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Métapo infos - Page 1613

  • Georges Valois, itinéraire et réceptions...

    Les éditions Peter Lang viennent de publier Georges Valois, itinéraire et réceptions, un ouvrage dirigé par Olivier Dard, universitaire spécialiste de l'entre-deux-guerres et de l'histoire des idées, qui regroupe les contributions de onze auteurs. Georges Valois est une figure de la pensée non-conformiste. Membre de l'Action française, il a animé avant la première guerre mondiale (1912-1913), avec Edouard Berth, le Cercle Proudhon, inspiré par Georges Sorel. Après 1918, il s'éloigne progressivement de Maurras, et poursuit l'oeuvre du Cercle Proudhon, en fondant Le Faisceau, un mouvement idéologiquement fasciste. Après l'échec de cette tentative et après celle de la création d'un parti républicain syndicaliste, il se rapproche progressivement de la SFIO. Après la défaite de 1940, il s'engage dans la résistance et meurt en déportation en février 1945 à Bergen-Belsen.

    Sur l'aventure du Cercle Proudhon, on peut utilement consulter l'importante préface d'Alain de Benoist aux Cahiers du Cercle Proudhon (Avatar éditions, 2007).

     

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    Issu d'un colloque organisé avec le soutien de la Maison des sciences de l'homme de Lorraine les 18 et 19 février 2010 à l'université Paul Verlaine-Metz, ce volume s'inscrit dans une série de publications relatives à l'histoire de l'Action française et de ses réceptions. Les 11 contributions qu'il réunit et qui ont été rédigées par des chercheurs français et étrangers permettent de revenir sur l'itinéraire d'une figure singulière qui symbolise tout à la fois l'histoire du maurrassisme, du fascisme français et des relèves de l'entre-deux-guerres et qui est mort en déportation. Non content de s'attacher aux éléments controversés de l'itinéraire de Georges Valois, ce volume aborde pour la première fois la question de son influence et de ses réceptions à l'étranger en étudiant spécifiquement la portée de ces dernières en Belgique, en Espagne et en Italie.

    Contenu :

    Olivier Dard : Introduction

    Yves Guchet : Georges Valois. Bilan d'un itinéraire 

    Allen Douglas : Ruptures et continuités : à la recherche de Georges Valois

    Samuel Kalman : Georges Valois et le Faisceau : un mariage de convenance 

    Alain Chatriot : Georges Valois, la représentation professionnelle et le syndicalisme

    Olivier Dard : Le Nouvel Age de Georges Valois

    Michel Grunewald : Georges Valois et l'Allemagne jusqu'en 1940 

    Francis Balace : Georges Valois et la Belgique : les méandres d'une réception 

    Geneviève Duchenne : Georges Valois, l'Europe et la Belgique (1930-1933) 

    Miguel Angel Perfecto : La réception de Georges Valois en Espagne 

    Michela Nacci : La réception de Georges Valois dans le nationalisme italien du début du XXe siècle

     Didier Musiedlak : L'Italie fasciste et Georges Valois 

    Olivier Dard : Conclusion.

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  • Tout s'accélère !...

     

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de Pierre Le Vigan consacré à la dictature de l'urgence dans nos sociétés...

     

     

    pierre le vigan, urgence, vitesse, accélération, tyrannie, dictature,

     

     

