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russie - Page 17

  • La puissance militaire russe : erreurs de perception à l’Ouest et à l’Est ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexis Feertchak, cueilli sur Geopragma et consacré à la mauvaise évaluation de la puissance véritable de l'armée russe. Alexis Feertchak est journaliste au Figaro et membre fondateur de Geopragma.

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    La puissance militaire russe : erreurs de perception à l’Ouest et à l’Est

    Après plus de 200 jours d’«opération militaire spéciale», la Russie a donc choisi la voie d’une mobilisation partielle – officiellement 300.000 réservistes – mais de nombreuses sources en Russie même évoque des chiffres beaucoup plus massifs – autour d’un million d’hommes – plus proches d’une mobilisation quasi-générale. Il y a là une disjonction totale entre une appellation qui renvoie à l’idée d’un corps expéditionnaire de faible envergure et la réalité d’un pays qui se prépare désormais à la guerre. Cette mobilisation totale n’est pas seulement celle de ces vagues d’appelés qui rejoindront le front ukrainien, mais la mobilisation économique et politique qui va de conserve pour équiper ce million de soldats et tenir un conflit de haute intensité dans la durée. Cette disjonction est sans conteste une défaite pour la Russie de Vladimir Poutine, dont les objectifs politiques – quoique flous – et les moyens militaires se sont révélés absolument dé corrélés. 

    Envahir un pays plus grand que la France sur trois fronts (au départ en tous les cas) avec 200.000 hommes au plus échappait à l’entendement. De même, si les Russes ont tiré plusieurs milliers de missiles à longue portée sur tout le territoire ukrainien – notamment des missiles semi-balistiques Iskander-M et des missiles de croisière Kalibr –, ils n’ont détruit ni les infrastructures énergétiques de l’Ukraine – notamment son réseau électrique –, ni les principaux centres de commandement, ni le réseau ferroviaire, ni les ponts sur le Dniepr, ni même l’ensemble des capacités aériennes adverses. Et il a largement fallu attendre l’acte II de la guerre, dès le début du mois d’avril quand les Russes ont quitté le nord de l’Ukraine pour se focaliser dans le Donbass, pour qu’ils fassent un usage massif de l’artillerie. Bref, si l’expression d’«opération militaire spéciale» peut politiquement prêter à sourire, elle n’est pas si absurde que cela au regard des moyens militaires mis en œuvre au départ. Elle l’est en revanche absolument au regard des buts de guerre originels dont on peut désormais se faire une idée : d’une part renverser le gouvernement de Zelensky ; d’autre part conquérir une part du territoire ukrainien correspondant à tout ou partie de l’ancienne «Novorossia», province impériale du 19ème siècle composée des terres prises aux Ottomans et couvrant tout le sud de l’Ukraine, d’Odessa à Lougansk. 

    Les Russes voulaient-ils et veulent-ils encore de toute la Nouvelle-Russie – ce qui revient à priver l’Ukraine d’un accès à la mer – ou seulement d’un corridor reliant la Crimée au Donbass, soit les quatre oblasts (Kherson, Zaporijjia, Donetsk, Lougansk) qu’ils contrôlent actuellement pour partie ? Les buts de guerre dépendant eux-mêmes de la conduite de la guerre, on peut imaginer que le Kremlin lui-même ne le sait pas a priori et s’offre un éventail de scénarios plus ou moins favorables. Reste que dans tous les cas, cela revient à conquérir un vaste territoire (environ 110.000 km2 pour ces quatre oblasts – à comparer aux 130.000 km2 de la Grèce – voire 160.000 avec ceux de Mykolaïv et Odessa) au sein d’un pays qui l’est encore davantage (600.000 km2 pour l’ensemble de l’Ukraine). Dès le départ, les Russes ont donc été victimes d’un double biais de perception : ils ont d’une part sous-estimé leur ennemi – vieux tropisme du Russe de Moscou qui regarde avec condescendance le provincial du Sud de l’ancien empire – et surestimé leurs propres capacités.

    Mais les Russes ne sont pas les seuls à s’être surestimés ! En Occident, les courants les plus hostiles à Moscou – et en miroir également beaucoup d’afficionados de Vladimir Poutine – ont généralement été les premiers à accorder à la Russie le statut d’adversaire systémique de l’Alliance atlantique. Le réarmement de la Russie était présenté comme massif au point de pouvoir représenter une menace existentielle pour l’Ouest tout entier. Comme si Moscou était derechef le centre d’une nouvelle URSS, le communisme en moins. Les mêmes, après avoir agité la menace russe, se rassuraient généralement aussitôt en déclarant que la Russie avait le PIB de l’Espagne – réalité comptable en dollars courants, mais économiquement absurde, ce dont on se rend compte par exemple si l’on observe le même PIB en parité de pouvoir d’achat. Mais même là, la Russie n’est pas un peer competitor de l’Occident (comme l’est en revanche la Chine), mais une puissance économique de taille intermédiaire comme la France ou l’Allemagne. 

