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  • Euramérique, Eurorussie ou Eurasie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexandre Latsa, cueilli sur le site l'agence d'information Ria Novosti et consacré aux choix géopolitiques qui s'offrent respectivement à l'Union européenne et à la Russie...

     

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    Euramérique, Eurorussie ou Eurasie ?

    Récemment, le site Atlantico a publié un échange de réflexions fort intéressant entre Alexandre Del Valle et Alexandre Melnik sur les perspectives viables pour l’Occident. Les deux Alexandre, qui n’ont de commun que leurs prénoms, prônent deux voies différentes et opposées pour la réaffirmation de l'Occident puissance: l’Alliance continentale Europe-Russie ou l’alliance transatlantique Europe-Amérique.

    Cette thématique semble prendre une importance croissante au fur et à mesure que les relations Russie-USA se détériorent, que l’Europe s’enfonce dans la crise et que la Russie regagne stratégiquement des positions, réaffirmant ainsi peu à peu sa position de grande puissance. La même semaine, le site Europe-Israël publiait lui un article intitulé: La morale change de camp, article très élogieux envers Vladimir Poutine et envers la politique russe dans le monde musulman, présentant une Russie devenue la protectrice des minorités, notamment chrétiennes. Le site prenait en exemple les manifestants de la place Tahrir qui dénonçaient l’alliance entre Etats-Unis et Frères musulmans et appelaient la Russie à s’impliquer dans la révolution égyptienne.

    L’occident a été historiquement lié à l’Europe, la Méditerranée puis l’Europe du nord et de l’ouest, avant de ne se juxtaposer sur le monde anglo-saxon dès le 17ième siècle via l'empire colonial de l'Angleterre et sa puissance maritime. Ce règne de la rose n’a réellement pris fin qu’après la première guerre mondiale, qui a historiquement marqué la fin des empires européens, y compris l'empire britannique, supplantés par la puissance la plus occidentale et la plus maritime d’Occident: les Etats-Unis d’Amérique.

    Ceux-ci achèveront la déseuropéanisation de l’Occident en confirmant leur leadership planétaire en 1991, lors de la mort de l’Union Soviétique. La fin de l’Union Soviétique scellera aussi le destin eurasien de la Russie et donc le déplacement du centre d’attraction du continent vers l’Est et l’Eurasie. La disparition de cet empire permettra donc paradoxalement à l’Europe réelle d’entamer une tentative historique de raccord entre son Ouest et son Est et ainsi de tenter d’affirmer son unité territoriale, continentale et politique. Cela entrainera une rupture sans doute désormais totale et fondamentale entre le monde continental et le monde occidental.

    Ce leadership américain qui a été baptisé par le président Bush "le nouvel ordre mondial" s'est développé et affirmé grâce à une formidable domination militaire et économique. Ce dispositif hyperpuissant a mis l'Europe sous contrôle, logiquement étendu sa zone d'influence vers l’Eurasie et l'Asie centrale tout en multipliant les interventions militaires dans le monde musulman. Pourtant, cette domination américaine sera aussi brève, d’un point de vue historique, que ne seront rapides le redressement russe et l’émergence de la Chine, dont on voit mal aujourd’hui ce qui pourrait l’empêcher de devenir la première puissance mondiale dans la décennie qui vient. Si le monde se désoccidentalise rapidement, le centre de gravité des puissances se déplace inexorablement vers l'Asie.

    L’Europe de Bruxelles n’a pas transformé l’essai et il est peu probable qu’elle le fasse. L’Union s’est transformée en un "machin" que le Général de Gaulle n’aurait pas pu imaginer même dans ses pires cauchemars: Une entité sans aucune souveraineté politique, comme le souhaitent les donneurs d’ordres de Washington, et gouvernée par une bureaucratie de petits fonctionnaires sans horizons politiques qui espèrent tout en la craignant l’adhésion à l'UE d’une Turquie conquérante et par ailleurs seconde puissance de l’Otan. Pour les plus pessimistes, la crise économique, l’absence de souveraineté, l’échec du modèle multiculturel dans tous les pays d'Europe et l’absence d’élites ne devraient vraisemblablement laisser à Bruxelles que quelques années avant un démembrement volontaire et une sortie de l’histoire par la petite porte. Les nations européennes pourraient-elles y survivre? Sauront-elles le cas échéant renouer avec un nouveau destin continental?