    Tout s’accélère : la maladie de l’urgence

    Tout s’accélère. Nous mangeons de plus en vite. Nous changeons de modes vestimentaires de plus en plus vite. L’obsolescence de nos objets quotidiens (téléphone mobile, Ipad, ordinateur, etc) est de plus en plus rapide. Nous envoyons de plus en plus de mails, ou de SMS. Nous lisons de plus en plus d’informations en même temps (ce qui ne veut pas dire que nous les comprenons). Nous parlons de plus en plus vite : + 8% de mots à la minute entre l’an 2000 et 2010. Nous travaillons peut-être un peu moins mais de plus en plus vite – conséquence logique de la RTT. Les détenteurs d’actions en changent de plus en plus souvent : la durée moyenne de possession d’une action sur le marché de New York est passée de 8 ans en 1960 à moins d’un an en 2010. Nous imaginons et produisons des voitures de plus en plus vite. Nous zappons d’un film à l’autre de plus en plus vite : les films ne durent même pas une saison, parfois moins d’un mois. Ils passent sur support DVD de plus en plus rapidement après leur sortie en salle, parfois presque en même temps. Les films anciens (qui n’ont parfois que 3 ans) que l’on peut encore voir en salles diminuent à grande vitesse : l’oubli définitif va de plus en plus vite. C’est ce que Gilles Finchelstein a bien analysé sous le nom de La dictature de l’urgence (Fayard, 2011). L’urgence va avec la profusion, la juxtaposition des divers plans du vécu et la dissipation. Dans le même temps que la durée de vie des films est de plus en brève, pour laisser la place à d’autres, le nombre de plans par films s’accélère – et est quasiment proportionnel à la médiocrité des films. Conséquence : les plans longs sont de moins en moins nombreux. Et… de plus en plus court ! 3 secondes cela commence à être beaucoup trop long. Il se passe de plus en plus de choses à la fois dans les feuilletons : comparons Plus Belle La Vie (PBLV pour faire vite) à « Le 16 à Kerbriant (1972) ». Paul Valéry écrivait : «L'homme s'enivre de dissipation : abus de vitesse, abus de lumière, abus de toxiques, de stupéfiants, d'excitants, abus de fréquences dans les impressions, abus de diversités, abus de résonances, abus de facilités, abus de merveilles. Toute vie actuelle est inséparable de ces abus.» (Variété, 1924).

     

    Il y a plus de 50 ans, André Siegfried de son coté analysait « l’âge de la vitesse » dans Aspects du XXe siècle (Hachette, 1955). Il soulignait que la vitesse des bateaux avait été multipliée par 5 avec la vapeur remplaçant la voile. Que ne dirait-il quand aux progrès de la capacité de stockage et de calcul de nos ordinateurs ! Mais la vitesse peut être un vice : le « seul vice nouveau du XXe siècle » avait dit Paul Morand. «  L'homme résistera t-il en à l'accroissement formidable de puissance dont la science moderne l'a doté ou se détruira-t-il en le maniant? Ou bien l'homme sera-t-il assez spirituel pour savoir se servir de sa force nouvelle? » s’interrogeait encore Paul Morand (Apprendre à se reposer, 1937).  

    Elle nous fait bouger de plus en plus vite, ou surtout, elle nous fait croire que ce qui est bien c’est de bouger de plus et plus, et de plus en plus vite. En cherchant à aller de plus en plus vite, et à faire les choses de plus en rapidement, l’homme prend le risque de se perdre de vue lui-même. Goethe écrivait : « L’homme tel que nous le connaissons et dans la mesure où il utilise normalement le pouvoir de ses sens est l’instrument physique le plus précis qu’il y ait au monde. Le plus grand péril de la physique moderne est précisément d’avoir séparé l’homme de ses expériences en poursuivant la nature dans un domaine où celle-ci n’est plus perceptible que par nos instruments artificiels. »

    Notre société malade de l'urgence

    Nos enfants sont les enfants de l'urgence. Et tout simplement parce que nous-mêmes sommes fils et filles de l'urgence. Et ce sentiment d’urgence va avec la vitesse. Si c’est grave, et il n’y a pas d’urgence sans gravité, alors, il faut réagir tout de suite. De nos jours, explique la sociologue et psychologue Nicole Aubert, l'homme doit réagir aux événements "en temps réel". Au moment même. Plus encore, même quand il « ne se passe rien », il est sommé d'être "branché", connecté avec le monde, au cas où il se passerait quelque chose. Une urgence par exemple. L’homme est mis en demeure de provoquer des micro-événements sans quoi il ne se sent pas vivre. Il s’ennuie. De ce fait, ce ne sont pas seulement les machines, c'est l'homme lui-même qui vit "à flux tendu". La durée, qui suppose l'endurance, a été remplacée par la vitesse, qui répond à une supposée urgence. Mais cette vitesse n'a pas une valeur optimum, c'est l'accélération qui est requise. La bonne vitesse c’est la vitesse supérieure à celle d’hier. De même qu’un ordinateur performant ce n’est pas un ordinateur qui suffit à mes besoins c’est un ordinateur plus performant que les autres et en tout cas plus performant que ceux du trimestre dernier. Il y a dans ce culte de l’urgence et de la vitesse – ce n’est pas la même chose mais cela va ensemble - une certaine ivresse.

