Vous pouvez regarder ci-dessous un entretien avec Vincent Coussedière, réalisé par Jean Robin pour son site Enquête&Débat. Vincent Coussedière, professeur de philosophie, est l'auteur d'un essai intitulé Eloge du populisme. Des idées intéressantes, mais bien entendues discutables sur certains points...
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74 % des journalistes votent à gauche !...
Nous vous signalons la parution du nouveau numéro de Médias (n°33, été 202), l'excellente revue trimestrielle consacrée aux pratiques journalistiques, à laquelle collaborent notamment Robert Ménard et Emmanuelle Duverger.
On trouvera dans ce numéro un grand entretien avec Alain de Benoist, à l'occasion de la sortie de Mémoire vive (de Fallois, 2012), mais aussi des entretiens avec Reynald Secher, François L'Yvonnet ou Elisabeth Lévy, ainsi qu'une analyse d'un sondage réalisé sur les opinions politiques des journalistes...
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Le protectionnisme gagne du terrain !...
Nous reproduisons ci-dessous un article du journaliste Régis Soubrouillard, cueilli sur le site de Marianne et consacré à ce protectionnisme que l'Union Européenne sera bientôt la seule à ne pas pratiquer...
Etats-Unis, pays émergents, le protectionnisme gagne du terrain
Présenté comme un génie malfaisant plus rarement comme un sujet de débat, longtemps le protectionnisme fut considéré comme un tabou en ces temps pas si lointains où les prêcheurs de la mondialisation bienfaitrice prônaient l’ouverture des marchés à tous vents. Au-delà des discours, déjà la levée des barrières était une pure imposture diffusée par les apologistes du libre-échangisme. L’Amérique et la Chine n’avaient de loin pas attendus la crise des subprimes et ses conséquences pour disposer des barrières freinant la pénétration de leurs marchés respectifs.
Trente ans après l'ouverture de la Chine aux investissements étrangers, les compagnies internationales se plaignent toujours de lois coûteuses, de règles avantageant leurs homologues locaux, un nationalisme croissant, et le souci de favoriser « l’innovation indigène ».
Face au libre échange, les Etats-Unis ont également développé une attitude ambivalente en multipliant les aides aux secteurs en difficultés depuis 2009. Sans compter le fameux Buy American Act mis en place par Franklin Roosevelt, lors de la Grande Dépression de 1933 pour soutenir la production nationale qui impose au gouvernement fédéral l’achat de biens manufacturiers produits aux Etats Unis.
Et la vague protectionniste ne faiblit pas. Dans un rapport publié le 6 juin, l’Union tire la sonnette d’alarme, face au constat d’une « montée considérable du protectionnisme à l’échelle mondiale qui s’est traduite par l’introduction de 123 nouvelles restrictions des échanges au cours des huit derniers mois, soit une hausse légèrement supérieure à 25 % ».
Toujours aussi confiante en l’efficacité de ses recettes ô combien éprouvées, l’Union européenne, en appelle urgemment à une trêve des mesures protectionnismes: « Les membres du G20 doivent consentir davantage d’efforts pour prévenir l’introduction de nouveaux obstacles au commerce et pour modifier les mesures de protection adoptées depuis le début de la crise ». Faute de quoi la main invisible finirait par en avoir la tremblote.Les mauvais élèves de la classe libre-échangiste
Les pays émergents, fortement impactés par la crise, apparaissent comme les plus séduits par ces dispositifs protectionnistes. Et de donner quelques exemples –à ne pas suivre- des mauvais élèves de la classe internationale :
- l’Argentine a récemment étendu l’application de nouvelles procédures administratives astreignantes de pré-enregistrement à toutes les importations de marchandises.
- l’Inde, importante productrice de coton, a institué une interdiction d’exportation concernant le coton brut.
- la Russie mérite une attention particulière, car elle est l’un des pays qui recourt le plus fréquemment à des mesures restrictives susceptibles d’être non conformes à ses obligations de futur membre de l’OMC. Le pays prépare actuellement une législation prévoyant des préférences pour les véhicules de fabrication nationale dans le cadre des marchés publics.
