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droite - Page 5

  • Le populisme a-t-il ringardisé le clivage droite-gauche ?...

    Pour cette nouvelle édition de Cette année-là, Olivier François, avec Pascal Esseyric, directeur de la revue Éléments, François Bousquet, rédacteur en chef, et Christophe A. Maxime, évoque la question du clivage droite-gauche...

     

                                            

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  • L’union des droites est morte, vive l’union des populistes ?...

    Le 12 juillet dernier, Nicolas Vidal recevait François Bousquet, rédacteur en chef d’Éléments, sur Putsch, pour évoquer avec lui la situation politique au sortir des élections législatives et les perspectives politiques et sociales d'une rentrée qui s'annonce chaude...

    Journaliste et polémiste, François Bousquet a notamment publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017), Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020) et Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

                                             

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  • La droite divisée contre elle-même n’a pas d’avenir...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Didier Beauregard, cueilli sur Polémia et consacré à la division des droites nationales et à ses conséquences...

     

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    La droite divisée contre elle-même n’a pas d’avenir

    « Passé le deuxième tour des présidentielles, l’épreuve des législatives s‘annonce redoutable pour la droite de rupture si elle va au combat divisée contre elle-même, minée par un affrontement dévastateur des egos et des détestations ! », voilà ce que nous écrivions dans notre dernière chronique dans ces mêmes colonnes.

    Si le pire n’est jamais sûr, dit-on, il semble devoir s’imposer comme l’horizon indépassable de la droite française, en l’absence d’union des forces des droites nationales, incapables de se rassembler dans un moment historique décisif. Au-delà des aspects idéologiques qui fractionnent la droite, impuissante, contrairement à la gauche, à nommer un ennemi commun pour mener un combat commun, il faut bien constater aussi que les personnalités leaders ne sont pas au niveau des enjeux qu’elles sont censées affronter. La guerre des egos, qui fonde l’ordinaire de toutes les familles politiques, est aggravée par des choix stratégiques divergents qui reposent largement sur de fausses perceptions de la réalité politique et sociale du pays. C’est ce que nous nous proposons d’analyser dans cet article.

    Les électeurs pour l’union des droites

    La palme de la contrevérité, dans le triste feuilleton des occasions manquées dont nous sommes les témoins, revient à Marine Le Pen, quand elle affirme, avec le plus grand aplomb, qu’elle refuse l’alliance avec Reconquête pour ne pas trahir ses électeurs ! Une inversion de la réalité ; alors qu’un récent sondage montrait que 75% des électeurs RN sont favorables à cette alliance, soutenue par 70% des électeurs de droite, dont 43% de ceux de LR ! Marine Le Pen se pique de ne pas céder à la politique politicienne des alliances opportunistes, quand son attitude tendrait à montrer que son souci premier est de conserver le monopole de la fonction contestatrice et tribunitienne qui permet à l’entreprise familiale de prospérer, en dépit des échecs répétés qui ne laissent envisager aucune perspective sérieuse de victoire. Il est légitime de se poser la question de savoir si, prendre le pouvoir, est bien la finalité politique de la chef du Rassemblement National, qui porte si mal son nom ? On ne peut construire un grand parti national, en fonctionnant sur un noyau très restreint d’individus, unis par des liens familiaux et d’obéissance clanique, en excluant toute diversité idéologique. Un grand parti doit savoir unir des sensibilités idéologiques différentes et favoriser l’expression de personnalités fortes et diverses, aptes à élargir son espace électoral. Un chef de parti doit être un chef d’orchestre qui met en cohérence autour de lui les différents courants de pensée qui peuvent partager un combat commun. La droite, une fois de plus, est victime de son culte archaïque du chef monolithique.

    A contrario, la gauche trouve sa force dans la diversité des courants et la guerre idéologique interne qui l’anime, étant assurée que la détestation d’un ennemi commun, nommé et diabolisé, lui permettra de se retrouver unie dans les moments décisifs. Le modèle du genre est l’Union de la gauche portée par François Mitterrand qui a permis à ce dernier d’accéder au pouvoir après dix ans d’une guerre incessante avec son partenaire communiste. A un niveau nettement inférieur, Mélenchon vient de nous rejouer, avec succès, la tragicomédie de l’union des gauches, qui permet à ces dernières d’occuper le devant de la scène malgré leur dépérissement global. L’absence d’une culture de la controverse et de la confrontation idéologique s’est manifestée de manière particulièrement visible dans le récent débat du 2e tour, où la candidate RN a subi les attaques de son adversaire, avec une incapacité criante de contrebattre ses arguments.

