléarisé resterait donc prise à l’intérieur de la logique de la dissuasion nucléaire dont on ne pourrait sortir, même si toutes les armes atomiques de la planète étaient détruites. C’est en quelque sorte un club que l’on ne peut pas quitter (à de rares exceptions près1). La marge de manœuvre de Donald Trump est donc des plus étroites : il peut difficilement obtenir autre chose qu’un report sine die des essais nucléaires et des tirs de missiles intercontinentaux, auquel viendrait s’ajouter le démantèlement d’installations nucléaires nord-coréennes particulièrement symboliques mais non vitales pour Pyongyang, histoire de sauver la face de la Maison-Blanche. Autrement dit, Donald Trump ne négocie pas une dénucléarisation de la Corée du Nord, mais les conditions de sa nucléarisation, qui devra être la plus limitée et surtout la plus discrète possible.

    Téhéran observe ce manège et sait bien que la Corée du Nord ne dénucléarisera pas. Les Mollah voit aussi la façon dont Donald Trump a accordé à Kim Jong-un, naguère premier paria de la planète, un statut international désormais ancré. C’est d’ailleurs le grand risque que font courir, par ricochet, les négociations entre Washington et Pyongyang au dossier iranien. Que face à l’implosion de l’accord international de 2015, la République islamique en arrive à une conclusion assez évidente : il est dans son intérêt de relancer son programme nucléaire avant d’envisager la moindre négociation avec Washington. Le souvenir de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi (qui avaient accepté tous deux de démanteler leurs programmes d’armes chimiques avant de finir renversés) est également frais dans les mémoires (les Iraniens se souviennent par ailleurs très bien des attaques chimiques irakiennes…).

    L’Iran pourrait décider, avec prudence, d’attendre 2020 une éventuelle réélection de Donald Trump à la Maison-Blanche pour se lancer dans une nouvelle aventure nucléaire. Après tout, si le Républicain est battu, les démocrates chercheront peut-être à revenir à l’esprit du JCPOA. Mais pour combien de temps ? C’est toute la difficulté de penser le temps géopolitique. Beaucoup de dirigeants non-occidentaux de la planète peuvent se permettre de raisonner à dix, quinze, vingt voire trente ans. Leurs homologues des démocraties libérales restent quatre ou cinq ans aux affaires, dix ans grand maximum. Même si les démocrates l’emportaient l’année prochaine et que les Iraniens voyaient renaître l’accord honni par Trump, le précédent nord-coréen resterait à jamais dans les esprits : face aux Etats-Unis, on négocie mieux seul avec la bombe qu’en groupe sans la bombe (même avec les autres grandes puissances de la planète comme parrains).

    Depuis 1968 et la signature de TNP, quatre pays se sont dotés illégalement de la bombe : Israël, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord. Si l’Iran s’ajoutait à cette liste, l’Arabie Saoudite suivrait immédiatement (sans compter en Asie la possibilité d’une nucléarisation de la Corée du Sud et du Japon). Dans un tel scénario, il y aurait davantage d’Etat illégalement dotés (au moins 6) que légalement dotés (5). Le TNP trépasserait définitivement, ouvrant la voie à d’autres candidatures atomiques, ce qui déclencherait une dangereuse prolifération horizontale (fonction du nombre de sujets nucléaires et non de la quantité d’armes), qui avait été contenue – certes difficilement – depuis plus de cinquante ans.