    Que l’on y songe : ces dix dernières années, le budget militaire russe a oscillé en dollars entre 65 et près de 90 milliards par an. Certes, ce budget étant dépensé en roubles et les Russes fabriquant tous leurs équipements eux-mêmes, il faut certes grossir ces chiffes pour avoir une image fidèle de la puissance militaire russe (c’est le principe même de la parité de pouvoir d’achat), d’autant qu’une part de ce budget est probablement caché. Mais, même si l’on parle de 150 milliards, cela ne représente qu’une petite fraction des plus 1000 milliards de l’ensemble des budgets nationaux des pays de l’Otan (dont quelque 800 pour les Etats-Unis). Et, plus encore que pour la France, une partie non négligeable du budget russe est absorbé par la dissuasion nucléaire, puisqu’en cette matière stratégique, Moscou conserve une parité avec les Etats-Unis, ce qui n’est bien sûr pas le cas en matière conventionnelle. Et ce n’est pas terminé : en Russie ces quinze dernières années, proportionnellement, les forces aériennes et la marine ont été privilégiées au détriment de l’armée de terre tandis que le modèle soviétique de « grande armée » bâtie autour de la mobilisation de millions d’hommes a cédé sa place à partir de 2008 à un modèle mixte au sein duquel l’armée de métier a pris au fur et à mesure depuis une place de plus en plus importante.

    La réalité est qu’à ce jour, l’armée russe constitue une pyramide trompeuse : si, sur le papier, les grandes masses sont impressionnantes (on parle de milliers de chars, de blindés, de pièces d’artillerie, de centaines d’avions de combat, de navires et de sous-marins), la pointe de cette pyramide est bien plus modeste. Prenons quelques exemples : les VKS ne possèdent qu’environ 100 Su-35 – le chasseur multirôles le plus moderne, si l’on fait abstraction du nouveau Su-57 pas encore réellement en service – auquel il faut ajouter une centaine de Su-30, un peu moins modernes. Pas de quoi pavoiser… De même, le nombre de chars T-90M – la version la plus moderne du T-90, lui-même version améliorée du classique T-72 – ne doit guère dépasser les 200 –, soit environ le nombre de nos Leclerc nationaux, le nouvel Armata, lui, n’étant pas encore en service. Et si l’on enlève les unités datant de l’ère soviétique, la marine russe ne compte qu’une demi-dizaines de navires modernes de combat de 4000 tonnes ou plus – cinq frégates, deux Gorchkov et trois Grigorovitch, et deux grands navires de débarquement Ivan-Gren.

    Bien sûr, on ne peut pas considérer que les équipements plus anciens ne valent rien, au contraire cela accorde aux forces russes une profondeur utile pour mener une guerre longue – la Russie a d’ores et déjà perdu plus de cinq fois le nombre de chars de combat principal que possède la France – mais le corollaire est que l’on voit depuis plusieurs mois déjà sur les routes ukrainiennes des T-62M datant des années 60-70… Les Russes arriveront-ils un jour à Odessa à bord de T-34 ? Après tout, les Slovènes ont bien livré des T-55 – certes modernisés – aux Ukrainiens. Au-delà de la boutade, c’est bien tout l’enjeu pour les Russes : réussir avec ce qui leur reste de stocks à armer une force de plusieurs centaines de milliers d’hommes – qui serviront surtout de troupes d’infanterie, principale faiblesse des Russes depuis le 24 février – tout en conservant une armée de métier mieux équipée pour servir de « pointe de l’épée ». Bien malin qui sait si Moscou réussira à la fin cet exercice délicat, même si l’on peut d’ores et déjà pointer bien des difficultés à venir pour les Russes, à commencer par la nécessité de garantir au minimum le moral de la troupe, qui n’ira probablement au combat la fleur au fusil, mais aussi l’enjeu logistique qui consiste à faire manœuvrer une telle armée, alors même que les forces russes ont déjà eu bien des difficultés – c’est un euphémisme – à mouvoir un corps expéditionnaire de 150.000 à 200.000 hommes.

