Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

occident

  • Europe versus Occident : la fin d’une ambiguïté...

    Les éditions de la Nouvelle Librairie viennent de publier un essai d'Adriano Scianca intitulé Europe versus Occident - La fin d’une ambiguïté.

    Né en 1980, diplômé en philosophie, Adriano Scianca est un auteur et un journaliste italien, directeur du quotidien Il Primato Nazionale et de la revue Prometheica. Il est notamment l’auteur de Casapound, tout se réapproprier (Éditions Némésis, 2019) et de Ezra Pound et le sacré (Nouvelle Librairie, 2023).

     

    Scianca_Europe versus occident.jpg

    " La guerre en Ukraine a été un puissant accélérateur de certaines dynamiques en cours depuis quelque temps et impose désormais de repenser profondément nos catégories politiques et géopolitiques fondamentales. La fracture entre occidentalisme et anti-occidentalisme est en effet de plus en plus prononcée, mais toute contradiction appelle un dépassement. Envers et contre les clivages manichéens et les attitudes caricaturales qui s’enferment dans des visions du monde simplificatrices et trompeuses, il s’agit de proposer une autre voie.

    Tel est ce que défend Adriano Scianca dans ce livre novateur et détonant. Un nouvel européanisme révolutionnaire est nécessaire, montre-t-il, et pour cela, la flamme d’un mythe européen doit être ravivée, au delà de toute tentation pro-américaine, pro-russe ou tiers mondiste. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Pourquoi l'oligarchie s'attaque-t-elle à la liberté d'expression ?...

     

    Pourquoi l'oligarchie s'attaque à la liberté d'expression

    L’union des oligarques contre la liberté d’expression

    L’Union européenne mène l’offensive contre les médias alternatifs : Twitter (X) et les réseaux sociaux, avec son règlement DSA, après avoir fait fermer les médias russes pour imposer le discours atlantiste et otanien sur la guerre en Ukraine.

    En France, les initiatives liberticides s’accumulent sous la présidence Macron : dissolution de mouvements identitaires, assimilation de la critique de l’immigration à un « discours de haine », interdictions préfectorales de manifestations ou de colloques, offensive du gouvernement des juges contre CNews, loi sur les dérives sectaires sanctionnant la contestation des politiques sanitaires…
    Pendant qu’à l’Assemblée nationale on ne débat plus mais on invective l’opposition à la macronie, accusée de collusion avec Poutine, avec le Hamas, ou de sortir de l’arc républicain.
    Pourquoi tant de haine de la liberté ?

    L’oligarchie a peur

    D’abord, l’oligarchie veut restreindre la liberté d’expression parce qu’elle a peur de la révolte des peuples.
    Les oligarques sentent bien que la situation est en train de leur échapper, que ce soit sur le plan mondial avec l’envol des BRICS et l’échec ukrainien, ou sur le plan européen, puisque notre continent est la principale victime de leurs folies.
    Les oligarchies voient bien que leur verbiage, leur propagande, a de moins en moins d’effets sur l’opinion. Cela se traduit notamment par l’usure de plus en plus rapide de l’image de marque des dirigeants, malgré la surprotection médiatique dont ils font l’objet. Sans même évoquer les manifestations périodiques de protestation qui secouent désormais les pays européens.

    Alors que les élections européennes se profilent, il devient urgent de diaboliser les thématiques des oppositions, pour tenter de les neutraliser une fois encore.

    Donc on s’attaque aux critiques des politiques migratoires (assimilées au racisme), des politiques sanitaires (assimilées à du complotisme sectaire), des politiques sociétales (assimilées à de l’homophobie ou à de la transphobie), de l’insécurité (assimilées à de la récupération d’extrême droite), ou encore du bellicisme européen (ce serait faire le jeu de Poutine).
    Ainsi l’oligarchie n’entend-elle pas débattre mais seulement invectiver ses contradicteurs et assimiler les opinions divergentes à des délits.

