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droite

  • 1934-2024 : d’une révolte à l’autre ?...

    Sur Tocsin, Roxane recevait Olivier Dard pour évoquer avec lui les événements de février 1934 et les leçons qu'on peut en tirer par rapport à la crise politique et sociale actuelle...

    Professeur d'histoire contemporaine à l'université Paul Verlaine de Metz, Olivier Dard est, en particulier, l'auteur de Voyage au coeur de l'OAS (Perrin, 2005) et de Charles Maurras - Le maître et l'action (Armand Colin, 2013). Il vient de publier, avec Jean Philippet, Février 1934 - L'affrontement (Fayard, 2024).

     

                                               

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  • Le combat culturel pour sauver du naufrage la civilisation européenne...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous sur TV Libertés la deuxième partie d'une conversation de Paul-Marie Coûteaux avec Jean-Yves Le Gallou au cours de laquelle, au travers de son parcours, ce dernier évoque la nécessité du combat culturel pour sauver notre civilisation.

    Ancien haut-fonctionnaire, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016), Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018) et Manuel de lutte contre la diabolisation (La Nouvelle Librairie, 2020).

    Première partie de l'entretien : Plutôt Athènes que Jérusalem

     

                                                   

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  • La droite identitaire allemande rebat les cartes !...

    Le 22 janvier 2024 sur Radio Courtoisie, le Libre journal "Vivre la civilisation européenne", animé par Romain Petitjean, recevait Lionel Baland et Antoine Dresse (alias Ego Non) pour évoquer l’irruption spectaculaire d’une droite conservatrice et identitaire dans le paysage politique allemand

    Journaliste belge, Lionel Baland anime un blog qui suit de très près l’actualité des partis patriotiques en Europe. Il est l’auteur de Jörg Haider, le Phénix - Histoire de la famille politique et libérale et nationale en Autriche (Éditions des Cimes, 2012).

    Ego Non, spécialiste de philosophie politique, au fait des grandes dynamiques politiques en cours en Europe centrale et occidentale, vient de publier un essai intitulé Le réalisme politique -  Principes et présupposés (La Nouvelle Librairie, 2024), dans la collection Longue Mémoire de l’Institut Iliade.

     

                                            

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  • Vers un écologisme de droite ? Julien Rochedy et la « biocivilisation »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels, cueilli sur deliberatio et consacré à la nouvelle écologie de droite vue au travers du dernier essai de Julien Rochedy intitulé Surhommes et sous-hommes - Valeur et destin de l'homme (Hétairie, 2023).

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan après avoir été professeur à l'Université libre de Bruxelles, David Engels est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a  également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).

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    Vers un écologisme de droite ? Julien Rochedy et la « biocivilisation »

    « Hier, il s’agissait de sauver notre âme ; aujourd’hui, il s’agit de sauver la planète, et avec elle, sûrement, aussi notre âme. » (262) - telle est l'un des nombreux aphorismes percutants du nouveau livre, comme d’habitude déjà très controversé, de Julien Rochedy, qui ne parle de rien de moins que de la nécessité d'une nouvelle écologie conservatrice. Et en effet, il était grand temps.

    Car dans le domaine de l'écologie (comme dans de nombreux autres), les « conservateurs » ont été largement débordés depuis un demi-siècle, sans avoir jamais vraiment formulé de position autonome sur le sujet. Alors que les uns ne cessent d'affirmer que la protection de l'environnement serait une préoccupation éminemment conservatrice et peinent à comprendre pourquoi et comment un mouvement ce sujet ait pu donner naissance à un mouvement politique largement anti-conservateur, les autres rejettent toute approche écologiste et se vantent plutôt de leur mode de vie hostile à l'écologie, selon la logique : si les politiciens écolos veulent diminuer les émissions CO2, achetons des SUVs pour les agacer. Les deux approches sont en fait naïves et vouées à l'échec ; la première parce qu'en disant « oui, mais », elle valide involontairement l'approche de l'adversaire et se décrédibilise elle-même, la seconde parce qu'elle s'obstine à dire « non » de manière puérile. Quelle pourrait donc être la solution ?

