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  • France, le moment politique...

    Les éditions du Rocher viennent de publier un essai d'Hervé Juvin intitulé France, le moment politique. Économiste de formation, Hervé Juvin a publié des essais essentiels tels que Le renversement du monde (Gallimard, 2010), La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013), Le Mur de l'Ouest n'est pas tombé (Pierre-Guillaume de roux, 2015) ou Le gouvernement du désir (Gallimard, 2016), qui font de lui un des penseurs les plus pertinents du moment.

     

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    " L'histoire est de retour. Les frontières se ferment, les identités se réveillent, les Empires se confrontent et, partout, les constantes ethniques, nationales et spirituelles reprennent leur place. Partout aussi, des hommes et des femmes s'interrogent ; comment survivre aux chocs migratoires, à la destruction de l'environnement, au pillage des biens communs, autrement qu'à travers l'union nationale ?
    Le temps du « je » s'achève, le temps du « nous » commence. Hervé Juvin nous l'annonce : le retour de l'histoire détermine le moment politique exceptionnel que va vivre la France, le moment que vivent les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie, l'Inde ou la Chine. Car nous n'avons plus le choix. Confrontée à des échéances inéluctables, celles de l'occupation de son territoire et de la colonisation de ses ressources, celles de la faillite sociale et du recul de sa civilisation, celles du retour de la misère et de l'esclavage, celles enfin de la puissance ou de la guerre, la France doit reforger son projet pour le siècle, pour l'Europe, et d'abord, pour les Français. C'est le moment où chaque Français redécouvre que la France est ce qu'il a de meilleur. Le moment où l'unité nationale redevient la condition de la survie de chacune et de chacun. Et c'est le moment de dessiner le nouvel horizon de la France, celui qui rendra tout son sens au combat politique.
    Politique de la vie, politique de citoyenneté et de sécurité, politique économique et européenne, Hervé Juvin détaille un projet pour la plus grande France, le projet du rassemblement des Français. La voie qu'il ouvre est celle d'une politique exigeante, écologique et sociale à la fois, mais avant tout française. Parce que la France doit d'abord au monde et à elle-même de demeurer la France. "
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  • Le front de la mémoire et de l’histoire...

    Nous reproduisons ci-dessous une intervention de Philippe Conrad, consacrée à l'importance du combat historique et mémoriel pour la défense de notre identité, qu'il a prononcée au 5e Colloque de l'Institut Iliade, qui s'est déroulé le 7 avril 2018 à Paris.

     

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    Le front de la mémoire et de l’histoire

    Depuis deux ans maintenant, les tenants de la déconstruction généralisée ont ouvert un nouveau front, avec le soutien, ce qui n’est guère une surprise, du quotidien du soir dit « de référence ». Le Monde a ainsi donné la parole à Patrick Boucheron, historien médiéviste, professeur au Collège d e France qui, devenu le héraut de la remise en cause du « roman national », a dirigé la réalisation d’une Histoire mondiale de la France censée rompre avec les préjugés ou les idées reçues généralement admises. L’intéressé déclare que »la recherche de l’identité est contraire à l’idée même d’histoire » s’étonne « que l’on attende de l’histoire qu’elle réassure notre identité »,   il ne croit pas « aux formes anciennes du magistère de l’histoire », dénonce « la passion des continuités »,  et rejette « l’injonction faite aux historiens de nous rassurer sur l’ancienneté, la consistance et la clôture de notre identité. » Face à cette question identitaire perçue comme un « poison contemporain », « il convient de refuser tout net toute compromission avec le projet idéologique qui prétend emprisonner la société dans la nostalgie d’un passé mythifié. ». Il conviendrait donc de se mobiliser contre « les apôtres de l’identité nationale », contre « le piège identitaire »…

    De tels propos s’inscrivent dans l’offensive idéologique d’envergure de remise en cause de la transmission de l’histoire traditionnelle, notamment dans sa dimension « nationale ». Une remise en cause jugée inéluctable et souhaitable par ses thuriféraires, dans la mesure où la mondialisation en cours doit permettre de dépasser les frontières, de fabriquer un « citoyen global », un individu hors-sol coupé de ses racines et de tous les éléments susceptibles de garantir son inscription dans la longue durée historique. Dans la guerre sémantique à laquelle nous sommes confrontés, le vocabulaire utilisé est révélateur. Il est question de formes « anciennes » du magistère de l’histoire, de la « passion » des continuités, de « l’injonction » faite aux historiens de « rassurer », de « poison » contemporain. Il convient d’écarter toute « compromission » avec le projet « idéologique » qui « emprisonne » la société dans la « nostalgie » d’un passé « mythifié »…

