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Métapo infos - Page 645

  • Ce que veut le peuple français...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Romain Sens, cueilli sur L'Incorrect et consacré aux quatre grands thèmes sur lesquels la réponse aux attentes du peuple français doit s'articuler.

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    Ce que veut le peuple français

    Le Grand Débat voulu par Emmanuel Macron s’est donc finalement achevé, sans qu’une fois encore, les véritables sujets chers aux Français aient pu être mis en lumière. Identité, Europe, Ecologie, Social, quatre thèmes pourtant primordiaux qui n’ont pas pu être traités sans les sempiternels tabous imposés par le système libéral-libertaire. 

    L’identité, ce grand questionnement des peuples du XXIe siècle, exacerbé par la mondialisation et les flux migratoires croissants, est le sujet fondamental à traiter lors des prochaines échéances présidentielles, sous peine d’être à nouveau confrontés à une élection pour rien, à un quinquennat pour rien. Cette identité, nationale, puisqu’il est bien question avant tout de l’identité française, est le tabou suprême imposé par la classe médiatique depuis que l’homogénéité européenne de ce peuple français a commencé à être remise en question. Pour preuve, le fameux « débat sur l’identité nationale » souhaité par Nicolas Sarkozy il y a dix ans de cela, a été immédiatement honni, conspué, censuré, voué aux gémonies, par tout ce que la classe médiatique et la gauche politique et intellectuelle compte d’opposants à la préservation du peuple français sous sa forme européenne. De ce débat confisqué, il n’est donc rien resté. Sauf une colère sourde du petit peuple français qui, une nouvelle fois dépossédé par les décideurs de la possibilité d’utiliser son droit à la liberté d’opinion et d’expression, ne put défendre sa volonté de rester ce qu’il est.

    Patrick Buisson, fort décontenancé par le peu de courage politique dont avait fait preuve le président de l’époque avait malgré tout réussi à identifier là où le bât blessait. L’identité est bien devenue la cause du peuple. Son suprême combat. Son ultime rempart face à la déferlante mondialisée. Refuser de travailler et d’assumer une position ferme et claire sur cette question essentielle ne peut conduire qu’à de futures incompréhensions, désillusions, déceptions et frustrations qui porteront en elles un déchaînement de violences. Cité par Alain Peyrefitte, le Général de Gaulle, dernier père de la France d’avant, donnait sa définition de l’identité française en affirmant que « nous sommes avant tout un peuple de race blanche, de culture grecque et romaine et de religion chrétienne » et qu’« il peut bien sûr y avoir des Français noirs, des Français jaunes, des Français bruns mais que ceux-ci ne devaient rester qu’une petite minorité sinon la France ne serait plus la France ». Une majorité de Français se rassemblerait probablement derrière cette vision de notre identité. Quoi qu’il en soit, débattons maintenant pour éviter de nous battre demain.

    L’Europe a été le sujet décisif des débats qui se sont tenus lors de la dernière élection présidentielle. Et une grande incompréhension là encore en a résulté. Le Front national, représentant le camp que souhaitait lui faire incarner Florian Philippot, celui des souverainistes. En Marche porté par Emmanuel Macron et l’ensemble du reste de la classe politique se sont auto-proclamés « européens ». Las, les Français étant favorables dans leur très grande majorité (plus de 7 sur 10) à la poursuite de la construction européenne, Emmanuel Macron après avoir avantageusement orienté le débat sur ces sujets a remporté la mise. L’erreur majeure qu’ont commise les patriotes a été de se laisser présenter comme anti-européens. Même si toutes les dérives de l’Union Européenne et de ses dirigeants, réalisant un projet allant à l’encontre des intérêts des peuples européens, étaient bien évidemment critiquables, notre discours a été bien trop perçu comme caricatural et manquant de nuance.

