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  • S'opposer au multiculturalisme va-t-il devenir illégal ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Figarovox et consacré à l'interdiction progressive de toute contestation du "modèle" multiculturel...

     

     

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    Multiculturalisme : quand s'y opposer deviendra illégal

    Au mois de juin dernier, le gouvernement du Québec, dirigé par le Parti libéral de Philippe Couillard (fédéraliste) présentait le projet de loi 59 (PL 59), visant officiellement à lutter contre les «discours haineux». On l'aura compris, il s'agissait, plus particulièrement, de lutter contre «l'islamophobie», qui contaminerait apparemment de grands pans de l'opinion publique. Le projet de loi est ces jours-ci examiné en commission parlementaire et suscite une inquiétude de plus en plus marquée, surtout, on s'en doute, chez ceux qui refusent l'aplaventrisme devant l'idéologie multiculturaliste. Ses partisans, quant à eux, brandissent l'étendard d'une société vraiment inclusive.

    Pour l'essentiel, le PL 59 accorderait aux individus le droit de porter plainte non plus seulement en leur nom propre, s'ils se sentent diffamés, mais au nom d'une communauté qu'ils croiraient victime de propos haineux, sans qu'on ne sache comment définir les propos en question. La Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ), qui est un peu l'équivalent québécois de la défunte HALDE, serait alors responsable d'enquêter pour identifier les contrevenants. Elle pourrait non seulement punir ceux qui s'en rendraient coupables en en leur distribuant des amendes salées, mais établir un registre public des délinquants et censurer les publications qui accueillent un tel discours. La CDPDJ détiendra pratiquement le pouvoir de censurer les médias qui ne se soumettent pas à sa vision.

    La question est vite venue: qu'est-ce qu'un propos haineux? Et qui aura le droit de les définir? Ne risque-t-on pas de donner un pouvoir immense aux radicaux de chaque communauté qui prennent la moindre critique pour une injure? La présence en commission de l'imam Salam Elmenyawi a laissé deviner la suite des choses: il a expliqué qu'on devrait interdire de rire des religions en général et de l'islam en particulier. Samira Laouni, une autre figure reconnue de l'islamisme montréalais, a plaidé quant à elle pour qu'il ne soit plus possible de soutenir qu'une religion entre en contradiction avec les exigences de la société démocratique. Autrement dit, on ne pourra plus se questionner sur la responsabilité de l'islam dans sa difficile intégration aux sociétés occidentales. Chose certaine, ce sont de tels esprits qui s'empareront de cette loi pour faire régner la leur. On devine le sort qu'ils réserveraient à un essayiste décomplexé ou à un journal irrévérencieux: ils le traîneraient devant les tribunaux.

    Certains soutiennent que dans sa forme actuelle, le projet de loi 59 ne va pas jusque-là. Mais nous n'avons aucune raison de les croire. Chose certaine, il conduit naturellement à une société de plus en plus frileuse intellectuellement. Surtout, il illustre bien la tendance contemporaine à imposer des balises de plus en plus étroites à la liberté d'expression au nom du vivre-ensemble diversitaire. La thèse est la suivante et nous vient de la «philosophie de la reconnaissance»: pour assurer la bonne entente entre les communautés, il faut éviter de froisser leurs sensibilités, et de heurter ce qu'elles tiennent respectivement pour sacré. Il y a non plus seulement un droit fondamental à croire ce qu'on croit, mais à obliger les autres à respecter ses croyances. On voudra les blinder juridiquement. L'amour de l'autre devient obligatoire. L'esprit critique n'est plus le bienvenu.

    Le projet de loi 59 accorderait ainsi un pouvoir démesuré aux lobbies identitaires voulant définir eux-mêmes ce qu'on a le droit de dire ou non à leur sujet. En quelque sorte, ils parviendraient à inscrire dans le droit leur définition du blasphème et le récit qu'ils proposent de leur propre domination. Cette proposition, on le sait, est portée depuis longtemps par l'Organisation de la coopération islamique. Mais on s'en doute, elle pourrait aisément être récupérée par n'importe quel groupe identitaire voulant se blinder contre la critique ou simplement, contre l'humour abrasif. Le sacré des uns doit devenir celui des autres.

