Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

occident - Page 22

  • Au-delà des droits de l'homme...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de rééditer un essai d'Alain de Benoist intitulé Au-delà des droits de l'homme - Pour défendre les libertés. Philosophe et essayiste, Alain de Benoist dirige les revues Nouvelle Ecole et Krisis et anime l'émission Les idées à l'endroit sur TV Libertés. Il a récemment publié Les démons du Bien (Pierre-Guillaume de Roux, 2013), un essai consacré à l'idéologie du genre, ainsi que Survivre à la pensée unique (Krisis, 2015), un livre d'entretien avec le journaliste Nicolas Gauthier.

     

    Droits de l'homme.jpg

    " « Le sacre des droits de l'homme », a écrit Marcel Gauchet, « est à coup sûr le fait idéologique et politique majeur de nos vingt dernières années. » Les droits de l'homme tendent, en effet, à devenir la boussole unique d'une époque désorientée. Ils auraient même un caractère sacré. C'est pourquoi il paraît désormais aussi inconvenant, aussi blasphématoire de critiquer l'idéologie des droits de l'homme qu'il l'était autrefois de douter de l'existence de Dieu. Mais aujourd'hui, le discours des droits de l'homme n'a pas seulement pour but de fournir une idéologie de substitution après l'effondrement des " grands récits ". En cherchant à imposer une norme morale particulière à tous les peuples, il vise à redonner bonne conscience à l'Occident en lui permettant de s'instituer une fois de plus en modèle et de dénoncer comme des " barbares " ? ceux qui refusent ce modèle. Dans l'Histoire, les " droits " n'ont été que trop souvent ce que les maîtres de l'idéologie dominante avaient décidé de définir ainsi. Que les droits de l'homme soient proclamés avec force dans une société de plus en plus déshumanisée, où les hommes tendent eux-mêmes à devenir des objets, où la marchandisation des rapports sociaux crée partout des phénomènes d'aliénation inédits n'est pas un hasard. Associé à l'expansion des marchés, le discours des droits de l'homme constitue l'armature idéologique de la globalisation. Il est avant tout un instrument de domination et doit être regardé comme tel. Les hommes doivent pouvoir lutter partout contre la tyrannie et l'oppression. Contester l'idéologie des droits de l'homme, ce n'est donc évidemment pas plaider pour le despotisme, c'est bien plutôt contester que cette idéologie soit le meilleur moyen d'y remédier. C'est s'interroger sur la validité des fondements de cette théorie, sur le statut nomologique de ces droits, sur les possibilités d'instrumentalisation dont ils peuvent faire l'objet. C'est aussi proposer une autre solution. La question des libertés ne saurait se résoudre en termes de droits ou de morale. Elle est avant tout une question politique. Elle doit être résolue politiquement. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Le retour de Pan ?...

    Les éditions Arché ont récemment publié un essai de Stéphane François intitulé Le retour de Pan - Panthéisme, néo-paganisme et antichristianisme dans l'écologie radicale. Docteur en sciences politiques et historien des idées, Stéphane François est maître de conférences à l’université de Valenciennes et est déjà l'auteur de plusieurs essais comme  L'Écologie politique - Une vision du monde réactionnaire ? (Cerf, 2012), Au delà des vents du nord : L'extrême droite, le pôle nord et les indo-européens (PUL, 2014) et Les mystères du nazisme - Aux sources d'un fantasme contemporain (PUF, 2015).

     

    Retour de Pan.jpg

    " Dans cet ouvrage, l’auteur montre que l’écologie radicale, prise dans sa globalité, est profondément antichrétienne, le christianisme étant à l’origine, selon les partisans de cette écologie, de la rupture du lien entre humanité et nature.

    A contrario, elle est empreinte de sympathie, voire plus, pour Ie paganisme, cette spiritualité respectant, selon les mêmes, ce lien.

    De cet intérêt pour le paganisme découle une conception cohérente du monde, de nature romantique, rejetant l’Occident et les valeurs libérales (comprises dans leur acception politique et philosophique). Au terme de son analyse l’auteur montre, malgré Ie procès à charge organisé par les écologistes radicaux, que le christianisme, dans ses variantes catholiques, protestantes et orthodoxes, a réfléchi à une écologie conciliant foi et respect de la nature. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • L’appartenance ethnique, au fondement des sociétés...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Cédric Bellanger, cueilli sur Polémia et consacré à la question taboue de l'appartenance ethnique...

