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  • La Pologne, quatrième grand en Europe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard cueilli sur Geopragma et consacré à la montée en puissance de la Pologne en Europe. Grand reporter au Figaro, Renaud Girard est membre du comité d'orientation stratégique de Geopragma.

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    La Pologne, quatrième grand en Europe

    Pendant plus de sept générations, les Français n’éprouvaient que de la compassion quand ils parlaient de la Pologne. C’était une nation qu’ils aimaient, car catholique, romantique, courageuse ; Bonaparte et Clemenceau l’avaient rétablie dans ses droits, respectivement en 1807 et 1919.

    Mais les Français plaignaient aussi beaucoup la Pologne, tant elle fut maltraitée par l’Histoire contemporaine, qui la vit partagée trois fois (entre la Russie, la Prusse et l’Autriche) à la fin du XVIIIe siècle ; qui la vit trois fois se soulever en quête de sa liberté (1830, 1863,1944) dans des insurrections aussi vaines que sanglantes – les deux premières contre l’Empire russe, la troisième contre le IIIe Reich, sans que l’Armée rouge ne lève le petit doigt pour aider les insurgés ; qui la vit secrètement partagée puis attaquée en septembre 1939 par Hitler et Staline ; qui la vit sortir de la Seconde Guerre mondiale avec six millions de victimes (dont la quasi-totalité de ses trois millions de Juifs, assassinés par les nazis) ; qui la vit abandonnée au totalitarisme soviétique par les Occidentaux aux conférences de Yalta et de Potsdam (février et juillet 1945).

    Malgré leurs malheurs et les jougs qui leur furent imposés, jamais les Polonais ne perdirent leur ferveur nationale, ni la foi en leur destin. C’est à cette résilience, à ce courage, à cette espérance, que le président Charles de Gaulle voulut rendre hommage lors de son voyage de six jours en Pologne de septembre 1967. Le Général portait la culpabilité que l’état-major français (contre ses conseils de chef des chars de la 5e armée à l’époque) ait refusé d’attaquer en septembre 1939 le territoire de l’Allemagne nazie, après que cette dernière eut agressé la Pologne, alliée de la France. Le plus illustre des Français a aujourd’hui sa statue en plein cœur de Varsovie.

    Progrès constant

    À l’émergence du mouvement ouvrier Solidarité contre l’autoritarisme communiste en août 1980, les Français furent les premiers à aider la Pologne, à y envoyer des colis, à recueillir ses réfugiés.

    Aujourd’hui, il n’est plus question pour les Français de prendre la Pologne en pitié. Ils peuvent désormais l’admirer, voire l’envier, sans arrière-pensée, tant le progrès de ce pays de 38 millions d’habitants a été constant depuis qu’il s’est libéré du communisme à la fin des années 1980. Membre de l’Union européenne (mais pas de la zone euro) depuis vingt ans, la Pologne a remarquablement bien utilisé les considérables subsides qu’elle a reçus de Bruxelles (plus de 250 milliards d’euros) pour rénover ses infrastructures. Lors de son adhésion à l’UE en 2004, la Pologne en constituait le 9e PIB (Royaume-Uni exclu). Elle en est aujourd’hui le 6e. Le rapport du PIB par habitant polonais au PIB moyen par habitant européen, en parité de pouvoir d’achat, est passé de 51 % en 2004 à 79 % en 2022.

    La Pologne est encore derrière l’Espagne et les Pays-Bas en termes de PIB, mais elle va bientôt les rattraper, tant sa croissance est forte

    La croissance polonaise est tirée par trois secteurs très solides : les logiciels, l’agriculture, la manufacture de pièces pour l’automobile et l’électroménager. La Pologne est encore derrière l’Espagne et les Pays-Bas en termes de PIB, mais elle va bientôt les rattraper, tant sa croissance est forte.

    Politiquement, le pays est une démocratie qui fonctionne bien et qui connaît de réelles alternances. La Pologne vient de passer, sans la moindre anicroche, d’un gouvernement nationaliste de droite à un gouvernement de centre gauche, très pro-européen.

