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système - Page 13

  • Le cœur du Système... (2)

    Nous reproduisons ci-dessous la suite d'une réflexion entamée par Slobodan Despot dans la lettre d'Antipresse et consacrée au Système... Écrivain et éditeur, Slobodan Despot est l'auteur de recueils de chroniques mordantes, comme Despotica (Xénia, 2010) et Nouvelleaks (Xénia, 2015), et d'un merveilleux petit roman intitulé Le Miel (Gallimard, 2014).

    Vous pouvez lire ici la première partie de cette réflexion : Le cœur du Système, I

     

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    Leur nom est Légion (Le cœur du Système, II)

    [Jésus] lui disait : “Esprit impur, sors de cet homme.” Et il lui demanda : “Quel est ton nom?” Et il répondit: “Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux”.» (Marc 5:8,9)

    Il y a quelque chose d’insuffisant, d’insatisfaisant et de superficiel dans la manière dont on critique la propagande des médias de grand chemin et peut-être plus encore dans la manière dont on y répond.

    Cette même observation, on peut l’étendre également à la révolte contre le système politique qui s’organise de plus en plus ouvertement au détriment du bien commun alors qu’il est élu et financé par la communauté des citoyens.

    Peut-on penser sérieusement que les dégâts infligés par des médias partiaux seront corrigés par des médias vertueux? Misera-t-on sur une neutralisation de leur penchant «progressiste-globaliste» par la poussée contraire (conservatrice et nationaliste ou local-patriotique) des «altermédias»? Ou alors, par un décret de régulation universelle, imposera-t-on un équilibrage quantitatif des thèses et des partis pris au sein de chaque pôle d’information financé peu ou prou par l’État? Un coup à droite, un coup à gauche, une tribune «lobby homo» pour une tribune «lobby des familles»?

    C’est dérisoire, on le voit bien. Mais que proposer d’autre, en l’état?

    De la même manière, par quoi remplacera-t-on le cartel de partis clonés les uns sur les autres — malgré les divergences de façade — qui pratiquent tous la même cuisine avec plus ou moins de sel et qui prétendent représenter et guider les peuples d’Europe depuis la dernière guerre? Balancera-t-on l’influence néfaste d’un parti d’apparatchiks globalistes par un parti d’apparatchiks identitaires? Même s’il apparaît de plus en plus clair que l’ensemble de la classe politique européenne est composé d’hologrammes et de drones humains pilotés d’outre-Atlantique ou d’on ne sait quelle stratosphère, que va-t-on bien pouvoir faire d’elle? La retourner, par l’entrisme, la corruption ou la subversion? Mais qui financera un si vaste chantier quand tout l’argent est justement de l’autre côté? La renverser pacifiquement? Mais elle tient toutes les clefs du système législatif et juridique qu’elle a elle-même tricoté pour son propre confort. La renverser par la force? Mais elle détient le monopole de la coercition face à des populations vaccinées contre tout recours à la force légitime par plus d’un demi-siècle d’éducation ciblée.

    Enfin, et même si le Système actuel, profondément terré dans l’entre-soi, devait être remplacé, qui nous dit que son remplaçant serait plus équitable et plus respectueux du bien commun? A titre d’exemple: si le Ministère de l’information actuellement revendiqué par Le Monde devait tomber aux mains des protagonistes de la «réinformation», l’information résultante serait-elle plus honnête et plus équilibrée?

    Derrière l’information, la formation

    Si nous poussons plus loin le questionnement: avons-nous vraiment besoin d’une information de masse? Dans quelle mesure nous informe-t-elle vraiment? Un ami m’a fait part d’une expérience faite avec des jeunes étudiants aspirant à des fonctions de cadres dans la société actuelle. Ces jeunes réputés instruits ne consommaient pas vraiment les médias «de référence», mais ils étaient constamment «en réseau» et «sur les réseaux», et s’estimaient donc informés à la minute. Lorsque le conférencier leur a demandé de résumer une seule nouvelle apprise le même jour, ils en ont été incapables. Leur «information» consiste en un brouhaha quasi subliminal où des mots-clefs et des thèses simples martelés à l’infini leur infusent des comportements et des attitudes sans les armer du moindre argument susceptible de les justifier. Mais à quoi bon les arguments, quand la masse (de mots, de voix, de chiffres) décide de tout?

    On croit que le système d’information n’a pour but que de diffuser des informations et qu’il dysfonctionne lorsque ces informations entrent violemment en collision avec la réalité vécue. Et puis l’on constate, pantois, que le démenti du réel ne change rien au fonctionnement du système.

    On serait moins surpris si l’on revenait au sens même du mot. L’information n’est autre que la formation du dedans. Le façonnage de notre univers mental. Cela n’a un rapport avec la vérité des faits que si le pouvoir qui nous façonne a le culte de la vérité des faits. Aucun pouvoir ne l’a eu, celui d’aujourd’hui moins encore que les précédents. C’est pourquoi le système ne manque pas de pare-feux, y compris et surtout d’ordre philosophique: qu’est-ce que la réalité? Qu’est-ce que la vérité? Et un fait, comment le définit-on?