    Une telle proposition fait écho à la volonté souvent exprimée par la CDPDJ d'interdire l'appel public à la discrimination. Derrière ses apparences vertueuses, on paverait ainsi le chemin à un resserrement sans précédent de la liberté d'expression. On voit jusqu'où peut aller cette loi dès qu'il est question des nombreuses réformes sociétales qui prétendent chaque fois abolir une discrimination. Ceux qui s'opposeront à de telles réformes tomberont-ils sous le coup de la loi? Seront-ils accusés de collaborer à un ordre discriminatoire et de chercher à le perpétuer? À tout le moins, c'est un puissant dispositif inhibiteur qui s'installera au cœur de l'espace public.

    Derrière cela, on veut interdire la contestation politique et idéologique du multiculturalisme d'État. Le système médiatique a depuis un bon moment psychiatrisé la dissidence en contexte diversitaire en la définissant par une série de phobies qu'il faudrait refouler dans les marges de la vie publique. De la xénophobie jusqu'à l'europhobie, en passant par l'homophobie et la transphobie, le désaccord est présenté à la manière d'un dérèglement mental contradictoire avec les exigences élémentaires de la raison. Il faudrait les rééduquer. L'école, d'ailleurs, devra moins transmettre une culture marquée par l'intolérance qu'inculquer les nouvelles vertus d'ouverture. On fabriquera un nouveau peuple.

    Ceux qui ne communient pas à la révélation diversitaire étaient déjà disqualifiés moralement. On veut désormais les criminaliser, en faire des ennemis publics à combattre par tous les moyens nécessaires. Il va sans dire qu'un tel projet de loi n'a rien de spécifique au Québec. Dans toutes les sociétés occidentales, aujourd'hui, l'idéologie de la diversité entend redéfinir à sa manière les termes du débat public, en définissant ce qui est acceptable et ce qui n'est pas. Elle veut définir les limites du dicibles, et en finir avec ses contradicteurs, d'autant qu'ils sont de plus en plus nombreux.

    C'est tout un dispositif qui se déploie pour censurer les adversaires du nouveau régime multiculturaliste, qui ne tolère plus qu'on remette en question ses fondements. On ne sera pas exagérément surpris. Pour le dire avec Raymond Aron, «un régime nouveau est toujours impatient d'affermir son autorité en détruisant les fondements du régime ancien». Le multiculturalisme d'État s'impose en diabolisant la société contre laquelle il se construit. Ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette vision de l'histoire seront considérés comme des ennemis à éradiquer, comme les fantômes d'un vilain passé venant hanter notre présent émancipé. Et ceux qui lui rappellent son autoritarisme seront persécutés légalement.

    Mathieu Bock-Côté (Le Figaro, 27 août 2015)

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  • Feu sur la désinformation... (55)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : L’attentat du Thalys, le bon fils, opération de diversion médiatique.
    • 2 : Le zapping d’I-Média.

    • 3 : Exclusion de Jean-Marie le Pen, les médias demandent d’autres têtes.
    • 4 : Tweets d’I-Média.
    • 5 : Mort d’Emmanuel Ratier, hommage à un grand journaliste.
    • 6 : Le bobard de la semaine.

     

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  • Le cas de conscience, une nouvelle arme de destruction massive...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur le site du Point et consacré à l'impuissance de l'Europe face à la question stratégique de l'invasion migratoire. Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013).

