Le numéro de novembre 2011 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque.
Le dossier est consacré à la Russie, vingt ans après la chute du communisme. On pourra y lire , notamment, des articles de Pierre Lorrain ("Chronique d'un effondrement"), d' Alain de Benoist ("Conséquences géopolitiques d'une résurrection"), de Pierre-Alexandre Bouclay ("1991 - 2011 : comment la Russie a changé", "Gazprom, l'atout maître") ou de François Bousquet ("Edouard Limonov en rouge et brun", "Soljenitsyne, une lumière dans la nuit"), ainsi que des entretiens avec Stéphane Courtois et Jacques Sapir.
Hors dossier, on pourra aussi lire un article de Philippe Conrad ("La Normandie, un héritage de onze cents ans") et un papier de Bertrand de Saint-Vincent sur Sempé. Et on retrouvera aussi les chroniques de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour ("Hollande, judoka consensuel").
russie - Page 71
-
La Russie, vingt ans après...
-
Avant la tempête...
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue cueilli sur le site de l'agence de presse russe RIA Novosti et signé par Hugo Natowicz, journaliste français installé à Moscou, dont le blog Impressions de Russie mérite d'être visité.
Avant la tempête
En 2007, le journal espagnol El Pais publiait un supplément week-end consacré au "miracle islandais". Le ton du journal était empreint d'une grande bienveillance: économie, société, l'Islande était à la pointe de l'humanité. Je me rappelle surtout d'un trait d'esprit du journaliste qui mettait en opposition, classements à l'appui, ce petit paradis avec la lie de l'Europe: la Russie. Un pays miné par la grisaille, la déprime et la vodka. Ces lignes, ce ton, m'avaient indigné, même si je ne pouvais deviner le krach qu'allait connaître le "miracle islandais", et bien d'autres miracles tout aussi illusoires, comme celui de l'Espagne ou encore des "tigres baltes".
Le temps passant, c'est désormais l'ensemble du "miracle européen" qui est au bord du gouffre. A mesure que le système sur lequel s'est érigée la prospérité de l'après-guerre se fissure, la crise nous renvoie à une question essentielle: sur quoi repose réellement la richesse des nations? N'étant pas économiste, je ne cherche nullement à dresser ici une analyse technique de la situation mondiale dans ce domaine. Toujours est-il qu'une rencontre fortuite m'a poussé à y réfléchir.
La scène se passait dans un café du centre de Moscou. Je liai la conversation avec mon voisin de table, un homme d'affaires russophone originaire des républiques baltes qui s'était reconverti dans la vente d'or. Je lui fis remarquer que les affaires devaient bien marcher dernièrement. Après avoir évoqué la ruée vers l'or actuelle des épargnants, il fit une remarque assez juste, que je résumerai comme suit: "L'or est indépendant de toutes les magouilles d'un marché dont la valeur ne repose sur rien et s'écroulera prochainement. Vous autres Européens allez particulièrement souffrir. Vos dirigeants ont fait le choix de former des générations de nantis qui ont perdu tout contact avec la réalité, le concret. En Russie, les gens ont connu un défaut de paiement il y a 13 ans, et n'ont pas encore confiance dans le système financier. Ils auront moins de mal à prendre une bêche, un râteau et à aller cultiver le jardin de leur datcha".
Cette vision un peu apocalyptique de notre futur proche possède néanmoins une part de vérité. J'ai toujours considéré qu'en France, l'attachement aux bienfaits octroyés par l'Etat-providence avait atteint un niveau pervers, bridant le développement de la société. Gâtés par un système fondé sur des privilèges en tous genres, les Français donnent souvent l'impression de s'agripper à leurs acquis au point d'en perdre toute initiative. Retraite, chômage, allocations, et j'en passe: la prospérité est une manne qui rappelle à de nombreux égards une drogue dure. Une drogue qui a dans une large mesure précipité les gouvernements dans la spirale de la dette. Les graves problèmes de l'économie mondiale risquent de malmener l'édifice social de l'Europe, et de ramener ses citoyens vers une dure réalité.
Retard salvateur?