    Socialement, le pays ne connaît pas de gros problèmes : le taux de chômage est à 2 % ; l’assistanat n’existe pas ; les émeutes urbaines non plus ; l’immigration passe inaperçue. Il est vrai que les immigrés sont en grande majorité des Ukrainiens, lesquels sont, comme les Polonais, des Slaves chrétiens. En septembre 2015, lorsque la chancelière Merkel avait ouvert les vannes de l’immigration moyen-orientale en Europe, la Pologne avait déclaré qu’elle n’accueillerait pour sa part que des réfugiés chrétiens. Les Polonais sont sidérés par les problèmes que connaissent, avec leurs communautés musulmanes, des pays européens aussi anciennement avancés que la France, l’Allemagne ou la Suède. Il y a environ aujourd’hui trois millions d’Ukrainiens qui vivent en Pologne. Ils y ont tous trouvé un travail et y sont parfaitement intégrés.

    Bonne organisation et civisme

    Je viens de passer dix jours en Pologne, entre l’Oder et la Vistule, à visiter en profondeur ces trois régions (voïvodies) en expansion que sont la Basse-Silésie (chef-lieu Wroclaw), la Poméranie (chef-lieu Gdansk), la Mazovie (chef-lieu Varsovie). Dans les villes comme dans les villages, on est frappé par l’activité, la propreté, la bonne organisation, et le civisme des résidents. Dans certains quartiers, on se croirait presque en Suisse.

    Les pères fondateurs de la nouvelle Pologne, comme Tadeusz Mazowiecki ou Bronislaw Geremek, qui faisaient assaut de modestie lorsque je les interviewais comme jeune reporter, peuvent aujourd’hui se retourner de fierté dans leurs tombes. Fier aussi peut se montrer le courageux Leszek Balcerowicz, 77 ans aujourd’hui, le grand argentier dont le programme initial d’austérité lança, sur des bases saines, la nouvelle économie de marché polonaise, au début des années 1990.

    Géopolitiquement, après l’agression de la Russie contre l’Ukraine en février 2022, la Pologne est devenue l’avant-poste du combat européen contre l’expansionnisme poutinien. Il y a deux raisons pour lesquelles la Pologne est très respectée par les Américains au sein de l’Otan. La première est que la Pologne, contrairement à l’Allemagne et à la France (et à l’auteur de ces lignes…), n’a jamais cru en la bonne volonté de Vladimir Poutine. La seconde est qu’elle a fait passer ses dépenses de défense à plus de 4 % de son PIB. Quand on évoque devant les Américains l’article 5 de la charte de l’Otan (qui les oblige à défendre leurs Alliés), ils citent immédiatement l’article 3, qui exige de ses membres une préparation militaire suffisante pour pouvoir tenir lors d’un premier choc contre un adversaire commun (aujourd’hui la Russie).

    Toutes ces raisons font que le Triangle de Weimar (Paris-Berlin-Varsovie) est devenu aujourd’hui l’axe politique le plus important au sein de l’Union européenne et qu’il n’est pas illusoire d’affirmer que la Pologne deviendra prochainement le quatrième grand dans l’Union européenne.

    Renaud Girard (Geopragma, 23 septembre 2024)

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  • Macron, président va-t-en-guerre contre les Russes...

    Pour cette nouvelle édition de Cette année-là, sur TV Libertés, Patrick Lusinchi, avec François Bousquet, rédacteur en chef d’Éléments et Christophe A. Maxime, remonte au printemps 1982, quand l’Europe se demandait s’il fallait secourir la Pologne, comme elle se demande aujourd’hui s’il faut envoyer des soldats au sol en Ukraine. Fallait-il mourir pour Gdansk dans les années 1980 ? Assurément non ! Faut-il aujourd’hui mourir Kiev ? Macron semble prêt à courir le risque, multipliant les déclarations bellicistes à l’encontre de la Russie, au risque d’une déflagration mondiale...

     

                                               

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  • La Pologne : bouclier de la défense européenne ?...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°51, mai - juin 2024), dirigée par Jean-Baptiste Noé, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré à la Pologne.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉDITORIAL

    Le retour de l'ennemi, par Jean-Baptiste Noé

    CHRONIQUES

    LE GRAND ENTRETIEN

    Au Québec, le retour des Bleus dans la vie politique ? Entretien avec Etienne-Alexandre Beauregard

    IDÉES

    Indépendance ou souveraineté ? Ce qu'Aristote et Bodin nous ont appris de la souveraineté, par Thibaut Gress

    PORTRAIT

    Victoria Nuland, la chute du faucon, par Michel Chevillé

    ENJEUX

    Comment la Chine maintient la Russie en activité , par Yanmei Xie et Thomas Gatley