    Le 24 février, dans la grande tradition soviétique, les Russes ont tenté en Ukraine de créer un oudar, «choc opératif» destiné à faire se disloquer l’armée ennemie pensée comme un système, dont on atteindrait les nœuds vitaux grâce à des opérations dans le profondeur, et non seulement comme une masse inerte de chair et d’acier, qu’on réduirait combat après combat. Ce n’est que durant la Guerre froide que cette approche systémique a été réellement adoptée, en parallèle des progrès technologiques qui ont permis d’atteindre avec précision les arrières du dispositif adverse. Force est de constater qu’avec 150.000 à 200.000 hommes, ce n’est certes pas sur la masse que les Russes allaient l’emporter – les forces ukrainiennes sont aujourd’hui probablement au moins deux fois plus nombreuses. A Kharkiv par exemple, les Russes eux-mêmes ont avoué qu’ils se sont trouvés en infériorité numérique dans un rapport de 1 à 8. 

    Plus grave pour Moscou, malgré les progrès des « armes de pointe » russes réalisés ces quinze dernières années, notamment en matière de missiles de croisière et de missiles balistiques, les Russes n’ont pas été capables d’atteindre de façon chirurgicale les arrières du dispositif ukrainien de sorte à le paralyser. Contrairement aux Himars que les Américains ont fournis aux Ukrainiens et qui ont profondément affecté la logistique russe, déjà peu efficiente. Pourtant, en l’absence de livraisons du missile ATACMS, on ne parle pas de grande portée – 80 km au mieux –, les attaques à plus longue distance étant plus probablement menées par des commandos infiltrés et/ou par des drones. Qu’en serait-il si les Américains avaient livré à l’Ukraine des missiles Tomahawk dont la portée dépasse les 1500 km ? La réalité est que les Russes ont été incapables d’imposer à l’Ukraine un choc opératif, que ce soit par la masse ou par son avantage en matière d’armes à longue portée. A cet égard, on le voit, la mobilisation générale s’annonce comme la tentative de s’appuyer sur la seule masse pour créer un tel « oudar », même si l’on peut penser que les Russes, en parallèle, chercheront par ailleurs à frapper dans la profondeur certaines infrastructures civiles essentielles. Des attaques contre le système électrique ukrainien réalisées juste après la contre-offensive ukrainienne à Kharkiv est probablement un avant-goût de ce qui pourrait arriver cet hiver, surtout si la pression militaire de Kiev s’accroît sur le dispositif russe, ce qui est toujours le cas même si le front est peu ou prou stabilisé.       

    La guerre en Ukraine est le révélateur d’une réalité : hormis sur le plan nucléaire, la Russie n’est pas une superpuissance militaire. Elle est certes une puissance, et une puissance indépendante, ce qui est déjà donné à peu d’Etats (et la France fait partie de ce petit club), comme le répète souvent Hubert Védrine. Mais, dans le cas encore hypothétique d’une conflagration directe entre les forces de l’Otan et les forces russes, ces dernières ne pourraient probablement pas tenir longtemps face aux premières. D’ores et déjà, sans mobilisation, celles-là n’ont pas réussi à mettre à terre un pays de 40 millions d’habitants certes mobilisé et massivement soutenu par l’Otan et, en premier lieu par les Etats-Unis, dont l’aide en matière de renseignements est sans conteste décisive. Cette vérité – la Russie n’est pas une superpuissance militaire – n’était pourtant pas cachée avant le 24 février, mais elle a été trop souvent masquée en raison de la persistance d’un climat de Guerre froide dont les effets autoréalisateurs sont aujourd’hui funestes. Seuls les faucons, à Moscou et à Washington, peuvent se réjouir de ces biais de perception qui participent malheureusement de la création du réel, et de l’avenir. 

    Alexis Feertchak (Geopragma, 26 septembre 2022)  

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  • Feu sur la désinformation... (389)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      Bruno le Maire et Elisabeth Borne vous présentent leur nouvelle mesure de sobriété énergétique pour l'automne : porter des cols roulés et des vêtements techniques. Des images démagogiques et infantilisantes sur lesquelles revient brièvement Jean-Yves Le Gallou cette semaine.
    • 2 - Victoire de Meloni, les médias livides !
      Si pour de nombreux Italiens la victoire de la coalition de droite aux élections législatives est une bonne nouvelle, elle ne l'est certainement pas pour les médias français. Fasciste, néo-fasciste, vichyste ou post-fasciste : tous les qualificatifs sont bons pour diaboliser la chef d'État pressentie.
    • 3 - Revue de presse
      Nous parcourrons comme c’est notre habitude les différentes actualités médiatiques de la semaine dans notre revue de presse.
    • 4 - Sabotage des NordStream, à qui profite le crime ?
      La thèse d'un sabotage des gazoducs Nordstream par les américains est très crédible, pourtant, elle a été immédiatement écartée par la quasi-totalité des médias de grand chemin. Alors que de nombreux indices pointent les États-Unis du doigt, une question demeure : pourquoi les médias n'envisagent-ils pas une seconde cette possibilité ?

