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  • La trahison des élites...

    Les éditions de Paris - Max Chaleil viennent de publier La trahison des élites - Banquiers contre politiques , un court essai de Donato Pelayo.

     

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    " La crise est devenue le terme dominant des médias. Or, elle n'est que la répétition, quatre-vingts ans après, de celle de 1929, dans une configuration géopolitique différente. La mondialisation des échanges a progressivement éradiqué l'affrontement entre le monde libéral et communiste, accouchant de synthèses inattendues : ainsi la Chine, qui a produit un bourgeon né du greffon du libéralisme le plus sauvage sur le porte-greffe du communisme le plus conservateur, est désormais l'archétype des sociétés futures. Les politiques qui tiennent des discours, en apparence contradictoires, ont en réalité un comportement identique. Les idéologies sont fatiguées. Et, dans les interstices de leur dépérissement, a émergé le pouvoir bancaire. Il a investi le pouvoir politique, glissant peu à peu d'un rôle de conseil vers un rôle décisionnel. Désormais, les banquiers dominent le monde et ses centres névralgiques. Eux et leurs épigones régentent les cabinets ministériels, règlent les enjeux et indiquent le cap à suivre. La machinerie politico-bancaire américaine est mue par la noria des managers qui opèrent des va-et-vient entre leurs entreprises d'origine et les cercles du pouvoir. Ces mêmes managers ont réussi, en un demi-siècle, à gommer les spécificités des démocraties européennes et des Etats-Unis. Aujourd'hui, la rentabilité à court terme des capitaux investis rogne les conquêtes sociales. Et les hommes politiques, de droite comme de gauche, s'agitent sur le devant de la scène, tels des pantins impuissants. Les démocraties ne pourront se reconstituer qu'en muselant les banques au niveau planétaire. "

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  • « Politique de la ville » : la spirale criminelle...

    Nous reproduisons ci-dessous les deux parties d'un article de Xavier Raufer, cueilli dans Le Nouvel Economiste et consacré à l'échec de la « politique de la ville » menée depuis 40 ans...

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    « Politique de la ville » : la spirale criminelle

    Toujours plus, le cancer aimablement nommé “politique de la ville” ronge la vie politique française, d’abord au niveau municipal, mais aussi désormais, à ceux du département et de la région.
    Houla ! “cancer”… “crime organisé”… Serait-on ici dans la polémique, dans l’outrance ? Nullement – il suffit de lire Le Monde de ce 12 juin pour réaliser la virulence criminelle et criminogène d’une “politique de la ville” corrompant notre pays depuis trois décennies.

    Nous voici à la cour d’appel de Marseille, où l’on juge une élue au conseil régional pour détournements de fonds publics. Citons Le Monde : “Entre 2005 et 2008, un total de 716 000 euros a ainsi été ‘flambé’ par les deux principaux bénéficiaires de la fraude”, notamment “un caïd plusieurs fois condamné”. Mme Zerbib, la présidente de la cour, s’indigne – lisons-la bien : “C’est quoi la politique de la ville ? C’est des charrettes de billets qu’on déverse dans les quartiers et on se sert ?”

    Médiapart – de gauche, lui aussi – parle, ce 7 juin, de “procès de voyous”. Il nous présente “le relais de Mme Andrieux, son fer de lance dans la campagne de 2007”, Abrerrazak Z, “condamné à quatre ans de prison dans un dossier de trafic international de cannabis”. Un nervi multicarte ayant tout compris de la politique de la ville, car à la fois membre de l’UMP et du PS. Ce chef d’une bande de voyous “connus de la justice pour violences volontaires, tentatives de meurtres, séquestration ou escroquerie” (Libération, 11/03/2013) “assurait la sécurité des élections” – et comment. L’un de ses sbires, Boumediène B., menace ainsi un récalcitrant au racket politico-criminel : “Tu veux faire le mariolle, je vais m’occuper de ton cas, tu vas morfler.”

    Après chaque homicide ou presque, un élu local bêle à la télévision que “Marseille n’est pas Chicago”, mais à entendre Abderazak et Boumediène, on éprouve un sérieux doute…

    Doute encore aggravé quand la Chambre régionale des comptes de Provence – Alpes – Côte d’Azur nous apprend que le conseil général des Bouches- du-Rhône avait attribué plusieurs marchés à des sociétés (comme Alba-Sécurité) proches du truand Bernard Barresi, fiché au grand banditisme.

