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nietzsche - Page 24

  • La détresse du présent

    Les éditions Gallimard viennent de publier dans leur collection de poche Folio un essai de Dorian Astor intitulé Nietzsche, la détresse du présent. Philosophe, germaniste et musicologue, Dorian Astor est déjà l'auteur d'un biographie de Nietzsche dans la collection Folio.

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    " Que pouvons-nous entendre aujourd'hui de ce que dit Nietzsche ? Voilà (presque) le seul objet de ce livre. Il ne s'agit pas d'un pur commentaire explicatif de la philosophie de Nietzsche (lequel s'explique très bien tout seul, quand il le fait), mais d'une évaluation, entre ses textes et notre lecture, de son pouvoir de dire et de notre volonté de lire. Le type d'homme auquel Nietzsche s'est adressé et dont il a interrogé la puissance et la volonté, il l'a appelé l'homme moderne. Il sentait bien que ses lecteurs n'existaient pas encore ; ses vrais lecteurs, c'est nous désormais. C'est à nous en tant que sujets de raison et de droit, démocrates et citoyens de sociétés libérales, qu'il s'adresse comme à un problème insurmonté : la modernité est inachevée, et plus de cent cinquante ans après, nous n'en avons toujours pas fini avec la détresse du présent éprouvée par Nietzsche et sa philosophie. Jusqu'où pouvons-nous et voulons-nous l'entendre ? "

     

     

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  • « L'Europe n'a cessé de se construire sans les peuples »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist au site italien L'AntiDiplomatico sur la question européenne...

     

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    « L'Europe n'a cessé de se construire sans les peuples »

    - Dans de nombreux pays, nous sommes en train d'assister à la fusion des partis conservateurs et socialistes qui s'unissent pour défendre l'austérité de Bruxelles contre les intentions de votes des électeurs. Le vote des Parlementaires nationaux sur les lois de stabilité ne compte désormais plus et les gouvernements ne font qu'attendre l'approbation de la Commission. Pour finir, les pays sont en train de s’endetter pour financer des organisations intergouvernementales comme le Mes qui prendra des décisions fondamentales pour la vie des populations ces prochaines années et qui est dénué de mécanismes de transparence  et de tout contrôle démocratique. Que reste-t-il de démocratique à nos populations pour exprimer leur mal-être social croissant ?
     
    La situation que vous décrivez est l’aboutissement d’une longue dérive, qui s’est encore accélérée après la signature du traité de Maastricht. Le déficit de légitimité démocratique des institutions européennes actuelles a été souligné de longue date :  aujourd’hui encore, la Commission européenne échappe pratiquement à tout contrôle, le Conseil des ministres, issu des gouvernements européens, n’a de comptes à rendre à personne, le choix du président de la Banque centrale n’a pas à être confirmé par le Parlement, et la nomination des membres de la Cour de justice de l’Union est la seule affaire des gouvernements. Même la supranationalité existante actuellement n’a pas résulté d’une délibération publique ou d’un processus démocratique, mais d’une décision judiciaire de la Cour européenne de justice qui, dans ses deux arrêts fondamentaux de 1963 et 1964, a élevé les traités fondateurs de l’Europe au rang de « charte constitutionnelle », avec pour effet direct la primauté du droit communautaire par rapport aux droits nationaux. Le Parlement européen, seule instance porteuse de la souveraineté populaire, est privé à la fois de son pouvoir normatif et de son pouvoir de contrôle. Avec l’arrivée des nouveaux Etats membres, il ne produit plus qu’une cacophonie politiquement inaudible. 
    L’Europe, en fait, n’a cessé de se construire sans les peuples. On pourrait même dire que la grande constante des « faiseurs d’Europe » a été leur méfiance irrépressible vis-à-vis de toute demande d’arbitrage émanant des électeurs, c’est-à-dire des citoyens. C’est ainsi qu’il y a quelques années, on avait formulé un projet de Constitution sans que jamais soit posé le problème du pouvoir constituant, et lorsque l’on a consulté le peuple par voie de référendum, comme en France en 2005, cela a été, au vu des résultats, pour s’en repentir amèrement et se jurer qu’on ne le ferait plus (d’où le projet de « traité simplifié » adopté au sommet de Lisbonne, qui avait pour seul objet de contourner l’opposition au traité constitutionnel européen en reproposant le même contenu sous un habillage différent).
     