     

    Roux irlande.jpg

    L’appartenance ethnique, au fondement des sociétés

    Chaque société a ses tabous, surtout quand elle ne prétend pas en avoir. L’Occident hypermoderne a fort logiquement prohibé l’évocation de la question ethnique, qui est le démenti de son paradigme central, le triptyque rationalisme-individualisme-universalisme.

    Pourtant, la vigueur, osons dire l’hystérie, qui anime les gardiens dudit tabou indique la fébrilité des Occidentaux face à une réalité qu’aucune formule magique, qu’aucun volontarisme ne parviennent à éradiquer.

    Au fond, les simulacres de débats sur les questions dites de société comme la laïcité ou la délinquance ne sont que de longues et pénibles périphrases qui n’évoquent, tout le monde le sait, que la question ethnique, mais sans jamais prononcer le mot honni. L’admettre, même tacitement, c’est déjà reconnaître la nature et, partant, l’origine du problème.

    Intellectuels, experts, spécialistes ou publicistes tournent autour du pot, effleurent la question et au dernier moment se ravisent, y compris les plus lucides. De temps à autres, un téméraire ou un naïf propose une connexion, une causalité, qui peuvent prendre le nom d’islam ou d’immigration, pour se voir rétorquer les mots magiques : « amalgame », «stigmatisation». C’est ainsi que se prolongent indéfiniment les palabres républicaines.

    Les tabous, s’ils ont souvent leur utilité et leur raison d’être, voient parfois leurs fondements tellement sapés par la marche du Monde qu’ils deviennent un facteur de blocage potentiellement mortifère. Cette tendance à s’accrocher à des tabous obsolètes, à laquelle aucune civilisation ne peut prétendre se soustraire, s’explique aisément par la nécessité qu’ont les sociétés à élaborer un récit cohérent de leur devenir.

    Chaque société se pense en effet dans un champ relativement clos. La formulation d’une vision du monde, si complexe soit-elle, implique nécessairement la négation d’une portion de réel – ainsi, le marxisme a pu nier l’autonomie du religieux ou du culturel, vus comme simples reflets d’un ordre socio-économique. Le monde est trop complexe pour être embrassé totalement ; aussi, lorsque nous le pensons, nous trions, rejetons puis nions l’existence des éléments entrant en contradiction avec nos représentations. Bref, penser le monde, c’est, par le biais d’une narration linéaire et souvent unidimensionnelle, évacuer une part plus ou moins importante de ses composantes pour le rendre intelligible et par conséquent vivable.

    Indépassable limite de l’intelligence humaine !

    En cela, l’hyper-modernité occidentale ne déroge pas au schéma d’ensemble.

    Son moteur – le couple rationalisation/individualisation – suppose la négation de ce qui l’entrave : pas tant l’existence de groupes (la société au sens de Tönnies est avant tout perçue comme une association libre d’individus indépendants) que la survivance de communautés organiques, non choisies, qui s’imposent à l’individu car elles le précèdent, le déterminent et le perpétuent.

    L’individu-maillon communautaire n’a pas sa place dans la grande mythologie hyper-moderne, qui porte aux nues l’individu émancipé de tous les déterminismes, à l’identité rhizome, dont l’horizon ne peut être qu’universel. Or, à l’épreuve des vicissitudes de l’histoire, la résilience de telles communautés, essentiellement définies sur des critères ethniques, nous paraît incontestable : des éléments structurels l’expliquent.

    1/ L’ethnie, dans son principe comme dans sa réalité, ne se choisit pas et donc ne se défait pas.
    On peut adhérer à un système de croyances ou de représentations, puis s’en détacher. Il peut alors ne rester aucune trace de cette adhésion ; l’individu ne s’en trouve pas ontologiquement affecté, et l’adhésion audit système de représentations n’aura été qu’un moment, achevé et non structurant, dans l’existence longitudinale de l’individu. Au contraire, l’identité ethnique, qui est factuellement un lien de filiation, peut être défaite en pensée mais pas effacée irrémédiablement. Un individu peut bien nier radicalement son identité ethnique, la potentialité d’un retour à celle-ci demeure toujours possible. Aucun cliquet ne rend impensable sa résurgence.

