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  • L’étrange suicide de l’Europe...

    Les éditions du Toucan viennent de publier un essai de Douglas Murray intitulé L'étrange suicide de l'Europe, qui a eu un fort retentissement au Royaume-Uni lors de sa sortie. Diplômé d’Oxford et Eton, il est journaliste au Wall Street Journal, au Guardian et au Spectator.

     

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    " L’étrange suicide de l’Europe est l’histoire d'un continent et d'une culture pris en flagrant délit de suicide. Baisse des taux de natalité, immigration massive, méfiance et haine de soi  se sont conjuguées pour rendre les Européens  de l’ouest incapables de résister aux changements globaux qu’ils ont subis, le plus souvent sans avoir été consultés.

    Ce livre n'est pas seulement une analyse des réalités démographiques et politiques, c’est surtout un extraordinaire reportage au long cours à travers le continent entier, sur les lieux où les migrants arrivent et sur ceux où ils aboutissent, au contact des personnes qui les accueillent, dans des endroits qui ne pourront pas les accepter.

    Appuyé sur des recherches et des pièces nombreuses, il montre l’échec tragique et patent du multiculturalisme, de Lampedusa à Malmö. L’auteur a passé du temps à Berlin, à Paris, à Rome, en Scandinavie, dans les îles italiennes et les Balkans, en Grèce, pour comprendre et prendre du recul.

    Douglas Murray termine par deux visions de l'Europe à moyen terme, qui dressent deux  tableaux possibles du continent d’ici 2040. "

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  • La sécession des « élites » ou comment la démocratie est en train d'être abolie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Coralie Delaume, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la sécession des élites. Essayiste, Coralie Delaume anime le site L'arène nue.

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    Bernard Arnault (LVMH), Maurice Lévy (Publicis) et Emmanuel Macron (France)

     

    La sécession des « élites » ou comment la démocratie est en train d'être abolie

    La Révolte des élites et la trahison de la démocratie est le titre d'un livre du sociologue américain Christopher Lasch, publié à titre posthume en 1995. Bien sûr, l'ouvrage analysait l'Amérique de son temps. Pourtant, il s'applique parfaitement à la France et à l'Europe d'aujourd'hui, dont il semble avoir anticipé l'évolution des classes favorisées avec une acuité visionnaire.

    Le livre pose l'hypothèse que ce n'est plus la «révolte des masses» qui menace désormais la vie démocratique, mais la coupure de plus en plus prononcée entre le peuple et les «élites». Une coupure tant économique et matérielle qu'éducative et intellectuelle, dont résulte le repli sur eux-mêmes des privilégiés. Ces derniers ne parlent plus qu'à leurs pareils, c'est-à-dire non seulement à ceux qui bénéficient d'un même niveau de richesses, mais également à ceux qui partagent le même niveau d'instruction. Ils adorent mettre en scène leur pouvoir et le font de mille façons: exhibition des signes extérieurs de richesse, bien sûr, mais également - et de plus en plus - de leur patrimoine culturel. Le discours, ahurissant de cuistrerie, du président Macron sur l'intelligence artificielle (29 mars 2018) en est un exemple qui confine au grotesque. En revanche, ils n'assument plus que de mauvaise grâce les charges et responsabilités qui devraient leur incomber, et préfèrent le service de leur intérêt bien compris à celui d'un «intérêt général», dont ils ne conçoivent même plus qu'il pût exister.

    Vingt ans après Lasch, le phénomène du séparatisme élitaire qu'il voyait poindre dans son pays vient de faire l'objet, pour la France cette fois, d'une étude chiffrée. Jérôme Fourquet a en effet publié, pour le compte de la Fondation Jean Jaurès, une note au titre évocateur: «1985-2017, quand les classes favorisées ont fait sécession». Il y explique notamment que la cohésion de la société française «est mise à mal aujourd'hui par un processus presque invisible à l'œil nu, mais néanmoins lourd de conséquences: un séparatisme social qui concerne toute une partie de la frange supérieure de la société, les occasions de contacts et d'interactions entre les catégories supérieures et le reste de la population étant en effet de moins en moins nombreuses».