    Il est aisé de renverser la charge et de pointer justement le « projet idéologique » porté par les tenants d’un mondialisme droit de l’hommiste issu du messianisme démocratique à la mode wilsonienne et de ses divers avatars, une vision identique dans sa nature profonde aux défunts « lendemains qui chantent » contemporains du communisme en sa phase triomphante. Il s’agit en effet dans ce cas « d’emprisonner la société dans l’espérance obligatoire d’un  avenir « mythifié », celui de l’Humanité indifférenciée et nomade rêvée par Jacques Attali, celui d’un monde où la France se verrait réduite à la fonction d’hôtel de passage dans le Grand Tout planétaire issu d’une mondialisation économique présentée comme fatalement heureuse…

    Ce que l’on constate à l’inverse, c’est la permanence des identités « nationales » forgées au fil des siècles, dans des conditions très différentes d’un pays à l’autre. Même si les nations contemporaines se sont formées plus ou moins tardivement, au travers du modèle politique que nous connaissons, elles ont constitué et constituent toujours le cadre le plus adéquat à l’organisation des sociétés humaines. C’est avant tout à travers l’histoire de leur pays que les hommes appréhendent le passé et se trouvent en mesure de lui donner un sens. C’est dans ce cadre singulier qu’ils peuvent se doter d’un destin collectif dépassant les individus atomisés rêvés par les prophètes du mondialisme libéral (épithète bien discutable dans la mesure où cette vision obligatoirement planétaire de l’avenir n’a plus grand chose à voir avec les libertés authentiques). On doit donc mesurer aujourd’hui plus que jamais l’importance de l’enjeu que représente la transmission d’une mémoire fondée sur la perception d’un patrimoine commun, celui que Marc Bloch résumait quand il évoquait à propos de la France  « le sacre de Reims et la Fête de la Fédération ».

    On ne peut que remarquer, dans l’offensive idéologique en cours, la place accordée à la déconstruction du « roman » national. Ce terme de « roman », préféré à celui de « récit » à l’évidence plus pertinent, doit contribuer à la disqualification d’une histoire élémentaire qui, fondée certes sur une imagerie et un téléologie discutables nous conduit de Vercingétorix à De Gaulle, n’en est pas moins bien venue pour fournir les repères indispensables à la construction d’une mémoire commune elle-même nécessaire à l’affirmation d’une identité particulière, fondée sur les permanences ethniques, la langue, la perception d’un passé partagé, l’inscription dans la durée d’un ensemble de croyances, de coutumes, d’images et de représentations qui constituent le socle d’un « vivre ensemble » authentique, loin des caricatures véhiculées aujourd’hui par le clergé médiatique bien pensant.

    L’entreprise de déconstruction du « roman national » n’est pas nouvelle. Il y a déjà près d’un demi-siècle, Paul Veyne mettait en cause les grilles de lecture et les éléments de langage qui fondaient jusque là les approches historiennes, avant d’être relayé un peu plus tard pat Suzanne Citron et par les apôtres des diverses « repentances » devenues la clé des représentations d’un passé voué à l’exécration. L’histoire quantitative — qui privilégiait la longue durée, l’économique et le social relativisait largement l’histoire événementielle réduite à « l’histoire-batailles » — a également joué son rôle même si le dernier ouvrage de Fernand Braudel portait finalement sur ‘’l’identité de la France »… Il était devenu en tout cas obligatoire de donner la primauté à la société par rapport à la nation ou à l’Etat, d’oublier le peuple majoritaire au profit des « minorités » fatalement opprimées.

    La déconstruction en question s’inscrit dans une perspective « gramscienne » de mise en oeuvre d’une révolution culturelle d’envergure, indispensable à l’avènement de « l’homme nouveau », qui n’est plus celui du socialisme auquel aspirait le penseur et militant italien mais celui de la « mondialisation heureuse » imaginée par les oligarchies transnationales aujourd’hui dominantes. George Orwell l’avait déjà annoncé dans son 1984 : « Qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé. Qui a le contrôle du passé a le contrôle de l’avenir… »

    Longtemps « école des princes » selon Michelet, l’histoire et devenue, au XIXème siècle, à la faveur de l’émancipation progressive des masses populaires, le bien commun de toute la nation. C’est la défaite de 1870, dans le moment qui voit Ernest Renan nous donner sa Réforme intellectuelle et morale que les républicains victorieux introduisent dans l’enseignement primaire l’histoire et la géographie.  La fin visée par l’histoire ainsi enseignée était l’unité nationale, l’affirmation de son ancienneté inscrite elle même dans la continuité reliant la France monarchique à la nouvelle France républicaine … L’histoire devait alors contribuer à la formation d’une conscience civique et nationale en un temps où selon Pierre Nora, « l’instituteur et l’officier étaient les deux piliers jumeaux de la Patrie… »

