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totalitarisme - Page 3

  • Le port du masque et la domestication des masses par l’oligarchie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Maffesoli, cueilli sur Le Courrier des Stratèges et consacré à la stratégie de mise sous contrôle de la société civile déployée par l'oigarchie. Penseur de la post-modernité, Michel Maffesoli a publié récemment  Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014) , Être postmoderne (Cerf, 2018), La force de l'imaginaire - Contre les bien-pensants (Liber, 2019) ou, dernièrement, La faillite des élites (Lexio, 2019).

     

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    Maffesoli : le port du masque et la domestication des masses par l’oligarchie

    Un monde entièrement stérilisé, promouvoir une vie sans microbe, ce qui, bien entendu, induit la nécessité de se laver les mains le plus souvent possible, de développer les gestes barrière et la distanciation sociale, le tout selon l’injonction connue : « pour votre protection » voilà bien l’objectif de l’oligarchie au pouvoir !

    Répétées sur un ton macabre et ad nauseam, de telles recommandations et autres impératifs catégoriques de la même eau, soulignent bien ce qu’est, en vérité, la société de contrôle qui risque de s’imposer à tous et à tout un chacun. Qui risque, car à l’encontre de ce que croient les esprits chagrins, le pire n’est pas certain.

    Vers une société de contrôle

    Le danger cependant est bien réel. Les protagonistes de la domination médiatique s’emploient, de par le pouvoir qu’ils détiennent, à convaincre que les règles, préparant une telle aseptie de l’existence, généralisée, soient acceptées, voire intériorisées, ce qui rend bien difficile la rébellion contre le totalitarisme en train d’émerger.

    Ces tenants du pouvoir médiatique, perroquets de l’oligarchie politique, déversent, sans aucune vergogne un Niagara de vérités approximatives et divers lieux communs afin de justifier le port du masque, le confinement et autres préconisations vaines, qui semblables aux agents pathogènes d’une authentique pandémie tendent à contaminer, de proche en proche, une multiplicité de gogos trouvant dans la mascarade généralisée une manière de donner du sens à une vie en étant de plus en plus dépourvue.

    Songeons à cet égard à ce que Max Scheler (« Nature et formes de la sympathie ») nommait, fort simplement, les processus de la « contamination affective ». Plus proche de nous, Jean Baudrillard a longuement développé les puissants et inéluctables mécanismes de la « viralité ».

    Ces contaminations, cette viralité sont utilisées pour maintenir voire consolider la dictature de l’argent, réduisant l’homme « animal politique » à l’animal économique. C’est cela que le système s’emploie à générer. Et ce pour durer encore un moment. Pour survivre. Et cela le pousse à mettre en place une réglementation de plus en plus minutieuse, de plus en plus stricte. Au nom toujours de la protection des populations. Big Brother, le Grand Frère, veille sur la santé de tous !

    Domestication de masses

    Le déterminisme économique de l’oligarchie au pouvoir la conduisant, paradoxalement, à susciter une crise économique de grande ampleur. Mais le paradoxe n’est qu’apparent, car l’objectif d’une telle crise, est, en réalité, de susciter une domestication stricte des masses. On en donnera pour exemple le sort cruel et peu médiatisé réservé à tous les métiers de « l’anormalité » : prostitution, travail au noir, échange de services voire mendicité : ceux-là ne mourront peut-être pas du virus, mais de faim et de misère. Car aucune des mesures prises par un État soudain très généreux ne leur est destinée. Seuls les participants au « contrat social » bénéficient de la protection sociale, fondée sur les réflexes de peur et de repli.

    Cette stratégie de la peur est on ne peut plus perverse. Perverse, car en son sens étymologique, per via  (par voie détournée) : par la crainte du chômage, de l’appauvrissement, des traites en cours à payer, le système poursuit inexorablement son objectif essentiel : mettre au pas un peuple toujours prompt à se rebeller. Assujettissement urgent, car on voit, un peu partout de par le monde, la « révolte des masses » (Ortega y Gasset) revenir à l’ordre du jour.

    La voix de l’instinct populaire devient de plus en plus tonitruante quand l’on pressent, plus ou moins confusément, que le fondement de toute démocratie authentique, à savoir la puissance du peuple, puissance instituante, n’est plus prise en compte par le pouvoir institué, c’est-à-dire par le pouvoir d’une élite en perdition.