    Le sondeur illustre ensuite. Il note que le cœur des grandes villes est massivement investi par les cadres, certains centres urbains leur tenant désormais lieu de ghettos dorés. Les CSP+ sont ainsi passés de 25 % à 46 % de la population parisienne en 30 ans, cependant que le pourcentage des ouvriers a décru, passant de 18 % à 7 %. Fourquet analyse ensuite la désertion de l'enseignement public et la scolarisation massive des enfants de cadres dans le privé, le séparatisme électoral des plus aisés ou, pour les cas extrêmes, l'exil fiscal, ce dernier signant le refus d'une partie de la population de financer le fonctionnement la collectivité dans son ensemble. Pour l'auteur de l'étude, nous faisons face à l'«autonomisation d'une partie des catégories les plus favorisées, qui se sentent de moins en moins liées par un destin commun au reste de la collectivité nationale». On voit en effet combien le phénomène est lié au dépérissement du cadre national, dépérissement qui permet aux «élites» de vivre de plus en plus dans une sorte d'alter-monde en suspension, cependant que les autres sont rivés à un ici-bas qui commence à se changer en friche, et finira par se muer en jungle.

    Jérôme Fourquet n'est pas le premier à faire ce constat. L'anthropologue Emmanuel Todd l'a fait également, et donne dans son dernier ouvrage (Où en sommes nous, Seuil, 2017) une explication convaincante. Pour lui, c'est la fracture éducative qui est en cause, le développement de l'éducation supérieure ayant eu un effet pervers inattendu en tronçonnant le corps social en deux catégories de personnes: les éduqués supérieurs et les autres. Alors que la massification des éducations primaire et secondaire avait contribué à égaliser le niveau éducatif général et favorisé l'épanouissement de la démocratie, c'est à l'inverse qu'on assiste aujourd'hui. La raison en est simple: l'éducation supérieure ne s'est pas (encore?) généralisée. «L'accès universel à l'instruction primaire puis secondaire avait nourri un subconscient social égalitaire ; le plafonnement de l'éducation supérieure a engendré, (...) un subconscient social inégalitaire», énonce le chercheur.

    De ce «subconscient inégalitaire», on perçoit chaque jour les effets. On constate que ne se mélangent plus guère ces éduqués supérieurs contents d'eux, étrangement persuadés de ne rien devoir qu'à leur talent. De toute façon, ils sont suffisamment nombreux pour pouvoir fonctionner en circuit fermé et pour ne plus avoir à s'adresser qu'aux autres «manipulateurs de symboles», ainsi que l'économiste Robert Reich qualifiait les gagnants de la mondialisation, ces diplômés, plurilingues, mobiles, à l'aise dans le domaine de la communication et qui font l'opinion. Car ce sont eux, bien sûr, qui tiennent les plumes et parlent dans les micros. Ils nous font partager leur manière propre d'appréhender la masse des «gens qui ne sont rien» comme dirait Macron, autrement dit des gens qui ne sont pas comme eux. Ils nous les peignent comme frileux, «réacs», hostiles de façon primitive et irrationnelle aux réformes ainsi qu'à tout type changement. Ils nous expliquent que s'ils votent «populiste», c'est parce qu'ils sont xénophobes, et que s'ils votent mal aux référendums c'est parce qu'ils ne comprennent pas les questions. Peut-être cette partition de la société devrait-elle nous conduire à reconsidérer le contour des classes sociales? Si celles-ci existent encore (et c'est évidemment le cas) la sécession des «élites» n'est pas seulement le fait des «riches» et des propriétaires des moyens de productions. Elle est également celui des détenteurs d'un capital éducatif et culturel, lequel s'hérite de plus en plus d'ailleurs, sur fond de destruction de l'école publique et de dégraissage perpétuel du «Mammouth».

    Le dégraissage concerne d'ailleurs l'ensemble de l'appareil d'État et des services publics, ceux-ci ayant le tort de présenter des vertus égalisatrices qui entravent le séparatisme élitaire. Pour leur régler leur compte, les pays européens membres de l'UE ont inventé un prétexte ingénieux et unique au monde: la nécessite de respecter les «critères de convergence» de Maastricht. Notamment celui des 3 % de déficit public, et c'est en son nom que les gouvernements détruisent ou vendent tout le patrimoine collectif. La France vient d'ailleurs de passer sous la barre fatidique (2,6 % pour 2017), avant même d'avoir fini de brader la SNCF.