    Le terrible choc de la première guerre mondiale va ébranler le consensus très large entourant jusque là l’enseignement de l’histoire. Quand naissent en 1929 les Annales, leur sous-titre, Economies, sociétés, civilisations, a valeur de programme. On privilégie désormais l’histoire économique et sociale, celle des mentalités, celle du temps long. On promeut l’histoire quantitative et les structures sont privilégiées au détriment des événements. L’histoire politique n’apparaît plus que comme une superstructure aléatoire et secondaire qui ne peut rendre compte du jeu des forces profondes qui commande l’évolution des sociétés humaines. Le grand public va découvrir cette nouvelle lecture du passé avec le succès médiatique et éditorial remporté au cours des années 1970 par la « nouvelle Histoire », après que la Grammaire des civilisations  de Fernand Braudel a fourni la matière d’un manuel de classes terminales au cours de la décennie précédente. La réforme Haby qui affecte l’enseignement secondaire en 1975 vise, dans le domaine de l’histoire, à transmettre, à travers le collège et le lycée ces nouvelles lectures. Le cadre national est largement évacué, de même que le souci d’une chronologie rigoureuse, au profit d’approches « transversales » et « thématiques ». Dans le même temps, les méthodes dites « actives » se substituent au cours « magistral » jugé anachronique, l’élève devant désormais « construire lui-même son savoir » à partir de l’étude de documents. Réduite à la portion congrue et laissée au caprice des instituteurs dans le primaire où elle se limite à des « activités » plus ou moins ludiques faisant table rase de toute continuité, devenue « discipline d’éveil » au collège, l’histoire vise à distraire plutôt qu’à transmettre un savoir solide et cohérent. Les années post-soixante- huitardes et leur pédagogisme envahissant, le le soupçon pesant sut toute autorité étatique, enfin l’européisme béat qui s’impose aggravent encore la situation.

    Une première réaction intervient en octobre 1979, avec l’appel lancé par Alain Decaux dans le Figaro-Magazine. Très largement relayé, il rencontre un immense écho et fait largement consensus. Le futur académicien dénonçait l’effondrement des savoirs alors constaté et l’ensemble de la classe politique, bien consciente de l’adhésion que rencontrait son propos, se reconnut dans sa démarche. On vit ainsi Jean-Pierre Chevènement, devenu en 1984 ministre de l’Education nationale, réintroduire vigoureusement à l’école primaire l’enseignement de l’histoire.

    Trente ans plus tard, l’incohérence et la faiblesse des programmes officiels, le vide abyssal des manuels et la concurrence que font les « mémoires » à l’histoire sont à l’origine d’un paysage largement dévasté. On privilégie les « mémoires » des minorités jugées opprimées ou victimes. La seconde guerre mondiale est réduite pour beaucoup aux persécutions et aux massacres de masse dont les Juifs ont été les victimes du fait de l’hitlérisme. D’autres mémoires, celle des anciens peuples colonisés, celle des Africains dont les ancêtres ont subi jadis l’esclavage sont ainsi entrées en concurrence victimaire. A l’inverse, la mémoire de la Révolution française, en bien comme en mal, ou le souvenir de la Commune de 1871 semblent avoir disparu des écrans…

    L’utopie de la création en cours d’un « citoyen du monde » a remplacé celle de l’avènement rédempteur du prolétariat et comme cette utopie implique « l’intégration » réussie des minorités, il convient de faire une place privilégiée à leurs mémoires. Il faut également donner à l’histoire enseignée la dimension planétaire nécessaire, d’où l’importance inédite accordée à la Chine des Han, à l’Inde des Gupta et aux empires africains du Mali ou du Monomotapa, au détriment des séquences  « classiques » de l’histoire de la France ou de l’Europe.

    Alors que tendent à s’imposer les repentances post-coloniales et post-esclavagistes (cette dernière oubliant que ce sont les Européens qui ont mis fin à la traite.), le déni de la nation et de la pluralité des civilisations s’impose. Rien de nouveau sous le soleil car l’histoire enseignée est toujours le reflet de l’état du monde du moment et des rapports de force qui le commandent. L’histoire nationale républicaine des hommes de la IIIème République n’était pas d’une parfaite impartialité… La présentation de l’URSS dans les manuels de géographie des années 1960 a aujourd’hui de quoi faire sourire et il en ira sans doute de même bientôt à propos d’autres questions. Le manuel Malet Isaac, tout excellent qu’il fût, transmettait une lecture « républicaine » de l’histoire qui était loin d’être neutre. Le mondialisme qui constitue aujourd’hui la toile de fond idéologique de notre enseignement correspond à un projet porté par l’Occident américano-libéral, face au monde multipolaire en cours de formation et il n’est guère surprenant que Samuel Huntington et son Choc des civilisations aient subi les foudres de la police de la pensée.

