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totalitarisme

  • L'homme transformé...

    Les éditions Via Romana viennent de publier un essai de  Philippe Pichot-Bravard intitulé L'homme transformé - But des révolutions totalitaires. Philippe Pichot-Bravard enseigne l’histoire du droit à l’Université de Brest, la philosophie du droit à l’Université catholique de l’Ouest à Angers.Pichot-Bravard_L'homme transformé.jpg

    " Fruit de la modernité, le totalitarisme est une forme de régime récente qui se distingue radicalement du despotisme, ou de la tyrannie, que nous appelons aujourd’hui "dictature", par sa finalité : la transformation de l’homme. 
       Cédant à la tentation de l’hubris, le totalitarisme ambitionne de doter l’État d’un pouvoir sans limite afin de faire table du passé et de construire un monde et un homme nouveaux. Cet homme transformé est le but ultime de toutes les révolutions totalitaires depuis 1793, qu’il s’agisse de l’expérience jacobine française, de l’expérience communiste, tant en Russie qu’en Asie, et de l’expérience national-socialiste allemande. 
       Après le procès de Nuremberg, d’une part, et l’effondrement du communisme en Europe orientale d’autre part, le totalitarisme semble durablement disqualifié, et son retour, impossible avant longtemps, en raison de la victoire d’une démocratie libérale qui fut un temps considérée comme la fin de l’histoire.
       L’ambition d’une transformation de la société et de l’homme, fortifiée par la mentalité transgressive dominante, ne cesse pourtant de se renforcer dans nos démocraties libérales occidentales, servie par l’emprise de plus en plus étouffante exercée par l’État sur la société et par les mécanismes de conformisme intellectuel, dont le wokisme est l’expression la plus récente et la plus radicale. A l’heure du transhumanisme, nouvel eugénisme, le péril totalitaire reste entier. 
       Revisiter l’histoire des totalitarismes semble dès lors indispensable. "

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  • Allemagne : la répression contre les patriotes s’accentue...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Lionel Baland, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la répression qui s'abat en Allemagne sur les organisations et les personnes appartenant à la mouvance patriote.

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    Allemagne : la répression contre les patriotes s’accentue

    Le système politique allemand, mis en place après la Seconde Guerre mondiale par les Alliés occidentaux et étendu dans l’Est de l’actuelle République fédérale d’Allemagne lors de la réunification survenue en 1990, présente la particularité d’être installé entre des « rails ». En conséquence, les individus et les structures qui développent des idées et des activités qui sont, sur la gauche ou sur la droite, à l’extérieur de ces « rails » sont soumis à diverses mesures de surveillance et de répression. Si ces dernières ont touché dans le passé essentiellement des éléments politiques radicaux, le rejet de l’immigration de masse, à la suite de l’ouverture des frontières par la chancelière démocrate-chrétienne CDU Angela Merkel en 2015, conduit à ce que des formations politiques qui disposent désormais d’un soutien important parmi la population se trouvent elles aussi dans le collimateur.

    Surveillance et infiltration

    Ainsi, l’État fédéral et chacun des seize États fédérés disposent d’Offices de protection de la Constitution qui jouent le rôle de services secrets. Les Offices de protection de la Constitution de chacun des États fédérés n’étant pas soumis à celui de l’État fédéral, chacune de ces structures agît de sa propre initiative et est en relation avec le ministère de l’Intérieur et le Parlement de l’entité qu’elle représente.

    Les Offices de protection de la Constitution classent des groupements qu’ils examinent en trois catégories : « objet d’observation », « cas suspect » et « extrémiste avéré  ». Les groupes qui sont mis dans les deux dernières d’entre elles font l’objet d’interceptions des communications (téléphoniques, par courriels, …) et d’infiltrations par des agents de renseignement. 

    Parmi les sections du parti patriotique Alternative für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne – AfD) ayant atteint le plus haut niveau dans ce classement figurent trois sections d’États fédérés de l’Est du pays. Une autre, également de l’Est, et l’AfD au niveau fédéral sont aussi placées dans cette catégorie, mais ce classement est suspendu dans les deux cas pour des raisons stratégiques en attendant que les recours juridiques introduits par l’AfD soient traités par les instances appropriées.

