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Métapo infos - Page 365

  • Un manifeste conspirationniste du Comité invisible...

    Les éditions du Seuil viennent de publier un Manifeste conspirationniste qui émane très probablement du Comité invisible. Ce groupe, créé à l'orée des années 2000 et qui appartient à la mouvance d'ultra-gauche, est connu pour être à l'origine de plusieurs textes importants comme L'insurrection qui vient (La Fabrique, 2007) et  A nos amis (La Fabrique, 2014).

     

    Manifeste conspirationniste.jpg

    " Le conspirationnisme procède de l'anxiété de l'individu impuissant confronté à l'appareil gigantesque de la société technologique et un cours historique inintelligible. Il ne sert donc à rien de balayer le conspirationnisme comme faux, grotesque ou blâmable ; il faut s'adresser à l'anxiété d'où il sourd en produisant de l'intelligibilité historique et indiquer la voie d'une sortie de l'impuissance.
    On peut bien s'épuiser à tenter d'expliquer aux "pauvres en esprit" pourquoi ils se trompent, pourquoi les choses sont compliquées, pourquoi il est immoral de penser ceci ou cela, bref : à les évangéliser encore et toujours. Les médias peuvent bien éructer d'anathèmes. C'est le plus généralement sans effet, et parfois contre-productif. La vérité est qu'il y a dans le conspirationnisme une recherche éperdue de vérité, un refus de continuer à vivre en esclave travaillant et consommant aveuglément, un désir de trouver un plan commun en sécession avec l'ordre existant, un sentiment inné des machinations à l’œuvre, une sensibilité au sort que cette société réserve à l'enfance, au caractère proprement diabolique du pouvoir et de l'accumulation de richesse, mais surtout un réveil politique qu'il serait suicidaire de laisser à l'extrême-droite.

    Le Manifeste conspirationniste veut offrir, après deux ans de confusion politique et d'offensive "sanitaire" échevelée, une compréhension historique des événements. Il détaille et illustre onze thèses, qui forment aussi ses onze chapitres :

    1 - La « guerre au virus » est une guerre qui nous est menée.

    2 - Le conspirationnisme est le nom de la conscience qui ne désarme pas.

    3 - L’irréalité que nous vivons n’est pas celle d’une catastrophe qui sidère, mais celle d’un scénario que l’on déroule.

    4 - La contre-révolution de 2020 répond aux soulèvements de 2019.

    5 - La guerre froide n’a jamais pris fin.

    6 - Ce monde est dual, comme le sont ses technologies.

    7 - Le nudge est un nudge.

    8 - L’art de gouverner ne produit que des monstres.

    9 - La vie n’est rien de biologique.

    10 - L’enfer présent n’est que la réalisation du vieux projet positiviste.

    11 - Nous vaincrons parce que nous sommes plus profonds."

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  • Le marketing fossoyeur du politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Henri d'Avirac cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré aux sondages électoraux, comme symptômes d'une démocratie minée par le marketing politique.

    Sondages.jpg

    Sondages et communication : le marketing fossoyeur du politique

    Sur le front des épidémies, il en est une dont le pic est bien loin d’être atteint : la « diarrhée sondagière »… L’expression est lâchée et avec elle, cette avalanche de commentaires sur la frénétique quête du trône, qui placent en permanence le politique sous monitoring. Les études présenteraient l’immense avantage d’offrir une photographie quasi scientifique de l’opinion, invitant les candidats à intégrer les thèmes porteurs, attisant compétitions, alliances ou renoncements. En bref, un sondage faiseur de rois, de royaumes, d’éléments de langage, priorisant, disqualifiant, à deux doigts de ringardiser définitivement la véritable consultation démocratique.

    Le sondage, thermomètre ou symptôme ?

    Le chiffre, l’échantillon, l’institut impressionnent… un parfum d’objectivité mathématique plane sur les plateaux et dans les rédactions dès lors qu’un patron d’officine, ayant pignon sur rue, nous invite à nous départir des polémiques, du débat politique, pour nous en remettre à la Vérité absolue, livrée par un pourcentage de l’échantillon représentatif.