    L’histoire n’en demeure pas moins une irremplaçable école de discernement. Au lendemain de la première guerre mondiale, Jacques Bainville annonçait, dans ses Conséquences politiques de la paix, les drames à venir et, dès 1972, Pierre Chaunu prophétisait, dans sa Peste blanche, la crise démographique. Contre le déterminisme cher à l’école des Annales, l’histoire demeure le domaine de l’imprévu et de  l’inattendu, de l’attentat de Sarajevo à la chute de l’URSS. Elle préserve aussi de l’utopie en ce qu’elle retient tous les faits que, dans son Discours sur l’origine de l’inégalité, Jean-Jacques Rousseau écartait d’emblée. La connaissance du passé entretient aussi la vertu d’admiration propre à la reconnaissance de modèles et l’œuvre de Plutarque fut, de ce point de vue l’école des élites européennes des XVIIème et XVIIIème siècles. L’histoire est aussi la critique du présent et permet d’échapper à l’aveuglement que s’efforcent d’établir les diverses propagandes partisanes. Elle a forgé, au rythme des épreuves endurées et du souvenir des grandes choses accomplies ensemble, le caractère particulier de chaque nation , fondé ainsi la philia qui lie entre eux les membres de la Cité. La connaissance de l’histoire prépare enfin aux épreuves et fournit aux peuples les capacités de résilience nécessaires. Elle indique la voie des redressements, ceux que connut la France au XVème siècle avec l’épopée johannique et ses suites, avec Henri IV qui rétablit la concorde civile après trente ans de guerres religieuses, en 1944 et en 1958 après l’effondrement accablant de 1940 et la décomposition de la IVème République. Au delà de l’homo consumans et de l’homo festivus si bien décrit par le regretté Philippe Murray, l’histoire nous apprend enfin ce que nous sommes, les héritiers d’un passé fait d’épreuves et de grandeurs et les porteurs, dans le temps, d’un avenir que nous devons souhaiter à la hauteur de ce qui nous a précédés.

    Il faut pour cela déjouer les manipulations qui ont cours aujourd’hui. « L’Historiquement correct » analysé par Jean Sevillia a correspondu aux strates idéologiques successivement dominantes. Celles-ci peuvent donner aux événements des interprétations novatrices mais, en se prétendant exclusives, elles révèlent rapidement leurs limites. La manipulation s’appuie aussi sur l’anachronisme qui consiste à juger d’un épisode du passé en fonction d’une grille d’interprétation qui nous est étroitement contemporaine. L‘histoire de l’expansion coloniale ou de l’esclavage, quand elle se veulent porteuses de jugements moraux, tombent dans cette ornière. Le manichéisme élémentaire qui prévaut dans la sphère journalistique quand il s’agit de traiter des années quarante – « les plus sombres de notre histoire » selon l’incantation convenue — constitue un autre moyen d’utiliser le passé à des fins qui n’ont rien de scientifique. L’amnésie sélective ou la contestation de certains événements jugés aujourd’hui gênants – de la bataille de Poitiers gagnée par Charles Martel au baptême de Clovis fondant les « racines chrétiennes » de la France — font également partie de l’arsenal des falsificateurs. A l’inverse c’est une hypermnésie qui cherche à s’imposer à propos des crimes des régimes totalitaires du XXème siècle ou d’épisodes tels que celui des mutineries de 1917 ou de la torture durant la guerre d’ Algérie. La police de la pensée veille et verrouille. Olivier Pétré-Grenouilleau en a fait l’amère expérience quand la horde des indignés conduits par Christine Taubira a prétendu lancer contre lui l’accusation d’apologie de crimes contre l’humanité parce qu’il avait simplement rappelé que la traite musulmane et l’esclavage interne au monde africain avaient été plus importants en durée et en nombre de victimes que la traite atlantique organisée pendant trois siècles par les Européens qui y mirent eux-mêmes un terme. Sylvain Gouguenheim fut lui même ostracisé pour avoir montré, dans son Aristote au Mont Saint Michel, que l’Europe médiévale n’avait pas attendu les traductions des auteurs arabes pour redécouvrir le Stagirite…