    D'une manière générale, la construction européenne est un formidable outil de déresponsabilisation des «élites» nationales, notamment des élites politiques. Celles-ci, toutes ointes qu'elles sont de la légitimité offerte par le suffrage universel, n'en assument pas pour autant les vraies charges. La capacité à faire les grands choix a été massivement transférée au niveau supranational, qui lui ne rend pas de comptes. Les dirigeants de la Banque centrale européenne ne rendent pas de compte pour la politique monétaire qu'ils conduisent. La Commission de Bruxelles ne risque pas d'affronter une grève pour s'être mêlée d'un peu trop près, dans le cadre du «Semestre européen», du contenu des budgets des États membres. La Cour de justice de l'UE ne risque pas la sanction des citoyens (de quel État au demeurant?) pour les jurisprudences de dérégulation économique qu'elle pond à la chaîne. De toute façon, en «constitutionnalisant» les traités européens de sa propre initiative via des arrêts datant des années 1960, la Cour a très tôt permis que ces traités et tous les éléments de politique économique qu'ils contiennent, se situent au-dessus des lois dans la hiérarchie des normes des États-membres. C'est-à-dire hors de portée des Parlements, donc des électeurs.

    La manière dont est organisée l'UE a pour effet de décorréler les élections (qui ont lieu au niveau national) et la prise de décision (qui se fait à l'échelon supranational), ce qui en fait une véritable machine de défilement au service «d'élites» politiques en rupture de ban avec leurs nations d'origines - et qui ressemblent bien plus à une oligarchie qu'à une véritable élite désormais. Par ailleurs, l'UE offre de multiples possibilités d'évitement fiscal grâce à ses paradis fiscaux intégrés (Irlande, Luxembourg...). Enfin, la libre circulation du capital et du travail dans le Marché unique contribue à mettre les deux en concurrence au profit du plus mobile et du rapide (le capital) et au détriment du plus sédentaire (le travail). Le tout pour la grande joie des catégories possédantes, cette fois.

    Dans ce cadre, il n'est pas étonnant qu'un politiste spécialisé sur les questions européennes tel le Bulgare Ivan Krastev, consacre de longues pages de son dernier ouvrage (Le destin de l'Europe, Premier Parallèle, 2017), à décrire le phénomène de sécession des classes dirigeantes à l'échelle continentale. «Les élites aristocratiques traditionnelles avaient des devoirs et des responsabilités, et leur éducation les préparait à se montrer à leur hauteur», écrit-il. «En comparaison, les nouvelles élites sont formées pour gouverner mais sont tout sauf prêtes au sacrifice». Pas même au sacrifice financier, aurait-il pu ajouter, en tout cas de moins en moins puisque l'optimisation fiscale est devenue l'un des sports phares de notre époque. Puis Krastev d'ajouter: «La nature et la convertibilité des compétences des nouvelles élites les affranchissent très concrètement de leur propre nation. Elles ne dépendent pas des systèmes éducatifs publics nationaux (leurs enfants étudient dans les établissements privés) ni des systèmes de protection sociale nationaux (elles peuvent se permettre les meilleurs établissements hospitaliers). Elles ont perdu la capacité de partager les passions et les émotions de leur communauté».

    Dès lors, la montée de ce qu'on appelle «les populismes» correspondrait avant tout à une quête de loyauté. D'ailleurs, le discours «souverainiste» ou anti-mondialisation desdits «populistes» est probablement l'une des clés de leur succès. Il correspond à un désir de plus en plus profond, de la part des peuples, de «rapatrier» leurs classes dirigeantes, afin qu'elles ne se défilent plus. Afin qu'il redevienne possible d'exiger qu'elles assument leurs devoirs autant qu'elles jouissent de leurs droits, et qu'elles rendent à la collectivité une part au moins de ce qu'elles ont reçu, c'est-à-dire beaucoup (sécurité des biens et des personnes, système de santé, système éducatif, etc.). Enfin et concernant le personnel politique, son «rapatriement» et le fait de refaire coïncider les mandats nationaux avec la conduite effective des politiques, est le seul moyen de rendre à nouveau possible l'exercice d'un contrôle démocratique normal.

    Cela est-il possible? Le moins que l'on puisse dire est que pour l'heure, on n'en prend pas le chemin. À l'inverse et jour après jour, en même temps que l'on «dépasse» les nations et que l'on détruit l'État, c'est la démocratie qu'on abolit.

    Coralie Delaume (Figaro Vox, 20 avril 2018)

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  • Sparte, la cité des arts, des armes et des lois...

    Les éditions Perrin viennent de publier un essai historique de Nicolas Richer intitulé Sparte - Cité des arts, des armes et des lois. Professeur à l'Ecole normale supérieure de Lyon et spécialiste de l'histoire grecque des époques archaïque et classique, Nicolas Richer est déjà l'auteur de La religion des Spartiates (Les Belles Lettres, 2012).

