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marine le pen

  • Les hooligans du néant

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir, cueilli sur Breizh-Info et consacré aux rivalités destructrices au sein du "camp national"...

     

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    Partisans du RN contre Fans de Reconquête: les hooligans du néant

    Ah, quelle farce. Chaque jour qui passe, les réseaux sociaux nous offrent le spectacle pathétique d’une guerre de tranchées entre groupies du RN et ultras de Reconquête, incapables de penser autrement que par les voix ou agissements de leurs chefs/élus respectifs. On s’insulte, on s’excommunie, on brandit des captures d’écran comme autant de trophées de chasse numérique. Pendant ce temps-là, la Bretagne, la France, l’Europe continuent de se déliter, l’immigration de prospérer, et l’État de se soumettre à toutes les idéologies mondialisées. Mais les “patriotes”, eux, préfèrent se déchirer dans un concours de pureté stérile.

    Des bulles qui tournent en rond

    Les partisans de Zemmour accusent les électeurs du RN de trahison, de compromission, de mollesse. Ceux de Marine et Bardella répliquent en expliquant que Reconquête les “plombe électoralement”. Les uns se prennent pour des stratèges, les autres pour des résistants. En réalité, ils ne sont que les otages d’une société de bulles : bulles médiatiques, bulles virtuelles, bulles narcissiques. Chacun vit enfermé dans son aquarium numérique, persuadé de représenter le “vrai peuple” alors qu’il ne fait que s’adresser à son reflet.

    C’est la victoire du marketing sur les idées. Les uns se rassurent en jouant aux gaullistes de province, terroir et saucisson, les autres se grisent d’une radicalité de plateau télé. Mais au fond, ces guerres de boutique ne servent qu’à gonfler les egos de leurs chefs respectifs, qui se nourrissent de cette rivalité pour exister.

    Les angles morts des uns et des autres

    Les pro-RN hurlent que Reconquête leur “vole des points”. Jamais ils ne se demandent pourquoi tant d’électeurs sont lassés par les ambiguïtés sociétales d’un parti qui flirte parfois avec la gauche progressiste sur des sujets décisifs. À force de se travestir en parti de gouvernement respectable, à force de n’être qu’un RPR des années 90 et de refuser d’appeler à descendre dans la rue, le RN finit par singer ses adversaires.

    À l’inverse, les pro-Zemmour ne comprennent pas que nombre de Français, fatigués, précarisés, veulent avant tout être rassurés. Peu leur importe la hauteur des discours ou la radicalité des propositions : ils se tournent vers Marine Le Pen et Bardella parce qu’ils apparaissent comme plus “proches du peuple”. Illusion ? Sans doute. Mais les illusions font partie du réel, et les ignorer, c’est se condamner à ne jamais gagner.

    Le panier de crabes

    Ces querelles intestines ne sont pas seulement ridicules, elles sont révélatrices : la politique est un tas de lisier où chacun patauge avec un rictus de haine. On se déteste, on se jalouse, on se fantasme en gladiateur d’Internet, alors qu’au fond, on partage les mêmes constats sociaux, les mêmes angoisses démographiques, la même colère contre la dépossession de notre pays.

    Et comble du cynisme : ceux qui s’invectivent comme des chiens enragés sur les réseaux ignorent que dans la réalité, nombre de cadres du RN et de Reconquête sont copains comme cochons. On se vouvoie à l’antenne et on s’engueule pour le spectacle, puis on se tape dans le dos hors caméra. La guerre des supporters n’est qu’un théâtre d’ombres pour amuser la galerie.

    Voilà le fond du problème : les vrais perdants, ce sont les militants, les sympathisants, les fans. Comme des hooligans sans stade, ils gueulent, ils insultent, ils s’écharpent… mais ils ne construisent rien. Ils vivent par procuration, attendant que leur chef providentiel conquière le pouvoir à leur place. Ils se passionnent pour des joutes virtuelles, plutôt que d’agir concrètement, de s’organiser localement, de prendre leur destin en main.