    Il est impossible d’ôter à la bombe sa puissance politique égalisatrice (et ce même si on n’est pas certain de la réalité de cette puissance égalisatrice, de même que de la viabilité de la dissuasion, mais dans le doute…). La seule chose qui est possible, dès lors, est d’agir sur « la demande » en faisant en sorte que les Etats qui pourraient tenter le grand saut estiment d’eux-mêmes qu’ils n’ont finalement pas besoin de rejoindre le club des puissances nucléaires. A cet égard, l’unilatéralisme des Etats-Unis (en attendant celui de la Chine, mais l’heure n’est pas encore venue) est la première menace qui pèse sur le monde en matière de prolifération car c’est pour échapper à l’hégémonie américaine que des Etats non-occidentaux pourraient être tentés de suivre le chemin de Pyongyang. Pour la Corée du Nord, il est désormais trop tard. Pour qu’il n’en soit pas de même pour Téhéran, il est urgent que les Européens s’en prennent frontalement aux Etats-Unis, quitte à passer par Moscou et Pékin pour assurer leurs arrières sur le dossier iranien. Les Mollah vont certainement jouer la montre en attendant l’élection américaine de 2020 mais un accident est vite arrivé. Et, dans tous les cas, que feront les chancelleries du vieux continent si Donald Trump est réélu ? Le président américain a certaines vertus qu’on oublie trop souvent de lui attribuer (à commencer par celle de se méfier de l’interventionnisme néoconservateur), mais il y a dans son ADN politique un vice terrible qui est ancré dans l’inconscient collectif d’une partie de l’Amérique : pour les Etats-Unis, l’Iran serait depuis 1979 le Grand Satan à abattre. Plus que toutes les outrances verbales du président américain, ce problème iranien est le principal danger qui réside à la Maison-Blanche.

    Alexis Feertchak (Geopragma, 1er juillet 2019)

    Notes :

    1. L’Afrique du Sud a officiellement renoncé à l’arme nucléaire après des sanctions internationales qui ont été efficaces, preuve que celles-ci fonctionnement mieux lorsqu’elles visent des alliés que des adversaires ou des ennemis. Sinon, de facto, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan, en tant qu’anciennes républiques soviétiques, sont d’anciennes puissances nucléaires.

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  • Canicule : divertissement écolo et grande régression européenne ?...

     

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    Canicule : divertissement écolo et grande régression européenne

    Le quotidien Le Parisien, fidèle reflet des mots d’ordre de l’oligarchie macronienne, a donné le ton en titrant « Canicule : ce qu’il va falloir changer » [1]. Le lobby vert entend bien se servir en effet de la vague de chaleur qui frappe notre pays, pour faire avancer son projet régressif, au prétexte de « l’urgence climatique ».

    Depuis une dizaine de jours, notre pays est donc soumis non pas tant au rayonnement solaire qu’au bombardement – au bobardement – médiatique, aux effets bien plus graves sur la population. Un bombardement anxiogène destiné à préparer les esprits à un renforcement de la peste verte, pour reprendre l’expression prophétique de Gérard Bramoullé [2].
    On en connait déjà l’air : nouvelles restrictions de transports, nouvelles interdictions, nouvelles taxes.

    Les médias de propagande se gardent bien de mettre en perspective l’épisode caniculaire que traverse la France. Qu’il fasse chaud, voire très chaud, en été n’est pourtant pas d’une originalité extrême ! On a même opportunément « oublié » la canicule de l’été 1976, qui fut également très forte en France.

    Il faut en effet se servir de la hausse actuelle des températures pour revenir en boucle sur la doxa de l’origine anthropique du changement climatique -forcément catastrophique – qu’il est interdit de contester, sous peine de passer désormais pour un monstre, un ennemi de la planète.

    Le discours climato-catastrophiste est sacralisé car il sert en effet les intérêts et le projet liberticide de l’oligarchie.

    L’écologisme au service du capital

    Il sert de puissants intérêts économiques d’abord. Parce qu’il est dans la logique du capitalisme de créer sans cesse de nouveaux marchés.
    L’écologie, la lutte contre la pollution ou le réchauffement climatique servent à justifier un renouvellement du capital en créant une nouvelle demande en Occident : remplacer son automobile pour un véhicule moins « polluant », changer ses fenêtres pour qu’elles soient mieux isolées, acheter des produits bio, planter partout des éoliennes, acheter un vélo, etc…

    Le fait que l’épicentre du pouvoir économique et financier mondialisé, les Etats-Unis, ait joué un rôle central dans la diffusion de la doxa alarmiste sur l’évolution climatique n’est sans doute pas fortuit [3].