    Menaces d’interdiction

    L’AfD, première dans l’Est du pays et deuxième formation politique d’Allemagne dans les sondages, est sans cesse menacée de faire l’objet d’une procédure d’interdiction au niveau fédéral, même si la probabilité que celle-ci puisse aboutir sur le long terme reste faible.

    En effet, au cours de l’histoire de la République Fédérale d’Allemagne, seules deux formations politiques ont été interdites : le parti national-socialiste Sozialistische Reichspartei (Parti socialiste de l’Empire – SRP) en 1952 et le parti communiste Kommunistische Partei Deutschlands (Parti communiste d’Allemagne – KPD) en 1956.

    Les tentatives de prohibition visant le parti ultranationaliste Nationaldemokratische Partei Deutschlands (Parti national-démocratique d’Allemagne – NPD) ont échoué dans le passé, la Cour constitutionnelle fédérale estimant que, ce parti étant infiltré par des informateurs de l’Office de protection de la Constitution, il n’était pas possible de déterminer si les propos et les actes considérés comme anticonstitutionnels émanaient ou non d’informateurs – certains de ceux-ci exerçant même de hautes fonctions au sein du parti – et aussi que, au vu de ses résultats électoraux, le NPD ne représentait pas réellement une menace pour le système en place.

    Gouvernement illégitime

    Lors des élections législatives du 23 février 2025, le parti de gauche anti-immigration Bündnis Sahra Wagenknecht – Für Vernunft und Gerechtigkeit (Alliance Sahra Wagenknecht – Pour la raison et la justiceBSW) a raté à moins de 14 000 voix près le seuil électoral des 5 % permettant de siéger à la Chambre fédérale des députés. Après des recomptages partiels dans l’un ou l’autre endroit du pays, ce nombre est tombé à moins de 10 000 voix. En conséquence, les extrapolations permettent d’affirmer qu’en cas de nouveau comptage dans l’ensemble de l’Allemagne, le BSW atteindrait les 5 % nécessaires. Or, si le BSW siégeait à la Chambre fédérale des députés, le gouvernement actuel, dirigé par Friedrich Merz et regroupant les démocrates-chrétiens de la CDU, les sociaux-chrétiens bavarois de la CSU et les sociaux-démocrates du SPD, n’y disposerait plus d’une majorité des sièges.

    Le BSW a introduit une demande de recomptage auprès de la Cour constitutionnelle fédérale. La juridiction a décliné la requête. Le BSW désire s’adresser à la commission adéquate de la Chambre des députés afin de déposer la même sollicitation, mais trois mois après le scrutin celle-ci n’est toujours pas constituée.

    Vote de l’ancienne Chambre

    Après les élections législatives, l’ancienne Chambre des députés a voté, à la majorité des deux tiers, une réforme de la Constitution portant sur l’assouplissement du « frein à la dette », car au sein de la nouvelle Chambre des députés, une majorité des deux tiers en faveur de cette modification n’aurait pu être dégagée. Afin que cette mesure soit adoptée par les écologistes, une promesse d’attribuer une partie des fonds à l’environnement a été faite ainsi que celle de proposer le ministre écologiste sortant des Affaires étrangères Annalena Baerbock au poste de présidente de l’Assemblée générale des Nations unies, fonction que cette dernière exerce désormais.

    Délit d’expression

    En Allemagne, à l’instar d’autres pays d’Europe occidentale, diverses opinions sont réprimées, mais également l’utilisation de symboles et de slogans anticonstitutionnels. Ainsi, Björn Höcke, qui est le chef de file de la tendance nationaliste de l’AfD et le codirigeant de l’AfD en Thuringe, ainsi que le président du groupe des élus de l’AfD au sein du Parlement de Thuringe, a été condamné au pénal à une peine de 13 000 euros pour avoir déclaré « Tout pour l’Allemagne ! » eu sein de la phrase « Tout pour notre patrie, tout pour la Saxe-Anhalt, tout pour l’Allemagne !», puis, une autre fois, à 16 900 euros pour avoir dit « Tout pour … », attendant que le public réponde « … l’Allemagne ! »

    Des écrivains et des éditeurs aussi visés

    La Nouvelle Droite allemande participe au combat métapolitique et influe fortement sur les idées de l’AfD. Sa principale structure se trouve à Schnellroda dans l’Est du pays, où l’éditeur Götz Kubitschek s’est implanté et subit les persécutions de l’Office de protection de la Constitution de Saxe-Anhalt et de l’Office fédéral de protection de la Constitution.