    L’erreur de Zemmour

    Si les talents d’Éric Zemmour pour le débat et la controverse idéologique ne sont plus à démontrer, ses choix stratégiques et ses postures ont laissé apparaitre quelques failles qui ont été, hors effet Ukraine, déterminantes dans sa contreperformance. Il n’a pas su résister à la tentation de la polémique avec sa rivale du RN, alors que, d’évidence, il avait tout à perdre à s’engager dans cette voie. Un leader politique qui se présente au suffrage du peuple doit savoir maîtriser son sentiment de supériorité. Mais, plus fondamentalement, son choix stratégique, essentiellement centré sur la question identitaire et sécuritaire, s’est révélé erroné. Si près de 70% des français partagent, plus ou moins, ses analyses sur les dangers de l’immigration et la présence massive de l’islam dans notre pays, il est naïf de penser qu’ils choisiront pour autant l’homme politique qui se saisie de ces inquiétudes. Le FN a longtemps partagé cette illusion quand ses partisans affirmaient que Jean-Marie Le Pen dit tout haut ce que les français pensent tout bas, espérant ainsi le ralliement de la masse. La sociologie politique est forcément plus complexe et traduit des approches et des attentes contradictoires, voire incohérentes. Pour preuve, si 70% de nos concitoyens s’inquiètent de l’immigration de masse, plus de 60% d’entre eux ont voté pour des partis résolument immigrationniste, dont 58% pour Macron au second tour. Le citoyen électeur est un être fragmenté et compartimenté, dont la main droite ignore souvent ce que fait la main gauche.

    Zemmour, paradoxalement, a partagé le même type d’erreur que Giscard d’Estaing, quand confondant le centre sociologique et le centre idéologique de la France des années 70, il prétendait réunir au centre 2 français sur 3 autour du centre sociologique de la large classe moyenne, alors que l’époque était marquée par une culture idéologique d’affrontement binaire droite/gauche qu’il a refusé d’assumer. Zemmour commet l’erreur inverse, en pensant que le constat culturel d’une crainte partagée de l’immigration de masse puisse constituer, par effet mécanique, une nouvelle sociologie politique autour de l’immigration et de ses enjeux civilisationnels. La profondeur du conditionnement des esprits ne permet pas ce sursaut quantitatif et qualitatif et, surtout, la problématique de l’immigration, même très élargie, ne permet pas d’englober la diversité des attentes des électeurs.

    Pouvoir d’achat vs identité et sécurité, un faux débat !

    Nous abordons là un sujet crucial, source de divisions et d’incompréhensions dans le camp national, dont nous devons préciser l’enjeu : celui de l’articulation entre les questions sociétales et civilisationnelles et les problématiques socio-économiques ; d’où tout le débat entre le pouvoir d’achat et le régalien qui a marqué la campagne présidentielle. Seul Zemmour a résolument assumé l’option identitaire, quand tous les autres candidats ont choisi, chacun pour des raisons évidentes, de privilégier la thématique du pouvoir d’achat : Marine Le Pen pour consolider son image sociale auprès de l’électorat populaire, la gauche, parce qu’elle est immigrationniste par essence, et Macron, outre ses choix idéologiques pro-immigration qu’il ne pouvait franchement revendiquer, qui était particulièrement vulnérable sur le sujet identité/ sécurité.