     

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    Migrants, le cas de conscience comme nouvelle arme de destruction massive

    Selon l'agence Frontex, 107 500 migrants se sont présentés aux frontières de l'Union européenne en juillet, autant que durant toute l'année 2014. Depuis janvier, plus de 224 000 seraient partis à l'assaut de l'Europe (HCR), 160 000 seraient déjà arrivés sur les côtes grecques, et plus de 2 500 se seraient noyés dans ces traversées de tous les dangers. Selon Berlin, plus de 700 000 malheureux devraient d'ici la fin de l'année avoir cherché à s'établir en Allemagne, dont 40 % en provenance des Balkans (qui viennent d'être déclarés « sûrs » pour limiter l'appel d'air). 10 à 15 % seulement de ces populations sont des « réfugiés politiques », l'immense majorité des autres fuient la misère. Judicieux calcul, singulièrement en France, si l'on considère, avec la Cour des comptes, que 1 % des déboutés du droit d'asile sont effectivement reconduits à la frontière...

    Chaque jour porte son lot de nouvelles sinistres : un naufrage en Méditerranée de miséreux terrifiés, le Tunnel sous la Manche paralysé par les passages sauvages, les îles grecques prises d'assaut, la France débordée à Calais, l'Italie à Vintimille, la panique d'États membres déchirés entre empathie et indifférence. La cacophonie européenne habituelle, se rassure-t-on. Non. Cette fois, l'Europe fait face à une attaque sans précédent, au moins partiellement planifiée, qui vise la déstructuration en profondeur de nos sociétés. L'Allemagne se raidit et dénonce la réalité d'une immigration « de confort ». La Hongrie, l'Autriche, la Bulgarie, le Danemark n'entendent pas plus se laisser prendre dans la mélasse de la mauvaise conscience. Mais, sans action radicale et coordonnée, c'est l'adversaire qui triomphe, instrumentalisant notre humanisme empathique, secondé par des médias avides de sensationnalisme. Lorsqu'on voit des policiers ou des marins excédés dégonfler des canots surchargés de pauvres hères, c'est l'image de l'Europe accueillante qui succombe, c'est notre vulnérabilité qui crève l'écran. L'Europe n'est plus une forteresse protectrice de ses peuples, c'est une passoire.

    Une crise est géopolitique bien plus qu'humanitaire

    Mais cette crise est géopolitique bien plus qu'humanitaire : nous nous débattons dans le piège tendu par une organisation terroriste État islamique très organisée et surtout conséquente. Le « calife » al-Baghdadi, chef de Daesh, que nous répugnons toujours à combattre au sol, nous contentant de frappes si ciblées qu'elles ne font que galvaniser ses effectifs grandissants, n'avait-il pas annoncé dès février dernier qu'il submergerait le fragile esquif européen « de 500 000 migrants à partir de la Libye » si l'Italie se joignait à la coalition ? Les Soudanais, Érythréens, Afghans, Irakiens et Syriens, eux aussi malmenés par les bouleversements géopolitiques en cours en Afrique et au Moyen-Orient, n'ont fait que prendre en marche le train de cette macabre prophétie…

    Les dirigeants de Daesh disent ce qu'ils font et font ce qu'ils disent. L'Europe, elle, ne dit toujours pas ce qu'elle veut faire ni ne fait ce qu'elle énonce : le blocus des côtes libyennes, la destruction préventive des bateaux, etc. Souhaitons que l'accord franco-britannique sur la lutte contre les passeurs à Calais nous fasse mentir. Engluée dans la procrastination, l'Europe donne le spectacle quotidien de sa désunion et de sa pusillanimité. Elle est coupable en premier lieu envers ses propres populations. Coupable de ne pas porter le bon diagnostic sur la nature et la gravité de la menace ; de ne pas admettre que ses États sont en guerre, de s'accrocher comme à une bouée dégonflée à ses « valeurs », sans oser le seul choix salutaire : répondre à Daesh. Sur le double front de l'intransigeance migratoire, en mettant déjà en œuvre un blocus militaire sans failles de la Libye et une fermeture efficace de ses frontières, et d'une intervention militaire massive au sol (avec forces spéciales américaines et frappes françaises en Syrie), pour contrer ceux que l'on a trop longtemps soutenus : les islamistes sunnites de « l'Armée de la conquête », qui n'ont rien de modéré ou de représentatif, et veulent mettre en pièces le régime de Bachar el-Assad afin de prendre le pouvoir en Syrie. Même leurs mentors saoudiens commencent à s'en inquiéter.