    - Vous citez souvent la phrase de Nietzsche : «  l'Europe se fera au bord du tombeau ». Pouvez-vous nous expliquer plus clairement votre idée de l'Europe...  selon vous, quelle forme est-elle en train de prendre ?
     
    La phrase de Nietzsche signifie qu’une réorientation de la construction européenne ne pourra vraisemblablement advenir que lorsque les institutions actuelles se seront complétement effondrées. L’Union européenne est aujourd’hui à la fois impuissante et paralysée mais, paradoxalement, elle s’est en même temps engagée dans une sorte de fuite en avant qui lui interdit de changer de principes ou d’orientations. Pour pouvoir envisager un « autre commencement », il faut donc que les choses aillent à leur terme. On pourrait faire ici une comparaison avec le système capitaliste, qui a moins à redouter de ses adversaires que de lui-même : il périra de ses propres contradictions.
     
    - Dans votre livre de 1995, L'Empire intérieur, vous écrivez de quelle façon le fédéralisme est la logique la plus conforme à l’impérialisme. Que diriez-vous aujourd'hui à ceux qui continuent à proposer comme seule alternative possible les États-Unis d'Europe ?
     
    Dans mon livre, j’écris que le fédéralisme prolonge dans une certaine mesure l’inspiration « impériale » dans la mesure où il se caractérise par des traits tels que la décentralisation, l’autonomie de ses diverses composantes, le recours au principe de subsidiarité, etc. Mais je parle ici du modèle historique de l’Empire par opposition au modèle jacobin de l’Etat-nation, non de l’ « impérialisme », terme que je n’emploie jamais dans un sens positif ! Il y a pour moi autant de différence entre l’Empire et l’impérialisme qu’entre le bien commun et le communisme, l’égalité et l’égalitarisme, ou encore la liberté et le libéralisme…
    La formule des « Etats-Unis d’Europe », que l’on trouve déjà chez Victor Hugo, ne m’est pas antipathique. Mais c’est une formule qui ne signifie pas grand-chose dans la mesure où l’on ne peut envisager une Europe politiquement unie à la façon dont se sont formés les Etats-Unis d’Amérique. Ce qu’il me paraît en revanche important de souligner, c’est que l’Europe actuelle n’a absolument rien de « fédéral », contrairement à ce que disent certains de ses adversaires. Pour les partisans d’un « fédéralisme intégral », dont je fais partie, une saine logique aurait voulu que la construction européenne se fasse à partir du bas, du quartier et du voisinage (lieu d’apprentissage de base de la citoyenneté) vers la commune, de la commune ou de l’agglomération vers la région, de la région vers la nation, de la nation vers l’Europe. C’est ce qui aurait permis l’application rigoureuse du principe de subsidiarité. La subsidiarité exige que l’autorité supérieure intervienne dans les seuls cas où l’autorité inférieure est incapable de le faire (c’est le principe de compétence suffisante). Dans l’Europe de Bruxelles, où une bureaucratie centralisatrice tend à tout réglementer par le moyen de ses directives, l’autorité supérieure intervient chaque fois qu’elle s’estime capable de le faire, avec comme résultat que la Commission décide de tout parce qu’elle se juge omnicompétente. La dénonciation rituelle par les souverainistes de l’Europe de Bruxelles comme une « Europe fédérale » ne doit donc pas faire illusion : par sa tendance à s’attribuer autoritairement toutes les compétences, elle se construit au contraire sur un modèle très largement jacobin. Loin d’être « fédérale », elle est même jacobine à l’extrême, puisqu’elle conjugue autoritarisme punitif, centralisme et opacité.
     
    - Les plus grands économistes du monde avaient indiqué toutes les implications négatives qu'engendrerait le choix d'une monnaie unique dans des pays aussi différents sur le plan économique. Pensez-vous qu'il soit souhaitable et politiquement possible pour des pays comme la France ou l'Italie, particulièrement touchés par les conséquences de ce choix monétaire, de retourner à leurs anciennes devises ? 
     