    C'est là que le nouveau livre de Julien Rochedy, « Surhommes et sous-hommes », fournit une approche très intéressante. Précisons d'emblée les choses : le titre de l'ouvrage est une provocation délibérée et ne correspond que très partiellement aux associations qu’il suscitera inévitablement. En effet, si Rochedy adopte - comme si souvent - une approche nietzschéenne dans sa propre interprétation du monde, le livre ne traite que de manière assez générale de l'opposition fondamentale entre « surhomme » et « sous-homme » et, qui plus est, utilise ces termes (comme Nietzsche lui-même) non pas dans une perspective biologiste, mais plutôt psychologique et morale. La question centrale du livre affère d’ailleurs plutôt aux conséquences politiques et existentielles concrètes de cette dichotomie pour notre monde présent (et futur) ; un thème qui était encore largement occulté par Nietzsche ou, tout au plus, analysé dans sa dimension passée (essentiellement en ce qui concerne les relations entre l’Antiquité païenne et le christianisme). Rochedy, en revanche, utilise l'outil (ou plutôt le marteau) moral de Nietzsche pour développer une nouvelle approche de la philosophie de la technologie et de la modernité et en tirer les conclusions qui s’imposent pour notre avenir.

    En fin de compte, deux idées sont au centre de l'ouvrage. D'une part, Rochedy associe le « sous-homme » ou le « dernier homme » nietzschéen à cette foule de plus en plus nombreuse d'individus atomisés, hédonistes et déjà posthistoriques qui, par lassitude, manque de motivation, lâcheté, décadence et sensibilité exacerbée, alimentent et renforcent la « mégamachine », c.à.d. la pieuvre de la civilisation ultra-capitaliste, consumériste, technologique et de plus en plus autoritaire qui, certes, assure à l'homme la réalisation de la plupart de ses désirs matériels, mais au prix de son aliénation à la nature et à la véritable découverte et affirmation de soi - et bien sûr de la destruction progressive de l’environnement. De l'autre côté, nous trouvons le « surhomme », c'est-à-dire ces derniers esprits « aristocratiques » qui veulent à la fois vivre en communion avec la nature et se dépasser par une lutte permanente pour l’excellence.

    De là découle déjà la conclusion qui a fait couler beaucoup d'encre dans les médias conservateurs francophones : Rochedy voit dans l'engagement pour la protection de la nature et la durabilité la clé du combat politique de demain et invite précisément les conservateurs à s'y consacrer corps et âme, et ce pour deux raisons. D'une part, parce qu'il voit dans la préservation de la nature et le démantèlement de la « mégamachine » le seul moyen de réveiller les idéaux aristocratiques et donc antimodernes qui nous font si cruellement défaut ; d'autre part, parce que les vastes bouleversements nécessaires à cette fin pourraient constituer un moyen idéal pour remettre la droite politique au pouvoir et de créer un système dans lequel elle le resterait pour de nombreuses générations.

    Bien sûr, il ne s'agit pas de la droite « libérale-conservatrice » classique dont Rochedy attend une telle évolution, car celle-ci n'a pas du tout compris que l'écologisme pourrait être un allié, et non un adversaire, dans la lutte contre les dérives de la modernité : « [La droite], après avoir été logiquement antimoderne en somme, la voilà se mettre désormais… à défendre la modernité ! – … au moment précis où celle-ci vacille ! – On en rirait volontiers si ce n’était pas catastrophique. » (275) Rochedy envisage plutôt une sorte de fusion future entre une droite aristocratique et identitaire d’un côté et l'élite écologiste d’un autre, les premiers se tournant enfin vers la nature, tandis que les seconds comprendraient enfin que la protection des biotopes naturels doit nécessairement s'accompagner d'un amour pour le terroir, la nation et la civilisation : « Un camp inédit comprenant des écologistes de gauche anticapitalistes et des écologistes de droite antimodernes se rassemblera pour lutter ensemble contre la mégamachine infernale et fondre leurs diverses sensibilités en une nouvelle idéologie qui prendra en main le destin de la civilisation occidentale. » (279) Certes, Rochedy ne se prive pas de critiquer les écologistes traditionnels ; non pas parce qu'il considérerait leur diagnostic écologique de base erroné - Rochedy semble sincèrement convaincu de la réalité et du danger du changement climatique - mais parce qu'il leur reproche leur inconséquence : « On ne peut pas vouloir, comme les écologistes de gauche qui tiennent aujourd’hui le haut du pavé de l’écologie politique, le chaos ethnique et l’ordre écologique en même temps. » (272)

