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Métapo infos - Page 752

  • Rencontre avec le roi du monde...

    Les éditions Camion noir viennent de publier un livre de Ferdinand Ossendowski intitulé Rencontre avec le roi du monde. Géologue, aventurier et écrivain d'origine polonaise, Ferdinand Ossendowski a publié de nombreux récits, en particulier sur ses périples en Asie pendant et après la guerre civile russe. Il est un des premiers à avoir évoqué la figure de von Ungern-Sternberg, le célèbre "Baron fou"...

     

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    " Ce livre est paru en français pour la première fois en 1924. Il est passionnant à deux titres : tout d'abord par la personnalité de son auteur, ensuite par son contenu. Ferdinand Ossendowski, né en 1878, participa à la révolution de 1905 et devint même président, deux mois durant, de l'éphémère « gouvernement révolutionnaire » d'une république sibérienne. Condamné à mort, gracié par le tsar, relégué en Sibérie, il soutint les forces contre-révolutionnaires, dites « blanches », de l'amiral Koltchak qui le nomma Ministre des finances de son gouvernement. C'est après l'effondrement de celui-ci, sous les coups de boutoirs des bolcheviks, que débute Rencontre avec le Roi du Monde qui relate sa fuite devant les armées rouges jusqu'en Chine. Quant au contenu du livre, il relève, pour une part de la littérature d'aventure vécue et pour une autre de l'ésotérisme et de l'initiation. De ce fait Rencontre avec le Roi du Monde, qui a inspiré Corto Maltese en Sibérie, passionnera tant les amateurs de récit d'aventure que ceux qui s'intéressent au bouddhisme et au lamaïsme tibétain. "

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  • L’organisation d’un « islam de France » pacifique et représentatif est-elle possible ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Sébastien Froment, cueilli dans Novopress et consacré à la question de l'Islam de France.

     

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    Pourquoi l’organisation d’un « islam de France » pacifique et représentatif est impossible

    Depuis les années 80 et l’affaire du voile à Creil, la question de la « gestion » de l’islam en France a été une préoccupation constante des différents pouvoirs politiques qui se sont succédés. Au fur et à mesure de l’avancée de l’islamisation, la volonté de faire émerger des interlocuteurs de la communauté musulmane n’a cessé d’être à l’agenda. L’objectif : parvenir à avoir le contrôle de l’islam via des instances supposées être représentatives. Concrètement, ce fut bien souvent une illusion de domestication, au profit d’une soumission quant à elle bien réelle.

    Dès 1999, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Intérieur, organise une consultation rassemblant toutes les fédérations musulmanes, les grandes mosquées et certaines personnalités et leur soumit un texte qui ne pouvait « faire l’objet d’une négociation ». Pourtant, devant la bronca suscitée par quelques lignes souhaitant consacrer « le droit de toute personne à changer de religion ou de conviction », Chevènement décida finalement de retirer discrètement le passage polémique à la grande satisfaction des autorités musulmanes, l’UOIF (proche des islamistes des Frères musulmans) en tête.

    En 2003, c’est au tour de Nicolas Sarkozy de vouloir remodeler l’organisation du culte musulman (avec la création d’une nouvelle structure, le CFCM – Conseil Français du Culte Musulman) au prétexte qu’il ne voulait pas d’un « islam en France », mais un « islam de France »… Mais cette volonté d’un islam francisé s’écroule très rapidement : dès la première élection des représentants du CFCM, les islamistes de l’UOIF arrivent en 2e position, devant la Grande Mosquée de Paris et son médiatique recteur Dalil Boubakeur. Par un tour de passe-passe permettant de surmonter ce résultat problématique, c’est néanmoins ce dernier qui obtient la présidence du CFCM.

    Cette ambigüité va contribuer à créer un fossé qui ne va aller qu’en s’accroissant au fur et à mesure des années. L’UOIF marginalisée au sein du CFCM, Dalil Boubakeur décrédibilisé au sein de la communauté musulmane pour sa supposée trop grande proximité avec le pouvoir politique, l’essor du salafisme en dehors du CFCM et la « radicalisation » progressive d’une partie importante des musulmans de France ont contribué à créer une scission entre la base de cette communauté et des dirigeants souvent perçus comme illégitimes ou peu représentatifs.