    Ils ne voient pas que ce qui les divise n’est rien face à ce qui devrait les unir : la défense d’un peuple, d’une civilisation, d’une identité. Mais la politique moderne est devenue un spectacle, et comme tout spectacle, elle a besoin de son lot de supporters décérébrés pour exister.

    Réveillez-vous

    Alors oui, il est temps de secouer le cocotier. Droite nationale, droite identitaire, droite radicale : arrêtez de jouer aux hooligans du néant. Cessez d’être les groupies hystériques de leaders qui ne voient en vous qu’une masse de clics et de voix interchangeables.

    Le véritable combat n’est pas sur Twitter ni sur TikTok. Il est dans la rue, dans les associations, dans les familles, dans les villages et les quartiers où se joue l’avenir. Le choix est simple : continuer à se haïr au nom de querelles d’appareil, ou bâtir une force populaire réelle, qui dépasse les boutiques partisanes et les petites vanités.

    Parce que sinon vous finirez tous par ressembler à ce que vous prétendez combattre : des spectateurs passifs, consommateurs d’illusions, prisonniers de la société du spectacle. Et dans ce cas-là, vous ne mériterez même plus de parler de “patrie”. Qui aura disparu depuis bien longtemps…

    Julien Dir (Breizh-Info, 1er octobre 2025)

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  • Privatiser l’audiovisuel public : une si bonne idée ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la polémique qui enfle autour de la mainmise de la gauche sur le service public de l'audiovisuel et à l'idée d'une privatisation intégrale comme unique remède...

     

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    Privatiser l’audiovisuel public : une si bonne idée ?

    Notre gauche médiatique, c’est un peu comme les sportifs anglais, qui ne font preuve de fairplay que lorsqu’ils gagnent. Ainsi, nos donneurs de leçons aiment tourmenter leurs adversaires politiques, mais ne supportent pas de se trouver à leur tour dans la tourmente. Jurisprudence France Inter ?

    Normalement, selon leurs calculs (comme disent les technocrates), la chasse à courre devrait obéir à des règles immuables. En bonne logique, Mediapart lance l’affaire, avant d’être tôt relayé par Libération et L’Humanité. Puis, Le Monde et France Inter se chargent de l’onction officielle. Les loups chassent en meute ; les rats aussi, semble-t-il. Seulement voilà, la gauche n’a plus le monopole du fric et de la rancœur. La preuve par Vincent Bolloré, par exemple, qui, à droite, a le portefeuille et le cœur. Et qui vient les chatouiller sur leur propre terrain, avec leurs propres méthodes. Car lui aussi, sait chasser en meute et faire sien le principe d’opportunité. La vidéo de L’Incorrect, où l’on voit Thomas Legrand et Patrick Cohen expliquer comment ils vont influer en même temps sur les municipales à Paris (en s’occupant de Rachida Dati) et sur l’élection présidentielle à venir (en faisant la retape de Raphaël Glucksmann contre Jean-Luc Mélenchon).

    Et son système, calque de celui de ses adversaires politiques, d’aussitôt tourner en boucle : Cnews fait enfler la polémique, aussitôt relayée par le JDNews, ensuite reprise par Europe 1 et qui fait la une du Journal du dimanche. Du beau boulot. À gauche, on n’aurait pas mieux fait.

    Delphine Ernotte acculée…

    D’où une Delphine Ernotte, femelle blanche de plus de 50 ans, matriarche du service public, et qui, bousculée par la vague médiatique, est désormais tenue de se justifier. Bon, elle ne le fait pas n’importe où, mais dans Le Monde, gardien vespéral des élégances démocratiques, ce 18 septembre. Sa stratégie ? Simple comme bonjour : « La galaxie de Vincent Bolloré veut la peau de l’audiovisuel public, réclame sa privatisation et l’exprime avec violence. (…) On a besoin de toutes les bonnes volontés républicaines de ce pays pour s’élever contre cette violence verbale de nature presque politique».  Allons bon. Comme si l’audiovisuel public n’en faisait pas, lui, de la politique. Passons.