    Bien sûr, un tel projet signifierait un large rejet de tout ce qui a été considéré jusqu'à présent comme typique de la civilisation occidentale, à commencer par cette pulsion « faustienne » qui ne veut accepter aucune limite ni aucune barrière, mais qui a fait de l'expansion, de la croissance, du dynamisme, bref de ce « plus ultra » habsbourgeois, le fondement de toute sa manière d'être. Pour Rochedy, les archétypes de Faust ou de Prométhée ne doivent plus être vus comme des idéaux, mais plutôt comme des « détours » peut-être nécessaires, mais finalement néfastes pour l'histoire européenne , et il faudrait plutôt « imaginer Prométhée découvrant que le feu sacré qu’il a dérobé ne servait en fait qu’à l’immoler » (253). Rochedy envisage en conséquence une autolimitation consciente, une simplification maximale, un ré-enracinement conséquent et un ralentissement volontaire de tous les processus de civilisation, en combinaison avec une réduction sensible de la population, afin de créer une « biocivilisation » ; terme par lequel il entend un « mélange du meilleur de l’archaïsme et du meilleur du progrès » (276) (le terme d'« archéofuturisme » n'apparaît curieusement pas), une société d'« Athéniens futuristes » (280), à la tête de laquelle se trouve certes une nouvelle élite de gardiens, qu'il faudrait chercher chez ces « surhommes » éco-nietzschéens qui donnent son titre au livre : « Si le destin de notre civilisation est de devenir un grand, prospère et magnifique jardin, les premières choses dont elle devra se doter seront, tout naturellement, des murailles et des gardiens. » (271)

    Aussi idyllique et nietzschéen que cela puisse paraître aux oreilles de certains conservateurs (à qui l'idée d'un ré-enracinement radical des peuples, au besoin en invoquant l'urgence climatique, devrait également plaire), il n'est pas étonnant que le projet de Rochedy ait été massivement critiqué par de nombreuses droites françaises ; en partie à tort, en partie à raison.

    L’on critique Rochedy à tort, me semble-t-il, quand on fait découler, de la haine de la suprématie idéologique de l'écolo-gauchisme, l’affirmation d'une société de consommation hédoniste et ultralibérale sans comprendre à quel point nombre de positions du mouvement écologiste coïncident, en fait, avec des éléments clefs du combat conservateur, de telle manière que Rochedy considère même l’écologisme comme le nouveau fer de lance de la métamodernité occidentale : « Les écologistes sont le nec plus ultra de l’Occident en amorçant la nouvelle métamorphose de formes dont nous avois besoin pour être, c’est-à-dire, chez nous, renaître sans cesse. […] Sans en avoir conscience donc, ils poursuivent ainsi le destin de la civilisation occidentale qu’ils croient pourtant, à l’heure actuelle, stupidement détester. »  (260)

