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  • A la recherche de la Tradition européenne...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean Haudry à Rébellion et consacré aux Indo-Européens. Spécialiste des langues indo-européennes, ancien professeur à l'Université de Lyon III et ancien directeur d’étude à l'École pratique des hautes études, Jean Haudry vient de publier Le message de nos ancêtres (éditions de la Forêt, 2016), un ouvrage de vulgarisation destiné aux jeunes adolescents.

     

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    Entretien avec Jean Haudry : A la recherche de la Tradition européenne

    Comment avez-vous été amené à consacrer vos recherches aux indo-européens ?

    Le passage se fait de lui-même quand on étudie et enseigne une langue vivante, morte ou reconstruite : je me suis intéressé aux Indo-Européens comme un latiniste aux Romains, un angliciste aux Anglais.

    Que recouvre le terme d’indo-européens ?

    Les Indo-Européens sont les locuteurs de l’indo-européen reconstruit, mais, contrairement aux Romains et aux Anglais, ils ne sont saisissables qu’à travers la langue.

    Un vif débat existe, dans le monde universitaire sur le « berceau » de ces peuples. Vous avancez l’idée d’un origine géographique circumpolaire, comment en êtes-vous venu à cette conclusion ?

    Le débat sur l’habitat originel n’est pas spécialement vif. Il tourne en rond depuis un siècle et demi environ sans que des progrès décisifs aient été accomplis, même si l’hypothèse d’une dispersion à partir de la Russie méridionale (la « théorie des kourganes ») est aujourd’hui privilégiée.

    L’idée d’une origine circumpolaire d’une partie de la tradition indo-européenne n’a aucun rapport avec la question de la dispersion des Indo-Européens. Personne ne suppose que ce peuple néolithique pratiquant l’agriculture et l’élevage se soit dispersé à partir de ces régions inhospitalières. Mais j’observe, à la suite de Krause et de Tilak, qu’une part non négligeable de la tradition, notamment ce qui a trait au cycle annuel, et plus particulièrement à la « longue nuit », aux « aurores de l’année » ne se comprennent qu’à partir d’une expérience vécue des réalités circumpolaires.

    L’aspect linguistique est-il lié à une culture commune? Une civilisation indo-européenne a-t-elle existé ? Quelle fut sa diffusion géographique et durant quelle période ?

    Toute langue a des locuteurs qui constituent un peuple, grand ou petit, indépendant ou non, et tout peuple a une culture qui lui est propre, même s’il partage sa civilisation matérielle avec d’autres peuples.

    Les Indo-Européens ne font pas exception. Il se trouve que nous pouvons inférer (sinon reconstruire, comme pour la langue) une part de cette culture. Quant à leur civilisation matérielle, elle a évolué avec le temps et le lieu : une part du vocabulaire reconstruit implique pour la période finale de la communauté une civilisation néolithique de régions tempérées, mais on trouve quelques vestiges d’une civilisation plus ancienne, mésolithique ou paléolithique. La diffusion géographique varie considérablement avec les époques. Le nombre et la précision des concordances linguistiques (grammaticales et lexicales) donnent à penser que l’aire initiale était exiguë. Mais elle s’est étendue progressivement à la quasi-totalité de l’Europe et à une part importante de l’Asie, avant d’essaimer sur le reste du monde.

    A travers leurs mythes et leurs épopées, que pouvons-nous connaître des idéaux et des valeurs des indo-européens ?

    Les idéaux et les valeurs, et plus généralement les préoccupations majeures, sont saisissables directement à travers le formulaire reconstruit et les groupes de notions comme celui des trois fonctions. Les mythes et les épopées appartiennent aux temps historiques et ne nous apprennent donc rien directement sur les préoccupations des Indo-Européens de la période commune. Ils doivent préalablement être soumis à une reconstruction interne comme l’a fait Dumézil pour le Mahâbhârata.

    Le fondateur des études indo-européennes modernes, Georges Dumézil mit en lumière l’organisation en trois fonctions de cette société. Que signifie ce concept de trifonctionnalité ?

    Les trois fonctions représentent une conception du monde et non une organisation de la société (1). Les deux peuples qui les ont mises en application, les Celtes et les Indo-Iraniens, ont innové. L’innovation majeure et initiale a été la constitution d’une caste sacerdotale.

    Vous rappelez qu’il existait une « mobilité sociale » au sein de cette société. Qu’en était-il?

    Le degré de mobilité sociale a varié avec les époques. Il a diminué dans les sociétés qui ont accordé plus d’importance à la naissance qu’à la valeur individuelle, mais il s’y est souvent produit des réactions qui ont rétabli pour un temps la mobilité sociale. Un exemple est celui de la « société héroïque » de la fin de la période commune et de la période des migrations et de la chevalerie qui en est un prolongement.

    Quelle était la conception de la communauté des Indo-européens ? Il semble que l’aspect organique et la recherche d’une harmonie sociale fut une caractéristique de cette culture ? Sont-ils à l’origine d’un certain esprit communautaire que nous retrouvons en Europe ?