    L’écologisme est en effet aussi un instrument de domination économique et stratégique. Il sert aux occidentaux à tenter de retirer l’échelle du développement économique derrière eux, en quelque sorte, en préconisant une croissance verte – en réalité une non-croissance – pour les autres. Exactement comme les puissances nucléaires établies préconisent désormais… la non-prolifération nucléaire vis à vis de la Corée du Nord ou de l’Iran.

    La doxa catastrophiste sur le climat n’est pourtant nullement confirmée par les faits. Il suffit de se rappeler ce que les « experts » prédisaient il y a 20 ans !
    Cette doxa sert à l’oligarchie à faire avancer son projet de gouvernance mondiale. Au nom de la protection de la planète, mettons en place un gouvernement mondial ! Colossale finesse aurait pu dire le regretté Francis Blanche.

    Le fait que nombre d’ONG écolos soient anglo-saxonnes n’est pas neutre non-plus. On n’oubliera pas leur combat continu contre l’énergie nucléaire, instrument de l’indépendance énergétique – et à bon marché – de l’Europe. Les mêmes écolos ne trouvant évidemment rien à redire à l’importation par mer, en Europe, du gaz liquéfié américain, de préférence au gaz russe qui voyage pourtant par pipeline.

    Le discours vert : une curieuse inconséquence systémique

    La doxa écolo-catastrophiste se caractérise en effet par sa curieuse inconséquence systémique.

    Les verts sont dans leur écrasante majorité des mondialistes et des immigrationnistes, alors même que les flux mondiaux de marchandises et de population pèsent sur l’environnement par la dépense de carburant fossiles qu’ils impliquent.

    Ils se mobilisent pour la biodiversité, mais restent indifférents à la préservation de la diversité des cultures humaines, donc à la préservation des identités, qui importe pourtant le plus à l’homme. Car ils sont avant tout des cosmopolites peints en vert.

    Les verts préconisent des alternatives au pétrole qui impliquent en réalité un plus grand saccage de l’environnement mais, il est vrai, chez les autres, en Afrique et en Asie : comme la promotion du photovoltaïque ou du tout électrique qui suppose des terres rares exploitées dans des conditions indignes. Comme ils s’acharnent à mettre en place une écologie punitive en Europe – symbolisée par la suppression des sacs plastiques – alors que les lieux et les fleuves les plus pollués du monde se situent… en Afrique et en Eurasie. Comme certains extrémistes verts anglo-saxons recommandent aux Européens de ne plus faire d’enfants pour « sauver la planète », mais restent aphones lorsqu’on évoque la natalité explosive de l’Afrique. A l’évidence leur conscience « planétaire » comporte des manques ou plutôt des œillères !

    Toutes ces contradictions ne sont pas fortuites. Elles montrent seulement que l’écologie a quitté le domaine de la science pour se mettre au service de la politique et de l’idéologie : celle de l’oligarchie mondialiste qui a pris le pouvoir en Occident. Et aussi parce que la nouvelle gauche a fait une OPA sur l’écologie. Comme le rappelait ironiquement Jean-Marie Le Pen il y a quelques années, beaucoup d’écolos sont en effet comme les pastèques : vertes à l’extérieur mais rouges à l’intérieur… Car, au nom de l’écologie, de l’urgence climatique ou de la lutte contre la pollution, on ne cesse de justifier une nouvelle couche d’ingénierie sociale et de fiscalisme.

    La grande régression écologique

    La doxa climato-catastrophiste est en réalité un discours de classe : elle sert avant tout à justifier la grande régression démocratique, économique et sociale que l’oligarchie organise à son profit en Occident aux dépens du plus grand nombre. Et la nouvelle lutte des classes qui va avec.

    Une nouvelle lutte des classes qui oppose les bobos éclairés, les nouveaux « sachants », qui savent que la priorité est la défense de la planète, aux franchouillards obtus « qui fument et roulent en diesel » comme le déclarait si aimablement l’ancien porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux.

