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Métapo infos - Page 270

  • Un décryptage à droite de la Présidentielle...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien cueilli sur Polémia, qui a été donné par Jean-Yves Le Gallou à Monde et Vie et dans lequel il analyse l'élection présidentielle.

    Ancien haut-fonctionnaire et homme politique, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016), Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018) et Manuel de lutte contre la diabolisation (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

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    Un décryptage à droite de la Présidentielle

    Guillaume de Tanoüarn : Jean-Yves Le Gallou, peut-on parler à propos de la toute récente élection présidentielle, d’une « victoire éclatante du Rassemblement National », comme l’a fait Marine Le Pen le soir de l’élection ?

    Jean-Yves Le Gallou : Assurément non. Dans une élection une « victoire éclatante » intervient quand la liste victorieuse l’emporte avec une large avance sur son ou ses  concurrents. A la présidentielle, Marine Le Pen a perdu avec un énorme handicap par rapport à Emmanuel Macron ; quelque 17 % de retard sur son concurrent. Certes sa défaite, en pourcentage est moins importante que lors de la présidentielle de 2017. Mais il faut garder leur sens aux mots sous peine de tomber dans la désinformation. Cela étant dit, j’ajouterai qu’en utilisant une telle expression, « victoire éclatante », elle avoue en fait que son objectif réel est atteint et qu’il n’était donc pas de gagner. On l’a vue très enjouée le soir du premier tour, comme on l’avait vu danser sur sa défaite en 2017, après le fameux débat. Je n’ai pas pu m’empêcher de noter l’énorme distorsion qu’il y avait entre la satisfaction qu’elle éprouvait visiblement et la peine immense des électeurs d’Hénin-Beaumont. Signe sans doute que la coupure entre les élites et les peuples, qui existe de manière nationale et même internationale, passe aussi au RN.

    N’était-ce pas le même esprit que l’on a pu constater lors du grand débat Le Pen-Macron, ce soulagement visible de la candidate Marine, à la fin d’une confrontation décevante des deux côtés ?

    Son objectif manifestement était de faire face sans prendre trop de coups. C’est la raison pour laquelle au début du débat, elle a encaissé les attaques de Macron sans répliquer. Un exemple ? Macron venait de l’accuser d’être liée au pouvoir russe par un prêt en cours de remboursement depuis 2015. Elle avait deux répliques possibles : accuser Macron d’être lui-même au service des réseaux mondialistes américains, à travers l’affaire McKinsey, dans laquelle il apparaît que des millions de données, nous concernant nous Français, ont été fournies à ces cabinets de conseil américains et  finalement par-là, au Pentagone. Item : d’avoir détruit des fleurons industriels français comme Alstom pour satisfaire les Américains qui ont mis dans cette affaire « une pression de dingue ». Mais Marine Le Pen n’a rien fait de tout cela, probablement par peur d’être accusée de « complotisme ». Elle n’a attaqué son adversaire frontalement que sur la question des éoliennes, interdites au Touquet, ce qui restait de l’ordre de l’anecdote. Elle aurait pu aussi accuser Macron de faire une campagne auprès du gouvernement algérien, alors que le président candidat avait envoyé, deux figures de la macronie l’un après l’autre, Darmanin et Castaner, à la Grande mosquée de Paris dont le recteur est nommé par Alger. Elle n’en a rien fait. Tout se passe comme si elle était habitée non par le souhait de sauver la France, mais par le désir de garder, avec la boutique « Rassemblement national », le statut d’ « opposante officielle » du Président.

    Elle avait déclaré au Figaro que ce serait sa dernière campagne ?

    Oubliée cette déclaration de campagne. Elle se voit repartie pour un tour de manège. En avant pour 2027, voire 2032 !

    Eric Zemmour marque, dans sa déclaration après le second tour de la Présidentielle, que c’est la huitième fois que le nom Le Pen est en échec lors d’une grande élection. Ne met-il pas là le doigt sur une forme de malédiction historique ?