    Nauru : du Capitole à la roche Tarpéienne, par Antoine-Baptiste Filippi

    L’Équateur en guerre contre les Narcos, par Michel Faure

    En Colombie, quand l'ONU tente de remplacer la coca par le café, par Jean-Louis Tremblais et Erick Bonnier

    La France dangereuse, par Jean-Marc Holz

    GRANDE STRATÉGIE

    La grande stratégie du Portugal, par Olivier Kempf

    GRANDS CAPITAINES

    Blenheim (13 aout 1704). Tonnerre sur le Danube, par Pierre Royer

     

    DOSSIER

    Pologne

     

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    HISTOIRE BATAILLE

    CARTE MAÎTRESSE

    CHEMINS DE FRANCE

    GÉOMORPHOLOGIE

    ART ET GÉOPOLITIQUE

     

     

     

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  • Grand nettoyage à Varsovie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels, cueilli sur Putsch et consacré à la brutale reprise en main de la Pologne par Donald Tusk, vainqueur des élections et, en tant qu'ancien président du Conseil européen, éminent représentant du système "davocratique"...

     

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    La police occupe les locaux de la télévision publique à Varsovie...

     

    « Grand nettoyage à Varsovie »

    Le changement de régime à Varsovie serait le « mieux » pour tout le monde : même les conservateurs devraient voter pour Tusk afin de ramener le pays à la modération, à la normalité et à l’État de droit ; les mises en garde contre la « wokisation » de la Pologne ne seraient rien d’autre que des propos populistes alarmistes. Mais que voyons-nous maintenant ? Jamais, dans l’histoire récente de l’Europe, un État n’a été mis sens dessus dessous de manière aussi rapide, aussi brutale et aussi complète sur le plan idéologique, et ce sous les applaudissements de Berlin et de Bruxelles : une leçon et un avertissement.

    Il n’est pas rare d’entendre des voix centristes dire que l’objectif présupposé d’une transformation identitaire gauchiste de notre société ne serait qu’une simple « obsession » d’une droite qui ferait de quelques cas isolés la base conspirationniste d’un chimérique « Great Reset ». Sans parler du fait que ces objectifs, loin d’être seulement formulés par une extrême droite en total délire, sont systématiquement présentés à des millions de personnes comme des utopies réalistes positives par des idéologues libéraux de gauche comme Harari ou Schwab, on a pu constater ces dernières années d’une manière bien réelle et concrète que cette politique identitaire n’est pas un élément secondaire, mais plutôt l’enjeu politique principal de notre société occidentale, et ce avec des conséquences désastreuses. La Pologne est en phase d’en devenir l’exemple le plus marquant. Il n’aura fallu que quelques jours pour que le gouvernement Tusk confirme toutes, mais vraiment toutes les « théories du complot » qu’une bonne partie du milieu bienpensant polonais avait dénoncées pendant la campagne électorale comme de vulgaires diatribes.

    La composition même du gouvernement a été un véritable choc : alors que la propagande électorale avait affirmé qu’une coalition Tusk était la meilleure solution pour tout le monde, y compris les conservateurs, tous les postes gouvernementaux socioculturels clés ont été attribués à des membres du parti de gauche « Lewica » qui ne cache pas ses opinions ouvertement anti-chrétiennes et pro-LGBTQ : bien que « Lewica » n’ait obtenu que 8,61% des voix et ait perdu 4% aux élections par rapport aux dernières années, elle contrôlera (avec quelques autres micro-partis de gauche) désormais le ministère de la numérisation, le ministère de l’éducation, le ministère de la famille, du travail et des affaires sociales, le ministère de la science et de la recherche et enfin le ministère (nouvellement créé et dont la signification n’est absolument pas claire) de « l’égalité ». Pour savoir ce que cela signifie, il suffit de jeter un coup d’œil à la nouvelle ministre de la Famille, Agnieszka Dziemianowicz-Bąk, qui s’est faite une certaine renommée ces dernières années en luttant farouchement pour les intérêts LGBTQ et pour la banalisation de l’avortement, et qui, en outre, aime s’afficher avec des blouses appelant à protéger les enfants contre le christianisme.

