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otan - Page 16

  • Balkans : un éclatement programmé...

    Les éditions Xénia viennent de publier un essai d'Alexis et Gilles Troude intitulé Balkans : un éclatement programmé. Spécialistes de l'ex-Yougoslavie, les auteurs reviennent, vingt ans après le début du  processus de dissolution de ce pays, sur cette crise, dont les principaux bénéficiaires ont été les Etats-Unis au travers de l'OTAN... 

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    "L’éclatement de la Yougoslavie, dés les années 1991-1992, accompagné de guerres civiles meurtrières, fut un grand traumatisme européen. Ce fut également le modèle et le banc d’essai de toutes les ingérences occidentales de l’ère post-soviétique, justifiées par la défense des minorités et des droits de l’homme, mais sous-tendues par des objectifs géopolitiques précis.
    Vingt ans plus tard, alors que les armes se taisent et que les passions paraissent endormies, Alexis-Gilles Troude jette un regard rationnel sur ces événements déjà entrés dans l’histoire.
    Présentées à l’époque, en Occident, comme des insurrections spontanées et autonomes des peuples assoiffés de liberté et de démocratie contre le pouvoir centralisateur de Belgrade, les sécessions des années quatre-vingt-dix révèlent une implication lourde des facteurs étrangers, notamment américains, tant sur le plan militaire et diplomatique que dans le domaine du conditionnement de l’opinion.
    Mettant en évidence les circonstances réelles de cette recomposition, cet ouvrage se penche également sur le destin des nouveaux Etats créés sur le territoire yougoslave et sur leurs chances de stabilisation et de survie dans le contexte actuel. Soulevant autant de questions qu’il apporte de réponses."

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  • La triple guerre...

    Vous pouvez visionner ci-dessous une excellente chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 29 juin 2012 et consacrée à la guerre en Syrie...

     


    Eric Zemmour : "La triple guerre" par rtl-fr

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  • Tour d'horizon... (29)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Esprit Cors@ire, Richard Labévière s'oppose à l'occidentiste Bruno Tertrais à propos du bouclier antimissile américain, véritable arme de vassalisation de l'Europe...

    Bouclier antimissile : un pari déraisonnable...

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     - sur Atlantico, Dominique Jamet revient sur les thème de prédilection du politiquement correct...

    Ces nouveaux sujets rattrapés par le politiquement correct français

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  • Les législatives sans le peuple...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse d'Andrea Massari et de Michel geoffroy, cueillie sur Polémia et consacrée aux leçons qu'il est possible de tirer des élections législatives...

     

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    Les législatives sans le peuple

    1-Une abstention record

    Au deuxième tour de l’élection législative, le 17 juin 2012, 47,60% des électeurs se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul. C’est un record absolu sous la Ve République. Plus de la moitié des moins de 44 ans se sont abstenus, tout comme la majorité des employés et des ouvriers. Illustration du désintérêt pour l’élection : durant l’entre-deux-tours, les couvertures des magazines (Le Nouvel Observateur, L’Express, Marianne) titraient, non sur l’enjeu du scrutin, mais sur la guerre des concubines présidentielles (« La première femme contre la première dame », selon France Dimanche).

    2-Une assemblée à la représentativité douteuse

    Avec 16,5% des inscrits au premier tour le Parti socialiste a la majorité absolue. Avec 2% à l’élection présidentielle, les écologistes disposent de 18 élus. Avec 18% à l’élection présidentielle, le Front national dispose de 2 élus.

    On notera, en contrepoint, que les minorités ethniques disposent au titre de la « diversité » de 10 députés et de 3 ministres.

    Précisons que la circonscription de Marine Le Pen avait été redéfinie par le gouvernement Fillon pour rendre la victoire de la gauche plus facile (avec l’ancien découpage Marine Le Pen aurait été élue avec 53% des suffrages !)

    Marine Le Pen (18% à la présidentielle), Jean-Luc Mélenchon (11%), François Bayrou (9%) sont exclus de l’assemblée nationale : soit trois personnalités représentatives de 38% des électeurs.