    Dans ces conditions, un rapprochement UE-Russie est-il imaginable? La puissance russe n'est pas d'origine maritime, la Russie n’a pas connu la renaissance après le moyen âge, et sa révolution industrielle a été tardive. En outre la démocratie à l’occidentale est encore au banc d'essai en Russie et il semble de plus en plus évident que ce modèle ne soit pas adapté pour gouverner le plus grand territoire de la planète ni de maintenir unis un si grand nombre de peuples si divers. Fait remarquable également, la Russie est le seul empire continental qui ait survécu en maintenant relativement en vie sa sphère d’influence linguistique, culturelle et politique au cœur de l’Eurasie: en Asie centrale et dans le Caucase.

    Peut-être à cause de ce parcours historique bien spécifique, la Russie ne fait aujourd’hui encore que peu confiance à un "Ouest" (Zapad en russe désigne l’Occident, ce qui inclut encore aujourd’hui tant l’Amérique que l’Europe de Bruxelles) contre lequel elle a historiquement presque toujours été en guerre ouverte ou larvée. En outre, les modèles de sociétés proposés par l’Occident ne sont pas perçus comme viables ni compatibles avec les souhaits et aspirations de la population russe et encore moins avec le projet global des élites russes pour leur pays. On peut facilement comprendre, au vu des difficultés qu’à connu la Russie pour se redresser et créer un embryon de modèle propre de société (l’État-Civilisation), son souhait de ne pas s’associer ni essayer de s’assimiler à des ensembles politiques et civilisationnels visiblement en crise profonde.

    En outre, le basculement lourd et historique du monde vers l’Asie, dans laquelle se trouve 75% du territoire russe ne devrait pas particulièrement inciter Moscou à se tourner à l’Ouest vers la zone euro-atlantique mais plutôt à l’Est, vers la zone Asie-Pacifique pour tenter de profiter du formidable potentiel de la Chine, avec lequel la Russie est d’ailleurs en train de nouer un partenariat historique.

    Le 21ème siècle verra-t-il l’émergence d’un tandem gagnant composé des deux ex-géants communistes et de leurs sphères respectives d’influence?

    Il semble par conséquent que l’existence d’un Occident-puissance qui, il faut le rappeler reste à ce jour son adversaire stratégique principal, ne soit sans doute pas l’intérêt primordial d’une Russie qui, si elle encore majoritairement slave et chrétienne, n’en reste pas moins aujourd’hui  une puissance eurasiatique et orthodoxe d’abord et européenne ensuite. Le renouveau de la Russie semble du reste à ce jour être inspiré par deux idées ou directions stratégique essentielles, l'une post-byzantine et l'autre postsoviétique (vers l’Eurasie) traduisant sans doute très clairement que la Russie ne se destine pas du tout à devenir un membre du club occidental.

    La Russie n'est-elle pas, après tout, l’héritière historique, religieuse et spirituelle de Byzance et donc de l’empire romain d’Orient, et non de l'empire romain d’Occident?

    Alexandre Latsa (Ria Novosti, 21 août 2013)

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  • Une construction européenne kafkaïenne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'André Grjebine, cueilli sur le site du quotidien Le Monde et consacré aux impasses de la construction européenne telle qu'elle a été imaginée par les eurocrates de Bruxelles et d'ailleurs. André Grjebine est directeur de recherches au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po.

     

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    Une construction européenne kafkaïenne

    Comment expliquer qu'après avoir promis la croissance et le bien-être pour tous, l'Union européenne (UE) soit devenue cette union d'Etats dont les gouvernements désemparés s'avèrent incapables de faire face à la crise ? Comment est-on passé de Keynes à Kafka ?