    Sa maison d’édition Antaios est placée sous surveillance et est classée en tant que « avérée d’extrême-droite », alors que la « fabrique d’idées » Institut für Staatspolitik (Institut pour la politique d’État – IfS) siégeant au même endroit s’est auto-dissoute en 2024, par crainte d’une interdiction par les autorités.

    Interdiction professionnelle

    Dans le plus pur style des systèmes politiques totalitaires, l’écrivain patriote John Hoewer est officiellement empêché d’avoir accès au stage ouvrant la voie vers la profession d’avocat, de juge ou de procureur à cause d’écrits qu’il a réalisés et de son rôle au sein des deux organisations classées « avérées d’extrême droite » Ein Prozent et Junge Alternative, qui est l’organe de la Jeunesse de l’AfD.

    Le système liquide ses propres valeurs

    En étant de plus en plus contraint de renoncer à ses propres principes basés sur l’affirmation de la démocratie et de la liberté d’expression, le système politique en place en Allemagne montre qu’il se sent de plus en plus menacé par des partis qui le contestent.

    Si, naguère, le rejet du système était extrêmement limité grâce à la qualité et au niveau de vie dans l’Ouest du pays et à la promesse et à l’espoir pour la partie orientale d’atteindre dans le futur les standards de vie de l’Allemagne occidentale d’autrefois issus du miracle économique de l’après-guerre, une partie importante de la population ne se reconnaît plus dans les partis du système ; la mondialisation, l’immigration de masse incontrôlée, ainsi que les mesures écologistes et la guerre en Ukraine soutenue par les partis du système qui engendrent une augmentation des coûts énergétiques, décrédibilisent de plus en plus le régime qui se cabre et tente de se protéger en violant ouvertement ses principes fondamentaux.

    Pour le système en place, la roche Tarpéienne n’est plus loin du Capitole !

    Lionel Baland (Site de la revue Éléments, 13 juin 2025)

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  • Les nouvelles routes de la servitude...

    Les Presses de la Délivrance viennent de publier un essai d'Olivier Pichon intitulé Les nouvelles lettres de la servitude - Essai sur le totalitarisme au XXIe siècle. Professeur agrégé d'économie et d’histoire et docteur en sociologie politique, Olivier Pichon a été animateur d'émissions sur Radio Courtoisie et est désormais responsable de l'émission Politique & Eco sur TVL.

     

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    " La génération du baby-boom vit un très curieux paradoxe. Quand elle n’était pas communiste, elle se voulait plutôt libérale parce qu’anticommuniste et son patriotisme était fortement teinté d’économisme. Mais, avec la mondialisation, le paradigme, dominant, en économie libérale, présuppose que toute évolution du marché conduit à l’équilibre.
    Loin d’atteindre cet équilibre, l’auteur montre que la mondialisation, au lieu d’ouvrir les chemins de la liberté, a conduit les peuples sur les routes d’une nouvelle servitude et à la naissance d’une nomenklatura mondialiste. Pire encore, le nouveau capitalisme est en passe de se débarrasser de la démocratie et de la puissance publique.
    « Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre… » Voilà que l’on découvre que cette phrase de Tocqueville, ordinairement utilisée contre les totalitarismes du XXe siècle, s’applique parfaitement à la sournoise tyrannie que la mondialisation est en train de nous concocter. La liberté des peuples serait-elle décidément impossible ?"

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  • Après la défaite de la pensée, la défaite de la parole...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jure Georges Vujic, cueilli sur Polémia et consacré à l'appauvrissement de la parole publique...

    Avocat franco-croate, directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, Jure Georges Vujic est l'auteur de plusieurs essais, dont Un ailleurs européen (Avatar, 2011),  Nous n'attendrons plus les barbares - Culture et résistance au XXIème siècle (Kontre Kulture, 2015) et Les convergences liberticides - Essai sur les totalitarismes bienveillants (L'Harmattan, 2022).

