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Métapo infos - Page 1280

  • Le plus beau but est une passe...

    Les éditions Flammarion viennent de publier dans leur collection Climats un essai de Jean-Claude Michéa intitulé Le plus beau but est une passe. Philosophe, Jean-Claude Michéa est un de ceux qui ont produit au cours des quinze dernières années une des critiques les plus brillantes et les plus radicales du système, au travers d'essais comme Impasse Adam Smith (Flammarion, 2006), Le complexe d'Orphée (Flammarion, 2011) ou Les mystères de la gauche (Flammarion, 2013). Passionné de football, il a également écrit un essai consacré à ce sport et intitulé Les intellectuels, le peuple et le ballon rond (Flammarion, 1998).

     

     

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    " Le souci du beau jeu a progressivement cédé la place à l'idée jugée plus « réaliste » selon laquelle une équipe doit d'abord être organisée pour ne prendre aucun but. La nécessité de marquer des buts, elle, ne repose plus sur une culture spécifique et sur des phases construites et apprises à l'entraînement, mais seulement sur les erreurs de l'adversaire, sur l'exploit individuel et sur les coups de pieds arrêtés. C'est ce refus a priori de privilégier la construction du jeu qui explique que tant de matchs soient, de nos jours, si ennuyeux à regarder. Et pourtant, les admirateurs du beau jeu ne manquent pas, comme en témoigne l'auteur de ce livre, lequel doit son titre à l'une des répliques cultes du film de Ken Loach, Looking for Eric. Comme Eric Bishop (le working class hero du film) lui demandait quel était le plus beau but de sa carrière, Éric Cantona avait répondu : « Mon plus beau but ? C'était une passe ! » Boutade de génie, qui constitue assurément le plus bel hommage à ce passing game qui définit, depuis la fin du xixe siècle, l'essence même du football ouvrier et populaire, autrement dit, construit et tourné vers l'offensive. "

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  • Attention aux contrefaçons !...

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    Attention, ceci n'est pas l'Idiot international !

    C'est une vulgaire contrefaçon qui utilise un emballage prestigieux pour vendre un brouet politiquement correct, indigent et sans talent.

    Si vous avez apprécié L'Idiot de la grande époque, avec Jean-Edern Hallier, Philippe Muray, Morgan Sportès, Jean-Paul Cruse, Alain de Benoist, Jacques Vergès, Christian Laborde, Edouard Limonov etc., vous pouvez, sans regret, économiser 2 euros 95...

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  • Musique et identité...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent article de Thierry Bouzard, cueilli sur Polémia et consacré à la musique comme vecteur de l'identité.

     

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    Musique et identité, un pouvoir à reprendre

    La musique est un moyen d’expression, donc le reflet d’une identité, celle des musiciens et de leur public. Elle s’inscrit dans le moment de sa création, mais aussi dans le temps long de la mémoire d’un peuple à partir du moment où il s’identifie à elle par son écoute, mesurée par son audience et par sa pratique. Le chant grégorien et la musique sacrée sont identifiés comme le répertoire de l’Eglise, mais aussi comme appartenant au patrimoine musical de la civilisation occidentale et il n’est pas nécessaire de pratiquer la religion pour l’apprécier.