    Avait-il raison de donner l’impression de déterrer si vite la hache de guerre ? La remarque de Zemmour est juste factuellement. Mais pourquoi voir dans ce bilan une malédiction ? Ce qui reste à savoir, c’est s’il est possible de gagner dans un système où la totalité des journaux (Présent et Monde et vie mis à part), et les médias télévisés (au moins TF1, France 2, France 3, M6) roulent pour un seul candidat, où les corps intermédiaires du Medef à la CGT, des syndicats agricoles aux chasseurs, votent pour le même candidat. Comme l’a exprimé l’hespérialiste belge David Engels avec force au dernier colloque de notre Institut Iliade : « Ne nous trompons pas : ce n’est pas par le biais de processus démocratiques conventionnels que nous obtiendrons la victoire […] parce que l’ensemble du système politique actuel, malgré le pluralisme formel, est si unilatéralement dominé par le libéral-gauchisme qu’il rend une victoire électorale globale de la “droite” impossible dans les faits et ne peut donc être qualifié de démocratique que dans une mesure limitée. Qu’il s’agisse de l’orientation gauchiste des médias, de l’école, de l’université, du monde professionnel, des institutions de l’État ou des fonctions politiques : partout, la synchronisation idéologique est telle que seules des infimes nuances de gauchisme semblent être tolérées, tandis que tout mouvement patriotique culturel est soit étouffé, soit désintégré de l’intérieur, soit discrédité ou éradiqué. » Dans le contexte dialectique occidental, le changement par les urnes est impossible à court terme. On notera que les seuls pays qui aient des gouvernements identitaires et conservateurs ont des médias pluralistes, c’est-à-dire qu’à côté des médias financés par Soros, il y a dans ces pays des médias indépendants, à une échelle que l’on ne trouve pas en France. Regardez Victor Orban : pour lui, le combat culturel se prépare dès maintenant, il est pour l’après, quand il ne sera plus au pouvoir. Je ne résiste pas à préciser que l’interventionnisme du président ukrainien Zelensky à l’international, lui a rendu service. Les Hongrois, contrairement aux Français, ne s’y sont pas laissé prendre, sans doute parce que ce sont de proches voisins.

    Pour finir sur Marine Le Pen, j’irais droit au but : est-elle compétente ?

    Elle donne l’impression, même quand elle s’est bien préparée comme lors du dernier débat présidentiel, de manquer de confiance en elle sur les sujets techniques. Tout en refusant de s’aventurer par terreur du politiquement correct sur les sujets transgressifs. Mais cette avocate de formation a des qualités politiques majeures : elle sait écraser ses adversaires et purger son propre parti avec une grande constance depuis 2002. Elle n’est pas là où elle est, simplement par hasard ou par héritage. Ses compétences comme « tueuse » ne sont plus à démontrer.

    Que signifie pour vous cette deuxième victoire – éclatante pour le coup – d’Emmanuel Macron ?

    Victoire éclatante au vu des chiffres, je veux bien. Mais c’est un pur produit de sa stratégie médiatique depuis cinq ans. Le duel était annoncé depuis cinq ans. Il a suffi de sélectionner Marine Le Pen comme meilleure opposante, de la ménager avant le premier tour, de la tabasser entre les deux tours, en menant un procès médiatiquement unanime en diabolisation et en incompétence. Et de la re-ménager, une fois l’affaire électorale faite, pour qu’elle puisse resservir si besoin dans un nouveau duel.

    Le jeu est le même depuis longtemps. J’ai un ami médecin qui a soigné Jean-Marie Le Pen en 2002 au moment où il a dû se lancer dans une campagne de second tour. C’était exactement la même chose ; « Ils sont très gentils avec moi, disait Le Pen à l’époque en parlant des journalistes, je crois qu’ils veulent me faire monter au second tour ». Dans l’entre-deux tours, oubliées les gentillesses qui avaient pour but de faire passer Le Pen devant Lionel Jospin. Les antifascistes d’opérette étaient remontés comme des pendules. Ce théâtre-là, cette théâtrocratie antifasciste fonctionne encore. Mais le but de Chirac était, grosso-modo le statu quo. Diriez-vous la même chose de Macron ?