C'est un fait: l'équilibre actuel des pays occidentaux, caractérisé par une économie réelle déconnectée d'un système financier devenu fou, ne peut durer ad vitam aeternam. Une partie importante de la prospérité actuelle est fondée sur un leurre: le crédit, unissant un club de pays s'empruntant les uns aux autres. La crise aidant, il se pourrait fort bien qu'un ou plusieurs maillons lâchent. Et que la corne d'abondance de cet argent "fictif" tarisse. Il est symptomatique de constater que la Russie, pour de multiples raisons historiques, reste en marge de la mondialisation. Une circonstance qui pourrait s'avérer cruciale, à l'heure où différents économistes sérieux augurent un krach historique dans un avenir proche.Suite au défaut de paiement de 1998, qui provoquait une ruée vers les banques et la ruine de nombreux épargnants, la Russie a dû remonter la pente en s'astreignant à la plus grande austérité. Riche de ses matières premières, le pays bénéficie d'un vaste excédent commercial. Refusant de vivre au-dessus de ses moyens et de recourir à l'endettement à outrance, la Russie affiche certes un "retard" sur l'Occident en termes de progrès et de bien-être social. La contrepartie, c'est qu'elle a largement échappé au piège d'une financiarisation à outrance de son économie. Cause ou conséquence? L'attachement des Russes aux bienfaits de la société moderne reste moins important qu'à l'ouest de l'Europe.
Je citerai à nouveau le cinéaste russe Andreï Konchalovski, qui évoque mieux que quiconque le "retard salvateur" qu'affiche la Russie au sein du monde moderne: "Huxley a dit que l’Ouest allait vers la crise en Rolls Royce, et les Russes en tramway. Et comme nous sommes en tramway, il nous reste quelques valeurs du XIXe siècle : l’amour pour le théâtre, pour les livres, on lit, on se dispute, on discute du sens de la vie. Il y a belle lurette qu’on ne parle plus de ces choses en Europe! Au temps de Herzen ou de Dostoïevski on n’en parlait déjà plus! On ne parle que d’argent. Mais en Russie il reste un besoin pour les choses spirituelles, qui ne pénètre pas partout de façon homogène dans la société, mais reste très fort. Et c’est précisément parce que nous sommes en retard que nous sommes forts".
Si les risques sont grands pour l'économie occidentale sur le court terme, c'est aussi l'ensemble du système politique et moral que celle-ci soutenait qui pourrait s'effondrer. Les forces de l'histoire menacent, comme elles l'ont fait avec l'empire romain et d'autres, une architecture qui il y a peu semblait indestructible. La crise pourrait alors pousser l'homme à regarder en face sa condition, et à adopter un nouveau paradigme de pensée.
Dans cette vaste réorganisation, la Russie, "forte" de son retard, pourrait constituer un important réservoir d'inspiration pour l'avenir.
Hugo Natowicz (RIA Novosti, 21 octobre 2011)
-
Tour d'horizon... (14)
Au sommaire :
- sur De Defensa, Philippe Grasset nous donne une analyse pénétrante de la décision stratégique prise par Poutine et Medvedev pour la présidentielle de 2012 en Russie...
Poutine - Medvedev : 2012 est déjà là...
- sur Causeur, le candidat le plus percutant de la primaire socialiste, Arnaud Montebourg, donne quelques précision sur sa vision de la mise en pratique de l'idée de démondialisation...
« En Europe, nous sommes à la fois naïfs et dogmatiques »
-
Crise de la dette : et demain ?...
Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Philippe Milliau, publié sur le site Novopress (dont nous vous conseillons de découvrir la nouvelle maquette). Une Europe identitaire et puissante, c'est la solution à la crise. Mais il nous manque les hommes d'Etat européens pour la construire...
Crise de la dette : et demain ?...
Le contexte de la crise des dettes dites souveraines, et qui paraît s'emballer, comporte plusieurs causes profondes.
La plus fondamentale est celle de l'habitude de la fuite en avant, celle qui ne permet de réaliser des équilibres budgétaires que dans le cadre d'une double croissance, économique et démographique.