    D’ailleurs, si l’on résume : le méchant Bolloré attaquant le gentille Ernotte vaudrait donc brevet de bonne conduite « républicaine » pour ce service public censé être au service de la nation. Pauvre Marianne qui, à force de se voir embrigadée de force par tel ou telle, doit aujourd’hui peiner à s’asseoir, à force d’avoir mal au fion.

    Rachida Dati ou la « diversité » à géométrie variable…

    Après la lecture des Évangiles, le sermon, publié dans Le Monde, quatre jours plus tard, dans un éditorial anonyme. Et là, il y en a pour tout le monde. Rachida Dati, ministre de la Culture (jusqu’à quand ?) : « En multipliant les propos dévalorisants, la ministre de tutelle de l’audiovisuel préfère se joindre à la curée au lieu de défendre et de mettre en avant ses réussites, comme les audiences record de Radio France». Hormis les relents nauséabonds de misogynie et de marocanophobie, on ajoutera que ce n’est pas parce qu’une émission cartonne qu’elle est forcément bonne. Autrement, Cyril Hanouna serait à la place d’une Léa Salamé, la nouvelle speakerine de France 2, et Christine Kelly à celle de Delphine Ernotte.

    Et la même tribune d’en appeler ensuite aux mannes géopolitiques : « Trop de précédents étrangers disent ce que peut recouvrir une attaque en règle contre un service public de l’information par un courant politique sous le couvert de la lutte pour la liberté d’expression : un démantèlement suivi par la mise en place d’une parole monolithique. En France, la transformation des médias privés rachetés par Vincent Bolloré, traduite par la purge de leurs rédactions, a d’ailleurs suivi ce modèle».  Si France Inter se retrouve prise dans son propre piège, c’est donc à la faute de Cnews. La dialectique est un peu courte, madame.

    Quand France Inter n’était ni de gauche et ni de droite…

    Ou de l’art de peindre des diables sur les murs pour ensuite faire mine d’y croire, comme si la parole de Radio France n’était-elle pas, elle aussi, de longue date « monolithique ». Ce qui ne fut d’ailleurs pas toujours le cas, il convient de le noter. Ainsi, au siècle dernier, sur France Inter, un certain Jean-François Chiappe, époux de Marina Grey, fille du général Denikine, chef de la contre-révolution russe ayant manqué de peu de battre l’Armée rouge, fut l’un des principaux animateurs des émissions historiques diffusées par le service public. Dans le même temps, il assurait la formation politiques des militants du Front national d’alors. Et personne n’y trouvait rien à y redire, même ses homologues communistes ayant également leurs ronds de serviette dans ce qui s’appelait alors l’ORTF, avant qu’un Valéry Giscard d’Estaing ne vienne y mettre mauvais ordre en procédant à son démantèlement.

    Dans le même registre, et cela devrait faire honte à Delphine Ernotte, il n’est pas si lointain, le temps où un Michel Polac, avec son émission Droit de réponse, diffusé sur un TF1 pas encore privatisé par la droite chiraquienne, invitait indifféremment Claude Cabanes, de L’Humanité, Dominique Jamet du Quotidien de Paris, Jean Bourdier de Minute, et même des ludions incontrôlables tels que Jean-François Kahn, directeur des Nouvelles littéraires.

    La privatisation, nouvelle paupérisation…

    Et c’est quand TF1 fut racheté par le groupe de BTP Bouygues que ce bel éclectisme prend fin. Dans un registre similaire, et à l’époque où la télévision était tenue par l’État, les amateurs de musique y trouvaient leur compte. Pour ceux de l’opéra, il y avait Ève Rugierri. Ceux de rock pouvaient regarder Chorus, d’Antoine de Caunes ou Les Enfants du rock, de Pierre Lescure avec Jean-Pierre Dionnet et Philippe Manœuvre, tandis que ceux de chansons françaises à l’ancienne, pouvaient trouver leur miel avec La France aux chansons, de Pascal Sevran. Aujourd’hui ? Plus rien, si ce n’est du rap partout et de la chanson de qualité frelatée, façon Laurent Delahousse déroulant le tapis rouge devant une Juliette Armanet.