     

    « L’expérience majeure de la modernité est celle de l’accélération » écrit Hartmut Rosa (Accélération. Une critique sociale du temps, la Découverte, 2010). Nous le savons et l’éprouvons chaque jour : dans la société moderne, « tout devient toujours plus rapide ». Or le temps a longtemps été négligé dans les analyses des sciences sociales sur la modernité au profit des processus de rationalisation ou d’individualisation. C’est pourtant le temps et son accélération qui, aux yeux de Hartmut Rosa, permet de comprendre la dynamique de la modernité. Pour ce faire, nous avons besoin d’une théorie de l’accélération sociale, susceptible de penser ensemble l’accélération technique (celle des transports, de la communication, etc.), tout comme l’accélération du changement social (des styles de vie, des structures familiales, des affiliations politiques et religieuses) et l’accélération du rythme de vie, qui se manifeste par une expérience de stress et de manque de temps. La modernité tardive, à partir des années 1970, connaît une formidable poussée d’accélération dans ces trois dimensions. Au point qu’elle en vient à menacer le projet même de la modernité : dissolution des attentes et des identités, sentiment d’impuissance, « détemporalisation » de l’histoire et de la vie, etc. L’instantanéisme tue la notion même de projet, fut-il moderne. « En utilisant l’instantanéité induite par les nouvelles technologies, la logique du Marché, avec ses exigences, a donc imposé sa temporalité propre, conduisant à l’avènement d’une urgence généralisée. » note Nicole Aubert (Le culte de l’urgence, Flammarion, 2004 ; L’individu hypermoderne, Eres, 2004). 

    Hartmut Rosa montre que la désynchronisation des évolutions socioéconomiques et la dissolution de l’action politique font peser une grave menace sur la possibilité même du progrès social. Déjà Marx et Engels affirmaient ainsi que le capitalisme contient intrinsèquement une tendance à « dissiper tout ce qui est stable et stagne ». Dans Accélération, Hartmut Rosa prend toute la mesure de cette analyse pour construire une véritable « critique sociale du temps » susceptible de penser ensemble les transformations du temps, les changements sociaux et le devenir de l’individu et de son rapport au monde. » 

    L’ivresse de la vitesse fait même que la figure tutélaire de notre société est la personnalité borderline, une personnalité qui recherche toujours l'extrême intensité dans chaque instant. Mais la contrepartie de cette recherche est la fragilité : la désillusion, le dégrisement douloureux, l’atonie, la désinscription dans une durée qui ne fait plus sens parce qu'elle n'a jamais été la durée d'un projet et que l'intensité ne peut suppléer à tout. C'est pourquoi on peut analyser certaines maladies de l'âme comme des réponses plus ou moins conscientes à une pression du temps social vécue comme excessive (Nicole Aubert, Le culte de l'urgence. La société malade du temps, Flammarion, 2003).

     

    La dépression, une stratégie de ralentissement du temps ?  