    3- La stratégie centriste de Fillon, Copé, Juppé a démobilisé les électeurs UMP

    Avec la « stratégie Buisson », celle d’un langage à droite toute, Nicolas Sarkozy est parvenu à rassembler 48,5% suffrages, le 6 mai 2012. A contrario, la mollesse de la campagne législative Copé/Fillon a accentué la démobilisation naturelle de l’électorat. L’UMP ne retrouve que 44% des suffrages, soit 4,5 points de moins qu’à la présidentielle.

    Les reports du FN vers l’UMP ont été découragés par les déclarations politiquement correctes des Juppé, Dati, Jouanno (tous non candidats), NKM et autres Copé.

    A contrario, les médias ont beaucoup glosé sur la défaite des élus UMP de la droite populaire, sans voir que beaucoup d’entre eux partaient de situations très défavorables ; pourtant, dans leurs circonscriptions, Jean-Paul Garraud, Brigitte Barèges ou Bernard Carayon, quoique battus, limitent les pertes par rapport à la moyenne nationale.

    4- L’union à droite, cela marche : le populiste Bompard élu à Orange

    L’élection de Jacques Bompard à Orange a été très largement passée sous silence par les médias. Or Bompard a été particulièrement bien élu, obtenant près de 59% des suffrages. Parti de 22% au premier tour, il a réuni sur son nom la quasi-totalité des 40% de suffrages dispersés sur le Front national, l’UMP et les candidats divers droites. Ce brillant résultat est le fruit d’une fidélité sans faille à ses convictions politiques, d’un travail de terrain constant et d’une habile stratégie électorale. C’est dans ce contexte, propre au Comtat Venaissin, que Marion Le Pen a été élue à Carpentras avec l’aide de l’équipe de campagne de son suppléant intelligemment choisi parmi la Ligue du Sud de Bompard.

    5-Les reports UMP/FN ont existé et le Front national est donc entré dans un processus de normalisation politique

    Là où le FN était fort, il a bénéficié de bons reports de l’UMP : notamment à Hénin-Beaumont dès le premier tour ; dans le Gard pour Gilbert Collard qui a même bénéficié, au deuxième tour, d’un « vote utile » en sa faveur ; et aussi dans les Bouches-du-Rhône où deux candidats FN ont atteint 49% : des chiffres insuffisants pour gagner mais néanmoins très significatifs, puisque supérieurs aux résultats obtenus en 1988 et 1997. De même Florian Philippot a bénéficié de bons reports UMP en Lorraine.

    Le Front national est donc bien entré dans un processus de normalisation politique, au grand dam de la gauche et de l’oligarchie.

    Cela tient à la fois à la personne et à l’action de Marine Le Pen, mais aussi au fait que la situation générale de notre pays et de l’Europe confirme les analyses de la droite identitaire. Le discours d’ostracisme vis-à-vis du Front national est donc de moins en moins audible, dans un pays de plus en plus en crise. Le Front de gauche, malgré un soutien systématique de l’oligarchie médiatique, a d’ailleurs été incapable de supplanter le Front national, en particulier à cause de sa position sur l’immigration.

    6-La partialité médiatique a une fois de plus biaisé l’élection en faveur des médiagogues

    Il y a une grande différence entre un référendum et une élection représentative. A un référendum les électeurs votent pour des idées et des projets. A une élection représentative les électeurs votent aussi en fonction des images des candidats. Ainsi certains candidats – NKM par exemple – sont angélisés. D’autres sont diabolisés, comme le furent Christian Vanneste (éliminé dès le premier tour), Nadine Morano ou Jean-Paul Garraud. Et l’opinion est, volens nolens, influencée par les personnalités les plus présentes dans les médias qui sont précisément celles qui tiennent le discours le plus convenu et le plus politiquement correct.

    7-Hollande : des pouvoirs réduits, une légitimité faible

    Les médias ont glosé sur les pouvoirs rassemblés par Hollande : la majorité absolue de l’Assemblée nationale, la majorité du Sénat, la majorité des collectivités territoriales.

    Mais ces pouvoirs sont limités par ceux des organisations internationales : l’Union européenne, l’Organisation mondiale du commerce, l’OTAN. Sa marge de manœuvre est dérisoire.

    En interne ses pouvoirs sont limités par les organes juridictionnels : sait-on, par exemple, que depuis 40 ans, 90% des lois et décrets sur l’immigration ne sont pas le fait des députés mais celui du Conseil d’Etat, de la Cour de cassation, du Conseil constitutionnel, de la Cour de justice européenne, de la Cour européenne des droits de l’homme ?