     

                                             

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  • Opération Z...

    Les éditions max Milo viennent de publier un essai de Jacques Baud intitulé Opération Z. Ancien membre du renseignement stratégique suisse et spécialiste des pays de l’Est, il a participé à des négociations militaires de haut niveau avec les forces armées russes. Au sein de l’OTAN, il a suivi la crise ukrainienne de 2014 puis a participé à des programmes d’assistance à l’Ukraine. Il est l'auteur de plusieurs essais dont La guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur (Rocher, 2003), Terrorisme - Mensonges politiques et stratégies fatales de l'Occident (Rocher, 2016) ou Poutine, maître du jeu (Max Milo, 2022).

     

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    " Pourquoi Poutine a-t-il déclenché l’opération Z en Ukraine ? Les forces ukrainiennes utilisent-elles des volontaires néonazis ? Quelles sont les forces en présence et la réalité du conflit militaire depuis six mois ? Que savons- nous des crimes de guerre comme Boutcha ? Les sanctions économiques occidentales ont-elles fonctionné ? L’envoi massif d’armes par les Occidentaux a-t-il un effet sur le conflit ?

     Après le best-seller Poutine: maître du jeu ?, dont le travail d’analyse a été salué dans le monde entier, Jacques Baud revient dans ce livre sur les causes profondes de la guerre en Ukraine et les raisons qui ont poussé Vladimir Poutine à intervenir le 24 février 2022. En s’appuyant sur les informations des services de renseignement et des rapports officiels, il analyse le déroulement des actions militaires et la manière dont elles ont été interprétées en Occident. Il explique le bouleversement de l’ordre mondial sur les plans politique et économique, ainsi que les conséquences à long terme des sanctions occidentales sur notre vie quotidienne. Il révèle comment le conflit aurait pu être évité et quelles pistes ont été volontairement délaissées par les États-Unis et l’Europe. "

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  • Alain de Benoist : « La guerre qui se déroule actuellement en Ukraine est en fait une guerre des Etats-Unis contre la Russie »

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh-Info, dans lequel celui-ci donne son sentiment sur l'actualité récente, et notamment sur la guerre russo-ukrainienne.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

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    Alain de Benoist : « La guerre qui se déroule actuellement en Ukraine est en fait une guerre des Etats-Unis contre la Russie »

    Breizh-info.com : Tout d’abord, vous qui avez traversé la moitié du XXe siècle et le début du XXIe, diriez-vous que nous assistons actuellement, depuis quelques mois, à une accélération folle de l’histoire ?

    Tout dépend de quelle accélération vous parlez. Il y a incontestablement une accélération sociale, qui vient du fait que nous vivons aujourd’hui en temps zéro : tout événement qui se produit dans un endroit donné est immédiatement connu dans le monde entier. Cet accélérationnisme nourrit le présentisme (et le stress qui va avec) et a notamment pour conséquence de rendre éphémère tout ce qui auparavant cherchait à s’inscrire dans la durée. Mais cela concerne surtout les pays occidentaux : sous d’autres latitudes, on n’a pas nécessairement le même sens de la temporalité.

    Sur le plan historique, c’est plus complexe. On a effectivement le sentiment que beaucoup de choses sont en train de bouger, comme c’est souvent le cas lorsque différents cliquets jouent les uns sur les autres et déclenchent un ébranlement général. Mais s’agit-il vraiment d’une accélération ? On pourrait tout aussi bien penser qu’après une période glaciaire de quelques décennies, l’histoire reprend ses droits et que, comme dans toutes les époques de transition, on rebat les cartes. Mais il ne suffit pas de regarder ce qui se passe « depuis quelques mois », il faut aussi prendre un peu de recul. En l’espace de quatre ou cinq ans, il s’est plus passé d’événements sous la Révolution française qu’il ne s’en passe aujourd’hui ! Les processus en cours sont en outre loin d’être arrivés à leur terme. Sans vouloir cultiver le paradoxe, je leur trouve même une certaine lenteur… Quand on voit, par exemple, l’ampleur de la révolte sociale qui gronde, on se demande quand elle finira par éclater !

    Breizh-info.com : Que vous a inspiré l’assassinat de Darya Douguine, et le traitement médiatique occidental qui en a découlé ? Que pouvez-vous nous dire sur elle, mais aussi sur son père à qui on a voulu l’assimiler d’office comme s’il s’agissait presque du même personnage ?