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    Après la défaite de la pensée, la défaite de la parole

    Nul besoin d’être décliniste pour constater l’appauvrissement de la parole, et particulièrement dans le domaine public, dans les médias, la culture et la sphère politique. À la défaite de la pensée annoncée par le philosophe Alain Finkielkraut, succéderait par voie de causalité une défaite de la parole, dans le sens d’une déliaison à la fois sémantique mais aussi épistémique. Les logos incarnant en quelque sorte l’esprit contemporain, le Zeitgeist du moment, il va de soi que cette parole serait l’expression d’une culture du loisir abêtissante et standardisée, d’un jeunisme qui prêche par excès de confusionnisme et relativisme culturel. Bien sûr, bien avant Finkielkraut, d’autres penseurs avaient réfléchi sur les causes et les formes du déclin des civilisations. En effet, alors que Paul Valéry avait affirmé que « [nous] autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », Spengler, Toynbee avaient démontré que les principales causes du déclin des civilisations étaient endogènes, parmi lesquelles la perte d’identité, de sens, et l’appauvrissement de la langue en tant que symptômes de ce long processus de déclin – « Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre » (Toynbee).

    La parole « émancipée » et la crise de l’esprit

    Il est vrai que le statut de la parole d’une société, voire d’une civilisation, est en relation étroite avec le choix d’une ontologie de la pensée, de l’être. Alors que dans l’Antiquité la parole était un moyen de cheminement vers la vérité (alètheia), aujourd’hui, le cynisme et la démagogie de la parole politique qui ne représente plus rien à l’échelle de la vérité et de la morale en tant que respect de la parole donnée rendent compte de l’affaiblissement général du politique en tant que discours d’adhésion. En effet, la parole autoréférentielle, dénuée d’engagement pratique et téléologique, prend le pas sur l’action, le dire sur le faire, l’impression sur la réalité, le semblant sur l’être, la conservation du pouvoir sur son exercice ; alors qu’à l’époque classique la parole préparait l’action véritable en formulant la prise de décision. La sidérante capacité des gouvernants de certaines époques à changer d’idées, comme si celles-ci n’avaient réellement aucune importance par rapport aux nécessités de la conquête et de la conservation du pouvoir, ne laisse rien augurer de bon. Et pourtant, ce n’est pas la pensée révolutionnaire, progressiste, des Lumières qu’il convient de regretter, comme le fait Finkielkraut, car c’est bien leurs hybris, leur exacerbation, leurs métastases épistémologiques qui ont engendré ce double désordre à la fois ontologique et langagier conduisant à cette « crise de l’esprit » évoquée par Valéry lui-même. Par une sorte de ruse de l’histoire, on pourrait presque dire que la défaite de la pensée issue des Lumières aura, par excès d’universalisation, réhabilité les valeurs organiques d’un J.G Herder, de J. de Maistre et L. de Bonald opposant « l’inconscient » national, « enraciné » dans l’histoire, la géographie, les coutumes, les préjugés nationaux, qui pourtant, à force d’être ignorés durant des décennies, reviennent comme un boomerang dans le réel.

    La parole performative : parole magique ?

    Tout se passe comme si la parole performative agit seule en tant que prophétie autoréalisatrice. La parole libérée de l’esprit, de l’engagement, de la morale et de la responsabilité, qui peut dire le tout et son contraire, se transforme en signe interchangeable qui réalise lui-même ce qu’il énonce. Dans cette incantation permanente d’un lyrisme de pacotille, d’un tragique d’opérette et de la simulation sophiste, la parole devient une sorte de parole magique aux mille et une vertus prophylactiques, alors que nos politiciens revêtent les habits d’alchimiste du verbe ou de chaman du storytelling quotidien. Malgré la dégradation de la langue via la culture visuelle, la toxicité des réseaux sociaux et la dégradation de l’enseignement, la défaite de la parole est toujours une faillite de l’esprit, qui elle-même renvoie à une crise de sens. C’est aussi une faillite de notre imaginaire collectif colonisé par des signes consommatiques, symptôme de notre époque postlittéraire. Ainsi, la parole publique est bien le reflet de cette post-vérité contemporaine, qui n’est pas le mensonge, mais bien l’indifférence à la distinction entre mensonge et vérité, ce qui est le propre du totalitarisme, comme l’avaient si bien démontré H. Arendt et G. Orwell. On se souvient que E. Cassirer, dans Le Mythe de l’État, procédait à une distinction entre l’usage magique et l’usage sémantique du mot, l’usage sémantique servant à décrire les choses, alors que l’usage magique, chargé d’affects du mot, visait plus à produire des effets et à changer le cours de la nature. Libérée de toute morale et d’impératif de vérité, la parole devient le vecteur des « fausses promesses et des vraies menaces » évoquées par Paul Ricœur, qui lui-même faisait le lien entre la sophistique et la tyrannie, entre un usage pervers du langage et la tyrannie (perversion du régime).