    Comment l’oligarchie contre la rébellion des masses

    C’est pour contrer une telle rébellion instinctuelle que l’oligarchie utilise les habituels outils de la politique : tactique et stratégie. Tactique à court terme : mascarade généralisée, mise à distance de l’autre, imposition des précautions de divers ordres, interdiction des rassemblements et manifestations de rue. Stratégie sur le long terme : isolement de chaque individu, uniformisation galopante, infantilisation de plus en plus importante. Et ce, afin de conforter un pouvoir on ne peut plus abstrait. C’est toujours ainsi que celui-ci a procédé : diviser pour mieux régner.

    Abstraction du pouvoir, car ainsi que le savent les plus lucides observateurs sociaux, c’est le primum relationis, la relation essentielle qui constitue le vrai réel de l’humaine nature. Ainsi que l’indique Hannah Arendt, « c’est la présence des autres, voyant ce que nous voyons, entendant ce que nous entendons, qui nous assure de la réalité du monde », qui conforte notre propre réalité.

    Comment peut-on vivre une telle « réalité » en avançant masqué, en maintenant une barrière entre l’autre et moi, en refusant les câlins propres à cet « Ordo amoris » qu’est toute vie sociale ? Mais cette tactique et cette stratégie du pouvoir oligarchique s’emploient dans un monde apparemment non totalitaire à préparer à une réelle domination totalitaire. Et c’est bien un tel totalitarisme qui est l’objectif ultime et intime d’un État de plus en plus obèse.

    Puis-je rappeler ici la lucide analyse de Guy Debord dans ses « Commentaires sur la société du spectacle ». Il montrait que les deux formes du spectaculaire : concentrée (nazisme, stalinisme) et diffuse (libéralisme) aboutissaient immanquablement à un « spectaculaire intégré ». Celui du pouvoir médiatique, celui de la technocratie et des divers experts leur servant la soupe. Le tout, bien sûr, s’appuyant sur une Science tout à fait désincarnée, science n’étant plus qu’une industrie soit-disant scientifique. Ce qui donne une nouvelle Caste, celle des scientistes qui sont avant tout ce que l’on peut appeler « des savants de commerce » ou représentants de commerce, légitimant l’oligarchie en lui fournissant en bons commerciaux les arguments, les éléments de langage et divers poncifs servant à endormir le bon peuple.

    Politiques, journalistes, experts, toujours entre-soi et constituant, pour reprendre une prémonitoire remarque de Guy de Maupassant, « une société délicate, une société d’élite, une société fine et maniérée qui, d’ordinaire, a des nausées devant le peuple qui peine et sent la fatigue » (La Vie errante). Nausée devant un peuple sentant mauvais et qu’il faut donc, de ce fait, tenir à distance. C’est bien cela l’essence du totalitarisme en train de s’élaborer. Non seulement maintenir la distance entre l’élite et le peuple, mais également imposer une distanciation entre les membres de ce dernier.

    Le totalitarisme doux du Big Brother étatiste

    Distanciation sociale, gestes barrière aidant, ayant pour seul objectif d’assurer la main mise sur un peuple toujours potentiellement dangereux. Il y a en effet, une étroite relation entre la violence totalitaire, celle de la technocratie et l’idéologie du service public, la bureaucratie. Celle-ci ne sert nullement le peuple, mais met le peuple à son service. Analysant le rapport tétanique existant entre technocratie et bureaucratie j’avais en son temps parlé d’un « totalitarisme doux » (La Violence totalitaire, 1979). J’aurais pu également dire « totalitarisme intégré ».

    Intégré par tous ces « imbéciles » hantant tels des zombies masqués les rues de nos villes. Imbéciles, stricto sensu, ceux qui marchent sans bâton (bacillus), ces bâtons que sont le discernement et le bon sens. Comment, étant masqué peut-on connaître ou reconnaître l’autre, c’est-à-dire, en son sens fort, naître avec (cum nascere) ou connaître (cum nocere) avec cet autre, ce qui est le b.a.-ba de tout être ensemble.

    La mascarade généralisée, la distanciation clamée à temps et à contretemps, voilà les armes principales du Big Brother étatiste, qui en aseptisant à outrance suscite un climat irrespirable, où à court terme, il ne sera plus possible de vivre. De vivre, tout simplement en syntonie avec la parentèle, les amis, les voisins, les proches et les lointains déterminant l’habitus, ces principes pratiques, qui selon St Thomas d’Aquin fondent toute vie sociale.

