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  • Feu sur la désinformation... (518) : Macron et son épouse ou quand le privé devient politique...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                             

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine :  La séquence devenue virale montre Emmanuel Macron repoussé violemment au visage par Brigitte Macron à leur descente d’avion au Vietnam en pleine visite officielle. Si l’Élysée dément toute violence, évoquant une simple "chamaillerie", le "bad buzz" persiste, même après la reprise par la presse de la dialectique présidentielle…

    Dossier du jour :  Les médias instrumentalisent-ils la santé des dirigeants pour influencer l’opinion ? Alors que le cancer de la prostate de Joe Biden vient enfin d’être révélé au monde, les doutes persistent sur sa sénilité qui, a de nombreuses fois, pu interroger pendant son mandat. Et si la révélation de cette maladie n’était que l’arbre qui cache la forêt ? Que dire alors des accusations de maladie (cancer, parkinson) répétées vis-à-vis du président Poutine ? La santé est décidément une arme de diabolisation comme une autre au sein des hautes sphères du pouvoir !

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    Pastilles de l’info:

    • Mustapha El Atrassi : un humoriste invite les Marocains et les Algériens à insulter les "gwers"
    • Mathieu Kassovitz persiste et signe : “il n’y a plus de Français de souche, ce sont des fins de race !”
    • Anne-Sophie Lapix n'a plus la côte : elle ne présentera plus le JT de France 2 !

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Jean-Michel Décugis, le journaliste judiciaire qui aimait les Fake-News...

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  • L’Europe de la parole...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Duranthon, cueilli sur Geopragma et consacré à la décrédibilisation de la parole des dirigeants européens. Jean-Philippe Duranthon est haut-fonctionnaire et membre fondateur de Geopragma.

     

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    L’Europe de la parole 

    Commençons, bien sûr, par l’Ukraine. On parle enfin de négociations, de cessez-le-feu, voire d’accord de paix. Ce n’est pas trop tôt, le peuple ukrainien a subi trop de malheurs et de pertes humaines. Mais pouvait-on sincèrement s’imaginer que la meilleure façon d’amener Poutine à une table de négociation était de lui lancer un ultimatum, de surcroît au moment où son armée connaît des succès sur le terrain ? Pouvait-on penser que Poutine tremblerait si on le menaçait de « sanctions dévastatrices » qui viseraient à « prendre la Russie à la gorge » et « pourraient asphyxier une bonne fois pour toute l’économie russe »[1] alors qu’il a su s’accommoder de seize « paquets » de sanctions ? Ne s’agit-il pas là, plutôt, de paroles destinées aux électeurs plutôt qu’aux dirigeants étrangers ? Ne cherche-t-on pas, en montrant que l’Europe sait encore avoir le verbe haut, à cacher qu’elle n’a plus guère la capacité d’influer sur les évènements ? Ne faut-il pas voir à travers ce prisme de politique intérieure les images pathétiques des trois joyeux copains[2] se retrouvant dans le train pour Kiev ? Des paroles, des images, peu d’action.

    Évoquons ensuite la « guerre commerciale » avec les États-Unis. Il y a longtemps que ces derniers cherchent à attirer sur leur sol les investissements industriels : l’Inflation Réduction Act (IRA) de J. Biden, qui avait déjà ce but, a été promulgué an août 2022. Il ne fallait pas être grand politologue pour savoir que D. Trump continuerait et accentuerait cette politique et utiliserait l’instrument douanier : il l’avait annoncé lors de la campagne électorale et il arrive parfois que des responsables politiques tiennent certaines de leurs promesses. Concentrant tous ses efforts à la lutte contre le changement climatique (bien qu’elle ne soit responsable que d’une faible part des émissions mondiales de CO2), l’Europe n’a pas vu, ou voulu voir, cette volonté et n’a pas préparé sa réponse. Dès lors elle est totalement désarmée face à l’offensive de D. Trump, d’autant que celui-ci aime cacher ses objectifs réels derrière des provocations déstabilisatrices. Les dirigeants européens n’ont toujours pas choisi leur stratégie, balançant entre la recherche d’un accommodement, comme les Britanniques l’ont fait (mais la Grande-Bretagne est en Europe le chouchou des États-Unis), et la bonne vieille pratique de l’« œil pour œil, dent pour dent », comme les Chinois l’ont fait (mais l’Europe n’est pas la Chine et sa bureaucratie est incapable de réagir aussi rapidement que cette dernière). Ils ne peuvent que dissimuler leur indécision derrière des discours forts mêlant critiques et mépris, Trump rejoignant Poutine parmi les diables des temps modernes. Toujours des paroles et guère d’action.