    L’Europe se désindustrialise et perd ses emplois du fait du libre-échange mondial et de la course au moins disant social qu’il provoque ? Vive la décroissance et les emplois verts nous chantent les bobos de l’écologie punitive ! En d’autres termes, réjouissez-vous de n’avoir plus pour avenir que l’accès à l’économie parasite et précaire que représentent les services. Pendant que le reste du monde se réarme économiquement.

    La population européenne vieillit et ne se renouvelle pas ? Les bonnes âmes vertes se félicitent de cette contribution apportée à la sauvegarde de « la planète ». Et bien sûr aussi du développement des « services à la personne » censés compenser l’implosion des familles.

    La pauvreté se développe ? Réjouissez-vous : les Français mangeront moins de viande et c’est bon pour le climat ! Les impôts augmentent ? Normal c’est pour la bonne cause de la « transition énergétique » !

    Les collectivités publiques n’ont plus les moyens d’entretenir les espaces publics ? Vous n’y êtes pas, c’est de l’entretien écologique des espaces verts, sans pesticides !

    Le coût de la vie explose – sauf pour l’accès aux produits numériques fabriqués en Chine – en particulier pour l’énergie, les transports et le logement ? Place aux mobilités douces : utilisez les transports collectifs, le vélo ou la trottinette répliquent les bobos qui, eux, travaillent à deux pas de leur lieu d’habitation….

    Pendant que les Chinois fabriquent un TGV qui ira à 600 km/h et envoient des hommes dans l’espace, les zélotes verts sanctifient la grande régression européenne des transports : le retour du vélo et de la patinette ! En attendant sans doute celui de la charrette à bras. Des parlementaires proposent d’ailleurs déjà de supprimer les vols intérieurs quand un voyage en train sera possible, mais bien sûr pas question de taxer les vols internationaux. Les bobos pourront donc toujours fêter Noël à Phuket, pendant que les prolos devront suer dans le train pour aller voir leur famille. Mais c’est bien sûr pour « sauver la planète ».

    Un discours de divertissement

    Le discours vert est omniprésent dans l’espace politique car il sert de grand divertissement et c’est pourquoi il est aussi médiatique : un divertissement qui permet de détourner l’attention sur l’ampleur de la décadence européenne.

    L’avenir des ours polaires permet de faire oublier celui des Européens, confrontés ici et maintenant à la paupérisation et à la catastrophe migratoire. Les trémolos des politiques d’Europe occidentale sur le climat permettent de faire oublier leurs échecs économiques à répétition et leurs promesses d’avenir meilleur, jamais tenues. On prétend sauver la planète quand on n’est même pas capable de faire entrer la police dans certains quartiers de l’immigration et qu’on n’a plus de quoi entretenir les ouvrages d’art !

    La crise des Gilets Jaunes a montré que ce grand divertissement climato-catastrophiste avait, en France, atteint ses limites.

    Car la France d’en bas en a assez de payer pour se protéger contre des périls éventuels sinon imaginaires, pendant que les politiciens se montrent incapables de résoudre les périls bien réels de la paupérisation et de la marginalisation dans son propre pays, auxquels cette France d’en bas se trouve confrontée.

    C’est pourquoi, dans un tel contexte ,« l’épisode caniculaire » de l’été 2019 vient à point nommé pour tenter de relancer la machine à divertir l’opinion.

    Michel Geoffroy (Polémia, 28 juin 2019)

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  • C’était bon d’y croire...

    Nous reproduisons ci-dessous un billet de Bruno Lafourcade, cueilli sur son blog personnel et consacré à la fin du mouvement des Gilets jaunes. Essayiste et romancier, Bruno Lafourcade a publié dernièrement Les Nouveaux Vertueux (Jean-Dézert, 2017), un pamphlet, et deux romans, L’Ivraie (Léo Scheer, 2018) et Saint-Marsan (Terres de l'Ouest, 2019).

    Gilets jaunes_Ronds-points.jpg

    C’était bon d’y croire

    On y a cru – et c’était bon d’y croire. Tous les samedis, on lisait la consternation sur le visage de Ruth Elkrief – rien que pour ça, ça valait le coup.