    Comme quoi la privatisation n’est pas forcément la solution à tout. De cette dernière, il est actuellement beaucoup question, le groupe Bolloré en ayant fait l’un de ses étendards. Mais ces positions sont-elles aussi caricaturales qu’on le dit ? Rien n’est moins sûr, un Pascal Praud se montrant bien souvent nostalgique de l’ORTF à papa. Certes, le Moloch public nous coûte « un pognon de dingues », comme dirait « l’Autre ». 4 milliards d’euros par an, ce n’est pas rien. 665 millions d’euros pour Radio France, c’est plus que l’ensemble du budget de toutes les radios privées réunies. 14 chaînes de télévision, c’en est au moins quelques-unes de trop, à l’instar de leurs 59 stations de radio. Ainsi, les partisans de la privatisation du service public ne sont pas sans arguments. Bref, il conviendrait peut-être de « dégraisser le mammouth », tel que jadis préconisé par Claude Allègre, ministre de l’Éducation de Lionel Jospin.

    Ce qu’en dit Marine Le Pen…

    Ainsi, Marine Le Pen, interrogée par Le Journal du dimanche du 21 septembre, ne semble pas tomber du cocotier vis-à-vis de la polémique en cours : « Non, je ne suis pas surprise. C’est un secret de Polichinelle que madame Ernotte est une militante très marquée à gauche. Mais là, elle franchit un cap supplémentaire. Elle n’est absolument pas dans son rôle. Et ce type de type de sortie devrait conduire à son départ. Parce qu’il ne revient pas à la présidente de France Télévision de distribuer des brevets d’honorabilité aux chaînes privées». Quant à l’éventuelle privatisation de ce qui fut naguère un joyau français, cette réponse : « Nous proposons une privatisation quasi-totale, avec quelques exceptions : garder une voix pour l’international, un canal d’urgence pour les crises et le lien avec l’Outre-mer».

    Est-ce la bonne solution ? Pas forcément, sachant qu’au lieu de réformer en profondeur l’institution en question (tâche éventuellement impossible, tant les syndicats y dictent leur loi), une Marine Le Pen entend, sans lui faire un procès d’intention, peu ou prou la brader. Mais à qui ? Des fonds d’investissement étrangers ? Des multinationales n’ayant que faire de nos contingences nationales ou de ce qui en demeure ? Vaste question, la logique de ceux qui font la politique n’étant pas toujours celle de ceux qui la commentent.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 23 septembre 2025)

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  • Pourquoi le système ne laissera jamais la droite prendre le contrôle...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 4 avril 2025 et consacrée à l'éviction judiciaire de Marine Le Pen de l'élection présidentielle...

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

     

                                              

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  • Les épées de Damoclès...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Jamet cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la décision prise par la Justice visant à évincer Marine le Pen de l'élection présidentielle.

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    Les épées de Damoclès

    « Une décision de justice n’est jamais politique… » Ainsi s’est exprimé, ces jours derniers, non pas Zarathoustra mais, nettement moins célèbre jusqu’il y a peu, M. Aurélien Martini, secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des magistrats (USM), organisation majoritaire au sein de l’honorable corporation des juges. M. Martini entendait-il concourir aux prochains Molière de la profession, dans la catégorie « Tartufferies » ? Les magistrats qui, après avoir tous (à deux exceptions près) prêté serment de fidélité au maréchal Pétain, siégèrent et statuèrent dans les trop fameuses sections spéciales de Vichy, ceux (parfois les mêmes) qui jugèrent et condamnèrent, à la Libération, à la Haute Cour de justice ou dans les chambres civiques de l’épuration, ceux qui siégèrent, de 1954 à 1962, dans les tribunaux devant lesquels comparurent les militants du FLN, puis les chefs et les soldats de l’OAS, auraient été plus que surpris par le plaider non coupable de M. Martini.