Or, Nolens volens, il faudra bien que le monde s'habitue à une double décroissance ou pour le moins à une double a-croissance. En effet, qui peut sérieusement penser que notre planète continuera à empiler un milliard d'humains de plus tous les treize ans comme elle le fait depuis le milieu du siècle dernier ?
Qui peut sérieusement envisager une croissance continuelle qui mènerait à un mode de vie à l'américaine pour dix milliards d'hommes en 2050 ? Les ressources de quatre planètes y suffiraient à grand peine.....
Il FAUDRA donc bien que les collectivités publiques, comme les ménages, révisent leurs façons de faire, et parlons clair, leur train de vie...... Il FAUDRA bien que les pays (voire les continents entiers, comme l'Afrique) qui n'ont pas achevé leur transition démographique la réalisent au plus vite et par tous moyens utiles.
La seconde cause majeure est celle de la dictature des marchés financiers, qui sont aujourd'hui, bien plus que les puissances politiques, les maîtres de nos destinées. Leur bras armé : les trois agences de notation anglo-saxonnes. Notons au passage que si la Chine vient de créer son agence, l'Europe ne s'est toujours pas résolue à cette nécessité. Deux conséquences pratiques : des taux d'emprunt à long terme qui varient de 3% à 17 % (cas actuel de la Grèce, avec même des pointes à 31 % !). Et comme ce sont les notes décernées par les agences qui dictent le taux... Le taux des USA reste au plus bas, celui de la Grèce au plus haut. Ils sont pourtant, au regard de leurs finances publiques dans une situation quasi identique.... A noter, plus grave encore, que si le reproche fait à la Grèce d'avoir caché voire trafiqué les comptes publics est fondé, les USA qui n'ont pas provisionné des obligations douteuses, ni comptabilisé à plein programmes de relance ou déficits, ont une situation réelle probablement bien pire, et sur une autre échelle !
La troisième est le fait d'une Communauté Européenne qui se trouve dans la situation du milieu du gué ; l'eau monte, et certains crient « retour en arrière toute, revenons sur la rive que nous avons quittée », d'autres « il est plus que temps d'avancer vite vers l'autre rivage ». Oui, il est aberrant d'avoir une monnaie unique dans un continent dépourvu de toute souveraineté politique ; oui il est absurde de laisser des divergences macro-économiques profondes se creuser entre pays européens ; oui, il est ridicule d'avoir un budget communautaire de l'ordre de 1% du PNB, incapable d'assurer les nécessaires convergences économiques, fiscales, stratégiques et sociales entre pays de l'Eurogroupe au moins (ceux qui sont en zone Euro).
La Grèce a été mal gérée ; lorsqu'une collectivité locale est en France dans ce même cas, que fait on ? La puissance publique (le préfet, et non les marchés !) place sous tutelle, restructure la dette à bas taux et restaure, après un audit approfondi, une situation compromise. Rappelons que plus de la moitié de la dette grecque est maintenant causée par les taux d'intérêts exorbitants prélevés par les marchés...
Ne nous le cachons pas : nous sommes sur un baril de poudre. Les intérêts mondialisés sont tellement croisés, l'interdépendance tellement forte que personne ne veut allumer la mèche et faire sauter l'édifice. Alors, il est politiquement correct de dire que tout compte fait, c'est une bonne chose que cette dépendance de chacun vis à vis de tous. Voire : un accident est si vite arrivé, et l'on s'aperçoit alors un peu tard que le bateau qui ne coule pas est celui qui est capable de rendre étanche une partie de ses compartiments, pas celui du mondialisme qui n'en comporte plus qu'un seul. Sans doute est ce la raison pour laquelle la Chine comme les USA ont conservé certains moyens d'indépendance, tout en préconisant aux autres de les abandonner méthodiquement.
Quelles issues possibles ? Première question : où se situera l'épicentre d'un séisme qui est de plus en plus probable. Les Anglo-saxons font tout pour que ce soit en Europe, raison pour laquelle leur presse financière, leurs agences de notation, leur establishment et leurs valets nous balancent des torpilles successives et de plus en plus fortes et rapprochées à mesure que leur situation empire. Grèce, Irlande, Portugal ; et en mode récent et plus redoutable par la dimension, Espagne et Italie.