    Le terrain est, on le voit, bien miné mais la résistance est en marche. L’enseignement de l’histoire est aujourd’hui, sauf en de trop rares exceptions, un champ de ruines mais la demande sociale a rarement été aussi forte. L’extraordinaire sursaut mémoriel observé à propos du centenaire de la première guerre mondiale est là pour le prouver. En d’autres domaines, l’histoire militaire, celle du Moyen Age, l’archéologie, la généalogie,   l’histoire napoléonienne, l’intérêt pour les reconstitutions et le quotidien de nos ancêtres, celui, grandissant, porté au patrimoine sous toutes ses formes, le succès d’émissions télévisées avancées aux heures de grande écoute, le maintien d’une production historique satisfaisante sur le plan éditorial, dans un secteur par ailleurs sinistré, sont autant de signes encourageants. Le succès des commémorations, en 1987 de l’avènement capétien, en 1989 de la Révolution (dans ce cas, pas forcément dans le sens espéré par ses promoteurs). en 1993 pour le bicentenaire de l’insurrection vendéenne confirment cette tendance lourde et doit nous encourager à écarter tout catastrophisme excessif. Une part importante de la société civile a en effet pris conscience, au niveau des familles, des désastres en cours depuis plusieurs décennies et la réaction est là. Elle profite aussi du retour identitaire très fort qui s’oppose partout aux effets catastrophiques du projet mondialiste, notamment sur le plan culturel. Contre le « village global » unifié par la technique et par le sabir angloïde, contre la pseudo-Europe de Bruxelles qui s’accommode très bien d’être privée d’histoire, notamment de ses racines chrétiennes (il ne faut pas décourager les masses de futurs immigrants en attente de l’autre côté de la Méditerranée), le combat engagé est une lutte de longue haleine qui doit mobiliser les esprits et les énergies, dans les salles de classe où officient encore d’authentiques professeurs, dans les familles demeurées attachées à la transmission du savoir et de la culture, dans les associations… Des exemples récents nous montrent que ce combat est porteur d’avenir. Libérée de soixante-dix ans d’un régime communiste censé « faire table rase du passé », la Russie a retrouvé tous ses fondamentaux historiques et culturels, une condition nécessaire à la reconstitution de sa puissance. Plus près de nous, le peuple suisse sanctionne régulièrement dans les urnes le « politiquement correct » que tente de lui imposer l’oligarchie transnationale et il en va de même du peuple hongrois, bien décidé à ignorer les diktats de Bruxelles ou de Berlin et les leçons de morale qui lui sont prodiguées.

    Il ne tient qu’aux Français de se retrouver, au delà de clivages devenus obsolètes, dans la reconquête de leur identité devenue incertaine.

    Philippe Conrad (Institut Iliade, 7 avril 2018)

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  • Forgerons et alchimistes...

    Les éditions Flammarion viennent de rééditer, dans leur collection de poche Champs, un essai de Mircea Eliade intitulé Forgerons et alchimistes. Historien des religions, penseur du mythe et du sacré, mais aussi romancier, Mircea Eliade, d'origine roumaine, est l'auteur d'une œuvre immense écrite pour une part importante en français.

     

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    " Bien connu pour son œuvre d’historien des religions, Mircea Eliade a été fasciné toute sa vie par l’alchimie. Ce livre en témoigne : il y montre que l’alchimie n’est pas une préfiguration moyenâgeuse de la chimie, vouée aux ténèbres de l’histoire, mais un phénomène culturel positif et digne d’ attention.
    L’alchimie s’enracine dans les croyances des sociétés traditionnelles, où les substances minérales revêtent un caractère sacré. Les minerais, tels des embryons, «croissent» dans le ventre de la Terre ; le fer issu des météorites a une dimension magique parce qu’il provient du ciel... En travaillant la matière, le forgeron, comme l’alchimiste, collabore au dessein secret de la Nature : il accomplit un rituel qui révèle le sens caché de l’univers.
    Explorant les mythes africains, grecs, indiens ou chinois, Eliade considère que l’expérience du sacré est universelle et constitutive de l’humain : elle est ce qui donne au monde sa signification. À cet égard, Forgerons et alchimistes constitue une excellente introduction à la pensée et aux travaux de ce grand érudit. "

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  • Petites frappes...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque les tirs de missiles de la coalition occidentale sur la Syrie...

    Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet a publié cet automne aux éditions Léo Scheer un roman intitulé La nouvelle Dolorès et, tout dernièrement, son Journal de l'année 1971 à l'année 1994.

     

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    Petites frappes

    On pouvait attendre de Macron qu’il ne poursuivît pas au Proche-Orient la politique étrangère de ses prédécesseurs. Le peuple syrien lui-même l’espérait, comme j’ai pu le constater, à Damas, en novembre dernier. Il est vrai qu’avec un vieux représentant de commerce socialiste tel que Le Drian aux Affaires étrangères, il ne pouvait en être autrement. Voilà donc la France jouant, une nouvelle fois, avec l’Angleterre, le rôle de roquet utile des États-Unis. Cet interventionnisme-là (quelques frappes aériennes sur les usines qui fabriqueraient des armes chimiques) relève évidemment de la gesticulation. La France et l’Angleterre apparaissent comme de petites frappes aux côtés du caïd yankee, qui valorise peut-être les red necks américains mais qui déconsidère son pays au point de faire passer certains dictateurs asiatiques pour des modèles de vertu.