    Mais qu’en est-il au juste de cette Vérité ? Comme toujours, toute médiation « informe » le réel, une carte aussi fidèle soit-elle n’est jamais le reflet exact du territoire. Une cohorte de biais méthodologiques, volontaires ou non, pollue immanquablement enquêtes d’opinions, études quantitatives ou qualitatives, jusqu’à forger parfois de véritables armes de manipulation massive. Un rappel au décryptage et à la lucidité s’impose donc :

    – Qui a commandité le sondage ? Une première question essentielle car quoi que puisse être l’impératif méthodologique et déontologique du sondeur, les marges de manœuvres du client pour « orienter » l’affaire restent considérables. Prenons la formulation des questions (segmentation du questionnaire, choix des thèmes sur un questionnaire fermé etc.). Éric Zemmour faisait assez justement remarquer que dans les sondages présentant le pouvoir d’achat comme priorité des Français, les autres choix proposés (immigration, insécurité/terrorisme, identité française) faisaient l’objet d’une segmentation génératrice d’un biais majeur. En effet, le bloc pouvoir d’achat ne totaliserait que 45 % face à un bloc identité/sécurité qui regrouperait 59 %… Encore fallait-il les rassembler ! ou émettre à minima cette hypothèse de regroupement des items…

    La plupart des médias s’empresse ainsi de relater cette pseudo vérité influençant de facto l’électeur sensible aux préoccupations des médias dominants et finissant par la rendre auto-réalisatrice.

    – Quel est le cadre méthodologique de l’enquête ? Le commanditaire de l’étude peut aussi, ici ou là, exercer son influence sur le choix de l’échantillon. L’intégrité du sondeur sera sauve si celui-ci exprime simplement le cadre exact de l’enquête et le profil des personnes sondées, ce qui est toujours le cas mais ce que personne ne lit !

    – Vous avez dit redressements ? Un vote réputé « sous-déclaré » comme l’intention de vote pour le RN fera l’objet d’un redressement, c’est-à-dire d’un plus ou moins x % destiné à compenser une réalité cachée (!). Au gré des moments de la vie politique, un commanditaire « orienté » aura intérêt à faire pression sur son prestataire pour renforcer ou rabaisser le score de la formation politique en question, évidemment dans la limite d’un redressement et d’une marge d’erreurs « raisonnables ».

    – Quid du commentaire de l’étude ? Une source inépuisable d’affirmations manipulatoires, sous couvert d’expertise, avec en toile de fond un respect bien naturel dû au client qui ne manquera pas de passer à la moulinette les propos du chargé d’études.

    Halte aux sondages : la prise de consciences des médias

    Souvenons-nous de l’information fracassante (IFOP 2018) selon laquelle 40% des Français seraient favorables à un régime autoritaire… Cette alerte instillée par les commentateurs de tout poil et de tout bord reposait sur une confusion entre « Régime totalitaire » et « autorité de l’Etat » que l’introduction préalable au questionnaire administré (totalement occultée par les commentateurs) levait en grande partie. Ce ne sont là que quelques exemples de dérives assez classiques d’une sondo-médiacratie prétendument affublée des attributs d’une science exacte.

    Il y a depuis peu une timide prise de conscience (réelle ou affichée ?) de quelques médias. Depuis Ouest France jusqu’au journal Le Monde, les rédactions semblent prendre leur distance allant jusqu’à infiltrer dans des enquêtes (IPSOS, IFOP, KANTAR, BVA, Opinion Way, HARRIS, GFK) des reporters maisons, tel Luc Bronner, grand reporter au Monde, pour mettre en lumière les fausses déclarations d’identité des sondés, biaisant la nature de l’échantillon !

    Discrédits méthodologiques, recrutements bidon, clairvoyance tardive (« les sondages participent à la fabrique de l’opinion au détriment d’un vrai débat » nous dit le rédacteur en chef de Ouest France). Ces états d’âme prendront-ils le pas sur l’impérieuse nécessité de vendre du papier ou de faire du clic… Il est permis d’en douter.

    Autre point de vigilance dans le camp des sondeurs qui leur pourrit véritablement la vie au quotidien : l’extrême versatilité de l’électeur/consommateur néophile et éternel insatisfait. Plus il est « millénium » (18-40 ans) et citadin, plus il zappe. Son inconstance déclarative est sa marque de fabrique. Exit donc les baromètres d’opinions fondés sur des blocs stables et homogènes, exit donc les liens forts, les tendances lourdes et la prospective socio-comportementale sur le moyen et long terme : l’Homo-Oeconomicus est devenu liquide dans un monde liquide.