    Ainsi la dépression est-elle en un sens une stratégie de ralentissement du temps. L'homme dépressif succède à l'homme pressé - celui-ci dans tous les sens du terme, pressé de faire les choses et pressé comme un citron. Le dépressif se donne du temps - et c'est sans doute cela aussi que Pierre Fédida désignait, paradoxalement, comme "les bienfaits de la dépression". Bien évidemment cette solution n'est pas satisfaisante si elle perdure, car le dépressif mélancolique souffre d'un temps sans histoire personnelle possible, par sentiment de perte irrémédiable et de destruction de son estime de soi. La cassure de l'"élan personnel" du mélancolique lui interdit de produire sa temporalité propre. La dépression ou la griserie passagère, toujours à réactiver, du psychopathe borderline, tels sont ainsi les deux effets du culte de l'urgence. 

    L'ensemble de notre société et de ses dirigeants est pris dans cette obsession d’une temporalité « en temps réel », c'est-à-dire d'un temps de l'action sans délai de transmission. Action sans médiation. C’est une fausse temporalité. C'est un instantanéisme ou encore un présentisme. Les plans d'urgence fleurissent, élaborées eux-mêmes dans l'urgence. Les lois d’urgence aussi : sur les Roms, sur les étrangers délinquants, sur le logement, sur des sujets aussi techniques que la suppression du tiers payant quand on refuse un médicament générique (Rousseau, reviens, ils ont oublié la grandeur de la Loi), etc. De là un "mouvementisme" (Pierre-André Taguieff), puisqu'il s'agit de toujours "coller" à un présent par définition changeant. Aussi, au culte de l'urgence doit succéder un réinvestissement du temps dans son épaisseur. Il est temps de réencastrer l'instant dans le temps du projet et de la maturation. "Il est temps qu'il soit temps" dit Paul Celan (Corona). Par principe, le temps est « ce qui nous manque ». C’est la condition humaine. « L’art a besoin de ce temps que je n’ai pas » dit Paul Valéry.

     

    Résister à l’urgence

     

    L’urgence ? Réagir dans l’urgence, c’est souvent la catastrophe. « Au nom de l’urgence », c’est le titre d’un film d’Alain Dufau (1993) sur la construction, très vite et trop vite, des grands ensembles HLM dans les années 50 à 70 (cf. <Voir et agir> et <Politis> : Au nom de l’urgence). Au nom de l’urgence, ce pourrait aussi être le nom d’un reportage sur la folie de l’immigration décidée par le grand patronat et les gouvernements qui lui étaient et lui sont inféodés à partir de 1975. (Hervé Juvin, Immigration de peuplement, realpolitik.tv). Immigration décidée pour fournir, très vite, de la main d’œuvre pas cher au patronat des trusts et pour tirer tous les salaires, y compris bien sûr ceux des Français, vers le bas. Au nom de l’urgence, c’est la réaction de Sarkozy et de presque toute la classe politico-médiatique face à la répression rugbyllistique des agitations et rebellions (armées) en Libye par Mouammar Kadhafi. Réaction inconsidérée et épidermique. En urgence et à grande vitesse c’est même ainsi que l’on décide de la construction ou non de lignes de train à grande vitesse, dites TGV.

     Un nouveau dictionnaire des idées reçues de Flaubert dirait donc peut-être : « Urgence. Répondre à. » Répondre en urgence à la question du mal-logement par exemple. Avec… des logements d’urgence. Erreur. La bonne réponse est : « Résister à. » Il faut (il faudrait !) résister à l’urgence. Mais ce n’est pas si simple. La preuve : en tapant sur un célèbre moteur de recherche « résister » et « urgence », vous n’obtenez guère de réponses sur le thème « il faut résister à l’urgence, au diktat de l’urgence, et voici comment » mais beaucoup de réponses du type « Il est urgent de résister » ! Ce qui n’est pas du tout la même chose et est même le contraire. 0r s’il est parfois nécessaire de résister (à bien des choses d’ailleurs) il est plus nécessaire encore de comprendre à quoi l’on devrait résister, pourquoi on en est arrivé là, et comment résister de manière efficace – ce qui nécessite en général de prendre un peu de temps. Le contraire de réagir dans l’urgence. 