    « Ils sont des milliers ! »

    Elle n’en revenait pas, Elkrief : la France des bistrots d’avant Evin et des Grosses têtes d’avant Ruquier, elle vivait encore : non seulement elle avait survécu aux sucres ajoutés et aux graisses saturées, mais elle sautait hors de l’avenir en marche que les Hors-Sols lui promettaient.

    Ça lui a fait un choc, à Elkrief, de revoir la France de Nutella et de Leader Price, la France cul-terreuse du rouge en cubi, la pollueuse pour qui un plein est un vide : dans son quartier, Elkrief, elle ne croise que des retraités à trottinette électrique et des trentenaires à tatouages maoris – et, quand elle rentre tard, le Malien qui passe l’aspirateur dans son bureau. Cette France, elle la croyait morte – jusqu’à ce qu’elle la voit débarquer dans les villes qui ont réussi à s’en débarrasser.

    « Et ils sont au cœur de Paris ! »

    Eh oui, ça s’approche – et pas dans le calme : ça dépave, ça dresse des barricades et ça fout le feu à « la plus belle avenue du monde ». Cette France-là, elle n’a plus de temps ni de dents à perdre : s’il faut casser, elle cassera – elle ne crèvera pas toute seule. Cette France-là, qui ne sait plus à quoi servent ses bras, qui enrage de n’être rien, Castaner l’a matraquée, éborgnée, amputée, fichée, arrêtée, il lui a mis dans les pattes des Foulards-Rouges, des Gilets-Bleus, des Moutons-Noirs – mais, chaque samedi, elle est revenue.

    « Et sur les Champs-Elysées ! Comment on va vendre nos skis et nos doudounes ? Mais que veulent-ils ? Et qui sont-ils ? »

    Dans une vidéo au son coupé, on vit un retraité à lunettes tendre spontanément le bras devant la caméra.

    « L’ultra-droite ? »

    Ce n’était pas un skin avec son svastika tatoué dans le cou, mais plutôt Marcel-le-débonnaire, d’Ambérieu-en-Bugey, venu dire qu’il en avait mal au pis de se faire traire. Ça devait faire l’affaire – seulement on retrouva la bande-son :

    « Avé, Macron ! » disait Marcel, rigolard.

    Un cretinus alpetris de France 2 consulta le Gaffiot :

    « Ave : bonjour en latin, accompagné du salut romain… »

    Un petit journaliste tout seul dans son petit costume demanda à Guillaume Durand :

    « Que va-t-il se passer, Guillaume ? »

    Durand ne savait pas, évidemment : il essaya des phrases, qui se cherchèrent un but et finirent par échouer devant le sens à donner à tout ça.

    « Mais c’est quoi, leur problème ? » finit-il par dire, désemparé.

    Mais c’est vous, Durand, leur problème ! C’est votre mépris, votre propagande, c’est tout ce que vous leur avez volé, et d’abord la vérité. C’est ça ce qu’il vient chercher, Marcel, chaque samedi depuis l’hiver 2018.

    Très vite, évidemment, tout périclita : il y eut le Gilet-Jaune du matin, trépignant de fureur ; l’antifa d’après-midi, cassant des vitrines pour dire que le capitalisme le révolte ; et le pilleur du crépuscule, venu accomplir sa vocation prédatrice. Et bientôt, il n’y eut plus que les deux derniers, contre-feux espérés par le pouvoir et choyés par les cognes.

    « Honte à ceux qui ont violenté les forces de l’ordre et des journalistes », twittait cependant le président.

    C’est l’homme des travestis en bas résille cambrés comme des putains, et de la photo entre deux petites frappes exotiques, qui parlait de honte ; c’est l’homme des mutilés, des éborgnés, des amputés, qui parlait de violence.

    Depuis le début, le président, il ne comprend pas qu’on ne le comprenne pas : lui, il se bat pour sauver la planète.

    « Vous aurez des voitures à l’eau de source ! Du diesel propre ! Du Français dégradable et afro-compatible ! »

    Alors, il s’est mis en bras de chemise et a fait un grand tour de chant pour demander aux pue-la-sueur de le laisser faire leur bonheur.