    La musique sacralise le temps

    La musique sert à sacraliser le temps liturgique, que ce soit dans le cérémonial religieux avec les clochettes ou dans le cérémonial militaire avec le clairon et le tambour. Ainsi que le faisait remarquer Bonaparte lors de la négociation du Concordat : « Quant à moi, je ne vois pas dans la religion le mystère de l’Incarnation, mais le mystère de l’ordre social ». Les sociétés, comme les individus qui les composent, sont en constante mutation, mais elles ont besoin de règles pour fonctionner. Ces règles contraignantes sont évidemment difficiles à supporter et les tentatives de transgression et de remise en cause sont constantes. Moïse descendant du mont Sinaï avec les Tables de la loi (1) apportait une solution : la loi n’est pas négociable car elle vient de Dieu. Comme l’avait bien vu Bonaparte, cette origine divine de la règle commune évite sa constante remise en cause. En ce sens, le contrat social que propose Rousseau est moins efficient, car toujours sujet de négociation. D’autre part, l’adhésion à la loi commune, quelle que soit son origine, a besoin d’être matérialisée régulièrement, c’est le rôle de la liturgie collective. L’Eglise a été en charge de cette expression pendant des siècles et la Révolution a mis fin à ce rôle. L’élimination de la caste des prêtres (2) lors du Serment du Jeu de paume s’est opérée au profit de l’armée qui n’intervient qu’en tant qu’exécutant, car les tentatives d’implantation de cultes révolutionnaires ont échoué, comme celles de proposer une religion alternative. Faute de mieux, Napoléon fait appel à l’armée pour mettre en œuvre cette indispensable liturgie. Le défilé du 14 Juillet en est une de ses expressions actuelles. Les critères sont bien présents : espace sacré (celui où évoluent les ministres du culte), signaux marquant les temps forts de la cérémonie, présence des autorités et du public qui manifeste ainsi son adhésion au cérémonial et, à travers lui, à l’expression du lien sociétal.

    Il est d’ailleurs assez piquant de voir un même gouvernement s’en prendre à ses opposants venus huer le chef de l’Etat le 11 Novembre : « On ne peut pas utiliser un rassemblement de ce type pour s’attaquer aux valeurs de la République et de notre pays » (3), alors qu’il défendait le compagnon d’une ministre refusant d’occuper le siège qui lui avait été réservé pour la revue du 14 Juillet (4). Au-delà de l’anecdote, les deux événements sont révélateurs de l’importance de ces cérémonies dans l’expression du lien sociétal, en même temps que de l’état actuel de ce lien.

    La musique est indispensable à l'expression du lien sociétal

    La musique joue un rôle essentiel dans le déroulement du cérémonial : d’abord, dans les signaux car les batteries de tambour et les sonneries de clairon ne jouent pas de la musique mais transmettent des ordres qui sont des repères sonores connus de tous qui sacralisent le temps ; ensuite, dans les différents morceaux qui sont exécutés par les orchestres militaires. Leur répertoire a été réglementé à la fin de la Guerre d’Algérie (5), dernier grand conflit dans lequel a été engagée l’armée française et première occasion pour une partie de la communauté nationale de défendre son identité (6). Il est quasiment contemporain de la constitution de la Ve République, ce qui souligne son importance. Même s’il n’est destiné qu’à un usage particulier, les pièces de ce répertoire peuvent être considérées comme appartenant au répertoire commun à tous ceux qui se reconnaissent dans la communauté nationale. C’est bien dans la dénonciation de ce rôle de lien sociétal qu’il faut comprendre la citation attribuée (faussement ?) à Clemenceau disant qu’ « Il suffit d’ajouter “militaire” à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n’est pas la justice, la musique militaire n’est pas la musique. »

    Les monarques ont toujours entretenu des musiciens, pour leur chapelle, pour leur divertissement et pour le prestige de leur gouvernement. Les formations musicales de la grande écurie sous Louis XIV constituent une étape majeure de l’établissement de ce système de représentation musicale fait pour édifier les populations et servir de modèle aux nations étrangères. La lente élaboration des orchestres de plein air au sein de l’administration militaire tout au long du XIXe siècle doit être envisagée comme un moyen de développer et d’entretenir cette cohésion sociétale qui culmine à la Belle Epoque dans les kiosques à musique, la musique cérémonielle officielle étant assurée par l’élite de ces orchestres, celui de la Garde républicaine. Les médias modernes ne faisant pas l’économie de cette indispensable identité sonore collective, l’Eurovision dans sa retransmission par la RTF en viendra à reprendre pour indicatif le Te Deum (7) de Charpentier composé sous Louis XIV.

