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poutine - Page 13

  • Ukraine : que pourrait faire la France ? ...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue équilibré de Bertrand Renouvin, cueilli sur son blog et consacré à la crise ukrainienne...

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    Ukraine : que pourrait faire la France ?

    Dans le débat français sur la crise ukrainienne, une question mériterait d’être privilégiée : que peut faire la France ? Ce souci est balayé par le discours dominant. Qui n’est pas pour Kiev est pour Moscou – et Paris se trouve naturellement dans le camp du Bien. Comme ce camp a fait beaucoup de mal, dans l’ancienne Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye… il est prudent de se garder des fausses évidences du manichéisme ambiant. Et si la France est approuvée par les arbitres du bon ton diplomatique, c’est en raison de son effacement. François Hollande répète ce que dit Barak Obama, s’en remet à la Commission européenne et laisse Angela Merkel discuter directement avec Vladimir Poutine.

    Plutôt que de remâcher cette nouvelle humiliation, il faut réfléchir à ce que pourrait faire la France, dès lors que, libérée de son oligarchie atlantiste, elle ferait exploser la zone euro et quitterait définitivement l’OTAN. Il ne s’agit pas de rédiger une feuille de route, ce qui impliquerait un cheminement au ras du sol, mais de regarder, avant tout engagement, la carte du monde. On voit la Chine, qui nous agresse commercialement, et les Etats-Unis en déclin. On voit aussi que la Russie ne nous menace en rien et l’on sait que l’Union européenne est moribonde. On se souvient que la pression islamiste se renforce sur l’Asie centrale et sur le Nord-Caucase et l’on constate que la Russie s’efforce de contenir la menace. Dès lors, la France pourrait construire un nouveau système d’alliances continentales, dans le cadre d’une confédération européenne respectant la souveraineté de ses Etats-membres.

    Cette nouvelle politique européenne viserait la réduction progressive des tensions en Europe à laquelle la France  contribuerait en incitant les Etats concernés à renoncer au bouclier anti-missiles américain  puis à quitter l’OTAN au profit d’une organisation européenne de sécurité. Cette politique d’apaisement et de sécurité collective impliquerait une coopération avec la Russie dans la lutte contre l’islamisme et, dans le même temps, un plan européen de développement économique et social conçu hors de la dogmatique ultralibérale, dans le souci de l’écologie générale du continent et des mers qui l’entourent.

    Si un gouvernement français s’était placé dans cette perspective, tracée par le général de Gaulle pendant la Guerre froide, il aurait été possible de favoriser le règlement de la crise ukrainienne. Il aurait fallu :

    Constater que l’insurrection kiévienne a engendré un pouvoir de fait qui a déchiré l’accord entre le président légal et les partis d’opposition et violé la Constitution en destituant Viktor Ianoukovitch et en supprimant la Cour constitutionnelle qui aurait dû se prononcer sur cette destitution.

    Exiger que ce pouvoir de fait ne signe pas de nouveaux traités et n’engage pas de discussion avec l’OTAN afin d’apaiser les craintes justifiées de la Russie – le projet d’accord entre l’Ukraine et l’Union européenne comportant des clauses de coopération militaire.

    Exiger le désarmement et la dissolution des partis nationaux-socialistes afin que la sécurité des personnes et les libertés publiques soient de nouveau garanties.

    Eviter que l’Ukraine ne tombe sous la coupe du FMI et ne subisse les effets désastreux d’une thérapie de choc en proposant à toutes les puissances européennes la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour le financement et le développement de l’Ukraine.

    Prendre au mot le président de la Fédération de Russie qui a déclaré le 4 mars qu’il n’avait pas l’intention d’encourager les tendances annexionnistes, l’inciter à différer le référendum prévu en Crimée et les demandes de rattachement à la Russie de plusieurs villes d’Ukraine et soutenir sa proposition d’organiser la consultation de tout le peuple d’Ukraine en vue de l’adoption d’une nouvelle Constitution.

