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Métapo infos - Page 1059

  • Jihadismes : le tournant stratégique ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de François-Bernard Huyghe, cueillie sur son site Huyghe.fr et consacré aux attentats de vendredi à Paris et à Saint-Denis. Spécialiste de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe a publié dernièrement Think tanks : Qand les idées changent vraiment le monde (Vuibert, 2013).

     

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    Jihadismes : le tournant stratégique ?

    Le Vendredi 13 sera-t-il notre onze septembre national ? va-t-il durablement changer la donne ? Au-delà de l'émotion, des réactions destinées à rassurer l'opinion (contrôles, mobilisation...) et au-delà des éléments de langage prévisibles ( fermeté, unité, ne pas céder à la barbarie, nos valeurs, refuser la peur et l'amalgame, se rassembler autour de la République, etc.), il est permis de de demander si les attentats annoncent un tournant stratégique. Ce que les médias traduisent souvent en disant que cette fois "c'est vraiment la guerre" (même si cela fait des mois que le président de la République répète que nous faisions la guerre "au terrorisme" et Valls que c'était la "guerre de civilisation" contre la barbarie).

    ⁃ Sur le plan technico-militaire, l'État Islamique (puisqu'il est désigné comme coupable et revendique, pourquoi en douter ?) a réalisé là une opération para-militaire sans commune avec ce que nous avions connu dans ce pays depuis la guerre d'Algérie, et encore... Trois équipes, trois formes d'action (se faire sauter, mitrailler dans la rue, prendre des otages dans un local, massacrer et attendre la police pour mourir).

    ⁃ Outre la coordination des frappes, le choix des cibles (plus de militaires, d'enfants juifs ou de dessinateurs sensés être ennemis de l'Islam, mais n'importe qui dans la rue, coupable simplement de vivre à Paris "capitale de l'abomination et de la perversion") est riche de sens. Ainsi que l'indique le communiqué de revendication, en frappant des gens au bistrot ou au concert, choses abominables à leurs yeux, les jihadistes voulaient punir notre débauche.

    ⁃ Significatif aussi l'emploi, pour la première fois sur notre sol de la technique du kamikaze à la ceinture d'explosif. En effet, il y a une considérable différence entre mener un opération en étant quasi certain d'être tué par la police et transformer son propre corps en arme en se faisant sauter pour tuer plus de victimes.

    ⁃ Par ailleurs, l'EI, par son communiqué et par les mots prononcés par les terroristes ( c'est pour la Syrie, c'est à cause de Hollande, nous fait savoir que nous sommes punis et qu'il n'y a pas vraiment de revendication à négocier. En effet, sauf à retirer nos troupes de tous les théâtres d'opération et sauf à se convertir au salafisme, on ne voit pas très bien comment Hollande pourrait les apaiser. Par ailleurs, comme l'indique le communiqué de revendication, en frappant des gens au bistrot ou au concert, choses abominables à leurs yeux, les jihadistes voulaient punir notre débauche. La France est pour eux politiquement agressive et moralement décadente.

    ⁃ À la limite, plus cela renforce les sentiments dits islamophobes et plus cela fait l'affaire de l'EI : les ennemis seraient ainsi "démasqués" et les communautés renvoyées à leur destin naturel : s'affronter à mort. C'est la forme moderne de la vieille stratégie provocation, répression, solidarité, radicalisation des luttes.

    ⁃ Plusieurs seuils symboliques ont ainsi été franchis, et il y a au moins une des parties qui est persuadée que nous sommes engagés non seulement dans une guerre mais aussi dans un affrontement global, métaphysique et historique, dont dépend le sort de l'humanité.

    -Comment peut réagir l'autre partie, nous en l'occurrence, à part faire plus de même (plus de lois , plus de contrôles, plus de précautions), donc plus de ce qui a largement échoué ?

    Bien entendu, il ne faut pas exclure qu'une répression policière classique, basée sur un meilleur renseignement, ne donne des résultats partiels. Mais on voit mal comment on pourrait empêcher de nouveaux jihadistes français, ou étrangers (venant assister leurs complices locaux), de recommencer un jour à partir du moment où ils sont prêts à mourir dans l'opération.