    Les déclarations relatives aux armes nucléaires sont une autre source d’étonnement. E. Macron avait déclaré avoir « décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen », il évoque désormais la possibilité que des avions français armés de bombes nucléaires soient déployés sur des bases d’autres pays européens. On doit s’étonner car, compte tenu de la complexité du sujet[3] et des risques que ce projet ferait peser sur les Français, ce n’est pas ainsi qu’on procéderait si l’on voulait agir sérieusement. On n’offrirait pas de partager un tel atout sans demander des contreparties. On ne mettrait pas de tels projets sur la place publique avant d’y avoir travaillé sérieusement. On chercherait à savoir ce que les Français en pensent (il est d’ailleurs révélateur que personne n’ait pensé à ce thème pour participer au concours Lépine de la meilleure question à poser lors des référendums qui sont (peut-être) envisagés). Sans doute ne s’agit-il là encore que de paroles en l’air, de gesticulations visant à occuper le terrain – lors des rencontres diplomatiques et dans la presse nationale. Espérons-le du moins.

    Pour terminer, interrogeons-nous sur la politique menée par l’Europe dans son domaine de prédilection : la lutte contre le changement climatique. Prenons deux exemples. La politique énergétique tout d’abord. Le discours officiel est qu’il faut satisfaire deux objectifs : diminuer la part des énergies carbonées et veiller à l’indépendance énergétique du continent. Or, que constatons-nous ? Le nucléaire civil n’est toujours pas reconnu formellement et concrètement comme une énergie d’avenir dont il faut favoriser le développement et l’Europe qui, en 1985, importait 38 % de l’énergie qu’elle consommait, en a importé 54 % en 2024[4]. Raté. Deuxième exemple : les terres rares, qu’on sait indispensables à la transition énergétique (batteries pour les automobiles, aimants des éoliennes, etc.) comme aux armes les plus modernes. Or l’Union européenne n’a réussi qu’à publier laborieusement un « Act » sans contenu concret[5], ne fait rien pour atténuer sa dépendance vis-à-vis de la Chine et a laissé les États-Unis mettre la main sur les terres rares ukrainiennes. Encore raté. Des paroles donc, quelques actions, mais faiblardes ou contreproductives.

    L’Europe, oui, bien sûr. Mais pas une Europe qui se décrédibilise chaque jour. Une Europe qui agit, et dont les paroles sont en accord avec les actes au lieu de s’y substituer. 

    Jean-Philippe Duranthon (Geopragma, 19 mai 2025)

     

    Notes :

    [1] Déclarations du ministre français de l’Europe et des Affaires Étrangères, Jean-Noël Barrot, sur BFMTV le 14 mai 2025. 

    [2] Le président de la République française, le chancelier allemand et le premier ministre britannique.

    [3] Voir mon billet du 30 mars 2025 « Hâtez-vous, généreux guerriers » et, surtout, celui de Pierre de Lauzun du 7 avril 2025 « Nucléaire français et défense européenne ».

    [4] Voir le dernier rapport de l’association européenne des gestionnaires de réseaux électriques, l’ENTSOE, cité par Cécile Maisonneuve, Les Echos, 5 mai 2025.

    [5] Le 16 mars 2023 la présidente de la Commission a rendu public un « Critical raw material act » qui « identifie une liste de matières premières stratégiques, essentielles » pour lesquelles elle s’engage à « réduir(e) la charge administrative et simplifi(er) les procédures d’autorisation ». Le document reconnaît que l’UE « ne sera jamais autosuffisante » si bien que « l’UE devra renforcer son engagement mondial auprès de partenaires fiables afin de développer et de diversifier les investissements, de promouvoir la stabilité du commerce international et de renforcer la sécurité juridique pour les investisseurs ». Reste à transformer ces belles idées en mesures concrètes.

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  • Feu sur la désinformation... (517) : Les Frères musulmans, l’infiltration silencieuse depuis plus de 40 ans !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                                

                                           

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine :  Roumanie, le scandale des élections sous ingérences. Pavel Durov, le directeur de Telegram, accuse la France et l’UE de soutenir un candidat pro-européen contre la volonté populaire.

