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jean gabin

  • Le rêveur blessé...

    Les éditions Déterna viennent de rééditer un livre de souvenirs de Christian de la Mazière intitulé Le rêveur blessé.

    Journaliste, puis imprésario et responsable d'une agence de relations publiques, Christian de la Mazière avait témoigné de son engagement de jeunesse dans la division Charlemagne dans le célèbre film de Marcel Ophüls, Le Chagrin et la Pitié (1971), puis dans son récit Le rêveur casqué.

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    " Un soir, chez Castel, trois jeunes gens qui avaient l’habitude de se retrouver dans cette boîte à la mode de la Rive Gauche devisaient agréablement autour d’un whisky. Le premier s’appelait Charles De Gaulle, et il était le petit-fils de qui vous savez. Le deuxième s’appelait Paul Thorez, et il était le fils de… qui vous savez aussi ! Le troisième s’appelait Christian de La Mazière, et nul ne pouvait ignorer qu’il avait servi dans la Waffen SS durant la guerre.

    Telle est la France, imprévisible et diverse, querelleuse et amicale.

    Le témoignage de Christian de La Mazière, dans le film de Marcel Ophüls d’abord, Le Chagrin et la Pitié, puis dans un livre à succès, Le Rêveur casqué, fut une surprise pour beaucoup. Pour la première fois, un des rares rescapés de la fameuse Division Charlemagne racontait l’aventure de ces jeunes Français qui, au nom d’un idéal anticommuniste, allèrent combattre sur le front de l’Est sous l’uniforme allemand.

    Avec la même franchise, sur le même ton direct, sans forfanterie, sans provocation non plus, Christian de La Mazière évoque le reste de sa vie. Revenant en arrière, il nous dépeint une enfance et une adolescence nourries des idées de l’extrême droite.

    Puis les multiples péripéties, parfois imprévues jusqu’au cocasse, qui, dans les années cinquante, au sortir de la prison où l’avait conduit son engagement, l’amenèrent à devenir un personnage « bien parisien », connu dans tous les milieux du cinéma et du show-business, ami de Jean Gabin, de Michel Audiard, de René Clair, de et de tant d’autres – sans oublier les deux grandes artistes dont il partagea quelque temps la vie, Juliette Gréco et Dalida. "

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  • Sur Claude Autant-Lara...

    Les éditions Actes Sud viennent de publier sous la plume de Jean-Pierre Bleys une biographie du grand cinéaste Claude Autant-Lara, réalisateur, notamment, de La traversée de Paris. Professeur de français, latin, grec, et d'histoire du cinéma, Jean-Pierre Bleys publient régulièrement dans les revues de cinéphilie...

     

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    " Admiré dans les années 1950  comme un cinéaste majeur, Claude Autant-Lara est tombé aujourd’hui dans un statut incertain, selon les aspects de l’homme et de sa carrière que l’on souhaite mettre en avant. La vie et la carrière de l’auteur de La Traversée de Paris, de L’Auberge rouge, d'En cas de malheur du Diable au corps ont connu, du point de vue de la réputation, des évolutions que l'on rencontre rarement dans une même destinée. Considéré successivement comme un marginal, un grand réalisateur de gauche, un cinéaste dépassé et même d’extrême droite, il est un personnage très particulier, qui a tourné avec les plus grands acteurs et actrices de cet âge d’or du cinéma français (Gérard Philippe, Michèle Morgan, Jean Gabin, Brigitte Bardot, Bourvil, Michel Simon, Danielle Darrieux, …).
    Jean-Pierre Bleys explore comme jamais encore le travail de ce cinéaste qui a mis sa vie entière au service de ses films. Grâce à un travail de recherche impressionnant, l'auteur détaille la carrière d’Autant-Lara, œuvre après œuvre, de ses débuts dans le cinéma muet jusqu’en 1976, date de son dernier film. Cette biographie s’imposera comme la plus complète sur Claude Autant-Lara et sera l’occasion d'une visite de l'histoire du cinéma français, de retrouver les acteurs qui peuplent ses films, de vibrer à l'évocation de grandes oeuvres, de traverser le 20e siècle et ses tourments. "

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  • La France de Jean Gabin...