    Mais l’on critique Rochedy à juste titre quand on met en avant le manque d'ancrage historique, voire transcendant de ces « Athéniens futuristes ». Depuis longtemps, Rochedy tente de (re)définir sans cesse sa position vis-à-vis du christianisme, mais en l'abordant essentiellement sous l'angle de la psychologie nietzschéenne ou alors sous l'angle purement historique, sans pouvoir véritablement se résoudre à une véritable acceptation de la transcendance non seulement de Dieu, mais aussi de l'âme humaine. Certes, on ne peut que l'approuver sans réserve lorsqu'il écrit : « Vouloir un renouveau du christianisme sans remettre en cause la modernité et le techno-capital est une position, au choix, stupide ou hypocrite. » (278) De plus, sa vision d’un christianisme « biocivilisationnel » comme idéologique porteuse de ce nouveau système de société n’est certainement pas dénué d’intérêt : « Il y a donc de quoi espérer entre une rencontre future plus ou moins harmonieuse et plus ou moins complète entre écologie et christianisme pour voir naître, qui sait ? un écochristianisme aux accents franciscains » (267). Mais en fin de compte, il faut constater que Rochedy reste ancré non pas dans la transcendance, mais dans le panthéisme et l'immanentisme et croit donc fermement à la possibilité, voire à la nécessité, de construire un paradis terrestre, ici-bas, comme tâche suprême de l'homme : « Dieu ne s’est ainsi surement pas suicidé, il est entré, par son Esprit sain, dans le Cosmos ; il s’y est glissé. Peut-être est-il même devenu le cosmos après l’avoir créé,  comme conséquence inévitable de sa Puissance et de son Omniscience. […] Il est, littéralement, l’environnement : ‘prendre soin’ est donc pour Lui la praxis même de sa vie. » (253-254) Il en résulte l'exigence suivante, qui ne peut être considérée que comme une « hybris » dangereuse, et ce non seulement dans une perspective chrétienne, mais aussi dans une perspective transcendantiste plus générale : « Refaire le paradis que nous avons détruit; retourner en roi dans le jardin que nous avons quitté en pécheur; restaurer enfin l’harmonie perdue entre notre plus profonde nature et celle qui nous entoure: voilà le commandement suprême ordonné au genre humain. » (248) Certes, la croyance en la transcendance implique un respect fondamental pour autrui, reflet du créateur au même titre que le « moi », et dès lors, une responsabilité sociale et politique. Mais la tâche la plus importante de l'homme, si l'on adhère totalement à l'idée de la philosophie pérenne et de la priorité de la transcendance sur l’immanence, ne se situe justement pas dans le monde de la matière, mais dans ce qui est au-delà, et ne consiste pas à construire un paradis terrestre, mais à réaliser de manière de plus en plus complète cette nature divine qu’il partage par son âme immortelle et à se dissoudre dans la transcendance déjà ici-bas.

    Une autre critique, plus pragmatique, serait de s'inquiéter du danger que représenterait un tel refus unilatéral de la part de l’occident à ancrer sa civilisation dans la technologie moderne dans le cadre de la situation mondiale actuelle. En effet, l’appel de Rochedy de transformer l’occident en une « biocivilisation » écolo-nietzschéenne fait largement abstraction de la réalité du monde extra-européen. Or, nous devons nous attendre à ce qu'un « ralentissement » unilatéral et une simplification délibérée de notre civilisation donnent un avantage décisif aux forces qui, de l'Afrique à la Chine en passant par le monde islamique, sont de plus en plus rongées par le ressentiment, voire la haine envers l'Occident. La question est donc de savoir comment une société « biocivilisée » peut continuer à être protégée de l'intérieur comme de l'extérieur contre des agressions hostiles de plus en plus massives et comment le chaos inévitable d’une telle transformation ne risquerait pas plutôt d’engloutir la civilisation européenne.

    D’ailleurs, ce problème est étroitement lié à la question de savoir dans quelle mesure l'occident est encore capable, d’un point de vue de son énergie vitale, d'une telle métamorphose fondamentale. Dans ce contexte, Rochedy propose d’ailleurs une théorie historique étonnamment positive lorsqu'il identifie, en gros, l'Antiquité à l'enfance, et le Moyen-Âge ainsi que le monde moderne à la jeunesse de l'Europe, alors que le présent correspondrait à l'entrée dans l'âge adulte : « Car oui, l’homme occidental est en train de devenir adulte : voilà notre moment historique traduit sur une courbe de croissance » (257). Évidemment, l’on retrouve ici l'héritage littéraire de l’espoir nietzschéen en un « grand midi » de l’Europe, et loin de nous de décrier un tel optimisme qui contredit si profondément et agréablement les discours déclinistes et fatalistes habituels. Hélas, une telle position n'en devient pas pour autant plus convaincant, et l'auteur de ces lignes ne cache pas qu'il adhère plutôt à la vision spenglerienne du « déclin » de l'Occident (et de chaque civilisation), selon laquelle on peut tout au plus imaginer l’avènement d’un empire civilisationnel final, mais pas un renouvellement vital fondamental.