La commission pointe également du doigt « les pays du G20 qui ne respectent pas suffisamment leur engagement concernant la suppression des mesures en vigueur. Entre septembre 2011 et le 1er mai 2012, le démantèlement des mesures s’est ralenti: seules 13 mesures ont été abrogées, contre 40 entre octobre 2010 et septembre 2011. Dans l’ensemble, environ 17 % des mesures seulement (soit 89 mesures) ont été levées jusqu’à présent ou ont expiré depuis octobre 2008 ».
Pas sûr que le message ait été entendu par les Etats-Unis qui quelques jours après avoir annoncé des taxes de 31 à 250 % sur les panneaux solaires importés de Chine, en décrétaient de nouvelles, visant cette fois les éoliennes chinoises.Un protectionnisme éducateur
Sans aller jusqu’aux excès de la guerre commerciale que se livrent les deux géants chinois et américains, l’Union européenne pourrait se pencher sur les travaux de l’économiste allemand –un gage de sérieux…- Friedrich List à l’origine de la notion de « protectionnisme éducateur », qui inspira l’union douanière allemande allemande au 19ème siècle.
Rien à voir avec un quelconque repli frileux et permanent mais un protectionnisme stratégique, outil efficace d’intégration politique autant que de développement économique « mis au service d’un programme de développement original et ambitieux » comme le signale Danièle Blondel, économiste, professeur Emérite à Paris Dauphine. « Friedrich List le justifie en observant que de jeunes activités nationales ne peuvent se développer mondialement si leur marché est déjà occupé par des entreprises de pays étrangers ».
« Alors qu’au début du 19ème siècle la future Allemagne était constituée, outre la Prusse d’une poussière de petits états souvent économiquement arriérés, le protectionnisme s’avéra un moyen efficace d’intégration politique autant que de développement économique ». Et l’Allemagne devint un challenger redoutable de la France et de la Grande Bretagne.
Un protectionnisme éducateur et intelligent. Un plan B ?Régis Soubrouillard (Marianne, 8 juin 2012)
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Limonov par Limonov...
Les éditions de L'Express viennent de publier Limonov par Edouard Limonov - Conversations avec Axel Gyldén. Un livre d'entretien dans lequel l'ex-chef du parti national-bolchévique russe se lâche...
Vous avez sans doute découvert le personnage romanesque du Limonov d'Emmanuel Carrère. Lisez maintenant la version des faits selon Edouard Limonov lui-même. Axel Gyldén, grand reporter à L'Express et spécialiste de la Russie nous offre dans cet ouvrage, une rencontre fascinante avec ce "Barry Lindon" soviétique punk, brillant, sulfureux, fasciné par les armes, la guerre, les femmes et la littérature.
Edouard Limonov revient sur son enfance et son adolescence à Kharkov, raconte comment il bascule d'élève modèle en jeune voyou, mais aussi comment il a rencontré à Moscou le (futur) terroriste international Carlos, comment le KGB tente de l'enrôler comme agent, comment il se retrouve à Rome en plein attentat des Brigades rouges, sa rencontre avec Dali ou Warholà New York. Dans cet entretien très vivant l'intellectuel russe s'exprime sans détour sur sa position pendant la guerre de Yougoslavie, sur le milieu littéraire français "bourgeois et ennuyeux" et sur son combat sans relâche contre Vladimir Poutine, "un dictateur qui règne par le mensonge total".
Cet ouvrage ravira aussi bien chez les amateurs du livre d'Emmanuel Carrère que chez tous ceux qui cherchent àcomprendre la Russie d'aujourd'hui.
Un florilège de "cocktails Molotov verbaux" :
"L'âme russe c'est moi ! Un mec qui prend des risques sans réfléchir aux conséquences. Le Russe se jette dans des situations où l'Européen n'irait pas. Il ne faut pas trop réfléchir. Ou alors, plus tard. Faute de quoi, on reste le cul sur sa chaise, incapable de construire son histoire. Il faut vivre tant que l'on est vivant.""La plupart des Goncourt disparaissent aussitôt qu'on a tiré la chasse d'eau."
"Avec tout ce fric, je peux faire la révolution en Russie demain matin."
"Le tourisme est une occupation artificielle (...) J'étais ravi quand j'ai appris que les requins avaient dévoré des touristes allemands en Egypte !"
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L'infamie queer dénoncée par une femme ...
Le livre de Nancy Houston, Reflets dans l'oeil d'un homme (Acte Sud, 2012), a suscité un commentaire enthousiaste de Pierre Cormary sur Causeur, que nous reproduisons ci-dessous. A lire...