    2/ L’ethnie est également prégnante car elle résiste aux mutations idéologiques. Elle n’obéit pas, contrairement aux religions et idéologies, à un régime de vérité : une foi ou une théorie peuvent tomber en déshérence, pas une filiation qui contient en elle toute sa vérité. Ainsi, elle survit au temps court de l’histoire, aux idéologies, aux utopies : soixante-dix ans de communisme n’ont pas éteint l’âme russe, et en soixante ans, c’est la Chine qui a absorbé le maoïsme – le retour à Confucius ou à l’orthodoxie (qui est un christianisme national à forte valeur identitaire) en témoignent.
    Presque immobile du point de vue des sociétés historiques, l’appartenance ethnique est le seul ferment identitaire qui ne peut s’épuiser tant que le peuple vit biologiquement.

    3/ C’est que l’ethnie correspond à un ensemble complet de référents qui intègre le corps et l’esprit : loin de se limiter à une noosphère éthérée, elle se lit sur la peau, sur le visage, dans l’ADN – autant de traces indélébiles qui, à défaut d’être structurantes en elles-mêmes (le sait-on vraiment ? peu importe) peuvent toujours être réactivées comme un signe incontestable et fixe (à notre échelle temporelle) d’appartenance. On observe la puissance de ce référent visuel qu’est le phénotype dans la tendance à l’ethnogenèse des minorités noires issues de l’esclavage dans le Nouveau Monde, coupées de leurs racines culturelles (langues, religions, systèmes de parenté…) mais qui re-forment un groupe ethnique (et pas seulement racial) par une appropriation détournée des codes sociaux majoritaires. D’où leur propension à se tourner vers une religion tout aussi minoritaire, comme l’illustre le succès des Églises évangéliques – voire d’un l’islam racialisé – chez les populations noires d’Amérique et des Antilles. Ici, la race (disons, le phénotype) va de pair avec l’ethnicisation, processus auquel le religieux semble soumis (car sur le fond, rien ne justifie, d’un point de vue théologique, l’existence de communautés religieuses « noires »).

    4/ Aussi, l’appartenance ethnique conserve sa primauté car elle repose sur des liens de sociabilité plus solides que les autres, ayant pour cadre la famille (rappelons que l’appartenance ethnique est avant tout un fait de filiation). Les liens familiaux – parenté large ou étroite – ont comme force de ne pas relever d’un choix. On ne change pas de famille comme de parti. La famille est en outre une structure au fonctionnement relativement consensuel, dont l’organisation tend à atténuer la conflictualité inhérente aux relations sociales, ce qui la rend plus solide et durable. Bref, tant que la famille, sous des formes variées, reste la cellule de base de l’existence d’un peuple, l’identité ethnique n’est pas irrévocablement menacée, et peut toujours ressurgir.

    5/ Enfin, on devine un trait commun aux quatre points évoqués, qui les explique, les résume et leur donne toute leur perspective : l’appartenance ethnique est prégnante, incroyablement résiliente, car elle se situe dans le domaine de l’immanence. Elle ne se définit pas donc ne se contredit pas ; en deçà et au-delà de l’intellectualité, elle ne peut être réfutée sur la base d’arguments rationnels. Les origines des peuples se dérobent à la connaissance scientifique ; il est donc parfaitement vain d’en railler le caractère mythique. Cette absence de définition notionnelle et empirique précise explique la grande plasticité du fait ethnique, qui lui permet de se fondre dans un moule et d’en changer quand celui-ci est brisé : un sentiment ethnique peut se loger dans une idée (nationale, religieuse, politique) jusqu’à paraître dominé par celle-ci, mais presque toujours il lui survivra. La succession des rhétoriques anti-impérialistes des anciennes colonies, tour à tour nationaliste, socialiste ou religieuse, l’illustre de façon implacable.

    Par-delà les thématiques a perduré l’expression du particularisme ethnique de groupes qui ne veulent ni ne peuvent être dissous.