    Une « ligne rouge » aurait été franchie, dans la Ghouta, qui justifierait ces attaques aériennes : Assad aurait fait lancer des gaz létaux sur des civils. On imagine mal pourquoi, avec l’appui des Russes, et au moment de remporter la victoire, il aurait eu besoin d’y recourir. Mais les Occidentaux en auraient la « preuve » : quelle est-elle, à part la parole de « rebelles » islamistes vaincus ? Est-il besoin de rappeler que les USA avaient envahi l’Irak sur la foi de telles « preuves », sans qu’on ait jamais trouvé les « armes de destruction massive » prétendument possédées par Saddam.

    Quelques remarques, donc :

    1/ La réaction « occidentale » (toujours le même trio, en vérité) relève de la symbolique humanitariste pour caniches en mal d’éthique : quelle différence entre le fait de mourir sous des obus ou à cause de gaz, diraient certains cyniques ?

    2/ Les gaz, nous n’y échappons pas, nous-mêmes, Occidentaux jouissant de la paix éternelle au sein d’une béatitude démocratique assurée par les droits de l’homme : gaz d’échappement, pics de pollution, aliments toxiques, herbicides cancérigènes que la Commission européenne refuse d’interdire, etc. …

    3/ Ces gaz peuvent aussi prendre une dimension métaphorique : ne sommes-nous pas en train de mourir de la pollution idéologique, post-littéraire, i.e. post-chrétienne ? Les crimes contre l’esprit sont eux aussi létaux. On pourrait donc demander à l’ONU des frappes sur Monsanto comme sur les officines qui fabriquent la fausse monnaie littéraire…

    Au nom de quoi attaque-t-on la Syrie, maintenant que l’État islamique est à peu près vaincu? Ce n’est en vérité ni par souci « humanitaire » ni par celui de vérité, mais bien pour marquer, au moment où Assad va gagner la guerre, que l’Occident a choisi le camp sunnite, c’est-à-dire les régimes islamo-fascistes d’Arabie saoudite, du Qatar, de Turquie. Et cela pour marquer son opposition à l’Iran et à Poutine. Rien de nouveau, donc. Certains régimes seraient donc plus acceptables que d’autres : il n’y a que les gogos, les bobos, les cathos de gauche et les protestants pour le croire, et bien sûr Plenel, qui avait applaudi au massacre de Munich, en 1972, et par qui Macron ose se laisser interviewer... On m’a banni, moi, pour avoir simplement dit la vérité sur la décomposition de l’Europe. Il est vrai que je ne suis pas gauchiste.

    Nous autres, veilleurs de l’aube, qui savons l’homme damné par la chute, nous refusons de croire à sa bonté non plus qu’à sa perfectibilité. Ses vices le gouvernent bien plus que ses vertus. On le voit chaque jour, notamment dans le cas de Tariq Ramadan qui est le Harvey Weinstein de l’islamisme. Non seulement la France et la Grande-Bretagne n’ont rien à gagner en s’aventurant de cette façon au Proche-Orient, mais elles ont tout à y perdre. Mieux eût valu laisser Trump jouer seul des muscles, et aller, Français et Anglais, bombarder Trappes, Molenbeek, Sarcelles, Notre-Dame-des-Landes et tous les wilayats des banlieues anglaises.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 14 avril 2018)

     

     

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  • Bernanos l'antidote !...

    Le numéro 8 du mensuel L'Incorrect est arrivé en kiosque. On peut y trouver un dossier consacré à Bernanos, avec, notamment, des articles de Jérôme Besnard ("Le royaliste intégral") et de Philippe de Saint-Robert ("La vocation spirituelle de la France") et un entretien avec Sébastien Lapaque ("Brésil, terre promise"). Par ailleurs, on peut également y lire des entretiens avec Hubert Védrine ("Il faudrait neutraliser l'Ukraine") ou avec Julien Hervier et Maurizio Serra ("Drieu et D'Annunzio, deux dandies dans l'Europe en feu"), ainsi que les rubriques "L'époque", "Monde", "Reportages",  "Les essais" et "Culture"...

    Le sommaire complet est disponible ici.

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  • L'idéologie droit-de-l'hommiste, un obstacle à la lutte contre le terrorisme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Guillaume Bigot, cueilli sur Figaro Vox et consacré aux blocages idéologiques qui empêchent de mener une lutte sérieuse contre le terrorisme islamiste. Guillaume Bigot est essayiste et chroniqueur.

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    L'idéologie droit-de-l'hommiste, un obstacle à la lutte contre le terrorisme ?