    Maladroitement, de nombreuses célébrités médiatiques et politiques essayeront de pallier à l’échec du CFCM par la promotion de personnalités, pensant naïvement qu’ils parviendraient à imposer par le haut des représentants à la communauté musulmane. Ce fut tout l’inverse : la mise en avant d’un individu comme l’imam Chalgoumi (dont le parcours est trouble : il fut fiché dans les années 90 pour avoir appelé au djihad dans ses prêches), présenté comme un « imam républicain », quasi-analphabète et ne cessant de dénoncer l’extrémisme islamique fut ressenti comme une forme de trahison, et eut pour conséquence d’accroître encore cette défiance.

    Suite aux attentats de Charlie Hebdo, bien qu’officiellement ces attaques n’aient eu « rien à voir avec l’islam », le gouvernement socialiste se hâta de réformer l’organisation des musulmans de France avec la création d’une Fondation pour l’islam de France. L’objectif était de parvenir à une instance « plus représentative » mais « sans extrémistes ». Soit l’équation impossible à résoudre (d’ailleurs des dirigeants de l’UOIF y participèrent). Car soyons clair : pour qu’elle soit réellement emblématique, une représentation des courants ouvertement salafistes serait nécessaire. Or c’est impossible. Du coup, le serpent se mord la queue.

    Plusieurs groupes salafistes l’ont bien noté. Certains réclament (avec un sens stratégique certain) la fin de l’islam consulaire où les imams sont envoyés par des pays étrangers (Algérie, Maroc et Turquie notamment). « Nous voulons des imams français et des représentants français ! » disent-ils sournoisement. L’objectif est en réalité simplement de prendre le contrôle des mosquées pour en finir avec l’islam « bledard » pas suffisamment salafiste à leurs yeux.

    Pour chaque gouvernement, (et la question se pose actuellement pour le gouvernement de Macron) l’organisation communautaire des musulmans de France est un véritable casse-tête, encore plus aujourd’hui à l’heure du djihad et des attentats islamistes incessants. Auparavant, le pouvoir politique pouvait choisir les représentants de la communauté musulmane, ces derniers montraient patte blanche en chantant les louanges de la République sur les plateaux télé et recevaient en retour des facilités, notamment pour construire des mosquées. Ce n’est plus -autant- possible aujourd’hui. Une méfiance s’est largement répandue au sein de la population française envers ces représentants communautaires au discours qui sonne faux. De l’autre côté, une large part de la communauté musulmane perçoit une partie de ces porte-parole comme des traîtres. L’équation est impossible à résoudre : faut-il intégrer les courants islamistes les plus durs dans des organes officiels et avoir une vraie représentativité des musulmans – mais en leur reconnaissant une légitimité – ou bien les ignorer et n’avoir de fait que des coquilles vides et accentuer le divorce ?

    Sur ce sujet comme sur d’autres, le réel poussera à renverser complètement le paradigme. En effet, dans les termes actuels, résoudre cette problématique de la représentativité des musulmans est impossible. Parce que la solution n’est pas là. La solution n’est pas « islam de France » ou « islam en France » mais islam hors de France ! Plus que jamais, seule la remigration, c’est-à-dire le retour dans leur pays d’origine d’une majorité de musulmans permettra de résoudre toutes ces crises paraissant aujourd’hui insolubles.

    Sébastien Froment (Novopress, 29 mai 2018)

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  • Quand des volontaires français rejoignaient la division Charlemagne...

    Les éditions Jourdan viennent de publier un ouvrage de Dominique Lormier intitulé SS français - Récits, lettres et témoignages inédits de la SS Charlemagne. Sur le même thème, les éditions Nemrod publient Sous uniforme allemand, un récit inédit de Jean-Marie Croisile qui retrace son parcours dans la Légion des volontaires français contre le bolchévisme, puis dans la division Charlemagne.