    L’assassinat de Darya Douguine m’inspire ce qu’il devrait inspirer à tout homme normalement constitué : le dégoût qu’on ressent devant quelque chose d’abject. Les réactions des médias, elles, suscitent plutôt en moi un sentiment d’effroi. Que certains puissent trouver « remarquable » l’atroce attentat dont cette jeune intellectuelle, journaliste et philosophe – qui n’avait jamais fait qu’exprimer des idées –, a été la victime, certains n’hésitant même pas à s’en réjouir, montre que nous vivons dans le monde où, comme le disait Guy Debord, le vrai n’est plus qu’un moment du faux. C’est un monde orwellien, le monde de la terreur au nom du Bien.

    J’ai bien connu Darya, comme j’ai bien connu son père. C’était une jeune femme délicieuse, charmante, intelligente, cultivée, intense, dotée d’un vif sens de l’humour, qui adorait la France depuis son adolescence. Elle adhérait en effet totalement aux idées de son père, mais elle en donnait une image plus légère, comme régénérée par l’eau fraîche. Quant à Douguine, son itinéraire et ses idées sont aujourd’hui bien connus, notamment pour ce qui concerne la géopolitique et l’eurasisme. On peut être en désaccord avec sa pensée, mais on ne peut nier qu’il s’agisse d’une pensée personnelle, qui ne s’est jamais ramenée à ânonner les slogans de tel ou tel milieu. C’est à mes yeux l’essentiel.

    Breizh-info.com : La guerre en Ukraine semble faire perdre la raison à beaucoup. On sent une haine par procuration entre « supporteurs » d’un camp ou de l’autre, quasi pathologique désormais. Comment expliquez-vous cela ?

    Je suppose que cela s’explique par la nature humaine. Peu d’hommes sont capables de faire la guerre sans haine, malheureusement. Mais dans le cas des « supporteurs », je crains que cette haine ne traduise bien souvent leur incapacité à décider de façon raisonnable de leurs positions et à argumenter pour les expliquer. En pareille occasion, beaucoup se déterminent par leurs sympathies ou leurs antipathies. Or, la sympathie et l’antipathie n’ont rien à faire en la circonstance. Seule importe l’analyse (on met les pour en abscisse et les contre en ordonnée) et les conclusions qu’on peut en tirer. Les gens de droite, je l’ai souvent écrit, ne sont pas des réflexifs, mais des réactifs. Au début de l’année, on les a vus s’emballer pour la candidature Zemmour alors qu’il suffisait d’en faire l’analyse pour comprendre que celle-ci déboucherait sur un échec. Il y a certes loin de la candidature Zemmour à la guerre en Ukraine, mais les réflexes sont les mêmes.

    Je n’ai pour ma part aucune sympathie pour le sinistre président Zelensky, mais j’en ai beaucoup pour le peuple ukrainien, qui se retrouve aujourd’hui bombardé en raison des orientations désastreuses de son gouvernement. Mais que montre l’analyse ? Que la guerre qui se déroule actuellement en Ukraine est en fait une guerre des États-Unis contre la Russie. La question n’est donc pas de savoir si l’on préfère les Ukrainiens ou les Russes, mais si l’on se sent ou non solidaire de l’Amérique. Le choix me semble alors pouvoir être vite fait.

    Breizh-info.com : Les répercussions en Occident, en plus des conséquences de la crise économique liée aux politiques covidistes, vont être énormes. Qu’avez-vous perçu dans le discours récent de M. Macron, qui, tel un mauvais Churchill, semble annoncer à son peuple du sang, de la sueur et des larmes ?

    Je pense qu’Emmanuel Macron a pris conscience de la gravité de la situation, mais qu’il sait en même temps qu’il ne peut plus revenir en arrière sans se déjuger. Il n’est que trop évident que les sanctions contre la Russie – des sanctions d’une ampleur encore jamais vue – auront les Européens pour premières victimes, puisque ces derniers sont moins autosuffisants que les Russes. Comme l’a dit Viktor Orban, l’Union européenne s’est « tiré une balle dans le poumon » en s’engageant dans une voie suicidaire et totalement contraire à ses intérêts industriels et énergétiques. S’y ajoute la menace de crise financière mondiale, qui est plus présente que jamais. Et aussi, disons-le, le risque d’une extension de la guerre jusqu’à un point qu’on peut seulement imaginer. Aujourd’hui, Macron cherche des arguments pour imposer le rationnement comme, au moment du Covid, il en a cherché pour imposer l’enfermement. Cela ne suffira pas à éviter le lent glissement vers le chaos.

    Breizh-info.com : La classe politique française est-elle selon vous aujourd’hui compétente, suffisamment qualifiée, pour être à la hauteur demain d’événements qui s’annoncent épiques mais aussi dramatiques pour nos populations ?