    Savoir aujourd’hui ce que vous voterez demain

    La machine macronienne aura inauguré avant l’élection présidentielle de 2017 la première campagne digitale de l’histoire de notre pays. Héritée des méthodes américaines mises en œuvre sur les campagnes d’Obama en 2007 et 2012, elle s’est fondée sur la constitution de bases de données consultables en temps réel sur les réseaux sociaux et la mise en place de nouveaux logiciels d’analyses du Net. Tout comme dans les concertations citoyennes abusivement qualifiées de démocratie participative, qui consacrent la démission du politique en tant que force de proposition, la formulation d’éléments programmatiques d’un candidat ne dépend plus de ses engagements, de sa vision du monde, mais bien d’un champ d’attentes pré-identifié et calibré en temps réel, qui transforme l’offre politique en offre miroir.

    Des instituts tels BVA travaillant pour l’Elysée planchent non seulement sur le volet enquêtes d’opinion et tendances, ce qui était déjà le cas lors des précédents mandats et peut donc influencer des thématiques de campagne, mais également sur l’approche socio-comportementale en « dynamisant » les éléments de langage issus en première intention du cabinet du Président, à la lumière de tests, de techniques de marketing comportemental jouant ainsi efficacement sur les peurs et le cerveau reptilien de nos concitoyens. La gestion de la crise COVID depuis novembre 2020 en est une superbe illustration, avec en point d’orgue l’annonce inquisitoriale du chef de l’état le 12 juillet 2021, dont le bénéfice politique devrait se confirmer.

    Jouer sur les peurs et déceler aujourd’hui, à grands renforts d’algorithmes, ce que vous consommerez/voterez demain est devenu le privilège d’une certaine élite dans un Monde déjà post démocratique.

    « Un peu moins de tests et un peu plus de testicules »

    Christophe Guilluy nous rappelle que « dans les stratégies électorales, les partis ne s’adressent plus qu’aux catégories supérieures et aux retraités ». Il existe donc un bloc majoritaire non représenté, enfumé par les élites, qui, confortées par les études et une sémantique ciselée, jouent sur les peurs. Peur de la pandémie, peur du retour du fascisme, peur du réchauffement climatique, peur du peuple… Ultime perversion : parvenir à convaincre le peuple qu’il doit avoir peur de lui-même. Désactiver l’électeur au moment de l’élection. Préférer au référendum d’initiative citoyenne, des ersatz de démocratie, des sondages, des concertations avec des participants professionnels tirés au sort ou issus d’associations. Fustiger le populisme trop populeux, trop populaire, imprévisible et anxiogène.

    Prétendre savoir, avant que vous ne choisissiez, ce que vous allez choisir est bien la marque ultime du mépris des peuples, un mépris de sachant, promoteur d’une expertocratie, cynique, à fort relent totalitaire. Invitons les politiques dissidents, désireux de s’opposer à ce marketing stérilisant, à faire leur cette formule inattendue lancée il y a un peu plus de 30 ans par Jacques Lendrevie, éminent professeur de marketing à HEC, à ses étudiants dont j’étais : « Mes chers amis, les études marketing sont vraiment très importantes pour savoir où l’on en est ou pour éventuellement tester un concept, mais pour sortir du lot, il faut parfois un peu moins de tests et un peu plus de testicules ».

    Jean-Henri d'Avirac (Site de la revue Éléments, 17 janvier 2022)

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  • Les derniers païens...

    Les éditions Passés Composés viennent de publier un essai historique de Sylvain Gouguenheim intitulé Les derniers païens - Les Baltes face aux chrétiens XIIIe - XVe siècles.

    Professeur d'histoire médiévale à l’École Normale Supérieure de Lyon, Sylvain Gouguenheim, qui a publié une étude sur les Chevaliers teutoniques, est également l'auteur de Aristote au Mont Saint-Michel - Les racines grecques de l'Europe chrétienne (Seuil, 2008), de Frédéric II - Un empereur de légende (Perrin, 2015) et de La gloire des Grecs (Cerf, 2017).