     

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    " Cet ouvrage captivant présente les récits inédits de Waffen SS français ayant lutté contre l'armée soviétique en 1944-1945. Dans la neige et le froid, contre un adversaire implacable, et mieux armé, ils ont été engagés dans des opérations souvent suicidaires, de véritables missions de sacrifice ultime.

    Chez beaucoup d'engagés français dans la Waffen SS on retrouve la quête d'un " idéal " fasciste, porté par la camaraderie indestructible du front, la nostalgie fraternelle des tranchées, le culte de la force virile, la fascination pour l'univers militaire allemand, la haine du communisme et du capitalisme, le goût de l'aventure et de l'épopée guerrière, la volonté de restaurer l'héroïsme militaire français dans un cadre européen... Ils rêvent d'un ordre militaire nouveau, hérité de la chevalerie médiévale. Un ordre fondé sur la discipline, l'honneur, la fidélité, le sens du sacrifice, le mépris de la mort. Un ordre quasi religieux, où se retrouvent des catholiques traditionalistes et des païens convaincus. Tous ne sont pas antisémites, mais avant tout anticommunistes.

    La Waffen SS " française " recrute des idéalistes, des braves types, des moins braves types, des fanatiques, des fourvoyés, des malchanceux. On y retrouve toutes les classes sociales de la France de l'époque : aristocrates, bourgeois, fonctionnaires, ouvriers et paysans.

    Cet ouvrage ne se veut en aucun cas une réhabilitation déguisée de ces combattants d'une cause perdue. L'auteur se contente de relater le plus fidèlement possible leurs témoignages, tout en écartant toute forme d'apologie du nazisme. "

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    " En février 1943, déterminé à participer à la lutte contre le communisme sur le front de l'Est, Jean-Marie Croisile signe son engagement au sein de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme. Un choix qui le conduira plus tard à intégrer la 33e Division SS Charlemagne avec laquelle il participera à la défense de Berlin. À l'automne 1943, c'est au tour de son jeune frère, Alain Croisile, puis de leur père, Jean Croisile, de signer un engagement au sein de la Waffen-SS. À la lumière de l'histoire, il s'agit d'un choix indéfendable qui les conduira à la fin de la guerre à affronter la Haute Cour de Justice de Colmar pour avoir « sciemment accompli des actes de nature à nuire à la défense nationale. » Au vu de l'histoire familiale, il s'agit d un choix d'autant plus incompréhensible que le père, Jean Croisile, est un ancien héros de la guerre de 1914-1918, cinq fois blessé dans les combats, dont trois fois à Verdun, mais aussi un vétéran de la campagne de 1940 au cours de laquelle il s'est encore battu vaillamment contre l'ennemi allemand. « Je puis assurer, en toute conscience, que malgré nos pauvres moyens matériels, j'ai toujours résisté face à l'ennemi, de toutes mes forces, et s'il y avait eu en France plus de résistants à ce moment-là [mai 1940], il est bien certain que les événements auraient pris une tout autre tournure », déclarait d'ailleurs Jean Croisile aux jurés chargés de le juger en 1945. Construit autour du récit inédit de Jean-Marie Croisile, et complété par différentes recherches qui permettent de retracer le parcours de cette famille depuis les années 1900 jusqu'à son procès devant la Haute Cour de Justice de Colmar, Sous uniforme allemand dévoile pour la première fois, sans romantisme ni emphase, ce que fut le cheminement complet de ces hommes qui firent le choix d'aller combattre sur le front de l'Est et la réalité de ce qu'ils vécurent. "

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  • Loi contre les fake news : le dessous des cartes...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par François-Bernard Huyghe au Figaro Vox et consacré au projet de loi du gouvernement contre les fake news. Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

     

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    Loi contre les fake news : le dessous des cartes

    FIGAROVOX.- Emmanuel Macron a personnalisé fortement l'annonce de son projet de loi contre les fake news, lors de ses vœux à la presse en janvier. Quel intérêt le président défend-il à travers ce texte?