    La réponse est dans la question, et vous la connaissez aussi bien que moi. L’élément essentiel en politique est la décision, alors que la classe politique n’a été formée que pour la gestion. L’imprévu, le cas d’exception, la laissent ahurie comme un lapin pris dans les phares. La décision n’est pas affaire de dossiers techniques et de rapports d’experts. Elle requiert un sens quasi physiognomique. Il s’agit de prendre la mesure d’un moment historique, d’évaluer les rapports de force et de déterminer ce qu’il faut faire en fonction de la finalité qu’on s’est fixée. Les hommes d’État savaient faire cela, les politiciens ne le savent pas. Cela dit, on pourrait aussi se poser la question de savoir pourquoi les hommes qui ont le sens de la décision se dirigent aujourd’hui de plus en plus vers des domaines autres que la sphère politique. On s’apercevrait alors qu’en dernière analyse, la médiocrité de la classe politique est le résultat direct de la dévaluation du politique.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-Info, 6 septembre 2022)

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  • « L'eurasisme de Douguine est incompatible avec le nationalisme »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist au site de la revue Front populaire dans lequel il évoque la vision du monde d'Alexandre Douguine, le penseur eurasiste russe, dont la fille a récemment été assassinée dans un attentat à la voiture piégée qui le visait également.

     

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    Alexandre Douguine et Alain de Benoist à une conférence à Paris, en 2013.

     

    Alain de Benoist : « L'eurasisme de Douguine est incompatible avec le nationalisme »

    Front Populaire : Vous avez déjà rencontré Alexandre Douguine. Pouvez-vous nous expliquer qui il est, notamment sur le plan intellectuel ? Quelles sont ses idées, ses influences philosophiques et politiques, etc. ?

    Alain de Benoist : Alexandre Douguine, que je connais depuis plus de trente ans, est un théoricien de l’eurasisme. Ce courant de pensée est apparu dans les années 1920, tant dans les milieux de l’émigration russe (les « Russes blancs ») que dans la jeune Union soviétique, dans le cadre de la querelle des Slavophiles et des Occidentalistes (Zapadniki) qui divisait déjà les élites russes dans les années 1840.

    Les Occidentalistes considéraient la Russie moderne comme issue d’une « occidentalisation » de la société russe entamée au XVIIIe siècle à l’initiative de Pierre le Grand, tandis que pour les Slavophiles, comme Alexis Khomiakov, Constantin Aksakov ou Ivan Kirevsky (sur le plan littéraire, il faut aussi bien sûr citer Dostoïevski), la « vraie » Russie était celle d’avant les réformes pétroviennes, la Russie du patriarcat de Moscou organisée sur le modèle de l’unité conciliaire de l’Église orthodoxe, et se devait donc de combattre les influences délétères de l’Europe occidentale (rationalisme, individualisme, obsession du progrès technique), considérées comme portant atteinte à la personnalité du peuple russe.

    Les eurasistes, parmi lesquels figurent alors des personnalités comme les linguistes Nikolaï Troubetskoï, auteur de L’Europe et l’humanité (l’« Europe » correspondant à l’Occident), et Roman Jakobson, l’économiste Piotr N. Savitsky, le juriste et politologue Nicolas N. Alexeiev, l’historien et géopoliticien George V. Vernadsky, et bien d’autres, estiment comme les Slavophiles que la Russie et l’Occident constituent des mondes totalement différents, mais ajoutent à cette idée des éléments nouveaux. Selon eux, l’identité russe se fonde sur la superposition, à partir d’un substrat slavo-finno-touranien, d’une culture « kiévienne », née au contact des Varègues et fortement marquée par le christianisme byzantin, et d’une culture « moscovite » largement héritée, notamment quant aux formes du pouvoir, de l’empire tataro-mongole qui domina la Russie pendant trois siècles. Spirituellement, la Russie est byzantine, donc « orientale » (c’est le thème de la « troisième Rome »). Enfin, pour les eurasistes, la Russie n’est ni un « pays » ni une nation, mais une civilisation distincte de forme nécessairement impériale.

    Alexandre Douguine, né en 1962, appartient à la seconde génération eurasiste. Son apport principal à cette école de pensée tient à l’importance qu’il attache à la géopolitique, qu’il a longtemps enseigné à l’Université Lomonossov de Moscou (Fondamentaux de géopolitique, 1997), de pair avec un attachement viscéral à la mystique orthodoxe (il appartient lui-même au courant starovère ou « vieux-croyant » de l’Église orthodoxe, né du refus des réformes introduites au XVIIe siècle par le patriarche Nikon), selon laquelle la religiosité doit se fonder sur la foi, et non sur la raison.