    Les techniques proliférantes nous imposent l’immédiateté. Difficile de répondre à Nicolas Gauthier que son courrier nous demandant pour jeudi au plus tard un papier sur l’urgence est arrivé trop tard, pour cause d’un accident de cheval au relais de poste. Dans le même temps, nous vivons de plus en plus vieux mais sommes de plus en plus angoissés par l’avenir, par le temps, et surtout par… la peur du manque de temps. Jacques André, professeur à l’Université Paris-Diderot, a appelé cela Les désordres du temps (PUF, 2010). L’immédiateté en est un des aspects, la frénésie de « ne pas perdre son temps » en est un autre aspect : elle amène à aller vite, à faire plein de choses en peu de temps, voire… en même temps, à rencontrer plein de nanas parce que le temps est compté, à être tout le temps « surbooké » sans guère produire de choses définitives ni même durables. Nicole Aubert écrit : « Pour les drogués de l’urgence, atteindre le but fixé, s’arrêter, c’est l’équivalent de la mort. On le voit très bien dans les séries télévisées qui ont actuellement le plus de succès : ‘’Urgences’’, ‘’24 heures chrono’’… Elles mettent en évidence que si l’on cesse de foncer ne serait-ce qu’une seconde, quelqu’un va mourir. » Exemple : que restera t-il de Sarkozy ? Le symbole d’un homme pressé, inefficace, et un peu dérisoire. Trois fois moins que Spinoza ou Alain de Benoist, qui n’ont pas fait de politique mais qui ont pris le temps d’une oeuvre et d’une pensée. 

    Chercher la performance donc la vitesse est gage d’efficacité dans notre monde. Ce n’est pas strictement moderne. Napoléon, le dernier des Anciens, était comme cela. Mais le monde moderne tend à ériger cela – qui était l’exception - en modèle. Le rapport faussé au temps est une des formes du malaise de l’homme moderne. « Aujourd'hui, nous n'avons plus le temps d'incuber les événements et de les élever au statut d'événements psychiques  » note le psychanalyste Richard Gori. Nous nous laissons ballotés par le présent sans nous donner le temps de le digérer. Nous ne maitrisons plus rien car toute notre énergie est dans la réaction à ce qui nous arrive. Le psychanalyste Winnicott note : « Pour pouvoir être et avoir le sentiment que l'on est, il faut que le faire-par-impulsion l'emporte sur le faire-par-réaction. » Il faudrait pour cela échapper à la pression, c'est-à-dire à l’urgence. Laurent Schmitt, professeur de psychiatrie, s’interroge, dans Du temps pour soi (Odile Jacob, 2010) sur notre faculté à suroccuper notre temps, fusse par des futilités. « Cette facilité à combler le moindre temps mort conduit tout droit à l’ennui et au mal-être. Voici un nouvel enjeu essentiel à notre qualité de vie. Le combat ne se limite plus à gagner du temps libre mais à reconnaître ’’notre’’ temps, derrière les multiples occupations, celui en accord avec notre intimité et nos vraies aspirations. » En fait, ce que l’économiste américain Joseph Stiglitz appelle Le triomphe de la cupidité concerne aussi notre rapport au temps. Peter Soterdijk remarque : «Notre nouveau rapport au temps peut s’appréhender comme « existentialisme de la synchronisation » et implique « l’égalité de tous devant le présent homogène de la terre. »

    Ne pas vouloir « perdre son temps », ne pas discuter avec un inconnu, ne pas consacrer du temps à un gamin revêche, etc, à un certain degré, cela relève de l’égoïsme. De la volonté forcenée de ne pas « gaspiller son temps ». Se libérer de l’urgence c’est aussi se libérer de cela.