    François-Bernard HUYGHE.- Je vois trois motivations possibles. Il y a évidemment un facteur personnel: le chef de l'Etat a peut-être été sincèrement convaincu que les «forces du mal» (les Russes, les populistes…) essayaient de s'en prendre à lui par tous les moyens, et il a été choqué par ce qui lui est arrivé pendant la campagne. Pourtant, cela ne l'a pas empêché d'être élu! Cela lui a même rendu service: en étant la cible de nombreuses «fake news», Emmanuel Macron passe pour le candidat de la raison attaqué de toutes parts par les extrémismes. Il a d'ailleurs répondu assez finement à chacune de ces attaques personnelles, dont il faut bien dire qu'elles étaient surtout grotesques, comme cette rumeur sur une supposée relation entre lui et Mathieu Gallet.

    Au-delà de cet élément personnel, il y a également un intérêt idéologique. Emmanuel Macron est de toute évidence le président des élites, c'est-à-dire d'un camp ouvert, progressiste, qui est persuadé que le monde est globalement satisfaisant, et que ceux qui s'attaquent au système ne peuvent être que des extrémistes délirants. Les peurs de ces derniers ne s'expliquent que par leur démence, et tout doit être fait pour les empêcher de sévir. C'est là qu'est le paradoxe! Au temps du Printemps arabe, ces mêmes élites encensaient l'espace de liberté qu'est Internet, et y voyaient l'outil absolu pour renverser toutes les formes d'oppression. Aujourd'hui, ils s'en méfient beaucoup plus…

    Enfin, en troisième hypothèse, Emmanuel Macron voit peut-être là une occasion stratégique de disqualifier ses adversaires. La loi sur les fake news sera applicable au moment des élections européennes, et renforcera sans-doute l'idée d'un partage en deux de l'espace politique, entre d'un côté les pro-européens, raisonnables, et d'un autre les extrémistes de tout poil dont les idées mélenchono-lepénistes prospèrent sur les contre-vérités répandues sur Internet. Toute l'habileté est là: on assimile ainsi l'adversaire idéologique, anti-système, au camp de la folie et du mensonge.

    Dans cette dernière hypothèse, tout le problème ne tient-il pas dans l'ambiguïté de la définition? Qu'entend-on exactement derrière le terme de «fake news»?

    Ce n'est justement pas très clair, et on y mêle beaucoup de choses! Les contre-vérités ou les mensonges inventés de toutes pièces, mais aussi l'obscurantisme, les théories du complot… Encore qu'on puisse parfois être complotiste sans être nécessairement idiot. Mais le but est sans doute de confondre toutes ces opinions dans une sorte de grand fantasme, de mensonge odieux. La loi s'intitule «loi sur la manipulation», ce qui est en soi un nom critiquable. Elle définit les «fausses nouvelles» comme «une allégation ou imputation d'un fait, dépourvue d'éléments vérifiables permettant de le rendre vérifiable». S'agirait-il, en réalité, d'une loi anti-crétins? C'est en tout cas ce que je comprends: si je crois que les extra-terrestres ont débarqué dans mon champ, et que je l'écris sur Facebook, cela tombe théoriquement sous le coup de cette loi… Si j'affirme en revanche que nous sommes entièrement dirigés par des lobbies financiers, ce qui, après tout, n'est pas nécessairement dépourvu de bon sens, est-ce que cette loi va m'en empêcher aussi?

    Par ailleurs, comment va-t-on l'appliquer? Je souhaite bon courage au juge qui devra aller vérifier toutes les fake news potentielles.

    La plupart des fake news n'ont pas été relayées par la presse mais au contraire par des plateformes Internet, notamment les fameux GAFA, Google et Facebook en tête! Le projet de loi vise-t-il à responsabiliser davantage ces plateformes numériques?

    C'est vrai qu'il existe une inégalité juridique entre les journalistes, qui sont soumis en France à la loi de 1881 sur la liberté de la presse, et les plateformes qui ne sont pas responsables du contenu qu'ils hébergent. Le problème est en réalité beaucoup plus profond et grave que la question que pose le droit français: le véritable pouvoir se trouve entre les mains des plateformes numériques! Le Danemark vient d'ailleurs d'envoyer un ambassadeur… auprès des GAFA: c'est dire l'importance qu'ils ont, si on les hisse aujourd'hui quasiment au même rang que des États. Et on continue malgré tout de saluer leur pouvoir libérateur, on s'est réjoui des «Twitter revolutions», Emmanuel Macron vient encore de participer à un sommet dont le slogan n'était rien moins que «Tech for Good»… Mais il faut arrêter de dire que les GAFA sont le camp du Bien, soyons sérieux deux minutes!