    « Il fallait la gourmande érudition et l'esprit rebelle d'Alain Paucard pour dire qui fut cet immense bonhomme : non seulement une grande figure du cinéma mais un grand personnage de la France. Du temps où il y avait une France. » François Taillandier

     

    Les éditions Xénia viennent de publier un essai d'Alain Paucard intitulé La France de Jean Gabin, préfacé par François Taillandier, l'auteur de la magnifique fresque romanesque en cinq volumes, intitulée La grande intrigue. Président à vie du Club des ronchons, Alain Paucard est un écrivain de nationalité parisienne, à qui l'on doit des essais comme Tartuffe au Bordel (Le dilettante, 2013), La France de Michel Audiard (Xénia, 2013), Paris, c'est foutu ! (Jean-Cyrille Godefroy, 2013), Oui, c'était mieux avant (Jean-Cyrille Godefroy, 2015) ou dernièrement Manuel de résistance à l'art contemporain (Jean-Cyrille Godefroy, 2016).

     

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    " Jean Gabin, c'est une gueule, un grand acteur, un combattant... et aussi un certain visage de la France. Malgré le temps, la société qui change trop vite et le noir et blanc, Gabin est toujours fréquenté et fréquentable. Il y a plusieurs raisons à cela - le talent, la présence qui le sert, les scénarios, les réalisations - mais qui fusionnent en une seule : L'incarnation du cher et vieux pays. - Avec un classement des 5 Gabin préférés de 23 personnalités. "

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  • Le « film préféré des Français »...

    Alors que La grande vadrouille, l'un des plus grands succès du cinéma français, est ressorti en salles cet été, nous reproduisons ci-dessous l'excellent article que Paul Fortune consacre à ce film sur son blog...

    Paul Fortune a récemment publié un excellent récit intitulé Poids lourd, dont nous ne pouvons, à nouveau, que vous recommander la lecture.

     

     

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    Le « film préféré des Français »

    On nous ressort la Grande Vadrouille, plus grand succès cinématographique de tous  les temps en France – du moins c’était le cas jusqu’à l’inexplicable succès de l’inepte pantalonnade des « Ch’tis ». La Grande Vadrouille est, paraît-il, le film préféré des Français. Pour une fois, je veux bien le croire, cette préférence n’ayant rien à voir avec les fameuses « personnalités préférées des Français » qui sont surtout les divers préférés des médias qu’on essaye de nous imposer à toute force dans des buts évidents de grossière propagande multiculturaliste. Cependant, les Français dont il s’agit sont probablement tous nés avant 1970, parce qu’il faut bien regarder les choses en face : la Grande Vadrouille commence à prendre un méchant coup de vieux.

    Certes, tous ceux qui ont pu voir les maintes et maintes rediffusions télévisées du film dans les années 80 lorsqu’ils étaient enfants en conservent un bon souvenir, car c’était une comédie plaisante tenue par l’extraordinaire Louis de Funès, mais je ne suis pas sûr que le film fasse autant d’effet si on le revoit aujourd’hui une fois qu’on a atteint l’âge adulte. En fait, la Grande Vadrouille en dit bien plus long qu’on ne le soupçonne sur la mentalité des Français. Le film en lui-même est une réussite comique portée par le génie de Louis de Funès, dont le duo avec Bourvil – dont j’ai toujours détesté le personnage de demi-débile – fonctionne à merveille. Mais sur le fond, ce film donne une image des Français à laquelle il est peu agréable de s’identifier : deux clowns lâches et râleurs arrivent, par leur ingéniosité, à faire tourner les Allemands en bourriques.

    En réalité, il y a deux publics de la Grande Vadrouille. Le premier, c’est celui des gens qui avaient connu la guerre et l’occupation, et à qui le film disait que finalement, tout ça n’était pas si grave et que s’ils n’avaient pas toujours eu un comportement héroïque, les Français avaient quand même été suffisamment malins pour mettre des bâtons dans les roues des Allemands, lesquels n’étaient après tout que des imbéciles raides et disciplinés. Bref, le film faisait l’unanimité parce qu’il allégeait singulièrement le fardeau de la collaboration et de la lâcheté de pas mal de Français. On préférait se voir en crétins retords plutôt qu’en lâches collaborateurs, la position du héros étant par trop improbable. Les Français aimaient se voir en cons sympathiques, peut-être parce que c’est que la plupart d’entre eux auraient voulu être, sentant bien que le côté sympathique avait probablement parfois fait défaut. Il y aurait long à dire cependant sur un peuple qui se reconnaît aussi bien dans un tel duo de losers.