    C'est là que vient à l'esprit une question qu'on ose à peine formuler : aussi habile, aussi nécessaire même qu'il ait pu paraître, la mise entre parenthèses du politique n'est-elle pas le ver dans le fruit qui a pourri la construction européenne ? Elle a soumis la communauté en formation à une loi sociologique qui veut que les structures bureaucratiques n'aient pour fin que leur propre expansion, à la fois en élargissant sans cesse leur sphère d'action et en accaparant toujours plus de pouvoir dans un nombre toujours plus grand de domaines de compétence.

    La règle s'est ainsi imposée selon laquelle devait être considéré comme bon tout ce qui allait dans le sens de l'intégration et du consensus, mauvais tout ce qui allait en sens contraire. L'objectif est devenu d'éliminer à tout prix les conflits, en oubliant que la démocratie se nourrit des conflits. Il est vrai que dans ce système les gouvernements démocratiquement élus sont perçus comme des institutions démagogiques, pour ne pas dire des empêcheurs de tourner en rond. L'indépendance des banques centrales, et singulièrement de la Banque centrale européenne (BCE), est devenue le symbole de ce dessaisissement des Etats. Ce n'était qu'un premier pas. Une étrange constellation s'est constituée, composée d'innombrables institutions communautaires non élues et de gouvernements nationaux. Ces derniers n'ont pas été à proprement parler dépossédés de leur pouvoir, mais ils ne peuvent l'exercer qu'à condition de suivre les normes qui leur sont imposées de l'extérieur. Cet extérieur n'est pas un pouvoir central, ni même un quelconque autocrate, mais une entité aux visages multiples, sans nom et sans contours précis, qui ne tire sa puissance que du mouvement d'expansion qui, une fois impulsé, échappe à tout contrôle. En mettant en oeuvre une politique de relance communautaire, l'UE aurait pu contrecarrer le discrédit de la politique de la demande, qui à l'échelle nationale bute sur la contrainte extérieure. La plus grande partie des échanges des pays européens ont lieu, en effet, entre ces pays. De surcroît, une relance coordonnée de l'ensemble de la zone euro aurait entraîné une dépréciation de l'euro, favorable à sa balance commerciale avec le reste du monde. Au lieu de quoi, sous l'emprise de l'orthodoxie allemande et du libéralisme ambiant, les règles imposées aux Etats membres n'ont fait que renforcer leur impuissance, sans que la Communauté en prenne le relais. Les politiques budgétaires ont été enfermées dans un corset juridique. Dans une démocratie, les citoyens sont invités, au moment des élections, à se prononcer sur les résultats obtenus, notamment en matière économique. Dans l'UE, où seul le Parlement européen est élu, mais avec une audience et des pouvoirs encore relativement limités, c'est moins l'efficacité de la politique économique qui est reconnue ou sanctionnée par les citoyens que sa conformité aux règles de droit qui est jugée par des commissaires, des commissions ou des juges. La question est alors de savoir si les critères de Maastricht et d'autres sont respectés et non si la croissance est excessivement faible et si le chômage augmente. La règle d'or que Mme Merkel a imposée à ses partenaires renforce encore ce juridisme. Le comportement des dirigeants français illustre bien la perversion de la politique à laquelle peuvent conduire le mélange de règles rigides et l'obsession du consensus. En général, les hommes d'Etat définissent une stratégie faite d'avancées et de concessions en fonction des objectifs qu'ils se proposent. Nos dirigeants, mais ils ne sont pas les seuls, ont adopté la démarche inverse : ils sont prêts à sacrifier leurs promesses électorales pour se conformer aux normes qui leur sont imposées. Les concessions ne sont plus pour eux un moyen de parvenir à leurs fins. C'est de faire toutes les concessions nécessaires pour parvenir au consensus qui est devenu leur priorité, quelles qu'en soient les conséquences. Quand, à l'issue du Conseil européen des 7 et 8 février, François Hollande se félicite d'avoir obtenu un compromis, alors qu'il vient d'accepter une réduction du budget communautaire, c'est-à-dire d'avaliser que l'UE s'éloigne encore davantage de la perspective d'une politique de relance, il illustre parfaitement cette inversion des priorités. Dans tout système qui se veut consensuel, la langue de bois est de règle. Elle est un moyen privilégié pour juguler les velléités de contestation qui pourraient déboucher sur des conflits. Parler de croissance quand on met en oeuvre une politique dont on sait qu'elle va conduire à la stagnation est devenu habituel. De même, les références permanentes à la convergence sont censées effacer la divergence des économies européennes que l'on observe pourtant depuis des années. Enfin, quiconque critique le fonctionnement de l'UE est aussitôt accusé d'être un antieuropéen primaire. Dans ce contexte, les élections qui viennent de se dérouler en Italie sont symptomatiques du désarroi ambiant. Dans un système démocratique, et même dans une autocratie, le mécontentement populaire peut être dirigé sur une cible : une majorité que l'on peut espérer remplacer, un dictateur dont on attend qu'il soit renversé. Dans un système oligarchique comme celui qui prévaut au sein de l'UE, le pouvoir est suffisamment dilué pour être hors d'atteinte. Il ne reste pour témoigner de son mécontentement que le rejet et le ricanement. De la même façon, dans l'URSS, les anecdotes contre le régime étaient le principal moyen de contestation, un procédé passif et sans risque pour le pouvoir en place... jusqu'à son enlisement final. C'est ce dont viennent de témoigner les électeurs italiens, las de cet exécutant appliqué des exigences communautaires qu'a été Mario Monti. Beppe Grillo serait-il le triste avenir de l'Union européenne ?