    La postdémocratie en marche

    Cette tactique basique s’inscrit dans un mouvement plus profond consistant à dénaturer le sens réel de la démocratie en Occident.
    À la suite de l’Américain Fareed Zakaria, le théoricien de l’illibéralisme, l’oligarchie veut en effet imposer l’idée que la démocratie se définirait non plus par l’exercice de la volonté majoritaire du peuple, mais par l’existence d’un juge « indépendant », supérieur au législateur et garant des « droits des minorités ».
    Voilà qui est bien commode quand on perd le soutien de la majorité du peuple ! Et voilà qui permet de gouverner contre le peuple en s’appuyant sur la dictature des minorités et des lobbies, sanctifiée par des juges non élus. C’est d’ailleurs bien comme cela que fonctionne désormais l’Union européenne.

    Voilà pourquoi nous entrons progressivement en Europe dans une postdémocratie totalitaire où les gouvernants proclament haut et fort leur volonté de ne pas prendre en compte la volonté populaire sous prétexte de respecter « l’État de droit », comme en matière d’immigration par exemple.

    La censure est dans les gènes de la gauche

    Ensuite, il faut se rappeler que la censure est dans les gènes de la gauche, donc de la bourgeoisie dirigeante qui a, depuis toujours, la haine du peuple et des identités nationales.
    « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » : la formule terroriste de Saint-Just reste valable au temps de la gauche macronienne ralliée au néo-capitalisme mondialiste et qui fait du sociétal pour cacher le fait qu’elle sacrifie le social et le peuple qui va avec.

    La gauche dénonce l’extrême droite ou les médias du groupe Bolloré car elle ne supporte pas de perdre le monopole qu’elle exerçait sur l’information et la culture depuis la fin de la guerre froide.
    Elle prétend en effet incarner le camp du Bien, du Progrès et, désormais, de la Planète et ne saurait par conséquent s’abaisser à débattre avec les « salauds » sartriens qui ne partagent pas son idéologie.
    Elle ne conçoit donc la discussion que comme une mise en accusation et, si possible, une mise à mort médiatique du dissident, de préférence sans que celui-ci puisse se défendre, comme au temps de Fouquier-Tinville, l’accusateur public.
    Car la bourgeoisie de gauche (c’est un pléonasme en France) n’hésite jamais à envoyer sa police et ses juges contre le peuple récalcitrant : rien n’a changé depuis 1793, 1848 ou 1871.

    La censure, arme des nuls

    Enfin, la censure se développe en raison de la nullité croissante de notre classe gouvernementale.
    Nos élites dirigeantes se caractérisent en effet par une inculture abyssale, une profonde méconnaissance du monde réel et un mépris de classe total.

    Pour le président chinois, la culture doit « à la fois, à l’intérieur, arrimer le peuple au destin national et construire une communauté de destin à l’extérieur ». Pour Emmanuel Macron, la culture française n’existe pas car elle serait « diverse[2] ». On ne saurait mieux résumer l’insignifiance de nos élites dans cette approche opposée de la culture nationale.

    La plupart de nos dirigeants ne gouvernent pas car ils n’ont plus les moyens de gouverner : alors ils se bornent à communiquer – c’est-à-dire à mentir – devant des médias complices, donc sans contestation réelle. En outre, ils ne connaissent pas en général les secteurs qu’ils sont censés diriger : ils se bornent alors à réciter, avec plus ou moins de conviction, les fiches qu’on leur a préparées. Ou bien, tel Emmanuel Macron, ils ne tolèrent les questions des journalistes qu’à la condition de les avoir sélectionnées avant…

    Mais comment espérer s’imposer dans un vrai débat quand on ne connaît pas grand-chose aux questions évoquées et quand on ne défend plus des arguments rationnels. Qui peut en effet sérieusement de nos jours continuer d’affirmer, comme le font nos dirigeants, que l’immigration serait une chance pour la France, que la mondialisation serait heureuse, que l’UE nous apporterait la paix ou que l’économie française se porterait de mieux en mieux ? Et imagine-t-on comment tournerait un vrai débat sur la politique étrangère de la France avec le malheureux ministre Séjourné ?