    Le totalitarisme si doux soit-il, au travers des injonctions dont il vient d’être question a la prétention (l’ambition ?) de dénier le mal, le dysfonctionnement ou même transhumanisme aidant l’idée de finitude et de mort.

    Mascarade et danse macabre

    Les principes pratiques de l’habitus, bien au contraire s’emploient à dénier la mort, mais à s’ajuster, à s’accommoder, tant bien que mal avec elle. Et pourquoi cela ? Tout simplement parce que cette accommodation, qui est une aptitude à s’adapter à ce qui est, est le fondement même de l’expérience ordinaire et du savoir incorporé qui en est issu. En bref la sagesse populaire, que les élites arrogantes nomment populisme, sait que la tâche de l’espèce humaine est d’apprendre à mourir. Tâche qui concerne tout à la fois l’être individuel et l’être collectif. Tâche qui fait la grandeur de l’humaine nature et qui, sur la longue durée, a été au fondement de toute création digne de ce nom.

    En écho à cette sagesse populaire, il convient de se souvenir que selon le philosophe, natalité et mortalité sont bien les conditions ultimes caractérisant l’existence humaine. Et c’est en déniant cette dernière que l’on atrophie singulièrement, « l’élan vital » qu’induit la première. Les grands moments culturels, ceux où la vie était célébrée intensément, se sont toujours élaborés « sub specie mortis ». C’est en sachant regarder en face cette mort inévitable qu’on est capable de vivre avec intensité la vie commune. Car, on ne le redira jamais assez, l’essence du Zoon politicon est la communicabilité.

    C’est bien ce caractère relationnel que s’emploient à nier, à dénier les divers gestes barrières que l’oligarchie tente d’imposer. Ces injonctions de la bienpensance sont de véritables machines de guerre contre le peuple. Très précisément parce qu’elles induisent des manières de penser et d’agir totalement aseptisées conduisant immanquablement au délitement du lien social miné par l’hystérie et les fantasmes cause et effet d’une supposée pandémie.

    J’ai dit l’imbécillité de ceux qui avancent masqués. En se pliant à la mascarade généralisée, ceux qui trouvent leur place dans ce bal masqué ne font que rejouer la danse macabre d’antique mémoire. Dansez musette !

    Michel Maffesoli (Le Courrier des Stratèges, 7 juin 2020)

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  • L'empire arc-en-ciel...

    Les éditions DIE viennent de publier un essai de Martin Peltier intitulé L'empire arc-en-ciel. Journaliste, Martin Peltier, qui a collaboré au Figaro magazine, au Quotidien de Paris et à Minute, notamment, est aussi l'auteur de 20 bonnes raisons d'être anti-américain (DIE, 2015) et d'un roman, La fin de l'homme blanc (DIE, 2018).

     

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    " La révolution arc-en-ciel étend son empire sur le monde, le totalitarisme optimal s'installe. L'empire a ses inspirateurs, les philanthropes. Il a ses prétoriens, les juges. Il a son administration, l'ONU et ses ONG. Il a ses surprises dialectiques. Il se sert de Johnny, de Johnson, de Trump ou de Poutine. Il se sert des nations dont il garde la coquille en les vidant de leur contenu vivant. Il exploite et soumet aussi les religions. L'islam en particulier. L'homme arc-en-ciel sur la terre nouvelle ressemble à un cauchemar de Jérôme Bosch. L'absurde est le moteur de la nef des fous, avec des fennecs vegan, des féministes qui se battent entre elles, le bonheur mesuré par les technocrates, l'anglais réducteur de pensée, le racisme métisseur qui écrase sous sa botte les concours de beauté. L'Europe est l'objet d'une aversion particulière, l'arc-en-ciel la hait de toutes ses forces. La religion d'état de l'Empire est un anti-christianisme rabique. "

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  • Tour d'horizon... (185)

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    Au sommaire cette semaine :

    - dans la Lettre de Comes Communication, Bruno Racouchot interroge Xavier Guilhou, ancien responsable de la DGSE et spécialiste reconnu de la prévention des risques, sur la gestion de la crise sanitaire en cours...

    Crise mondiale, jeux d'influence et affrontements géopolitiques

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    - devant l'Académie Royale de Belgique, Stéphane Courtois présente la figure de Lénine...