    L’image du « corps social », typique d’une conception organique de la société, est largement attestée ; elle peut être attribuée à la période commune. Elle a persisté longtemps en Europe, mais a été battue en brèche par des idéologies de guerre civile, en particulier depuis la fin du XVIIIème siècle. Elle est aujourd’hui exclue par le remplacement d’une partie de la population originelle par des populations d’origine étrangère.

    Que représente le sacré dans la conception du monde des peuples indo-européens ?

    Dans la période la plus ancienne de la tradition, la notion de sacré s’applique, à en juger par les noms divins reconstruits, à l’univers et en premier lieu aux cycles temporels : Ciel du jour / Soleil, Aurore, Lune, Terre, et au Feu. La période intermédiaire a intégré ces entités cosmiques dans le système des trois fonctions, d’où les triades fonctionnelles et les divinités trifonctionnelles. La dernière période, celle de la « société héroïque » qui précède immédiatement la dispersion, sacralise les solidarités électives et la fidélité personnelle à l’intérieur du compagnonnage. De là proviennent les divinités comme la Fides romaine « loyauté » ou le *Mitra indo-iranien « contrat d’amitié ».

    Que nous ont transmis les indo-européens ? Que peuvent-ils encore nous enseigner en vue d’une future renaissance de la civilisation européenne ?

    Nous Français leur devons d’être ce que nous sommes à travers nos ancêtres les Gaulois, les Romains et les Germains, trois groupes ethniques apparentés porteurs de cultures compatibles entre elles, à en juger par ce qu’on nomme « interprétation romaine » des divinités celtiques et germaniques.

    Jean Haudry, propos recueillis par Rébellion (Rébellion, 6 janvier 2017)

     

    Note

    1- On nomme “idéologie tripartite” la répartition de l’ensemble des activités cosmiques, divines et humaines en 3 secteurs, les “trois fonctions” de souveraineté magico-religieuse, de force guerrière et de production et reproduction, mise en lumière par Georges Dumézil. On ne saurait parler d’un “objectif” quelconque à propos de cette tripartition : il s’agit en effet d’une part (essentielle) de la tradition indo-européenne, et non d’une construction artificielle, comme celles des “idéologues”.

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  • L'avant-garde de la tradition dans la culture...

    Les éditions Pierre-Guillaume de roux viennent de publier un essai d'Arnaud Guyot-Jeannin intitulé L'avant-garde de la tradition dans la culture et préfacé par Pierre Le Vigan. Journaliste, l'auteur a notamment dirigé la publication du Dossier H Evola (L'Age d'Homme, 1997) et a également publié Les visages du cinéma - 35 portraits non-conformistes (Xénia, 2012).

     

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    " C’est en réponse aux effets délétères du progrès que se conçoit la notion salutaire de « Tradition ».

    Ce terme, issu du latin tradere qui signifie « transmettre », recouvre l’ensemble des valeurs et des réalités immuables à travers le temps. Loin d’engager la tension purement manichéenne entre le spirituel et le temporel, l’appel de la Tradition conduit, au contraire, à réintroduire dans la société et l’Histoire religion et mode de vie différencié. Combat perdu d’avance ? Utopie vouée à la dérision ou quête spirituelle portée par l’exigence et la hauteur de vues ? Arnaud Guyot-Jeannin en révèle l’ambition particulière et la sensibilité hors norme, à travers douze portraits singuliers, pour la plupart marqués par une conversion éclatante au catholicisme et un désir de réenchanter le monde, d’en retrouver les racines sacrées, profondes et universelles.
    De Vladimir Soloviev à Tolkien en passant par René Guénon, Simone Weil, Chesterton ou Gustave Thibon, l’auteur nous off re un vrai plaisir de découverte et de méditation. "

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  • Rites païens et sacrés de Noël...

    Les éditions Oracom, qui publient déjà la revue Mythologie, viennent de sortir un premier numéro de Contes & légendes consacré à Noël... Une revue dont il est possible de découvrir le sommaire ici.

     

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    " Noël tire son enchantement des multiples récits qui l'animent. Son histoire millénaire, les traditions villageoises, les personnages de légende, les contes populaires et les nouvelles littéraires qui l'explorent composent un tableau imaginaire infini. Vous apprendrez combien nous devons cet imaginaire débridé à nos régions. Des géographies qui dessinent les contours d'une France bercée par son patrimoine folklorique, religieux et féérique. A la rencontre des ancêtres du père Noël, des fées et sorcières, des lutins et animaux légendaires qui visitent les foyers, vous découvrirez les coutumes et les légendes qui se rattachent à ce moment unique du passage de l'ombre à la lumière auquel ce nouveau magazine vous invite. "

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  • Le salut par Tolkien...

    Les éditions Avatar viennent de publier un essai de Nicolas Bonnal intitulé Le Salut par Tolkien - Eschatologie occidentale et ressourcement littéraire. Journaliste et essayiste, Nicolas Bonnal est notamment l'auteur de Tolkien, les univers d'un magicien (Les Belles Lettres, 1998) ou de plusieurs livres sur le cinéma dont Ridley Scott et le cinéma rétrofuturiste (Dualpha, 2013), Les mystères de Stanley Kubrick (Dualpha, 2014) ou Le paganisme au cinéma (Dualpha, 2015).