    L'ombre de Jdanov sur la musique

    Le Parti communiste avait mis en application la doctrine de Jdanov (8) dès le début de la Guerre froide avec la collaboration de grands noms de la chanson. A partir du début des années 1960, il va savoir utiliser les chansonniers et les musiciens pour attirer des visiteurs à sa Fête de l’Huma. Les vedettes françaises et internationales en font un rendez-vous annuel de la musique. Si les résultats électoraux ne suivent pas, le PC peut continuer à diffuser ses messages auprès des jeunes générations. En arrivant au pouvoir en 1981, portée aussi par les musiques des radios libres, la gauche va rapidement surfer sur cette dynamique en lançant, dès 1982, une Fête de la musique dont la formule est reprise ensuite sur toute la planète. Après l’échec du Programme commun et pour appuyer son changement de politique, elle lance SOS Racisme qui organise un grand concert le 30 juin 1985 réunissant 300.000 personnes sur la Place de la Concorde. Ce modèle de grand rassemblement, initié par le Festival de Woodstock (9) en 1969, est dans l’air du temps, en 1979, toujours sur la Place de la Concorde, où Jean-Michel Jarre avait réuni 1 million de spectateurs venus entendre sa musique électronique. En juillet 1985, la campagne Band Aid est l’occasion de deux mégas concerts à Philadelphie (USA) et au stade Wembley (GB), avec enregistrement d’un disque auquel participent les grands noms de la chanson anglo-saxonne de l’époque. Trois millions d’exemplaires du disque sont vendus en faisant la deuxième vente de tous les temps. Le concert pour l’égalité le 14 juillet 2011 sur le Champ-de-Mars, organisé par SOS Racisme, réunit encore 1 million de personnes. Si la musique ne véhicule pas d’idéologie, elle rassemble les individus et transmet des émotions, la gauche l’a très bien compris en investissant un secteur clé pour contrôler la jeunesse. Depuis Jdanov, elle n’a fait que renforcer ses positions, ce qui est paradoxal vu le fonctionnement de la musique.

    La musique s'inscrit dans la longue mémoire des peuples

    En effet, contrairement à d’autres arts comme la peinture ou la sculpture, en musique il est impossible de s’affranchir des lois de l’harmonie, c’est-à-dire de la loi naturelle. D’autre part, la pratique d’un instrument nécessite un long apprentissage et un orchestre a besoin d’une organisation, d’un ordre (10). De plus, la musique s’inscrit dans la longue mémoire des peuples. Les compositeurs n’inventent rien, ils s’inspirent de mélodies et de rythmes qui appartiennent à la culture dans laquelle ils vivent. Ils puisent dans le passé, dans la mémoire : « Du passé faisons table rase » (11) n’existe pas en musique. La relecture du répertoire des chansons traditionnelles avait été initiée par Montand (12) et poursuivie par les folkeux des années 1970 ; on y est toujours avec Tri Yann (13) et la FAMDT (14). C’est encore une fois paradoxal, car les anciennes chansons sont l’expression la plus authentique de l’identité nationale et, qu’elles soient réinterprétées sur des instruments modernes ou par des musiciens « engagés » n’affecte en rien leur signification. Même si l’on invite des groupes des « musiques du monde » dans un festival de musiques celtiques ou occitanes, même si les interprètes expérimentent des métissages musicaux, l’identité des chansons traditionnelles reste perceptible, sinon elles seraient autres et l’original qui plaît au public disparaîtrait.

    Le problème est différent pour des compositions modernes, mais alors la machine à diaboliser peut fonctionner et éliminer tout ce qui ne passe pas à travers ses filtres. En ce qui concerne les chansons, le rebut est suffisamment abondant pour dessiner des répertoires identitaires contemporains. Pour les musiques, l’éventail est encore plus vaste et passe surtout par les musiques de film et les compositions de musique électronique.