    L’empire occidental du mensonge

    Nos oligarques censurent toute parole dissidente parce qu’ils savent bien au fond d’eux-mêmes que la raison n’est plus leur apanage : qu’au sens propre ils ont perdu la raison à force de mensonges et d’idéologie. Alors il ne leur reste que la répression, la censure et l’invective pour tenter de s’imposer.

    C’est pourquoi l’Occident devient de plus en plus, aux yeux du monde entier, l’empire du mensonge. L’empire du deux poids deux mesures permanent et des pseudo-valeurs, ajustables en fonction des intérêts nord-américains. Aristote définissait l’oligarchie comme une aristocratie qui avait perdu le sens de la vertu et du bien commun : une belle définition de la macronie ?

    Malheureusement pour l’oligarchie, la vérité finit toujours par triompher.

    Michel Geoffroy (Polémia, 20 février 2024)

     

    Notes :

    [1] Le Nouvel Économiste, Newsletter économie et politique du 9 février 2024.
    [2] Déclaration à Lyon lors de la campagne présidentielle de 2017.

     

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • «L’homme occidental a oublié que le risque fait intégralement partie de la vie»...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Patrice Franceschi au Figaro Vox et consacré à l'aversion morbide de notre société pour le risque. Écrivain et aventurier engagé, Patrice Franceschi a publié de nombreux récits et témoignages et quelques essais, dont Éthique du samouraï moderne (Grasset, 2019) et dernièrement, avec Andrea Marcolongo et Loïc Finaz, Le goût du risque (Grasset, 2023). 

     

    Edlinger.jpg

     

    Patrice Franceschi: «L’homme occidental a oublié que le risque fait intégralement partie de la vie»

    LE FIGARO. – Du XIXe siècle jusqu'au siècle dernier, le risque est valorisé, lié au développement du progrès. Après la première grande catastrophe ferroviaire en France en 1842, Lamartine s'exclame à la Chambre : «La civilisation a aussi ses champs de bataille : il faut que des hommes y tombent pour faire avancer les autres.» Aujourd'hui, à l'inverse, nous avons perdu le goût du risque. Comment s'est produit ce renversement ? Comment se manifeste-t-il aujourd'hui ?

    Patrice FRANCESCHI. Ce qu'il importe de comprendre en premier lieu, c'est que l'aversion au risque est devenue l'une des maladies centrales de l'Occident et que cette aversion est une clef d'explication de tout ce qui «décompose» aujourd'hui notre société. C'est sous ce prisme précis que nous avons écrit Le goût du risque, Andréa Marcolongo, Loïc Finaz et moi-même. Et c'est son originalité.

    En moins d'un siècle, l'homme occidental est tombé dans un grand oubli : celui du lien consubstantiel entre le risque et la vie. Il ne sait plus – ou ne veut plus savoir – que le risque fait intégralement partie de la vie. Il lui est même si intimement lié que le «contrat de départ» de nos existences individuelles n'a pas changé depuis l'aube de l'humanité : nous naissons pour mourir et aucune protection contre le risque n'empêchera cette fin programmée.

    Il faut accepter de voir les choses comme elles sont, et dire ce qu'elles sont. Rien ne peut être entrepris sans prise de risque – et en premier lieu aucune action ou pensée ouvrant des routes nouvelles. Vu sous cet angle, le risque est au fondement de toute nouveauté, de toute révolution. Le basculement vers le refus du risque, dans nos existences quotidiennes comme dans les grands projets collectifs, a eu lieu progressivement. Le confort procuré par la modernité s'est conjugué depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à un individualisme sans frein doublé d'un narcissisme exacerbé qui nous ont poussé à une quête éperdue de sécurité au détriment de toute liberté si tel est le prix à payer. Cela fait de nous aujourd'hui des peuples effrayés dirigés par des gens effrayés.