    André Grjebine (Le Monde, 6 mars 2013)
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  • "Que la troïka aille se faire voir !"...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bertrand Renouvin, cueilli sur son blog et consacré à la colère qui monte au Portugal, information peu reprise en France, bien entendu...

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    Que se lixe a troïka !

    Que la troïka aille se faire voir ! Le samedi 2 mars, ce n’est pas en Grèce que ce slogan a été hurlé, mais au Portugal. Un million de personnes ont manifesté dans les rues de Lisbonne et de toutes les villes portugaises pour exiger le départ des troïkans (1) et la démission du gouvernement.

    C’est là un événement majeur, qui s’inscrit dans la longue série des mouvements de grèves et de révoltes qui secoue la Grèce, l’Espagne, l’Italie et le Portugal – tous pays impitoyablement frappés par les mesures d’austérité. Pourtant, les chaînes publiques de la télévision française n’y ont pas prêté attention : rien sur France 2 au soir du 2 mars et rien non plus au « 20 heures » du dimanche. Sur Soir 3, l’événement a été rapporté à l’aide de quelques images assorties d’un bref commentaire : pas plus de 30 secondes.

    Les responsables de l’information sur les chaînes publiques ne peuvent pas dire qu’ils étaient mal informés et qu’ils n’avaient pas de place dans leurs éditions.  Pour ne prendre qu’un exemple, le 2 mars, huit minutes ont été consacrées à divers reportages sur les départs en vacances d’hiver au « 20 heures » de France 2. Quant à l’information, elle était à portée de la main puisqu’une dépêche de l’AFP annonçait une « marée humaine contre l’austérité » et décrivait les rues de Lisbonne animées par un défilé de 500 000 personnes qui chantaient Grândola Vila Morena, l’hymne de la Révolution des Œillets. Il y avait donc, à la disposition des chaînes publiques, de l’image et du son.

    Il n’était pas non plus bien difficile de rédiger un commentaire sur les causes de la révolte car elles sont partout identiques. En échange d’un prêt du FMI en 2011, le gouvernement portugais s’était engagé à ramener son déficit public à 4,5% du PIB en 2012, à 3% en 2013, à 1% en 2015 et à 0,5% en 2016 afin de se conformer à la « règle d’or » de l’équilibre budgétaire. Comme on pouvait s’en douter, ces engagements n’ont pas été tenus. Le gouvernement a donc demandé à la troïka un délai supplémentaire tout en faisant adopter pour 2013 un budget d’une exceptionnelle dureté alors que la récession atteint 3,2 %, alors que le taux de chômage dépasse 16% de la population active et frappe 40% des jeunes de moins de 25 ans. Ecrasés par les hausses d’impôts qui s’accompagnent de blocages ou de baisses des salaires, les Portugais ne peuvent plus croire les promesses dont ils sont abreuvés. Le FMI annonçait une récession de – 1% pour cette année, mais le gouvernement reconnaît qu’elle atteindra – 2%.