    La musique est l'expression d'une identité

    Les organisateurs des grandes manifestations de 2012 et 2013, dont certaines ont largement dépassé le million de personnes, ont choisi de ne pas se doter d’une identité musicale en phase avec leur discours politique. Quelle différence entre leur sélection musicale et celle de la Gaypride, de la Techno parade ou de n’importe autre grande manifestation parisienne ? Ce choix était délibéré : choisir de la « dance » pour se fondre dans des sonorités adoptables par tous, y compris ses adversaires, et ainsi ne pas faire de la musique un enjeu. Référence au sein de la droite nationale, Radio Courtoisie n’apporte pas non plus de réponse à la question de l’identité musicale. Officiellement le rock et l’anglais en sont bannis, même si certains patrons d’émission font quelques entorses au règlement. Les courants musicaux de la jeunesse ne peuvent pas bénéficier d’une émission dédiée et la musique classique reste la norme, le baroque y étant à peine toléré. Cette politique, qui ne rend pas compte ni de la diversité des répertoires français actuels ni des goûts des auditeurs, ne peut pas aider à définir une identité musicale contemporaine. En cela, la direction de la radio est bien en phase avec les représentants des grands courants « conservateurs », qu’ils soient politiques ou dans la rue. Car un constat similaire peut être établi pour la soirée anniversaire des 40 ans du Front national. L’animation était confiée à un groupe de rock rétro un peu passé de mode, Les Forbans (15), qui ensuite, questionné par les médias, s’est empressé d’expliquer qu’il ne partageait pas les idées du mouvement dont il était venu distraire les cadres et les militants : un aveu d’impuissance culturelle pour une formation politique qui aspire à prendre le pouvoir sans être capable de trouver des artistes correspondant à sa sensibilité. Cela est d’autant plus surprenant que Jean-Marie Le Pen a fondé une entreprise d’édition musicale reconnue (16), que dans le passé le FN et sa fête annuelle ont su offrir une scène à des artistes pouvant se permettre de partager officiellement ses valeurs et même fournir un relais politique à un courant musical nouveau, en l’occurrence le RIF (rock identitaire français).

    La musique marque un territoire

    Si elle ne véhicule pas d’idéologie en elle-même, ce qui n’est pas forcément le cas des chansons, la musique est un outil de convivialité, un référent collectif qui agrège les individus dans des harmonies et des sonorités reconnues par tous. Tous les régimes à toutes les époques ont utilisé la musique comme lien social et instrument de prestige. Rassembler autant de monde dans les rues et avoir l’ambition de prendre le pouvoir sans être capable de définir une identité musicale est une preuve certaine d’incompétence perçue plus ou moins consciemment, mais bien perçue par l’opinion. La musique délimite un espace sonore dans lequel celui qui la produit impose sa marque, son identité. Cette prise de pouvoir sonore occupe un territoire, appelle au rassemblement des individus. La production de sons et de musiques n’est jamais neutre, c’est un acte d’autorité perçu comme tel par ceux qui l’entendent. Il faudra bien se décider un jour à reconquérir une identité musicale.

     Thierry Bouzard
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  • Les dreyfusards sous l'Occupation...

    Les éditions Albin Michel viennent de rééditer un essai de Simon Epstein intitulé Les dreyfusards sous l'Occupation. Docteur en sciences politiques et professeur à l'université hébraïque de Jérusalem, Simon Epstein s'est fait connaître en publiant Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance (Albin Michel, 2008), un essai qui est venu bousculé quelques vérités établies sur cette période complexe...

     

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    " Quel sera l'avenir des dreyfusards, ceux qui avaient vingt ans en 1898 lorsque Zola publia son J'accuse ? Quel fut le passé des collaborateurs, ceux qui se sont illustrés dans la France occupée des années 1940-1944 ?
    Ces deux questions se confondent, constate Simon Epstein après avoir méticuleusement reconstitué plusieurs dizaines d'itinéraires d'intellectuels et d'hommes politiques français qui prirent part, dans leur jeunesse, au combat pour Dreyfus et vécurent jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Certains d'entre eux seront résistants, d'autres resteront neutres, mais beaucoup rallieront l'une ou l'autre des grandes tendances de la collaboration - du pétainisme attentiste et modéré aux formes les plus extrêmes du collaborationnisme raciste et pro-nazi.
    Phénomène paradoxal à première vue, mais au fond assez logique, le déport massif des dreyfusards vers la collaboration n'a pas retenu, jusqu'à ce jour, l'attention des historiens. Simon Epstein passe ici en revue les diverses causes possibles de son occultation. Avec ce livre, il faudra rouvrir bien des dossiers : Péguy, le maurrassisme, le pacifisme, les ambiguïtés de la gauche, les origines complexes et souvent inattendues de la collaboration. "

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  • « Libération », du maoïsme au moralisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur Le nouvel Économiste et consacré à la ligne éditoriale du quotidien Libération dont les ventes en kiosque sont en constante diminution et ne sont plus en mesure d'assurer sa survie...