    Avant ce grand basculement, la liberté était considérée comme la valeur suprême permettant d'irriguer toutes les autres pour leur donner sens. Et l'on prenait tous les risques pour elle. Désormais, la liberté est une valeur optionnelle.

    Si l'on observe bien les choses, nous devons convenir que l'une des grandes impostures intellectuelles de notre époque est de tout tenter pour nous inculquer la croyance quasi millénariste que le risque pourrait être à jamais banni de nos existences par des lois adéquates, des réglementations strictes, un changement radical de nos comportements quotidiens – ce qui revient à nous faire accepter de force une mutation profonde de notre vision de la vie et du monde, et plus encore, de notre façon de vivre librement. Cette imposture nous a menés peu à peu à la fabrique d'une prison nouvelle. C'est notre société qui l'a édifié elle-même, avec de splendides barreaux dorés... Aucun ennemi extérieur n'a été à l'œuvre. D'une certaine manière, nous avons été à nous-même notre propre ennemi, provoquant par une sorte de contre-volonté inconséquente et perverse, notre asphyxie et notre étouffement progressif. Les hommes libres peinent à respirer.

    On peut ajouter que dans la mesure où notre consentement collectif à cet état de fait ne nous a jamais été demandé, il y a là comme un déni démocratique qu'il faut contester.

    Nos vies sont encadrées par des normes dans leurs moindres détails. Pourquoi y voir un «cauchemar civilisationnel» ? L'essor de l'intelligence artificielle va-t-il en précipiter l'avènement ?

    Nous vivons effectivement cernés par une quantité prodigieuse et jamais vue dans notre civilisation, de normes carcérales, de précautions inutiles ou de formatages infantilisants. Ils sont toujours édictés «pour notre bien» cela va de soi. L'ensemble forme un filet entre les mailles duquel il devient de plus en plus difficile de se faufiler pour demeurer maître et possesseur de son destin.

    Au final, nous vivons perclus de rhumatismes qui ont pour noms : bureaucratisation effrénée, judiciarisation de notre quotidien, surveillance généralisée de nos comportements, robotisation de nos vies, la liste n'est pas exhaustive tant nous vivons sous algorithmes... Cependant, nul n'a décidé un jour, quelque part, d'en arriver là. Pas de Big Brother caché quelque part, tirant les ficelles du jeu de masque de nos existences. Si un tel tyran existait, il serait aisé de se retourner contre lui. Hélas, les choses se sont faites lentement, par les décisions éparpillées d'un nombre indéterminé mais considérable d'acteurs de tous ordres et de tous niveaux. Perversion des tyrannies molles.

    Il va sans dire que les normes en elles-mêmes sont une bonne chose. Qui voudrait voler dans des avions mal conçus où donner à ses enfants des jouets qui les blesseraient faute d'être fabriqués correctement ? Ce qui pose problème, ce n'est pas l'existence de normes mais leur inflation outrancière, au-delà de toute mesure. Dans un souci pathologique de protection à tout prix, nous avons construit des systèmes administratifs qui ne peuvent justifier leur existence que par une production de normes à jets continus dont la somme nous contraint à vivre corseté. La plupart de ces normes sont injustifiées ou largement exagérées, chacun en a conscience mais ne peut rien faire pour s'y opposer. D'une certaine manière, on nous enjoint de consentir à une vie au rabais – au mieux de nous satisfaire de miettes d'existence. C'est le chant de la vie qui est muselé. Toute entreprise un tant soit peu exaltante est tuée dans l'œuf. Or, il faut vivre sans délai tant la fuite du temps est fugace. Aujourd'hui, on interdirait à Christophe Colomb de partir : destination inconnue, retour improbable… Nous en sommes arrivés à un point où les libertés individuelles sont menacées de disparition. Là est le grand péril existentiel de cette affaire.