    Bien évidemment, ces points de critiques ne signifient pas un rejet de la pensée de Rochedy, mais au contraire la volonté de le prendre très au sérieux et de contribuer à son développement ultérieur, et ne serait-ce que par sa nécessaire « mise à la terre ». Ne nous faisons pas d’illusion : l'Occident, me semble-t-il, va inévitablement vers sa pétrification progressive, et le « dernier homme » nietzschéen, le « fellah » de Spengler, deviendra sans aucun doute le modèle standard de l'Européen « civilisé ». Un nouvel essor vital semble dès lors impossible – mais pas un dernier sursaut « augustéen » et l'établissement d'un empire civilisationnel final et glorieux à l'instar du Principat romain, de la dynastie chinoise Han ou des Gupta indiens ; un empire dont les efforts de restauration politique et morale incluront également un rapport positif renouvelé avec un christianisme patriotique et civilisationnel. On peut toutefois s'attendre à ce que cet empire final, comme tout autre empire de ce type, soit en effet caractérisé de plus en plus par des phénomènes de ralentissement, de simplification, voire de barbarisation technologique, culturel et social tout en investissant ses dernières forces en la création d’un cadre civilisationnel d’une grande durabilité ; et il est fort probable que cette transition entre une phase de créativité chaotique et de canonisation et pétrification soit accompagnée de bon nombre des phénomènes « biocivilisationnels » que Rochedy appelle de ses vœux, incluant une relation plus saine et durable avec la nature et l'environnement : ainsi, la décroissance et la recherche d’une nouvelle harmonie avec la nature pourront-elles même être réinterprétées comme fruits d’une action politique volontariste, bien que leur raison ultime résiderait plutôt dans un manque d’énergie vitale de notre civilisation de plus en plus fossilisée. Dans cette perspective, nous devrions voir en la « biocivilisation » de Rochedy un premier symptôme hautement intéressant de cette évolution et une approche idéologique que la droite moderne devrait prendre très au sérieux.

    David Engels (deliberatio, 21 janvier 2024)

     

    Julien Rochedy, Surhommes et sous-hommes. Valeur et destin de l'homme, Paris, Éditions Hétairie, 2023.

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  • Quand se lève une droite identitaire allemande...

    Les éditions de la Nouvelle Librairie viennent de publier la traduction d'un essai de Maximilian Krah intitulé Allemagne : plaidoyer pour une droite identitaire. Maximilian Krah est un avocat d’affaires allemand. Il est député au Parlement européen depuis 2019 et sera la tête de liste de l’AfD aux élections européennes de 2024. Son essai est sorti en Allemagne, aux éditions Antaïos, en juin 2023 sous le titre Politik von rechts.

     

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    " Les moments de crise produisent un redoublement de vie chez les hommes, écrivait Chateaubriand. Le cas de l’Allemagne lui donne raison. Dans la tourmente des grands bouleversements de notre époque, une force politique nouvelle a vu le jour: l’Alternative für Deutschland (AfD). Parti conservateur qui navigue clairement à droite, nonobstant le manque de respectabilité du terme outre-Rhin, évitant les récifs, carte en main, selon un plan bien établi. Tête de liste de l’AfD pour les élections européennes de 2024, Maximilian Krah développe son programme à travers l’étude de sept thèmes fondamentaux : la droite, l’identité, l’État, le changement d’époque, l’économie, l’avenir et la politique, sans négliger aucun sujet, de la famille à l’intelligence artificielle, en passant par la géopolitique et la nécessité d’œuvrer à une contre-culture. Le lecteur français sera parfois surpris des différences entre pays frontaliers, mais le voyage est stimulant. Peut-être permettra-t-il de sceller de nouvelles alliances au niveau européen.