    *
    *  *

    Au final, si nous arrivons à la conclusion que l’appartenance ethnique prime sur les autres, et qu’elle contribue au maintien des solidarités organiques en dépit du processus d’atomisation sociale qui caractérise l’hypermodernité, c’est qu’elle définit un nous cohérent et un eux bien délimité. L’existence d’une frontière entre les deux entités est une nécessité anthropologique absolue ; pour reprendre la métaphore de Régis Debray, cette frontière, qui peut être visible ou invisible, est aux sociétés ce que la peau est au corps : une protection, un filtre et une interface.

    L’hypermodernité prétend se passer de cette frontière et de son contenu comme éléments structurant la vie sociale ; un monde d’individus faisant société, harmonieusement, par des choix rationnels libres et consentis en est la finalité. Le spectacle du monde laisse perplexe quant à la réalisation de ce dessein.

    Cédric Bellanger (Polémia, 28 février 2016)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Le déclin du courage...

    Les éditions des Belles Lettres viennent de rééditer Le déclin du courage, le texte d'un célèbre discours d'Alexandre Soljenitsyne. Ancien dissident soviétique, avant de devenir un dissident de l'Occident, passé par le Goulag, Alexandre Soljenitsyne est l'auteur d'Une journée d’Ivan Denissovitch ou de L'archipel du Goulag, mais aussi de La Roue rouge, son énorme récit romancé de la révolution russe et de ses prémisses...

     

    Déclin du courage.jpg

    " Le 8 juin 1978 Alexandre Soljénitsyne disait aux étudiants de l'université de Harvard :
    « Non, je ne peux pas recommander votre société comme idéal pour transformation de la nôtre. (…) Nous avions placé trop d’espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu’on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. À l’Est, c’est la foire du Parti qui la foule aux pieds, à l’Ouest la foire du Commerce : ce qui est effrayant, ce n’est même pas le fait du monde éclaté, c’est que les principaux morceaux en soient atteints d’une maladie analogue. » "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • La guerre des Amériques...

    Les éditions Perspectives libres viennent de publier un essai de Norman Palma intitulé La guerre des Amériques - Histoire de la domination occidentale de l'Amérique Latine. Économiste et philosophe, maître de conférence à la Sorbonne, Norman Palma a déjà publié plusieurs essais dont Autopsie d'un désastre économique (Perspectives libres, 2014).

     

    Guerres-des-Amériques.jpg

    " Pour comprendre le passé et le présent de l’Amérique latine, il faut comprendre que ce continent est passé d’une domination à l’autre. De l’empire espagnol à l’Empire du dollar, c’est l’histoire de cette domination et de la quête d’émancipation des peuples latino-américains que nous conte Norman Palma. C’est un hymne à Amérique latine et à sa liberté que nous propose l’auteur. "

    Lien permanent Catégories : Livres 1 commentaire Pin it!
  • Poutine dans les pas de Churchill et de De Gaulle ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Faye, cueilli sur son blog J'ai tout compris et consacré à la politique étrangère russe, qui contrairement à celle des pays occidentaux se révèle intelligente et cohérente...

     

    Russie_intervention Syrie.jpg

    La politique russe est la seule intelligente

    La politique étrangère de Vladimir Poutine, appliquée par Sergueï Lavrov (ministre des Affaires étrangères de la F.R.), est la seule à être constante et cohérente. Elle contraste avec les choix occidentaux. Dans l’actuel chaos guerrier du Moyen-Orient, face à la barbarie islamique, la Russie mène une politique fondée sur trois axes : 1) l’élimination du ”califat” totalitaire de l’EI Dae’ch qui exporte le terrorisme et le djihad partout dans le monde ; 2) le rétablissement d’un État syrien sur de nouvelles bases ; 3) la protection des chrétiens d’Orient, ou ce qu’il en reste. La différence fondamentale entre la politique de Vladimir Poutine et celle de ses homologues occidentaux est qu’elle possède un axe et un projet. 

    Washington est plus anti-russe qu’anti-islamiste…

    L’arrivée de militaires et de matériels russes en Syrie et les interventions aériennes de Moscou suscitent l’ « inquiétude » des Etats-Unis. À juste titre, les Russes (comme des membres de l’état-major français) mettent en doute l’efficacité et surtout les objectifs de la coalition menée par Washington contre Dae’ch. Le Pentagone ne fournit volontairement aucun renseignement fiable à ses alliés pour les frappes aériennes (au point que la France a dû décider, après une nouvelle volte-face, de faire des vols de reconnaissance au dessus de la Syrie et d’aller y faire des bombardements, par ailleurs désordonnés et inutiles), des gesticulations qui n’ont aucune efficacité, comme le confirment les conquêtes territoriales de l’État islamique. Tout se passe comme si les Américains, sous la direction d’un Obama qui joue un double jeu, ne voulaient pas réellement détruire Dae’ch.