    Alors même que les soi-disant « pro-européens » Macron et Merkel en tête, travaillent chaque jour à la destruction de la civilisation européenne, en laissant celle-ci être submergée par une immigration extra-européenne massive. Notre devoir désormais, est de nous présenter pour ce que nous sommes réellement : des Alter-Européens. Contre l’Europe des marchés, de l’Argent-roi, des idéaux libéraux-libertaires, nous, Européens enracinés, devons nous montrer les garants de la préservation de cette civilisation Européenne. Que ce soit sous la forme d’une Fédération, d’une Confédération, d’une Union Européenne, d’une Union des Nations Européennes, la forme doit importer moins que le fond. Ce fond est bien le substrat, le germen, le ciment de notre Europe, à savoir, la grande famille des peuples européens. Face aux flux extra-européens massifs qui pénètrent notre continent avec l’aval de nos chefs, les peuples doivent se réveiller. Les résultats des dernières élections européennes ont confirmé ce réveil civilisationnel. À notre tour désormais de clamer haut et fort : oui nous sommes Français et Européens et nous comptons bien le rester.

    L’écologie ne doit plus faire débat. Personne ne peut nier que le bouleversement climatique en cours résulte d’une part de l’action de l’homme, d’autre part de sa surpopulation. Si des millions d’êtres humains quittent aujourd’hui leurs terres pour de plus fertiles, bouleversant ainsi des écosystèmes entiers, qu’en sera-t-il dans quelques années quand la population mondiale comptera quatre milliards d’âmes supplémentaires ? Si tous les Chinois, les Indiens et demain les Africains souhaitent, bien légitimement, vivre chacun selon les standards de confort occidentaux, la planète pourrait-elle rester ce trésor naturel que l’Homme a toujours connu ? Il importe tout d’abord que tous, d’un bout à l’autre du spectre politique, reconnaissent la surpopulation humaine comme un problème majeur et s’emploient à le résoudre. Notre Europe ayant largement achevé sa transition démographique, c’est bel et bien aux autres continents ne l’ayant pas encore entamée qu’incombe cette obligation.

    Là où la Chine a su faire preuve d’une spectaculaire volonté en la matière, les pays d’Afrique subsaharienne doivent eux-aussi trouver d’urgence des solutions pour résoudre cette question vitale. A nous Européens de conditionner nos accords de coopération en matière économique ou autres à cet impératif. De même, il nous faut prendre conscience que notre insolent confort matériel dont nous jouissons ne saurait qu’entraîner des conséquences négatives sur l’environnement. Néanmoins, nos cerveaux aguerris à tous les défis que l’histoire de l’humanité a su leur proposer peuvent trouver les solutions adéquates s’ils sont suffisamment stimulés. Appliquons le principe de localisme cher à Hervé Juvin, partout où celui-ci pourra être appliqué. Produire local et consommer local sera la clé d’un développement humain respectueux de la Terre nourricière. Et donnons à nos chercheurs et scientifiques les moyens pour cela en investissant une part bien plus importante de notre PIB dans la recherche et le développement. L’objectif est bel et bien de faire de toute croissance future au cours de ce siècle une croissance verte. La préservation de notre environnement est la cause de tout être humain, soyons à la hauteur de ce défi en faisant de ce sujet un élément charnière d’un programme patriote.

    Nous, France, sommes le pays qui en Europe, a le plus eu le souci du traitement social de ses citoyens depuis que nos États modernes furent formés. Notre caractère de peuple extraordinaire s’incarne encore pleinement dans le mouvement inédit des Gilets jaunes, dont le Rassemblement National se veut le premier soutien. Ne dérogeons pas à nos traditions sociales, enivrés que nous serions par un libéralisme libertaire en marche. Nous sommes le pays d’un Jules Ferry qui a su instituer l’école gratuite, laïque et obligatoire. Nous sommes le pays de Napoléon III qui s’est laissé convaincre par les mineurs d’offrir le droit de grève à tous. Nous sommes le pays de Léon Blum qui a imposé les congés payés. Les affrontements idéologiques entre capitalistes, socialistes et communistes ont su trouver un compromis dans la France d’après-guerre. Le Général de Gaulle a su, dans sa grande intelligence et son souci de rassembler la France faire prévaloir nombre de demandes du Conseil National de la Résistance qui sont devenus aujourd’hui des piliers essentiels de notre État-Nation tels que la sécurité sociale.