    Sitôt que vous entrez sur ce terrain, vous voilà perdus. Vous êtes seul avec votre bon sens, la culture que vous avez pu accumuler et les syllogismes candidement produits par votre logique innée. Bref: votre éducation ancestrale, familiale et spontanée qui, elle, a le culte de la vérité des faits. (Car 2 et 2 ne font 4 que pour les petites gens.) En face: une batterie de spécialistes, d’experts, de professeurs, de consultants, de communicants répétant les mêmes phrases, ou peu s’en faut. Et derrière eux: des millions de pages de thèses, de rapports, de mémoires, des milliers d’années de séminaires, de formations et de colloques servant de caution à des thèses simplettes dont un enfant saisirait la fausseté. Face à cette armada parlant d’une même voix, le bon sens solitaire n’a aucune chance. L’adversaire a pensé à tout, il a tout organisé. Il a mis en doute les fondements mêmes de la vérité intellectuelle, de la vérité «objective», et discrédité les lois de la logique. En sorte que n’importe quelle sornette, fût-elle totalement absurde, puisse lui servir de malleus maleficarum (marteau des sorcières) pour peu qu’elle émane des lieux du pouvoir.

    Par exemple, dans l’actualité récente: comment tant de gens réputés intelligents et instruits peuvent-ils vouloir imposer aux Syriens ou aux Ukrainiens ces mêmes terroristes, ces mêmes nazis qu’ils prétendent combattre chez eux? Ou alors, comment peuvent-ils, au nom du civisme et de la démocratie, favoriser en Europe l’expansion d’une religion politique impliquant un modèle social totalement incompatible avec ces mêmes valeurs?

    Un esprit enfantin, mais logique, ne le pourrait pas. Eux le peuvent. Ils ont déployé, depuis plus d’un siècle, le fleuron de l’esprit rationnel et de la pensée objective dans le but de mettre à bas la rationalité et l’objectivité. Cette même rationalité, cette même objectivité, qui permettaient à un Montaigne, un Pascal ou à un Pierre Beyle de résister au Système de leur temps et de préserver leur personnalité. Or la cohérence intellectuelle, de l’aube du XXe siècle à nos jours, a conduit tant de brillants esprits à la clinique psychiatrique ou, carrément, à la folie par l’isolation. Car le système s’est armé et s’est dévoyé plus vite que les individus.

    Seuls face à l’Ordre

    Le système d’information, de même que la comédie politique, ne sont que les émanations ostensibles d’une structure cachée, comme les champignons poussent sur le réseau souterrain du mycélium. Cette structure est invisible pour les hommes comme la mer l’est pour les poissons. Elle constitue l’Ordre même, la loi selon laquelle nous vivons et que l’immense majorité ne songera jamais à transgresser, car elle n’en est même pas consciente.

    L’Ordre traditionnel s’appuyait sur la religion, le pouvoir politique et le pouvoir guerrier. L’Ordre moderne repose sur le pouvoir politique, le système d’information, l’économie et la formation. La formation a remplacé la religion comme productrice des dogmes fondamentaux servant à la fois d’orientation et d’alibis aux pouvoirs temporels. La politique, l’information et l’économie elle-même sont tributaires des dogmes de la formation. La formation, autrement dit le système académique, est en réalité le pouvoir suprême, même s’il se prostitue volontiers aux trois autres.

    Le système académique américain est en première ligne dans la guerre menée par des minorités agissantes contre le nouveau président élu, dont le péché tient primordialement à des délits verbaux contre des dogmes de nature religieuse. Ceux-là mêmes qu’édicte — en matière de races, de sexes, etc. — le système académique et que les autres pouvoirs sont tenus d’intégrer, sous peine de… malleus maleficarum. De l’autre côté, l’adversaire du président élu, Hillary Clinton, jouissait d’un appui ferme des milieux académiques malgré ses colossales compromissions, car elle en était elle-même issue en tant qu’avocate.

    Par ailleurs, le «tireur de ficelles» le plus influent et le plus agissant dans le monde contemporain, George Soros, n’a pas construit son modèle d’influence sur l’argent. Au contraire: ses milliards ne sont que le nerf de la guerre. Ce qu’il met au premier plan, jusque dans l’appellation de son organe central, l’Open Society Foundation, est un concept académique: la «société ouverte». On ne saurait tenir les pères de cette idée — Bergson et Popper — pour responsables des manœuvres et des complots auxquels l’implantation de la «société ouverte» a servi de couverture. Là n’est pas le propos. Le propos, c’est que cette idée-là fournissait le meilleur cadre pour l’instauration d’un gouvernement financier planétaire («…réformes économiques, sociales et légales favorisant l’implantation de l’économie libre de marché»). Exactement comme la noble mission d’évangéliser les païens a servi, au temps des Conquêtes, d’alibi pour un accaparement économique d’une envergure encore jamais vue dans l’histoire.

    (On oublie trop aisément que l’expansion mondialiste et l’idéologie correspondante sont nées au XVe siècle: heureusement que Pierre Legendre est là pour nous le rappeler!)