    « Après des décennies pendant lesquelles la droite a été exclue de la vraie politique, nous avons maintenant la possibilité de montrer que nous savons ce qu’il faut faire. Saisissons-la ! » "

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  • Une révolte populaire de droite en Espagne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Javier Portella cueilli sur le site de la revue Eléments et consacré aux puissantes manifestations populaires de droite qu'affronte ces derniers jours le gouvernement socialiste espagnol.

    Directeur d’El Manifiesto et essayiste, Javier Portella écrit régulièrement dans la revue Éléments ou sur les sites de Boulevard Voltaire et Polémia. Il est déjà l'auteur de  Les esclaves heureux de la liberté (David Reinarch, 2012) et N'y a-t-il qu'un dieu pour nous sauver ? (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    La droite espagnole dans la rue au cri de « L’Espagne est une nation ! Pas une Constitution ! »

    Le peuple espagnol descend dans la rue. Jeunes (beaucoup), vieux (quelques-uns aussi) et personnes de tous âges se rassemblent quotidiennement par milliers, depuis dix jours déjà, devant le siège du Parti socialiste à Madrid et dans les principales capitales de province. Avec une énergie, une vigueur, une rage et une ferveur patriotique qu’on ne leur avait jamais vues à ce point.

    Cela a peu à voir avec les manifestations pompeuses organisées en d’autres occasions par les grands partis du régime, ces hypocrites, ces « collabos » de fait d’un sécessionnisme qu’ils ont été les premiers à encourager ou du moins à tolérer. Ils l’ont fait dès le premier jour, depuis cette année 1978 où, une fois approuvée la nouvelle Constitution offerte comme un cadeau par le franquisme, c’est la Transition qui a débuté, cette chose aussi fatidique qualifiée d’« exemplaire ».

    C’est pourquoi, ces jours-ci, résonnent dans les rues des cris qu’on n’avait jamais entendus. L’un d’entre eux – « L’Espagne est chrétienne ! Pas musulmane ! » – nous ramène, en ces temps du Grand Remplacement, aux jours de la Reconquista. Un autre cri nous reconduit aux combats contre le libéralisme : « L’Espagne est une nation ! Pas une Constitution ! » (Un cri qui est un crachat contre la thèse défendue par de nombreux libéraux selon lesquels la nation espagnole n’existerait qu’à partir de sa première Constitution « démocratique » de 1812). C’est pourquoi aussi, comme si nous étions dans l’insurrection de Budapest de 1956, le drapeau espagnol flotte dans les rues avec un trou au milieu, le blason du régime actuel y ayant été découpé.

    Un régime de plus en plus méprisé

    Mais non, ne vous faites pas d’illusions, mes amis français ! Le régime est méprisé et vilipendé, certes, mais à la façon dont tout régime l’est à l’aube d’une révolte populaire : de façon vague, imprécise, sans programme d’action concret ; sans que l’on puisse dire si la révolte finira par être engloutie, comme souvent, par les maîtres du Système ; ou si, au contraire…

    La seule chose qui est claire, c’est l’atmosphère qui bouillonne, que l’on ressent, que l’on palpe dans la rue. Abstraction faite de la guérilla alors agissante (c’était une autre époque, d’autres gens, d’autres circonstances…), l’atmosphère et la rage actuelles rappellent ce que l’on devait ressentir au mois de mai 1808, lorsque le peuple espagnol (les Catalans y compris !) s’est soulevé pour défendre la patrie contre l’occupant français…. et contre ses propres félons (Charles IV et son fils Ferdinand VII) qui avaient ouvert les frontières à l’envahisseur.