    FIGAROVOX.- Après les attentats de Carcassonne et de Trèbes, l'islamisme armé est de retour. Comment analysez-vous la réaction des autorités?

    Guillaume BIGOT.- Une réaction pavlovienne de la classe politique et des pseudo-experts consiste à s'indigner de ce que les djihadistes qui passent à l'acte sont déjà connus. Une telle indignation relève d'un pur contre-sens.

    Si les auteurs d'attaques sont fichés, c'est que le renseignement est efficace et non l'inverse. Le système de remontée et de classement d'informations est déjà perfectionné: on classe les individus de 1 à 16, en fonction de leur dangerosité, les proches peuvent être fichés et on fait tout pour éviter l'engorgement de la base. Ce système ne cesse de s'améliorer. Ainsi lorsque Yassin Sahli, par exemple, l'islamiste qui avait égorgé son patron à Saint-Quentin-Fallavier, dans la banlieue de Lyon, était sorti des fiches S (il avait été fiché une première fois en 2006), un nouveau fichier dit FSPRT (Fichier de signalement pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste) a été créé afin d'y verser les noms retirés du fichier principal. Nous gardons une avance indispensable sur l'ennemi. Contrairement à certaines allégations, les forces de l'ordre sont très bien renseignées de l'intérieur par nos compatriotes musulmans, fort heureusement d'ailleurs.

    Ce formidable travail de l'ombre réalisé par des informateurs de confession musulmane, par des fonctionnaires infiltrés et par les services permet d'éviter l'essentiel des actes qui, sans cela, ensanglanteraient la France. Chaque année, depuis 2015, ce sont entre 15 et 20 tentatives d'attentats qui sont en moyenne déjouées. Certaines de ces attaques auraient été dévastatrices.

    Donc, les attentats qui surviennent doivent être considérés comme inévitables? Si l'on vous suit, tout ce qui peut l'être serait donc entrepris pour protéger nos compatriotes?

    Loin s'en faut. Mais en critiquant le renseignement on se trompe de cible.

    Par ailleurs, on a beau redécouvrir la menace à chaque attentat, il faudra bien un jour admettre qu'éradiquer le djihadisme en France sera l'affaire d'une guerre de trente ans. L'islamisme est enraciné, avec un risque de séparatisme à la clé comme nous l'écrivions dès 2005, avec Stéphane Berthomet. Le risque zéro relève donc de l'illusion. Le reconnaître ne revient cependant pas à dire que l'on se protège aussi efficacement qu'on le devrait.

    Les services travaillent aussi bien qu'ils le peuvent, mais nous sommes confrontés à trois obstacles.

    Le premier est de taille si j'ose dire: le phénomène revêt des proportions telles qu'il ne peut plus être appréhendé à l'aune des moyens actuellement mis en œuvre.

    20 000 islamistes radicalisés dans le fichier «S» dont 7 000 très dangereux... pour moins de 8 000 fonctionnaires chargés de circonscrire la menace qu'ils représentent (4 300 de la DGSI, 2 500 fonctionnaires du Service central du renseignement territorial, plus des enquêteurs de la SDAT et des gendarmes de la sous-direction de l'anticipation opérationnelle).

    Surveiller une seule cible, 24h/24, même en ayant intensément recours à l'intelligence artificielle, mobilise toute une équipe agents. Il faut donc recruter et former.

    Le second obstacle qui nous empêche de lutter plus efficacement contre le terrorisme islamique, ce sont les magistrats eux-mêmes qui le dressent. À côté de juges d'élite telles que Jean-Louis Bruguière, Gilbert Thiel ou Marc Trévidic et d'autres encore moins médiatisés mais tout aussi remarquables, certains magistrats restent très imprégnés de ce que Jean-Pierre Le Goff appelle le gauchisme culturel. La magistrature a souvent les yeux de Chimène pour les caïds des cités qui forment la base du recrutement des futurs terroristes. Pourquoi? Un substrat de préjugés se mêle et explique cette coupable indulgence: culture de l'excuse, culte de la repentance néocoloniale, admiration pour un islamisme anticapitaliste. On n'est parfois pas très loin de la France rance et vichyste des porteurs de valise de Ramadan qui font semblant de ne pas entendre les délinquants de banlieues aduler Radouane Lakdim.

    Le troisième obstacle est donc idéologique. Ce qui paralyse les dirigeants français, c'est ce qu'il est convenu d'appeler le droit de l'hommisme. Ce dernier n'a rien à voir avec la défense concrète des droits de l'homme, ni même avec un attachement sincère aux valeurs qui forment le socle de notre pacte social. Le droit-de-l'hommisme est un culte des formes juridiques, sacralisées et placées au-dessus de la souveraineté populaire. L'apologie des droits de l'individu considérés comme l'alpha et l'oméga des valeurs morales cadenasse juridiquement la volonté de la majorité et fait le jeu de nos ennemis qui s'abritent derrière des procédures.