    Hollande a été choisi (à défaut de DSK, indisponible) comme gérant d’apparence des intérêts de la superclasse mondiale. Sa marge de manœuvre est faible. De retour de la conférence du Bilderberg (où il a séjourné, en Virginie, du 29 mai au 3 juin), Erik Israélewicz, directeur du Monde (dont Matthieu Pigasse, de la banque Lazard, est l’actionnaire de référence), fixe la feuille de route présidentielle : dans des éditoriaux à l’arrogance mal dissimulée, le patron du Monde dit au président de la République ce qu’il doit faire, sur l’euro, l’Europe, la Grèce, le redressement des comptes publics et même comment il doit recadrer sa concubine…

    8-Hollande, une légitimité fragile

    Or Hollande, malgré les discours euphoriques de médias versatiles, a une légitimité faible : il n’a obtenu que 48,64% des votants du deuxième tour, davantage par rejet de Nicolas Sarkozy que par adhésion. Et il n’a obtenu la majorité des suffrages exprimés que par le vote des minorités ethniques dont les représentants les plus agités ont fêté la victoire en agitant des drapeaux étrangers.

    Aux législatives, on l’a dit, et là aussi malgré la mobilisation du vote ethnique en sa faveur, le Parti socialiste n’a rassemblé que 16,1% des suffrages.

    Jamais sous la Ve République la coupure entre le pays légal et le pays réel n’a donc été aussi profonde ; l’usure du système politique français, de moins en moins représentatif, est manifeste et le clivage gauche/droite recouvre donc de plus en plus un clivage identitaire, ce qui va contribuer à radicaliser le débat politique.

    Sur le plan du style, la « présidence normale » et son gouvernement se sont coulés dans la continuité de l’hyperréactivité émotionnelle, les morts de militaires et de gendarmes et les blessures de policier servant cyniquement de carburant électoral. C’est une stratégie médiatique efficace à court terme mais dangereuse dans la durée.

    Bon courage, M. Hollande

    Michel Geoffroy et Andrea Massari (Polémia, 19 juin 2012) 

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  • Hollande, la France et l'Amérique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à cette étrange politique d'"amitié" franco-américaine qui justifie tous les renoncements...

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    Hollande, la France et l'Amérique
     
    François Hollande, le 6 juin dernier, n’a pas manqué de louer les Etats-Unis d’Amérique, et leur rôle dans la « Libération » de notre pays. Le débarquement sur les plages de Normandie est pour lui le symbole d’un partage de valeurs entre les deux nations, qui nous lie indéfectiblement. Les Français auraient-ils tant décliné, qu’ils seraient devenus incapables d’analyser leur histoire avec lucidité, sans être brouillés par les effluves toxiques de l’idéologie ? Pourtant, les faits donnent brutalement tort à la rhétorique complaisante, pour peu qu’on se penche sur eux sans idées préconçues.

    Aussi bien, Hollande, avant de s’abandonner au lyrisme, aurait-il dû se souvenir des paroles de Mitterrand, qui déclarait, dans les derniers mois de son existence, à Georges Marc Benamou : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans morts. […] Oui, ils sont très durs, les Américains, ils sont voraces, ils veulent le pouvoir sans partage sur le monde. »

    Voilà qui a le mérite, tardif, de la clarté. L’ancien président, malgré tout atlantiste, comme le fut toujours le parti socialiste, avait tout fait pour placer la France sous le giron américain. Il est des scrupules et des franchises que hâte l’imminence de la mort…
    Mais avant de s’interroger sur la réalité d’une « Libération » qui est loin d’en être une, peut-être est-il besoin de rappeler quelles étaient les relations qu’entretenaient nos « libérateurs » avec le régime de Vichy et, parallèlement, avec le général de Gaulle et la Résistance intérieure.