    Encourager les partis démocratiques d’Ukraine à se concerter pour organiser les élections législatives et présidentielles hors de toute pression extérieure – qu’elle soit américaine, allemande, polonaise,  russe – afin que le peuple ukrainien se donne librement de nouvelles institutions.

    C’est en étant libre de toute allégeance que la France aurait pu favoriser la paix en Europe.

    Bertrand Renouvin (Blog de Bertrand Renouvin, 12 mars 2014)

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  • Hollande à Washington : était-ce bien nécessaire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur Europe solidaire et consacré à la piteuse visite de François Hollande aux États-Unis...

     

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    Hollande à Washington. Était-ce bien nécessaire?

    Les visites d'Etat sont un rite utile dans toute diplomatie qui se respecte. Elles permettent au chef d'Etat visiteur de rappeler l'indéfectible amitié qui lie les deux pays. Elles permettent à ce même chef d'Etat visiteur de rappeler aux nationaux expatriés que la maison-mère ne les oublie pas...et que le gouvernement en exercice compte le moment venu sur leurs votes. Elles sont enfin l'occasion de contacts commerciaux, voire d'accords, dont certains déboucheront peut-être un jour.

    La visite de François Hollande à Barack Obama n'a pas manqué à cette tradition. Nous avons notamment eu droit une énième fois au rappel de la contribution de La Fayette à la révolution américaine, sans mentionner d'autres amabilités de cette sorte.

    Nous pouvons nous demander cependant si cette visite, précisément en ce début 2014, était bien nécessaire,. Elle aurait pu être repoussée un peu. Ou alors elle aurait du permettre à François Hollande de ne pas s'afficher en allié docile, se bornant à suivre voire précéder les Etats-Unis dans tous les méandres d'une politique internationale incohérente et dangereuse.

    Or rien n'a été dit, que nous sachions, de cette question. Ni concernant l'avenir du conflit syrien, ni concernant les relations (incestueuses) de l'Amérique avec les monarchies du Golfe, ni enfin concernant les manœuvres permanentes que mène Washington pour opposer la Russie aux Etats qui constituaient traditionnellement sa frontière occidentale. En Ukraine, il ne s'agit plus de manœuvres mais d'une véritable guerre soft. Que diraient les américains ou les européens si l'homologue russe de John Kerry débarquait chez eux pour y aider les oppositions à renverser les gouvernements en place?

    En dehors de l'Ukraine, l'Amérique conduit des politiques plus « covert » mais semblables, en direction de la Biélorussie, la Moldavie, la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Ceci avec l'aide des Etats de l'Union européenne les plus anti-russes. La France qui, quoique l'on en pense, pèse encore d'un certain poids en Europe, n'a-t-elle pas son mot à dire pour calmer le jeu ?

    En ce qui concerne la question diplomatique majeure résultant de l'espionnage des pays européens par la NSA, Obama avait déjà fait savoir que le sujet ne sera pas discutée avec Hollande, d'autant plus qu'il avait précédemment dit clairement aux services secrets américains et au Congrès qu'il n'avait en rien l'intention de limiter les intrusions américaines chez les « alliés ».

    Pour le reste, coopération économique internationale, négociations de libre échange, défense de l'environnement et lutte contre l'effet de serre ..., il est clair également que Obama ne fera rien pour tenir compte des points de vue de la France. Aussi bien d'ailleurs, il est également clair que Hollande n'a abordé ces questions que par des allusions discrètes.

    Une faute grave.

    En prenant un peu de recul, on peut se demander ce que Hollande cherche en affichant un si total accord avec ce lame duck ou canard boiteux qu'est devenu Obama. Très fragilisé lui-même, il ne verra pas son poids international s'en accroître.

    Dans le même temps, faut-il le rappeler, le Président de la République française avait refusé de se rendre à l'inauguration des Jeux Olympiques de Sotchi formulée par Vladimir Poutine. Il ne s'agit pas d'une bagatelle, ni même d'une erreur, mais d'un faute grave. Non seulement la France s'affiche ce faisant au premier rang de ceux qui de par le monde font du Poutine bashing une politique systématique; mais la France heurte directement les quelques amis qu'elle avait pu conserver en Russie.