     

    Le culte de l’urgence est lié à celui de la transparence. Il s‘agit de réagir vite à une situation que l’on suppose claire, transparente, sans équivoque. Les deux maux se tiennent. Ils concourent tous deux à ce que Pierre Rosanvallon appelle « la myopie démocratique ». La logique du monde moderne c’est de saturer à la fois l’espace et le temps. « Le progrès et la catastrophe sont l‘avers et le revers d’une même médaille. C’est un phénomène qui est masqué par la propagande du progrès. » note Paul Virilio. La propagande du progrès est en d’autres termes le court-termisme, l’absence d’horizon. Face à cela, la fonction présidentielle, à laquelle nous pouvons penser hors de l’urgence – il reste plus de 12 mois- devrait répondre aux besoins de long terme, de permanence des choix et des identités, à la sécurité de notre être personnel et collectif, on appelle cela la nation, ou plus simplement encore : le peuple, notre peuple. L’exercice de cette fonction devrait répondre aux besoins de durabilité de la France, notre pays, et de l’Europe, notre destin. Le moment viendra où il faudra s’en souvenir.

    Pierre Le Vigan

    Version enrichie du texte paru dans le numéro 62 du magazine Flash (24 mars 2011)

     

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  • La tyrannie de l'urgence...

    Le numéro 62 de Flash, le journal gentil et intelligent, nous propose un dossier consacré à l'urgence et la tyrannie qu'elle fait règner sur notre vie... On pourra y lire, notamment, des articles d'Alain de Benoist et de Pierre Le Vigan. On trouvera aussi des articles sur le Japon ou sur les succès électoraux de Marine le Pen...

     

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    Au sommaire :

    Dossier : La tyrannie de l'urgence

    • Politique étrangère, santé, consommation, abandon du nucléaire : on veut tout et son contraire, et on le veut tout de suite ! Par Marie-Claire Roy et Pierre Le Vigan.

    • La vie pied au plancher.

    • L'obsolescence programmée, ou le gaspillage comme politique économique.

    • Résister ! une urgence.

    • "Aller de plus en plus vite vers nulle part", un triste constat d'Alain de Benoist.

    • Vague bleue marine ? Raz de marée électoral et guerre en Libye : la frénésie de Sarkozy décriptée par Jean-Marie Le Pen.

    • Le Club Le Siècle ou les dessous de l'oligarchie qui nous gouverne. 

    • Hommage de Bruno Gollnish à sa seconde patrie : Si le Japon pouvait être un exemple pour la France...

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  • Censure visible, censure invisible...

    Vous pouvez visionner ci-dessous une conférence de l'écrivain et polémiste Pierre Jourde, cueillie sur le site d'Enquête et débat, consacrée à la censure contemporaine en littérature. Pierre Jourde est, notamment, l'auteur de La littérature sans estomac (L'esprit des péninsules, 2002), de Festins secrets (L'esprit des péninsules, 2005) ou dernièrement de C'est la culture qu'on assassine (Balland, 2011).

     


    Conférence Pierre Jourde censure et littérature par enquete-debat

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  • De la domination féminine...

    Nous vous signalons la parution d'un essai intitulé De la domination féminine, de Vincent Dussol. L'auteur, qui est chirurgien et anthropologue, se livre une réflexion à contre-courant sur les rapports entre les sexes, qui devrait faire grincer quelques dents...

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    "Peut-on imaginer un futur sans masculin ? C’est, à peine caricaturée, la question dérangeante que pose Vincent Dussol dans cet essai brillant consacré aux rapports entre les sexes. Convoquant de multiples disciplines telles que la génétique, la psychanalyse, ou encore la chirurgie, l’auteur convie en effet le lecteur à s’interroger sur la place et le pouvoir du féminin dans l’aventure humaine. Depuis l’apparition de la reproduction sexuée il y a 300 millions d’années, la compétition entre les sexes a été une constante. L’émergence d’un chromosome Y, qui caractérise le sexe mâle, a dès l’origine fait de lui une « femelle génétiquement modifiée ». Face au « pouvoir fondamental », biologique, de la femme, l’homme a peu a peu instauré une série de contre-pouvoirs politiques, religieux ou symboliques, afin d’établir une forme d’équilibre. Or, dans nos sociétés modernes, cet « équilibre » s’est rompu. En cause, le refus d’accepter la différence entre les sexes, le rejet du biologique au profit du culturel, la confusion des genres ou encore le « mythe de l’androgyne primordial ». A contre-courant du politiquement correct, l’ouvrage de Vincent Dussol se veut provocateur, voire « profanateur », notamment lorsqu’il s’intéresse aux violences sexuelles, dont l’auteur souligne que les hommes n’ont pas l’apanage. Ces violences qui procèdent elles aussi de la négation de l’altérité. Et c’est bien celle-ci qui, à terme, pourrait compromettre l’avenir de l’espèce humaine. En choisissant de signer la préface de cette ouvrage dense et polémique, le pédiatre Aldo Naouri apporte une caution de poids à un auteur qui a choisit « d’emprunter des chemins de traverse » pour nous parler des rapports hommes-femmes aujourd’hui."