    Idéalisme entêté, mâtiné de cynisme

    Évidemment, le non-dit implicite du discours de nos « responsables » est que nous sommes les fauteurs de troubles de ces territoires en guerre (Irak, Afghanistan, Syrie, Libye, Sahel…) et que nous devons recueillir les malheureux que notre aventurisme militaire et politique a jetés hors de chez eux. Partiellement vrai. La France s'est, certes, imprudemment engagée en Libye et a contribué à la déstructuration violente de cet État. Mais le chaos irakien, matrice de toute la déstabilisation régionale, ne lui est nullement imputable, et son action courageuse au Sahel, même à l'aune de ses moyens insuffisants, doit être portée à son crédit. Quant à la Syrie, notre dogmatisme à l'égard de Bachar el-Assad qui était (comme Saddam Hussein ou Kadhafi d'ailleurs) le dernier rempart d'un équilibre ethnico-religieux imparfait mais protecteur des minorités, notamment chrétiennes, est désormais clairement en porte-à-faux par rapport au réalisme américain (comme sur les dossiers russe ou iranien).

    Combien de massacres faudra-t-il encore laisser commettre, combien de morts, de chrétiens d'Orient livrés à la sauvagerie de l'ennemi, d'otages et d'attentats, avant de reconnaître que l'on s'est trompé d'ennemi une fois encore ? Espérons que le soutien unanime le 17 août du Conseil de sécurité des Nations unies à un plan « inclusif » pour des pourparlers de paix en Syrie amorce un retour au réalisme politique et stratégique, notamment du côté occidental. Notre idéalisme entêté, parfois mâtiné de cynisme, a contribué depuis quatre ans au martyre de ce pays.

    Il n'est pas trop tard. Mais il faut du courage, celui de dire la vérité et d'en assumer les conséquences. Nous sommes en guerre. Nos opinions l'ont compris. Ce sont nos politiques (et aussi certains « analystes » aussi lunaires qu'irresponsables), notamment en France, qui refusent de l'admettre et de prendre les décisions – pas longtemps impopulaires – qui s'imposent. Devant cette invasion planifiée, nous n'avons plus le choix : nous devons fermer pour quelques années au moins les frontières de l'Europe à toutes les immigrations, humanitaires et même politiques. Nous devons faire en sorte que Daesh comprenne que son entreprise a échoué, qu'il ne submergera pas nos États, n'infiltrera pas ses kamikazes ni ne sèmera la discorde dans nos communautés. Il n'y a pas trente-six façons de convaincre al-Baghdadi et ses sbires, comme d'ailleurs les réseaux de passeurs, que leur idée n'est plus rentable, ni politiquement ni financièrement. La politique européenne doit devenir une politique d'accueil exceptionnel sous conditions strictes. Non plus : « on accueille par principe tout le monde sauf… », mais « on n'accueille personne sauf… » ; strictement l'inverse de ce qui provoque actuellement l'engorgement des dispositifs d'enregistrement et d'accueil. Schengen est mort. Ce dispositif était valable pour la circulation des biens et des capitaux. Mais ces hommes, ces femmes et ces enfants déversés sur les côtes italiennes et grecques ne sont pas des biens ou des capitaux ; ce sont des armes de destruction massive d'un nouveau genre, des vecteurs, malgré eux, de déstabilisation politique et de mutation identitaire.