     

    Gouguenheim_Les derniers païens.jpg

    " Les habitants de l'espace balte actuel avaient quitté depuis longtemps le stade de la prédation lorsque les Européens de l'Ouest, les Scandinaves ou les Rus' les rencontrèrent, du IXe au XIIIe siècle. Ils travaillaient la terre, commerçaient avec leurs voisins slaves et scandinaves, utilisaient le bronze et le fer, tant pour des armes que des objets d'art, enterraient ou incinéraient leurs morts et entretenaient un panthéon de dieux foisonnant. Bien qu'ils aient été dépourvus d'écriture, leur histoire, fascinante et méconnue, se laisse appréhender grâce aux récits des conquérants et aux résultats de l'archéologie. C'est à la reconstituer que s'emploie Sylvain Gouguenheim. Pour ce faire, l'auteur ouvre la réflexion par les mythes et les images qui entourent les habitants et les lieux de cet espace « barbare », avant de s'intéresser aux conquérants, chevaliers Teutoniques notamment, et à l'édification d'un véritable État païen en Lituanie. Puis vient le temps de la christianisation et des luttes, souvent violentes, contre le paganisme. Un monde meurt, les dieux s'effacent, mais le paganisme survit dans la culture populaire, ce que l'auteur restitue avec finesse dans ce livre profondément original et novateur. "

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  • Ce qu'il manque au patriotisme français...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une vidéo de Thaïs d'Escufon qui nous livre un plaidoyer impeccable pour la prise en compte de la dimension européenne de la France. Porte-parole talentueuse et courageuse du mouvement Génération identitaire, Thaïs d'Escufon développe désormais une activité de publiciste sur les réseaux sociaux.

    A suivre !

     

                                              

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  • Protéger ou disparaître !...

    Les éditions Perspectives libres viennent de publier un essai d'Yves Perez intitulé Protéger ou disparaître - Le débat français sur le protectionnisme. Économiste, professeur émérite de l’Université catholique de l’Ouest à Angers, Yves Perez est déjà l'auteur d'un essai intitulé Vertus du protectionnisme (L’Artilleur, 2020).

     

    Perez_Protéger ou disparaître.jpg

    " Protéger ou disparaître, plusieurs décennies que la France s'interroge sur la problématique des frontières. Fermer ? Ouvrir ? Face à qui ? Quand ? Avec quelles conséquences ? C'est cette passionnante histoire que nous raconte Yves Perez, économiste spécialiste du protectionnisme. Entre duels techniques, visions politiques, justes ou erronées, grandioses ou catastrophiques portés par un siècle d'économistes, d'entrepreneurs ou de politiques français, il pose les bases du débat actuel alors que la désindustrialisation de la France menace son avenir et qu'il va falloir affronter le choix de protéger ou disparaître. "

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  • Livres en danger : regard sur les nouveaux censeurs...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme consacré à la censure rétro-active qui s'installe pour purger les œuvres du passé de leurs mauvaises pensées...

     

    Autodafés.jpg

    Livres en danger : regard sur les nouveaux censeurs

    Censurer la pensée en exerçant un contrôle strict sur la littérature est loin d’être un phénomène propre au XXIème siècle. Depuis la nuit des temps, les hommes et les femmes de rang ont toujours exercé leur pouvoir sur les ouvrages qui, d’une manière ou d’une autre, s’avéraient nuisibles à leur influence.

    De Nabuchodonosor à l’Inquisition

    Nabuchodonosor déjà, roi de Babylone, fit incendier les livres religieux des juifs lorsqu’il s’empara de Jérusalem au VIIème siècle avant Jésus Christ. Les chrétiens, lorsqu’ils purent asseoir leur contrôle sur l’Europe purgèrent les archives littéraires païennes des gréco-romains puis, aux temps de l’Inquisition, décidèrent de ce qu’on pouvait lire, écrire et dire. Mais la censure n’est pas le seul fait des mouvements religieux. Les deux grands régimes athées, nazisme et communisme, conceptualisèrent l’idée d’autodafé à grande échelle. On détruisit des centaines de milliers d’ouvrages, au simple motif que les mots qui y figuraient n’allaient pas dans le sens de la doxa des dirigeants. La victoire du libéralisme à la fin du XXème siècle nous fit croire, de manière illusoire, que le temps de la censure était achevé. « La fin de l’histoire » écrivait Fukuyama, devait être le commencement de la liberté absolue et, plus jamais, un auteur ne se verrait brimer par quelconque influence de pouvoir.