    Au-delà des clivages partisans et des oppositions idéologiques, sachons reconnaître qu’il n’est plus acceptable de laisser dormir nos compatriotes dans la rue et de les voir mourir à petit feu sur les trottoirs aux côtés desquels sont garés de luxueuses voitures. Sachons admettre l’évidence qu’un progrès technologique phénoménal ne saurait oublier de mettre en œuvre un progrès social équivalent. Si un robot peut éviter à un être humain de se tuer à la tâche, l’intelligence collective doit permettre à chacun de trouver une place, porteuse de sens au sein de notre société. La France n’est ni adepte du communisme, ni volontaire pour un libéralisme toujours plus mondialisé, toujours plus débridé, qu’on cherche pourtant à lui imposer. C’est bien ce juste milieu, ce compromis intelligent entre la liberté d’entreprendre et la protection par l’Etat de tous ses citoyens qui doit continuer à nous animer.

    La crise des Gilets jaunes toujours en cours comme la forte participation aux dernières élections européennes montrent à l’évidence que les Français sont désespérément à la recherche de solutions à ces problèmes existentiels. Face à ces quatre thèmes essentiels qui s’imposent à nous, le peuple Français saura faire preuve du bon sens et de la grande intelligence qui lui sont propres, pour se construire un avenir meilleur, lorsque demain, des dirigeants soucieux du bien de leur peuple et la possibilité d’un référendum d’initiative populaire lui seront proposés.

    Romain Sens (L'Incorrect, 26 juin 2019)

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  • Les Kurdes, un très vieux peuple...

    Les éditions Yoran viennent de publier un livre de Luc et Tina Pauwels intitulé Histoire du Kurdistan - Des origines à 1918. Essayiste et historien, Luc Pauwels, qui est le fondateur de la revue d'idées flamande Tekos, inspirée par la nouvelle droite française et la révolution conservatrice allemande, est déjà l'auteur d'une Histoire d'Ukraine (Yoran, 2015).

     

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    " Les Kurdes sont un très vieux peuple, puisque les premières traces les concernant, remontent à 5000 ans av.JC. Les Kurdes, avec les Arabes, les Iraniens et les Turcs sont l'un des 4 principaux peuples établis au Moyen-Orient.

    Dans l'Antiquité, on les appelait les Mèdes, mais les Grecs les nommaient déjà Kardouches . Ils avaient leur propre religion : le zoroastrisme. Au VIIème siècle avJC, après avoir vaincu les Scythes et les Assyriens, ils bâtissent un empire.

    Mais, si le Moyen-Orient est le berceau de la civilisation, il est aussi un champ de bataille pour tous les conquérants. Les Kurdes vont donc subir l'invasion macédonienne avec Alexandre Le Grand, puis celle des Parthes, des Romains, des Byzantins. En 642 de notre ère, c'est l'invasion des Arabos-musulmans avec obligation de se convertir.
    Les croisades feront connaître un Kurde qui a laissé un nom dans l'histoire : Saladin.
    1453 : fin de l'empire byzantin conquis par les Turcs. L'Empire ottoman prend possession de toutes les terres byzantines (et donc des terres kurdes) et agrandit son domaine jusqu'à la fin du XIX ème siècle. "

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  • Détour en Crimée...

    Pour ceux qui ont apprécié le dernier article de Christophe A. Maxime dans la revue Eléments, Détour en Crimée, vous pouvez découvrir ci-dessous un reportage réalisé à l'occasion de ce voyage en terre russe.

     

                                      

    " Moscou, Sébastopol, Yalta... Autant de noms que de mythes pour un voyage officiel aux allures espiègles d'échappée vibrante et solennelle.
    Autour du député européen Thierry Mariani, spécialiste des voyages coups de poing dans des zones interlopes honnies du Quai d'Orsay – Iraq, Syrie, Tchétchénie –, qui mène une troupe de vieux routiers rompus aux missions de diplomatie populaire. "

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  • Feu sur la désinformation... (241)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Vin, homard… De Rugy se fait pincer
      Lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale, François de Rugy a organisé plusieurs dîners luxueux avec des personnalités, des amis… et plusieurs journalistes !
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Pendant que le Pape François organise une messe pour les migrants en appelant l’Europe à ouvrir ses frontières, la nouvelle Ariel de Disney sera incarnée à l’écran par une afro-américaine.
    • 3 : Macron en guerre contre la liberté d’expression
      La loi Avia contre la prétendue « haine » sur internet a été votée grâce à la faiblesse de l’opposition. Pour certains observateurs internationaux, cette loi est très inquiétante.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Le Monde en grande forme avec une utilisation – interdite pour les personnes de droite – des statistiques ethniques pour déplorer l’absence de diversité ethnique de l’équipe de football féminin des Etats-Unis ainsi que la dénégation absurde du rôle des immigrés dans la fécondité des Français.
    • 5 : Taha Bouhafs, journaliste ou militant anti-français ?
      Connu pour avoir participé à la découverte de l’affaire Benalla, Taha Bouafs semble avant tout être un militant politique très fier de ses origines algériennes.