    Montée des populismes

    À force de nier, de renier son histoire et son identité chrétienne comme s'il s'agissait d'une maladie honteuse, l'Europe, et singulièrement la France, ont offert leurs flancs désarmés à l'offensive politique d'un islam conquérant pris en mains par des chefs déterminés et ambitieux. Notre pusillanimité les ravit. Quel cadeau inespéré que ces politiciens incapables pour la plupart de voir loin, de décider les priorités de l'action publique, ces gestionnaires qui ne dirigent rien et confondent laxisme et relativisme ! L'abstention électorale et la défiance envers le politique explosent ? Qu'à cela ne tienne ! On naturalise massivement de nouvelles catégories d'électeurs, qui voteront bientôt avec gratitude pour des pouvoirs leur assurant une survie confortable aux dépens d'une France laborieuse, d'en haut et d'en bas, écœurée par tant d'opportunisme et d'encouragement au communautarisme et à la haine sociale. Tout cela au nom d'une laïcité dévoyée et de valeurs républicaines distordues par le revanchisme social. Comment oser dès lors s'étonner de la montée d'un populisme qui fait son lit de cette pleutrerie des « partis de gouvernement » quêtant la popularité dans le renoncement ? Le ras-le-bol populaire gronde.

    Comme la France en son temps, l'Europe « ne peut accueillir toute la misère du monde ». Elle n'en a plus les moyens et de moins en moins la volonté. Riche par rapport aux parties du monde à feu et à sang, l'UE est en crise politique et identitaire profonde et en régression économique et sociale sensible par rapport à ses concurrents directs. Sans parler de son poids stratégique en recul. Elle n'est pas attaquée pour rien. Elle est le maillon faible d'un Occident qui vacille. Elle doit prendre soin de ses propres citoyens, et n'a ni emplois, ni logements, ni argent à offrir à des masses de migrants « catapultés », dans une version moderne du siège médiéval, pour modifier la composition démographique, ethnique et religieuse de nos États. Il est en fait de notre devoir moral de stopper l'accueil « de seconde zone » des migrants, indigne de nos standards de solidarité. Le paradoxe n'est qu'apparent. Un peu comme cette consigne de sécurité aérienne contre-intuitive, qui rappelle qu'en cas de dépressurisation de la cabine, il faut d'abord mettre son propre masque à oxygène avant de songer à en munir les enfants et à leur porter secours.

    C'est une décision douloureuse, un renoncement apparent à ce qui a fait l'histoire de l'Europe, et singulièrement celle de la France. Mais nous sommes en lambeaux. Notre identité nationale, le cœur même du « pacte républicain » sont mis à mal, notre société est percée de mille flèches qui ont pour noms démagogie, électoralisme, communautarisme, ultra-individualisme, surendettement public, inefficacité administrative, naïveté internationale, dogmatisme diplomatique. Ce virage sécuritaire serré n'est que la rançon soudaine d'un trop long laxisme, d'un aveuglement entêté sur les ressorts de la résilience des sociétés modernes. Nous payons l'acceptation béate, depuis 25 ans, de « l'horizontalisation » massive du monde, de l'abaissement des États, de l'explosion des réseaux sociaux – vecteurs de progrès pour les libertés mais aussi caisses de résonance  pour les idéologies les plus macabres –, de l'hyper connectivité qui produit peu de lien mais bien des connexions assassines. Nous payons dans la douleur notre renoncement à l'autorité politique, à la hiérarchie des valeurs, à la prescription assumée des comportements individuels et collectifs. La sanction des faits est redoutable. Elle devient mortelle. À quoi sert d'être « le pays des droits de l'homme » si notre population entre dans l'ère de la défiance politique radicale, du chômage de masse et du non-travail, s'appauvrit et se désespère, se voit sommée de financer à fonds perdus des chimères humanitaires alors que ses équilibres sociaux primaires sont mis en péril par ces utopies ?

    Caroline Galactéros (Le Point, 21 août 2015)

     

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  • Légalité et légitimité...