    Macron est un liquidateur, au double sens du mot liquide et liquider. Il promeut une société liquide, où les invariants, les institutions structurantes, les repères français sont appelés à disparaître. Et il se livre à cette liquidation en toute discrétion. Un exemple : Il supprime les grands corps de l’Etat (en ce moment-même les concours du Quai d’Orsay) pour les remplacer par des Cabinets de conseil ; il laisse les fonds de pension faire main basse sur l’industrie française. Il crée de la dette et considère comme parfaitement acceptable un déficit de la balance commercial de 85 milliards d’euros. Voyez la formidable escroquerie de la campagne du Premier tour sur le pouvoir d’achat : la vérité, c’est que quand un pays achète plus qu’il ne vend à l’étranger, il n’a pas d’argent magique à distribuer. Il doit se serrer la ceinture (et serrer la ceinture des citoyens bien sûr) pour payer ses dettes. Et quand il a le choix entre des étrangers et des citoyens, il doit limiter les dépenses d’assistance aux étrangers et à leurs descendants pour ménager les citoyens. La Campagne a laissé l’impression que le meilleur président est celui qui ouvrirait le plus vite le chéquier de la nation. Macron joue ce jeu avec cynisme pour mieux faire sortir la France de l’histoire. Il gagne du temps en augmentant la dette, pour mieux liquider l’identité culturelle de la France, à travers l’éducation nationale (la récente destruction du Bac est tellement flagrante qu’on veut déjà la réformer), les arts et la place toujours plus grande faite aux populations d’origine étrangère.

    Macron rencontre du point de vue catégoriel, deux succès écrasants : auprès des personnes âgées et auprès des plus jeunes (18-24 ans). Comment expliquez-vous ce double succès d’apparence contradictoire ?

    Oh ! Très simplement. En ce qui concerne les vieux, c’est la génération soixante-huitarde : ils sont viscéralement progressistes même si ce sont des progressistes installés, ils n’ont jamais vraiment pensé à leur descendance. On a dit que la Du Barry disait au temps de sa gloire ; « Après moi le déluge ». Aujourd’hui cette formule identifie toute une génération – ceux que vous appelez « les personnes âgées » – une génération qui nous a préparé l’enfer par son insouciance. Leurs petits enfants seront minoritaires dans leur propre pays. Quant à ce que vous dites des jeunes qui voteraient Macron, ces 18-24 ans, ce sont les plus sensibles à la propagande d’Etat. Ils s’en guériront avec l’âge et les leçons que la vie ne va pas manquer de leur donner. Pour l’instant le vote des jeunes est la seule « réussite » de l’Éducation nationale.

    Que vous évoque la géographie électorale de ce scrutin ?

    Il faut mesurer à leur juste valeur les analyses de Christophe Guilluy sur l’opposition entre les centres urbains et les périphéries. Je prendrais l’exemple de la Nièvre, un département marqué par François Mitterrand et par le socialisme dans les années 70. J’ai connu une époque où le Front National faisait moins de 5 % dans ces terres qui lui étaient peu favorables. Aujourd’hui, dans la Nièvre, Marine a fait 30 % des suffrages au premier tour et elle arrive en tête du Second tour. On peut, plus ou moins, faire les mêmes remarques sur d’autres départements qui représentent la France périphérique, comme les Ardennes, la Meuse ou les Vosges, dans lesquels Marine Le Pen est également arrivée en tête. A l’opposé, la Seine-Saint-Denis, département phare du FN dans les années 1980, a voté à près de 50 % pour Mélenchon au premier tour et à 75 % pour Macron au second tour. C’est la France du Grand Remplacement. Electoralement, ce concept que la campagne de Zemmour nous permet d’utiliser largement, ne correspond pas seulement à un vote ethnique mais aussi à un vote politique pour le remplacisme, puisque à l’opposé, Marine est arrivée largement en tête dans les départements d’Outre-mer comme la Martinique, la Guadeloupe la Réunion, ou la Guyane.

    Comment se présente la situation politique à la veille des Législatives ?

    De la façon la plus simple à travers la coagulation de différents blocs. Il y aura d’abord un bloc centriste, avec la République en Marche, le Modem et les résidus post-sarkozistes des  LR. Il y a ensuite un grand bloc de gauche autour de Mélenchon, auquel se rallieront socialistes et écolos. La sagesse voudrait qu’il y ait en face de ces deux blocs, une union des droites autour de candidatures issues du RN, de Reconquête ou de Debout la France, voire des députés LR du sud, non-ralliés à Macron. Un tel bloc pourrait porter à l’Assemblée nationale entre 100 et 150 députés. Mais l’union dépend de la volonté du plus fort de la faire ou non. Marine Le Pen est à la croisée des chemins et tout indique à l’heure où nous parlons qu’elle ne souhaite pas d’union nationale. Le Rassemblement National, dans ce cas, pourra peut-être prétendre à constituer un groupe à l’Assemblée avec une vingtaine de membres. Cela paraît suffire à la présidente qui, bien qu’elle soit elle-même députée, n’a jamais prisé le combat dans les deux chambres. En outre, elle ne veut pas d’un groupe trop abondant, avec les difficultés dans la gestion des hommes que cela implique. Et enfin, last but not least, disons qu’elle a besoin de renflouer les caisses de son Parti avec un maximum d’électeurs se portant sur les listes du RN. Passera-t-elle au-dessus de ces raisons ? Non, entre sauveuse ou boutiquière elle a hélas choisi. Héritière je suis, rentière je demeure, boutiquière un jour, boutiquière toujours.