    Aujourd’hui, il n’y a pas d’occupant étranger en Espagne (seulement certains Espagnols qui se sentent occupés et asservis par l’ensemble de la patrie commune). Mais les félons, eux, y sont plus qu’abondants. C’est en tant que félon majeur du Règne – un Règne dont le roi (encore un félon ?) reste muet comme une tombe –, que l’histoire accueillera Pedro Sánchez, l’actuel Premier ministre. Afin de garder le pouvoir en achetant les sept voix des sécessionnistes catalans de Puigdemont (le fugitif qui s’est enfui à Waterloo après le coup d’État sécessioniste de 2017), le félon majeur vient d’accorder une amnistie au fugitif et à ses acolytes, assortie de mille autres concessions : annulation de 15 milliards d’euros de la dette de la Généralité catalane, cession de tous les impôts désormais perçus dans la région catalane, bientôt devenue nation, et surtout : tenue d’un référendum qui permettrait à la Catalogne de se rendre définitivement indépendante de l’Espagne.

    À la lumière des sondages actuels (et à la lumière aussi de la crainte de perdre leurs privilèges économiques que la bourgeoisie et les « bobos » catalans ressentiront au moment de franchir le dernier pas, celui de l’indépendance), le résultat le plus probable du référendum serait le maintien des liens politiques subsistant (s’il en reste encore) entre la Catalogne et l’Espagne, puisque les autres liens – les plus importants –, les liens affectifs, culturels, linguistiques… (les écoles catalanes enseignent déjà plus d’heures d’anglais que d’espagnol), ont été rompus, il y a belle lurette, par la haine du séparatisme catalan pour tout ce qui est espagnol.

    Les choses étant ce qu’elles sont, ne vaudrait-il pas mieux de couper les ponts ?

    Puisqu’il en est ainsi, et puisque rien ne parviendra à court ou moyen terme à changer en Catalogne et au Pays-Basque les mentalités de générations soumises depuis 50 ans au rouleau compresseur d’un endoctrinement brutal, ne vaudrait-il pas mieux pour les Espagnols eux-mêmes qu’ils assument les conséquences qui semblent en découler ? Quel intérêt y a-t-il à maintenir une situation intrinsèquement pourrie et qui ne peut qu’empirer ? Que gagne l’Espagne à maintenir des liens avec ceux qui la haïssent et qui sont devenus ses ennemis ?

    L’Espagne, en effet, n’y gagne rien. Les Espagnols non plus. Économiquement, on y perd même beaucoup. On y perd, par exemple, les 15 milliards d’euros du gaspillage catalan qu’il nous faudra payer, sans compter le prélèvement des impôts futurs dont l’Espagne n’entendra plus parler.

    Politiquement, en revanche, on y perd encore davantage. Pour tout dire, l’indépendance politique de la Catalogne et du Pays basque serait… un véritable bienfait des dieux (et je ne blague point). Sans les suffrages (toujours majoritairement de gauche) provenant des régions sécessionnistes, ce serait fini, du moins pour longtemps, du cauchemar d’avoir un socialiste ou un communiste à la tête du palais de la Moncloa (siège du gouvernement). C’est vrai que le cauchemar de voir ledit palais occupé par un libéral de droite est tout aussi pénible ; mais, contrairement au dicton, il y a parfois des pestes qui, d’un point de vue pratique, peuvent être légèrement préférables au choléra.

    Que faut-il en conclure ?

    Il faut en conclure que le peuple espagnol est déterminé à lutter pour la défense de la patrie en faisant fi de ses intérêts économiques et politiques. Un tel entêtement ne peut être dû qu’à quelque chose d’aussi insensé, d’aussi privé d’intérêt aux yeux de l’homme moderne et post-moderne que… un sentiment. Un sentiment « irrationnel », dira ce même homme – mais un sentiment qui peut se prévaloir de bien des raisons. Celles qui contribuent à façonner le sentiment de l’identité collective, le sentiment d’être quelque chose (et quelque chose d’important, hier du moins, dans le monde), le sentiment d’appartenir à un passé et de se projeter dans un avenir. Le sentiment, en somme, de ne pas se savoir anéanti, sans plus, dans le néant de la mort.