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  • Le Camp du diable...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue sur la menace migratoire de Georges-Henri Bricet des Vallons, qui est l'auteur d'un essai intitulé Irak, terre mercenaire et qui a dirigé l'ouvrage collectif Faut-il brûler la contre-insurrection ?.

     

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    Le Camp du diable

    « Cinq milliards sinon l’Europe deviendra noire ! » nous faisait chanter il y a peu Kadhafi, qui avait tout compris des frayeurs des gouvernements européens, mais bien peu de celles de son peuple. Ce n’est pour l’heure qu’une hypothèse, que certaines belles âmes s’emploient déjà à disqualifier en fantasme xénophobe et pourtant, son écho est hypnotique et dévastateur. Elle exerce sur l’Occident, capté et perclus depuis si longtemps par la hantise de son propre effondrement, une puissance de fascination sans égale. C’est la rumeur d’un déferlement migratoire formidable, d’une invasion des nécessiteux, enfantée par le chaos insurrectionnel du monde arabe. C’est l’ombre levée du Grand Autre qui nous transit. Le gouvernement italien s’inquiétait il y a une semaine de l’échouage probable d’une vague de 300 000 Libyens sur les côtes européennes. Frontex, l’agence de l’Union Européenne en charge des questions migratoires, nous a livré peu après une dramaturgie plus grandiose, à la mesure d’un exil biblique : non plus des centaines de milliers, mais jusqu’à 1,5 millions de réfugiés s’engouffrant dans le sas béant de l’ex-dictature libyenne. La police aux frontières des Alpes-Maritimes – le bien maigre reliquat de nos feues douanes – se dit déjà débordée par l’afflux de ressortissants tunisiens. Bruxelles, dans l’intimité feutrée de l’oligarchie, réfléchit aux modalités de partage du « fardeau ».

    Coïncidence insolente ou conjuration véritable de l’Histoire, l’hypothèse grandit au moment même où l’on réédite Le Camp des saints, épopée de la masse ravageuse d’un million d’innocents rejetés par l’anarchie du monde sur la Côte-d’Azur ; au moment précis où semble prendre corps la prophétie de Jean Raspail, celle d’une Europe proche de subir la fureur des tectoniques migratoires. Le roman de Raspail, si singulier dans son art de dresser le visage de la catastrophe, nous narrait surtout un dilemme implacable : comment réagir à l’invasion des innocents ? L’accepter et lui tendre les bras, non pas au risque, mais bien au prix d’une altération radicale de notre société et de notre identité ? La refuser et la combattre, commettre un crime de survie pour sauver ce qui peut l’être encore ? Quoi faire donc ? Marine Le Pen est pour l’heure la seule responsable politique à avoir avancé une réponse claire : la mise en place d’un cordon sanitaire de Gibraltar à Lampedusa, appuyé sur un accord trilatéral entre la France, l’Espagne et l’Italie. Une position qui lui vaut d’être vouée aux gémonies par les actionnaires du Bien, toujours à l’aise quand il s’agit de faire peser sur les peuples le poids de leur miséricorde. Mais face à un tel cas de figure où serait le courage ? Où serait la réponse ? Il n’y en a pas de bonne, pas de juste. Un tel cataclysme n’imposerait aucune vérité, autre justement que celle, impitoyable, du choix de civilisation exposé par Raspail.