    Disons-le nettement, cette construction d’opposition binaire entre le civilisationnel et l’économique est particulièrement pernicieuse et doit être rejetée totalement comme source privilégiée de manipulation de l’opinion. De fait, les deux problématiques évoluent dans des espaces différents qui ne peuvent se comparer mais, qui loin de s’opposer, se répondent. Les immigrationnistes, la gauche en tête, exhibant les résultats des études d’opinion, ne ratent pas une occasion de relativiser, voir nier, la question migratoire et sécuritaire, en montrant que le pouvoir d’achat est la première question qui préoccupe et mobilise les français ; argument facile, martelé pour escamoter la question identitaire. En termes de psycho-sociologie cette affirmation n’a pas de sens, car la première position, le pouvoir d’achat, n’annule pas la deuxième (le sécuritaire/ identitaire), mais la renforce. Le pouvoir d’achat est un problème écrasant qui conditionne la qualité quotidienne de l’existence de ceux qui sont socialement fragilisés, il est une fatalité de tous les jours qui s’impose comme un enjeu vital, nul ne peut s’arrêter de manger, de se loger ou de se déplacer. L’identitaire, même oppressant, est du domaine du ressenti, du bien être existentiel, on peut en souffrir profondément et s’en distancier au quotidien. Quant au sécuritaire, largement lié à l’identitaire dans l’esprit du français ordinaire, il est, sauf cas particulièrement dramatiques, vécu comme une fatalité avec laquelle il faut apprendre à composer. Elle crée un climat lourd d’angoisse et de mal-être, mais les populations indigènes, aisées ou populaires, ont appris, au fil des décennies, à gérer le risque. Ces populations dans leur mode de vie quotidien restreignent et s’adaptent à leur espace public, en fonction des considérations sécuritaires.  La recomposition de la géographie de l’habitat, avec ses centres ville boboïsés, et ses zones périphériques pavillonnaires, est largement le fruit de cette adaptation aux bouleversements humains générés par l’immigration, combinés avec la dimension économique des prix de l’immobilier urbain. Et c’est bien là que la question sociale et identitaire se recoupent, car la masse des classes moyennes et populaires sait que la paupérisation renvoie ou maintient le « petit blanc » dans les zones « défrancisées », où il se trouvera en tant que maillon le plus vulnérable de son environnement social. A contrario, des revenus corrects permettent de rejoindre les zones pavillonnaires ou urbaines, où la propriété immobilière assure un minimum de sécurité et de cohérence identitaire ; un enjeu capital pour la scolarisation des enfants, notamment. Il est donc absurde, répétons-le, d’opposer pouvoir d’achat et identité/sécurité ; ce sont les deux faces d’une même médaille qui ne sont pas hiérarchisées avec le même niveau d’urgence et de contrainte : l’une s’impose comme une priorité lancinante du quotidien, l’autre comme une peur larvée à laquelle on s’adapte tant bien que mal, tant qu’elle ne vous frappe pas directement. Il est logique que l’angoisse de la détresse sociale qui détruit la vie quotidienne l’emporte sur la crainte sécuritaire dans les préoccupations des français, sans que cela ne relativise en rien l’importance de cette dernière qui lui est étroitement liée.

    Il est donc illusoire de mener campagne avec l’intention réelle d’arriver au pouvoir, sans avoir préalablement pris la peine d’assoir une crédibilité économique qui rassure un électorat potentiel. L’enjeu matériel du quotidien pèse prioritairement sur les choix politiques, d’autant que la propagande du système peut durablement tricher sur la perception des français sur les enjeux migratoires et sécuritaires, une part non négligeable de la population vit encore dans des zones plus ou moins préservées, mais tout un chacun est confronté à l’incontournable principe de réalité de son pouvoir d’achat ; je peux, ou je ne peux pas avoir ce dont j’ai besoin ! Au-delà de la naturelle divergence des positions, cette crédibilité passe d’abord par la reconnaissance de l’importance de l’enjeu économique et social, afin de conforter l’électeur sur la prise en compte de ses attentes.  Elle passe aussi par le soutien que peuvent apporter des acteurs de l’économie, entrepreneurs ou autres, et un corpus théorique qui puisse être légitimé par des personnalités reconnues pour leur savoir, des académiques, notamment. Les différentes familles de la droite nationale n’ont jamais réussi à acquérir cette légitimité économique, alors que, dans les pays anglo-saxons, elle a été à la base des succès du camp conservateur, comme en leurs temps, Thatcher, Reagan, ou même Trump.

    Il faut engager une alliance des droites sur la base d’une plateforme programmatique prioritairement construite autour des enjeux économiques, si l’on considère, a fortiori, que le constat sur l’identitaire et le sécuritaire est déjà très largement partagé par l’ensemble des forces qui se réclament de la droite.