    Le second public est celui de ceux qui n’ont pas connu la guerre et qui voient surtout une bonne comédie. Ceux-là sont souvent des gamins qui pourtant ne peuvent s’identifier au peu héroïque duo, et dont certain ne manqueront pas de remarquer que les Allemands, même s’ils passent pour des cons, ont quand même les uniformes les plus stylés. La puissance comique de Louis de Funès fait toujours mouche, mais j’ai des doutes quand au personnage malsain dans lequel Bourvil se complaît et sur lequel il a fait une partie de sa carrière, et je crois avoir déjà dit ailleurs combien il me mettait mal à l’aise.

    Le vrai film sur la période, sorte de matrice en négatif sortie dix ans avant, c’est La Traversée de Paris, de Claude Autan-Lara. On y trouve déjà de Funès et Bourvil, mais qui ne se complaisent pas dans leurs rôles tardifs de bouffons. De Funès est un lâche colérique et pingre, Bourvil un trouillard magouilleur peu viril dont la hantise est d’être fait cocu. Le film est emmené par Jean Gabin, sorte d’anarchiste de droite au charisme envahissant qui professe un cynisme déplaisant qui empêche qu’on le trouve vraiment sympathique. La vraie France de l’occupation est là : on y trouve des pleutres occupés de petites affaires égoïstes, dérangés dans leur médiocre survie par un provocateur nanti. Personne n’est épargné dans ce tableau dérangeant d’un Paris dans lequel les Allemands perdent toute bonhomie pour devenir une menace bien réelle qui parcourt la nuit et terrifie au moindre bruit. Film scandaleux dans lequel retentit la fameuse réplique « salauds de pauvres » aux accents céliniens, La Traversée de Paris est toujours mal passée : elle tendait aux Français d’après-guerre un miroir un peu trop net.

    Tout cela ne serait que du cinéma si on ne pouvait y lire le défaitisme contemporain. Il semble que la France ne se soit jamais complètement remise moralement de la défaite et de l’occupation. Il est un peu triste que les Français n’aiment rien tant que de se voir en loosers sympathiques, que ce soit devant La Grande Vadrouille ou face aux postiers alcooliques d’un navet réalisé par un comique de seconde zone.

    La Grande Vadrouille reste un bon film avec des moments comiques inoubliables, et en ces temps d’incertitudes identitaires, je ne doute pas que sa franchouillardise bonhomme fasse salle comble. Cependant, c’est plutôt de l’esprit du Gabin de La Traversée de Paris dont nous avons besoin aujourd’hui que de la crétinerie inoffensive et pathétique de Bourvil.

    Paul Fortune (Blog de Paul Fortune, 17 août 2016)

     
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  • Audiard, Lautner, Blondin et les autres...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Théophane Le Méné, cueilli dans le Figaro et consacré à la nostalgie française pour le cinéma populaire et très anar de droite des années 60/70...

     

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    Scandale ! Les personnages d'Audiard ne sont pas aux normes

    Georges Lautner s'est éteint il y a quelques semaines, à l'âge de 87 ans. Le héraut du cinéma populaire que la critique de l'époque n'épargnait guère s'en est allé rejoindre les étoiles, de celles qui survivent aux siècles et que les générations successives regardent, nostalgiques et pensives, sans se douter un seul instant que par ce seul acte, elles conjurent le temps qui passe et l'insolente marche du progrès. Quelque part là-haut, le tonton flingueur en a rejoint d'autres: Audiard dont on fêtera l'année prochaine le trentenaire de sa disparition, Gabin et sa «langue prodigieusement drôle», Francis Blanche menotté au grisbi, Bernard Blier qui à tous les coups dansera la capucine et Lino Ventura et son fameux «quadrille de mâchoires». A cette belle bande de copains s'en grefferont d'autres. Roger Nimier bien sûr, Antoine blondin assurément, peut-être le poète de Charleville-Mézières et pourquoi pas Céline, cet «anarchiste à l'état pur». Ensemble, nul ne doute qu'ils mettront «une volonté assez originale de mêler la préciosité à la truculence, l'intellectualisme au commerce, les joutes de truands aux raffinements d'esthètes, les accords de clavecin au jeu des silencieux, bref d'inscrire les règlements de compte dans une atmosphère de fête galante», comme ils s'y appliquèrent dans l'adaptation culte des quelques lignes du roman d'Albert Simonin et que Jean Narboni avait su bien décrire. Sans doute aussi, dans ces scènes qui se rejoueront, ils riront -avec Dieu et Bossuet - des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.