     

                                           

     

     

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  • Fascismes d'Europe...

    Les éditions Synthèse viennent de publier un essai de Thomas Ferrier intitulé Fascisme d'Europe - Origine, idéologie, histoire.... Historien spécialiste des paganismes européens, Thomas Ferrier est responsable du Libre Journal des Européens sur Radio Courtoisie.

     

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    " Le fascisme a été, avec le communisme, le principal phénomène politique du XXème siècle. Synthèse originale de socialisme et de nationalisme, plus héritier de Blanqui que de Bonald, il a essaimé dans toute l'Europe à des degrés divers, inspirant les uns et les autres. La plupart de ses dirigeants, y compris les deux plus célèbres, viennent de la gauche socialiste. Le fondateur historique du national-socialisme, l'autrichien Walter Riehl, était lui-même un ancien social-démocrate. Et son parti, la DAP devenue DNSAP, était la révision nationaliste d'un courant socialiste classique.

    Zeev Sternhell, qui a consacré une part importante de sa vie au fascisme, a toujours exclu le national-socialisme de sa réflexion, et sa démonstration des origines socialistes du fascisme français a abouti à une aberrante conclusion, qui est de relier les Croix de Feu ou le régime de Vichy au fascisme, très loin de toute révision du socialisme et même par bien des aspects l'antithèse. Nous pousserons son raisonnement jusqu'où il n'a pas osé le mener.

    Dans cet ouvrage, vous découvrirez un panorama exhaustif des fascismes d'Europe, de la centaine de groupuscules polonais et hongrois jusqu'aux grands partis au pouvoir, du Parti nationaliste islandais à la NSDAP. L'idéologie commune de ce mouvement continental sera analysée, ses racines également. Cette expérience historique finira dans le froid de l'hiver russe puis dans les ruines de Berlin. 

    On ne saurait comprendre l'Europe d'aujourd'hui sans comprendre les égarements d'hier. "

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  • L’Europe finira-t-elle comme la Grèce antique ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Guy Mettan à Figaro Vox et consacré à l'avenir de l'Europe. Responsable du Club suisse de la presse et ancien directeur-rédacteur en chef de la Tribune de Genève, Guy Mettan a notamment publié Russie-Occident : une guerre de mille ans (Syrtes, 2015) et Le continent perdu (Syrtes, 2019).

     

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    Guy Mettan: «Si elle ne s’unit pas, l’Europe finira comme la Grèce antique»Figaro Vox,

    FIGAROVOX.- Votre critique de l’Europe actuelle est d’autant plus rude que vous avez été, par le passé, un défenseur de la construction européenne, notamment en Suisse. Pourquoi avez-vous changé d’avis?

    Guy METTAN.- Comme étudiant suisse en France puis comme jeune journaliste, pendant les années 1980 et 1990, j’ai eu l’occasion de voyager, de travailler et d’enquêter dans divers pays d’Europe, de la Grande-Bretagne à la Pologne, de l’Allemagne à l’ex-Yougoslavie et à la Hongrie. En 1989, la chute du Mur puis la disparition de l’Union soviétique laissaient envisager d’immenses possibilités pour l’Europe unie. Mais après Maastricht, le destin de l’Union a semblé dérailler: ultralibéralisme conquérant, élargissement de l’OTAN et mise à distance de la Russie, soutien à certains nationalismes contre d’autres (slovène et croate contre serbe, ukrainien, géorgien et baltes contre russe par exemple) et surtout déficit démocratique croissant avec la mise à l’écart des peuples, au profit d’une superstructure opaque et technocratique censée dispenser le bien à travers une profusion de normes, de directives et de traités internationaux contraignants. Pour un démocrate qui se respecte, ce n’est pas acceptable.

    Vous citez notamment l’exemple de la Grèce antique, qui s’est «vidée de son sang et de sa vitalité tout en hellénisant les peuples voisins». À son image, les pays d’Europe auraient donné leurs principes et leurs découvertes scientifiques au monde entier, et se consumeraient désormais, ouverts à toutes les influences extérieures. Mais est-ce la faute des institutions européennes, ou les peuples européens sont-ils simplement fatigués?