    L’illusion de Marine

    Malgré tous ses efforts pour se « normaliser », Marine Le Pen n’a jamais réussi à obtenir un label de crédibilité en termes économique. Pire encore, l’élargissement des thèmes sécuritaires et identitaires dans la conscience collective, a obligé les adversaires du RN à concentrer leurs attaques sur sa dangerosité économique qui, selon eux, isolerait et ruinerait la France en quelques mois. Il faut savoir que Les Echos, journal de l’idéologie dominante des milieux économiques, a été, durant les présidentielles, un des titres les plus virulents contre la candidate du RN. Marine Le Pen est enfermée dans une contradiction qu’elle n’arrive pas à surmonter entre son désir d’être acceptée au sein du système et sa volonté d’afficher une dimension sociale qui peut séduire une « certaine » gauche « populaire », au-delà de l’opposition droite/gauche. En conséquence, elle se « mélenchonise » aux yeux du système et de la droite patrimoniale, sans gains réels du côté de la gauche. Son analyse est sociologiquement fausse, et ses réserves de voix potentielles ne sont pas du côté de LFI, comme l’a prouvé le 2e tour des présidentielles. La gauche de culture populaire et patriote a depuis longtemps quitté les rangs de la gauche officielle et, selon une logique quasi physique, plus l’électorat de gauche s’amoindrit, plus il se concentre sur son noyau dur, idéologiquement fermé et culturellement et sociologiquement incompatible avec la sensibilité « populiste » RN. Il en va de même pour ce qui reste de l’électorat LR, mécaniquement de plus en plus âgé et bourgeois, et donc, de moins en moins susceptible de rejoindre la droite contestatrice.  Comme nous l’écrivions dans ces mêmes colonnes, « qu’importe que le RN ne se réclame ni de droite, ni de gauche, le déterminisme historique et sociologique le place inéluctablement à la droite de l’échiquier politique, là où ses adversaires le positionnent ».

    En toute logique, la seule voie réaliste pour le RN d’arriver au pouvoir est d’être la plaque tournante d’une alliance des droites de rupture, susceptible de réunir d’emblée plus de 40% de l’électorat national.

    LR ou l’art de la destruction programmée

    S’il n’y a plus vraiment grand-chose à attendre pour la droite de rupture du côté de l’électorat LR résiduel, il existe, en revanche, un électorat important d’ancien électeurs de la droite « classique » qui ne savent plus vraiment vers qui se tourner. Cet électorat représente entre le tiers et la moitié des électeurs de Sarkozy en 2012 et de Fillon en 2017, soit quelque 10% de l’électorat global ; c’est là, pour des raisons sociologiques et idéologiques faciles à comprendre, que se trouvent les plus importantes réserves de voies pour une droite offensive. Encore faut-il convaincre cet électorat, plutôt bourgeois et conservateur, d’une capacité à gouverner pour qu’il bascule largement dans un vote antisystème. Cet électorat, toutefois, est toujours susceptible de retourner vers sa famille  d’origine, s’il trouve des leaders qu’il juge combatifs et assument leur engagement à droite : un choix anti Pécresse, en quelque sorte. Nous retrouvons ainsi la problématique de la qualité déficiente des têtes d’affiche des partis.

    Il est proprement stupéfiant que depuis 40 ans, la droite se soit enfermée dans le ghetto électoral du « front républicain », qui tourne quasiment systématiquement à son désavantage, sans qu’aucune personnalité majeure de la droite se soit rebellée contre ce diktat qui assoit la puissance idéologique de la gauche. Ce principe a distordu la réalité politique du pays, au point que la droite institutionnelle a fini par perdre tous ses repères pour se condamner elle-même. Tout était prévisible et écrit d’avance ; on ne peut combattre durablement deux ennemis à la fois : au nom de la lutte contre « l’extrême droite », la droite a légitimé la domination « morale » que la gauche prétend exercer. Après le désastre de la candidature Pécresse, aboutissement logique de la distorsion stratégique de la droite, l’avenir de LR est plus qu’incertain. Il est encore étonnant de voir que rien ne bouge, rien ne semble annoncer un revirement stratégique. Aucun des dirigeants censés assumer une image de droite forte, n’apparait capable de franchir le Rubicon de la farce tragique du cordon sanitaire « républicain ». Le paradoxe est que, malgré l’état avancé de décomposition de la droite, un leader solide et déterminé pourrait probablement encore rafler la mise d’un grand rassemblement des droites, tant les français restent fondamentalement légitimistes au regard de ce qu’ils estiment être la capacité à gouverner.  La droite attend toujours son Mitterrand qui brise enfin le tabou de l’alliance interdite, alors que le temps lui est compté ; en deçà d’un certain seuil il n’y a plus de retour possible !