    Ceci à un moment où elle aurait le plus intérêt à contribuer au rapprochement de la Russie avec l'Europe. Nous avons plusieurs fois ici exprimé l'opinion que dans un monde de plus en plus en crise, des partenariats stratégiques avec les pays du BRIC s'imposaient à l'Europe. Or au sein du BRIC la Russie est la plus proche de nous. Si une Eurasie se construit, et si la France continue à jouer le caniche de l'Amérique, nous n'en ferons pas partie.

    Jean-Baquiast (Europe solidaire, 11 février 2013)

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  • Plaidoyer pour la Russie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'écrivain Gabriel Matzneff, cueilli sur le site du Point et consacré à la curieuse hostilité de la France à l'égard de la Russie...

     

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    Plaidoyer pour la Russie

    J'aimerais beaucoup qu'en 2014 on m'explique les raisons de l'inféodation de la politique étrangère française - droite et gauche confondues - à celle des États-Unis ; qu'on me déroule les arcanes de l'opiniâtre hostilité que les autorités françaises, les médias français - gauche et droite confondues - témoignent à la Russie. En Irak, en Serbie, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, et, de manière moins sanglante mais semblablement servile, en Géorgie et en Ukraine, l'Élysée et le Quai d'Orsay, le petit doigt sur la couture du pantalon, sont, depuis de nombreuses années, aux ordres des Américains, adoptent sans barguigner leur exécrable politique étrangère. Parfois même s'y montrent - en Libye et en Syrie par exemple - des serviteurs encore plus zélés que leurs maîtres.

    La première fois que j'ai voté pour élire le président de la République, figurait parmi les candidats celui du parti américain. Il s'appelait Jean Lecanuet et se prenait pour la réincarnation de John Kennedy, assassiné deux ans plus tôt. Il n'était pas antipathique, mais sa ferveur pro-yankee prêtait à sourire et, à droite, les gens sérieux se rassemblaient derrière le général de Gaulle qui, lui, prônait une politique étrangère peu soucieuse des intérêts des États-Unis ; une politique qui, au Proche-Orient, en Europe orientale, au Canada, en Amérique du Sud, en Asie, était uniquement attachée aux intérêts de la France.

    "Nous sommes en guerre contre l'Amérique"

    À ces élections de 1965, la gauche portait les couleurs d'un seul candidat, François Mitterrand. Je me battais pour lui dans les colonnes de Combat, un journal de jeunes insolents mousquetaires dont le capitaine de Tréville se nommait Philippe Tesson ; et aussi dans un hebdomadaire de droite, La Nation française de Pierre Boutang, où mon meilleur argument était : François Mitterrand, lui aussi, saura dire non aux Américains.

    Le général de Gaulle, défenseur d'une Europe de l'Atlantique à l'Oural, était attentif à développer cette amitié franco-russe qui, depuis le mariage de la princesse Anne de Russie avec le roi Henri de France jusqu'aux champs de bataille des deux guerres mondiales, est la colonne d'or de l'équilibre européen ; il s'inscrivait dans cette féconde tradition de l'alliance franco-russe célébrée par le duc de Saint-Simon, Chateaubriand et tant d'autres esprits lucides.

    Mitterrand, lui aussi, était un slavophile qui n'imaginait pas un instant que l'Europe pût n'être qu'une Europe catholique et protestante ; qui savait que la Russie et les autres pays orthodoxes de l'Europe orientale constituaient un élément essentiel de notre vieux continent. Fidèle à l'amitié qui unit la Serbie et la France, il a souffert de la guerre de l'Otan contre le peuple serbe. Dans un beau livre paru chez Plon, Le dernier Mitterrand, Georges-Marc Benamou cite ce propos que le président malade lui tint en 1994 :

    "La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l'Amérique... Oui, une guerre permanente, une guerre vitale... Leur propagande, les manipulations, leurs mensonges... Les Américains voulaient envoyer les Turcs bombarder les Serbes, j'ai fait ce qu'il fallait pour éviter cette folie."