     

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    " Ce livre n’est pas une reprise du classique de 1998, traduit en plusieurs langues. Il se veut une vision plus décalée, plus libre et plus pessimiste aussi du monde de Tolkien, de ses aspirations, de ses ostentations et de son désespoir. Il traite ainsi des liens de Tolkien et de la tradition, de l’occident et de son eschatologie terminale. Car nous vivons la Fin des Temps la plus grotesque qui se pouvait concevoir. La profanation de la propre œuvre du maître par la culture de masse le démontre à l’envi.

    Mais Tolkien est aussi porteur d’un message de guérison, d’un message de thaumaturge et de liturgiste. Sa description de l’amour et de la nature, de la chevalerie et de l’initiation, que l’auteur relie autant au Kalevala qu’à la poésie romaine, sont autant de signaux pour mieux nous aider à affronter un monde à la dérive, et à le traverser. 

    Car il y a l’eschatologie du monde occidental d’un côté, dont Tolkien ne cesse de parler dans une correspondance réactionnaire ignorée, et le salut par une œuvre de l’autre, qui repose sur le génie poétique et l’affection cosmologique d’un esprit fabuleux. "

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  • Méditations du haut des cimes...

    Les éditions du lore viennent de rééditer Méditations du haut des cimes, un recueil de textes de Julius Evola consacrés à l'expérience de la montagne. Figure de proue du traditionalisme révolutionnaire, Julius Evola, qui a écrit notamment des essais essentiels comme Révolte contre le monde moderne (1934) ou Chevaucher le tigre (1961), fut également un alpiniste accompli, avant d'être grièvement blessé dans un bombardement et de finir sa vie dans un fauteuil roulant. Ses cendres seront déposées dans un crevasse du Mont Rose, sur la frontière suisse, par un de ses disciples.

     

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    " Eminent métaphysicien de l’Ecole de la Tradition , fin connaisseur des doctrines ésotériques d’Orient et d’Occident, doctrinaire politique aussi radical qu’inclassable, le penseur italien Julius Evola (1898-1974) fut également un alpiniste singulier.

    Dans ce recueil d’articles, il nous livre ses méditations sur le symbolisme de la montagne, sur « l’art des neiges », et surtout sur sa pratique, à savoir la conquête du sommet, là où règne le démon des cimes.

    Toujours considérée, par l’humanité traditionnelle, comme un lieu réservé uniquement aux héros et aux initiés, la montagne apparaît aujourd’hui comme une des rares voies - voire une des seules en Occident - offerte à l’homme pour une réalisation spirituelle authentique et intégrale.

    En tant qu’action pure et libre, en tant que guerre sainte totale, l’ascension permet la « renaissance de quelque chose de transcendant » qui peut mener jusqu’à l’éveil, jusqu’à la grande libération qui est l’objet de toute vie véritable.

    Cette traduction de Bruno Cariou comprend 5 articles inédits par rapport à la première traduction française de 1986. "

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  • Le règne de la quantité et les signes des temps...

    Les éditions Gallimard viennent de rééditer, dans une version définitive, Le règne de la quantité et le signe des temps, le célèbre essai de René Guénon. Principal représentant de la pensée traditionnelle au XXe siècle, René Guénon est l'auteur, notamment, de La crise du monde moderne et de Autorité spirituelle et pouvoir temporel.

     

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    " À la fin de l'hiver 1944, au milieu des ruines de la guerre, Jean Paulhan qui avait été le principal artisan de l'entrée de René Guénon chez Gallimard reçut le manuscrit du Règne de la quantité et les signes des temps ; il le trouva «splendide». Le diagnostic sévère porté par l'auteur sur les sociétés occidentales, dès 1927 dans La crise du monde moderne, était confirmé ; il voulait revenir depuis longtemps sur le sujet mais l'histoire l'avait devancé : «... les événements n'ont confirmé que trop complètement, et surtout trop rapidement, toutes les vues que nous exposions alors sur ce sujet, bien que nous l'ayons d'ailleurs traité en dehors de toute préoccupation d'"actualité" immédiate...», écrit-il dans l'avant-propos. Les malheurs des temps étaient le fruit des déviations intellectuelles et spirituelles qui avaient touché l'ensemble des modes de vie et de pensée des Occidentaux au fil des siècles depuis la fin du Moyen Âge. Il en dresse un inventaire rigoureux mesurant à leur aune les illusions génératrices des «fissures de la Grande Muraille» censée protéger l'Occident : elles annonçaient son écroulement. Mais le regard froid porté par Guénon sur un monde en perdition éclaire en même temps le chemin d'un retour à l'ordre véritable des choses ; il nous a fait don, au soir de sa vie, d'un maître livre, riche d'une approche doctrinale très solidement argumentée, sur laquelle ce temps qui conspire plus que jamais à notre perte n'a pas de prise."

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