    La cape d’invisibilité

    Il est amusant de voir l’opiniâtreté myope avec laquelle certains milieux combattent les «idées de la franc-maçonnerie» — autrement dit le projet d’une humanité sans frontières gouvernée par une élite éclairée — quand ces mêmes idées, dans leur version publique, règnent sans concurrence dans l’ensemble des universités du monde occidental et au-delà! Et donc, par effet de cascade, dans l’ensemble des systèmes de formation. Les mêmes «réacs» renient-ils leurs diplômes d’études supérieures et ceux de leurs enfants? Et comment pensent-ils revenir à des sociétés «fermées» (nationales, ethniques, tribales, etc.) fondées sur des «traditions» quand leur progéniture est mise en garde contre le «repli» et les «préjugés» à chaque jour qu’elle passe en formation, de l’école primaire à l’université? Leur projet est voué à l’échec parce qu’ils ne perçoivent pas le cadre global de leur politique, sa note de base.

    Le grand avantage de la religion académique sur les religions classiques tient justement dans son invisibilité. Grâce à son arrière-plan scientiste, elle n’apparaît pas comme une institution idéologique, mais comme une traduction transparente des lois objectives de la nature. Son prestige est immense et son impersonnalité lui assure adhésion des médiocres et des conformistes. Le grand C. S. Lewis avait très bien identifié ce tour de passe-passe dans son essai sur L’Abolition de l’Homme. Il l’a sublimement illustré dans Au-delà de la planète silencieuse, son roman de S. F. sur une Terre «bâillonnée» par la secte scientiste. Mais pour l’immense majorité des modernes, les dogmes de la religion académique sont aussi imperceptibles que le bourdon d’un raga indien pour une oreille distraite. Quand on confond un ordre politique et intellectuel avec l’ordre du monde lui-même, celui qui pense autrement apparaît comme une monstruosité de la nature. On peut l’éliminer sans état d’âme, au même titre qu’une nuisance. Cette assurance de l’esprit adossé aux «lois objectives» explique, entre autres, l’inhumanité absolue du système marxiste soviétique.

    Que pèsent les partis pris du système d’information ou de la classe politique face à ce conditionnement fondamental? Ils ne sont que la cerise sur le gâteau. C’est l’ensemble d’une vision du monde qu’il s’agit de reconstruire, repenser le monde selon notre «évidence» comme aurait dit Albert Caraco, et décomposer en petits rouages chacun de nos concepts, au risque du blasphème et du reniement complet. Qui en aura le courage et la force d’âme?

    Slobodan Despot (Antipresse n° 65, 26 février 2017)

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  • De la correction des errants...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré à la prétention du système de détenir de détenir la vérité et de pouvoir l'enseigner à ceux qui errent... Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information et directeur de recherches à l'IRIS, François Bernard Huyghe vient de publier La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015).

     

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    Déradicalisation et Decodex

    La correction des errants

    Hasard de l'actualité : il est beaucoup question en ce moment question de déradicalisation et de Decodex, deux formes de désintoxication spirituelle, promues par le gouvernement dans le premier cas, par les médias (le Monde pour ne pas le nommer) et les grands du Net dans le second.

    Pour faire simple, la déradicalisation se présente comme un retour à la normale : un traitement administré à des individus, volontaires, pas encore trop impliqués dans l'action sanguinaire ; elle devrait les reconvertir à des valeurs ou idées sans danger pour la démocratie, à des comportements qui excluent terrorisme ou djihadisme. Bref, à une vision du monde pacifiée sans violence à motivation idéologique.
    Quant à Decodex, c'est un dispositif supposé ramener à la vérité ; intégré à un navigateur, il indiquera à l'internaute si les sites sur lesquels il se rend sont fiables ou s'ils risque d'être entraîné dans le processus dit de la post-vérité, des "fakes" ou de la désinformation ... Il est sensé procéder à une "vérification de masse" où les mauvais esprits verront une rectification des masses.

    Les deux dispositifs ont suscité un lot de critiques. Pour la déradicalisation, par le rapport de deux sénatrices (ou du moins par ce qu'elles en ont laissé entrevoir avant publication définitive), pour Decodex par nombre d'articles récents s'élevant contre le ministère de la Vérité ainsi établi ; le plus remarquable étant celui de F. Lordon dans le Monde diplomatique. À la déradicalisation, il est permis de reprocher de ne pas être efficace au service d'intentions naïves, à Decodex de risquer de l'être au service d'intentions plus ambigües.

    Retour à la normale

    La déradicalisation traite les engagements comme des maladies : un processus pathologique, comme une excroissance de la croyance. Certains esprits influençables pourraient se radicaliser comme on tombe dans la délinquance ou dans la drogue, et adopter des convictions intolérables dans une société tolérante. L'imprécision du concept gêne : qu'est-ce qu'il faut empêcher ou annuler ? Certaines idées, relatives par exemple à la loi divine ? Les apologies de la violence qu'en déduisent certains ? Ou encore la tentation de rejoindre une communauté combattante (les djihadistes en Syrie), et d'envisager le plus naturellement du monde de tuer des gens pour imposer son triomphe ?
    Le flou de la notion de radicalisation contraste avec le sens qu'avait mot dans les années 80 : à l'époque mener une critique radicale ou radicaliser ses revendications était la marque d'une révolte touchant aux fondements de la domination. Était radical quelqu'un qui visait les bases mêmes de l'ordre établi pour des raisons idéologiques, au nom du prolétariat, de l'Histoire ou de la Révolution, par exemple. La radicalisation, terme désormais presque synonyme de rupture sociale ou de sociopathie, est décrite comme une anomalie individuelle.
    Mais réparable. Cela se ferait en injectant au malade de grandes doses de "valeurs", de sociabilité et de vivre ensemble, et si possible en évitant de parler religion. Comme si les djihadistes n'avaient justement pas trouvé des valeurs, une communauté et un idéal de vie... et comme si ce que nous pouvons leur offrir notre société libérale satisfaisait bien mieux leurs aspirations que la promesse du Paradis et du salut du monde.