    La droite « hors les murs » … ou « hors-jeu » ?

    Le vivier électoral de la droite est riche et diversifié, mais aussi éparpillé. Des personnalités, hors des deux partis dominants (il faut encore attendre pour savoir si Reconquête confirme sa percée), sont capables de mobiliser quelques fractions de l’électorat national. On pense prioritairement, à Dupont Aignan et Philippot, mais aussi, dans une moindre mesure, à Asselineau, et, pourquoi pas même, à Jean Lasalle. Prises dans leur ensemble, ces personnalités représentent un espace électoral qui évolue autour des 5% ; ce qui est loin d’être négligeable dans le cadre d’une stratégie d’alliance, alors que, éparpillé, ce vote ne pèse pratiquement rien. La conclusion s’impose d’elle-même : si ces personnalités peuvent garder un positionnement personnel utile dans le débat public- on l’a vu avec le combat de Philippot contre les dérives « covidistes » – il est clair que, isolées, elles ne peuvent exister électoralement. Ces forces, modestes mais combatives sur des thématiques ciblées, ont donc tout intérêt à adhérer à une stratégie d’alliance qui leur permettrait d’exister politiquement, sauf à privilégier un isolement narcissique qui flatte leur ego, dans l’attente du grand choc qui transcendera leur destin. On a toujours le droit de rêver !

    Mais la droite hors les murs, c’est d’abord la masse des électeurs déçus et sceptiques qui se réfugient dans l’abstention. Aucun candidat, en dépit des vœux pieux régulièrement exprimés, ne réussit à les mobiliser, malgré leur conscience politique souvent développée. Il est clair que l’offre ne correspond pas à leurs attentes, et le regard des abstentionnistes est généralement sévère sur les personnalités politiques de droite, jugées incapables de porter une véritable alternative politique. La désunion des droites ne peut qu’aggraver ce sentiment, alors que, nous en sommes convaincus, un projet commun sur les bases de quelques grands objectifs partagés pourrait amorcer une véritable dynamique de conquête du pouvoir. La division des droites, aujourd’hui, laisse le rôle de premier opposant au régime Macroniste  à une gauche « mélenchonisée » ; ce qui est proprement absurde vu l’état général des partis de gauche.

    L’Union est un combat

    Alors, la droite est-elle définitivement trop divisée idéologiquement et humainement pour pouvoir un jour espérer bâtir une alliance qui renverse la donne politique des quatre dernières décennies ? En tout état de cause, il est vain de vouloir créer un consensus idéologique qui n’existe pas. La conflictualité et la controverse sont les fruits naturels de la diversité qui fonde une alliance. « L’Union est un combat », martelait la gauche au temps du Programme commun. Selon une vieille loi de l’histoire, on s’allie d’abord contre un ennemi commun. Le constat d’un socle de valeurs communes (le respect des libertés essentielles, la transmission culturelle, le patriotisme…) et le même sentiment d’urgence partagé face à des dangers identifiés, devraient permettre de poser les bases d’un consensus de fond, à partir duquel pourrait être définies les grandes lignes d’un cadre économique et institutionnel rénové; chaque force politique gardant son autonomie d’action et de proposition à l’intérieur de ce cadre, avec l’engagement d’accords unitaires à chaque échéance électorale.

    Sans capacités d’alliance l’avenir politique des droites, en tant que force dirigeante, est compromis, et leurs électeurs perçoivent clairement cet enjeu. Si le rôle des personnalités leaders est essentiel pour porter un projet vers la victoire, il faut alors que le choix des électeurs prenne prioritairement en compte la capacité d’un (ou une) dirigeant(e) à rassembler au-delà de sa famille naturelle et des limites de sa personne. Nous sommes à un moment historique, où l’absence ou la présence d’une (ou plusieurs) personnalité (s) à la hauteur des enjeux historiques que nous affrontons peuvent changer le destin d’un peuple.

    Didier Beauregard (Polémia, 8 juin 2022)

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  • Existe-t-il une pensée de droite ?...

    Le 22 avril 2022, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Julien Rochedy à l'occasion de la publication de son dernier ouvrage, Philosophie de droite (Hétairie, 2022).

    Publiciste et essayiste, Julien Rochedy, qui est une figure montante de la mouvance conservatrice et identitaire, a déjà publié plusieurs essais dont Nietzsche l'actuel, et L'amour et la guerre - Répondre au féminisme.