    L’Europe, tout comme la Grèce antique, s’est précipitée dans des guerres civiles destructrices - la guerre du Péloponnèse pour la Grèce, la Grande Guerre civile européenne de 1914 à 1945 pour l’Europe - qui ont eu pour résultat de casser le ressort de leurs civilisations respectives. La Grèce comme l’Europe se sont peu à peu vidées de leur vitalité politique, économique et culturelle au profit de puissances tierces qu’elles ont contribué à renforcer: Égypte alexandrine et Rome pour la Grèce, États-Unis et Chine pour l’Europe. Pour résister à ce déclin relatif et conjurer les guerres civiles, toutes deux ont essayé de créer des ligues ou des confédérations d’États. Chaque fois, leurs divisions les incitaient à recourir à des aides de puissances extérieures qui ont fini par être leur être fatales. C’est ainsi que Rome a mis fin à l’indépendance grecque en 146 avant notre ère. Les Européens ont fait de même en appelant les États-Unis à l’aide pour résoudre leurs conflits: en 1917, en 1941, puis en 1947 avec la guerre froide. Les Américains ont mis fin à notre indépendance militaire à travers l’OTAN, et sont en passe de soumettre notre souveraineté économique, en nous obligeant à suivre leurs sanctions économiques, en nous imposant leur droit ou en contrôlant notre commerce via le dollar. Il faut donc créer une Europe unie libre, indépendante et souveraine.

    Vous évoquez aussi dans votre livre les différentes tentatives d’unification européenne dans l’Histoire, depuis Charlemagne puis le Saint-Empire romain germanique, jusqu’au nazisme et au communisme. Ces projets ont tous échoué. Pourquoi l’Union européenne, fondée sur le commerce plutôt que sur la foi ou l’idéologie, est elle-aussi condamné à échouer selon vous?

    Les tentatives d’unification européenne par la force - Charlemagne, Napoléon, Hitler et Staline - ont toutes échoué assez rapidement. Celles qui ont misé sur la concertation et la coopération entre États membres - Saint-Empire romain germanique et empire austro-hongrois - ont mieux réussi. L’Union européenne privilégie cette approche et c’est un bon point pour elle. Elle respecte également mieux les deux valeurs cardinales de l’Europe, celle de liberté et d’égalité, qui sont chères au cœur des Européens et qu’Hitler et Staline avaient cru pouvoir bafouer. Mais elle a, dès le départ, tout misé sur le commerce et l’économie en croyant pouvoir mettre de côté le politique, c’est-à-dire l’association des peuples à l’exercice du pouvoir. Elle pensait que le politique finirait par suivre. Cela ne s’est jamais produit et les peuples, frustrés, ont réagi soit par cette forme d’euroscepticisme qu’est l’abstention, soit par le vote populiste qu’on voit s’épanouir partout. Il est donc urgent de recréer les bases d’une vraie participation populaire, et de remettre les peuples et les citoyens au cœur de la construction européenne plutôt que de les dénigrer en dénonçant leur populisme.

    Vous définissez l’Union européenne actuelle par trois aspects saillants: «Tutelle américaine, exclusion russe, hégémonie allemande». Que peut concrètement gagner l’Europe à se défaire de cette situation, en particulier en se rapprochant de l’Oural?

    Les Américains exercent une influence qui dépasse de loin le pouvoir qu’on accorde à un allié. D’un autre côté, en prolongeant les préjugés antirusses hérités de la Guerre froide, on a délibérément raté l’opportunité de construire un authentique partenariat avec la Russie, qui est pourtant une puissance européenne par sa culture, sa religion, ses valeurs et sa civilisation. Ce n’est pas à la France, qui a largement cultivé la proximité avec la Russie en 1914 puis avec de Gaulle, qu’il faut rappeler ces faits... Pourquoi accepter le joug des États-Unis, et cultiver l’hostilité vis-à-vis de la Russie qui est européenne? On retrouve là les germes des divisions qui ont été fatales à la Grèce antique.