    Les méthodes de déradicalisation varient : les unes reposent surtout sur l'écoute de gens supposés en détresse psychique, d'autres sur le rétablissement de liens avec la société civile, d'autres sur la resocialisation ou la réhabiliation du sujet... Certaines occultent la dimension religieuse du phénomène, d'autres font intervenir des imams qui vont ramener les sujets à une interprétation non djihadiste du dogme (en faire de simple salafistes quiétistes qui ne prendraient plus les armes). En tout cas celles qui ont été employées en France ne doivent pas être les meilleures.
    Le rapport parle de pseudo experts, de sommes énormes gâchées, de déradicalisés présumés qui reprenaient le chemin du djihad. Ainsi, il semblerait que 2, 5 millions aient été dépensées, par exemple, pour n'aboutir qu'à l'ouverture d'un centre à Pontourny qui n'aurait accueilli, fort sporadiquement, que neuf candidats dont un repris sur la route de la Syrie.
    Attendons les détails du rapport pour savoir s'il s'agit d'un échec bureaucratique ou de la conséquence d'une conception iréniste.


    Ministère de la vérité

    Quant à Decodex, ce n'est pas une liste de sites (comme il en existe déjà) exprimant une opinion sur leur objectivité, leurs tendances complotistes, leur sérieux, etc., ce qui serait parfaitement légitime. Ce n'est pas non plus un site de fact-checking allant vérifier à des sources qu'il site des informations données par des confrères ou des affirmations d'hommes politiques. Decodex est le nom d'un dispositif technique : une extension qui "évalue" le site sur lequel vous êtes, plus un moteur de recherche, plus un "bot" (robot) Facebook qui vous dit que penser d'une information pendant que vous explorez certains réseaux sociaux, etc. Page verte, page orange, page rouge, page bleue (pour les contenus ironiques ou parodiques). Menteur, complotiste, désinformateur : vous voilà prévenus.

    Il ne s'agit donc pas d'un jugement au premier degré - comme pourrait l'exprimer un site concurrent qui dirait, par exemple que l'article que vous êtes en train de lire est mal écrit, son raisonnement fallacieux, son auteur nul... (ce qui me vexerait, mais resterait une controverse normale en démocratie). Decodex s'introduit sinon dans votre cerveau, du moins entre votre cerveau et le message. Des pastilles apparaissent pendant que vous naviguez, que vous consultez un compte ou visionnez une vidéo d'une chaîne You Tube, pour vous faire savoir si vous êtes sur une page généralement fiable, peu fiable, orientée et cachant ses buts idéologique ou sur un site parodique... Vous ressentez donc en permanence la manifestation d'une sorte de Surmoi virtuel qui vous dit si vous risquez d'être induit en tentation. Et non pas ce que vous devez penser, mais ce à quoi il est mauvais de penser. Decodex ne fonctionne pas par controverse, par dialectique et réfutation, à égalité, fait contre fait, argument contre argument mais en faisant intérioriser les règles (ou plutôt en la faisant intégrer à votre outil d'information). Ni censurer, ni combattre, formater, c'est mieux.

    Passons sur quelques objections qui ont été faites à ce système :

    Éditorialement parlant, Decodex en se donnant le droit d'évaluer ses confrères rivalise avec l'œil de Dieu, parfait et discernant tout. Sans opinion au sens où La Tseu dit que "le sage est sans opinion", puisqu'il saisit tout. De mauvais esprits se demandent si, par le passé, Dieu/ le Monde n'a pas lui-même répandu quelques fausses nouvelles et s'il n'a pas quelques intérêts (concurrentiels, idéologiques ou autres) à dévaloriser ses concurrents. Voire s'il na pas fait quelques choix partisans. Mais poser cette question, n'est-ce pas risquer de se faire classer parmi les sites complotistes ?


    Philosophiquement, Decodex se place en position transcendentale : une pure rationalité, formant les conditions de connaissance des objets. Sa devise pourrait être la phrase de Kant : "J'appelle transcendentale toute connaissance qui ne porte point sur les objets, mais sur notre manière de les connaître, en tant que cela est possible, a priori". Les conditions d'exercice de la raison critique et partant de l'exercice sincère de la démocratie passeraient donc par ce processus, de surcroît délégué à un algorithme, et qui permettraient d'accéder au Vrai, au Bien, au Juste. Mazette, que n'y a-t-on songé plus tôt !

    Épistémologiquement, le critère de sélection est tout sauf clair : mentir délibérément, rapporter des informations non vérifiées qui flattent vos préjugés idéologiques, être engagé et rapporter systématiquement ce qui va dans le même sens, etc.