     

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    " « Sparte brille comme un éclair dans des ténèbres immenses ». Ainsi Robespierre caractérisa-t-il la cité des Spartiates en 1794. Une telle formule manifestait un grand enthousiasme à l'égard d'une cité dont la législation, prêtée à Lycurgue, était censée pouvoir rendre les hommes égaux. Mais des hommes qui ont vécu il y a plus de deux millénaires peuvent difficilement être assimilés à ceux qui disent s'inspirer d'eux. C'est donc en pratiquant l'examen d'événements anciens que l'on peut, selon le conseil de Plutarque, s'essayer à "obliger la fable, épurée par la raison, à se soumettre à elle et à prendre l'aspect de l'histoire".
    Car Sparte doit bien d'abord être considérée comme une cité grecque de Grecs en Grèce. En d'autres termes, la culture des hommes de Sparte dans l'Antiquité était très semblable à celle des autres Grecs, bien que leurs organisations et leurs priorités différaient. Seront ainsi présentés les traits majeurs de l'évolution de la cité, du VIIIe au IVe siècle av. J.-C., non seulement d'un point de vue politique mais aussi artistique ou social. La richesse de la documentation portant sur les usages éducatifs, politiques, religieux et militaires permet ainsi d'examiner le fonctionnement d'une collectivité fascinante et originale, dont l'un des traits originaux consiste dans l'importance qu'elle accorde à la guerre. "

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  • États-Unis, Russie : un affrontement en perspective ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré à l'affrontement qui vient entre les États-Unis et la Russie.

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    États-Unis, Russie : un affrontement en perspective ?

    Contrairement à ce que pensent nos experts, ce ne sera pas une nouvelle guerre froide. Pourquoi ? La nouvelle guerre n’est plus une bataille d’idéologies, un combat philosophique, une lutte d’idéaux mais une bataille entre une superpuissance déclinante, ses alliés et des pays en pleine renaissance comme la Russie et la Chine.

    Dans la dernière semaine de mars, des dizaines de diplomates russes ont été désignés comme persona non grata dans plusieurs capitales européennes. Alors que la tension augmentait entre les États-Unis et la Russie, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, avait déclaré qu’il était temps de relancer les canaux de communication de la guerre froide du siècle dernier. « Ces mécanismes sont démantelés. Il est temps de les raviver à nouveau » , avait-il souligné publiquement, avertissant que sinon, il y avait un danger que les choses puissent échapper à tout contrôle.

    Un autre signal fort d’une guerre froide muée en guerre chaude fut la Nuclear Posture Review de l’administration Donald Trump, publiée en février de cette année. Le document révélait à la presse un plan pour augmenter l’arsenal nucléaire américain et justifiait à l’avance une utilisation plus permissive des armes nucléaires. Cette déclaration a été suivie par le discours du Président  Poutine sur l’État de l’Union, prononcé le 1er mars, dans lequel il annonçait lui-aussi le développement de nouveaux systèmes nucléaires et de missiles capables de frapper n’importe quel coin du monde. Poutine avait surtout mis l’accent (guerre psychologique?) sur le fait que la Russie avait la capacité de percer les boucliers de défense antimissile tant vantés par les États-Unis et disposait d’armes hypersoniques alors qu’en 2016, les États-Unis avaient installé un système antimissile de 800 millions de dollars dans une base militaire roumaine.

    En Asie, ce même mois de mars 2018, le Parti communiste chinois a levé la restriction des mandats présidentiels en vigueur depuis le début des années 1990 et le président Xi Jinping est devenu président-empereur à vie. Les États-Unis avaient pourtant tenté en novembre et décembre 2017 de construire une alliance militaire pour conserver leur hégémonie dans la région Asie-Pacifique mais ils avaient échoué. Même les Philippines ne font plus confiance à l’Oncle Sam. Moscou et Pékin ont indiqué à Washington que si désormais l’un d’entre eux venait à être attaqué par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ou par tout autre groupe militaire parrainé par les États-Unis, les deux pays opposeront un front uni. Dès l’annonce des attaques contre la Syrie, quelques bâtiments de la marine chinoise rejoignaient la flotte russe en Méditerranée. Le ministre chinois de la Défense, Wei Fenghe, qui était à Moscou la première semaine d’avril pour assister à la 7ème conférence de Moscou sur la sécurité internationale, déclara aux médias que les deux pays avaient une « position commune » sur les question. Par ailleurs, on sait que Poutine et Xi ont convenu dans des pourparlers « secrets » de remplacer progressivement le dollar américain par un étalon-or comme monnaie de réserve pour le commerce international. La Chine a d’ailleurs déjà commencé à payer une partie de ses importations d’énergie en yuans. Les deux pays ont déjà établi des systèmes pour le commerce mondial qui contourneront à terme le dollar.