    Disons-le simplement : les trois juges qui viennent de confirmer les réquisitions déjà exceptionnellement sévères du parquet dans l’affaire des assistants parlementaires du FN ne prétendaient nullement diriger le procès et rendre leur sentence depuis la lointaine, étincelante et impartiale étoile Sirius, mais bien au contraire accomplir un devoir civique dont elles étaient les premières à proclamer les motifs, à revendiquer la légitimité, à prévoir et à assumer les conséquences sur l’élection présidentielle à venir, c’est-à-dire sur l’orientation de la vie politique de notre pays, en fonction de la personne, des idées et du programme de celui – en l’occurrence de celle - à qui le peuple français pourrait librement et souverainement confier, au plus tard en 2027, les rênes du pouvoir.

    Des sanctions lourdes

    L’arrêt rendu par Mme Bénédicte de Perthuis et ses deux « assesseuses » comporte deux volets bien distincts dans leur nature et dans leurs suites. D’une part, des peines de prison, des amendes lourdes, des restrictions aux droits civiques, sanctions lourdes et globalement conformes aux réquisitions des procureurs, mais dont on ne saurait contester qu’elles sont prévues par les dispositions de la loi que les accusés s’étaient bien légèrement dispensés de respecter. Même si la loi Sapin II ignore superbement la nature de la vie politique, la réalité des rapports entre les élus assistés et les militants qui les assistent, à telle enseigne qu’elle a été violée, à peine entrée en vigueur, par des partis et des dirigeants aussi divers que Bayrou et son MoDem, Mélenchon et son Parti de gauche, Jean-Marie puis Marine Le Pen et le FN de l’époque. Même si le séisme déclenché par l’arrêt des trois Parques a fait ressortir la nécessité, voire l’urgence, de revenir sur le contenu d’un texte conçu et voté en urgence dans la foulée de l’affaire Cahuzac, on ne peut dire, si sévères qu’aient été les juges, qu’ils aient outrepassé les pouvoirs que leur conférait la loi.

    Il n’en est évidemment pas de même du point désormais central, du point désormais litigieux qui est au centre du verdict rendu, lundi dernier, par la 11e chambre correctionnelle, à savoir l’exécution provisoire (provisoire, en l’espèce, ressemble fort à un synonyme de définitif) de la peine d’inéligibilité effectivement prévue, mais sans obligation, par la loi.

    On ne fera pas l’injure à trois magistrates expérimentées et parfaitement conscientes des enjeux en cours de leur accorder la moindre circonstance atténuante, ignorance du dossier ou de leur responsabilité. L’inéligibilité de Marine Le Pen était certes automatiquement liée à sa condamnation, sauf à l’en dispenser en fonction de critères spécifiques. Or, ces critères étaient patents, et connus de tous. Comme la majorité des Français, comme la totalité de la classe politique, comme tous ceux - juges, avocats, journalistes, simples militants, grand public - qui avaient suivi le procès dont elles maîtrisaient pleinement le dossier, les trois juges savaient pertinemment que la présidente du RN, désormais le premier parti de France, trois fois candidate à la présidence de la République, deux fois finaliste et battue seulement au second tour, était lors de la prochaine échéance assurée d’arriver en tête au premier et susceptible de l’emporter au second. Le tribunal a décidé de passer outre la réalité, quitte à sortir de la neutralité inhérente à sa mission et, donc, d’y perdre sa légitimité. Son verdict constitue une immixtion délibérée, brutale, grossière et insupportable du judiciaire dans le politique, au mépris du principe fondamental de la séparation des pouvoirs.

    Trouble à l’ordre public ?