    - Idéologiquement, Decodex, le vengeur démasqueur, s'auto-attribue le monopole de l'établissement des faits vrais, donc de la désignation des systèmes faux. Toute proposition contredite par lui, et affublée d'une pastille de la mauvaise couleur, ce qui renvoie au mieux au purgatoire des intentions utopiques, au pire à l'Enfer de la désinformation, généralement imputable au complot russo-populiste. Mais une affirmation validée (pastille verte : vous pouvez circuler, il y a quelque chose à croire) échappe à l'idéologie, exclut les intentions coupables et monte immédiatement au ciel de l'évidence. Par ailleurs, rappelons que l'idéologie ne se caractérise pas par sa propension à soutenir des choses fausses ou utopiques, mais par la cohérence de sa vision du monde qui classe automatiquement les faits en évidents ou pas et lui permet de dénoncer les autres interprétations du monde comme idéologiques, fausses, crimogènes, etc...

    Qu'y a-t-il de commun entre le fait que les détenteurs du pouvoir politique tendent à se tourner vers la déradicalisation et ceux du pouvoir médiatique vers la désintoxication ?
    Sans doute une forme d'incompréhension de ceux d'en bas : si les gens se convertissent au djihad ou n’adhèrent pas à nos valeurs, ce ne peut-être que par l'effet d'une tromperie. S'ils pensent mal, c'est qu'ils sont mal informés ou influencés ; au contraire, s'ils raisonnaient normalement et savaient la vérité, ils ne pourraient que reconnaître la légitimité de notre monde. Mais notre pédagogie les sauvera.

    On savait déjà que les élites possédaient un capital de pouvoir, un capital culturel, un capital moral (elles préconisent l'altruisme et l'ouverture face à des masses qu'elles trouvent enclines au repli identitaire). Il va falloir inventer un nouveau mot (capital "véritaire" ?) pour désigner ce nouveau monopole que viennent de s'attribuer les bons maîtres : voir le vrai et empêcher la plèbe de penser faux.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 26 février 2017)

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  • Le cœur du Système...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Slobodan Despot, cueilli dans la lettre d'Antipresse et consacré à ce système dont il est de bon ton de nier l'existence... Ecrivain et éditeur, Slobodan Despot est l'auteur de recueils de chroniques mordantes, comme Despotica (Xénia, 2010) et Nouvelleaks (Xénia, 2015), et d'un merveilleux petit roman intitulé Le Miel (Gallimard, 2014).

     

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    Le cœur du Système

    «La propagande sert davantage à nous justifier nous-mêmes qu’à convaincre les autres; plus nous avons de raisons de nous sentir coupables, et plus fervente sera notre propagande.» (Eric Hoffer, The True Believer: Thoughts on the Nature of Mass Movements)

    Dans Le Maître et Marguerite, le chef-d’œuvre de Mikhaïl Boulgakov, le Diable apparaît en personne sous la cape du magicien Woland. Le Diable est joueur: il s’amuse à tester la vanité et la crédulité des hommes. Et il sait qu’il n’est d’humains plus crédules que les incrédules de métier. C’est ainsi que son premier interlocuteur, Berlioz, vedette littéraire du Moscou soviétique et athée militant, finira décapité par un tramway, exactement comme le magicien le lui a prédit. Ah! S’il avait un seul instant pris au sérieux l’existence du Tentateur qui venait, justement, de lui offrir une cigarette…

     

    Des blagues à ne pas faire en société

    «Qu'est-ce que le Système?» me demandent sans cesse les idiots utiles du Système. (Tweet, 5.2.2017)

    Nous sommes témoins d’une plaisanterie semblable lorsque nous parlons du «Système». Il m’arrive ainsi de lancer des aphorismes à ce sujet dont les échos sont connus d’avance: «Complotiste!», me répliquent aussitôt des sceptiques venus de divers horizons culturels et politiques, mais qui ont généralement en commun un binôme de caractéristiques paradoxal: d’un côté, la foi dans le rationalisme et le «fact-checking», et de l’autre des convictions morales et politiques d’une naïveté extrême. Ils s’attribuent à la fois une haute capacité de discernement, une mission de «vigilance citoyenne» et une position critique vis-à-vis du pouvoir. Dans le langage ras-du-sol des services, ce sont de parfaits idiots utiles.

    L’idiot utile est celui qui croit qu’il ne croit pas ce qu’il croit, mais qu’il le sait. Que sa subjectivité n’y est pour rien. Que sa connaissance ne lui vient pas par un quelconque canal d’influence ou d’endoctrinement, mais de la vérité des choses elle-même. Sans filtre. Sans intermédiaire. Sans diable ni système.

    Le Système, selon eux, n’existe pas. Ou, s’il existe, il n’a ni malice ni intention particulière. Il fait partie du paysage comme le climat ou la course des astres et obéit aux décrets des institutions comme la charrue au laboureur. Ce qui existe, pour cette catégorie d’esprits, c’est l’«Antisystème», à savoir tous ces milieux étranges et «sulfureux» qui, sous couvert de «résistance» contre un spectre de leur invention, complotent pour renverser la démocratie. Quelquefois, souvent même, ces innocents décrètent que le Système, c’est justement ça: l’Antisystème. Tout comme les étiquettes, les causes et les effets s’intervertissent facilement. Pour que l’«Antisystème» soit moralement condamnable, pour qu’on puisse le censurer et le liquider sans états d’âme, il est nécessaire que sa cause soit une illusion. Mais entre ces deux termes, lequel découle de l’autre? La nécessité de bâillonner l’opposition à cause de ses mensonges, ou la nécessité de prouver que ses vues sont des mensonges afin de la bâillonner?