    Disons les choses comme elles sont : Washington et le Pentagone, dans cette stratégie catastrophique dont ils ont le secret depuis longtemps dans la région, veulent d’abord éliminer le régime de Bachar el-Assad allié des Russes. La stratégie anti-russe et anti-Poutine (et non pas anti islamiste) prime sur toutes les autres, comme on l’a vu en Ukraine. Il s’agit d’expulser les Russes de Syrie et notamment de leur base navale de Tartous, la seule qu’ils possèdent en Méditerranée, ce qui est inadmissible pour les gouvernants américains.

    Le Pentagone a dépensé 500 millions de dollars pour former des troupes syriennes ”alternatives”, rebelles luttant contre Bachar el-Assad : ce fut un fiasco total. Les armes US et les combattants sont passés aux islamistes ! L’échec, l’impuissance et l’improvisation des Occidentaux au Proche-Orient contraste avec l’efficacité de l’engagement russe. Poutine s’est engouffré dans la brèche de ce désordre américano-occidental. La présence russe en Syrie date des années 60.

    Les chancelleries occidentales accusent le Kremlin de n’avoir comme seul objectif que le sauvetage du régime d’Assad en frappant les ”rebelles” et non pas de vouloir éradiquer Dae’ch. C’est stupide car l’aviation de Moscou frappe aussi Dae’ch qui a, ne l’oublions pas, incorporé dans ses rangs des milliers de musulmans caucasiens russes qui constituent un danger terroriste pour la Russie. Et surtout, lesdits ”rebelles” (Front Al-Nosra, proche d’Al-Qaida ou l’organisation Ahrar Al-Sham) que ciblent Moscou sont des milices terroristes islamiques au même titre que Dae’ch, qui ont – scandale international soigneusement dissimulé – été armées, entrainées, financées par la CIA ! 

    Voilà pourquoi l’influent sénateur russophobe John Mac Cain s’est montré furieux contre les « provocations de Poutine » qui osait bombarder les protégés de Washington. Il faut retourner l’argument et dire : la ”coalition” aérienne  dirigée par les USA depuis une base de l’US Air Force près de Doha, au Qatar, n’a pas pour but principal la destruction de L’EI Dae’ch mais l’éradication du régime de Bachar el-Assad. Projet partagé par l’inconsistant M. Hollande. Ce qui aboutirait automatiquement à la création d’un État islamique fanatique en Syrie, d’où disparaitraient les derniers chrétiens.  

    Objectifs géostratégiques de la Russie

    Quels sont les objectifs de Moscou ? Le premier est la destruction de l’État islamique Dae’ch, d’autant que ce dernier incorpore des contingents caucasiens très nombreux qui peuvent revenir frapper la Russie. Le second est de contester la catastrophique hégémonie unilatérale américaine (déclinante) qui viole les règles de l’ONU sous prétexte de bons sentiments. Le troisième est de rétablir un monde multipolaire respectueux du droit international dans lequel la Russie retrouverait sa place de grande puissance mais non pas de puissance hégémonique, (leader of the world) ce qui a toujours été impossible dans l’histoire de l’humanité. Ce que les stratèges de Washington n’ont jamais compris. 

    En proposant à la tribune de l’ONU une coalition mondiale contre Dae’ch, seule solution viable, Vladimir Poutine a été accusé par l’administration US et par tous les lobbies russophobes français et occidentaux de soutenir le ”criminel de guerre” Bachar el-Assad et de vouloir implanter un impérialisme russe au Levant. On a aussi accusé Poutine d’être un tyran qui soutiendrait un de ses amis tyran, Assad. Ces arguments relèvent d’une russophobie obsessionnelle, inopérante en politique. 