    Car c'est un bien étrange paradoxe que celui de pleurer ces morts qui, vivants, désarçonnaient les idées du progrès et de l'hygiénisme et qu'en cela, on réduisait à des anarchistes de droite, des ploucs populistes, des beaufs dirait-on aujourd'hui.

     

     

    Car c'est un bien étrange paradoxe de rire, cette fois à en pleurer, des incroyables tirades d'un Audiard qui ridiculisait le gaullisme, d'un Gabin qui célébrait l'ivrognerie, d'un Lautner qui préférait moquer la cage aux folles que de se lamenter de «la cage aux phobes» (expression consacrée bien après par Philippe Muray), là où il faut désormais y voir un négationnisme politique, une pathologie ou de l'homophobie.

     

    Car c'est un bien étrange paradoxe que d'entonner le chant de la mélancolie en regardant devant son poste les images d'une France de clochers et de cartes postales en noir et blanc - quand les tabacs sentaient encore la gitane froide et le houblon sauvage, quand l'automobile exhalait des fragrances de pétrole en pétaradant joyeusement, quand les journaux se vendaient, et à la criée, quand la tolérance ne sortait pas outrageusement des maisons dans lesquelles on l'avait assignée, quand le sexe, d'ailleurs, n'était pas en plastique, quand les bistrots n'avaient pas encore expulsé les ouvriers pour les cadres financiers et les disc-jockey internationaux, quand le ventre de Paris n'avait pas été encore déporté, quand le marquis de Cuevas et Serge Lifar se disputaient l'honneur d'un différend artistique au premier sang avant de s'étreindre, quand les chevaux ne se partageaient pas la première place entre deux couches de pâtes, quand on pouvait s'empiffrer à en exploser sans respecter le diktat des cinq fruits et légumes par jour, quand les cinq fruits et légumes par jours poussaient encore dans la terre et que leur prix était abordable, quand la novlangue n'avait pas encore remplacé la jactance hussarde, gouailleuse et française, quand le génie de l'invective n'avait pas en arrière-plan le salon de l'agriculture mais l'histoire, la culture, la curiosité pour les argots de métier et le langage de la rue- puis de couper le poste et d'hurler à la France moisie.

    Mais alors, comme la Renaissance rejoua le classicisme romain, les lumières la Grèce antique, l'époque victorienne les codes médiévaux, notre monde moderne, «ce kolkhoze fleuri», mélancolique de l'esprit français frondeur et fripon, tenterait-il de renouer avec son âge d'or et une certaine mythologie française? L'histoire raconte que le terme «nostalgie» (étymologiquement «retour à la douleur») fut inventé en 1678 par le médecin suisse Johannes Jacob Harder qui tentait de comprendre le mal frappant les mercenaires suisses de Louis XIV dès lors qu'ils entendaient des airs de leur patrie. En 1835, le dictionnaire de l'académie française le définissait comme une «maladie causée par un désir violent de retourner dans sa patrie» quand, quelques années plus tard Chateaubriand le réduisait à «un regret du pays natal». La version moderne de la définition s'accorda à la qualifier comme le désir d'un retour dans le passé, en insistant non plus sur la dimension géographique mais la dimension temporelle. Est-ce ce mal dont beaucoup d'entre nous souffrent lorsqu'ils entendent, entre la rue Monsieur-le-Prince, la rue de Condé et le Carrefour de l'Odéon, s'élever le duo de Bénech et Dumont, «Nuit de chine», que l'on connaît mieux grâce au célèbre binôme Gabin et Belmondo, dans le film culte «Un singe en hiver»? Sans doute. Car nous convenons volontiers avec Gabriel Fouquet que ce monde sans canailleries, c'est «une paella sans coquillage, c'est comme un gigot sans ail, un escroc sans rosette: quelque chose qui déplaît à Dieu!»

    Théophane Le Méné (Le Figaro, 20 février 2014)

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