L'infamie queer dénoncée par une femme
Personne ne dit encore, quand un enfant vient de naître : « c’est un enfant ! ». Non, grâce à Dieu, tout le monde, même dans la famille de Judith Butler, dit : « c’est un garçon » ou : « c’est une fille ». Tout le monde, même l’oncle transsexuel ou la belle-sœur féministe, commence par désigner le sexe, c’est-à-dire ce qui va constituer le destin de l’individu. C’est que la distinction sexuelle est le trait fondamental, pour ne pas dire fondateur, de l’humanité. On peut avoir la manie trop humaine de l’interprétation et croire que tout est social, il n’empêche que devant la vie, la mort et la sexualité (on pourrait rajouter l’art), nous réagissons d’abord comme des êtres vivants – c’est-à-dire comme des créatures de Dieu (que nous y croyons ou pas) qui constatent qu’entre un pénis et un utérus la différence est physique, donc métaphysique. Un peu comme le végétarisme et autres aberrations socioculturelles, les conneries queer arriveront bien après.
Et ce sont celles-ci que Nancy Huston, dans Reflets dans un œil d’homme(qui aurait tout aussi bien pu s’appeler « Traité élémentaire d’humanité »), un livre qui n’a pas encore été dénoncé par la Halde ou Act Up, a décidé de fouetter. A l’heure où l’enseignement du négationnisme des sexes qu’on appelle la « théorie du genre » fait son apparition en classe de 1ère, il n’est pas inutile de rappeler que la vie est hétérosexuelle par nature, que le social est toujours une émanation du naturel et que la séduction a toujours été et sera toujours une question de reproduction – et cela, quel que soit l’anathème que suscite ce constat chez les Occidentaux depuis un demi-siècle. Oui, même quand on a le goût de la partouze ou de la sodomie, ou qu’on se rend à une soirée des préservatifs plein les poches, on pense encore à engendrer. « Les hommes qui fréquentent des boîtes de nuit avec lap dancers, ces jeunes danseuses quasi nues qui viennent se trémousser sur leurs genoux, seraient étonnés d’apprendre qu’ils donnent dix fois plus de pourboire aux filles en période ovulatoire. » La fécondité, élément essentiel du sex-appeal. Même s’ils ne veulent pas d’enfants, hommes et femmes sont naturellement plus attirés par ceux et celles qui peuvent en avoir que par ceux et celles qui ne le peuvent pas – et c’est pourquoi la vasectomie, cette opération pourtant si efficace et si égalitaire qui permet aux hommes de faire l’amour sans risque d’enfanter, est fort peu prisée par les un(e)s et les autres. L’infertilité casse le fantasme. Même Don Juan a besoin de savoir que son sperme est porteur de vie. Mince, alors !
Et si les hommes s’habillent sobrement, ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas en compétition sur le plan vestimentaire comme les femmes le sont entre elles, mais parce que… les femmes valorisent cette sobriété ! Le costard cravate, ça fait sérieux, protecteur, paternel. Ca fait époux (ou gendre) idéal. Au contraire, un homme qui s’habille de manière trop voyante fera volage ou tapette et de fait sera beaucoup moins excitant pour le vouloir vivre féminin. En vérité, le veston bleu terne a sur ces dames un effet aphrodisiaque.
Ce qu’ont oublié les individus est que l’espèce est la première pulsion de l’individu. S’il y a identité des sexes ce n’est pas, comme le pensent les égalitaristes sociopathes, dans le droit, pour chaque sexe, de se définir ou de se nier comme il l’entend, mais bien dans le désir de se reproduire à tout prix – que celui-ci prenne le mode masculin de « la baise » ou féminin de « l’amour ». Nul n’échappe au vouloir-vivre même s’il fait le choix de s’opposer à ce dernier parce qu’il a mal vécu, à cause d’une mère abusive ou d’un père absent (ou le contraire, ou les deux), ses premiers pas dans la vie. « Au sortir d’une enfance vécue sous l’autorité d’une femme, l’homme regarde le corps féminin avec ambivalence, en le désirant et en le redoutant, en le jalousant et en le détestant ». De toute façon, « l’ambivalence fait l’humanité, fait l’art ». L’ambivalence, c’est-à-dire la blessure, la coupure ontologique, le fait que ce cela soit la femme qui donne la vie et a par conséquent le souci du dedans – et non pas l’homme qui se contente de décharger et a plutôt le besoin du dehors. Dès lors, certains auront le désir d’exprimer cette blessure (art), de la reconnaître comme première réalité ontologique (religion), ou de la corriger (droit), sinon de la supprimer (théorie du genre).