    Alors pour le moment, que fait l'État lorsqu'il veut retirer une fake news de Facebook? Il va voir poliment Mark Zuckerberg, et lui demande «s'il vous plaît, vous seriez bien gentil de…». On ne peut pas dire que ce soit la contrainte légale qui étouffe les plateformes. Ce sont elles qui détiennent le vrai pouvoir, il n'y a qu'à voir comment elles se moquent des contraintes fiscales par exemple. Les seuls qui peuvent vraiment censurer le web, ce sont les GAFA eux-mêmes: c'est l'exemple récent du compte de Génération Identitaire, fermé de façon arbitraire par Facebook.

    Justement, comment les GAFA décident-ils des règles de censure?

    Il est probable que pour une très large part, ils le fassent par conviction idéologique sincère. Mais l'idéologie au sens de Marx, c'est-à-dire faire ce qui est dans son intérêt tout en étant convaincu que cela sert la condition humaine dans son universalité. Et de fait, tous les dirigeants des principales entreprises d'Internet baignent dans un terreau idéologique complètement uniforme, celui de la Silicon Valley et de ses idéaux progressistes. Il est probable que pas un seul d'entre eux n'ait voté pour Donald Trump! Quelqu'un comme Mark Zuckerberg est entièrement convaincu qu'il rend le monde meilleur.

    Il y a aussi un intérêt politique: les GAFA n'échappent pas encore complètement aux États, ne serait-ce que parce qu'il faut bien que leurs serveurs soient localisés quelque part. Et donc, en donnant des gages de bonne conduite comme par exemple en supprimant certains contenus licencieux, ils s'assurent des bonnes grâces des États.

    Enfin, et il ne faut pas le négliger, ils y ont un intérêt économique réel, dans la mesure où le business de ces plateformes, ce sont des secondes de cerveau humain vendues à des annonceurs. Tout doit être fait pour faire rester l'utilisateur le plus longtemps possible devant Facebook. Or pourquoi tout le monde aime Facebook? Pour son image «cool»: c'est une icône pop, humaniste et ouverte sur le monde. Donc le réseau social a tout intérêt à bannir les contenus haineux ou violents.

    Est-ce que la loi contre les fake news va imposer un contrôle plus étroit sur le contenu hébergé par les plateformes et les réseaux sociaux?

    La difficulté tient dans ce que les journalistes appartiennent à une rédaction, ne publient rien sans se concerter, et sont facilement identifiables si certains des propos publiés sont passibles de poursuites! Tandis que les plateformes, qui ne produisent pas de contenu mais qui prospèrent sur le contenu que leurs utilisateurs y partagent, se réfugient derrière une irresponsabilité brandie sans discontinuer depuis les toutes premières polémiques lorsque des objets nazis se sont retrouvés en vente sur Amazon. À l'heure actuelle, la seule responsabilité des GAFA est de faire preuve d'une diligence raisonnable lorsque le juge leur demande de retirer certains contenus, comme des commentaires insultants ou haineux, le tout parfois dans un flou assez complet. Cela donne parfois lieu à des gags: on a censuré des œuvres d'art pour un malheureux téton qui dépasse… En outre, ces plateformes sont présentes partout dans le monde: la censure sur les réseaux sociaux turcs n'est, bizarrement, pas la même qu'en Suisse!

    Selon vous, la diffusion de fake news sur ces plateformes est-elle un réel danger pour la vie démocratique?