    Une nouveauté à Marseille, cette corruption criminelle de la politique de la ville ? Pas vraiment, car voici comment se défend M. Michel Vauzelle, président socialiste du conseil régional de Paca (Libération, 14/03/13) : “Les procédures viciées étaient déjà en place lorsqu’il est devenu président en 1998” – donc 15 ans minimum que ça dure…

    Rappelons ici que, selon la Cour des comptes et de 2000 à 2005, cette politique de la ville a coûté, tous financements confondus, Union européenne, Etat, collectivités locales, la somme pharaonique de 34 milliards d’euros. Et sans doute autant depuis.

    Mais dans les cités hors contrôle, sur les territoires la “politique de la ville”, siphonner le pactole de la “politique de la ville” est-il la seule ressource illicite ? Non : publié en décembre 2013, un rapport sur l’ “Impact des nouveaux dispositifs sur la population des cités sensibles marseillaises” dépeint les trafics de stupéfiants dans les quartiers Nord de la ville. Il constate que “les centaines de milliers d’euros de bénéfices tirés [chaque mois] du trafic [de stupéfiants] prennent probablement une part dans l’économie locale”.

    Voilà donc l’indéniable preuve que la politique de la ville, créée vers la fin de la décennie 1970 pour insérer les “quartiers chauds” dans le droit commun et y faire émerger des élites policées, a abouti à l’exact inverse : concentrer dans ces quartiers d’énormes trafics illicites, contrôlés par des gangs “tenant” par ailleurs des politiciens complices ou épouvantés.
    Cela, même les actuels politiciens socialistes ne tentent plus de le nier : le précédent ministre de la Ville, M. Lamy, veut “rompre avec trente ans d’échecs de la politique de la Ville” et l’actuelle titulaire du poste, Mme Vallaud-Belkacem, parle des politiques de naguère comme d’un “empilement de dispositifs formant un millefeuille aussi illisible que souvent incohérent”.
    Même désormais, de grands prêtres de la culture de l’excuse comme les sociologues Didier Lapeyronnie et Michel Kokoreff en viennent à dénoncer (Le Nouvel Observateur, 10/01/13) “la montée des violences des bandes en lien avec des trafics de drogue”.

    Jusqu’au Monde, impavide soutien de la “politique de la ville” trente ans durant, contraint de lâcher (7/06/13), dans un article intitulé “Cités mortelles : la mort violente frappe plus en banlieue qu’ailleurs”. Et le 7 février 2014 encore, à propos du quartier hors contrôle du Mirail, à Toulouse : “Les voyous se sont structurés en équipes de malfaiteurs… Le trafic de drogue s’est aggravé de manière quasi exponentielle ces dernières années… la présence des trafiquants pèse de plus en plus.”

    Tout cela, notons-le, prévu, décrit et publié par les criminologues sérieux depuis à peu près vingt ans.

    Avouer tardivement ne suffit cependant pas. Il faut autopsier cette “politique de la ville” car la corruption criminelle des cités et quartiers “sensibles” n’est ni récente, ni bien sûr cantonnée à la seule ville de Marseille.

    Dès 1999, un rapport de l’instance régionale (Ile-de-France) d’évaluation de la politique de la ville s’alarme de “l’apparition des vols à main armée” et de la “présence de bandes bien visibles dans les espaces collectifs privés”.

    Mais en la matière, l’omerta joue vite et ce rapport est enterré. Le lobby pro-politique de la ville fait tout aussi vite disparaître le rapport (2005) d’un “Observatoire national des faits d’insécurité dans l’habitat social”, suscité par la puissante Union sociale pour l’habitat, qui regroupe quelque 800 organismes HLM (4 millions de logements, 76 000 salariés). Occultation encore et toujours (2007) du rapport de “l’Observatoire de l’activité commerciale dans les quartiers sensibles”.

    La criminalisation des cités et quartiers ? Le pillage des commerces par des bandes organisées ? La classe politique et les médias font, pour l’essentiel, silence. Balayons la poussière sous le tapis, édulcorons tout cela sous le nom de “faits divers” – le cauchemar se dissipera bien tout seul.