    Deux réactions psychologiques seront cruciales :
    La réaction du gouvernement : va-t-il persister dans sa politique du ni-Bachar, ni-Daesh et accepter de se convertir à une stratégie "realpoliticenne" de choix de l'ennemi principal ? Ce qui implique de discuter avec Bachar, avec les Iraniens et avec les Russes.
    La réaction de l'opinion, une fois passé le temps de la tétanie. Verra-t-on un nouveau 11 janvier où la bourgeoisie de centre ville défilera pour témoigner de sa résolution à garder les valeurs de la République, à vivre ensemble et à ne pas faire d'amalgame ? Sans doute, mais ce sera moins efficace cette fois. Une amplification des mouvements anti-migratoires, de la peur de l'islam et du regret des frontières ? Ce n'est pas inconciliable avec la première hypothèse. Réponse dans quelques jours.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 15 novembre 2015)

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  • Au fil du temps...

    Les éditions des Amis d'Alain de Benoist viennent de publier Au fil du temps, un recueil des éphémérides rassemblés depuis quarante ans par Alain de Benoist pour la revue Éléments. Une mine d'or de noms, de faits, de références et de dates... A picorer sans retenue !

    Le livre est disponible sur le site de la revue Éléments et sur le site des Amis d'Alain de Benoist.

     

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    " La revue Éléments publie dans chacun de ses numéros une page d’Éphémérides. Cette rubrique a été inaugurée en juin 1975, il y a maintenant quarante ans, et elle s’est poursuivie sans interruption depuis cette date. Ce livre reprend toutes les Éphémérides publiées à ce jour dans Éléments, en se présentant comme une sorte de calendrier, où chaque référence est placée chronologiquement à la date qu’elle occupe dans le déroulement de l’année.

    Ce recueil ne cherche en aucun cas à rivaliser avec les répertoires, calendriers ou dictionnaires historiques déjà existants, pour l’excellente raison qu’il ne prétend nullement parler de manière indifférenciée de tous les personnages ou de tous les événements du passé. Il donne des références d’ordre historique, politique, artistique ou littéraire, il cite les personnages ou les événements les plus divers mais, inévitablement, il accorde plus d’importance à certains sujets qu’à d’autres. A côté des dates incontournables et des figures de premier plan, sa caractéristique principale est de chercher à évoquer aussi des personnages peu connus ou des événements souvent négligés. Son originalité, en d’autres termes, est de jeter sur le passé un regard non dépendant des modes du moment. "

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  • Réflexions sur la fusillade parisienne et ses suites...

    Nous reproduisons ci-dessous une réflexion de Julien Rochedy, livrée à chaud, à la suite des attentats meurtriers de vendredi à Paris...

     

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    Le récent à prévoir : réflexions sur la fusillade parisienne et ses suites.

    Je réagis à chaud, presque hâtivement, mais je crois qu'il va falloir habituer ses nerfs et son cerveau à réagir de la sorte, car les événements vont désormais s'accélérer. Le temps des longues réflexions et des points de vue distants sont des luxes de temps de paix.

    Je ne reviendrai pas sur le choc émotionnel et moral de ces attentats. D'une parce qu'il est évident, de deux parce qu'il ne sert à rien, et de trois, surtout, parce que je n'ai pas envie de faire plaisir aux sectateurs de l'Islam le plus violent, qui salivent comme des chiens à l'idée qu'ils aient pu nous choquer ou nous traumatiser.

    C'est dur, c'est horrible, ça fait mal : ça s'appelle l'Histoire qui revient.

     

    L'ennemi de l'intérieur

    Hormis quelques (un seul ?) terroristes qui risquent bien d'être l'un de ces doux et gentils réfugiés qui venaient s'échouer en Grèce, la plupart d'entre eux semblent bien être de nationalité française, ou, tout du moins, d'avoir été aidés par des réseaux Français (et Belges).

    Ce constat marque la quasi-inutilité de la fermeture des frontières décidée par François Hollande, mais elle appuie surtout sur la caractère illusoire du principe des nationalités dans l'Europe occidentale actuelle. En particulier, je fais référence à la nationalité française. Celle-ci, ayant été distribuée sans prudence et sans ménagement depuis déjà quarante ans, est absolument démonétisée. Elle ne garantie plus rien. Elle ne signifie plus rien. Des populations différentes, voire antagonistes, peuvent désormais avoir la même nationalité. Dans ce cas de figure, les éléments constitutifs de l'identité devront, demain, être cherchés ailleurs. Ces éléments seuls font naître et garantissent des morphologies politiques. Ou dirai-je : des communautés politiques.