    Les Presses de l'Université de Montréal viennent de publier Légalité et légitimité, un court essai de Carl Schmitt. Une version de ce texte du grand juriste et philosophe allemand avait déjà été publié dans un recueil de textes de cet auteur intitulé Du politique, publié aux éditions Pardès dans les années 90, et devenu depuis difficilement trouvable.

     

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    " Rédigé dans l’urgence à l’été de 1932, ce petit traité accompagne l’échec de la première expérience démocratique allemande. Il jette un regard incisif sur la crise qui emporte la République de Weimar et évalue les chances de sauver le régime face aux extrémistes de droite et de gauche. Philosophie politique, commentaire juridique et raison d’État se conjuguent ici sous l’effet d’une rhétorique vigoureuse et rusée, digne des plus grands publicistes.

    Écrit dans un contexte tragique et marqué par la carrière sulfureuse de son auteur, l’ouvrage a connu des échos aussi multiples qu’inattendus dans les démocraties d’après-guerre.  La démocratie est-elle foncièrement un régime sans défense ? Doit-elle accepter l’existence de partis politiques attachés à la renverser ? Les mesures d’exception et de sécurité sont-elles justifiables au nom du salut public ? Peut-on préserver l’esprit d’une constitution et en nier la lettre ? Les questions que pose cet ouvrage résonnent encore dans d’innombrables conflits politiques. "

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  • Immigration sauvage : quand les gouvernements européens mettent en scène leur inutilité...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une excellente chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 25 août 2015 et consacrée à la crise des "migrants", qui n'a eu de cesse de s'aggraver tout au long de l'été...

     


    Migrants : "Nos gouvernements mettent en scène... par rtl-fr

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  • Un empereur de légendes !...

    Les éditions Perrin publient cette semaine un livre de Sylvain Gouguenheim intitulé Frédéric II - Un empereur de légende. Médiéviste et spécialiste de l'Allemagne, Sylvain Gouguenheim a publié une étude sur les Chevaliers teutoniques et est également l'auteur de Aristote au Mont Saint-Michel - Les racines grecques de l'Europe chrétienne (Seuil, 2008), ouvrage qui avait provoqué une violente polémique au moment de sa sortie... Ce livre ne manquera pas d'intéresser ceux qui ont découvert cet extraordinaire empereur ("Le premier Européen selon mon goût" a écrit Nietzsche) au travers du récit que lui a consacré Benoist-Méchin ou de la monumentale biographie d'Ernst Kantorowicz.

    Frédéric II de Hohenstauffen : un empereur de légendes

    " Frédéric II Staufen (1194-1250), l'empereur qui stupéfia le monde, selon les mots d'un chroniqueur contemporain, exerça son pouvoir dans une époque riche en mutations. Au cours d'un règne tumultueux, il déploya des qualités qui le placent parmi les souverains les plus fascinants de toute l'histoire médiévale occidentale. Héritier des rois normands de Sicile et des souverains germaniques, ce monarque réformateur et d'une volonté de fer apparaît comme l'une des figures majeures du Saint Empire.
    Dominant l'Allemagne, l'Italie et le royaume de Jérusalem, son objectif fut partout et toujours le même : exercer et défendre les droits royaux et impériaux, en usant avec souplesse des possibilités offertes par les situations locales. Les réussites, réelles, du règne ne masquent pourtant pas ses difficultés et ses échecs. Frédéric II se heurta à la révolte de son premier fils, Henri. En butte à l'opposition radicale de la papauté, il fut excommunié, puis, déclaré parjure et hérétique, il fut déposé par Innocent IV.
    Par ce travail basé sur des archives aussi bien allemandes qu'italiennes et françaises, et en délaissant le mythe comme la psychologie supposée du personnage, mais en s'attachant à étudier le règne, sans a priori ni anachronisme, Sylvain Gouguenheim dresse le portrait renouvelé d'une figure médiévale d'exception. "

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