    Les Russes ont bien joué contre les Américains, ce qui rend furieux ces derniers, dont la stratégie est versatile et impuissante. D’abord en 2013, en proposant et en initiant la destruction des armes chimiques de Bachar el-Assad, la diplomatie russe a tué dans l’œuf les promesses de bombardement des présidents Obama et Hollande. Moscou a démontré au monde que Washington avait perdu la main : importante revanche sur l’humiliation des années 90 Eltsine post-communistes. En renforçant sa présence militaire en Syrie et en proposant d’organiser une coalition contre Dae’ch, la Russie de Poutine humilie les USA et leur coupe l’herbe sous le pied. ”La Russie est de retour” : ce message de Poutine est d’autant plus crédible que les hôtes de la Maison Blanche, de la famille Bush à Obama (et bien avant…) n’ont jamais été capables de jouer leur rôle imaginaire de ”gendarmes du monde”. Ils ont créé le désordre à chacune de leurs interventions. On le voit dans la dramatique situation de l’Afghanistan et de l’Irak aujourd’hui.

    Poutine dans les pas de Churchill et de De Gaulle ?

    La politique étrangère russe vise au contraire à réinstaurer une stabilité géopolitique mondiale. Le gouvernement chancelant de Bachar el–Assad n’est pas une solution à terme. Mais éliminer d’un coup cet autocrate, comme on l’a fait avec Ben Ali, Kadhafi, Saddam Hussein et Moubarak  reviendrait à augmenter encore le chaos actuel et le djihad mondial. La solution, comme l’a dit Poutine, est d’abord de battre militairement et d’éradiquer Dae’ch et ses alliés (éteindre l’incendie) et ensuite de résoudre le problème du régime syrien.

    Dans son discours à l’ONU, Vladimir Poutine a comparé la lutte contre la barbarie de Dae’ch à la coalition contre Hitler. Ni Churchill ni De Gaulle n’aimaient l’autocrate communiste Staline, mais ils furent obligés de s’allier avec lui pour combattre le nazisme, l’ennemi principal. M. Poutine fait le même raisonnement avec le régime syrien : il faut d’abord abattre Dae’ch avec l’aide de Bachar el-Assad, et ensuite, on discutera.

     Les frappes aériennes russes depuis le 29 septembre (Moscou a positionné 28 chasseurs-bombardiers Sukhoï) visent les milices islamistes et Dae’ch qui menacent Damas et la zone côtière syrienne où est la base navale de Tartous. Les Russes ont parfaitement compris que si Damas et cette zone tombaient aux mains des islamistes, ce serait une énorme catastrophe géopolitique, la Syrie devenant alors leur butin. Immédiatement beaucoup de médias et de gouvernements occidentaux ont accusé les Russes de ne chercher qu’à protéger le régime d’Assad contre les ”rebelles”, prétendus ”démocratiques” et de pas frapper Dae’ch. C’est un mensonge : les milices ”rebelles” (armées et financées par les gouvernements occidentaux, voir plus haut) et Dae’ch sont objectivement complices. Les Russes ne visent qu’à empêcher la pieuvre islamiste (Dae’ch et les ”rebelles”) de s’emparer du cœur de la Syrie.     

    Ivan Rioufol  souligne «  le choix des États–Unis et de la France de rallier la Russie à reculons pour affronter l’EI en Syrie par des raids aériens » (Le Figaro, 02/10/2015). Il ajoute : « le retour en force de Vladimir Poutine, imperméable aux subtilités du ”soft power ”, signe l’échec de la stratégie de Barack Obama et de François Hollande. Leur humiliation se devine dans la mise en scène de leur défiance sur l’efficacité des premières frappes de Moscou. Cette réaction, puérile, est celle des leaders occidentaux ayant perdu la face pour s’être montrés incapables de désigner l’islamisme comme leur ennemi prioritaire. Non seulement le Syrien Bachar el-Assad, bête noire d’Obama et Hollande, est consolidé, mais c’est l’ancien ”kagébiste” qui prend la tête de la lutte contre le totalitarisme et de la défense des chrétiens d’Orient. Les démocraties sont à la remorque ». C’est le moins qu’on puisse dire…

    Ancienne membre du Conseil de sécurité national américain et responsable de la stratégie au ”Center for a New American Security”, Mme Julianne Smith, qui exprime la position officielle de Washington, a déclaré le 1er octobre que « la Russie ne résoudra pas le conflit en Syrie ». CQFD. Elle reflète la frustration américaine devant le retour en force de Moscou dans le concert international mais elle avoue aussi une volte-face de la diplomatie américaine – et de la diplomatie française qui lui obéit : «  il faut laisser Assad en place pour le moment, le temps qu’on se mette d’accord sur la suite et une sortie de pouvoir honorable pour lui ». Autrement dit : les Russes avaient raison. Intéressant de l’avouer…     