     

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    « Libération », du maoïsme au moralisme

     

    De leur passé gauchiste, les bourgeois-bohèmes de Libé conservent cependant la phobie de la sécurité et de l’ordre

    D’abord, le doute : doit-on tirer sur une ambulance ? Peut-on courir le risque d’attenter à la liberté de la presse ? Puis le sens du réel l’emporte : ces vingt années écoulées, Libération a tant soutenu les pires lubies de la “culture de l’excuse”, tant déversé de moralisme et d’“antiracisme” monochrome sur les criminologues fermes face au crime, que la crise vécue par ce quotidien tourne à la bonne nouvelle pour la liberté de penser.

    Remontons d’abord aux origines : en 1973, Libé est fondé par des gauchistes idolâtrant Mao Tsé-Toung, (les “Maos”), au moment même où leur dieu vient de présider, coup sur coup, à deux des pires génocides du XXe siècle, dont la funeste “Révolution culturelle” et ses millions de morts – une “catastrophe nationale” pour le pouvoir communiste chinois d’aujourd’hui.

    Mais bien pire encore et même méconnu, ce “Grand bond en avant” (1958-1962) dont le “Soljenitsyne chinois” Yang Jisheng, communiste lui-même, a établi qu’il avait provoqué 36 millions de morts (bien plus que la première Guerre mondiale… 450 fois le nombre de victimes du bombardement atomique de Nagazaki !).

    Ce “génocide le plus épouvantable de toute l’histoire humaine” (New York Times, 7/12/2012) trouve son origine dans le pur fanatisme communiste d’un Mao alors divinisé, en pleine paix, hors de tout désastre naturel et dans une orgie d’horreurs : cadavres jonchant les routes, cannibalisme et nécrophagie familiales, etc.

    Extrait des archives du PC chinois, ces rapports, parmi des milliers d’autres : un paysan exhume quatre cadavres pour les dévorer… une fillette abandonnée tue son petit frère de quatre ans pour le manger… Traversant en bus une province ravagée par la disette, un journaliste de l’agence officielle Xinhua confesse : “Je voyais un cadavre après l’autre au bord de la route, mais nul dans le bus n’osait parler de la famine…”

    Quelques brèves années après ces tragiques crimes contre l’humanité, de jeunes bourgeois gauchistes français s’entichent de Mao et du maoïsme.

    Mais précisons d’abord le concept de “crime contre l’humanité” : la Cour pénale internationale y prévoit clairement l’extermination : “Le fait d’imposer intentionnellement des conditions de vie telles que la privation d’accès à la nourriture et aux médicaments, calculées pour entraîner la destruction d’une partie de la population.” S’agissant aujourd’hui de la Syrie, cette définition est encore renforcée par la voix autorisée du prix Nobel de la paix Elie Wiesel, qui martèle : “Lorsqu’on tue ses propres citoyens en nombre, cela s’appelle un crime contre l’humanité.” (AFP, 23/2/2014.)

    Retour aux “Maos” : hors du prolétariat qu’ils fantasment, point de salut ! Leur idéal : “Servir le peuple”, défendre la “Cause du peuple”. C’est l’époque où un chœur de gosses de riches chante sans rire : “Ecoutez-les nos voix, qui montent des usines…”

    Dans la foulée, Libération est créé. Sa charte d’origine est claire : il doit “donner la parole au peuple”. Mais la désillusion vient vite : les vrais prolétaires rejettent leur indigeste cocktail Mao-Althusser-Lacan. Les maoïstes et leur journal virent alors à l’anarchisme bohème, au libéralisme libertaire ; le contenu du quotidien passant, lui, du journalisme à l’exorcisme et de l’information à l’inquisition.

    Pour les ex-Maos devenus bobos, ces ouvriers qui les ont dédaignés deviennent ensuite objet de mépris, puis de haine : de “Servir le peuple” à salir le peuple… Le 24 novembre 2011, à l’issue de cette trajectoire de trahison, un article de Libé intitulé “Debout les autodamnés d’Angleterre”, vomit une culture ouvrière – de fait éloignée des Gay Prides – marquée par “l’obsession de la masculinité … imprégnée par un violent racisme et sexisme”, avec le risque “d’interprétations réactionnaires et fascistes”.