    L'intelligentsia française témoigne une sourcilleuse exigence démocratique à l'endroit de Poutine

    Personne ne fait aux Américains le reproche d'avoir une politique favorable à l'Amérique. Comme le dit Pierre Fresnay dans L'assassin habite au 21, "c'est bien normal". En revanche, nous pouvons légitimement regretter que les successeurs du général de Gaulle et de François Mitterrand, hier Nicolas Sarkozy, aujourd'hui François Hollande, se soumettent si platement aux mots d'ordre de Washington, se croient obligés - lors de crises telles que, hier, celle de la Géorgie, aujourd'hui celle de l'Ukraine, - de prendre le parti des marionnettes pro-américaines, de manifester leur hostilité à la Russie et aux amis de la Russie.

    Les Russes ont toujours été animés de cette "passion extrême de s'unir avec la France" que Saint-Simon se réjouit d'observer chez Pierre le Grand, et cette passion fut longtemps réciproque, mais, pour des raisons que j'aimerais qu'en 2014 on m'explique, elle ne l'est plus. En 1988, lorsque Gorbatchev décida de mettre fin au régime dictatorial qui depuis soixante-dix ans oppressait le peuple russe, cela aurait dû être en France, et en particulier chez les intellectuels, les artistes, une explosion de joie. Qu'après des décennies de décervelage d'État, les Russes pussent enfin redécouvrir leurs racines culturelles, spirituelles, prier librement, s'exprimer librement, voyager librement, que dans les vitrines des librairies ressuscitent les livres interdits - des Démons de Dostoïevski au Requiem d'Akhmatova, des oeuvres de Berdiaeff à celles de Florensky -, aurait dû réjouir tous les Français attachés à la liberté d'expression, et en premier lieu ceux qui se réclament de la gauche.

    Bizarrement, il n'en fut rien et, en 2013, il n'en est toujours rien. L'intelligentsia française, qui durant soixante-dix ans a témoigné une incroyable indulgence aux tortionnaires Lénine, Staline, Brejnev, qui, au pire des persécutions, a continué de lécher le cul du pouvoir soviétique et de bouffer ses petits fours à l'ambassade de la rue de Grenelle, témoigne soudain une sourcilleuse exigence démocratique à l'endroit de Poutine. Oui, c'est en vérité curieux, car, à comparaison des trois sanglants zozos que je viens de nommer, Poutine est un parangon de démocratie.

    Si des professionnels de la politique européenne pouvaient en 2014 me dévoiler les raisons de ce deux poids deux mesures, de cet assujettissement aux États-Unis, de cet incroyable et absurde désamour de la Russie chez nos gouvernants, nos journalistes et nos intellos bon chic bon genre, j'en serais ravi. Sur ce, Joyeux Noël, Bonne Année et, comme disent nos amis corses, Pace e Salute !

    Gabriel Matzneff (Le Point, 15 décembre 2013)

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  • La révolution européenne en Ukraine ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 10 décembre 2013 et consacrée à une analyse équilibrée de la situation en Ukraine...

     


    La révolution européenne en Ukraine par rtl-fr

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  • Rencontre avec Aymeric Chauprade...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec Aymeric Chauprade, réalisé par l'équipe de Fdesouche à l'occasion de la sortie de la nouvelle édition de Chronique du choc des civilisations (Edition Chronique, 2013).

     


    Entretien avec Aymeric Chauprade par Pierre_Premier

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  • La victoire de la Russie...

    Nous vous livrons ci-dessous l'excellente analyse de Jacques Sapir, cueillie sur son blog RussEurope et consacrée à la victoire diplomatique de la Russie dans l'affaire syrienne...