    Elle n’est pas un cas isolé : la nouvelle ministre de l’Éducation, Barbara Nowacka (également Lewica), est elle aussi sur une ligne radicalement antichrétienne et veut imposer une réduction de moitié des cours de religion financés par l’État dans les écoles (qui n’étaient bien sûr déjà pas obligatoires, mais pouvaient être remplacés par « l’éthique »). Et il ne faut pas beaucoup d’imagination pour prévoir l’objectif de la prochaine refonte des programmes scolaires : cela commence toujours par la laïcité, puis continue vers la propagande explicitement anti-chrétienne, et se termine finalement par la doctrine des crimes du vieil homme blanc, du patriarcat oppressif et de l’âge d’or de l’Islam tolérant.

    Mais continuons. Comme dans un mauvais remake des prises de pouvoir autoritaires de l’entre-deux-guerres et de l’après-guerre, le nouveau gouvernement de Donald Tusk, Européen et démocrate modèle, tout juste investi le 13 décembre, a licencié sans préavis, dans la nuit du 20 au 21, l’ensemble de l’équipe dirigeante des médias publics polonais (télévision, radio, service de presse), occupé le siège de TVP avec des forces de sécurité, coupé la chaîne et effacé des archives des médias tous les documentaires gênants sur les mandats précédents de Tusk. Et depuis lors, face à la résistance farouche de certains membres du personnel et députés de l’opposition, la situation est devenue encore plus complexe : d’une part, le « conseil des médias » (mis en place par l’ancien gouvernement) a nommé une nouvelle direction, et d’autre part, le gouvernement a ouvertement annoncé la liquidation économique des chaînes publics, devant être suivie de leur nouvelle création. La raison : en raison du veto du président Duda sur le budget 2024, la situation financière ne permettrait plus de poursuivre l’activité des médias publics ; mais en réalité, une table rase radicale ouvre naturellement de toutes nouvelles perspectives de réorganisation des chaînes, tant sur le plan personnel que juridique.

    Mais tout cela n’était qu’un début. Le 20 décembre également, le ministre de l’Intérieur sortant, Mariusz Kamiński, et son adjoint ont été condamnés à deux ans de prison ferme et cinq ans de privation de leurs droits civiques dans une affaire de corruption très politisée et controversée à ce jour, malgré l’amnistie présidentielle, et leur immunité parlementaire a été levée par le nouveau président du Parlement ; un avertissement politique à peine voilé. Kamiński, ancien résistant anticommuniste, coordinateur des services de renseignement depuis 2015 et ministre de l’Intérieur et de l’Administration depuis 2019, était l’une des figures centrales de la protection du pouvoir interne du gouvernement PiS. Son incarcération brutale est censée être un avertissement à tous ses soutiens dans les services de renseignement et l’administration et n’est probablement que le début d’une vague de procès attendue depuis longtemps, visant à criminaliser juridiquement a posteriori les décisions idéologiques déplaisantes du gouvernement précédent.

    Ainsi, alors que certains parmi les plus hauts membres du gouvernement sortant sont condamnés à se retrouver derrière les barreaux à quatre jours de Noël sans aucune réaction de l’opinion publique européenne, les barreaux qui séparaient le pays de l’afflux de migrants musulmans sont symboliquement démantelées : le 23 décembre, le nouveau président du Parlement, tout sourire, s’est fait photographier devant les caméras avec des migrants de tous horizons, dont une demandeuse d’asile déjà déboutée à plusieurs reprises ; et la Pologne a rejoint le fameux « pacte sur la migration » lui imposant désormais des quotas de migrants décidés à Bruxelles.

    La Pologne vit donc un revirement migratoire quasi « Merkelien » qui s’est d’ailleurs accompagné d’informations selon lesquelles les tribunaux polonais déclareraient prochainement illégale la politique radicale de push-back du gouvernement précédent et ouvriraient systématiquement les postes à la frontière biélorusse aux demandeurs d’asile. Est-ce une coïncidence si, depuis, la compagnie aérienne « Southwind » a ouvert une nouvelle route aérienne d’Istanbul à Minsk dont les billets coûtent le prix dérisoire de 195€?