    Le moins que l’on puisse dire est que le gouvernement du maréchal Pétain a longtemps été préféré à la France Libre. Les diplomates du States Department (ministère des Affaires étrangères), ou les influents Cordell Hull et Summer Welles, n’ont eu de cesse que de dénigrer de Gaulle. Franklin Roosevelt, par exemple, a pensé que Weygand livrerait sans combat l’Afrique du Nord à l’armée américaine. Même lorsque le pro allemand Darlan prend le pouvoir, le crédit dont bénéficie Pétain ne change pas ces dispositions favorables. Du reste, l’entrée en guerre des Etats-Unis, le 7 décembre 41, ne change rien à l’affaire. Tout sera fait pour écarter de Gaulle. Cette attitude hostile est, par ailleurs, confortée par le socialiste Jean Monnet, « père de l’Europe », comme l’on sait. Un signe indubitable de cette politique pro vichyste a été la nomination, comme ambassadeur auprès de Pétain, de l’amiral William Daniel Leahy, et ce jusqu’en mai 42. Pourtant, les US sont en guerre contre l’Allemagne, dont le gouvernement français, collaborationniste, souhaite la victoire. Quant au remplaçant de l’amiral, son adjoint Tucck, il n’aura aucun mot sur la déportation des Juifs, hormis une simple protestation, en août 42, contre le fait que l’on sépare les enfants des parents. Eût-il fallu que les premiers suivissent les seconds ?

    Quand, le 8 novembre 43, les Alliés débarquent en Afrique du Nord, à Alger, à Oran, sur les côtes du Maroc, les Français de la France combattante, à Londres, en sont les derniers informés. En tout cas n’étaient-ils nullement impliqués dans l’opération « Torch ». Les Américains, maîtres du jeu, choisissent le général Giraud, soutenu par Churchill. Dans le même temps, au grand dam du général de Gaulle, ils négocient avec Darlan. Le 19 novembre, tous les réseaux de Résistance soutiennent de Gaulle. Pour faire connaître son indignation, celui-ci est obligé d’emprunter, faute de la BBC, la radio de Brazaville et celle de Beyrouth.

    Les combats qui suivent le 6 juin sont aussi significatifs. Rappelons, avant tout, certains chiffres, qui ne manquent pas d’étonner les esprits trop conditionnés par la propagande. Car si l’on comptabilise les victimes de la deuxième guerre mondiale, le bilan est remarquablement loquace : l’Union soviétique, autrement dit la Russie éternelle, comme disait le général, a donné à la « Guerre patriotique » environ 21 000 000 morts, soit 13 600 000 civils, et entre 8 800 000 et 10 700 000 soldats. L’Allemagne a perdu 3 810 000 militaires, et 5 318 000 civils. Quant au Royaume uni, il a subi 450 000 pertes, les USA 418 000 (fronts atlantique et pacifique confondus), et la France … 541 000, dont 238 000 civils.

    Il convient de rappeler que les bombardements alliés des villes françaises ont été très meurtriers, et parfois dénués d’intérêt militaire. Tel est le cas, entre autres, de la destruction du Havre. Du 5 septembre 44 au 10 septembre, malgré la présence de la population, la ville a été rasée. On déplore des milliers de morts innocents. Il n’y avait aucun objectif militaire.

    Et que dire des vagues destructrices et terroristes qui ont anéanti Hambourg, Dresde, Berlin etc. ? Ces cités n’abritaient parfois que des enfants, des femmes, des vieillards et des prisonniers de guerre. Guernica, à côté, n’est qu’un travail d’amateur. Pourtant, on ne cite, dans les écoles, que la ville martyre basque. Du reste, l’Amérique a perdu tout crédit moral à partir des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, dont, en France, la commémoration est pour le moins discrète.

    Les Français doivent aussi absolument savoir qu’ils ont été tenus soigneusement à l’écart de l’opération « Overlord ». En fait, les Alliés envisageaient d’organiser le même système d’occupation qui avait transformé l’Italie en protectorat (l’A.M.G.O.T. , Allied Military Government of Occupied Territories). Dans le même temps, ils voulaient émettre leur propre monnaie, acte régalien dont on sait combien il est le signe et la preuve de l’indépendance nationale.

    Toutes ces tensions entre la France combattante et les « libérateurs » anglo-saxons expliquent pourquoi de Gaulle esquissa assez vite un rapprochement avec la Russie (et subsidiairement avec le parti communiste français).