Un pouvoir médiatique et politique digne de ce nom aurait répliqué Californie, Ohio, New York, et plafond de la dette US relevé 74 fois en 10 ans …... Clairement, ils jouent l'effritement de l'Euroland, jusqu'à la fin de la timide concurrence que l'Euro commence à faire au Dollar. Ils sont aidés par l'impuissance des instances européennes, conséquence prévisible des freins permanents que les gouvernements des états-nations placent devant toute marche en avant d'un véritable empire fédéral européen. Le maintien de ces rétractions nationales, aidées hélas par certaines positions de courants populistes, signifieraient la sortie durable des Européens de l'histoire du monde.
Mais en fait rien n'est joué, il suffit pour s'en convaincre de voir les résultats d'un récent sondage dans lequel nos concitoyens s'exprimaient massivement en faveur d'un protectionnisme à l'échelle continentale.
En symbiose donc avec le peuple, les identitaires français et d'autres pays d'Europe vont intensifier leurs campagnes et propositions en ce sens. Signature d'un nouveau pacte de stabilité en Eurozone et limitation d'adhésion à ceux qui le respectent. Impossibilité constitutionnelle de proposer l'entrée de pays non européens. Ministre des finances européen disposant des outils d'investigation nécessaires. Augmentation significative du fonds de secours financier, et création d'Eurobonds, pour dégager les dettes souveraines des griffes des marchés. Rigueur budgétaire en contrepartie de vastes projets et d'une véritable Europe identitaire et puissante, porteuse de rêves et d'espoirs ; interdiction de vente du patrimoine (par exemple celui qu'incarne l'un des plus grandioses sites sacrés de notre culture, le Parthénon). Détaxation de la proximité et barrières douanières aux frontières de l'Europe. Véritable souveraineté européenne sur la monnaie, les technologies stratégiques et de défense, sécurisation des approvisionnements énergétiques en partenariat Europe / Russie. Et bien évidemment montée en puissance du budget européen par contrepartie de la baisse corrélative des budgets nationaux.
Oui, notre triple identité est locale par notre vie concrète, nationale par l'histoire et la langue, et européenne par la civilisation et la puissance. Pour cette dernière, les incantations ne suffisent pas, il faut aussi s'en donner des moyens. De cette crise les Identitaires proposent de sortir par le haut.
L'histoire ne repasse pas les mêmes plats...
Philippe Milliau (Novopress, 18 juillet 2011) -
La lutte des castes...
Dans le numéro 67 de Flash, le journal gentil et intelligent, on revient sur l'affaire DSK et ce qu'elle dévoile : gauche caviar, droite bling-bling et médiacrates, tous unis contre le peuple ! Pour retrouver un peu de sérénité, on pourra lire un bel article de Pierre Le Vigan consacré à Charles Péguy. A lire également, un décrypage du Printemps arabe par Christian Bouchet...
Au sommaire :
La Firme : ils se serrent les coudes... ils serrent surtout les fesse !
Mieux qu'une lutte des classes, la lutte des castes ! Qui de l'argentier richissime ou de la femme de ménage l'emportera ?
Grosse débandane, grand procès, gros sous... La défense de DSK ? Business is business, comme d'habitude...
L'affaire du Siècle : ces élites qui se croient tout permis. Emmanuel Ratier nous dévoile les ficelles de l'oranisation... Mépris des pauvres et solidarité des parasites !
Le Printemps arabe décrypté : Washington commence une nouvelle Guerre froide contre la Chine et la Russie. Christian Bouchet nous guide sur un terrain miné...
Charles Péguy l'homme de toutes les traditions, "des fleurs de lys mais aussi du bonnet phrygien avec cocarde..." Lumière sur une incarnation de l'ancienne France. Par Pierre Le Vigan.
Que faisaient nos intellectuels en période troublée ? "Archives de la vie littéraire sous l'Occupation", une exposition "à lire" à l'Hôtel de Ville de Paris.