    Vers une ère techno-vocifère

    La langue française serait en passe de devenir, dans la plus grande indifférence, une langue morte sous la pression conjuguée de l’abandon de l’emploi de certaines temporalités comme le passé simple et le subjonctif (reflets de la nuance), des niaiseries franglaises et des emprunts anglicistes tels que hosting, trip, etc.. Cette dégradation ne s’est pas faite de façon évolutive et elle est le résultat d d’une longue déconstruction programmée et mise en œuvre par l’idéologie progressiste de la novlangue inclusive, du genre et des lubies wokistes. Non, la langue et la parole ne sont pas une simple construction de la réalité sociale sujette au remodelage mutilant et constant au service de la mondialisation et du marché, comme l’affirment les déconstructeurs. Nous vivons bien à une époque postlittéraire, alors que nous ne sommes pas loin d’être aussi à l’aube d’une ère techno-vocifère ou phono-tactile, qui coïnciderait avec un retour de l’animalité où la communication se réduirait à des onomatopées et des phonèmes ponctués de tapotages numériques. La langue ne constitue pas un simple critère de reconnaissance et d’identification. Elle est au contraire l’émanation de l’essence d’un peuple, son « âme » – c’est-à-dire le lieu où il lui donne une forme concrète. En effet, cette dénaturation de la langue est concomitante au déclin de la poésie, des belles lettres, de la sensibilité et de l’art de la nuance face à la polarisation des points de vue, la prolifération de la bêtise idéologique et de la surenchère débile sur les réseaux sociaux. On se souvient que, pour l’historien et anthropologue des « mœurs » Norbert Elias, la prise de parole constituait un élément fondamental du processus de civilisation et de la mise en place de la « civilité », qui servira bientôt à la société européenne de notion centrale pour se définir elle-même, et conduira au recul systématique et général de la violence sociale. Or, de nos jours, la parole libérée de toute retenue morale s’inscrit, surtout avec les nouveaux moyens de communication des réseaux sociaux, dans une économie globale des pulsions et des émotions, qui lui procurent une extraordinaire amplitude et accélération. C’est bien cette démesure et cet affranchissement de la parole de la civilité qui constituent le premier degré de violence sociale à travers l’ensauvagement du langage et des comportements sociaux.

    Jure Georges Vujic (Polémia, 1er octobre 2024)

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  • Comment notre société a basculé dans la jungle du totalitarisme...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par l'homme politique suisse Oskar Freysinger à Liselotte Dutreuil et à François Bousquet pour Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, à l'occasion de la sortie de son roman Animalia.

     

                                             

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  • De la barbarie ordinaire...

    Les éditions Kimé viennent de publier un essai de Patrice Guillamaud intitulé De la barbarie ordinaire - Essai sur le totalitarisme contemporain. Agrégé de philosophie, Patrice Guillamaud enseigne en khâgne à Tours. Se réclamant, comme Ellul, de l’anarchisme chrétien, il est l’auteur de nombreux essais.

     

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    " Ce livre est certes un manifeste fustigeant l’idéologie dominante de la contemporanéité comme progressisme et post-modernité. Il montre en effet en quoi cette même idéologie, alors même qu’elle veut déconstruire toutes les formes d’autorités et dénoncer toutes les formes d’enfermements totalitaires dans les préjugés idéologiques, est elle-même justement source d’un nouveau totalitarisme. C’est ainsi que, par-delà les totalitarismes nazi et stalinien, il y a paradoxalement le totalitarisme libéral. Il reste que, si ce même livre est original, c’est surtout par son analyse philosophique des deux principes du totalitarisme. Il s’agit d’une part de la pensée et d’autre part de la société. Si ces deux principes du totalitarisme relèvent par ailleurs de l’essence de l’humanité, s’ils sont par là-même, tous les deux, sources d’une barbarie très commune ou très ordinaire, cela se révèle être d’une gravité anthropologique extrême. C’est la gravité de ce défi que Guillamaud tente d’affronter et de relever. Il soutient cette gageure en exploitant des penseurs aussi différents qu’Hannah Arendt, Emmanuel Lévinas, Emile Durkheim, Karl Marx et surtout Jacques Ellul et Michel Henry. "

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