    Les acquis sociaux du C.N.R. seront, du reste, mis en cause par les « traités » libéraux européens sous impulsion américaine, dans l’Acte unique, à Maastricht, a Amsterdam, à Nice..., en même temps que gaullistes et communistes perdaient de leur influence.
    Pourquoi les USA ont-ils été de façon si tenace hostiles au chef de la France libre ?
    La véritable raison réside non dans la personne du général, réputé autoritaire et conservateur, voire fasciste (sans doute Weygand, Darlan, Giraud l’étaient-ils moins…), mais dans la crainte d’une France indépendante et soucieuse de sauvegarder la place qui a toujours été la sienne ; ce que n’allait pas cesser de rappeler, à partir de 1958, le premier président de la cinquième République.

    Pour comprendre l’attitude profonde des USA vis-à-vis de la France et de l’Europe, il faut la mettre en regard avec le déclin du vieux continent, accéléré à partir de la première guerre mondiale, une « guerre civile », selon le mot du maréchal Lyautey. L’armistice n’a pas empêché une perte de puissance, économique, démographique, culturelle, des nations victorieuses, et un endettement colossal, qui les mit sous la dépendance des banquiers yankees. La doctrine de Wilson, en outre, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, fut un instrument de démembrement de l’Europe, et instilla les germes d’une guerre à venir. Cette idéologie est celle que l’on invoquera pour la décolonisation, contre les vieux pays européens. Déjà, en 41, la « Charte de l’Atlantique » entre Roosevelt et Churchill, l’évoque, contre la volonté du vieux lion. Au fond, les USA ont repris, lors des deux guerres mondiales, en partie du moins, la conception britannique formulée par Marlborough, à l’occasion de la guerre de succession d’Espagne : diviser les nations du continent européen, et n’intervenir qu’indirectement, par l’argent ou les armes.

    La méfiance américaine par rapport à de Gaulle avait donc un fondement plus large que des questions d’homme. C’était une logique géopolitique. Le désir de se substituer à la vieille Europe est un rêve du Nouveau Monde. Une France rétablie dans ses prérogatives était un obstacle à cette volonté hégémonique.

    Pour illustrer cette entreprise conquérante, rien ne semble plus adéquat que l’accord Blum-Byrnes, le 28 mais 46. Moyennant la liquidation d’une partie de la dette française envers les Etats-Unis, et contre un prêt avantageux, on sait que le leader socialiste a ouvert les salles de cinéma de notre pays à la déferlante hollywoodienne, et à l’imaginaire de l’american way of life, qui ne nous a guère quitté, et qui est le signe ostentatoire de la colonisation des esprits, sinon des corps.

    Déjà, en 44, à Bretton Woods, la suprématie du dollar avait été entérinée. En 47, les accords du GATT sont signés, fondant les bases de ce qui allait devenir le mondialisme libéral. Aussi, les Etats-Unis, épargnés par la guerre, deviennent-ils les maîtres d’une partie du globe.

    L’Union européenne, qui devait rétablir un certain équilibre, n’a fait qu’accélérer ce processus de vassalisation. Pour Delors, la France et l’Europe n’ont plus pour vocation que de s’intégrer aux organismes sous obédience américaine. Hors de là, point de salut. Hollande ne fait qu’appliquer cette politique. Outre celle, libérale, poursuivie par tous les gouvernements, quels qu’ils soient, il n’a pas remis en cause, à Camp David et à Chicago, l’appartenance de l’armée française à l’OTAN, ni le lancement, dirigé contre la Russie, du bouclier antimissile « européen ». Malgré une inflexion apparente, en Afghanistan (mais à relativiser) et un voyage énigmatique de Rocard à Téhéran, il n’a pas changé d’un iota la position agressive du Quai d’Orsay vis-à-vis de l’Iran, de la Russie, de la Syrie, après avoir, du reste, appuyé la guerre néocolonialiste menée en Libye. Il partage de même, avec Sarkozy, la même faveur par rapport à l’Etat sioniste.
    Aussi n’est-il pas étonnant que Nicholas Dungan, l’ex-patron de la French American Foudation, ait pu rassurer les dirigeants américains, en rappelant au Think Tank Atlantic Council que le nouveau président avait été, comme Moscovici, un ancien participant au programme des Jeunes leaders de la F.A.F.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 13 juin 2012)
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  • Un risque de déclassement stratégique de la France ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pascal Boniface, cueilli sur son blog Affaires stratégiques et consacré au déclassement stratégique de notre pays en raison de sa soumission à la politique américaine...