    Lénine et l’invention du totalitarisme

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  • Sommes-nous entrés dans une société totalitaire ?...

    Le nouveau numéro de la revue Réfléchir & agir (n°64 - Hiver 2020) est disponible en kiosque. Le dossier est consacré au nouveau totalitarisme mis en place au nom du « Bien » ...

     

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    Au sommaire :

    Tour d'horizon

    Antipasti

    Laurent Obertone, par Thierry Durolle

    DOSSIER : Sommes-nous entrés dans une société totalitaire ?

    Comment définir le totalitarisme moderne ? , par Eugène Krampon

    Dictature du « bien » et formatage des esprits, par Klaas Malan

    Entretien avec Pierre-Marie Bonneau

    Entretien avec Jérôme Bourbon

    Entretien avec Eric Delcroix

    Police KGBT , par Pierre-Adrien Dumonteil

    Entretien avec François Bousquet

    Dieudonné comme Molière, par Eugène Krampon

    Grand entretien

    Jacques Terpant

    Réflexion

    Mirande et Krutwig, par Klaas Malan

    Fascisme

    Jean Hérold-Paquis, par Pierre Gillieth

    Histoire

    L'éradication de la noblesse russe, par Christian Bouchet

    Milataria

    Erwin Rommel, par Pierric Guittaut

    Un livre est un fusil

    L'Antéchrist, de Nietzsche, par Edouard Rix

    Notes de lecture

    Les coups de dé de R&A

    Beaux-arts

    Le rouge est mis, par Pierre Gillieth

    Disques

     

     

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  • L’entreprise, nouvel espace totalitaire du XXIe siècle ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Yves Le Gallou, cueilli sur Polémia et consacré à la montée d'un totalitarisme d'entreprise. Ancien haut-fonctionnaire, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016) et Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018). 

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    L’entreprise, nouvel espace totalitaire du XXIe siècle

    Dans la vision libérale des années 1970, l’entreprise était le lieu de la liberté et l’État celui de la bureaucratie et de la contrainte. Aujourd’hui, dans la société de marché qui est la nôtre, ce n’est plus l’État mais l’entreprise qui est au centre de tout. Une entreprise, notamment s’agissant des plus grandes, de plus en plus totalitaire.

    1– Sous le poids des règles de normalisation voulues par les lobbies et de la judiciarisation croissante, les entreprises ont multiplié les procédures internes. Limitant les marges de manœuvre des acteurs de terrain et créant une coupure entre ceux qui conçoivent des « process » depuis les ordinateurs des sièges sociaux et ceux qui les appliquent sans la moindre marge de manœuvre. Bref : une double irresponsabilisation.

    2– Dans le même temps, la grande entreprise cherche à prendre en charge une part de plus en plus importante de la vie de ses salariés. Salles de sport et conciergeries se multiplient pour rendre les salariés de plus en plus dépendants dans leur vie de tous les jours. Les GAFA vont plus loin dans l’ingérence dans la vie privée, en suggérant à leurs salariées de différer l’âge de leur maternité, y compris en congelant leurs ovocytes.

    3– Les directions du personnel, qui s’intéressaient à des personnes et pouvaient prendre en considération les particularités de chaque salarié, ont été remplacées par des « DRH », des directions des ressources humaines. Le vocable est parlant : il s’agit de substituer des procédures abstraites aux liens interpersonnels. C’est le temps de ce que Renaud Camus appelle l’industrie de la MHI, la matière humaine indifférenciée.

    4– L’entreprise a longtemps été le lieu de la neutralité politique. Son objet était de rémunérer ses actionnaires par le profit et ses employés par un salaire, sous la direction d’un management clairvoyant. Le tout dans le respect absolu des opinions des clients, des fournisseurs, des actionnaires et des collaborateurs. Ce n’est plus le cas.
    Les entreprises se dotent de « charte de valeurs ». A l’instar des fameuses « valeurs républicaines » promues par les médias et les hommes politiques. En fait, le mot « valeurs » est un mot valise, un mot de novlangue, pour signifier « conforme au politiquement correct ». C’est-à-dire pour le « développement durable », « la diversité », la « mixité » et l’interdit du réel.