    Je ne suis pas du tout sûr que « les plus grands économistes du monde » aient vraiment mis en garde contre l’instauration de l’euro ! Certains l’ont sans doute fait, mais il me semble que la majorité des économistes étaient plutôt favorables à la monnaie unique. On voit aujourd’hui à quel point ils se sont trompés. L’idée d’une monnaie unique n’était pourtant pas du tout absurde, notamment dans la perspective de la création d’une monnaie de réserve alternative par rapport au dollar. Le problème est venu de ce que l’Allemagne a exigé que l’euro ait la même valeur que le mark, ce qui le rendait inutilisable par plus de la moitié des pays européens. Pour ses créateurs, l’euro devait favoriser la convergence des économies nationales. En réalité, du fait même de sa surévaluation, il a favorisé leur divergence.
    On parle aujourd’hui beaucoup d’un retour aux anciennes devises nationales. En France, par exemple, des hommes comme le sociologue Emmanuel Todd ou l’économiste Jacques Sapir se sont nettement prononcés pour une sortie de l’euro. Je suis personnellement plus sceptique. Une telle hypothèse, d’abord, est aujourd’hui purement théorique, car aucun pays n’est apparemment disposé à sortir du système de l’euro. Un retour au franc ou à la lire, suivi d’une dévaluation, aurait par ailleurs pour conséquence de renchérir la dette publique, qui resterait libellée en euros. Une sortie de l’euro n’aurait de sens que si elle était concertée, c’est-à-dire si elle était le fait de tout un ensemble de pays, ce qui dans l’immédiat n’est qu’un rêve. Enfin, s’il est incontestable que l’euro a aggravé la crise que nous connaissons depuis 2008, il n’en est pas le seul responsable. La question de l’endettement public me semble beaucoup plus grave. Un retour aux anciennes monnaies nationales ne résoudrait pas cette question de la dette publique. Il suffit d’ailleurs de voir ce qu’il en est de la Grande-Bretagne : elle n’a jamais adopté l’euro, mais elle n’en est pas moins confrontée à d’énormes problèmes de déficits et d’endettement. La cause principale de la crise, la dépendance des Etats par rapport aux marchés financiers, trouve son origine dans la nature même du système capitaliste. La disparition de l’euro ne nous ferait pas sortir de ce système.
     
    - Après les excuses du Fonds Monétaire International, des membres de la Commission et de la BCE ont eux aussi reconnu des erreurs dans la gestion de la crise en Grèce. Une vraie farce si l'on considère le drame social qu'est en train de vivre le pays. La troïka représente-t-elle une dégénération des temps que nous vivons  ? 
     
    La « Troïka » est l’outil privilégié de la Forme-Capital. Certains de ses responsables ont bien pu reconnaître avoir commis des « erreurs » dans le cas de la Grèce, ils n’en ont pas pour autant changé fondamentalement d’orientations. Conformément aux exigences de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), ils en tiennent toujours pour des mesures d’« austérité » qui passent par la privatisation à outrance, la concurrence sauvage, la baisse des salaires, les délocalisations, le démantèlement du secteur public et des services sociaux. Ces mesures, qui sont censées favoriser un « retour de la croissance », aboutissent en réalité au résultat inverse. Les politiques d’austérité diminuent le pouvoir d’achat, donc la demande, donc la consommation, donc la production, ce qui entraîne une augmentation du chômage et une baisse des rentrées fiscales. Les principales victimes de ces politiques sont les classes populaires et les classes moyennes aujourd’hui menacées de déclassement.
     
    - Dans une société où règnent la liberté de mouvements de capitaux et de marchandises, la  renégociation au rabais des droits sociaux acquis et une inégalité sociale croissante, telle que de plus en plus de personnes ne peuvent se permettre une vie tout simplement digne,  quelle place le concept d' « impérialisme » a-t-il pris ?
     