     

                                              

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  • Julien Rochedy et la droite mousquetaire...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné le 24 mai 2022 par Julien Rochedy à Livre noir pour évoquer la nomination de Pap Ndiaye à l’Education par Macron, le résultat des présidentielles, le burkini, et surtout son dernier ouvrage, Philosophie de droite (Hétairie, 2022)! 

     

                                                 

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  • Le “front républicain” : seulement contre la droite...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christophe Boutin cueilli sur Figaro Vox et consacré au front républicain, arme du système contre la droite. Professeur de droit constitutionnel, Christophe Boutin est notamment l'auteur d'un essai intitulé Politique et tradition (Kimé, 1992), consacré au penseur italien Julius Evola. Il a également co-dirigé la publication du Dictionnaire du conservatisme (Cerf, 2017), du Dictionnaire des populismes (Cerf, 2019) et du Dictionnaire du progressisme (Cerf, 2022).

     

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    Christophe Boutin: «Pourquoi le “front républicain” ne s'applique qu'à la droite»

    Un politique peut aujourd'hui se réclamer du trotskisme le plus échevelé et obtenir sans coup férir le nombre de parrainages nécessaires pour être candidat à l'élection présidentielle, quand bien même son courant ne représente-t-il jamais, élection après élection, que moins de 1 % des suffrages exprimés.

    Nul journaliste, quand Fabien Roussel tonne contre l'invasion russe en Ukraine, ne lui rappelle ce 11 janvier 1980 où, en direct de Moscou, le premier secrétaire du PCF, Georges Marchais, justifiait l'invasion de l'Afghanistan par des troupes soviétiques uniquement soucieuses de libérer les populations locales de féodaux moyenâgeux pratiquant le «droit de cuissage».

    Certains le regrettent. On nous permettra pourtant de penser que l'on doit au contraire s'en féliciter, en considérant que le pluralisme, nécessaire dans une démocratie, traduit finalement plus sa vitalité qu'il n'augmente ses faiblesses, et que les erreurs des uns n'ont pas à entacher les choix des autres.

    Dans le même temps pourtant, lorsque des politiques se voient attribuer malgré eux un label «d'extrême droite» qu'aujourd'hui quasiment tous les spécialistes universitaires du sujet remettent en question, considérant qu'il ne concerne guère qu'une infime minorité et nullement une force politique de l'ampleur de celle qui a amené Marine Le Pen pour la seconde fois au second tour de l'élection présidentielle, et Éric Zemmour, qui faisait là sa première apparition, à un score de 7 % au premier tour, tout change.

    Plus question en effet de pluralisme: «Pas de liberté pour les ennemis de la liberté» tonnent nos modernes Saint-Just, se félicitant alors sans pudeur des parrainages refusés, des meetings interdits, de l'ostracisme professionnel frappant militants ou candidats, quand ce n'est pas de leur agression.

    Ce «deux poids, deux mesures» a-t-il toujours existé ? Sous les noms successifs de «front républicain», «pacte républicain», «digue républicaine» jusqu'où remonter ? Au front républicain des origines de la IIIe République, constitué face aux menaces bonapartistes et monarchistes ? À cette discipline républicaine qui allait permettre au Front populaire d'arriver au pouvoir au sortir du 6 février 34 ? Les menaces sont réelles alors: on pouvait se demander en 1880 si le régime nouveau allait durer, et s'inquiéter en 1936 de la montée du fascisme. Mais derrière l'affichage idéologique de ces alliances - qui laissent sur leur gauche, socialistes, utopistes et anarchistes violents - on ne saurait oublier l'élément tactique, la conquête du pouvoir. Sous la IVe République ainsi, les fronts républicains ne visent plus qu'à permettre à une vaste alliance centrale de se le partager, écartant à droite les gaullistes et à gauche les communistes.