     

    C’est celui qui dit qui est!

    Les comploteurs dénoncent les complotistes. Quoi de plus normal? (Tweet, 31.1.2017)

    Et de même: où se situe le crime de complot, si complot il y a? La divulgation massive, par WikiLeaks, des e-mails de Mme Clinton et de son entourage montre que la direction du parti Démocrate avait été accaparée par des gens qui, littéralement, passaient leur temps à comploter en coulisses: contre la Libye, pour la destruction de l’enseignement et de la conscience civique, pour les intérêts du complexe militaro-industriel, et j’en passe. Le déchaînement même du milieu médiatico-politique face à cette divulgation montre que les tractations secrètes avec des agents d’influence sans investiture démocratique sont un mode de gouvernement admis et protégé. Ainsi le complot a-t-il été attesté comme une réalité indiscutable et omniprésente par ses protagonistes et défenseurs mêmes! Mais par un extraordinaire renversement rhétorique, le crime de complot a été rejeté sur ceux qui, justement, le dévoilaient au grand jour — ainsi que sur leurs hypothétiques alliés russes (car le mot «russe» est un utile déclencheur réflexe qui associe immédiatement à l’espionnage, à la propagande et à la désinformation). En effet, le seul moyen de berner le public et de détourner son attention du complot indiscutable qu’il avait sous les yeux était de pointer du doigt un complot bien plus menaçant, d’autant plus menaçant qu’on ne pouvait en montrer qu’une ombre: celui liant Poutine à Trump via Julian Assange!

    Et voici donc les comploteurs devenus complotistes à leur tour en dénonçant le complot des complotistes visant à faire éclater leur propre complot!

    On pourrait étendre ce jeu de miroirs à l’infini. Ce qu’il reflète fondamentalement est très simple et vieux comme le monde: les rapports de force entre l’ordre établi et l’opposition, entre le discours du pouvoir et sa contestation. Selon que vous serez puissant ou misérable,/Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir, résumait sobrement La Fontaine dans «Les Animaux malades de la peste». Ou Blaise Pascal, dans ses Provinciales, s’adressant à ses adversaires jésuites d’une mauvaise foi criante: «Vous êtes quatre-vingt docteurs, mes bons Pères, et je suis seul. Vous avez forcément raison!» (Je cite de mémoire.)

    Voilà donc le billard à mille bandes réduit à un vulgaire jeu de quilles: celui qui tient en main la grosse boule est en position de faucher les autres, un point c’est tout. Or, quoi qu’il arrive, la main qui tient la boule est celle du Système. Les quilles peuvent être blanches, jaunes, vertes ou rouges, elles peuvent être «de gauche» ou «de droite», mais le choix à l’échelon des existences se ramène à cela: il y a ceux qui lancent la boule et ceux qui attendent d’être fauchés ou épargnés par le projectile.

     

    Pourquoi tous ces faisceaux?

    «Une intelligentsia dominante, que ce soit en Europe, en Asie ou en Afrique, traite les masses comme une matière première qu’on peut soumettre à expérimentation, manipuler et gaspiller à volonté.» (Eric Hoffer, The Temper of Our Time, 1967)

    Le mot système vient du verbe grec systeô, qui signifie attacher ensemble, entrelacer. En politique, le système est souvent représenté par des faisceaux: les convergences d’énergies tenues ensemble par le pouvoir central. On pense machinalement à Rome ou au fascisme italien. On oublie que ces mêmes faisceaux sont aussi sur les armoiries de la présidence française. Le Système, c’est le fascisme absolu, l’ordre en soi, tel qu’il se maintient et se perpétue, abstraction faite de l’idéologie et des justifications qu’il se donne. Il prend de plus en plus d’autonomie à mesure que la société humaine se technicise et se complexifie, en cela même qu’il exclut les impondérables du facteur humain tels que le libre arbitre, le bon vouloir, la vindicte ou la clémence.

    La meilleure définition du mot tel qu’il nous intéresse ici a été donnée par Pontus de Thyard au XVIe siècle: «Ensemble dont les parties sont coordonnées par une loi». La loi est au centre. Le Système règne quand aucune volonté humaine, aucune loi morale ne peut se hisser publiquement au-dessus de la loi écrite. Sur le plan officieux, il en va tout autrement: plus la loi publique est rigoureuse, et plus les dérogations octroyées aux satrapes sont généreuses. Plus le commun est jugulé, et plus la nomenklatura s’auto-absout. Il suffit d’observer la classe politique pour s’en convaincre.