    La société inclusive attaque !

    Mais en 2022, à l’heure de la société inclusive, du woke et de la cancel culture, les censeurs semblent faire leur triomphal retour sur les vestiges d’un Occident « déconstruit ». En 2021, une polémique éclate après qu’une école catholique canadienne annonce avoir épuré ses bibliothèques, en 2019, de près de 5000 ouvrages. Parmi les concernés, les albums de Lucky Luke, Tintin, Astérix mais aussi des biographies de l’explorateur français Jacques Cartier. Raison invoquée ? La « réconciliation » avec les autochtones et la lutte contre les stéréotypes négatifs héritiers de la « pensée coloniale » canadienne.

    Aux États-Unis, le grand classique de Margaret Mitchell, « Autant en emporte le vent » paru en 1936 et adapté en film 3 ans plus tard a également subi le courroux des nouveaux censeurs. Retiré de la plateforme HBO (un géant parmi les plateformes de diffusion) afin d’être « mieux contextualisé », on reprochera au monument du cinéma américain de projeter la face d’une histoire nationale jugée trop « offensante » pour une partie de la population. La fameuse émission de France Inter consacrée au cinéma, « Le Masque et la Plume », verra l’une de ses chroniqueuse, Patricia Martin, dire du roman qu’il est « écrit avec les poumons, mais dont l’arrière-fond raciste est insupportable ». Retraduit en français en 2020 par l’écrivain Josette Chicheportiche, cette dernière précise, dans un entretien accordé à France 24, avoir pris le soin de changer la façon dont s’exprime un personnage noir en « supprimant les ‘r’ à chaque début de phrase », supposés rendre compte de l’accent des esclaves afro-américains. Mme Chicheportiche récuse toutefois l’accusation  de racisme faite au livre, considérant qu’il est plutôt une critique du racisme des États-Unis du XIXème siècle.

    Réécriture bien-pensante

    Il reste que s’obstiner à vouloir « recontextualiser » une œuvre ou bien en modifier la forme afin de la rendre moins « offensante »  s’apparente bien à de la réécriture et se transforme en censure.

    De ce côté-ci de l’Atlantique, nous ne sommes évidemment pas épargnés. En France, c’est l’inoubliable roman policier d’Agatha Christie, « Les dix petits nègres » qui est passé entre les griffes des censeurs. Non pas pour son histoire, qui n’aborde en rien le sujet ethnique, mais simplement pour son titre, référence à la chansonnette qui constitue le fil central de l’ouvrage. C’est que le « N word », comme disent les anglo-saxons, n’a pas sa place dans les rayons de nos libraires. Rebaptisé « Ils étaient dix », le seul titre de l’œuvre n’a pas été changé mais aussi les soixante-dix fois où le mot « nègre » apparaissait.

    Sur RTL, James Pritchatd, le petit fils d’Agatha Christie dira en guise de repentir : «Mon avis, c’est qu’Agatha Christie était avant tout là pour divertir et elle n’aurait pas aimé l’idée que quelqu’un soit blessé par une de ses tournures de phrases. Nous ne devons plus utiliser des termes qui risquent de blesser : voilà le comportement à adopter en 2020″.

    Ainsi la littérature d’hier à la vie dure aujourd’hui, malmenée par certains qui voient en elle une effrayante menace venue d’une autre époque et rapportant l’existence passée de mœurs différentes, incompatibles avec le monde moderne.

    Ces quelques assauts contre le cinquième art (et le cinéma) ne sont en Europe pour le moment l’apanage que de certains cercles que l’on peut qualifier d’hystériques. Mais l’essor de ce genre de pratique est à craindre dans un Occident où l’on s’offense pour un rien, ou l’on crie au racisme pour tout, et où l’on « cancel » et « fact-check » tout ce qui nous tombe sous la main. La multiplication d’autodafés contemporains est loin de paraître fantasmagorique, et celle-ci pourrait concerner plus que des déconstructivistes en quête de déconstruction. Il y a quelques années, en Irak, Daech brûlait des centaines de milliers de livres dont certains avaient des siècles derrière eux. Qui nous dit que demain, dans les quartiers perdus de la République, les quelques bibliothèques publiques restantes et autres MJC ne connaîtront pas le même sort ?