Tout commence avec les Stoïciens et les Chrétiens qui inventent chacun à leur manière la notion de « l’individu », ce que Nancy Huston appelle plaisamment « le malin ». Le malin individu qui s’arrache à la nature et affirme sa souveraineté. Mais qui dit « individu » dit « égalité », qui dit « souveraineté » dit « ipséité ». D’abord réservée à une élite, l’individualité devient au fil des siècles l’affaire de tous puis de… toutes. « C’est parce que les humains sont devenus affamés d’égalité qu’éclatent, à l’âge moderne, de graves conflits entre les sexes. » De plus, il ne s’agit plus de se définir par et dans l’altérité comme dans la pensée classique mais bien par et dans l’ipséité : Dieu est mort depuis longtemps et les données biologiques ne sont plus. C’est moi et seulement moi qui choisis à tout moment ce que je suis quels que soient mon sexe, mon âge et mon poids. Je peux être une jolie fille de 25 ans même si je suis biologiquement un gros lard de 52 – et ne me dites pas que c’est un fantasme sinon je vous fais un procès ! Mon désir, c’est mon réel.
Le queer ou la gauche sexuelle contre le réel. En fait, des libertins libertaires qui se révèlent bien pires que les moines et les bonnes sœurs d’antan dans leur révisionnisme génétique, leur négation du substrat biologique, leur refus mortifère de l’engendrement. Tant pis pour eux. Comme le dit Huston, « ils peuvent s’amuser comme ils veulent, que ce soit par l’abstinence ou le fist-fucking ; l’espèce s’en moque car ceux qui la narguent disparaissent sans laisser de trace. » Alors que les hommes et les femmes qui savent que les hommes et les femmes ne sont ni identiques ni symétriques restent et transmettent.
Evidemment, pas question pour celle qui disait un jour qu’elle regrettait moins son féminisme que son gauchisme, de nier la condition toujours problématique des femmes. Que ces dernières soient aliénées aux talibans ou à « la burqa de chair » et au « harem de la taille 38 » de l’Occident, elles apparaissent toujours dépendantes du regard érotique et génétique qu’ont les hommes, puis elles-mêmes, sur elles – et l’on pourra lire ces magnifiques Reflets comme une biographie symbolique de toutes les femmes, à commencer par celle de l’auteur- sans e lui-même. Chronique de la petite fille qui apprend très tôt à se dédoubler, à se voir faire les choses, à se voir être vue, à se définir comme image. Chronique de l’adolescente qui se demande si on l’aime pour elle ou pour son corps – reprenant à son insu et tout naturellement la vieille dualité corps / esprit que l’on avait cru abolir depuis des lustres. Chronique du narcissisme féminin si moqué alors que celui-ci relève toujours d’une politique du désespoir. On se mire pour ne pas se suicider. On se rend au bal tout en pensant au viol et à la grossesse qui menacent perpétuellement – et font qu’il n’y a pas et qu’il ne peut y avoir d’égalité entre les sexes. C’est l’erreur des idéologues de croire que les lois remplacent le réel alors qu’elles ne font que le prévenir et qu’il n’y a jamais de risque zéro. Le devoir-être ne saurait être confondu avec l’être.
C’est là que le queer apparaît comme ce que l’on a pensé de plus irresponsable et de plus méprisant pour les femmes. « Si l’on décrète l’indifférence des sexes, comment faire pour penser ces plaies, sans même parler de les panser ? » Comme toutes les théories totalitaires, la théorie du genre pense moins à protéger les êtres humains d’eux-mêmes qu’à les transformer. Pour les « genristes » en effet : pas de genre = pas de trouble = pas de viol = pas besoin de protéger les femmes (« vas-y ma chérie, balade-toi toute seule sur la 42 ème Rue à trois heures du matin, et, si jamais quelqu’un essaie de t’embêter, dis-lui que tu as choisi d’être un homme »). Sous prétexte que les nazis avaient décrété le tout nature, les contemporains ont fui dans le tout culture, ne se rendant pas compte qu’en procédant ainsi ils aboutissaient à un déni d’humanité. C’est comme si l’on décrétait que le feu ne brûle ou que l’eau ne mouille que si l’on veut qu’il brûle ou qu’elle mouille mais qu’ils peuvent faire bien autre chose. Le queer comme ce qui a déclaré la guerre à l’élémentaire – et au bon sens. Le queer comme ce qui rejette Darwin (comme le créationnisme, tiens !) en refusant absolument de placer l’humain dans la continuité biologique, donc sexuée, de l’animal. Le queer comme ce qui ne croit qu’à la seule volonté humaine anti-anatomique. Le queer comme ce qui veut abolir le sexe au nom de la plasticité humaine. Le queer comme ce qui a fait du sexe le premier tabou de la postmodernité.