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    Les vrais risques du déclassement stratégique de la France

    Les questions internationales n’envahissent pas la campagne électorale. Néanmoins, dans certains cercles, le débat sur le déclassement stratégique de la France a été lancé. Il se pose en effet dans un contexte général de la perte du monopole de la puissance par le monde occidental, qui vient s'ajouter à la fin de la rente de situation dont la France bénéficiait grâce à son positionnement singulier au cours de la Guerre Froide. Comment, dans un monde dont les évolutions stratégiques ne sont pas naturellement favorables, conserver des marges de manœuvre ?

    On ne peut pas aborder le problème de notre déclassement stratégique par le seul biais du taux de dépenses militaires par rapport au PIB, comme cela est trop souvent fait.

    L'industrie de défense est un atout essentiel pour l'indépendance de la France. Il ne faut pas méconnaître son utilité économique et stratégique. Elle doit néanmoins rester un moyen et non devenir une fin. On ne peut développer une analyse du rôle de la France dans le monde et de sa politique à partir du seul critère des dépenses militaires. Bien plus que la baisse des budgets, c'est une analyse erronée de nos intérêts et de notre situation, pire encore, une absence de réflexion stratégique globale qui pourrait conduire à notre déclassement.

    Doit-on réellement faire dépendre notre budget militaire de l'augmentation des budgets chinois, indiens ou américains comme le suggèrent certains ? Les Américains ont après 2001 choisi une fuite en avant dans le tout militaire faisant passer leur budget de 280 milliards de dollars à 700 aujourd'hui. Sont-ils pour autant plus en sécurité et la sécurité collective a-t-elle réellement progressé ? Non bien au contraire. Faut-il dès lors tenir compte de l'avertissement donné par l'ancien Secrétaire à la défense Robert Gates dans son discours d'adieu prononcé à Bruxelles en juin 2011, demandant aux Européens d'augmenter leur budget de la défense parce que le Congrès américain serait fatigué de continuer à augmenter le financement du Pentagone ? Ceci n’avait aucune rationalité du point de vue de nos intérêts.

    On nous dit qu'il faut combler les lacunes capacitaires révélées en Afghanistan et en Libye ? Mais n'est-il pas beaucoup plus urgent de réfléchir au bien-fondé de certaines opérations militaires extérieures, mises sur pied sans prendre en compte leur impact global sur le long terme ? Doit-on encore se lancer dans des interventions qui se transforment en guerre de contre-insurrection dont les puissances extérieures ne peuvent plus espérer sortir vainqueurs ?

    Puisque l'on parle de déclassement stratégique ne faut-il pas réfléchir à ce qu'implique notre réintégration dans les commandements militaires intégrés de l'OTAN ? Certes sur le fond la réintégration en tant que telle n'a pas changé grand-chose à la situation préexistante. Nous étions déjà quasi intégrés. Mais contrairement à ce qui avait été avancé, elle n'a en rien aidé au développement d'une européanisation de la défense, toujours en panne. Et surtout nous avons un comportement relativement passif par rapport au projet de double extension géographique et des missions de l'OTAN. Le risque de transformer en Sainte Alliance, déjà dénoncé par Mitterrand en 1990, est plus actuel que jamais. Doit-on se laisser entrainer dans une organisation qui se transforme en bras armé de l’occident ? Quelle voix particulière faisons-nous entendre ? Allons-nous, lors du sommet de Chicago de mai, rester sans réaction par rapport au projet de défense antimissile, dont le coût est exorbitant, dont l'utilité stratégique est contestable, qui constituerait une relance inutile de la course aux armements, qui est plus destiné à satisfaire les désirs du complexe militaro-industriel que les besoins de sécurité, et qui par ailleurs constitue un désaveu implicite de la politique de dissuasion ?

    Le risque de déclassement est bien réel, mais il est plus lié à une absence de réflexion globale sur les évolutions stratégiques mondiales et le rôle de la France dans un contexte mutant. Ce n'est pas la répétition d'arguments repris en boucle dans les cercles otaniens qui peut nous aider à avoir cette vision.

    Pascal Boniface (Affaires stratégiques, 13 avril 2012)

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