    Richard Ovenden et la bibliothèque d’Oxford

    Richard Ovenden, libraire et responsable de la richissime bibliothèque d’Oxford, a publié un ouvrage en 2020 (Burning the books, a history of knowledge under attack) à l’ambition historique mais dont le propos est brûlant d’actualité. Faisant le bilan des innombrables bouquins détruits au cours des millénaires, Ovenden nous rappelle à quel point la sauvegarde de la connaissance, et donc de la pensée, peut s’avérer fragile. Nous ne sommes nullement à l’abri de voir les nouveaux censeurs se multiplier, encore et encore, et faire taire la pensée libre partout dans le monde. La toute-puissance des GAFAM, a mis au silence le président de la 1ère puissance mondiale alors qu’il était encore en fonction ! Et alors qu’Emmanuel Macron, dans ses vœux, annonçait fièrement l’aboutissement de la Commission Bronner, organe de surveillance généralisée de la presse dont le but est de « lutter contre la désinformation et le complotisme », on pouvait lire entre les lignes : la liberté d’expression est aujourd’hui plus que jamais remise en cause.

    Observatoire du journalisme (Observatoire du journalisme, 22 janvier 2022)

     

    Censurer la pensée en exerçant un contrôle strict sur la littérature est loin d’être un phénomène propre au XXIème siècle. Depuis la nuit des temps, les hommes et les femmes de rang ont toujours exercé leur pouvoir sur les ouvrages qui, d’une manière ou d’une autre, s’avéraient nuisibles à leur influence.

    De Nabuchodonosor à l’Inquisition

    Nabuchodonosor déjà, roi de Babylone, fit incendier les livres religieux des juifs lorsqu’il s’empara de Jérusalem au VIIème siècle avant Jésus Christ. Les chrétiens, lorsqu’ils purent asseoir leur contrôle sur l’Europe purgèrent les archives littéraires païennes des gréco-romains puis, aux temps de l’Inquisition, décidèrent de ce qu’on pouvait lire, écrire et dire. Mais la censure n’est pas le seul fait des mouvements religieux. Les deux grands régimes athées, nazisme et communisme, conceptualisèrent l’idée d’autodafé à grande échelle. On détruisit des centaines de milliers d’ouvrages, au simple motif que les mots qui y figuraient n’allaient pas dans le sens de la doxa des dirigeants. La victoire du libéralisme à la fin du XXème siècle nous fit croire, de manière illusoire, que le temps de la censure était achevé. « La fin de l’histoire » écrivait Fukuyama, devait être le commencement de la liberté absolue et, plus jamais, un auteur ne se verrait brimer par quelconque influence de pouvoir.

    La société inclusive attaque !

    Mais en 2022, à l’heure de la société inclusive, du woke et de la cancel culture, les censeurs semblent faire leur triomphal retour sur les vestiges d’un Occident « déconstruit ». En 2021, une polémique éclate après qu’une école catholique canadienne annonce avoir épuré ses bibliothèques, en 2019, de près de 5000 ouvrages. Parmi les concernés, les albums de Lucky Luke, Tintin, Astérix mais aussi des biographies de l’explorateur français Jacques Cartier. Raison invoquée ? La « réconciliation » avec les autochtones et la lutte contre les stéréotypes négatifs héritiers de la « pensée coloniale » canadienne.

    Voir aussi : Autodafés au Canada, le wokisme fait détruire 5000 livres

     

    Aux États-Unis, le grand classique de Margaret Mitchell, « Autant en emporte le vent » paru en 1936 et adapté en film 3 ans plus tard a également subi le courroux des nouveaux censeurs. Retiré de la plateforme HBO (un géant parmi les plateformes de diffusion) afin d’être « mieux contextualisé », on reprochera au monument du cinéma américain de projeter la face d’une histoire nationale jugée trop « offensante » pour une partie de la population. La fameuse émission de France Inter consacrée au cinéma, « Le Masque et la Plume », verra l’une de ses chroniqueuse, Patricia Martin, dire du roman qu’il est « écrit avec les poumons, mais dont l’arrière-fond raciste est insupportable ». Retraduit en français en 2020 par l’écrivain Josette Chicheportiche, cette dernière précise, dans un entretien accordé à France 24, avoir pris le soin de changer la façon dont s’exprime un personnage noir en « supprimant les ‘r’ à chaque début de phrase », supposés rendre compte de l’accent des esclaves afro-américains. Mme Chicheportiche récuse toutefois l’accusation  de racisme faite au livre, considérant qu’il est plutôt une critique du racisme des États-Unis du XIXème siècle.