    Mais ce cauchemar ne peut cesser si le diagnostic est faux et si journalistes et politiciens continuent d’occulter le fait massif qu’une ville, c’est d’abord ceux qui y vivent – ce qui est ici en cause étant la désastreuse politique d’immigration conduite un demi-siècle durant :

    - Le rapport précité sur les cités marseillaises souligne que “la majeure partie de la population a une origine du Maghreb, d’Afrique subsaharienne ou des Comores”.

    - Le Monde (26/10/09) : “Il pourrait y avoir de 100 000 à 300 000 migrants clandestins en Seine-Saint-Denis.”

    - En avril 2011, le Haut Conseil à l’intégration (conduit par un ex-président de la Licra) souligne que dans les “Zones urbaines sensibles” d’Ile-de- France, 64% de la population entre 18 et 50 ans est issue de l’immigration. Dans son rapport au Premier ministre (12/04/2011) “La France sait-elle encore intégrer ses immigrés”, le HCI ajoute par ailleurs que “la politique de la ville est née des concentrations d’immigrés jugées excessives et plus particulièrement des désordres qui leur sont associés” [nous soulignons]. Et le fort progressiste Jacques Donzelot (Quand la ville se défait, Le Seuil, 2006) renchérit : “La politique de la ville fut le nom donné à une politique d’intégration des immigrés qui n’osait pas dire son nom” : la cause est entendue.

    Or bien sûr, nier au XXIe siècle les séquelles criminelles du problème migratoire ne règle pas plus le problème qu’en 1850, le fait d’occulter les amours ancillaires (Friedrich Engels et sa femme de chambre irlandaise…) ne faisait disparaître l’exploitation de classe.

    L’essentiel étant nié, les choses s’aggravent ensuite fatalement. Si bien que les grands médias d’information, ne pouvant pas tout camoufler, mais idéologiquement tenus d’édulcorer, ont dû concevoir un rituel annuel, qui se déroule comme suit :

    - Grande séance de lamentations, d’usage en novembre quand paraissent divers rapports, tous pires les uns que les autres, sur le chômage dans les banlieues et autres drames périurbains. Que d’affreuses nouvelles ! Pire encore que l’an passé ! Les quartiers à feu et à sang ! Des bandits partout ! Le Monde est affligé, Libération, en ébullition.

    Ici, le modèle est celui des congrès du Parti communiste de l’Union soviétique, évoquant la politique agricole : c’est la phase “camarades, ne cachons pas les dysfonctionnements de la société socialiste”.

    - La messe dite, les médias tournent la page et tout continue comme avant : le budget de la politique de la ville est reconduit – voire augmenté. Les milliards coulent à flot. L’agriculture soviétique est tragiquement inefficace ? Planifions-la plus encore et tout ira bien.

    Mais survient un désastre banlieusard majeur, entraînant l’émotion populaire. La classe politique se doit alors d’agir – ou de simuler. Le stratagème est alors de “rebattre les cartes”.

    M. Lamy et 2012, Mme Vallaud-Belkacem en 2014, “rebattent les cartes”. Mais – tout joueur de belote le sait – les cartes qu’on rebat sont toujours les mêmes : en l’occurrence et à perpétuité, celles des plans Bonnemaison-Dubedout, jamais repensés depuis la décennie 1980.

    On est ici dans un gâtisme administratif chimiquement pur – pathologie mentale ainsi définie : accomplir toujours un identique geste, dans l’espoir qu’à chaque fois, il produise un effet différent.

    De là, l’incohérence gagne toute l’administration périurbaine : on apprend ainsi en juin 2014 que dans les banlieues “la carte d’implantation des agences de Pôle-Emploi est sans rapport avec celle du chômage”. Et que les emplois d’avenir (explicitement prévus pour les jeunes des ZUS) “sont pour l’instant affectés à plus de 80 % à des jeunes hors de ces zones”.