    De ce que je sais et de ce que je vois, si Paris, dans son intelligentsia, ne veut pas prendre la mesure d'un tel bouleversement et tentera de le nier (y compris les partis nationalistes du type Front National), les populations, elles, s'en aperçoivent. C'est déjà trop tard, les populations de nationalité française ne formeront plus jamais une communauté « une et indivisible ». Nous sommes désormais plusieurs et divisés, et nous allons devoir vivre ainsi pendant au moins plusieurs décennies.

     

    La rencontre qui n'aura pas lieu

    Acte 1

    Dans un premier temps, la population va vouloir faire corps avec son État. Par peur, elle va naturellement se tourner vers lui, et lui demander de prendre des mesures puissantes, d'être plus fort, quitte même à ce que ça lui coûte sur le plan de ses libertés, déjà fortement réduites de toutes façons.

    Comportement classique de toute population qui a peur. Élément renforcé, de surcroît, du fait que la population en question soit Française, c'est à dire absolument habituée à devoir tout à l’État, et à attendre tout de lui.

    Acte 2, concomitant

    L’État va prendre des « mesures », mais il ne maîtrise déjà plus rien. Ses forces sont trop faibles pour faire face à des populations hostiles en son propre sein. Car, en terme de terrorisme, nous nous exposons encore à deux choses : d'abord, des actes prévus et planifiés comme celui auquel nous avons été confrontés hier (13.11.15), qui ne vont pas s'arrêter de sitôt tant que le Moyen-Orient sera une poudrière ; ensuite, à des actes isolés de jeunes musulmans (comme ce fut le cas à Grenoble avec la tête coupée au mois de juin) qui fantasment l’État islamique. Ceux là sont très nombreux1.

    Je sais, de sources policière proches (et très haut gradés), que les effectifs sont en sous-nombre et que le renseignement est défaillant. Mais sans même parler de logistique, l’État est désarmé idéologiquement pour faire face : il lui faudrait une énergie, d'autres idées, et, oserai-je, une violence, qu'il n'a pas, qu'il n'a plus.

    Pire encore, en vertu de son logiciel, et comme c'est le cas pour tous les États défaillants et déjà morts dans l'Histoire, toutes les mesures qu'il prendra ne feront qu'aggraver le mal. Un seul exemple, bien qu'il y en aurait des dizaines : bêtement, il va s'en prendre au trafic d'armes. Mais comme il ne maîtrise plus les banlieues depuis longtemps, qu'il a ouvert ses frontières et qu'il est la proie de mille corruptions, tout ce qu'il pourra faire sera d'empêcher les Français (pas au sens de la carte d'identité, n'est-ce pas) de posséder des armes. De fait, il désarmera des gens qui seront pourtant de plus en plus dans la détresse. Pareillement, il continuera de tenter de désarmer les gens idéologiquement (propagande pour le vivre-ensemble, pas d'amalgames, etc.).

    Acte 3

    De fait, la rencontre entre la peur de la population et un État fort qui sera capable de la protéger, n'aura pas lieu. La première, turbide, existe. Le deuxième, et on le verra, n'est déjà plus qu'une fiction.

    Épilogue

    Comme à la fin de l'Empire romain et le haut moyen-âge, les gens vont commencer à se détourner des institutions pour tenter de s'organiser d'eux-mêmes. Le monde nouveau commencera : celui d'un monde en grappes.

    Vous avez la le thème de l'essai que j'écris actuellement, puisqu'on me le demande souvent.

     

    Résultat : encore une fois, prenons acte du monde qui décède sous nos yeux et entrons vite dans le suivant. Tout le reste n'est que dilatoire.

     

    Julien Rochedy (Rochedy.fr, 14 novembre 2015)

     

    Note :

    1 - J'ai moi-même été saisi par le nombre de racailles qui ont une très bonne opinion de leurs « frères » musulmans qui se battent en Orient. Au mois de juillet, j'ai même corrigé (et il a douillé...) un arabe qui, après s'être pris un vent par une jeune fille, la menaçait de lui « couper la tête » comme le font « ses frères ». Ces anecdotes ne manquent pas.   