    Donald Trump, un président toujours aussi imprévisible

    Lors de sa campagne électorale, le candidat Trump avait donné l’impression qu’il était pour la normalisation des relations avec Moscou mais on ne s’arrache pas aussi facilement en Amérique à l’État profond et au lobby sioniste surtout lorsqu’on a fait sa carrière dans l’immobilier à New York. Du coup, depuis son élection, les relations américano-russes n’ont fait que se détériorer et l’on peut craindre qu’il n’y aura jamais de fête cette année pour la Coupe du monde de football qui devrait pourtant normalement se dérouler à Moscou. Donald Trump est  prisonnier de sa haute administration et cette dernière avait pris les devants en accélérant le déploiement des systèmes de missiles en Europe de l’Est. Face à un tel mécanisme qui n’a rien en Europe d’un mécanisme de défense, la Russie n’avait d’autre choix que de chercher des moyens de neutraliser la menace émergente.

    Par ailleurs, les États-Unis n’ont pas pardonné à la Russie son intervention opportune dans le conflit syrien à l’invitation du gouvernement de Damas. Or cette intervention a sauvé la Syrie et probablement la région de la désintégration et du chaos. L’objectif des alliés était pourtant de priver la Russie du gaz et de sa base sous-marine de Tartous c’est-à-dire la priver du partage tacite de la Méditerranée entre les deux grandes puissances depuis la première guerre froide. Pour n’importe quel observateur militaire ou géopoliticien, priver Moscou des ports syriens ne peut pas être négociable. Depuis un an, tout a donc été bon pour mettre au ban de la communauté internationale la Russie : intervention présumée de celle-ci à l’élection présidentielle américaine, empoisonnement d’un agent double russe au Royaume-Uni, attaques chimiques sur la Ghouta orientale. Moscou a toujours nié avec véhémence toutes ces accusations

    2014 : le grand début de la guerre chaude

    Quand on refera l’histoire, on pointera du doigt l’année 2014 comme le grand début. La guerre en Syrie sera déclenchée un an après. L’Ukraine a inauguré une marque, celle de « la révolution orange » : un gouvernement démocratiquement élu à Kiev, aligné sur Moscou, fut renversé avec la participation des États-Unis et de l’Union européenne avec l’aide de militants néo-nazis ouvertement déclarés. La guerre civile a alors éclaté et les habitants de la péninsule de Crimée ont voté massivement pour revenir en Russie. En représailles, l’Occident a introduit des sanctions draconiennes contre la Russie. Là encore la France de Hollande était en première ligne.

    La fin de la première guerre froide a vu l’alliance occidentale étendre son influence jusqu’aux frontières de la Russie mais les assurances données à l’Union Soviétique sur la dissolution de l’OTAN n’ont jamais été à l’époque honorées. L’expansion de l’OTAN vers l’Est a donc changé toute la donne géopolitique et brisé les rêves d’une paix européenne. En 2002, la décision américaine de se retirer du Traité sur les missiles anti balistiques (Traité ABM), traité qui était pourtant la pierre angulaire du système de sécurité international a tout fait capoter. De fait, si les États-Unis avec l’UE avaient dissous l’OTAN, poussé pour l’abolition nucléaire, et aidé à créer une nouvelle architecture de sécurité en Europe qui incluait la Russie, la première guerre froide serait morte de sa belle mort naturelle.

    Ce que n’ont pas vu les Occidentaux c’est que pendant tout ce temps, la Chine progressait inexorablement vers le statut de superpuissance tandis que l’Amérique et le système financier mondial qui lui restait attaché était en déclin constant par le poids de la dette et la politique des banques centrales. Avec Xi Jinping, la Russie dispose maintenant d’un partenaire stratégique et économique fiable pour contrecarrer les machinations des faucons de guerre de Washington. De plus, les mésaventures des champs de bataille américains en Asie de l’Ouest, en Afghanistan, en Irak et en Libye ont accéléré le rythme du déclin des États-Unis et ses efforts pour provoquer une nouvelle guerre froide peuvent être considérés comme un certain chant du cygne, comme faisant partie de l’ultime tentative d’un Empire déclinant pour conserver son statut de superpuissance prééminente et d’empêcher ainsi la communauté internationale de le considérer comme rien.