    Ce toxique mélange de militantisme paléo-gauchiste, d’incompétence grossière et de corruption grimée en moralisme peut-il perdurer ? Il ne semble pas. Car voici comment le géographe Christophe Guilluy dépeint la France des espaces périurbains, ruraux ou industriels, des villes petites ou moyennes. Là vivent les nouvelles classes populaires, employés, ouvriers, retraités – 60 % de la population, quand même. La France qui boucle ses fin de mois à 50 euros près. Les bobos des centres-villes peuvent tant et plus ériger une barrière symbolique entre eux-mêmes et les “autres” – la France périurbaine, désarmée et exposée, est absolument privée de cette capacité.

    Là est la vraie fracture française.

    Là réside le péril – et en même temps l’espoir, comme le souligne le prophétique vers de Friedrich Hölderlin (Patmos) : “Mais où est le danger, croît aussi ce qui sauve.”

    Ce vers, méditons-le.

    Xavier Raufer (Le Nouvel Economiste, 19 juin et 16 juillet 2014)

     

    Annexe : Quelques repères sur la « politique de la ville »

    • Un monstre gouvernemental

    Le ministère de la Ville est créé en 1991 sous Mitterrand ; de là à 2014, ont défilé 3 ministres en charge de la Ville, 7 ministres notamment chargés de cette politique, 6 ministres délégués, 4 secrétaires d’Etat. Parmi ceux-ci : Michel Delevoye, Bernard Tapie, Simone Veil, Eric Raoult, Xavier Emmanuelli, Claude Bartolone, Jean-Louis Borloo, Fadela Amara, etc.

    • Les étapes du désastre

    1977 – (Giscard d’Estaing) Plan “Habitat et vie sociale”
    1981-83 – (Mitterrand) Plan “Développement social des quartiers” et “plan banlieue 89”
    1991 – (Rocard) Loi d’orientation pour la ville
    1996 – (Chirac) Pacte de relance pour la ville (“Plan Marshall 1”)
    1999-2001 – (Jospin) Rénovation urbaine et solidarité
    2003 – (Borloo) Loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine
    2008 – (Sarkozy) Espoir Banlieue (“Plan Marshall 2”)
    2013 – Plan Hollande Ayrault (“absence d’objectifs chiffrés”)
    2014 – Plan Vallaud-Belkacem – pour la dixième fois, la mouche fonce sur la vitre, persuadée que, cette fois-ci, elle passera à travers…

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  • Nous les descendants d'Athéna...

    Les éditions Apopsix viennent de publier en deux tomes, Nous les descendants d'Athena, un essai d'Ivan Blot. Président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a récemment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012) et Les faux prophètes (Apopsix, 2013).

     

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    " Nous sommes tous des héritiers d'Athéna, la déesse de la sagesse grecque. Les Grecs nous ont donné la science, la médecine, la philosophie, la politique, les jeux olympiques, l'art classique et jusqu'à l'alphabet complet, avec les voyelles et consonnes. Le Christianisme lui-même s'est enraciné dans l'hellénisme et Saint Augustin a puisé dans Platon, comme Saint Thomas d'Aquin dans Aristote. Le Grec est une des deux langues de la révélation divine, selon, l'autorité vaticane et l'on peut parler d'helléno-christianisme plutôt que de judéo-christianisme, pour désigner la Civilisation issue de la rencontre de l'héritage grec et du message chrétien. Leurs valeurs qu'ils ont incarnés, liberté, patriotisme, esprit de compétition, humanisme, juste mesure, sont encore les nôtres. Mais pour combien de temps ?

    Nous sommes tous les héritiers d'Athéna mais nous sommes sur le point d'être déshérités. Les valeurs de l'humanisme classique issu des Grecs sont en voie d'effacement, avec le concours des médias et de l'appareil éducatif. L'objet de ce livre est de nous réapproprier notre héritage grec sans lequel notre Civilisation ne peut que se dissoudre. Autour des « Descendants d'Athéna », c'est l'avenir de la France, de l'Occident et même de l'humanité toute entière qui est en jeu !

    « Nous les descendants d'Athéna » est aujourd'hui un ouvrage de synthèse indispensable à qui veut connaître les origines grecques de notre civilisation et les conditions pour que celle-ci résiste à la menace de déshumanisation barbare qui pèse sur le monde aujourd'hui."

     

     

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  • L'égalitarisme contre l'égalité...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Brighelli, cueilli sur le site du Point et consacré à la suppression des bourses attribuées aux élèves méritants...