    Si l’hypothèse se confirmait, le scénario en serait assez facile à deviner, la réaction de nos gouvernements aisément anticipable. L’Italie réclame déjà à l’Union Européenne un plan Marshall. On arguerait évidemment qu’un tel accueil ne serait que temporaire, qu’on ne peut de toute façon pas faire autrement. Imaginez-vous les repousser ces miséreux ? Comment ne pas partager leur instinct de survie, ne pas faire vôtre leur légitime volonté d’échapper au chaos, à la pauvreté et à la mort ? Nous voyez-vous tirer, comme le faisaient les gardes-frontières libyens sur les clandestins subsahariens, sur ces hordes de réfugiés ? Il est vrai que la construction d’une ligne Maginot sur le front méditérranéen ne flatterait guère notre humanisme chrétien. Il faudra mutualiser l’invasion, se la répartir, puisque la refuser, par la force, n’est plus possible. De gigantesques camps d’accueil répandus des côtes de l’Italie jusqu’en France. La résorption de l’anarchie migratoire ne sera bien sûr qu’une question de temps, tenteront de nous rassurer nos responsables impuissants, jusqu’à ce que la situation sécuritaire s’assainisse, jusqu’à ce que la démocratie voit le jour. Quelques mois, quelques années tout au plus. Là où la fiction captive davantage encore, c’est que s’il se manifeste dans les proportions annoncées, ce déluge humain surviendra dans la pire conjoncture possible, celle du déclin d’une Europe tuée économiquement par la crise et fragilisée culturellement par une immigration de peuplement vieille de cinq décennies qu’elle n’est déjà plus en mesure de digérer.

    Histoire d’invasion pacifique qui en rappelle une autre, réelle celle-là. En 376, les peuples goths, chassés au Nord par les Huns, demandèrent aux Romains de leur accorder refuge au-delà du Danube. Le massacre de main-d’œuvre n’était plus dans les mœurs de l’empire christianisé qui comptait trop peu d’habitants pour se permettre de sacrifier les barbares qui, de fait, allaient franchir le fleuve avec ou sans accord. Il fallait de plus à l’empereur Valens des bras mercenaires pour servir la guerre en Perse. L’accueil des réfugiés Goths et leur fixation sur les terres de Thrace en fonction du colonat furent donc décidé et une gigantesque opération humanitaire se mit en branle. Las ! La politique d’accueil fit rapidement déroute, alimentée par la corruption des fonctionnaires romains qui ne tinrent pas leur promesse. De griefs en incompréhensions et en trahisons des deux côtés, la guerre fit rage. L’histoire culmina à Andrinople en 378. Les Goths vinrent à bout d’une armée romaine, elle-même largement « barbarisée », qui n’avait rien prévu de leur résistance et qui dut bientôt se mettre à chercher dans les ruines de la bataille le cadavre à jamais perdu de son empereur.

    L’imprévisible est maître. Des détails de l’avenir et de ses ruses, nous ne pouvons rien savoir. Mais la trame, elle, nous pouvons la « deviner » comme l’a fait Jean Raspail. Et cette fiction nous possède.

    Le monde est décidement fascinant dans ses emballements. Le futur qu’il nous trace terrible dans sa symbolique : à la colonisation révolue de l’Europe conquérante répondrait l’élan redoutable d’une contre-colonisation des victimes. Entre une charité suicidaire et une absence de pitié criminelle, entre l’altruisme qui nous tuera à coup sûr et l’égoïsme qui ne nous offrira qu’un salut précaire et coupable, voilà le nœud gordien où pourrait trancher le destin de l’Europe. Ce dilemme est notre diable. Que nous le voulions ou non, nous sommes, envahisseurs et envahis, déjà tous dans son camp.

    Georges-Henri Bricet des Vallons

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