    Je vois mal le rapport entre l’« impérialisme » et la situation que vous décrivez, peut-être parce que nous ne donnons pas le même sens à ce mot. Mais ce qu’il est important de voir, c’est que la liberté de mouvement des marchandises et des capitaux va de pair, dans la doctrine du capitalisme libéral (et plus encore dans celle du capitalisme financier aujourd’hui triomphant, dont l’une des grandes caractéristiques est d’être presque totalement déterritorialisé), avec une totale liberté de circulation des hommes. C’est ce qui explique que, dans tous les pays, ce sont les milieux capitalistes et patronaux qui se montrent le plus favorables à l’immigration. Ils savent que celle-ci exerce une pression à la baisse sur les salaires des travailleurs « autochtones », et que cette baisse est de nature à augmenter leurs profits. C’est en ce sens que l’on peut dire de la masse des immigrés qu’elle constitue l’« armée de réserve » du Capital.
     
    - Est-il sensé de parler aujourd'hui de droite et de gauche dans le débat politique ? Existe-t-il pour vous un modèle de développement alternatif au modèle financier globalisé qui exerce son hégémonie sur l'Occident ? 
    Le clivage droite-gauche est devenu aujourd’hui complètement obsolète, dans la mesure où il ne permet plus d’analyser les rapports de force à l’œuvre dans les nouveaux mouvements sociaux. Tous les grands événements de ces dernières décennies ont fait apparaître de nouveaux clivages transversaux par rapport aux familles politiques traditionnelles. C’est ainsi qu’il y a des partisans « de droite » et de « gauche » de l’Union européenne, des adversaires « de droite » et « de gauche » de la globalisation, etc. Dans ces conditions, la référence à la « droite » et à la « gauche » ne veut plus rien dire. Toutes les enquêtes d’opinion montrent d’ailleurs que la majorité des gens ne savent plus du tout ce qui pourrait encore distinguer la droite et la gauche. Ils le savent d’autant moins qu’ils voient depuis au moins trente ans des gouvernements « de droite » et « de gauche » se succéder pour faire les mêmes politiques (ils voient des alternances, mais jamais une alternative). Le fossé qui ne cesse de se creuser entre le peuple et la classe politique dans son ensemble a encore contribué à aggraver cette situation.
    Il existe des modèles alternatifs au système capitaliste actuel, qui est aujourd’hui fondamentalement confronté  au problème de la dévalorisation de la valeur, mais ils n’ont aucune chance d’être appliqués aussi longtemps que l’on ne sera pas allés jusqu’au bout de la crise. On ne peut en effet sortir à moitié du système dominant. On ne peut qu’en sortir totalement, ou bien y demeurer. Rompre avec ce système impliquerait une véritable « décolonisation » des esprits. Le capitalisme n’est en effet pas seulement un système économique. Il est aussi porteur d’une dynamique anthropologique, dans la mesure où il se fonde sur une certaine idée de l’homme héritée du libéralisme des Lumières, en l’occurrence un homme qui ne serait qu’un consommateur-producteur mû par des considérations purement utilitaristes ou relevant de l’axiomatique de l’intérêt. En ce sens, rompre avec le système capitaliste actuel, cela implique aussi de rompre avec l’obsession économique et le primat des seules valeurs marchandes.
      
    - Qu'attendez-vous des prochaines élections européennes ? Pensez-vous que la politique sera capable d'offrir un modèle de développement alternatif qui pourra sauver l'Europe ?
     
    Je n’attends rien des prochaines élections européennes, dont le seul intérêt sera de permettre d’évaluer l’audience des différents partis nationaux. De façon plus générale, je n’attends rien non plus de la politique. Les hommes politiques découvrent aujourd’hui chaque jour l’étendue de leur impuissance. Les transformations essentielles de la société, celles qui font véritablement passer d’un moment historique à un autre, sont d’une nature trop complexe pour se ramener à des initiatives politiques ou gouvernementales qui, dans presque tous les cas, sont incapables de dépasser l’horizon du court terme et les impératifs de la seule gestion.
     
    Alain de Benoist, propos recueillis par Alessandro Bianchi (L'AntiDiplomatico, 9 avril 2014)
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  • Nietzsche entre folie et raison...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une conférence donné le 10 mars 2014 par Rémi Soulié devant le Cercle Aristote. Rémi Soulié vient de publier au Seuil , dans la collection de poche Point sagesse, un essai intitulé Nietzsche ou la sagesse dyonisiaque.

     


    Rémi Soulié : Entre folie et raison comprendre... par webtele-libre

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  • Les scénarios de Nietzsche pour le futur...