    Ces informations ne sont pas difficiles à trouver. Il suffit de quelques minutes de recherche sur la Toile pour nourrir un commentaire. Mais les directeurs de l’information télévisée ne sont pas intéressés par le « dossier » portugais. C’est tout à fait compréhensible. Montrer semaine après semaine qu’il existe un lien étroit entre l’austérité et la récession en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, ce serait donner aux téléspectateurs français des idées fort peu convenables à l’heure où les ministres de gauche plaident pour l’effort en promettant le retour de la croissance pour la fin de l’année.  Sur ce point, il est intéressant de noter que l’an dernier le gouvernement portugais espérait « un début de relance en 2013 » avant de reconnaître sa bévue. Mario Monti avait lui aussi promis la relance lorsqu’il avait présenté en novembre 2011 son plan d’austérité – mais l’Italie est en récession durable. Et Lucas Papadémos avait promis en mars 2012 que la Grèce renouerait avec la croissance «d’ici moins de deux ans» – alors que le gouvernement prévoit aujourd’hui une récession de – 4,5% en 2013.

    Que d’erreurs de prévision chez ces gens bardés de diplômes, expérimentés, bien informés et de surcroît conseillés et guidés par ces messieurs de la troïka. Cela ressemble fort à un mensonge concerté, tellement répétitif et grossier que la colère s’en trouve décuplée.

    Bertrand Renouvin (Le blog de Bertrand Renouvin, 4 mars 2013)

    (1) Troïkans : membres de la troïka composée de représentants de la Banque centrale européenne, du FMI et de la Commission européenne.

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  • Balkans : un éclatement programmé...

    Les éditions Xénia viennent de publier un essai d'Alexis et Gilles Troude intitulé Balkans : un éclatement programmé. Spécialistes de l'ex-Yougoslavie, les auteurs reviennent, vingt ans après le début du  processus de dissolution de ce pays, sur cette crise, dont les principaux bénéficiaires ont été les Etats-Unis au travers de l'OTAN... 

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    "L’éclatement de la Yougoslavie, dés les années 1991-1992, accompagné de guerres civiles meurtrières, fut un grand traumatisme européen. Ce fut également le modèle et le banc d’essai de toutes les ingérences occidentales de l’ère post-soviétique, justifiées par la défense des minorités et des droits de l’homme, mais sous-tendues par des objectifs géopolitiques précis.
    Vingt ans plus tard, alors que les armes se taisent et que les passions paraissent endormies, Alexis-Gilles Troude jette un regard rationnel sur ces événements déjà entrés dans l’histoire.
    Présentées à l’époque, en Occident, comme des insurrections spontanées et autonomes des peuples assoiffés de liberté et de démocratie contre le pouvoir centralisateur de Belgrade, les sécessions des années quatre-vingt-dix révèlent une implication lourde des facteurs étrangers, notamment américains, tant sur le plan militaire et diplomatique que dans le domaine du conditionnement de l’opinion.
    Mettant en évidence les circonstances réelles de cette recomposition, cet ouvrage se penche également sur le destin des nouveaux Etats créés sur le territoire yougoslave et sur leurs chances de stabilisation et de survie dans le contexte actuel. Soulevant autant de questions qu’il apporte de réponses."

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  • Les snipers de la semaine... (46)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Atlantico, Stéphane Courtois dézingue le député UMP Thierry Solère pour sa méconnaissance crasse de la période de l'Occupation...

    Comment peut-on être assez ignorant pour croire encore que les “collabos” venaient tous de l’extrême-droite et les résistants de la gauche ?

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    Marcel Déat, figure socialiste de la Collaboration

    - sur Valeurs actuelles, David Victoroff flingue le gouvernement Potemkine de Jean-Marc Ayrault, qui essaie péniblement de cacher que le vrai pouvoir se situe à Bruxelles...

    Gouvernement Potemkine

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  • Les législatives sans le peuple...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse d'Andrea Massari et de Michel geoffroy, cueillie sur Polémia et consacrée aux leçons qu'il est possible de tirer des élections législatives...