    L'intelligence artificielle ne va rien arranger tant elle pourra fignoler ce système aussi doucereux que pervers. Dans la mesure où il est indolore, peu de citoyens prennent parti de lui résister. Les autres, même s'ils partagent le constat d'une disparition ontologique de leur être, préfèrent se résigner plutôt que lutter. Le résultat final est une forme de servitude volontaire dont l'ambition se limite à la seule liberté de consommer.

    Selon vous, même notre manière de faire la guerre a été contaminée par notre aversion du risque. Comment cela se traduit-il ?

    En ce qui concerne le fait militaire, tout s'est accéléré avec l'extension du «principe de précaution». À partir du moment où nous avons commis l'inconséquence de l'inscrire dans la Constitution, il ne pouvait que déborder de son cadre initial pour s'emparer de tous les secteurs de la société, armée comprise. C'était une pente juridiquement inéluctable. Ce principe de précaution avait pour souci la protection de la nature pour les générations futures. C'était un excellent principe et il le demeure à jamais. Simplement, sa place n'était pas dans la Constitution mais dans l'action quotidienne des pouvoirs publics.

    Le principe de précaution s'est ainsi fait moloch. Il a accouché d'un certain nombre d'aberrations logiques dont la plus fascinante, intellectuellement, est le concept de «guerre zéro mort». Que la guerre ne tue plus personne – sous-entendu chez nous – est un but aussi louable qu'inatteignable par définition. Donner ce but au soldat, même inconsciemment, le mène mécaniquement à donner le primat de son action non plus au succès de sa mission militaire, mais au retour intact au bercail. Résultat : toutes nos guerres se font «à moitié» et nous les perdons sans exception, d’une manière ou d’une autre.

    Dans ce domaine, ce ne sont pas les soldats eux-mêmes qui sont responsables – la plupart d'entre eux, surtout les jeunes, ne demandent qu'à accomplir leur vocation pour défendre ce qui leur est cher – mais les chefs, notamment politiques, puisque dans nos démocraties le militaire demeure subordonné au politique.

    Vous écrivez que «la sécurité endort les hommes quand la liberté les tient éveillés». Pourquoi opposer sécurité et liberté ?

    Parce que cette opposition est une évidence depuis toujours. L'image d'un vase communiquant entre sécurité et liberté est plus pertinente que jamais : plus vous mettez de sécurité quelque part plus vous enlevez de liberté, et vice versa. Dans Le goût du risque, nous n'affirmons jamais que pour vivre libre il faudrait supprimer le désir de sécurité. Ce serait très sot. Nous disons que c'est le «juste milieu» entre ces deux opposés qui est en cause. Le fléau de la balance s'est déplacé vers le «tout sécurité» au détriment du souci de liberté. Il est impératif de rééquilibrer les choses pour vivre dignement.

    La peur de la mort est un des principaux facteurs d'inhibition face au risque selon vous. La façon dont a été gérée la crise du Covid en est-elle l'illustration ?

    Dans les sociétés occidentales, la mort est devenue un tabou. On la cache, on l'édulcore, on l'euphémise, elle ne nous est plus familière comme aux temps difficiles de jadis. Nous ne l'acceptons plus. C'est une autre des conséquences de nos sociétés de confort et d'individualisme. Ce tabou de la mort s'est mué en totem inattaquable puisque la mort gâche la pleine jouissance d'un consumérisme absolu se voulant modèle de vie.

    Jamais dans notre histoire bimillénaire nous n'avons eu aussi peur de la mort. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles nos armées ont pour premier principe de l'éviter à leurs soldats, quel qu'en soit le prix, c'est-à-dire au détriment de l'efficacité au combat s'il le faut, tant leurs concitoyens, comme leurs chefs politiques, leur reprochent le moindre sang versé. Si nous avions été dans cet état d'esprit au cours de la Seconde Guerre mondiale, il n'y aurait eu ni De Gaulle, ni la France Libre, ni Jean Moulin, ni réseaux de résistants. La liberté, hélas, à un prix souvent élevé. Il faut à nouveau consentir à la mort pour ce qui est plus grand que nous, surtout dans une époque où les orages de l'histoire se rapprochent.