    « Nous avons reçu le message, a-t-il conclu en terminant son “grand débat national”. Les citoyens nous invitent à aller plus loin. »

    Sur les ronds-points, un dernier brasero brilla comme de l’ironie, il y eut des élections et ce fut la fin.

    On n’y a pas cru, mais c’était bon de faire semblant d’y croire – comme à une rémission après un cancer. Ça nous a fait du bien de la revoir, cette France-là, avec ses pleins de fioul et ces factures de gas-oil. Elle n’a pas gagné ? Elle n’était pas là pour ça, mais pour dire qu’elle survivait, et qu’on ne la remplacerait pas si vite, parce qu’elle est la France qui cogne, et qui cognera les cognes s’ils y viennent. Elle, elle s’en fout : elle n’a plus de dents.

    Bruno Lafourcade (Blog de Bruno Lafourcade, 22 juin 2019)

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  • Retour des djihadistes : quand l'Etat protège les barbares...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julie Gé, cueilli sur Polémia et consacré aux djihadistes partis de France pour combattre au sein de l’État islamique et condamnés à mort par les autorités irakiennes...

    Djihadistes_France_Irak.jpg

    Retour des djihadistes. L’État protège les barbares

    L’agitation médiatico-juridique bat son plein autour de la condamnation à mort, prononcée par le tribunal antiterroriste de Bagdad, à l’encontre de 9 «Français » appartenant au groupe Etat islamique.

    Une opinion publique hostile à ce retour

    Sébastien Chenu a résumé le fond de la pensée de l’immense majorité de nos concitoyens à l’égard de ces condamnés en indiquant avec une remarquable économie de mots : «  J’en ai rien à foutre des djihadistes français condamnés à mort en Irak ».

    Abrupt mais efficace et traduisant parfaitement l’état d’esprit d’une opinion publique qui n’en peut plus de subir sur son sol des attentats islamistes et de devoir, de surcroît, supporter le rappel permanent de l’existence de ces barbares.

    La seule réserve à émettre donc sur cet avis lapidaire de Sébastien Chenu tient à la juxtaposition des termes « djihadistes » et « français » qui peut heurter quelques sensibilités et surtout permettre un débat qui ne devrait avoir lieu.

    Malgré le désintérêt légitime pour le sort des condamnés à mort manifesté par 90 % des sondés, l’Etat français « s’active au plus haut niveau » pour faire commuer la peine de mort en incarcération à vie dans le cadre de négociations diplomatiques dont on ne saura jamais, si elles aboutissent, ce qu’elles nous auront coûté financièrement et politiquement.

    Les droits de l’homme, piège idéologique

    Les associations du Camp du bien s’activent également.

    Les Droits de l’Homme sont entrés en scène aux côtés de l’Etat de droit.

    A ceux qui estiment qu’il serait moral, face à la barbarie, d’abandonner les barbares au sort qu’ils ont librement choisi, rappelons que les choix politiques successifs de nos dirigeants ont, malheureusement autant que méthodiquement, enfermé la France dans les rets quasi irréversibles des «  Droits de l’Homme » depuis l’ère Mitterrand.

    Le 9 octobre 1981 la peine de mort était abolie par une loi. Il fallait ensuite lier la France par des verrous successifs et étendre l’abolition aux temps de guerre, quelle que soit l’horreur des exactions commises.

    Ce fut chose faite par la ratification des protocoles additionnels n° 6 et 13 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, la modification de la constitution par l’ajout d’un article 66-1 et la ratification du pacte de New York de 1989.

    Ainsi, alors qu’en 2015, l’opinion publique, rattrapée par la réalité, se déclarait favorable à l’abandon de l’abolition (sondage Ipsos  avril 2015  52% favorables), le retour en arrière s’avèrerait très difficile voire impossible, sauf à sortir des traités internationaux et de l’UE si intransigeante sur «ses valeurs ».

    Les pays (les USA n’en font pas partie, non plus que la Chine, l’Iraq, l’Arabie Saoudite etc.) qui ont eu la faiblesse, l’imprévoyance ou la soumission de se lier à des règles internationales en se privant des moyens de lutter à armes égales avec les barbares ont fait clairement le choix de faire supporter à leurs propres populations les pires massacres sans pouvoir éliminer définitivement leurs auteurs.