    Encore faut-il que ce que nos yeux voient puisse — ose — remonter jusqu’au cerveau et que celui-ci en tire des conclusions. C’est une étape que le Système s’emploie à désactiver en criblant de tabous le discours public avec l’aide cruciale du dispositif de l’instruction et des médias. Il aura fallu un dressage rigoureux pour enseigner aux consciences contemporaines à craindre l’invocation même du «Système» et à censurer ceux qui en parlent. La crédulité est l’un des éléments clefs de ce dressage. On apprend à admettre n’importe quelle affirmation, pourvu qu’elle vienne d’une source autorisée. Par exemple, qu’une simple grippe saisonnière est une menace pour l’humanité ou qu’un avion de ligne détourné par des pilotes amateurs peut faire crouler un gratte-ciel sans même le toucher. Cette crédulité implique à la fois de l’ignorance (en matière scientifique et logique) et de l’obéissance. Ce qui, à l’aube de la conscience éclairée, était considéré comme des tares à déraciner est devenu aujourd’hui des vertus «démocratiques» que les ingénieurs sociaux entretiennent.

    «Nous avons tous été assez satisfaits de dégrader le gouvernement, de laisser tomber le civisme et en général de conspirer à produire des citoyens ignares et obéissants» écrivait ainsi en mars dernier Bill Ivey, le «monsieur Culture» de Bill Clinton, à John Podesta, le chef de campagne de Mme Clinton. Ces agents d’influence étaient encore, en mars 2016, ceux qui tenaient la boule du jeu de quilles. Ils étaient au cœur du système, si certains de leur domination qu’ils se permettaient des aveux écrits qu’une personne avisée hésiterait à livrer même à l’oreille d’un ami. Ils ne pouvaient imaginer que, huit mois plus tard, ils se retrouveraient à la place des quilles.

    Ils n’y sont pas du reste, le Système ayant engagé une guerre totale contre ce président indésiré que les médias ne nomment jamais «l’homme le plus puissant du monde» ainsi qu’ils le faisaient avec tous ses prédécesseurs.

    Le Système est impersonnel, même s’il a un ample personnel à son service et même s’il confère à l’élite de ce personnel des pouvoirs dont les rois et les tyrans de jadis ne disposaient pas. L’erreur de ceux qui le contestent (et la technique de ceux qui veulent en détourner l’attention) est de le personnaliser: de réduire des lois générales et des mécanismes à des individus et à des traits de personnalité. Les gouvernements combattus par le Système sont systématiquement réduits à des régimes, et les régimes eux-mêmes à la seule figure de leur chef (Kadhafi, Saddam, Assad, Poutine…); cependant que les «Antisystème» s’acharnent à identifier derrière le mécanisme des «tireurs de ficelles» dont l’existence ou non n’a aucune importance.

    Lorsque l’action personnelle commence à compter réellement, c’est qu’on se trouve dans un système de pouvoir individualisé et donc, déjà, en marge du Système. La personnalité de l’ivrogne Juncker n’a pas plus de poids dans l’Union soviétique européenne que celle de l’ivrogne Eltsine n’en avait dans l’URSS finissante, deux systèmes inhumains en fin de course. L’opposition sourde et poltronne du pauvre Obama aux agissements de son propre appareil n’a en rien freiné l’emballement général. Mais le fait même que la personnalité de Vladimir Poutine infléchisse le cours de son histoire montre que la Russie est sortie, en partie, de l’orbite du Système.

    Une autre erreur courante consiste à prêter au Système une idéologie. Le Système n’a pas d’idéologie: il se sert en opportuniste de celle qui, à un moment donné, le plus à même de consolider et d’étendre son empire. Il optera naturellement de préférence pour des idéologies collectivistes, globalistes et légiférantes. Le Système est en soi un appareil de soumission. Il exige de chaque individu, à tous les échelons, une soumission plus ou moins étendue et accorde en échange la protection, la sécurité et des privilèges. D’où son alliance naturelle avec l’Islam, qui est la Soumission, si l’on peut dire, à l’état natif. D’un côté comme de l’autre, la Loi balaie les particularités humaines, les raisons individuelles et surtout ces «lois non écrites» d’Antigone qui, à travers les siècles, ont toujours dissuadé notre propre civilisation de se transformer en un mécanisme totalitaire.

     

    L’humain contre l’androïde

    Ne jamais nommer le Système: c'est le meilleur service à lui rendre. Persée ne pouvait croiser le regard de Méduse. (Tweet, 10.12.2015)

    Or ce que nous observons aujourd’hui dans nos aires est un bouleversement tectonique. L’évolution tranquille du Système vers ce mécanisme parfait via le perfectionnement technique couplé à la régression de l’humain a été bouleversée par une série d’événements politiques, mais aussi de prises de conscience psychologiques. Aux États-Unis, pour parler schématiquement, un outsider a réussi à prendre à revers le Système. Certes, M. Trump était une «huile» de premier plan de l’oligarchie américaine, mais le Système n’est pas réductible à l’oligarchie. Dans le cadre du Système, un juge vénal ou un journaliste illettré a la faculté de faire trébucher l’oligarque le plus puissant pour peu que son action serve le Système. Et non seulement Trump a-t-il réussi à enlever la présidence des États-Unis, mais encore s’emploie-t-il, depuis le premier jour de son mandat, à faire passer en force toute une série de mesures aussi perpendiculaires à la marche du Système que les bâtons qu’on met dans une roue.