    Le géopoliticien anglais Halford Mackinder, mort en 1947, avait développé l’idée (reprise par bien d’autres après lui, à commencer par Carl Schmitt), d’une opposition fondamentale entre les puissances maritimes et les puissances terrestres, les premières ayant été successivement représentées par l’Angleterre et les États-Unis, les seconds par le grand continent eurasiatique, dont le « cœur », le Heartland, correspond à l’Allemagne et à la Russie. Qui parvient à contrôler le Heartland, estimait Mackinder, contrôle le monde. C’est avec cette conviction présente à l’esprit que Zbigniew Brzezinski, dans Le Grand Echiquier (1997), a pu écrire que « l’Amérique doit absolument s’emparer de l’Ukraine, parce que l’Ukraine est le pivot de la puissance russe en Europe. Une fois l’Ukraine séparée de la Russie, la Russie ne sera plus une menace ».

    On comprend mieux par là les positions politiques d’Alexandre Douguine, qui ne voit pas seulement dans l’affrontement de l’Ukraine et de la Russie une « guerre fratricide », mais aussi une projection militaire d’une guerre idéologique débordant largement les frontières, une guerre mondiale entre les démocraties libérales, aujourd’hui en crise, considérées comme ordonnées à l’idée d’État universel et porteuses de décadence, et les démocraties illibérales ordonnées à l’idée de continuité historique des peuples désireux de maintenir leur sociabilité propre et leur souveraineté.

    Mais pour répondre complètement à votre question, il faudrait aussi parler des nombreux auteurs qui ont influencé Douguine. Celui-ci, qui parle couramment une bonne douzaine de langues (qu’il a apprises seul), s’est très tôt familiarisé avec des auteurs aussi différents que l’historien et géographe Lev Gumilev, fils de la poétesse Anna Akhmatova, théoricien du « lieu-développement » (mestorazvitiye), Arthur Moeller van den Bruck, le « jeune-conservateur » allemand partisan de l’« orientation à l’Est », Vico, Danilevski, Mircea Eliade, René Guénon, Jean Baudrillard, Marcel Mauss, Gilbert Durand, Claude Lévi-Strauss, Louis Dumont, Friedrich List, Heidegger, etc. Mais cela déborde le cadre de notre entretien !

    FP : Dans votre ouvrage Contre l’esprit du temps, vous écrivez avoir de la sympathie pour son idée d’une « quatrième théorie politique ». Qu’est donc cette théorie et en quoi la trouvez-vous intéressante ?

    ADB : Trois grandes doctrines politiques concurrentes ont été successivement engendrées par la modernité : le libéralisme au XVIIIe siècle, le socialisme au XIXe siècle, le fascisme au XXe siècle. Dans le livre qu’il a consacré à ce sujet, Douguine développe l’idée qu’il est nécessaire de faire apparaître une « quatrième théorie politique » qui dresserait un bilan de celles qui l’ont précédée, sans pour autant s’identifier à aucune d’elles. C’est une proposition stimulante pour l’esprit.

    Aux yeux de Douguine, le XXIe siècle sera aussi celui du quatrième Nomos de la Terre (l’ordre général des relations de pouvoir à l’échelle internationale). Le premier Nomos, celui des peuples vivant relativement à l’écart les uns des autres, a pris fin avec la découverte du Nouveau Monde. Le deuxième Nomos, représenté par l’ordre eurocentrique des États modernes (l’ordre westphalien), s’est achevé avec la Première Guerre mondiale. Le troisième Nomos fut celui qui a régné à partir de 1945, avec le système de Yalta et le condominium américano-soviétique. Que sera le quatrième Nomos ? Pour Douguine, soit il prendra la forme d’un monde unipolaire américanocentré, soit au contraire celle d’un monde multipolaire où les « États civilisationnels » et les grands espaces continentaux, à la fois puissances autonomes et creusets de civilisation, joueraient un rôle régulateur vis-à-vis de la mondialisation, préservant ainsi la diversité des modes de vie et des cultures.

    Douguine estime encore que nous sommes entrés dans une quatrième guerre mondiale. La Première Guerre mondiale (1914-18), avait abouti au démantèlement des empires austro-hongrois et ottoman. Les deux grands vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale (1939-45) ont été les États-Unis d’Amérique et la Russie stalinienne. La troisième guerre mondiale correspond à la guerre froide (1945-89). Elle s’est terminée avec la chute du Mur de Berlin et la désintégration du système soviétique, principalement au profit de Washington. La quatrième guerre mondiale a commencé en 1991. C’est la guerre des États-Unis contre le reste du monde, guerre multiforme, aussi bien militaire qu’économique, financière, technologique et culturelle, indissociable de l’arraisonnement général du monde par l’illimitation dissolvante de la logique du capital.