    Dossier du jour :  Les Frères musulmans, l’infiltration silencieuse depuis plus de 40 ans ! Un rapport alarmant de 77 pages déclassifiées vient de sortir dans la presse pour expliquer comment l’islam politique s’implante en France. Un problème qui ne date absolument pas d’hier et qui arrive dans les mains de la presse juste après l'élection de Bruno Retailleau à la tête des Républicains.

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    Pastilles de l’info:

    • Eurovision 2025 : la polémique des votes "influencés par la géopolitique"
    • Mathieu Kassovitz à Cannes : "Il n’y a plus de Français de souche"
    • Pierre-Edouard Stérin vs la commission d’enquête : le milliardaire en guerre contre les clowns
    • Bernard Arnault tacle Le Monde : "Un journal pro-LFI"
    • RATP : la chasse aux "usagers qui payent" et la dérive sécuritaire
    • Apolline de Malherbe “mal à l’aise” face à une victime de l’insécurité

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Dominique Reynié, directeur général de Fondapol

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  • Feu sur la désinformation... (513) : Macron, Trump et Zelensky au Vatican, la chaise de la discorde !

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                            

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : la rencontre entre Trump et Zelensky, dont Macron semble bel et bien avoir été exclu. Une certaine idée des rapports de force internationaux…

    Dossier du jour : Quand les médias occultent les origines… jusqu’à ce que la vérité éclate ! ...

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    Pastilles de l’info:

    • Pub-Média : quand les produits se vendent comme une information
    • IA et journalisme !

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Thomas Guénolé, l’"expert" militant...

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  • Feu sur la désinformation... (512) : Progressistes vs Conservateurs, qui sera le prochain pape ?

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                               

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : La guerre secrète pour la Papauté...

    Dossier du jour : Fin des perfusions américaines pour les médias de l’est!...

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    Pastilles de l’info:

    • BFM drague Mabrouk : ultime tentative pour rattraper CNews ?
    • Pornographie : l’Arcom impuissante face aux géants du X ?
    • Macron à La Réunion : l’opération de com’ éternelle
    • Stérin "refuse" Kohler "décline" ou deux poids deux mesures
    • C à Vous : Ambiance toxique et guerre des egos
    • Turquie : Erdogan défend plus de naturelle pour les accouchements

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Stéphane François, l’"expert" de l’extrême droite...

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  • « Hâtez-vous, généreux guerriers… »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Duranthon, cueilli sur Geopragma et consacré aux déclarations guerrières du Président de la République. Jean-Philippe Duranthon est haut-fonctionnaire et membre fondateur de Geopragma.

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    « Hâtez-vous, généreux guerriers… »

    Il eut été logique qu’il revêtit un uniforme, tel de Gaulle en 1960, ou se présentât en pull kaki, tel Zelensky depuis trois ans : le 5 mars dernier Emmanuel Macron nous a déclaré que « nous rentrons (sic) dans une nouvelle ère », que « la Russie est devenue au moment où je vous parle et pour les années à venir une menace pour la France et pour l’Europe » et que, « quoi qu’il en advienne, il nous faut nous équiper davantage ».

    Il nous faut donc accroître notre effort militaire, nous réarmer, nous remilitariser. Soit. Mais les conditions dans lesquelles les modalités de cette remilitarisation sont annoncées surprennent.

    1/ Rappelons-nous tout d’abord qu’en juin 2022 le même Macron avait déclaré, en inaugurant le salon de Satory, que « nous allons durablement devoir nous organiser… dans une économie de guerre ». Pourquoi donc tenir en 2025 des propos voisins de ceux de 2022 ? La réponse est évidente : parce que nous ne sommes pas passés en « économie de guerre ». Certes, la production des célèbres canons Caesar a été multipliée par trois, mais il s’agit là d’une brillante exception : aucune commande massive n’a été passée aux entreprises de la BITD (base industrielle et technologique de défense) et les industriels, ne sachant quand les commandes leur seraient passées, et même si elles le seraient, n’ont pas accru leur outil de production. Le gouvernent n’a-t-il pas voulu faire le nécessaire, ou ne l’a-t-il pas pu ? Et pourquoi le voudrait-il maintenant, ou le pourrait-il ? Le président de la République a, le 17 mars, annoncé l’acquisition de trente Rafale supplémentaires : quand les commandes seront-elles passées ?