    Réécriture bien-pensante

    Il reste que s’obstiner à vouloir « recontextualiser » une œuvre ou bien en modifier la forme afin de la rendre moins « offensante »  s’apparente bien à de la réécriture et se transforme en censure.

    De ce côté-ci de l’Atlantique, nous ne sommes évidemment pas épargnés. En France, c’est l’inoubliable roman policier d’Agatha Christie, « Les dix petits nègres » qui est passé entre les griffes des censeurs. Non pas pour son histoire, qui n’aborde en rien le sujet ethnique, mais simplement pour son titre, référence à la chansonnette qui constitue le fil central de l’ouvrage. C’est que le « N‑word », comme disent les anglo-saxons, n’a pas sa place dans les rayons de nos libraires. Rebaptisé « Ils étaient dix », le seul titre de l’œuvre n’a pas été changé mais aussi les soixante-dix fois où le mot « nègre » apparaissait.

    Sur RTL, James Pritchatd, le petit fils d’Agatha Christie dira en guise de repentir : «Mon avis, c’est qu’Agatha Christie était avant tout là pour divertir et elle n’aurait pas aimé l’idée que quelqu’un soit blessé par une de ses tournures de phrases. Nous ne devons plus utiliser des termes qui risquent de blesser : voilà le comportement à adopter en 2020″.

    Ainsi la littérature d’hier à la vie dure aujourd’hui, malmenée par certains qui voient en elle une effrayante menace venue d’une autre époque et rapportant l’existence passée de mœurs différentes, incompatibles avec le monde moderne.

    Ces quelques assauts contre le cinquième art (et le cinéma) ne sont en Europe pour le moment l’apanage que de certains cercles que l’on peut qualifier d’hystériques. Mais l’essor de ce genre de pratique est à craindre dans un Occident où l’on s’offense pour un rien, ou l’on crie au racisme pour tout, et où l’on « cancel » et « fact-check » tout ce qui nous tombe sous la main. La multiplication d’autodafés contemporains est loin de paraitre fantasmagorique, et celle-ci pourrait concerner plus que des déconstructivistes en quête de déconstruction. Il y a quelques années, en Irak, Daech brûlait des centaines de milliers de livres dont certains avaient des siècles derrière eux. Qui nous dit que demain, dans les quartiers perdus de la République, les quelques bibliothèques publiques restantes et autres MJC ne connaîtront pas le même sort ?

    Richard Ovenden et la bibliothèque d’Oxford

    Richard https://www.richard-ovenden.com/ Ovenden, libraire et responsable de la richissime bibliothèque d’Oxford, a publié un ouvrage en 2020 (Burning the books, a history of knowledge under attack) à l’ambition historique mais dont le propos est brûlant d’actualité. Faisant le bilan des innombrables bouquins détruits au cours des millénaires, Ovenden nous rappelle à quel point la sauvegarde de la connaissance, et donc de la pensée, peut s’avérer fragile. Nous ne sommes nullement à l’abri de voir les nouveaux censeurs se multiplier, encore et encore, et faire taire la pensée libre partout dans le monde. La toute-puissance des GAFAM, a mis au silence le président https://www.ojim.fr/apres-le-bannissement-de-trump-twitter-veut-renforcer-la-censure-contre-ses-partisans/ de la 1ère puissance mondiale alors qu’il était encore en fonction ! Et alors qu’Emmanuel https://www.ojim.fr/voeux-presse-emmanuel-macron/ Macron, dans ses vœux, annonçait fièrement l’aboutissement de la Commissionhttps://www.ojim.fr/la-commission-bronner-contre-le-complot-et-la-desinformation-ou-le-contraire/  Bronner, organe de surveillance généralisée de la presse dont le but est de « lutter contre la désinformation et le complotisme », on pouvait lire entre les lignes : la liberté d’expression est aujourd’hui plus que jamais remise en cause.

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