     

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    La victoire de la Russie

    Le vote par le Conseil de sécurité des Nations Unies, dans la nuit de vendredi 27 au samedi 28 septembre de la résolution sur les armes chimiques en Syrie, co-présentée par la Russie et les Etats-Unis, a été un moment important dans la reconstruction d’un ordre international. Ce vote, obtenu à l’unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité, présente plusieurs points qui appellent des commentaires :

    • (i)            Il fait obligation à toutes les parties en présence en Syrie de remettre les armes chimiques qu’elles détiennent aux Nations Unies à fin de destruction. Il enjoint à toutes les parties en présence de cesser la production ou le transfert de ces armes.
    • (ii)           Il réaffirme solennellement que la prolifération des armes de destruction massive est une menace pour la paix et la sécurité.
    • (iii)         Il réaffirme la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie.
    • (iv)         Il précise qu’en cas de violation par l’une des parties de l’accord, le « chapitre VII » de la charte s’appliquera, soit qu’il y aura une nouvelle réunion du Conseil de sécurité et qu’il faudra un nouveau vote avant l’engagement de la force armée.

    Ce vote est incontestablement une victoire pour la Russie, comme le soulignent tous les observateurs. Toutes les parties impliquées dans la crise Syrienne, à commencer par la France et les Etats-Unis, ont dû accepter de se plier à la légalité des Nations Unies. Il ne peut, dans ces conditions, y avoir de frappes «décidées unilatéralement. Cette victoire de la Russie est aussi, et surtout, une victoire du Droit International. Mais, c’est aussi une victoire pour la Russie car la résolution reconnaît le gouvernement légal de la Syrie comme son interlocuteur et le désigne comme tel dans la tenue d’une conférence de paix qui doit se tenir à Genève. Dès lors, il ne saurait y avoir de préalable, et en particulier le départ de Bachar el-Assad. De fait, les Etats-Unis et la France ont été isolés, non seulement face à la Russie mais aussi face aux « BRICS » et à une grande majorité de pays, et ont dû accepter la logique de la position russe.

    Cette victoire de la Russie est historique. Elle signe tant la cohérence de sa politique étrangère, mise en œuvre par son Président Vladimir Poutine et par son Ministre des affaires étrangères M. Serguey Lavrov et qui a fait de la défense de la légalité internationale sa pierre angulaire, que le changement de rapport de force international. Mais, cette victoire confère de nouvelles responsabilités à la Russie. Désormais on attendra d’elle non pas tant une position réactive qu’une position pro-active sur les différentes crises internationales.

    Cette victoire de la Russie doit aussi être mise en parallèle avec l’effacement de l’Europe et l’échec de la France. Cet échec est humiliant. La France s’est retrouvée isolée, et n’a pas été partie aux négociations de Genève entre la Russie et les Etats-Unis, négociations qui ont rendu possible le vote de cette résolution. Cet échec est celui, en profondeur, de la politique étrangère suivie par notre pays. Échec qui est le prix de l’incohérence : comment concilier l’action au Mali au début de cette année (dont on oublie trop vite qu’elle a été rendue possible par la mise à la disposition d’avions-cargos russes pour assurer la logistique) avec la position sur la Syrie. Échec qui est le prix d’une absence de doctrine, ou plus précisément de la montée du moralisme à la place d’une pensée politique réelle. Échec, enfin, dans la capacité à unir l’Union Européenne sur nos positions. Jamais l’Union Européenne n’est apparue autant divisée et sans position dans l’arène internationale. La France à cru beaucoup sacrifier à la construction européenne dans l’espoir qu’elle en tirerait avantage sur le plan international et que sa position en ressortirait renforcée. Elle doit aujourd’hui déchanter. Les sacrifices de souveraineté n’ont pas abouti à la constitution d’une position unifiée de l’Union Européenne. Ils ont par contre redonné une légitimité à l’Allemagne comme grande puissance.

    De cet échec, il faudra impérativement en tirer les leçons et faire le bilan de vingt années de « construction européenne ». Mais il faut aussi que M. Laurent Fabius tire personnellement le bilan du vote de cette nuit au Conseil de Sécurité, au vu de son activité et de son activisme des mois derniers, et qu’il assume sa responsabilité dans cet échec en démissionnant.

    Jacques Sapir (RussEurope, 28 septembre 2013)

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