    Quel sera le rôle de Reconquête, puisque vous êtes membre de son Comité politique ?

    La politique ne consiste pas seulement à gagner des mandats, mais à faire avancer des idées et à gagner des combats, en étant présents à la fois sur les réseaux sociaux et sur le terrain, en multipliant les opérations concrètes, contre l’implantation d’éoliennes, de foyers d’immigrés clandestins, etc. Le combat politique, c’est 365 jours par an et non une fois tous les cinq ans. Il faut continuer à déplacer la fenêtre d’Overton, comme l’a fait Eric Zemmour durant toute la campagne présidentielle. Reconquête n’aura que quelques élus aux législatives. Mais dans deux ans, les élections européennes seront plus favorables à Reconquête, comme aux diverses formations émergeantes. Il suffit en effet d’obtenir 5 % des voix pour faire élire des députés selon un scrutin proportionnel. Il n’y a donc pas de votes utile. Quant à la liste, elle sera simple à composer, recoupant l’actuel Bureau exécutif de Reconquête pour la défense justement de la civilisation européenne et chrétienne. Ajoutons que les européennes ont toujours été favorables aux formations nouvelles et que sociologiquement l’électorat de Reconquête est moins abstentionniste que celui du RN.

    Quel est ce nouveau Bureau exécutif?

    Il tient en trois pôles : l’animation des fédérations est confiée à Nicolas Bay secondé par Damien Rieu pour la propagande (il ne faut pas avoir peur des mots !). Les relations politiques, les élus et le porte-parolat sont confiés à Guillaume Peltier. Et les études et la formation sont l’affaire de Marion Maréchal. Chacun a ainsi trouvé sa place de manière assez harmonieuse.

    Jean-Yves Le Gallou, propos recueillis par Guillaume de Tanoüarn (Polémia, 5 juin 2022)

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  • Stefan George : de la poésie à la révolution conservatrice...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie et l'Institut Iliade viennent de publier un court essai de Benjamin Demeslay intitulé Stefan George et son cercle - De la poésie à la Révolution conservatrice. Benjamin Demeslay est professeur d’histoire et essayiste. Il a notamment publié, avec Gabriel Robin, Le Non du peuple (Cerf, 2019).

     

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    " Quel est cet être fascinant qui mourut à Minusio, en Suisse, en décembre 1933, entouré d’un petit cercle d’élus triés sur le volet ? Plus que quiconque, Stefan George a cru au pouvoir mystique de la poésie pour réveiller un peuple, et tirer de ses profondeurs une élite apte à le régénérer. Quelle est cette « Allemagne secrète », qui vécut par ses vers et par-delà sa mort, via le prodigieux cercle dont il était entouré, qui compta l’officier rebelle Claus von Stauffenberg et ses frères, l’historien Ernst Kantorowicz, et tant d’autres personnalités ? Cet ouvrage jette de puissants éclairages sur une époque orageuse. "

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  • L'Amérique dans la guerre Russie-Ukraine...

    Dans cette émission du Plus d’Éléments, diffusée par TV Libertés, une partie de l'équipe de la revue, autour d'Olivier François, revient, à l'occasion de la sortie du dernier numéro, sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, sur fond d’offensive américaine en Europe de l’Est, d’encerclement de l’ex-empire des tsars et de déferlante médiatique contre Poutine. Au menu également, la façon dont le "wokisme" s’attaque à la gourmandise et à l’art de vivre français, la dernière présidentielle avec Jérôme Sainte-Marie, les conséquences du vote musulman en faveur de Jean-Luc Mélenchon, la folie sanitaire avec les docteurs Knock de la vaccination et la naissance du capitalisme dans le luxe des cours de la Renaissance... On trouvera sur le plateau, François Bousquet, rédacteur en chef, Patrick Lusinchi, directeur artistique, Christophe A. Maxime et Rodolphe Cart...

          

                                             

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  • L'idée coloniale en France...