     

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    Suppression des bourses au mérite : le raisonnement de Gribouille

    Les mauvais coups se portent pendant l'été, c'est bien connu. Cette fois, Geneviève Fioraso, qui a besoin d'argent pour des missions nobles, n'en doutons pas, a décidé de mettre les étudiants méritants au régime sec, en supprimant d'un trait de plume les "bourses au mérite" qui leur permettaient d'entrer avec un peu plus de confiance dans le supérieur.

    J'avais déjà évoqué ici les aberrations du système des bourses, qui laisse à l'écart les enfants des classes moyennes. "Multiplions les bourses au mérite !" écrivais-je... Le gouvernement m'a entendu : il les supprime.

    L'idée tripotait le ministère depuis longtemps. L'année dernière déjà, une première tentative de suppression des bourses avait été reportée (courageusement) d'un an. Cette fois, nous y sommes.

    Les mots proscrits

    J'avais dans un blog parallèle analysé l'exécration gouvernementale, peillonesque et fiorasonique pour certains mots - "conservatisme" ou "élitisme". "En répugnant ainsi à l'élitisme, écrivais-je, Vincent Peillon s'engage sur une voie dangereuse - mais malheureusement conforme à la réalité, surtout celle de son ministère." J'avais oublié "mérite" ! Dis-moi quels mots tu t'interdis, je te dirai qui tu es - et ce que tu vaux.

    Raisonnement de gribouilles : en supprimant ces 1 800 euros par an pendant trois ans, attribués normalement aux boursiers ayant obtenu une mention très bien au bac (est-ce l'inflation de ces mentions qui a poussé le ministère à en gommer le bénéfice ?), le ministère prétend redistribuer les sommes ainsi dégagées aux seuls boursiers "sociaux". Saupoudrage et éparpillement sont en bateau, "mérite" est tombé à l'eau.

    Ces gens-là réalisent-ils qu'en répugnant au mérite, ils envoient un signal terrible aux futurs étudiants ? Inutile de vous décarcasser : la situation fiscale de vos parents suffit à vous promouvoir ou à vous anéantir. Les "fils et filles de" s'en sortiront toujours. Quant aux autres...

    Les grands perdants

    Encore une fois, quand on analyse les conditions nécessaires pour bénéficier d'une bourse, on réalise immédiatement que les grands perdants sont ces classes petitement moyennes (et en temps de crise, ce sont toujours les classes moyennes qui glissent prioritairement vers le moyen moins).

    1 800 euros (Byzance !), cela permettait à des étudiants de payer une partie au moins de leur studio et des bouquins indispensables. Parce que si l'on réfléchit deux secondes, la redistribution (dont on ne nous dit pas sur quelle base elle sera calculée...) permettra à chaque boursier de recevoir quelques euros de plus.

    Les comptables du ministère avaient déjà tenté le coup en décembre dernier en proposant de sucrer 20 % aux salaires des profs de prépas pour les redistribuer aux profs de ZEP - à raison de 8 euros par personne. Byzance again !

    Égalitarisme contre égalité

    Le même raisonnement avait conduit par le passé certains syndicats à demander instamment l'annulation des cours spéciaux donnés dans certains lycées, en terminale, aux élèves désireux de passer le concours de Sciences Po, afin de redistribuer les crédits ainsi dégagés (quelques milliers d'euros, quand on y pense) à l'ensemble de la "communauté éducative, au nom de l'égalitarisme... Là aussi, l'Unsa ou le Snes - c'était eux ! - préféraient localement un saupoudrage inefficace au sauvetage de quelques étudiants résolus.

    Je vais faire une suggestion à ce gouvernement de grippe-sous et de médiocres.

    Il existe dans mon lycée (et dans une vingtaine de lycées en France) deux classes de "prépa à la prépa", l'une préparant à Sciences Po (et accessoirement à une bonne école de commerce marseillaise, la Kedge Business School), l'autre aux prépas scientifiques (sur le modèle de ce qui s'est fait initialement à Henri-IV. Une poignée d'élèves méritants (ils sont sélectionnés sur dossier), issus des lycées ZEP de la ville, tous boursiers (ce sont les conditions initiales), appartenant pour la plupart à cette "diversité" que la majorité actuelle aime tant caresser dans le sens du poil, bosse sérieusement un an durant pour rattraper le niveau qui aurait dû être le leur en fin de terminale dans un lycée décent - j'entends un lycée où les préoccupations pédagogiques l'auraient emporté sur le maintien brinquebalant de la discipline.

