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Métapo infos - Page 692

  • Les gilets jaunes vus depuis le pays d’en bas...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Claude Michéa, publié par le quotidien Sud-Ouest et consacré à la révolte des Gilets jaunes. Philosophe, Jean-Claude Michéa est l'auteur de plusieurs essais fondamentaux consacré à la critique du libéralisme. Il vient de publier Le loup dans la bergerie (Flammarion, 2018).

     

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    Les gilets jaunes vus depuis le pays d’en bas

    Si j’ai choisi de vivre, depuis maintenant plus de deux ans, dans un petit village des Landes – à 10 kilomètres du premier commerce, du premier café et du premier médecin (26% des communes françaises, mondialisation oblige, sont déjà dans ce cas), c’est bien sûr d’abord parce que le mode de vie hors-sol, standardisé et « festif » de Montpellier m’était devenu insupportable.

    Et sans doute aussi parce que j’étais assez « réactionnaire », ou assez épicurien, pour oser encore croire qu’une tomate cultivée sur place et sans manipulation chimique aurait forcément un tout autre goût que son ersatz industriel importé de Chine ou d’Australie par containers géants (lesquels, au passage, utilisent un fioul nettement plus polluant – quoique non taxé ! – que celui des voitures diesel).

    La colère généreuse des gilets jaunes

    Bien entendu, un tel changement d’univers a aussi un aspect politique. D’une part, parce qu’il correspond habituellement à une volonté d’introduire un peu plus de cohérence dans sa vie personnelle (je ne voulais pas ressembler à ces intellectuels de gauche qui célèbrent sans cesse la « mixité sociale » tout en se gardant bien d’habiter dans les quartiers les plus « sensibles » !). Et de l’autre, parce que le fait de vivre au cœur d’une région rurale m’offrait l’occasion de vérifier par moi-même à quel point la description de la France « périphérique » par Christophe Guilluy – description pourtant longtemps moquée par toute la « sociologie » mandarinale – collait au millimètre près à la réalité que j’avais sous les yeux. Et de fait, il suffit de partager la vie de ces petits paysans, artisans, éleveurs ou retraités pour lesquels – malgré leur sens aigu de l’entraide – chaque fin de mois est devenue un casse-tête insoluble, dans une région aux paysages sauvages et magnifiques mais où presque tous les transports en commun et services de proximité (pour ne rien dire des problèmes de couverture téléphonique) ont été méthodiquement sacrifiés sur l’autel des dogmes libéraux, pour que la colère généreuse des gilets jaunes – l’expression est d’Orwell – prenne aussitôt tout son sens !

    « Ceux d’en haut » et « ceux d’en bas »

    A quoi, en effet, assistons-nous aujourd’hui sinon au retour, sous une forme inédite, de cette « question sociale » (autrement dit, de ce conflit d’intérêt qui oppose toujours, même de façon latente, « ceux d’en haut » et « ceux d’en bas ») qui, il y a peu, figurait encore au centre de toute critique socialiste ? Or c’est justement cette question sociale, et avec elle, l’idée même de « lutte des classes », que la gauche européenne – depuis sa conversion massive, au début des années 1980, au libéralisme économique, politique et culturel – tente par tous les moyens de noyer sous le flot continu de ses fameuses « questions sociétales ». De nos jours, « être de gauche » ne signifie plus, en effet, combattre un système économique et social injuste fondé sur l’accumulation sans fin du capital. C’est, au contraire, chercher à substituer à ce combat l’unique croisade libérale « contre toutes les discriminations » – de la défense de l’écriture « inclusive » au rejet de l’alimentation carnée, en passant par l’interdiction de la fessée. Il est donc clair que la gauche est aujourd’hui devenue une force objectivement contre-révolutionnaire. Et il ne faut donc pas s’étonner si le fossé qui la sépare des classes populaires – et par conséquent de cette France périphérique où vivent la majorité des Français – ne cesse de s’agrandir (songeons, par exemple, à l’état d’hébétude dans lequel l’apparition du mouvement des gilets jaunes a plongé toute l’intelligentsia de gauche (1)).