    Je n'en suis pas convaincu! Les GAFA ont leurs algorithmes, ils engagent aussi des modérateurs et même maintenant des journalistes pour traquer ces fake news, et fact-checker le contenu qu'ils hébergent. Je ne me souviens pas que l'on ait vraiment accordé beaucoup de crédit aux grandes fake news qui ont marqué les dernières campagnes électorales! Moi-même, je n'ai appris la rumeur selon laquelle le pape soutenait Trump, que sur un site d'information qui signalait l'intox et rappelait que cette information était mensongère et grotesque. Je pense tout de même que les gens savent garder un esprit critique.

    Pourtant, une étude de l'IFOP montre que 79 % des Français croient à au moins une théorie du complot, et même, pour 9 %, que la Terre est plate!

    Cette étude a tout de même été très contestée, notamment parce qu'elle mélange tout sous le vocable de «théories du complot». On ne peut tout de même par mettre sur le même plan des erreurs scientifiques qui tiennent de l'obscurantisme (comme le fait de penser que la Terre est plate, ou d'adhérer au créationnisme), et des soupçons sur certains événements historiques pas toujours clairs. Il y a une époque, si vous doutiez de la présence d'armes de destruction massive en Irak, vous auriez pu être rangé parmi les complotistes… Une telle étude a par ailleurs l'inconvénient de s'apparenter fortement à du mépris de classe: elle signifie clairement «le peuple est bête», les couches inférieures, ceux qui ne vivent pas en centre-ville et n'ont pas fait les bonnes études seraient des idiots finis prêts à avaler n'importe quoi…

    N'y a-t-il pas aussi une réflexion à mener sur les pratiques d'accès à l'information? Aujourd'hui, la majorité des jeunes ne s'informent plus que sur les réseaux sociaux…

    Il est certain que la lecture du journal n'est plus la prière du matin de la plupart des gens. Il y a eu un transfert de la quête d'information vers des supports qui n'ont que des avantages: sur les réseaux sociaux, c'est gratuit, c'est rigolo, on a l'impression d'être plus informé que tout le monde, et la sincérité de l'information est garantie par des pairs. C'est tout de même hallucinant de voir le nombre de personnes qui ne croient pas leur médecin lorsqu'il leur dit que l'homéopathie n'a aucun effet sur la maladie, mais qui sont prêts à croire n'importe quel inconnu sur Internet qui prétendra que certains vaccins renforcent les maladies…

    Mais enfin, je ne vois pas en quoi la réceptivité à certaines de ces théories serait directement corrélée à tel vote plus qu'un autre. Puisque c'est tout de même de cela dont il s'agit: la crainte d'une potentielle déstabilisation électorale. L'effet principal peut surtout être de renforcer les convictions de personnes qui sont déjà largement acquises à des idées politiques fortes. Ainsi, selon moi, il n'y a pas de lien clairement établi entre la propagation de fausses nouvelles, même délibérées, et la manipulation politique.

    Alors qu'est-ce que ce projet de loi va permettre de changer, concrètement?

    Il va d'abord permettre au juge de s'adresser plus facilement à la plateforme, pour qu'elle retire plus vite les contenus incriminés. C'est un processus qui fonctionnerait en cas de diffamation ou de propos insultants par exemple. Le responsable de la plateforme dispose d'un délai restreint pour retirer le contenu. Mais enfin, non seulement les GAFA le font déjà, mais ensuite, certains propos sont hébergés en-dehors du pays où s'applique la loi.

    Ensuite, il s'agit d'établir plus de transparence sur le financement des contenus sponsorisés sur les plateformes. Cela me semble, pour le coup, une excellente idée.

    Le projet de loi vise également à donner plus de pouvoir au CSA pour empêcher des médias d'opinion étrangers, qualifiés de «propagande», de diffuser du contenu en France. Là encore, il faut être honnête un instant: ce n'est pas Radio Vatican, ni même Al Jazeera, qui sont visés! Dans le collimateur, ce sont Russia Today et Sputnik. Et on ne peut pas dire que ces deux médias sont ceux qui ont l'audience la plus large en France. Si l'effet recherché est seulement de protéger les esprits faibles des affreux mensonges de médias d'influence russe, je crois qu'il est assez ridicule de créer une loi de toutes pièces pour cela.