    Alors, des damnés de la Terre, les prolos ? Pas du tout : ces proto-fachos n’ont que ce qu’ils méritent.

    De leur passé gauchiste, les bourgeois-bohèmes de Libé conservent cependant la phobie de la sécurité et de l’ordre. Dans ses articles et dans les colloques qu’il organise, Libé pourfend toute mesure d’ordre, assurant que l’insécurité est un fantasme et les pires voyous, des victimes de l’exclusion et du racisme. Ceux qui prônent la sécurité ? Des fascistes et rien d’autre.

    En février 2013, son colloque “Prise d’élans pour la ville”, consacré aux “quartiers populaires” et banlieues, ne pipe mot du crime ni des bandes – Libé ou l’art d’ignorer l’éléphant dans la pièce…

    Le 4 octobre dernier encore, entre les tirs de kalachnikov et le pillage des campagnes, Pierre Marcelle, Bobo-en-chef de Libé, ironise lourdement sur “le maxi délinquant de 14 ans déjà épinglé quatorze fois pour vols de Carambars, racket de tickets de métro et tapage nocturne à Mobylette”.

    Résultat : outrés par cet aveuglement et par ces anathèmes, des lecteurs se détournent. Les ventes s’effondrent : moins 40 % de 2012 à 2013. Et même, Libé aurait déjà disparu, sans les millions d’euros de subventions de l’Etat et les dotations de ses actionnaires. Et quels actionnaires pour un journal naguère gauchiste ! Un “promoteur”, une “société foncière” une “banque d’affaires”… Un “capitaliste italien”…

    Cette déroute ramènera-t-elle Libé à la raison ? A exposer la réalité criminelle ? A ne plus ironiser sur le martyre que vivent les habitants de HLM dont les couloirs sont occupés par des racailles ; ou les usagers du RER détroussés par des voyous ?

    A ne plus s’indigner par pleines pages de l’antisémitisme de Martin Heidegger, en occultant totalement celui, pire encore, de Karl Marx ? A abandonner son sectarisme aveugle ?

    Bref, Libé, qui exalte la “diversité”, comprendra-t-il un jour que ce concept peut dépasser la couleur de l’épiderme pour atteindre celui de sa ligne éditoriale ?

    Qu’il se reprenne ainsi et Libé verra à coup sûr ses ventes augmenter. Une renaissance qui serait alors, et tout ensemble, bénéfique à la liberté de la presse, comme à celle de penser librement.

    Xavier Raufer (Le Nouvel Économiste, 21 mars 2014)

     

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  • La barbarie...

    « La situation ne deviendra désespérée que si tout pouvoir de décision est laissé, en matière d'enseignement notamment, à des hommes foncièrement étrangers à la culture, aux technocrates et aux hommes politiques qui s'en font les porte-parole. » Vers la barbarie, entretien avec Michel Henry (Krisis n°1, été 1988)

     

    Les Presses universitaires de France viennent de rééditer l'essai de Michel Henry intitulé La barbarie. Mort en 2002, professeur de philosophie à l'université de Montpellier, Michel Henry a publié plusieurs romans ainsi que de nombreux ouvrages de philosophie. A l'occasion de la publication de cet essai, il avait donné un entretien à la revue Krisis, publié dans son premier numéro.

     

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    « Ce livre est parti d'un constat simple mais paradoxal, celui d'une époque, la nôtre, caractérisée par un développement sans précédent du savoir allant de pair avec un effondrement de la culture. Pour la première fois sans doute dans l'histoire de l'humanité, savoir et culture divergent au point de s'opposer dans un affrontement gigantesque, une lutte à mort, s'il est vrai que le triomphe du premier entraîne la disparition de la seconde. »

    Publié pour la première fois en 1987 (Ed. Grasset et Fasquelle), ce texte suscita un fort intérêt mais aussi de virulentes critiques. Il se révèle de nos jours d'une actualité malheureusement cruelle. Il témoigne de " ce sentiment tragique d'impuissance que tout homme cultivé éprouve aujourd'hui devant les faits ". Il importe, pour penser notre époque, de revenir aux réflexions d'un philosophe qui analyse et pense les causes de la barbarie de notre monde.

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