    FP : « Extrême droite », « rouge-brun », « antimoderne », « ultra-nationaliste », « traditionaliste », « néofasciste », sont autant de termes qui servent à qualifier ou renvoient à Douguine. Ces qualificatifs sont-ils pertinents ?

    ADB : Quand les journalistes, dont la culture en matière de philosophie politique et d’histoire des idées est à peu près nulle, sont confrontés à un phénomène auquel ils ne comprennent rien, ils ânonnent la vulgate dominante et récitent des mantras. L’« extrême droite », mot-caoutchouc, est le couteau suisse préféré de ces esprits paresseux. Tous ces qualificatifs, à la possible exception de « traditionaliste antimoderne », mais à condition d’entendre le terme au sens de Guénon, sont tout simplement ridicules. Ils n’apprennent rien au sujet d’Alexandre Douguine, mais en disent beaucoup sur ceux qui les emploient. Le plus grotesque est sans doute le qualificatif de « nationaliste » ou d’« ultra-nationaliste », que la plupart des commentateurs utilisent en permanence à son propos. Douguine, je le répète, est un eurasiste. Or, l’eurasisme est incompatible avec le nationalisme, puisqu’il se réclame de l’idée d’Empire, c’est-à-dire d’un refus de principe de la logique du nationalisme ethnique et de l’État-nation (ce qui explique d’ailleurs les liens étroits qu’entretient Douguine avec les représentants des communautés juives et turco-musulmanes).

    FP : Depuis quelques jours, Alexandre Douguine est beaucoup présenté dans les médias comme le « cerveau » de Poutine en politique étrangère, comme une sorte de Raspoutine un peu mystérieux. Quel est son niveau d’influence auprès de Poutine ? Est-il écouté par la société civile russe ?

    ADB : Le « cerveau » de Poutine ! Quand on sait que Douguine et Poutine ne se sont jamais rencontrés une seule fois en tête-à-tête, on mesure le sérieux de ceux qui emploient cette expression. La réalité est plus prosaïque. Alexandre Douguine, qui a été traduit dans dix ou douze langues différentes, est un auteur connu et lu, tant en Russie qu’à l’étranger. Il a ses réseaux et son influence. Lorsqu’en avril 1992, j’avais eu l’occasion de donner une conférence de presse au siège de la Pravda à Moscou et de parler de géopolitique avec des généraux et officiers supérieurs de l’armée, j’avais déjà pu me rendre compte de l’écho que recevaient dans l’opinion les idées eurasistes. Depuis, Douguine a lancé en 2003 le Mouvement eurasiste international, qui s’est beaucoup développé dans les populations non russes de Russie, et il a même été reçu à Washington par Zbigniew Brezinski et Francis Fukuyama.

    Douguine connaît incontestablement bien l’entourage de Poutine, mais il n’a jamais fait partie de ses intimes ni de ses « conseillers spéciaux ». Il est certes reconnaissant à Poutine d’avoir rompu avec l’atlantisme libéral de Boris Eltsine, mais il pense qu’il n’est qu’un « eurasiste malgré lui ». Le livre qu’il a écrit il y a quelques années sur Poutine est d’ailleurs loin d’être un exercice d’admiration : Douguine y explique au contraire à la fois ce qu’il approuve chez Poutine et ce qui lui déplaît. Mais de toute évidence ceux qui pérorent en France à son sujet n’ont jamais lu une ligne de lui.

    FP : Vous connaissez bien Alexandre Douguine et son œuvre. Vous avez par ailleurs récemment publié un ouvrage critique sur les médias intitulé Survivre à la désinformation (2021). Comment jugez-vous globalement son traitement médiatique et celui du conflit russo-ukrainien ?

    ADB : Le traitement médiatique est celui que vous connaissez. Les grands médias français sont tellement habitués à se faire les relais de l’idéologie dominante, ils trouvent tellement normal qu’il n’y ait plus dans ce pays de débats dignes de ce nom, qu’il leur apparaît tout aussi naturel de ne jamais donner la parole à ceux dont ils ignorent ou caricaturent les idées. C’est vrai dans le cas de Douguine comme dans celui de la guerre en Ukraine : le point de vue ukrainien est omniprésent, le point de vue russe n’est même pas mentionné. On crée ainsi un formidable refoulé. Il faut toujours se méfier du refoulé.

     

    Alain de Benoist, propos recueillis par Maxime Le Nagard (Front populaire, 30 août 2022)

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  • L’Ukraine ou le tombeau de l’Occident...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Hervé Juvin à Boulevard Voltaire et consacré à la position de l'Europe dans le conflit russo-ukrainien, et plus largement dans le conflit russo-américain.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

     

                                           

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