    Les éditions Bartillat viennent de rééditer un essai de Raoul Girardet datant de 1972 et intitulé L'idée coloniale en France 1871-1962. Agrégé d'histoire et docteur ès lettres, Raoul Girardet (1917-2013) a été professeur d'histoire contemporaine à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'ENA. Intellectuel de droite, il a été dans sa jeunesse membre de l'Action française, puis résistant et s'est ensuite engagé dans le combat pour l'Algérie française. Il est l'auteur de plusieurs livres importants comme La société militaire de 1815 à nos jours (Plon, 1953) et  Mythes et mythologies politiques (Seuil, 1986).

     

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    " Comment s'est développé en France, aux lendemains de la guerre de 1870, une volonté cohérente d'expansion coloniale ? Comment cette volonté s'est-elle affirmée, quels échos a-t-elle rencontrés dans les esprits et dans les cœurs ? Autour de quels thèmes la vision impériale française s'est-elle progressivement définie ? À quelles résistances s'est-elle heurtée et comment celles-ci se sont manifestées ? De l'époque où se consommait le partage du monde jusqu'aux derniers sursauts de la décolonisation, quelle place le fait et le débat colonial ont-ils en définitive occupée dans la conscience nationale française ? C'est à ces questions encore jamais abordées qu'a tenté de répondre Raoul Girardet.
    Étude d'histoire collective des mentalités, des sentiments et des croyances, menée avec toute la rigueur méthodologique du spécialiste, ce livre est aussi l'histoire d'une idée, une idée que l'on voit naître, croître, combattre, s'imposer, puis décliner et succomber...
    La renaissance de ce livre équilibré et original permettra justement d'offrir un regard pertinent sur le fait colonial qui fait tant débat aujourd'hui. "

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  • Guerre en Ukraine : quelle voie de sortie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard cueilli sur Geopragma et consacré aux perspectives, encore lointaines, de sortie dans le conflit ukrainien. Grand reporter au Figaro, Renaud Girard est membre du comité d'orientation stratégique de Geopragma.

     

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    Guerre en Ukraine : quelle voie de sortie ?

    Comment arrêter la guerre fratricide d’Ukraine, déclenchée il y a trois mois par la Russie ? Il faut se rendre compte que ce conflit a déjà fait au minimum 20000 morts chez les Russes et un chiffre approchant chez les Ukrainiens. Les destructions sont gigantesques et pas seulement à Marioupol. Plus de six millions d’Ukrainiens, principalement des femmes, des enfants et des vieillards, ont quitté leur pays.

    Le bilan humain est donc déjà très lourd. On en n’est pas encore aux 100000 morts provoqués par l’invasion de l’Irak par les anglo-saxons il y a dix-neuf ans. Mais c’est un chiffre qu’on pourrait très bien atteindre un jour si le conflit se poursuivait à l’intensité actuelle. 

    Économiquement, les perspectives sont également sombres. Elles le sont pour les belligérants, mais aussi pour de nombreuses nations, en Europe et en dehors, qui sont pénalisées par l’interruption de leur commerce avec eux.

    L’Ukraine était devenue une superpuissance agricole, capable de nourrir quatre cents millions de personnes à travers le monde. Aujourd’hui elle a beaucoup de mal à exporter ses céréales. Ses débouchés sur la Mer Noire, les ports d’Odessa et de Mykolaev, subissent le blocus de la flotte russe de Sébastopol. Les exportations se font actuellement, au compte-goutte, par voie ferrée, via la Pologne, ce qui oblige à un pénible transbordement de wagon à wagon. L’écartement des rails n’est pas le même dans l’ancien empire russe qu’en Europe occidentale. 

    De nombreux pays d’Afrique (Egypte, Algérie, etc.) nourrissaient leurs populations grâce aux céréales ukrainiennes. Ce n’est plus possible. Le renchérissement des produits agricoles va créer des phénomènes de famine sur le Continent Noir.

    Une catastrophe économique se profile également pour la Russie. Elle a perdu des centaines de milliers d’ingénieurs du secteur de la high-tech, qui ont fui le pays dès le début de l’« opération militaire spéciale » de Poutine. Elle ne peut plus importer, depuis l’Occident, ou depuis les nations asiatiques alliées des Américains, les puces électroniques et les pièces détachées indispensables au fonctionnement de son industrie. Elle ne peut plus exporter une grande partie de son gaz et de son pétrole à ses clients européens habituels.