    Sous la Ve République, cette stratégie devient initialement un instrument d'hégémonie au profit de la seule gauche, qui fait peser sur toute alliance avec le Front national qui progresse un interdit moral que Jacques Chirac valide politiquement. À partir du milieu des années 80, la droite qui s'auto-baptise dès lors «de gouvernement» parce qu'elle interdit à d'autres d'y participer n'hésite pas aux alliances avec la gauche, sanctionnant ceux de ses membres qui violent le nécessaire «cordon sanitaire». Ce nouveau Front républicain culmine en 2002 avec le happening de l'entre-deux tours d'une élection présidentielle où s'opposent Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac. Et si, à partir de 2011, la théorie du «ni, ni» (ni FN, ni PS) est celle de Nicolas Sarkozy, le Front républicain, qui continue d'ouvrir la voie vers les maroquins par la grâce médiatique, conserve ses adeptes en 2022, même si la flambée de l'abstention et du vote blanc en montre pourtant les limites.

    Un Front donc, une digue, mais contre quoi, et pourquoi à sens unique ? Car s'il est aujourd'hui très difficile de qualifier le programme du Front national de Marine Le Pen «d'extrême droite», quand il n'est qu'une version édulcorée de celui du RPR des années 80, ou de trouver dans son entourage des fascistes assumés et dans ses références historiques un culte des années sombres, on peut en effet être plus réservé à l'encontre de partis de gauche où foisonnent les disciples d'Hugo Chavez, les admirateurs du Che et, où, plus largement, on n'entend guère remettre en cause les principes de l'idéologie la plus meurtrière du XXe siècle. Quant à lutter contre les hordes en chemise brune, nul ne saurait s'y opposer, mais encore faudrait-il qu'elles existent. Or, depuis des dizaines d'années, la violence politique qui se manifeste en France n'est certes pas prioritairement le fait de milices fascistes, mais bien de groupuscules d'extrême gauche.

    Il est vrai que cette violence-là sert le pouvoir en place, ainsi légitimé pour réprimer avec une rare violence les manifestations ou imposer des mesures de contrôle de la population de plus en plus attentatoire aux libertés. Et pour permettre demain le «vote utile» des électeurs de la «droite de gouvernement» sur ses candidats ou ceux qu'il aura adoubés, ce même pouvoir a tout intérêt à agiter le spectre du «grand soir» des «partageux» : les «Versaillais» du «parti de l'ordre» le rallieront à nouveau, comme au moment de la crise des «gilets jaunes».

    Ainsi, contrairement à ce que pensent ceux qui ne veulent y voir que la conséquence du poids d'une intelligentsia médiatique fortement ancrée à gauche, le «deux poids, deux mesures» doit apparaître en ce printemps 2022 pour ce qu'il est: un instrument permettant à un bloc politique central constitué aujourd'hui autour d'Emmanuel Macron, mais le dépassant largement - ce «bloc élitaire» évoqué par Jérôme Sainte-Marie, ce rassemblement des «anywhere» décrit par David Goodhart, ces gagnants de la mondialisation des métropoles dont parle Christophe Guilluy -, de rester au pouvoir.

    N'ignorant pas qu'il partage avec la gauche, y compris la plus radicale, une même vision du monde progressiste, ce pouvoir est trop subtil pour se tromper d'ennemi: la révolte de leurs petits-fils et fils n'amène qu'un sourire nostalgique sur les lèvres des ex-soixante-huitards ou lycéens en lutte contre la «réforme Devaquet» - tous maintenant macronistes -, et les rodomontades du «Premier ministre élu» ne les impressionnent pas plus. En sus de ce poids incapacitant d'une pseudo-morale largement acquise aux idées de gauche qu'il ne faut pas négliger, il n'y a en fait aucun intérêt tactique à dénoncer les alliances qui peuvent se faire entre l'ancienne «gauche de gouvernement» et une gauche plus radicale ou plus sectaire.

    Mais que s'affirme un courant national-populaire disposant d'une doctrine et prêt à remettre en cause la «liquidation», pour reprendre le titre d'un ouvrage de Frédéric Rouvillois sur le macronisme, entreprise depuis maintenant bien des années, voilà qui ne saurait être toléré. «Nous avons changé d'époque», disent les représentants autoproclamés du «cercle de la raison», voulant indiquer par là «qu'il n'y a pas d'autre alternative», comme le clamait Margaret Tatcher, et que la fuite en avant doit continuer pour permettre à la société rêvée d'advenir. Grâce à la gauche, spectre utile quand elle est révolutionnaire et caution morale quand elle se veut intellectuelle, et contre cette droite à laquelle, et ce n'est donc pas un hasard, l'oligarchie réserve ses coups.

    Christophe Boutin (Figaro Vox, 4 mai 2022)

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