     

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    Les législatives sans le peuple

    1-Une abstention record

    Au deuxième tour de l’élection législative, le 17 juin 2012, 47,60% des électeurs se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul. C’est un record absolu sous la Ve République. Plus de la moitié des moins de 44 ans se sont abstenus, tout comme la majorité des employés et des ouvriers. Illustration du désintérêt pour l’élection : durant l’entre-deux-tours, les couvertures des magazines (Le Nouvel Observateur, L’Express, Marianne) titraient, non sur l’enjeu du scrutin, mais sur la guerre des concubines présidentielles (« La première femme contre la première dame », selon France Dimanche).

    2-Une assemblée à la représentativité douteuse

    Avec 16,5% des inscrits au premier tour le Parti socialiste a la majorité absolue. Avec 2% à l’élection présidentielle, les écologistes disposent de 18 élus. Avec 18% à l’élection présidentielle, le Front national dispose de 2 élus.

    On notera, en contrepoint, que les minorités ethniques disposent au titre de la « diversité » de 10 députés et de 3 ministres.

    Précisons que la circonscription de Marine Le Pen avait été redéfinie par le gouvernement Fillon pour rendre la victoire de la gauche plus facile (avec l’ancien découpage Marine Le Pen aurait été élue avec 53% des suffrages !)

    Marine Le Pen (18% à la présidentielle), Jean-Luc Mélenchon (11%), François Bayrou (9%) sont exclus de l’assemblée nationale : soit trois personnalités représentatives de 38% des électeurs.

    3- La stratégie centriste de Fillon, Copé, Juppé a démobilisé les électeurs UMP

    Avec la « stratégie Buisson », celle d’un langage à droite toute, Nicolas Sarkozy est parvenu à rassembler 48,5% suffrages, le 6 mai 2012. A contrario, la mollesse de la campagne législative Copé/Fillon a accentué la démobilisation naturelle de l’électorat. L’UMP ne retrouve que 44% des suffrages, soit 4,5 points de moins qu’à la présidentielle.

    Les reports du FN vers l’UMP ont été découragés par les déclarations politiquement correctes des Juppé, Dati, Jouanno (tous non candidats), NKM et autres Copé.

    A contrario, les médias ont beaucoup glosé sur la défaite des élus UMP de la droite populaire, sans voir que beaucoup d’entre eux partaient de situations très défavorables ; pourtant, dans leurs circonscriptions, Jean-Paul Garraud, Brigitte Barèges ou Bernard Carayon, quoique battus, limitent les pertes par rapport à la moyenne nationale.

    4- L’union à droite, cela marche : le populiste Bompard élu à Orange

    L’élection de Jacques Bompard à Orange a été très largement passée sous silence par les médias. Or Bompard a été particulièrement bien élu, obtenant près de 59% des suffrages. Parti de 22% au premier tour, il a réuni sur son nom la quasi-totalité des 40% de suffrages dispersés sur le Front national, l’UMP et les candidats divers droites. Ce brillant résultat est le fruit d’une fidélité sans faille à ses convictions politiques, d’un travail de terrain constant et d’une habile stratégie électorale. C’est dans ce contexte, propre au Comtat Venaissin, que Marion Le Pen a été élue à Carpentras avec l’aide de l’équipe de campagne de son suppléant intelligemment choisi parmi la Ligue du Sud de Bompard.

    5-Les reports UMP/FN ont existé et le Front national est donc entré dans un processus de normalisation politique

    Là où le FN était fort, il a bénéficié de bons reports de l’UMP : notamment à Hénin-Beaumont dès le premier tour ; dans le Gard pour Gilbert Collard qui a même bénéficié, au deuxième tour, d’un « vote utile » en sa faveur ; et aussi dans les Bouches-du-Rhône où deux candidats FN ont atteint 49% : des chiffres insuffisants pour gagner mais néanmoins très significatifs, puisque supérieurs aux résultats obtenus en 1988 et 1997. De même Florian Philippot a bénéficié de bons reports UMP en Lorraine.