    De ces élèves, nous sauvons entre la moitié et les deux tiers - soit, en moyenne, une grosse vingtaine de braves gosses par an : cette année, dans la prépa à Sciences Po du lycée Thiers où j'enseigne, dix sont entrés dans des IEP, et huit autres à la Kedge Business School. Sans compter que les six derniers sont enfin armés pour faire des études supérieures (en droit, en histoire, en économie) avec des chances raisonnables d'échapper au couperet de la licence (50 % d'échecs en L1, faut-il le rappeler ?).

    Je suggère donc à Mme Fioraso et à ses conseillers de supprimer ces dispositifs, afin de redistribuer les fonds ainsi regagnés à l'ensemble des étudiants du supérieur (là, on sera dans l'infinitésimal) au nom de l'égalitarisme. Et de renvoyer ces étudiants sauvés, arrachés à leur propre milieu, à leur misère intellectuelle et sociale. Au nom de l'égalitarisme.

    Or, l'égalitarisme n'est pas l'égalité - mais comment le faire comprendre aux têtes creuses de la rue Descartes ? L'égalité consiste à donner à chacun une chance d'aller au plus haut de ses capacités : pour cela, il faudrait reprendre les programmes et la pédagogie à la base, sans se soucier des jérémiades des uns et des autres, parce que ce sont les enfants qui sont prioritaires. L'égalitarisme consiste à égaliser la misère, à étêter les talents, parce que dans la démocratie telle que la conçoivent les têtes creuses du ministère, seule la médiocrité - la leur ! - est admissible.

    Démocratie versus République

    "Démocratie" est un beau nom, mais c'est surtout, désormais, un joli prétexte. Prétexte à supprimer tout ce qui est susceptible de laisser quelques-uns émerger. L'égalitarisme leur enfoncera définitivement la tête sous l'eau. Et vous voudriez que je fasse confiance à des potentats locaux, pas plus doués que les troupes de Fioraso et Hamon, pour mener une politique qui fasse enfin une place au mérite ? "Démocratie" tend à devenir l'antithèse de "République", parce qu'une vraie république tend à promouvoir une aristocratie, et à la remettre sans cesse en cause. Leur démocratie installe des minables, et les perpétue.

    Il faut des décisions nationales cohérentes, prises par un ministre capable - pas par la clique (de droite et de gauche, si vous avez lu les programmes des uns et des autres que j'ai patiemment décryptés pour vous, ici, ici et ) des politiciens qui persistent à s'agiter là-haut. J'attends Richelieu, j'attends Clemenceau, j'attends de Gaulle. Impossible, dites-vous ? Ma foi, nous les avons déjà eus une fois. Alors, pourquoi pas deux ? Nous avons besoin de chefs, pas de pitres.

    Jean-Paul Brighelli (Le Point, 25 juillet 2014)

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  • A propos du nouveau capitalisme criminel...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous l'enregistrement de l'émission du 26 juin 2014 des Chroniques de la Vieille Europe, diffusée sur Radio Courtoisie. Patrick Péhèle évoque avec Pascal Eysseric, le rédacteur en chef d'Eléments, et François Bousquet, journaliste à Spectacle du monde, le livre de Jean-François Gayraud, Le nouveau capitalisme criminel.

     

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  • Dominique Venner - Une pensée, une œuvre, un destin... (5)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le deuxième volet d'un long entretien avec Dominique Venner, réalisé par Philippe Conrad, Philippe Milliau et Jean-Yves Le Gallou entre le 27 et le 28 février 2013.

    Dans cette partie, Dominique Venner évoque avec Philippe Conrad sa passion pour les armes, sa rupture avec la politique politicienne, sa volonté de ne pas interférer avec la création de la Nouvelle droite, mais aussi la création de la collection Corps d'élite, sa dette à l'égard de Benoist-Méchin, etc...

     

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