    En raison des sanctions qu’ils ont adoptées, les pays européens, obligés d’acheter du gaz de schiste américain liquéfié, vont payer des factures énergétiques astronomiques. Ils vont perdre aussi leurs débouchés commerciaux en Russie. Le marché russe représentait le quart des ventes de véhicules Renault. 

    Avec ses sanctions, l’Union européenne (UE) se tire une balle dans le pied, tout en avantageant commercialement les Américains, qui n’ont jamais entretenu de liens commerciaux importants avec le marché russe. Si les sanctions étaient politiquement efficaces contre les autocraties, cela aurait un sens. Mais l’histoire a prouvé qu’elles ne l’étaient pas. Les sanctions internationales n’ont nullement affaibli les régimes de Castro, Saddam Hussein, Khamenei, ou Kim Jong-un. Elles les ont renforcés. Il n’y a hélas aucune chance aujourd’hui pour que les sanctions fassent plier la Russie.

    Comme, en Occident, l’UE est la première pénalisée par cette guerre, elle devrait tout faire pour trouver une voie de sortie. Elle ne pourra pas compter sur ses alliés anglo-saxons. Ils sont indifférents à ce que le conflit se prolonge : il a permis à Boris Johnson de sauver son poste de premier ministre et à Joe Biden d’accroître la vassalisation politique et militaire de ses alliés européens.

    L’UE ne pourra pas compter sur la Russie non plus. La seule chose qui importe à Poutine est de sauver son régime. Peu importe que les Russes souffrent, l’important est que l’autocratie survive. Le président russe joue la montre, attendant la lassitude des pays européens et le retour des Trumpistes à Washington.

    Les Ukrainiens ne prendront pas non plus d’initiative de paix, car ils refusent, de manière compréhensible, de faire des concessions territoriales à l’agresseur, estimant qu’elles ne feraient que renforcer, dans le futur, son appétit.

    Il reste une étroite voie de sortie, qui est celle de l’Onu. Elle a été utile dans l’évacuation des soldats ukrainiens piégés dans l’usine Azovstal de Marioupol. La France pourrait saisir le Conseil de sécurité pour qu’un corridor naval strictement civil soit institué, depuis Odessa jusqu’au Bosphore. Asseoir à la même table les Ukrainiens et les Russes pour refaire de la Mer Noire un lac de paix est un défi relevable. Lever les sanctions empêchant les Russes d’utiliser les ports européens pour vendre leurs propres céréales ne représente pas un coût politique exorbitant. 

    Le jour où Russes et Ukrainiens accepteront de parlementer sur des dossiers techniques d’intérêt commun (exportations céréalières, gazoducs, etc.), une lumière apparaîtra au bout du tunnel.

    Renaud Girard (Geopragma, 2 juin 2022)

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  • De l'Ordre nouveau à la Résistance...

    Les éditions Ars Magna viennent de publier un essai de Lionel Baland intitulé La Légion nationale belge - De l'Ordre nouveau à la Résistance. Lionel Baland est un écrivain belge quadrilingue spécialiste des partis patriotiques en Europe et de l’histoire du nationalisme belge. Il a publié de nombreux ouvrages sur ces sujets.

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    " La Légion nationale voit le jour en 1922 à Liège en Belgique. Nationaliste belge, elle est fondée par Henry Graff, dont le frère, officier dans l’armée belge, a été assassiné en Allemagne occupée. Ce mouvement s’étend dans l’ensemble du pays et adhère à des idées d’Ordre nouveau. La Légion nationale ne désire pas le pouvoir pour elle-même, mais pour le Roi. Paul Hoornaert succède à Henry Graff à sa tête et la développe. Ce groupement en uniforme affronte physiquement les communistes, les socialistes et les nationalistes flamands. En 1934, Paul Hoornaert participe au congrès international de Montreux en Suisse aux côtés d’autres dirigeants de mouvements d’Ordre nouveau venus de différents pays d’Europe.
    L’idéologie d’Ordre nouveau belge diffusée par la Légion nationale, à travers son principal organe de presse portant son nom et des brochures, évolue au fil du temps. Si cette organisation a des sympathies, à certains moments, pour le régime en place en Italie, elle est profondément antiallemande. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle entre dans les réseaux de la Résistance, fondés par des nationalistes belges, et combat l’occupant. Plusieurs de ses membres sont exécutés par les Allemands et son chef, Paul Hoornaert, meurt en déportation. "

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