    Situation encore aggravée par le fait que cette nouvelle gauche trouve désormais son centre de gravité électoral dans ces classes moyennes urbaines, surdiplômées et hyper-mobiles, qui non seulement ne représentent que 10 à 20% de la population mais sont aussi massivement protégées contre les effets de la mondialisation – quand encore elles n’en profitent pas. C’est d’ailleurs sans doute la raison pour laquelle mon appel récurrent à réhabiliter la critique socialiste dérange autant les mandarin(e)s de gauche. Comme le soulignait en effet le grand socialiste américain Upton Sinclair, il est très « difficile d’amener quelqu’un à comprendre une chose quand son salaire dépend précisément du fait qu’il ne la comprend pas » !

    Le retour de ce peuple théoriquement « disparu »

    Or, le premier mérite des gilets jaunes, c’est justement d’avoir fait voler en éclats le mythe fondateur de la « sociologie » de gauche selon lequel le concept de « peuple » n’aurait plus, de nos jours, aucun sens politique, sauf à s’appliquer au seul univers des « banlieues ».

    Car c’est bien, en effet, ce peuple théoriquement « disparu » qui non seulement fait aujourd’hui son retour en force sur la scène de l’Histoire, mais qui a même déjà obtenu – grâce à son sens politique exceptionnel et son inventivité rafraîchissante – plus de résultats concrets en quelques semaines que toutes les bureaucraties syndicales et d’extrême gauche en trente ans. Il fallait donc toute la cécité de classe des « écologistes » bourgeois pour ne pas avoir vu d’emblée que sous la question ponctuelle du prix de l’essence perçait déjà – pour reprendre les mots du remarquable Appel de Commercy – « un mouvement généralisé contre le système » et, au premier chef, contre cette confiscation croissante du pouvoir des citoyens par des politiciens de métier et des juges non élus. D’autant qu’il n’était vraiment pas difficile de comprendre – sauf à vivre, tels un BHL ou un Romain Goupil, sur une autre planète – que la revendication initiale des gilets jaunes relevait beaucoup moins de ce « culte de la bagnole » censé caractériser, aux yeux des élites « éclairées », les « beaufs » de la France périphérique (alors que toutes les études statistiques montrent au contraire que ce sont précisément les riches qui polluent le plus!) que d’une révolte morale spontanée contre un système économique aussi absurde qu’injuste qui – afin que les riches deviennent toujours plus riches – doit sans cesse obliger les Français les plus modestes à parcourir toujours plus de kilomètres pour pouvoir travailler, consulter un médecin, poster une lettre, faire leurs courses ou encore trouver une école, une maternité ou un centre administratif (c’est même une des raisons pour lesquelles les gilets jaunes ont si vite redécouvert les vertus de la démocratie directe et de l’autonomie locale). Quel que soit donc le sort qui attend, à court-terme, ce mouvement révolutionnaire (…) il est d’ores et déjà certain que la colère du peuple ne retombera plus. Et que, tôt ou tard, les « princes qui nous gouvernent » auront à en payer le prix.

    Jean-Claude Michéa (Sud-Ouest, 18 décembre 2018)

     

    Note : 
    1) Il est difficile de ne pas songer ici au célèbre ouvrage de Paul Lidsky, Les écrivains contre la Commune, publié par Maspero en 1970. Dans cet essai décapant, l’auteur rappelait comment les principaux écrivains de gauche de l’époque – mettant de côté, pour un temps, leurs griefs habituels contre la bourgeoisie et le « vieux monde » – avaient, dans leur immense majorité, applaudi la répression de la Commune de Paris (ordonnée, il est vrai, par Adolphe Thiers et Jules Favre – deux des plus grandes figures de la gauche libérale d’alors). C’est que l’appel de cette dernière à instaurer une véritable république sociale avait donné d’un coup une tout autre signification au vieux concept libéral et républicain d’égalité. De quoi confirmer, en somme, la célèbre analyse de Marx selon laquelle, s’il existe toujours « une certaine opposition et une certaine hostilité » entre la bourgeoisie économique de droite (celle qui participe directement au processus d’accumulation du capital ») et la bourgeoisie culturelle de gauche (les universitaires, écrivains ou artistes qui « tirent leur subsistance principale de l’illusion que cette classe se fait sur elle-même »), c’est une opposition et une hostilité condamnées à tomber d’elles-mêmes « chaque fois que survient un conflit pratique où la classe tout entière est menacée ». 