De naze à nazi, il n'y a qu'un pas ! Lars von Trier part en vrille au Festival de Cannes !
-
Le renouveau russe : espoir ou péril ?...
La revue Perspectives libres, publiée aux éditions Le Retour aux Sources, vient de sortir son deuxième numéro, qui est consacré à la Russie. On y trouvera, en particulier, des articles de fond d'Alexandre Latsa et de Xavier Moreau ainsi qu'un entretien avec l'historien Bernard Bruneteau.
"« La Russie sauvera le monde » écrivait le regretté Jean Dutourd. Plus modestement, la Russie peut-elle aider l’Europe à se sauver elle-même ? C’est la question qui nous a conduit, en plus d’une affection pour une grande nation et grande alliée de la France, à nous interroger sur le renouveau russe.
Qui aurait pu penser à la chute de l’Union soviétique que la Russie reviendrait au premier plan de la puissance. La tragique « modernisation » économique de la Russie entraîna plus d’un million de victimes, exemple comme un autre d’un hiver démographique qui pouvait condamner l’ex-géant soviétique. Le prestige diplomatique de la Russie ne survivait pas sans la béquille de la diplomatie américaine. L’économie et la société russe tombèrent aux mains d’anciens dignitaires soviétiques devenus de véritables seigneurs de guerre à la faveur de la privatisation des monopoles d’Etat.
Mais dès 1997, la Russie reprend la conscience puis la maîtrise d’elle-même. C’est ce phénomène qui amènera l’arrivée au pouvoir, au terme d’une grave crise de régime, de Vladimir Poutine.
Vladimir Poutine et son équipe proche ont réussi en dix ans à refaire une Russie-puissance. Le constat est là, quelles que soient les critiques que l’on puisse faire au régime et aux hommes qui le servent. Du marché global de l’énergie jusqu’au maintient de la paix dans la zone stratégique d’Asie centrale (cf. entretien avec Alexandre Knyazev), la Russie est aujourd’hui un acteur mondial incontournable.
Des stratégies de diabolisation (cf. article sur la russophobie) et de néo-containment (article d’Alexandre Latsa sur les révolutions colorées) ont été mises en place. Cette stratégie de diabolisation, mise en place à travers des intellectuels stipendiés ou idiots utiles d’une propagande grise (cf entretien avec Daniel Salvatore Schiffer), a permis de détourner les élites européennes avec des résultats variables de l’axe France-Russie ou Europe-Russie (voir l’article de Xavier Moreau).
Toutefois la russophilie populaire, issue d’une très ancienne connivence intellectuelle franco-russe (voir l’article de Jean-Gérard Lapacherie) fit que la russophobie dans toute sa gamme idéologique (de Thierry Wolton à André Glucksmann) ne put passer la barrière de Saint-Germain-des-Prés et des médias dominants.
L’émergence économique et énergétique chinoise, l’affaiblissement de la puissance américaine, la menace allemande sur les économies européennes, conjugués avec l’une des plus grandes crises de l’histoire du capitalisme, nous oblige à regarder notre allié russe dans sa vérité. Le grand historien Martin Malia écrivait que ce que l’on prend pour le fatalisme slave n’est rien de plus que la conscience que la Russie aurait pu ne pas être. Cette fragilité, le champ de ruines satisfaites qu’est l’Europe aujourd’hui devra l’apprendre. Cette Europe qui se laisse vivre sans même s’interroger sur elle-même, sur son devenir et plus profondément sur sa singularité et son caractère contingent (Voir l’entretien avec Bernard Bruneteau).
Le retour de la Russie est aussi un des facteurs du retour des politiques de puissance, nous commençons une série sur ce thème avec La Turquie et les grands nationalismes asiatiques. La mondialisation heureuse se dissipe, le multilatéralisme est un fait, nous entrons dans un monde plus libre mais plus incertain. La conscience de la fragilité joua pour la Russie, le rôle du déclin en France, une conscience de la nécessité de l’action, la pensée de survie et l’horizon de guerre nécessaire pour persévérer dans son être et demeurer libre."