    5– Or l’entreprise est le lieu qui façonne les esprits à travers la publicité et la communication : 2 % du produit intérieur, non pour faire de la réclame pour un produit, mais pour diffuser de la propagande publicitaire vantant des modes de vie et promouvant le Grand Remplacement, le métissage (couples mixtes avec homme noir ou arabe en position de domination d’une femme blanche) et la promotion de l’homosexualité (financement de chars à la gay pride et de TGV arc en ciel, par exemple).

    6– Le mécénat d’entreprise œuvre dans le même sens. Promotion de « l’AC », l’art contemporain « conceptuel », et des associations humanitaires de défense des causes les plus conformistes. Certaines grandes surfaces commerciales – comme Truffaut par exemple – incitent même leurs clients « à la générosité » en les incitant à arrondir leurs factures en versant des pouièmes à des associations préalablement (bien) sélectionnées. Une manière habile de faire sa com en faisant payer sa générosité aux autres…

    7– Les entreprises entendent aussi contrôler l’opinion de leurs clients : privant certains médias de leurs publicités (campagne des « sleeping giants » visant à assécher financièrement CNews, Valeurs Actuelles ou Boulevard Voltaire) ; fermant des cagnottes (Leetchi) et refusant d’ouvrir des comptes bancaires (à des partis politiques ou des candidats). 

    8– Une étape supplémentaire vient d’être franchie avec la mise en place d’une censure privée par les GAFA. Une censure n’offrant ni la garantie d’un débat contradictoire, ni celle de quelconques recours. Une formidable régression de la liberté d’expression.

    9- Dans la foulée, les entreprises mettent en place de véritables interdits professionnels débouchant sur des licenciements pour motifs politiques (Romain Espino chassé du crédit agricole après une action identitaire de défense des frontières) ou des motifs encore plus futiles (David Doucet chassé des Inrocks pour un vieux canular téléphonique). Désormais, la police des tweets est partout et d’innocents messages Facebook peuvent servir de charges à des Fouquier-Tinville du business.

    10– Le tout en se soumettant à la dictature de petites minorités agissantes qui font régner leurs lois par la terreur.

    La réponse est pourtant simple : ne pas céder aux campagnes d’intimidation. Dire non. Et contre-attaquer en combattant les entreprises totalitaires.

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 15 décembre 2019)

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  • Le progressisme totalitaire...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Denis Collin, cueilli sur le site La Sociale et consacré à la dynamique totalitaire du progressisme macroniste. Agrégé de philosophie et docteur ès lettres, Denis Collin est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à la philosophie, à la morale et à la pensée politique, dont Introduction à la pensée de Marx (Seuil, 2018) et Après la gauche (Perspective libres, 2018).

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    Le progressisme totalitaire

    L’actuel président de la République française se définit comme un progressiste et cherche à présenter la lutte politique de notre époque comme l’affrontement entre les progressistes qui sont déjà dans le Nouveau Monde et les « nationalistes » qui sont les tenants de l’Ancien Monde. D’un autre côté, il défend le libéralisme tout en multipliant les mesures les plus antilibérales dans le domaine des libertés publiques et dans la généralisation d’une société de surveillance. La « vieille gauche » qui se voulait progressiste et voit le progrès détruire les acquis sociaux, et les libéraux « à l’ancienne », qui prétendaient que le libéralisme économique et les libertés publiques sont consubstantiels, tous perdent leurs repères et sont incapables d’enrayer la stratégie du président de la République. La confusion dans les esprits est à son comble. Mais c’est qu’on ne parvient pas à comprendre, chez les opposants au président, est que nous avons affaire à un véritable progressisme et que ce progressisme a une dynamique totalitaire.

    Le progressisme commence le jour où l’on se met à considérer que le passé est dépourvu de valeur et qu’il doit céder la place à un futur qui sera bien meilleur ; le jour où l’on se met à considérer que les Anciens ne sont plus les porteurs de la sagesse, mais que la vérité est bien du côté des modernes ; le jour où l’on peut commencer à dire sans être pris pour un fou « du passé faisons table rase ». L’avenir n’est plus source de crainte, mais d’espoir. Ainsi, le XVIIe siècle rationaliste et le XVIIIe siècle avec les Lumières pensent cette nouveauté radicale dans la manière de nous situer dans l’histoire et le progressisme naît vraiment à ce moment. Il est, sur ce plan, l’esprit même de notre temps, de ces temps modernes qui ont produit les plus grands accomplissements de l’intelligence humaine et un développement sans précédent de la puissance pratique des hommes. Le capitalisme est intellectuellement chez lui dans ce progressisme, mais c’est de ce progressisme aussi qu’est née la critique radicale du capitalisme, celle de . Cependant de même que, dans son propre développement, le capital tend à se nier et ne sort de ses crises qu’en détruisant les sources de toute richesse, la terre et le travail, de même le progressisme qui fut l’âme de la philosophie et de la science modernes se transforme-t-il en idéologie ; une idéologie mortifère comme l’est le capital à son stade absolu, celui dans lequel nous sommes aujourd’hui, depuis la fin de la guerre froide, du keynésianisme social-démocrate et depuis l’effondrement de toutes les alternatives classiques au mode de production capitaliste, le socialisme ou le communisme.