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  • Comment une décennie de crise financière a changé le monde...

    Les éditions Les Belles Lettres viennent de publier un essai d'Adam Tooze intitulé Crashed - Comment une décennie de crise financière a changé le monde. Professeur d’histoire à l’université de Columbia, où il dirige l’Institut européen, Adam Tooze est notamment l'auteur d'un brillant essai sur l'économie de l'Allemagne national-socialiste, Le salaire de la destruction (Les Belles lettres, 2012).

     

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    " Nous vivons dans un monde où les soubresauts de l’économie font les gros titres : de l’assouplissement des réglementations bancaires aux États-Unis à l’établissement de tarifs douaniers susceptibles de déclencher des guerres commerciales internationales. Les racines de cette situation sont profondes. Dans Crashed, l’historien Adam Tooze montre que les bouleversements d’aujourd’hui ont une origine commune dans la crise économique de 2008 et ses répercussions.

    Si la crise financière a d’abord été présentée comme une péripétie locale, ce qui s’est passé à Wall Street à partir de 2008 a en réalité bouleversé toutes les régions du globe : des marchés financiers occidentaux aux usines et chantiers en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique latine. La crise a déstabilisé l’Ukraine, semé le chaos en Grèce, suscité la question du Brexit et préparé le terrain à Trump. C’est la crise la plus grave endurée par les sociétés occidentales depuis la fin de la Guerre froide.

    Reconstituant l’histoire, l’auteur analyse en détail les décisions et le positionnement des acteurs qui ont dominé l’actualité économique, politique et internationale de ces dix dernières années. Il le fait au prisme de multiples thématiques originales : itinéraires du développement économique et de la dette à la surface du globe ; inégalités politiques issues de l’interdépendance financière des pays ; effets de la crise sur l’ascension spectaculaire des réseaux sociaux et le malaise des classes moyennes. "

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  • A propos des Gilets jaunes...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à l'United World International, un centre de réflexion indépendant favorable à la souveraineté des nations, à propos de la révolte des Gilets jaunes. Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Décroissance ou toujours plus ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2018).

     

                                

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  • Noël de feu...

    Métapo infos

    souhaite

    un bon Noël

    à tous ses lecteurs !

    Soleil de pierre (1993) - Noël de feu - Docteur Merlin

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  • Promenade dans la Rome antique...

    Les éditions Perrin viennent de rééditer dans leur collection de poche Tempus le Dictionnaire amoureux de la Rome antique de Xavier Darcos. Agrégé de lettres classiques et latiniste, Xavier Darcos a été professeur de khâgne à Louis-le-Grand avant de devenir, quelques années plus tard, ministre de l’Éducation nationale.

     

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    "« Je propose tout simplement d’évoquer ce qui me touche, m’étonne ou m’enchante dans l’Antiquité romaine. J’ai essayé, à partir des réalités pittoresques et des personnages hauts en couleur, de rendre intelligibles une culture, des splendeurs, des valeurs, des croyances, des comportements, une littérature… sans trop idéaliser, car la Rome antique fut raffinée mais violente et cruelle. Ces contrastes nous éclairent aussi sur nous-mêmes : certes nous sommes distincts de nos ancêtres latins, mais ils nous ont légué notre lexique, notre droit, nos canons esthétiques, nos figures légendaires, nos mœurs. On ressent toute la vigueur du génie de cette civilisation romaine qui a su transformer une bourgade rurale en capitale du monde. »"

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  • Regard sur l'influence souterraine des réseaux Soros...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir un entretien avec Pierre-Antoine Plaquevent, réalisé par Edouard Chanot pour son émission Parade - Riposte, et diffusé le 12 décembre 2018 sur Radio Sputnik, dans lequel il évoque l'influence souterraine des réseaux Soros. Journaliste, Pierre-Antoine Plaquevent vient de publier Soros et la société ouverte - Métapolitique du globalisme (Le Retour aux Sources, 2018).

     

                              

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