    Ne jugez-vous pas qu'il faille aller plus loin et réglementer les GAFA de la même façon que la presse? C'est-à-dire en les responsabilisant davantage sur le contenu qu'ils publient?

    Je suis plutôt libéral, et je juge que les gens doivent avoir aussi le droit d'écrire des erreurs, voire des bêtises…

    Oui, mais ces «bêtises» peuvent détruire une réputation en quelques clics: une dénonciation calomnieuse sur Internet peut ruiner une vie en un rien de temps...

    En effet, c'est d'ailleurs tout le risque d'un mouvement comme #BalanceTonPorc. La présomption d'innocence n'est pas respectée sur Internet, et on a pu assister à des lynchages parfois très durs, dans un laps de temps bien plus court que celui qu'il faut à la justice pour établir rigoureusement la preuve d'une culpabilité. On ne peut en effet pas tout dire, et il faut bien qu'une loi s'applique. Mais je pense malgré tout qu'il faut être très prudent avant de restreindre un espace de liberté.

    François-Bernard Huyghe, propos recueillis par Paul Sugy (Figaro Vox, 25 mai 2018)

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  • Avec Homère et Sylvain Tesson...

    Les éditions des Equateurs viennent de publier un essai de Sylvain Tesson intitulé Un été avec Homère. Géographe, aventurier et journaliste, Sylvain Tesson est l'auteur de récits tirés de ses expéditions comme L'axe du loup (Robert Lafont, 2004), Dans les forêts de Sibérie (Gallimard, 2011) ou Sur les chemins noirs (Gallimard, 2016), mais aussi de recueils de nouvelles, parfois grinçantes, comme Une vie à coucher dehors (Gallimard, 2010) ou Vérification de la porte opposée (Phébus, 2010).

     

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    " Un Été avec Homère ou l'Iliade et l'Odyssée comme on ne vous les a jamais racontées. Un voyage entre la mythologie et le monde d'aujourd'hui, érudit, épique, drolatique, époustouflant.

    L'Iliade est le récit de la guerre de Troie. L'Odyssée raconte le retour d'Ulysse en son royaume d'Ithaque. L'un décrit la guerre, l'autre la restauration de l'ordre. Tous deux dessinent les contours de la condition humaine. À Troie, c'est la ruée des masses enragées, manipulées par les dieux. Dans l'Odyssée on découvre Ulysse, circulant entre les îles, et découvrant soudain la possibilité d'échapper à la prédestination. Entre les deux poèmes se joue ainsi une très violente oscillation : malédiction de la guerre ici, possibilité d'une île là-bas, temps des héros de côté là, aventure intérieure de ce côté ci.

    Ces textes ont cristallisé des mythes qui se répandaient par le truchement des aèdes dans les populations des royaumes mycéniens et de la Grèce archaïque il y a 2500 ans. Ils nous semblent étranges, parfois monstrueux. Ils sont peuplés de créatures hideuses, de magiciennes belles comme la mort, d'armées en déroute, d'amis intransigeants, d'épouses sacrificielles et de guerriers furieux. Les tempêtes se lèvent, les murailles s'écroulent, les dieux font l'amour, les reines sanglotent, les soldats sèchent leurs larmes sur des tuniques en sang, les hommes s'étripent et une scène tendre interrompt le massacre pour nous rappeler que les caresses arrêtent la vengeance.

    Préparons nous : nous passerons des fleuves et des champs de bataille, nous serons jetés dans la mêlée, conviés à l'assemblée des dieux, nous essuierons des tempêtes et des averses de lumière, nous serons nimbés de brumes, pénétrerons dans des alcôves, visiterons des îles, prendrons pied sur des récifs. Parfois, des hommes mordront la poussière, à mort. D'autres seront sauvés. Toujours les dieux veilleront. Et toujours le soleil ruissellera et révèlera la beauté mêlée à la tragédie. Des hommes se démèneront pour mener leurs entreprises mais derrière chacun d'eux, un dieu veillera et jouera son jeu. L'Homme sera-t-il libre de ses choix ou devra-t-il obéir à son destin ? Est-il un pauvre pion ou une créature souveraine ?