    C’est que les armes coûtent cher et que nous sommes démunis. E. Macron a présenté comme une grande victoire l’autorisation donnée aux Etats par Ursula von der Leyen d’augmenter, au-delà des limites permises jusqu’alors, leur déficit budgétaire pour financer, dans la limite de 1,5 % du PIB, leurs dépenses militaires. Curieuse victoire : autorisation ou pas, un tel accroissement augmentera une dette qui est dès aujourd’hui explosive. Réjouissons-nous donc comme le ferait un malade qui, alors qu’il a 40 degrés de fièvre, s’entendrait dire pas son médecin qu’un traitement ne lui sera nécessaire que lorsque sa température atteindra 41,5 degrés. Autre « victoire » étonnante : la décision annoncée par la même van der Leyen d’emprunter au niveau communautaire 150 M€ pour allouer des prêts bonifiés aux Etats [1]. Pour s’en réjouir il faut oublier que la France finance 17 % du budget européen, si bien que l’amortissement du nouvel emprunt communautaire se traduira par une augmentation de la contribution de la France à ce budget. Alors qu’un député européen, rapporteur du budget, a récemment remarqué que « nous n’avons toujours pas clarifié comment nous allons rembourser le grand emprunt commun qui a financé le plan de relance post Covid », ajouter une couche d’emprunt communautaire est-il si enthousiasmant ?

    Ne se trompe-t-on pas, d’ailleurs, de cible ? Un récent audit [2] indique que « les entreprises… présent(ent) une structure financière et économique plus fragile dans la BITD que dans le reste de l’économie, avec des marges plus faibles, une capacité moindre à créer de la valeur, un endettement plus élevé et une potentielle sous-capitalisation ». Ce ne sont point tant les subventions et prêts qui sont nécessaires que des augmentations de capital. D’où la création par BPI France d’un nouveau fonds spécialisé destiné à accueillir l’épargne des particuliers ; mais, les généreux donataires, qui seront « collés » pendant cinq ans, ne bénéficiant en échange d’aucun avantage fiscal ou autre, on peut craindre que ce nouvel outil ne séduise guère et n’ait que des vertus d’affichage. D’où l’appel adressé aux fonds d’investissement privés afin qu’ils contribuent à l’effort demandé à la nation.

    Le problème est que ces fonds interviennent au sein d’un écosystème financier auquel on demande de privilégier les investissements « verts » luttant contre le changement climatique et répondant aux critères ESG [3], et que les bureaucrates et les bonnes consciences ont classé la Défense dans la catégorie des parias. Le sujet est connu depuis longtemps [4] et la Commission comme le gouvernement reconnaissent la nécessité d’agir. Mais les actions concrètes se font attendre. La « taxonomie » qui, comme l’a fait remarquer le Délégué Général à l’Armement, « classe la Défense dans la même catégorie que la pornographie », et les directives européennes incitant les fonds à investir dans des domaines dont la Défense est exclue, n’ont pas été modifiées ; les PME et ETI du secteur qui cherchent à financer leurs besoins en fonds de roulement s’entendent dire par leurs banques qu’elles ne satisfont pas les critères d’investissement responsable ; la BEI (Banque Européenne d’Investissement) envisage d’étendre son champ d’action mais se refuse à financer la fabrication de munitions et armes létales (on se croirait revenu en 1981, lorsque F. Mitterrand inaugurait le salon aéronautique du Bourget après avoir demandé que les avions et hélicoptères soient présentés désarmés). Aussi le « monde de la finance » semble-t-il considérer que les déclarations ne suffisent pas : Euronext a prévenu, à la mi-mars, Airbus, Safran et Thales qu’il allait les exclure du CAC 40 ESG et n’y a renoncé qu’au dernier moment ; Ardian et Eurazeo affirment refuser tout investissement dans la Défense, la seconde se référant explicitement à la problématique ESG. Restent les fonds spécialisés de Tikehau et Weinberg mais ceux-ci n’ont pas attendu ces dernières semaines pour se mobiliser et ne suffiront pas à dégager les sommes nécessaires.