    Aujourd'hui, le soldat mort au combat pour la défense des siens est devenu un problème politique presque insoluble, celui d'une société qui ne supporte plus la disparition de qui que ce soit, pour quelque raison que ce soit. C'est l'air du temps... Notre société a évacué le fait principal de la condition humaine : le tragique contenu dans cette condition. Or, seul le sens du tragique permet de surmonter les épreuves.

    Comme le disaient avec lucidité les philosophes grecs dont la pensée nous a forgés des siècles durant, la crainte de la mort est le début de la servitude. L'injonction de ces penseurs à vivre sans tenir compte de l'effroi provoqué par notre finitude est une leçon que nous devons nous réapproprier. En y ajoutant que la seule chose dont, en vérité, nous devons avoir peur est de mal employer le peu de temps que la vie nous concède avant que le destin nous contraigne à quitter la scène de l'existence. Il faut mesurer la longueur de vie non à l'étalon de la durée, mais à celui de l'intensité.

    La gestion de la crise du Covid a été l'illustration de ce qui vient d'être dit. C'est la peur de la mort qui a dicté nos conduites dans cette épreuve, non la volonté de préserver la liberté et le goût de vivre. Et chacun sait qu'être gouverné par la peur est la pire des politiques que puisse subir un citoyen dans une démocratie acceptable.

    Quels sont les antidotes à la «maladie du risque» ?

    La soif de liberté avant tout. Pouvoir encore dire : vivre libre ou mourir. Et ainsi retrouver l'élan vital du plus puissant principe d'existence qui ait jamais été prononcé en ce bas-monde. Second antidote : l'amour de la vie, puissante et entière.

    En définitive, il faut savoir dire non à ce qui abaisse notre humanité – et être prêt à en payer le prix puisque le plus beau des risques reste la liberté.

    Patrice Franceschi, propos recueillis par Guillaume Daudé (Figaro Vox, 8 décembre 2023)

    Lien permanent Catégories : Entretiens 0 commentaire Pin it!
  • Le retour en boomerang du Chaos constructif de Zbigniew Brzezinsky...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Patricia Lalonde, cueilli sur Geopragma et consacré à la stratégie mortifère qui a orienté l'action de l'Occident au Proche et au Moyen-Orient depuis plus de cinquante ans. Patricia Lalonde est vice-présidente de Geopragma.

    Zbigniew Brzezinsky_Chaos constructif.jpg

     

    Le retour en boomerang du Chaos constructif de Zbigniew Brzezinsky

    Nous sommes évidemment tous solidaires des victimes des atrocités commises par le Hamas en Israël, tous sidérés par l’aveuglement des services de sécurités israéliens et par les actes de barbarie inouïe.

    Comment cela a-t-il pu arriver ?

    Malheureusement à cause de la stratégie diabolique des Occidentaux, les Etats-Unis en tête, au Proche et au Moyen-Orient.

    Les Occidentaux n’ont appris aucune leçon du 11 septembre.

    L’alliance avec les groupes islamistes pour « contenir la Russie » comme cela a été fait lors de l’invasion soviétique en Afghanistan, a conduit à la création de Ben Laden et d’El Qaida et puis au 11 Septembre.
    Devant la sidération, certains ont même accusé les Iraniens…

    Tout aveuglés dans leurs certitudes, nos gouvernements ont continué à soutenir les mêmes groupes, liés aux Frères Musulmans à travers la promotion des Printemps arabes. Il fallait éliminer, au nom de la démocratie, et des droits de l’homme, les dirigeants arabes laïcs et dérouler le tapis rouge aux Frères Musulmans islamistes.