    Les éditions Encre marine viennent de publier un essai de Philippe Granarolo intitulé Nietzsche - Cinq scénarios pour le futur. Professeur de philosophie et lecteur assidu de Nietzsche, Philippe Granarolo a publié plusieurs essais , dont, notamment, L'individu éternel : L'expérience nietzschéenne de l'éternité (Vrin, 1993) et Nietzsche et les voies du surhumain (SCEREN, 2013).

     

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    " Nietzsche a parfois été qualifié de « philosophe-prophète ». Mais ses interprètes se sont divisés en deux grandes catégories : ceux qui ont concentré leur regard sur la dimension prophétique de l'œuvre en sous-estimant la puissance du philosophe, et ceux qui ont tenté de décrypter la philosophie de Nietzsche en négligeant sa dimension prophétique.
    Auteur d’une thèse de Doctorat d’État ès-Lettres consacrée au « futur dans l’œuvre de Nietzsche », Philippe Granarolo n’en avait publié sous une forme remaniée que la troisième partie (L’Individu éternel / L’expérience nietzschéenne de l’éternité, Vrin, 1993), et il ne nous avait fait entrevoir sa lecture de Nietzsche que par le biais d’articles et de quelques opuscules. Avec ce volume, Nietzsche : cinq scénarios pour le futur, il se décide enfin à mettre à la portée du public cultivé son approche originale du philosophe auquel il a consacré plus de trente-cinq années de sa vie. Pour lui, Nietzsche est moins un prophète que le premier des futurologues. Il démontre de façon convaincante que le futur a bien été la préoccupation essentielle, et même le souci quasi unique de Nietzsche, les œuvres généalogiques elles-mêmes devant être lues comme des recherches tournées vers l’avenir de l’homme et de la civilisation.
    Les cinq scénarios mis en exergue par Philippe Granarolo offrent au corpus nietzschéen un nouveau visage qu’il sera sans doute difficile aux futurs interprètes de négliger. "

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  • De la gauche morale au cynisme d'Etat...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Maffesoli, cueilli sur Le Figaro et consacrés aux mensonges de madame Taubira... Michel Maffesoli vient de publier avec Hélène Strohl, aux éditions du moment, un essai intitulé Les nouveaux bien-pensants.

     

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    De la gauche morale au cynisme d'Etat

    Force est de reconnaître que le politique n'a pas grand chose à voir avec la morale. Nombreux sont les bons esprits, je pense en particulier au sociologue Julien Freund (L'essence du politique) qui ont rappelé qu'un bonne dose de machiavélisme se trouvait, toujours, au fondement de la pensée et de l'action publiques.

    Mais de là à ériger celui-ci en système, il y a un pas qu'il est fort dangereux de franchir! Et pourtant le pouvoir actuel l'a, à de multiples occasions, franchi, en érigeant quasiment en dogme, le «mentir vrai» que l'on croyait être l'apanage du poète. Les dernières palinodies d'une ministre en charge de la Justice soulignent, que la mesure est comble.

    En tout cas, elles montrent que les affirmations, répétées ad nauseam, de «l'exemplarité» apparaissent comme autant de ces antiphrases, dont parle Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes, appelant le ministère de la Guerre, «Ministère de l'amour». Un tel cynisme rend évident une vérité fort simple: la gauche morale (ou prétendue telle) a fait son temps.

    Cela pourrait n'être que de peu d'intérêt. Car les esprits avertis et le bon sens populaire en avaient conscience. Mais cela n'est pas sans conséquences: c'est quand il y a confusion des mots que les choses et les sentiments tendent à s'obscurcir. Les implosions du type «cause toujours, tu m'intéresses», ou les explosions: «dies irae, dies illa», et les divers «ras le bol» en sont les expressions les plus fréquentes. Les menteries de madame Taubira sont le fourier de l'abstention populaire ; qu'il faut ici comprendre en son sens large, celui du mépris vis-à-vis du pouvoir et des diverses institutions qui le représentent.