    Les conditions financières d’une politique de réarmement ne semblent donc pas réunies aujourd’hui. Mieux vaudrait faire moins d’annonces et de grand-messes et, d’une part supprimer les freins aux investissements dans l’industrie de défense (c’est-à-dire modifier les textes ESG), d’autre part créer les conditions d’un financement durable (c’est-à-dire non pas à contractant de nouvelles dettes, mais en réduisant ou supprimant enfin les dépenses publiques inutiles ou inefficaces – comme nos voisins l’ont fait).

    2/ Par ailleurs, il ne suffit pas d’avoir des matériels performants, encore faut-il disposer des personnels pour les utiliser. L’armée peine, aujourd’hui, à fidéliser ceux qui la servent. Que compte-t-on faire pour qu’on y parvienne désormais ?

    3/ Le 5 mars dernier, E. Macron a également déclaré que « L’Europe de la Défense, que nous défendons depuis huit ans, devient donc une réalité ». Encore une grande victoire de la France, doit-on comprendre.

    Notre pays dispose de nombreux éléments légitimant une place fondamentale dans cette « réalité » encore bien irréelle : une armée de militaires aguerris et maîtrisant les technologies de pointe (sans doute la seule armée digne de ce nom en Europe) ; des industriels de premier plan dans chaque domaine, s’appuyant sur un riche réseau de sous-traitants ; la possession de l’arme nucléaire. On aurait pu penser que la France aurait cherché, pour le bien de l’Europe comme celui du pays, à valoriser ces trois éléments et à faire de la reconnaissance de la préférence communautaire un préalable à toute action de sa part ; il semble qu’elle ait adopté une autre posture et préféré une approche institutionnelle. E. Macron semble chercher à la fois à porter au niveau communautaire les responsabilités aujourd’hui exercées avec efficacité au niveau national et à prendre la tête, avec la Grande-Bretagne, d’un étrange groupement de pays bien incapables d’influer sur le cours des évènements.

    Cette approche est particulièrement étonnante pour ce qui concerne l’arme nucléaire, pour laquelle la président a indiqué que, « répondant à l’appel historique du futur chancelier allemand, (il a) décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen ». Depuis l’origine il est acquis – le général de Gaulle l’a dit explicitement – que l’intérêt vital national ne se limite pas aux frontières du pays et prend en compte les menaces pesant sur nos voisins. Mais s’étend-il à l’ensemble du « continent européen » ? Faut-il associer explicitement « nos alliés », et sans doute la Commission, aux décisions ? Suffit-il d’affirmer que « quoi qu’il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du Président de la République, chef des armées », pour échapper à la mécanique communautaire et être en mesure d’agir rapidement ? Pourra-t-on reconnaître qu’on « protège » un pays et lui interdire de « décider » son sort ? Ne sera-t-on pas obligé de formaliser a priori les cas de recours à l’arme nucléaire, alors que l’incertitude sur l’usage de l’arme est une condition de son efficacité, de la dissuasion ? Serait-il normal que nos voisins bénéficient soudain d’un outil financé depuis cinquante ans par les seuls contribuables français ?

    Tout cela est bien étonnant, et bien inquiétant.

    4/ Certains commentateurs voudraient chanter, comme dans l’opéra Dardanus de Rameau :

    « Il est temps de courir aux armes,

    Hâtez-vous, généreux guerriers,

    Allez, au milieu des alarmes,

    Cueillir les plus brillants lauriers ».

    Ne faisons pas trop de théâtre : n’oublions pas que dans la vraie vie il y a de vrais soldats et de vraies morts.

    N’oublions pas non plus que, si elles ont une frontière à l’Est, l’Europe et en particulier la France ont aussi une frontière au Sud.

    Jean-Philippe Duranthon (Geopragma, 30 mars 2025)

     

    Notes :

    [1] Ces prêts ne pourront bénéficier qu’à des projets associant plusieurs Etats. Cela laisse augurer de jolis délais pour mettre en œuvre ce programme au bel acronyme : SAFE, pour Security Action for Europe.

    [2] Réalisé par le Trésor et l’Observatoire économique de la Défense. https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/ea3a6a07-04a8-4ec4-af34-1d066bd794af/files/8293e924-b180-4aa4-9575-06331ed76b0f

    [3] Critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.

    [4] Voir mon article du 20 mai 2024 : https://geopragma.fr/drole-deconomie-de-guerre/

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