    En effet, après la création de l’Etat d’Israël, la volonté d’émancipation des peuples arabes s’était appuyée sur un « panarabisme laïc », nationaliste, qui ne rassurait pas les Israéliens.

    Le choix d’Israël et des Etats-Unis et par soumission des Européens, de fragiliser voire d’éliminer tous les autocrates arabes, les ont conduits à préférer les islamistes et donc en Palestine, l’appui au Hamas plutôt qu’à l’Autorité Palestinienne. Depuis 2011, Toute ONG travaillant dans l’entourage de cette Autorité Palestinienne se retrouvait systématiquement sous les accusations de la droite israélienne… Le calcul étant qu’il serait plus facile de venir à bout de ces islamistes que d’établir des pourparlers avec une autorité arabe forte sur une éventuelle solution à deux états, dont les extrémistes israéliens ne voulaient à aucun prix.

    Cette alliance avec les Frères Musulmans ainsi que nos excellentes relations avec le Qatar, financier de tous ces groupes, nous ont aveuglés, la corruption aidant, sur le véritable dessein de ces groupes.

    Nous avons ainsi vu d’un bon œil l’arrivée de Daesh en Syrie, ce qui nous a permis de taxer les groupes d’El Qaida de « modérés » et de nous en servir pour lutter contre le prétendu ennemi absolu, Bachar el Assad… Cette stratégie nous a aveuglés et a mené aux attaques du Bataclan et à la fusillade des jeunes attablés aux terrasses de café qui ont fait plus de 130 morts et 300 blessés à Paris.

    Nous avons de plus considéré la Russie qui a toujours lutté contre le terrorisme islamiste comme notre ennemi…

    Les Frères Musulmans et Al Qaida/Daesh/ISIS sont les 2 faces d’une même pièce.
    Les premiers cherchent à prendre le pouvoir en utilisant les faiblesses des démocraties, les seconds cherchent à le prendre par la terreur.
    Mais il semble que nous n’ayons pas compris la leçon, puisque nous continuons à ostraciser les régimes victimes de ces mêmes islamistes.
    L’Europe a perdu le sens des réalités.

    La stratégie du chaos reconstructif au Moyen Orient, comme l’avait suggéré Zbigniew Brzezinsky, le conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter, nous revient en boomerang et nous menace désormais.

    La guerre actuelle entre le Hamas et Israël en est la résultante et notre aveuglement est en train de transformer le Moyen Orient en « arène de règlement de compte géopolitique » selon les dires du chef de bureau de New-York du Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’Homme, démissionnaire, Craig Mokhiber.

    Ces règlements de compte participent, plus vite que prévu, à la réorganisation d’un monde sous dominance occidentale vers un monde multipolaire ou, espérons- le, la diplomatie remplacera l’usage de la force…

    On ose espérer que c’est ce qu’a compris Emmanuel Macron, alors qu’il vient de déclarer à la BBC qu’il fallait un cessez le feu immédiat à Gaza et que la riposte légitime de l’armée israélienne ne devait pas l’autoriser à tuer dans des bombardements massifs, femmes et enfants palestiniens.

    Patricia Lalonde (Geopragma, 13 novembre 2023)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Le déclin de l'Occident est-il inéluctable ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Slobodan Despot à Anti|Thèse pour évoquer le déclin de l'Occident. Éditeur, directeur de la lettre hebdomadaire Antipresse, Slobodan Despot a publié deux romans, Le miel (Gallimard, 2014) et Le rayon bleu (Gallimard, 2017).

     

                                              

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Ukraine, Israël : l’explosion du vieux monde ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 11 novembre 2023 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Caroline Galactéros pour évoquer la stratégie dangereuse et mortifère de l'Occident dominé par les États-Unis...

    Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle préside Geopragma qui veut être le pôle français de géopolitique réaliste.

     

                                           

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!