    Les poèmes auront pour décor des îles, des caps et des royaumes dont un géographe, Victor Bérard, effectua dans les années 1920 une très précise localisation. La Mare Nostrum est ce haut lieu d'où a jailli l'une des sources de notre Europe, qui est la fille d'Athènes autant que de Jérusalem.

    Mais une question nous taraude. D'où viennent exactement ces chants, surgis des profondeurs, explosant dans l'éternité ? Et pourquoi conservent-ils à nos oreilles cette incomparable familiarité ? Comment expliquer qu'un récit de 2500 ans d'âge, résonne à nos oreilles avec un lustre neuf, un pétillement aussi frais que le ressac d'une calanque ? Pourquoi ces vers paraissent-ils avoir été écrits pas plus tard qu'aujourd'hui, par un très vieux poète à la jeunesse immortelle, pour nous apprendre de quoi seront fait nos lendemains ? En termes moins lyriques (Homère est le seul maître en la matière) d'où provient la fraîcheur de ce texte ? Pourquoi ces dieux et ces héros semblent malgré la terreur qu'ils inspirent et le mystère qui les nimbe, des êtres si amicaux ? "

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  • Aussi loin que porte le regard...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Fortune, cueilli sur son blog et consacré à l'impasse du conservatisme. Paul Fortune est l'auteur d'un excellent récit initulé Poids Lourd...

     

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    Aussi loin que porte le regard

    Tout ce qu’on peut recouvrir du nom de « droite » est voué à perdre, pour la bonne et simple raison que la droite, en France du moins, ne sait rien faire d’autre que regarder vers le passé. Or, s’il est bien une chose dont nous pouvons être certain, c’est que la posture du « c’était mieux avant » a toujours échoué. Toute la contre-révolution, depuis Burke et Joseph de Maistre, et malgré leur intelligence, n’a strictement rien empêché. La restauration monarchique a été un échec lamentable. Les gens qui aujourd’hui se rappellent avec nostalgie les années 60 – ou 40 pour certains – n’aboutiront pas non plus. Peut-être que c’était mieux avant – encore que sous certains aspects, il soit permis d’en douter. Mais le passé est, par définition, passé. La gauche au contraire parvient toujours à ses fins. Il n’y a pas là de sens de l’histoire ou autre force fumeuse issue du cerveau agité d’un intellectuel désœuvré. La gauche a toujours un but et regarde vers le futur. Elle a un projet, souvent néfaste, mais qui a le mérite d’exister. La seule façon de sortir du marasme est de proposer autre chose. Il faut d’ailleurs noter que les seuls mouvements qu’on aime à classer à droite qui ont imposé quelque chose étaient en réalité de gauche et porteur d’un projet, certes contestable, mais indéniablement novateur – vous savez, le genre de projet avec des aigles comme emblèmes, un tantinet agressif.

    Pareillement, la posture systématiquement défensive qu’adoptent les conservateurs et autres droitards ne mènera nulle part, car l’action bat toujours la réaction. Il faut être offensif. Mais on en revient au problème précédent : il faut un projet. La difficulté vient de ce que ce projet n’est pas encore mûr. Il est clair cependant que les lubies portées par la gauche vont finir en vaste chaos. Notre démocratie droitdelhommiste, que certains nous présentent comme aboutissement ultime de l’humanité, est évidemment vouée à disparaître. Elle ne pouvait fonctionner qu’avec l’existence de classes moyennes éduquées dans un occident en pleine croissance économique et démographiquement viable face au reste du monde. Tout cela est fini. Les conditions ne sont plus là, cette forme politique va disparaître. Elle est déjà un astre mort. Tout le défi est d’imaginer ce qui va venir après, et il est probable que nous sommes à l’aube d’un bouleversement au moins aussi colossal que celui que fut la révolution industrielle.

    Ceux qui s’accrochent au monde ancien seront emportés. Je ne crois pas que ce qui nous attende soit confortable, bien au contraire. Mais nous n’avons pas vraiment le choix, de toute façon.

    Paul fortune (Blog de Paul fortune, 28 mai 2018)

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