    C’est curieux. La nation espagnole, cette « lumière [du concile] de Trente et du marteau des hérétiques », cette nation qui, après avoir présidé pendant des siècles la croisade contre la modernité1, est devenue une victime consentante des pires dégénérescences de la modernité et de la postmodernité, voilà que cette même nation trouve encore le courage de monter au créneau pour défendre ce qui, en ces temps de mondialisation et de postmodernité libérale, est devenu le plus irrationnel des anachronismes : la nation.

    Le libéralisme et le « droit à décider »

    « Comment priver un peuple (en l’occurrence le peuple catalan) du droit à décider de son appartenance à l’entité nationale de son choix ? », m’ont souvent demandé des amis et des camarades français qui, sensibilisés à juste titre par le jacobinisme que la Révolution a imposé à leur pays, voient d’un mauvais œil le combat que nous autres, militants identitaires espagnols, menons, de manière totalement unanime, contre le sécessionnisme qui dévaste notre pays2.

    La réponse est simple : nous sommes engagés dans un tel combat parce que nous ne sommes justement pas des libéraux ; parce que, ne croyant pas au principe premier du libéralisme – la libre décision individuelle –, nous sommes convaincus qu’une nation n’est pas du tout une association constituée par la libre décision de ses membres, ces atomes qui, ayant signé le fameux Contrat, auraient dès lors le droit de le résilier quand bon leur semble.

    Si nous assumions de telles fantaisies, alors oui : il nous faudrait bien reconnaître le droit des Basques et des Catalans (et, au sein de ces derniers, des Aranais3, ainsi que de toute autre partie du territoire catalan ou espagnol qui le souhaiterait) à décider de leur ségrégation.

    Mais puisque nous ne sommes pas des libéraux, nous savons que « l’Espagne est une nation ! Pas une Constitution », comme on le crie ces jours dans les rues, tandis que les boulets et les gaz lacrymogènes des flics tourbillonnent dans l’air. Nous savons, autrement dit, que l’être de l’Espagne ne dépend d’aucun accord, d’aucun pacte, d’aucune constitution. Nous savons que l’Espagne, comme toute nation, est « une unité de destin », disait José Antonio Primo de Rivera ; un destin fait d’un territoire, d’une façon d’être, d’une langue et d’une histoire (laquelle remonte, en l’occurrence, aux deux mille ans de l’Hispania romaine). Et nous savons enfin que ce destin, pour lequel nous sommes prêts à sacrifier nos intérêts économiques et nos avantages politiques, est l’une des rares choses « sacrées » qui nous restent : quelque chose qui est là, qui nous a été donné en partage au moment d’être jetés au monde et à propos de quoi il n’y a et il ne saurait y avoir ni décision ni référendum.

    Ou si un référendum devait avoir lieu, il ne pourrait être légitime qu’à une seule condition : que tous les morts et tous les nascituri de la nation – membres, donc, à part entière de celle-ci – y votassent, eux aussi.

    Javier Portella (Site de la revue Éléments, 13 novembre 2023)

     

    Notes :

    1. Le problème d’une telle croisade est que, si Trente et l’Espagne ont fait face non sans raison au luthéranisme et à ce qu’il représentait, ils ont également combattu et vaincu – mais, là, sans la moindre justification – ce qui avait été, lors de la Renaissance, le grand éclat du syncrétisme pagano-chrétien. Mais ceci est évidemment une autre histoire.

    2. Je suppose que le lecteur français est bien au courant que l’actuel État espagnol est non seulement fédéral, mais que les droits accordés aux Communautés autonomes qui le composent figurent parmi les plus larges de tous les systèmes fédéraux.

    3. La Vallée d’Aran : une petite (et belle) vallée pyrénéenne où l’on parle un dialecte du catalan et dont les habitants aspirent également à la reconnaissance de leur langue et d’un statut politique propre.

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