    Le 22 décembre, le nouveau gouverneur de la voïvodie de Lublin, Krzysztof Komorski (du même parti que Tusk), a déjà montré à quoi devait ressembler la nouvelle culture d’accueil polonaise : Il a fait enlever la croix dans la salle de réception de son administration, a fait installer le drapeau européen et a fait enlever la crèche de Noël.
    Quelques jours après Noël, le coup suivant a été porté. Le 27 décembre, le nouveau Premier ministre Tusk a annoncé les trois prochains objectifs de son gouvernement, qui ne seront guère moins révolutionnaires que les précédents : après l’annonce par la ministre de l’Éducation de la réduction de moitié de l’enseignement religieux et le retrait des croix et des crèches, Tusk a annoncé que l’Église polonaise ne serait plus financée que par des déductions fiscales volontaires de la part des fidèles – une véritable révolution dans un pays qui, pendant des siècles, a trouvé dans le catholicisme non seulement sa colonne vertébrale spirituelle et morale, mais aussi un outil identitaire essentiel pour sa lutte contre les différentes puissances d’occupation et les tentatives d’assimilation. On n’oubliera d’ailleurs pas que sans un pape Jean-Paul II, le succès du « Solidarność » polonais dans sa lutte contre le totalitarisme de gauche aurait été impossible. Deuxièmement, la Pologne va adhérer au « Parquet européen » commun censé poursuivre dans toute l’Europe les éventuelles fraudes aux subsides de l’UE, ce qui permettra de facto aux institutions européennes d’exercer une influence encore plus grande sur les juridictions nationales polonaises. Enfin – et le lecteur s’y attendait depuis longtemps -, une loi sur les partenariats entre personnes de même sexe devrait être adoptée dans les prochaines semaines, afin de « ramener la Pologne en Europe » dans ce domaine également…

    Ainsi, et ce à peine une semaine au pouvoir, le gouvernement Tusk a déjà bouleversé les principaux repères de la politique identitaire polonaise : déchristianisation, mise au pas des médias, arrestations politiques, libéralisation migratoire, droit de regard juridique renforcé pour l’UE, politique LGBTQ – dans tous ces domaines, de véritables révolutions sont en cours, se servant utilement des vacances de Noël afin de profiter du chaos usuel des fêtes. Et ce n’est qu’un début : les grandes épreuves de force sont encore à venir : recomposition du Tribunal constitutionnel, règlement de comptes juridique avec les dirigeants du PiS, construction ou non des premières centrales nucléaires polonaises (non souhaitées par Berlin), banalisation de l’avortement (inclue dans le contrat de coalition), fermeture d’instituts d’expertise politique idéologiquement indésirables et, bien sûr, débat sur la mise en œuvre des plans de réarmement polonais, également rejetés par Olaf Scholz.
    Qu’en pense l’UE, par ailleurs traditionnellement prête la première à détecter partout et à tout moment les brèches de « l’État de droit » ? Le lecteur ne sera guère surpris par le silence retentissant en provenance de Bruxelles. Et plus encore : on peut supposer que Tusk – président de longue date du Parti populaire européen et président du Conseil européen de 2014 à 2019 – ait convenu à l’avance de chaque étape de ses mesures avec ses collègues de Bruxelles (et de Berlin) et qu’il ait déjà négocié sa récompense. Car comme par hasard, l’UE a attendu jusqu’à la mi-novembre pour finalement décider de débloquer la première tranche de 5 milliards d’euros de l’aide-covid, qui avait été retenue pendant des mois, voire des années, en raison de « doutes » sur la situation de l’État de droit en Pologne – et donc, les élections polonaises d’octobre ont pu se dérouler dans un climat d’incertitude budgétaire totale, amenant au pouvoir le nouveau gouvernement Tusk. Le fait que ces fonds aient finalement été accordés au gouvernement conservateur battu aux élections pendant ses derniers jours au pouvoir avec les remerciements amicaux de Mme von der Leyen n’a donc été rien de moins qu’une gifle retentissante, voire une humiliation délibérée : à la fois pour le gouvernement sortant et pour tous les électeurs qui ont pu prendre au sérieux les préoccupations « juridiques » de l’UE à l’égard du gouvernement conservateur de Varsovie. Car c’est bien sûr le gouvernement Tusk qui profitera de cet argent, après qu’il ait dramatiquement manqué dans les caisses du gouvernement Morawiecki.