    Indispensable alliance avec la Russie

    Les frappes aériennes françaises en Syrie, soi-disant ”indépendantes” des Américains”, contre des ”camps d’entrainement de terroristes djihadistes” de Dae’ch au nom d’une ”légitime défense” n’auront aucune efficacité militaire. C’est une gesticulation  de M. Hollande, à usage électoral interne. Il veut se vendre (marketing politicien) en vue de la prochaine élection présidentielle de 2017 comme ”petit De Gaulle”. C’est assez pathétique…Il n’est pris au sérieux ni par les Américains ni par les Russes.  

    Comme l’écrit Frédéric Pons (Valeurs actuelles, 01–07/10/2015) : « Au Moyen-Orient, l’Amérique avance en tête du cortège des ”aveugles”. Sa responsabilité dans le chaos actuel est écrasante. Elle fit naître les Talibans, Al-Qaïda et détruisit tant de pays, de la Libye à l’Irak, aidée par ses alliés soumis jusqu’à l’absurde. En Syrie, notre ennemi est–il Assad ou les islamistes ? » Bon sens.

     Jean-Pierre Chevènement l’a reconnu : « l’élimination d’Assad ouvrirait les portes de Damas à Dae’ch ». Avec lucidité, d’accord avec les analyses de Poutine et de Lavrov, Chevènement estime que les frappes de la ”coalition internationale” dirigées par les É-U sont inopérantes et que les ”alliés” modérés n’existent pas. Les Russes sont les seuls à avoir compris le problème en bombardant à la fois l’ ”Armée de la conquête”, al-Nosra (émanation d’Al-Qaida) et l’EI Dae’ch, trois têtes de la même structure islamiste terroriste.  

    Pour éradiquer efficacement Dae’ch, il faudrait, évidemment, dans l’absolu, s’allier aux Russes et leur donner des gages, c’est-à-dire lever les sanctions absurdes contre la Russie, prises sur ordres américains. Renaud Girard suggère  (Le Figaro, 22/09/2015) : « suivons la politique de nos intérêts et suspendons les sanctions commerciales contre la Russie. Faisons-le, sans demander leur avis aux Américains. Attendons de recueillir les fruits d’un geste diplomatique aussi fort que celui d’une suspension unilatérale des sanctions. […] A-t-on imposé la moindre sanction à l’Amérique pour avoir envahi illégalement l’Irak, en mars 2003 ? » Vœux pieux. MM. Hollande et Fabius qui ont fait le choix de l’obéissance à l’Otan, à l’UE et aux USA, ignorent que les alliances franco-russes ont toujours été égalitaires et que les alliances avec les USA (politiques, militaires, commerciales) ont toujours été d’allégeance. Les gouvernants européens sont les seuls responsables de leur double soumission à Washington (1) et à l’islam invasif, deux forces conjointes.

    La Russie, relevée, régénérée, redevenue grâce à M. Poutine une puissance internationale et non plus régionale – en dépit de ses faiblesses économiques volontairement accentuées par les sanctions occidentales bien peu légales – s’impose comme une force de stabilité. Les accords de Minsk (sur la question ukrainienne) ont été parfaitement respectés par Moscou. Bien sûr, la Russie n’est pas parfaite. Mais qui l’est ? Et de quel droit nous mêlons-nous de son niveau de ”démocratie” et de ”droit-de-l’hommisme” intérieurs alors que nous tolérons tout, y compris l’esclavagisme, dans les monarchies autocratiques de la péninsule arabique ? La Russie est une grande puissance qui est notre premier allié naturel. La considérer comme un ennemi potentiel, un danger, une menace est une erreur d’analyse extrêmement grave.

    Guillaume Faye (J'ai tout compris, 6 octobre 2015)

    Note :

    (1) Mes critiques n’ont jamais visé les Américains en tant que tels, comme nation, mais la politique étrangère de l’oligarchie de Washington qui, depuis le début de ce siècle, est d’abord nuisible aux USA eux-mêmes.
    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!