    Le Front national est donc bien entré dans un processus de normalisation politique, au grand dam de la gauche et de l’oligarchie.

    Cela tient à la fois à la personne et à l’action de Marine Le Pen, mais aussi au fait que la situation générale de notre pays et de l’Europe confirme les analyses de la droite identitaire. Le discours d’ostracisme vis-à-vis du Front national est donc de moins en moins audible, dans un pays de plus en plus en crise. Le Front de gauche, malgré un soutien systématique de l’oligarchie médiatique, a d’ailleurs été incapable de supplanter le Front national, en particulier à cause de sa position sur l’immigration.

    6-La partialité médiatique a une fois de plus biaisé l’élection en faveur des médiagogues

    Il y a une grande différence entre un référendum et une élection représentative. A un référendum les électeurs votent pour des idées et des projets. A une élection représentative les électeurs votent aussi en fonction des images des candidats. Ainsi certains candidats – NKM par exemple – sont angélisés. D’autres sont diabolisés, comme le furent Christian Vanneste (éliminé dès le premier tour), Nadine Morano ou Jean-Paul Garraud. Et l’opinion est, volens nolens, influencée par les personnalités les plus présentes dans les médias qui sont précisément celles qui tiennent le discours le plus convenu et le plus politiquement correct.

    7-Hollande : des pouvoirs réduits, une légitimité faible

    Les médias ont glosé sur les pouvoirs rassemblés par Hollande : la majorité absolue de l’Assemblée nationale, la majorité du Sénat, la majorité des collectivités territoriales.

    Mais ces pouvoirs sont limités par ceux des organisations internationales : l’Union européenne, l’Organisation mondiale du commerce, l’OTAN. Sa marge de manœuvre est dérisoire.

    En interne ses pouvoirs sont limités par les organes juridictionnels : sait-on, par exemple, que depuis 40 ans, 90% des lois et décrets sur l’immigration ne sont pas le fait des députés mais celui du Conseil d’Etat, de la Cour de cassation, du Conseil constitutionnel, de la Cour de justice européenne, de la Cour européenne des droits de l’homme ?

    Hollande a été choisi (à défaut de DSK, indisponible) comme gérant d’apparence des intérêts de la superclasse mondiale. Sa marge de manœuvre est faible. De retour de la conférence du Bilderberg (où il a séjourné, en Virginie, du 29 mai au 3 juin), Erik Israélewicz, directeur du Monde (dont Matthieu Pigasse, de la banque Lazard, est l’actionnaire de référence), fixe la feuille de route présidentielle : dans des éditoriaux à l’arrogance mal dissimulée, le patron du Monde dit au président de la République ce qu’il doit faire, sur l’euro, l’Europe, la Grèce, le redressement des comptes publics et même comment il doit recadrer sa concubine…

    8-Hollande, une légitimité fragile

    Or Hollande, malgré les discours euphoriques de médias versatiles, a une légitimité faible : il n’a obtenu que 48,64% des votants du deuxième tour, davantage par rejet de Nicolas Sarkozy que par adhésion. Et il n’a obtenu la majorité des suffrages exprimés que par le vote des minorités ethniques dont les représentants les plus agités ont fêté la victoire en agitant des drapeaux étrangers.

    Aux législatives, on l’a dit, et là aussi malgré la mobilisation du vote ethnique en sa faveur, le Parti socialiste n’a rassemblé que 16,1% des suffrages.

    Jamais sous la Ve République la coupure entre le pays légal et le pays réel n’a donc été aussi profonde ; l’usure du système politique français, de moins en moins représentatif, est manifeste et le clivage gauche/droite recouvre donc de plus en plus un clivage identitaire, ce qui va contribuer à radicaliser le débat politique.

    Sur le plan du style, la « présidence normale » et son gouvernement se sont coulés dans la continuité de l’hyperréactivité émotionnelle, les morts de militaires et de gendarmes et les blessures de policier servant cyniquement de carburant électoral. C’est une stratégie médiatique efficace à court terme mais dangereuse dans la durée.

    Bon courage, M. Hollande

    Michel Geoffroy et Andrea Massari (Polémia, 19 juin 2012) 

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