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  • Tour d'horizon... (98)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur son blog La voie de l'épée, Michel Goya nous alerte sur les grandes décisions qui vont nécessairement devoir suivre l'attaque terroriste majeure qui nous attend dans les mois à venir...

    Le jour d’après la grande attaque

     [ Programmée depuis plusieurs jours, la publication de ce lien vers un texte du colonel Michel Goya, daté du 25 octobre, trouve, avec les attentats de Paris du 13 novembre, une résonance tragique. Nous sommes le jour d'après... Certains, manifestement, ne s'en sont pas encore rendus compte.]

     

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    - sur son blog Défense en ligne, Philippe Leymarie revient sur la menace que constitue le chaudron du Sahel...

    Bienvenue au Sahelistan

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  • Feu sur la désinformation... (66)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Presse subventionnée, la manipulation de Fleur Pellerin.
    • 2 : Le zapping d’I-Média.

    • 3 : Infographies truquées chez BFM.
    • 4 : Tweets d’I-Média.
    • 5 : Nord Littoral, la presse de délation.
    • 6 : Le bobard de la semaine.

     

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  • Le miel...

    Les éditions Gallimard viennent de publier, dans leur collection de poche Folio, un roman de Slobodan Despot intitulé Le miel. Ecrivain et éditeur, Slobodan Despot est l'auteur de plusieurs livres, dont des recueils de chroniques mordantes, Despotica (Xénia, 2010) et Nouvelleaks (Xénia, 2015).

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    Il faut lire Le Miel, court et lumineux roman de Slobodan Despot, paru dans la collection Blanche de Gallimard.

    Voici son argument brièvement présenté: « En sauvant un apiculteur déraciné, le Vieux, au bord d’une route délabrée par la guerre, Vera l’herboriste ignore qu’elle se sauve elle-même. Pour le comprendre, il lui faudra recueillir l’histoire du fils, Vesko le Teigneux, encore prisonnier de ses peurs.
    Le voyage épique de Vesko en voiture avec son père, à travers un pays devenu étranger, n’a été possible que par la grâce d’une substance bénéfique, un véritable viatique : le miel. Chacun de nos gestes compte. »

    Ce road trip poétique à travers l’ex-Yougoslavie déchirée par la guerre est aussi un roman de réinformation.

    Dans Le Miel il n’y a ni « bons » ni « méchants » mais des hommes qui luttent. Slobodan Despot nous y montre l’envers du miroir : la guerre vue du côté des diabolisés.

    Avec des formules qui claquent comme des balles :

    « (Dusan) se distingua suffisamment par sa bravoure pour figurer sur la liste des criminels de guerre dressée par le camp d’en face » (p. 31) ;

    « L’architecture moderne et son équivalent le communisme ont voulu tout standardiser, tout rationaliser » (p. 60) ;

    « “Dans cette province riante, chaque hameau est un Oradour-sur-Glane”, écrivit le petit journaliste dans son quotidien. On lui retira le dossier yougoslave pour partialité. Il fut le dernier étranger à recueillir et relayer la voix de cette enclave serbe » (p. 61) ;

    « Contre qui prendre parti, sinon contre les mensonges qui déferlaient avec un grondement de cataracte… » (p. 120).

    Mais au-delà de la politique et de la guerre, le héros redécouvre la nature : « Tandis qu’il contemplait ces forêts silencieuses, une question toute bête vint lui occuper l’esprit : comment appelait-on ces arbres ? De quelle essence, les hautes futaies ? De quelle essence, les arbres frisés ? Et ces magnifiques frondaisons qui scintillaient en gris et argent au gré du vent, et dont le bruissement devait être une caresse ? Aucune idée. Son père les connaissait sans doute. Mais lui, le stupide citadin, allait peut-être mourir sans avoir su reconnaître un seul arbre autour de lui. (…) Qu’avait-il appris au juste ? » (p. 69, 70).

    Voici un miel à déguster d’urgence !

    Jean-Yves Le Gallou (Novopress, 10 juillet 2014)

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