    Par ailleurs l’exemplarité de la peine et son potentiel caractère dissuasif est sortie de la strate de réflexion de nos décideurs politiques.

    Ils ne sont pas davantage concernés par la notion de « réparation » incluse dans les peines et ont ainsi exacerbé le sentiment, qui se généralise, d’une inégalité flagrante entre le traitement protecteur accordé aux barbares et celui accordé aux victimes et à l’ensemble de la société.

    Au-delà du territoire français, ils refusent avec un cynisme éhonté, d’envisager que des populations d’Iraq ou de Syrie, ayant subi les atrocités de Daech, puissent juger inconcevable que la France, pourvoyeuse de tortionnaires, ait en outre l’outrecuidance, au nom de ses propres lois, de vouloir adoucir la peine prononcée.

    De façon générale, il est de plus en plus criant que les droits de l’homme deviennent paradoxalement un outil de protection de leurs pires ennemis, lesquels excellent à utiliser tous leurs ressorts.

    Les victimes, quant à elles, sont le plus généralement traitées comme des faits divers dont on tait volontairement les souffrances pour ne pas créer d’amalgames ou éviter de devoir exercer une juste sévérité à l’encontre des délinquants, criminels et barbares.

    De là naît une lancinante interrogation : quel est le but recherché par l’utilisation de ces droits de l’homme ?

    Les ethnomasochistes veulent sauver leurs djihadistes

    Si la volonté première a pu être de favoriser une évolution de notre société vers davantage d’humanité et de tolérance, on voit aujourd’hui que l’effet social inverse se produit et que la barbarisation se répand. Or, ce constat visible de tous, loin de remettre en cause la politique de «droits de l’homme », la voit se renforcer.

    Le but serait-il donc moins avouable que celui avancé par les tenants de cette prolifération humaniste ?

    Des éléments de réponse se trouvent dans l’évolution « progressiste » imposée à notre société, buts et moyens confondus : libéralisme marchand, baisse des niveaux de vie, de la qualité et du nombre des services publics, recherche d’une relève consumériste et maintien d’un système capitaliste exsangue s’accompagnant d’une immigration non contenue voire recherchée et de droits de l’homme généreusement attribués aux populations migrantes et à leurs descendants.

    Les promoteurs de cette évolution manient l’ingénierie sociale avec une efficacité redoutable jusqu’à présent, arrivant à imposer aux foules, victimes de leurs décisions la tyrannie de l’inacceptable : les attentats inévitables, l’immigration que rien ne peut stopper , les charges financières et sociales de ces dérives, l’existence de zones de non droit dans lesquelles prolifèrent insécurité et délinquance , les restrictions de liberté , la coexistence avec d’autres cultures déclarées de valeur égale et point d’orgue de notre totale déculturation, «  LE DJIHADISTE FRANÇAIS » devenu composante de notre population

    Dès lors, nos gouvernants s’empressent de défendre cette nouvelle composante irréductible de notre nouveau monde pour donner, à moindre frais, l’illusion d’un état de droit dont ils se gargarisent. Ils y gagneront l’estime des progressistes et de quelques avocats signataires de tribunes et ardents défenseurs des droits de l’homme dans ses pires dévoiements.

    Les droits de l’homme seront saufs et redorés après les mutilations et arrestations arbitraires des six derniers mois infligées à une catégorie qui est dans la mauvaise case de l’ingénierie sociale.

    Entre de mauvaises mains, les droits de l’homme sont un outil et une arme redoutable utilisés de façon convergente par gouvernants et criminels pour asservir et non libérer les peuples.

    Il est grave qu’ils soient utilisés au profit de barbares qui se sont volontairement placés en marge de l’humanité et de toute appartenance à une communauté nationale, hors celle de l’Etat Islamique qu’ils ont voulu contribuer à créer par la terreur et le sang.

    Julie Gé (Polémia, 22 juin 2019)

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