    Quant à l’Allemagne, son poids croissant depuis la réunification de 1991 en a fait une superpuissance qui menace l’équilibre interne de l’Europe. Elle a colonisé l’Europe centrale et orientale. C’est pourquoi il faut créer rapidement une vraie Europe fédérale qui fixerait un cadre à cette hégémonie croissante. Sinon, comme une géante rouge, l’Allemagne finira par satelliser tout le monde. Dans ce sens, un rapprochement avec la Russie serait aussi souhaitable.

    Vous écrivez: «l’Europe, qui n’arrive pas à être cet empire non-impérial voulu en son temps par José-Manuel Barroso, devrait essayer d’être un anti-empire». Pour qu’elle préserve sa civilisation, vous recommandez à l’Europe d’adopter le modèle suisse, fondé sur le fédéralisme. Mais comment procéder pour construire un nouveau projet européen aujourd’hui?

    Pour survivre comme civilisation et continuer à peser sur le monde, l’Europe n’a pas d’autre choix que de sauter le pas du fédéralisme. Un vrai État fédéral européen permettrait à l’Europe de récupérer son indépendance, sa créativité tout en assurant sa prospérité. Il permettrait aussi de préserver les équilibres internes tout en maintenant des traditions nationales fortes. Sur le plan extérieur, grâce à sa diversité, un État fédéral européen libre pourrait jouer constituer un facteur d’équilibre entre des États-Unis de plus en plus crispés et une Chine qui ne cesse de s’affirmer. La méthode pour y parvenir existe, la Suisse l’a appliquée avec succès dans des circonstances similaires après les guerres napoléoniennes. Elle repose sur une alliance entre les élites et les peuples, les premières acceptant de partager une partie de leur pouvoir et de leurs richesses avec leurs peuples afin de créer la confiance nécessaire. Il faut donc consulter les peuples, leur octroyer des droits d’initiative et de référendum, doter le parlement européen d’un pouvoir législatif complet et entier et redistribuer aux citoyens une part des richesses qu’ils produisent.

    Cela exige toutefois une générosité dont les élites européennes ne semblent pas capables: faire confiance au peuple et élargir ses droits de participer aux décisions. Si les élites continuent à penser qu’en donnant des droits au peuple, celui-ci en profitera pour s’octroyer dix mois de vacances par an, alors c’est fichu! L’autre problème, c’est que les Français ne comprennent rien au fédéralisme, à cause de leur tradition monarchique et jacobine, et que les Allemands le comprennent trop bien et qu’ils ne veulent plus partager avec les autres le pouvoir qu’ils ont concentré dans leurs mains. Les libéraux, contrairement à ce qu’ils disent, ne veulent pas d’un État fédéral qui régulerait le marché capitaliste et, les souverainistes sont incapables de comprendre qu’un État fédéral serait le meilleur garant de l’intégrité des nations qui le composent.

    Des pays comme la France ou la Grande-Bretagne, qui ont cultivé leur propre grandeur et une forme d’universalisme, peuvent-ils vraiment se fondre dans l’entité neutre que vous imaginez?

    La France et la Grande-Bretagne devront faire le deuil de leurs prétentions, comme l’Allemagne et l’Italie ont dû le faire en 1945 et l’Autriche en 1918. Ces pays n’en ont pas moins survécu, et plutôt bien. D’ailleurs la France a renoncé elle-même à une bonne part de sa grandeur après avoir abandonné la politique gaullienne et réintégré l’OTAN pratiquement sans condition. Mais elle pourrait aussi rebondir au sein du nouvel État fédéral européen. Je préfère d’ailleurs le terme de non-alignement, qui procède d’un choix, à celui de neutralité qui évoque un statut imposé et passif. La grandeur britannique et française est passée et ne reviendra jamais, sauf à la revitaliser à travers une Europe non-alignée, et qui serait de ce fait en mesure d’imposer pacifiquement ses vues aux deux grandes puissances rivales de notre époque, les États-Unis et la Chine. Il est vital que nous empêchions ces deux puissances de s’affronter et que nous les poussions à lutter ensemble contre le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Je crains plus que tout l’alignement de l’Europe sur les États-Unis et de la Russie sur la Chine, qui peut conduire à l’émergence d’un nouveau monde bipolaire beaucoup plus dangereux que celui que nous avons connu pendant la guerre froide.

    Guy Mettan, propos recueillis par Luc Lenoir (Figaro Vox, 1er juillet 2019)

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