    Relevons que lors de la guerre froide des années 1960 et 1970, les conflits les plus intenses se sont déroulés en Asie et en Afrique

    Au cours de la dernière décennie, les États-Unis ont construit tout un réseau de bases sur le continent africain. En 2007, utilisant la «guerre contre la terreur» et Boko Haram comme prétexte, Washington a mis en place le Commandement Afrique des États-Unis (AFRICOM). Nous avions analysé à l’époque cela. La montée des forces islamistes en Afrique subsaharienne ont permis aux États-Unis et à son principal allié dans la région, la France avec la force Barkhane d’étendre l’influence militaire occidentale en ajoutant plus de bases. Le dernier pays africain à avoir officiellement cédé une base militaire aux États-Unis est le Ghana. Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, avait annoncé à la fin de l’année dernière que le nombre de forces spéciales américaines sur le continent africain augmenterait encore en 2018. L’Afrique sera le prochain terrain de guerre de la nouvelle guerre froide. Or, la Chine est maintenant totalement occupée pour des raisons vitales (les matières premières) sur le continent africain.

    Si jusqu’alors, l’objectif de Pékin a toujours été d’éviter les collisions géopolitiques et militaires avec l’Occident en mettant toujours l’accent sur le commerce et le développement, le fait que depuis 2009, la Chine a dépassé les États-Unis en tant que principal partenaire commercial de l’Afrique ne pourra pas la laisser sur la touche. Beaucoup d’États africains et c’est sans doute le cas de la République démocratique du Congo de Kabila , ont compris ce qui se passe e,t parfaitement lucides, sont désireux d’échapper coûte que coûte à l’embrasement stratégique américain.

    Que ce soit donc pour protéger les projets de la route de la soie ou défendre ses intérêts en Afrique, la Chine semble comprendre ces dernières semaines qu’elle devra intervenir et elle renforce actuellement toutes ses forces de défense et la formation de ses soldats. La Chine a maintenant le deuxième plus grand budget militaire du monde, certes toujours dérisoire par rapport au budget de défense gargantuesque des États-Unis. Mais on en ignore aussi beaucoup de choses d’elle et de plus elle bénéficiera de l’expertise militaire séculaire de la Russie.

    Il n’est pas du tout certain que la nouvelle guerre chaude sera encore une guerre conventionnelle. L’un de ses champs de bataille sera africain. L’autre sera-t-il Européen et de quelle Europe ?

    Michel Lhomme (Metamag, 17 avril 2018)

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  • Les snipers de la semaine... (162)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Hashtable, H16 allume Macron et son agitation guerrière destinée à masquer ses difficultés intérieures...

    Jupiter Macron, un chef de guère

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    - sur Vu du droit, Régis de Castelnau dézingue l'imposture gauchiste en mai 1968... comme en mai 2018 !

    Mai 68 : gauchisme infantile et imposteurs joufflus

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  • Feu sur la désinformation... (182)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé Grandchamp.

    Au sommaire :

    • 1 : Loi asile immigration : minage médiatique
      Loi asile immigration, depuis plusieurs mois les journalistes préparent et minent le débat politique en surmédiatisant les associations immigrationistes.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Syrie manipulation par l’image : le 12 avril Jean Pierre Pernault interviewait le président Emmanuel Macron. Le réalisateur à incrusté à plusieurs reprises et pendant de longues secondes une image des prétendus enfants victimes des armes chimiques de Bachar el Assad. Une image subliminale pour manipuler l’auditoire ?

    • 3: Macron face à Plenel et Bourdin : le plan com
      Grand oral d’Emmanuel Macron face aux pointures de la bien pensance : Edwy Plenel et Jean Jacques Bourdin. Tout à été pensé par l’Elysée, une belle opération de communication du président de la république.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      C’est la débandade pour Patrick Cohen. Il y a pile un an, la radio privée Europe 1 débauchait l’animateur de la matinale de France inter. Mais les audiences ne sont pas au rendez-vous : avec une perte de presque 450 000 auditeurs en 1 an, la station est proche de son plus bas niveau historique. Le censeur des « cerveaux malades » est désormais sur la sellette et dans le viseur du propriétaire d’Europe 1 Arnaud Lagardère.
    • 5 : Portrait piquant de BHL, Botul s’en va-t’en guerre
      Philosophe, écrivain, Bernard-HenryLévy parle dans tous les médias. Il y prône la paix, mais provoque des guerres.

     

                                       

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