    Pour le dire encore plus schématiquement: l’administration Trump, comme l’État de Poutine, comme nombre d’autres insurrections décriées comme «populistes», s’emploie à enrayer la stratégie du Système dans son cœur même, laquelle consiste à abattre toutes les frontières établies par des communautés humaines conscientes (et donc des souverainetés volontaires) pour les remplacer par de nouveaux cloisonnements hermétiques dont lui seul, le Système, aurait les clefs: systèmes de sécurité et de contrôle total, omnisurveillance, dématérialisation documentaire et monétaire, puçage et traçage. Ce n’est pas un hasard si les milliardaires de la Silicon Valley — qui sont pourtant de sa classe sociale — montent en première ligne contre le nouveau président américain, aux côtés des patrons des médias de masse et des vedettes du show-biz, principaux organisateurs du décervelage et de la régression de masse.

    L’enjeu de la lutte qui se développe aujourd’hui sous nos yeux dépasse les visions et la mission de tous les gouvernants de ce siècle et du précédent. Cette lutte est l’aboutissement d’une longue évolution de la civilisation européenne, qui a mis entre les mains de l’humanité les outils de sa libération en même temps que ceux de son anéantissement. L’enjeu est le choix entre une société encore calquée sur des destinées humaines ou une «entité» gérée par un Système anonyme épaulé par la mince élite gérant l’ensemble des banques et des médias et les prêtres informatiques de la post-humanité.

     

    Coda

    En ouverture de son ouvrage posthume (inédit en français), La fourmilière globale, Alexandre Zinoviev proposait au tournant du XXIe siècle une «fiction» terrifiante, qui pourtant paraît presque banale aujourd’hui:

    «Notre XXe siècle aura peut-être été le siècle le plus dramatique de toute l’histoire humaine du point de vue de la destinée des gens et des nations, des idées, des systèmes sociaux et des civilisations. Mais, toutes ces choses étant posées, ce fut aussi un siècle de passion et d’aventure: siècle d’espoirs et de désespoirs, d’illusions et de visions, d’avancées et de déceptions, de joies et de malheurs, d’amour et de haine… Ç’aura été, peut-être, le dernier siècle humain. A sa suite se profile une masse de siècles d’histoire suprahumaine ou posthumaine, une histoire sans espoirs ni désespoirs, sans illusions ni visions, sans avancées ni déceptions, sans joies ni chagrins, sans amour ni haine…»

    Bref, nous voici aux portes d’une masse de siècles où le Système aura éradiqué l’Homme. Ou pas?

     

    Slobodan Despot (Antipresse n° 63, 12 février 2017)

     

     

     

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  • Sur la "Révolution" d'Emmanuel Macron...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la présentation et l'analyse par Michel Drac de Révolution (XO, 2016), le livre-programme d'Emmanuel Macron, candidat du système aux élections présidentielles. Une analyse lucide et utile, qui souligne la proximité de son programme économique avec celui de François Fillon.

    Penseur non-conformiste, Michel Drac a publié dernièrement un essai intitulé  Triangulation - Repères pour des temps incertains (Le Retour aux Sources, 2015) et est également le fondateur des éditions le Retour aux Sources, qui publient notamment Piero San Giorgio ou Howard Kunstler.

     

                                     

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  • Les snipers de la semaine... (138)

    Archère 2.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - sur RussEurope, Jacques Sapir allume Le Monde et son Decodex orwellien...

    Déconnant DECODEX

    Decodex.jpeg

    - sur Figaro Vox, Eloïse Lenesley  dézingue la presse bobo qui hurle au nazisme depuis l'élection de Trump...

    Trump, ce «facho» que les bobos adorent haïr

    Trump_Inrocks.jpg

    - sur son blog Hashtable, H16 et Nathalie MP rafalent sur Macron, "la nouvelle frimousse « hors-système » choisie par le « système »"...

    Avec Macron, le changement, c’est mollement ♪♥

    Macron 3.jpg

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  • Le désir : un instrument pour nous gouverner tous...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir un entretien avec Hervé Juvin, réalisé le 6 janvier 2017 par Martial Bild pour TV Libertés, dans lequel il évoque son dernier essai, Le gouvernement du désir (Gallimard, 2016).

                                              

    " Pour Hervé Juvin, nous vivons une révolution de notre condition humaine sans équivalent depuis plusieurs millénaires. Cette révolution, c’est le gouvernement du désir ! Le désir est le nouveau pouvoir et il gouverne nos vies en un système devenu une machine d’apocalypse. Pour l’auteur, le système du désir tient les peuples plus étroitement qu’aucune idéologie. Ce que l’on appelait “la libération” est devenue une contrainte. C’est par exemple en matière d’économie : la libéralisation financière marche du même pas que la libération des moeurs. Poursuivant son analyse implacable, Hervé Juvin affirme que la révolution du désir a soumis la planète et l’humanité au désir des mêmes choses, c’est à dire à la globalisation et à la perte des identités. Pour restaurer nos libertés politiques, l’auteur prône le retour de plusieurs outils  : la nation, l’écologie humaine et la prise de conscience de la nécessaire défense de la civilisation européenne face à la submersion migratoire. "

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