    L’idéologie progressiste est universaliste et même mondialiste : les nations sont des vieilleries qui doivent être balayées. La liberté des échanges est la nouvelle bible et le progressiste ne peut qu’être pour le CETA, l’accord UE/Mercosur et toutes les joyeusetés du même genre que nous préparent les savants et les politiques progressistes. La population humaine est maintenant considérée globalement comme une masse dont il faut « réguler les flux » et, devant cet impératif, les notions de souveraineté doivent s’effacer, les États-nations n’ont plus de légitimité à dire qui peut entrer sur leur territoire. C’est la gouvernance globale qui commande. Dans cette entreprise, l’idéologie progressiste est ardemment soutenue par la gauche « radicale » qui confond internationalisme prolétarien et mondialisation capitaliste, solidarité des travailleurs et traite des nouveaux esclaves, cette gauche qu’on pourrait appeler « la gauche Soros », celle qui défend la mobilité mondiale de la main-d’œuvre.

    L’idéologie progressiste veut libérer l’individu de tous les liens traditionnels : plus de familles, plus de patries, des individus sans appartenance réduits à n’être que des consommateurs cherchant à maximiser leur utilité, selon les canons des doctrines économiques en vogue. Toutes les protections qu’offraient les États et les systèmes sociaux deviennent autant d’entraves à la liberté d’initiative de l’individu. Le triomphe de la marchandise va avec la dissolution de toute communauté disait et nous en avons sous les yeux la preuve patente. La protection, le progressiste la juge féodale et l’individu libéré doit affronter seul le risque : les chômeurs n’ont qu’à créer leur entreprise (Raymond Barre) ou traverser la rue (Emmanuel Macron). Ce que l’on appelle « communautarisme » ne contredit en rien ce schéma progressiste de l’individu sans appartenance : les microcommunautés participent de cet émiettement de toute communauté nationale, de toute solidarité réelle. Il s’agit de mettre en avant des particularités individuelles, même les plus intimes pour les transformer en armes idéologiques contre toute forme d’universalité. En 1968 se créa un « front homosexuel d’action révolutionnaire » (FHAR), mais il a fallu ensuite distinguer les gays et les lesbiennes, puis les « trans », puis… et la liste ne cesse de s’allonger. Pour chacun, il n’y a que son moi qui ait de l’intérêt. Le « communautarisme » n’est que la forme de la culture du narcissisme (Christopher Lasch). L’individualisme devenu fou nourrit d’une part la dislocation de l’action syndicale et des solidarités fondées sur les rapports de production, et, d’autre part, encourage en réaction le renouveau d’une religiosité fanatique.

    L’idéologie progressiste croit dans les possibilités infinies de la science et de la technique. La nature doit être soumise à celui qui s’en veut, depuis Descartes, comme « maître et possesseur ». Voici plus d’un siècle, Marcelin Berthelot annonçait que la chimie permettrait, dans un avenir assez proche, de débarrasser l’humanité du fléau de l’agriculture. Écologiste végane à sa manière, ce grand savant annonçait les progressistes d’aujourd’hui. Manger de la viande, voilà qui fait de nous des bêtes ! L’espèce humaine doit être transformée de fond en comble pour n’avoir plus rien de commun avec les animaux, ni leur chair à manger, ni leur peau pour en faire des chaussures ou des vestes, ni la laine pour en faire des pulls. L’écho que reçoivent les « thèses » des véganes et des animalistes dans les médias dominants ne saurait être sous-estimé : le véganisme et l’animalisme s’intègrent parfaitement au projet progressiste de transformation radicale de l’espèce humaine.