    En tant que citoyennes, les trois magistrates ont bien entendu (et gardent) le droit d’avoir leurs choix personnels, leurs sympathies, leurs préférences et leurs détestations. En tant que juges, elles avaient le devoir de les oublier. Ce qu’elles n’ont pas fait, comme en attestent des attendus qui, relevant visiblement de leurs opinions, interfèrent dans une sphère dont la justice, dans une démocratie, devrait s’interdire l’accès. Si Marine Le Pen est seule, pour l’instant, à être durement frappée, ce sont au minimum entre onze et quinze millions d’électeurs, voire davantage, et peut-être même la majorité, dont trois personnes, chargées de rendre la justice, se sont permis de restreindre avec leur liberté de choix les droits civiques. Cet attentat, pour n’être pas physiquement violent, n’en constitue pas moins une atteinte, aussi grave et aussi lourde de conséquences que le geste meurtrier d’un terroriste à la régularité, à la crédibilité et donc à la légitimité du processus déjà engagé dans la perspective de l’élection qui est et demeure la clef de voûte de nos institutions.

    Au premier rang des attendus qui prétendent justifier l’intrusion éhontée et calamiteuse de la 11e chambre correctionnelle dans un paysage politique déjà tourmenté figure la crainte du supposé « trouble à l’ordre public » que constituerait la quatrième tentative de Marine Le Pen de solliciter pacifiquement l’onction du suffrage universel. Le trouble à l’ordre public ? Nous y sommes du fait de trois apprenties sorcières. L’éventuelle conjonction des deux oppositions de droite et de gauche faisait déjà planer une menace permanente sur le gouvernement titubant de François Bayrou. L’éventuelle éviction de Marine Le Pen ne fait qu’ajouter de la fragilité à la fragilité. Deux épées de Damoclès, c’est beaucoup, pour une seule République. C’est trop.

    Dominique Jamet (Boulevard Voltaire, 4 avril 2025)

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  • Feu sur la désinformation... (509) : En marche vers la dictature des juges...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                            

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : Les célébrations de l'Aïd et la place grandissante de l'islam dans l'espace public français...

    Dossier du jour : L'inéligibilité de Marine Le Pen : scandale démocratique ou manipulation politique ?...

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    Pastilles de l’info:

    • Le portrait mou "woke" de Trump qui fait polémique
    • Bayrou, ministre star de Burger King
    • Rachida Dati et les "enfants de la République" qui ne se sentent pas français

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Jean Quatremer spécialiste de l’UE à Libération...

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  • Mémoires identitaires...

    Les éditions Via Romana viennent de publier les Mémoires identitaires de Jean-Yves Le Gallou.

    Ancien haut-fonctionnaire, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016), Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018) et Manuel de lutte contre la diabolisation (La Nouvelle Librairie, 2020).

    L'ouvrage est d'ores et déjà disponible sur le site des éditions Via Romana.

     

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    " La vie de Jean-Yves Le Gallou témoigne de soixante ans d’engagements pour l’identité et la liberté d’expression. Énarque dissident, haut-fonctionnaire à Beauvau, élu politique, lanceur d’alerte et théoricien de la préférence nationale, il nous livre la somme de ses souvenirs et réflexions à contre-courant de 1954 et son entrée à l’École « républicaine » à 2024 et la débâcle des « valeurs républicaines ».
       De la guerre culturelle de mai 68 à la révolution woke, de Pompidou-Giscard à la Nouvelle Droite, des fraudes de la gauche à l’émergence du Front national, de la manipulation de Carpentras aux dessous de l’« affaire du détail » ou de la scission de Bruno Mégret en 1998, c’est le théâtre de la vie politique, économique, judiciaire, idéologique et sociétale que décrypte Jean-Yves Le Gallou à l’appui de son expérience et de portraits de ses contemporains capitaux : Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Marcellin, Michel Poniatowski, Jean-Marie Le Pen, Jean-Pierre et Marie-France Stirbois, Bruno Gollnisch, Bruno Mégret, Philippe de Villiers, Marine Le Pen, Marion Maréchal, Eric Zemmour et ceux de ses compagnons de route : Alain de Benoist, Guillaume Faye, Dominique Venner, Yvan Blot, Bernard Lugan…
       D’une lucidité revigorante, ces Mémoires identitaires échappent à la nostalgie et tirent un fil d’Ariane d’espérance entre les générations pour la défense et illustration des patries charnelles et spirituelles. "

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