Le pire est que la France vient officiellement d’adopter ce nouveau tabou. Au contraire des Américains qui n’ont jamais permis que le créationnisme ou que l’ « intelligent design » (l’idée qu’une entité supérieure, extra-terrestre ou divine, ait présidé à l’élaboration des espèces et ait privilégié la nôtre) soit enseigné dans leurs écoles, les Français ont permis depuis l’an dernier que la théorie du genre le soit dans les leurs. Et c’est pourquoi un lycéen peut désormais lire dans son manuel de SVT des Editions Hachette que si « Le sexe biologique nous identifie mâle et femelle, ce n’est pas pour autant que nous nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin. » L’unisexe a remplacé l’uniforme. Hélas, les hormones, comme les faits, sont têtues.
Le paradoxe, et au fond la meilleure contradiction à cette idéologie qui n’est rien d’autre qu’un puritanisme underground, est qu’homosexuels, transsexuels et autres transhumains baroques affirment pleinement l’ancienne, l’horrible, la judéo-chrétienne distinction sexuelle – chacun ou chacune faisant parfaitement la différence entre ce qui les attire ou non. Si une lesbienne ne veut pas de mec dans son lit ou si un homme veut s’habiller en femme, c’est bien que l’un et l’autre se sentent contrariés dans leur sexe originel et destinal et parce que l’un n’est justement pas l’autre. « De même, si l’on subit une intervention chirurgicale pour changer de sexe, c’est forcément parce qu’on trouve que ce n’est pas kif-kif ». L’individu qui désire son sexe ou qui veut devenir l’autre sexe est encore plus obsédé par la distinction sexuelle que celui qui s’en tient au sien et est attiré par l’autre. Comme l’affirmait de toute éternité la pensée classique, c’est l’identité qui provoque la différence, c’est la singularité qui entérine la norme. La distinction est tragique mais l’indistinction est néant. Et c’est au néant que conduit la théorie queer, cette trisomie appliquée à la sexualité. Et pour l’avoir dit de manière si lumineuse, on vous rend grâce, Nancy Huston.
Pierre Cormary (Causeur, 10 juin 2012)
Nancy Huston, Reflets dans un œil d’homme, Actes sud, mai 2012.
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Reflets dans un oeil d'homme...
Les éditions Actes Sud viennent de publier Reflets dans un oeil d'homme, un essai personnel de l'écrivain franco-canadien Nancy Huston. Cet ouvrage, qui s'attaque vigoureusement à la théorie du genre a déjà déclenché une violente polémique dans la presse de gauche (un ouvrage "qui ne peut que susciter la consternation", d'après Eric Aeschimann sur le site du Nouvel Observateur)...
"Un dogme ressassé à l'envi clans la France contemporaine : toutes les différences entre les sexes sont socialement construites. Pourtant les humains sont programmés pour se reproduire comme tous les autres mammifères, drague et coquetterie étaient originellement liées à la perpétuation de l'espèce. Partant de ce constat simple mais devenu anathème, Nancy Huston explore les tensions contradictoires introduites
dans la sexualité en Occident par deux phénomènes modernes : la photographie et le féminisme. Dans ce livre sensible et vibrant d'actualité, puissant et brillamment dérangeant, sur un ton personnel, drôle et pourtant informé, évoquant sans détours sa propre expérience comme celle des hommes qui l'entourent, Nancy Huston parvient à nous démontrer l'étrangeté de notre propre société, qui nie tranquillement la différence des sexes tout en l'exacerbant à travers les industries de la beauté et de la pornographie."