    La marche vers un au-delà de l’humain est engagée sur tous les fronts. La lutte contre le sexe au nom du genre bat son plein. Que l’homme et la femme puissent se reproduire exactement comme les autres mammifères, c’est absolument insupportable au progressiste. Comme la vérité dans la philosophie post-moderne (la « french theory »), le genre n’est qu’une construction sociale et la promotion du « transgenre », y compris avec les opérations chirurgicales de « réassignation de genre », s’inscrit ainsi dans le projet progressiste global de transformation de l’espèce humaine. Dans un avenir peut-être pas trop lointain, on pourra sans doute définitivement en finir avec toutes ces vieilleries qui font de la reproduction de l’humanité une affaire de sexe. On n’y prend pas garde, mais la révision annoncée de la loi bioéthique pourrait bien valider une transformation anthropologique fondamentale. En autorisant la PMA pour toutes les femmes, elle cantonne les mâles dans la fonction de reproducteurs comme les taureaux dans le système moderne de l’élevage bovin. Cette étape franchie, tout le reste viendra naturellement.

    Le progrès nous promet le bonheur, obligatoire. Le pouvoir dégouline de bienveillance. Le vocabulaire courant suinte la gentillesse et la mièvrerie. Mais tous sont sommés de consentir à ce bonheur du Nouveau Monde. Les récalcitrants, les rescapés de l’Ancien Monde, sont des éléments antisociaux et anti-progrès qui doivent être traités avec la plus grande sévérité. Un autoritarisme rampant s’instaure et toute la société devient une société de surveillance. Sous prétexte de lutte contre les « fake news » se dessinent les contours du futur ministère de la vérité. Les manifestants à l’ancienne sont impitoyablement poursuivis, blessés, éborgnés, amputés, enfermés préventivement pour que rien ne vienne plus, à l’avenir, troubler la marche du progrès.

    Le macronisme est l’expression achevée de ce « progressisme », qui fait table rase du passé et mise sur les mécanismes automatiques du marché et les « intelligences artificielles » pour produire une gestion rationnelle d’une société qui ne laissera plus de place aux vieilles passions politiques. C’est un projet totalitaire au sens strict du terme puisque rien ne lui échappe dans une société de surveillance totale. C’est aussi un projet qui prépare l’advenue d’un homme nouveau, débarrassé du fardeau de l’histoire et de toutes les vieilles relations communautaires, un homme adéquat au fonctionnement du grand automate du marché. Cet homme-là n’est pas très nouveau : c’est l’homo economicus des théories économiques dominantes, mais aujourd’hui les doctrinaires ont le pouvoir et sont mandatés pour réaliser ce que la théorie avait prévu. On ne confondra pas totalitarisme et dictature par la violence. La violence n’est pas essentielle dans le projet totalitaire du progressisme. Elle n’est utile que lorsque décidément les mauvais esprits ne veulent pas se rendre à l’évidence du bonheur insoutenable qu’on leur promet. Les libertés publiques ne sont pas abolies d’un coup, on n’assassine pas les opposants, mais insidieusement tout ce qui constituait l’idée ancienne de la liberté est rongé et dissout dans les lois et les pratiques du « Nouveau Monde ».

    Si aucune opposition sérieuse et cohérente au macronisme ne parvient à émerger, cela tient tout d’abord au fait que presque toutes les fractions des classes dominantes partagent ce projet dans lequel elles se reconnaissent. L’échec de l’opération Bellamy montre bien que la classe capitaliste a clairement choisi son camp, et ce n’est plus celui de la vieille droite. Quant à la gauche, elle se décompose parce que, pour une partie, elle a puissamment œuvré pour la victoire du macronisme, mais aussi, et surtout parce que dans toutes ses composantes elle est persuadée que le progrès est toujours bon et qu’elle n’a pas de critique à faire au pouvoir actuel, sinon qu’il ne serait pas vraiment progressiste.

    En lui-même le macronisme est inconsistant. Sa force vient de bien ailleurs, des mouvements de fond du capital comme système et pas seulement de ses bailleurs de fonds. Sortir de l’idéologie progressiste, en critiquer radicalement les fondements, il n’est pas d’autre voie si l’on veut construire une alternative socialiste, indispensable pour donner un coup d’arrêt à la course mortifère du capital.

    Denis Collin (La Sociale, 2 août 2019)

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