    En quoi ce que vous appelez le droit-de-l'hommisme empêche-t-il de lutter contre l'islamisme radical?

    L'expulsion des étrangers fichés S, l'éloignement des Français radicalisés ou le rétablissement des frontières forment trois mesures-clé qui feraient reculer l'ennemi. Mais en l'état actuel du droit, qui inclut les traités et l'interprétation du bloc de constitutionnalité par le Conseil d'État, par le Conseil Constitutionnel, par la Cour de Cassation et par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, de telles mesures sont inenvisageables. On serait tenté de répondre: mais alors que l'on change le droit! À ce stade, les choses se corsent car notre système juridique installe ces juridictions suprêmes et ces traités au-dessus de la loi, c'est-à-dire de l'expression de la volonté générale. Il faudrait agir par référendum pour défaire ce que le peuple a fait sous la forme de traités ratifiés ou d'articles de la constitution autorisant des recours devant la Cour constitutionnelle par exemple.

    La main de l'État est donc paralysée par deux facteurs: un facteur dur, juridique, la règle de droit (expulser un étranger, c'est s'exposer à un recours que l'on anticipe comme perdu d'avance) et un facteur mou, symbolique et culturel (les résidus de l'idéologie soixante-huitarde qui placent l'État de droit au-dessus de la démocratie). L'anticipation de la règle de droit et cette mentalité qui considère comme sacrilège de vouloir la changer se combinent pour forger cet état d'esprit capitulard face à l'islamisme. Nous sommes face à des gouvernants qui croient faire leur devoir en résistant au populisme, c'est-à-dire à la demande d'une majorité de l'opinion qui attend des mesures énergiques pour neutraliser les apôtres de la guerre sainte.

    Le gouvernement se trompe dans sa communication à l'égard des attentats?

    La communication officielle verse dans le contre-sens absolu et fait le jeu de l'ennemi. Cette communication se décline suivant trois axes: premièrement, chercher à édulcorer les actes (mais à l'ère des réseaux sociaux, les informations finissent par sortir et c'est alors l'empire de la théorie du complot). On a vu ce mécanisme à l'œuvre: ce fut le cas avec certaines attaques à la voiture bélier ou avec l'égorgement du colonel Beltrame.

    Le deuxième axe de communication consiste à dédouaner préventivement l'Islam. C'est le grand mantra du «pasdamalgame». Il s'agit de parler à la place des musulmans pour les désolidariser à leur place d'avec l'islamisme. Nos compatriotes musulmans n'en demandent pas tant! Et puis un tel empressement à affirmer que les attentats islamistes n'ont rien à voir avec la religion mahométane est un peu louche. Les Français savent faire la différence entre leurs compatriotes d'origine musulmane qui veulent qu'on leur fiche la paix avec cette religion qu'ils ne pratiquent ni ne revendiquent, des concitoyens qui ont une pratique paisible de leur culte compatible avec les valeurs de la République. L'opinion ne confond pas ces deux catégories avec des islamistes provocateurs et vindicatifs qui placent la charia au-dessus des lois françaises ni avec les djihadistes assassins. Mais les Français, y compris de confession musulmane, sont exaspérés par ce qu'ils considèrent comme une manifestation de malaise de la part des autorités.

    Le troisième axe de communication, c'est de viser l'effet compassionnel. C'est la séquence «émotion». Les officiels se rendent sur place. On sort alors les bougies, on observe une minute de silence et on verse une larme.

    Or, ces trois réflexes sont totalement inappropriés.

    L'Islam, pas seulement le djihadisme mais toute la culture arabo-musulmane, est traversé par un culte de la virilité et de l'esprit chevaleresque. Montrer sa force, c'est gagner le respect. Passer pour une victime, c'est attiser la haine et le mépris.

    La fameuse taqîya, l'art de la dissimulation tactique prôné par le Coran consiste à tenir compte du rapport de forces pour s'adapter à un environnement non musulman. En nous montrant intraitables sur le respect de la laïcité, nous n'allons nullement encourager la révolte ou nourrir le sentiment d'injustice. Au contraire: nous obtiendrons que l'Islam s'adapte à la France et non l'inverse.

    Ainsi, le gouvernement devrait, au contraire, convoquer des caméras et mettre en scène l'expulsion de 300 imams salafistes. Il aura alors gagné sur tous les tableaux: sa cote de popularité bondira, les gamins qui hurlent de joie après des attentats ou certains sympathisants du djihad rentreront la tête dans leurs épaules.

    Guillaume Bigot, propos recueillis par Alexandre Devecchio (Figaro Vox, 29 mars 2018)

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