    On le voit, la chose est loin d'être anodine. Mais si l'on en fait une rapide généalogie, il faut rappeler qu'un tel état de fait repose sur l'utilisation, sans vergogne, d'un état de droit. Celui d'user, sans précaution aucune, de ce que Max Weber nommait «la logique du devoir être». C'est-à-dire de penser et d'agir, d'une manière péremptoire, dogmatique, idéologique, en fonction d'une conception pré-établie de ce que doit être l'individu, la société et le monde en général. Logique qui est, en est-on suffisamment conscient? le propre du discours socialisant du XIXème siècle, et dont la gauche au pouvoir est la seule, et quelque peu désuète héritière.

    D'où la rhétorique des bons sentiments, les homélies sirupeuses, dont le ministre en charge de la justice, tout comme d'ailleurs le matamore siégeant place Beauvau, ainsi que la porte-parole du gouvernement en charge du droit des femmes, se sont faits les spécialistes. Ils nous abreuvent d'injonctions et de pseudo-pensées d'édification, n'étant que les faux-nez de leurs menteries dont l'évidence, maintenant, crève les yeux.

    Ce gouvernement mène ainsi de front une politique de normalisation- moralisation de certains comportements dits discriminés (les homosexuels monogames) et de stigmatisation-pénalisation d'autres comportements, tout autant discriminés d'ailleurs (les relations sexuelles tarifés). Au nom du devoir être et de la morale bien sûr.

    Dès lors, les gesticulations, dérobades, vérités successives de la place Vendôme appartiennent à ce que Nietzsche nommait une «sécrétion de moraline», et font apparaître l'aspect peu ragoûtant d'un ministère dont l'essence serait d'être, justement, au-dessus de tout soupçon.

    Le bon sens populaire ne supporte pas qu'on mente «comme un arracheur de dents». L'on en voit rapidement les effets. En particulier le fait, que par un processus de saturation, le moralisme au pouvoir, celui de l'exemplarité de la gauche morale s'inverse en son contraire, et soit reconnu pour ce qu'il est, un cynisme plus ou moins pataud, mais non moins aveuglant.

    En effet, les dénégations successives de madame Taubira assorties d'affirmations de sa haute tenue morale, ne sont pas sans rappeler le fameux argument du chaudron dont parle Freud: «je t'ai rendu le chaudron, d'ailleurs il était troué, et surtout je ne te l'ai jamais emprunté»! On peut appliquer un tel «raisonnement» aux diverses et contradictoires péripéties de la communication ministérielle.

    Ce qui est heureux, car à toute chose malheur est bon, c'est que de telles divulgations verbales incitent à la lucidité. Elles suscitent cette belle innocence de l'enfance que rappelle Andersen en son conte judicieux et décapant, «Les habits neufs de l'empereur», dans lequel, à l'opposé de l'obséquieuse et hypocrite courtisanerie des puissants, «l”enfant éternel», qui sommeille dans la sagesse populaire, rappelle à bon escient que «le Roi est nu».

    Michel Maffesoli (Le Figaro, 13 mars 2014)

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  • Sagesse dionysiaque...

    Les éditions du Seuil viennent de publier dans la collection Points Sagesse un essai de Rémi Soulié intitulé Nietzsche ou la sagesse dionysiaque. Critique littéraire, Rémi Soulié est l'auteur, notamment, d'un ouvrage intitulé Les châteaux de glace de Dominique de Roux (Les Provinciales, 2002).

     

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    " La sagesse n’est-elle pas une intruse dans le colloque entre Nietzsche, gagné par la folie, et Dionysos, le dieu de l’ivresse panique ? Ces antipodes de la raison et de la mesure sont si exotiques aux yeux grecs ou chrétiens ! Et pourtant... Le philosophe et le dieu nous invitent moins à accepter le monde tel qu’il a été, est et sera, qu’à le vouloir infiniment tel. Les mortels habitent la terre : ceux qui, parmi eux, sont suffisamment forts pour être pénétrés de cette évidence vivent sans haine ni ressentiment le temps qui leur est imparti par les Parques comme une éternité. Ils savent qu’ils sont innocents de ce dont les accusent les clergés religieux ou humanitaires ; ils peuvent donc rire avec les Célestes et « respirer une atmosphère de hauteur » : « La glace est proche, la solitude est énorme ? mais voyez avec quelle tranquillité tout repose dans la lumière ! voyez comme l’on respire librement ! » (Ecce Homo). "

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