    Quelles leçons peut-on tirer de ces événements ? « L’État de droit, c’est moi », pourrait-on attribuer aux institutions bruxelloises en reprenant une devise célèbre ou, en d’autres termes : tant que cela correspond aux prescriptions idéologiques du mainstream de gauche, même les réformes les plus brutales sont approuvées comme des jalons sur la voie vers plus de liberté, d’égalité et de fraternité, tandis que des mesures analogues, bien que nettement moins drastiques, lorsqu’elles sont prises par les « mauvais », donc la droite, sont immédiatement interprétées et décriées comme attaques frontales contre la démocratie et l’Etat de droit. Certes, une certaine dose de machiavélisme a toujours fait partie de la politique. Mais le problème, qui se manifeste pour la première fois avec une telle acuité en Pologne, est le suivant : celui qui, à longueur de journée, ne cesse de crier au loup finit inévitablement par perdre toute crédibilité, surtout s’il se comporte lui-même en prédateur dès que la première occasion se présente.
    Le fait que certains médias non seulement reconnaissent, mais approuvent explicitement cette évolution – le « Berliner Zeitung » a même appelé Tusk à devenir un dirigeant autoritaire pour « démocratiser » de force la Pologne (https://www.berliner-zeitung.de/politik-gesellschaft/polen-wird-donald-tusk-zum-autokraten-um-den-staat-zu-reformieren-li.2166839) – montre à quel point nos démocraties sont brutalisées. Celui qui stigmatise des prétendues violations de l’Etat de droit ne peut pas, à son tour, pulvériser ce dernier complètement sans réhabiliter ainsi ceux qu’il vient de critiquer et, pire encore, sans inviter son ennemi à imiter son comportement une fois au pouvoir. C’est précisément ce qui se passe actuellement en Pologne, sous les applaudissements de Berlin et de Bruxelles, et, compte tenu des élections qui auront bientôt lieu non seulement en Europe, mais aussi aux États-Unis, il est à craindre que la stratégie brutale de Tusk « The Winner Takes It All » ne soit pas interprétée comme un exemple à éviter, mais plutôt comme un mode d’emploi à suivre.

    David Engels (Putsch, 6 janvier 2024)

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  • Feu sur la désinformation... (448)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Floriane Jeannin.

     

                                          

     

    Sommaire :

    La météo de l’info : Vent glacial sur la démocratie en Pologne !

    Libération et loi immigration

    Le dossier de la semaine : Ces femmes qui décrivent le réel

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    Les pastilles de l’info :

    Une Miss France aux cheveux courts, une polémique au poil !

    Les chats et les chiens polluent-ils ? Bientôt taxés ?

    Joyeux Noël, une formule au bord de l’extinction ?

    La démission d’Aurélien Rousseau, une pitrerie ministérielle ?

    Un présentateur BFM sous influence… Oxymore !

    Pologne : feu sur la liberté de la presse !

    Conclusion

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    Portrait piquant : Thomas Legrand : le journalisme “Bobo” assumé

     

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  • Pilsudski et le nationalisme polonais...

    Les éditions de Synthèse nationale viennent de publier dans leur collection des Cahiers d'histoire du nationalisme, un volume intitulé Józef Pilsuski - Le vainqueur de l'armée rouge, sous la plume de Michel Vial.

    Collaborateur du magazine Raids, Michel Vial, qui, en 1976, à 20 ans, s'est engagé dans les Phalanges libanaises et a été blessé au combat, est également l'auteur d'un essai, La chute de l'empire occidental (Synthèse, 2020) et d'une biographie de l'officier parachutiste Pierre Château-Jobert, intitulée Conan (Indo éditions, 2020).

     

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    " La Pologne, qui avait disparu en tant qu’État souverain au dix-huitième siècle, renaît en 1918 à la faveur de la défaite des empires centraux. Immédiatement, un homme s’impose à sa tête : Józef Piłsudski. Tour à tour activiste politique, chef de parti, puis chef de guerre, il devient chef de l’État et prend en mains les destinées de son pays. En 1920, alors que la Russie a décidé de propager la révolution à tout le continent et que l’Armée rouge est aux portes de Varsovie, il lui inflige une défaite cinglante et sauve ainsi l’Europe du bolchevisme.

    Au cours des années suivantes et jusqu’à son décès en 1935, il va s’imposer comme le vrai maître du pays bien qu’il n’en ait jamais été Président de la République. Son aversion pour le parlementarisme, son mépris pour les politiciens professionnels comme son caractère intransigeant vont le conduire à instaurer un régime qui, bien qu’indéniablement autoritaire, ne saurait être considéré comme totalitaire ou fascisant. Il va stabiliser le pays et tenter de le préparer à faire face aux menaces liées à une situation internationale préoccupante. Malgré ses efforts et une volonté hors du commun, il n’y parviendra pas et l’année 1939 sera hélas fatale à la Pologne. "

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